dimanche 8 juin 2014

En finir avec Eddy Bellegueule-Édouard Louis

Le récit qui enterre Eddy Bellegueule

Je ne crois pas avoir déjà lu un livre aussi violent.

Inutile de rappeler l'histoire, à moins d'être sourd, aveugle ou retiré du monde (littéraire),  personne ne peut ignorer En finir avec Eddy Bellegueule. 

Couverture En finir avec Eddy Bellegueule

Le fascinant Édouard Louis

Je précise que je suis tombée en amour littéraire d'Edouard Louis, un soir de Grande Librairie, où il a failli me faire pleurer tant il transpirait d'intelligence, de justesse et de sensibilité. Quand il a cité Annie Ernaux, il était tellement bouleversant que je me suis dit que si son livre était à la hauteur de son discours, j'allais forcément être une lectrice comblée.

Et puis la polémique est née (avec des investigations aussi odieuses qu'indignes), et moi, courageusement, j'ai reculé. Il a fallu un concours aux Éditions du Seuil pour que je m'y frotte. Et quoiqu'en dise la première de couverture, Édouard Louis n'a absolument pas écrit un roman. Lui-même revendique son témoignage et assume le récit de son enfance pauvre et la découverte de son homosexualité.

La rage, la violence et la honte

Il est jeune Edouard Louis, il a la rage de la vingtaine, la cruauté de ceux qui ont beaucoup souffert et  la plume d'un Normalien. Alors forcément, c'est d'une violence ahurissante. Rien n'est épargné, ce livre suinte la haine de la famille pauvre dont il est issu et le rejet du prolétariat dont il a honte. Les pauvres (ceux dont il nous parle) sont alcooliques, violents, racistes, homophobes, bêtes, sales et incultes.

Je suis encore estomaquée qu'on puisse dépeindre les siens jusque dans les détails les plus humiliants. Rien n'est épargné : les rires de sa mère qui raconte sa fausse couche dans les toilettes, le niveau de langage  (mis en italique, comme tenu à distance de son propos), les tares familiales (cousins malformés, taulards et consanguins), l'omniprésence de la télévision (rendue obligatoire), le coït parental (écouté derrière la porte), la violence du frère (qui manque de le tuer), le harcèlement des collégiens (avec les détails pervers de la torture quotidienne que ses bourreaux lui infligent)...

Que le lecteur qui n'a pas été chamboulé de ces passages me jette la première pierre...

La confusion du combat

Mais, quelque part, tout cela, quoiqu'à la limite du supportable, est légitime, parce que la vie d'Eddy Bellegueule était insupportable. Et puis reconnaissons qu'on sait qu'ils existent ces gens-là et Edouard n'épargne pas plus Eddy que les autres dans l'image qu'il renvoie de lui.

Mon problème est ailleurs.

J'ai eu le sentiment qu'Edouard Louis associait son rejet en tant qu'homosexuel au milieu pauvre qui était le sien. La corrélation me paraît malheureuse. Comme si les familles bourgeoises (ou même moyennes) acceptaient mieux que les grands déshérités d'avoir des fils efféminés. Et là, pardon, (et pour le coup je sais de quoi je parle)... Non.

Les pauvres ne sont pas plus homophobes (ni plus racistes d'ailleurs) que les autres classes sociales. Les bourgeois aussi entretiennent l'image de base qu'un homme, un vrai, fait vivre sa famille, a une voix grave, est sportif (football, ski ou voile quelle importance?). Les bourgeoises aussi guettent les ventres des femmes qui s'arrondissent et suspectent une épouse sans enfant. Il y a juste le vocabulaire qui change. Ce n'est pas une question de classe sociale d'accepter son fils tel qu'il est, c'est une question d'intelligence et de tendresse.

La scène du hangar aurait pu se passer Place Bellecour à Lyon, dans l'Ouest parisien ou dans un hôtel particulier bordelais. Des cousins de 15 ans, pervers et dominateur, qui ressemblent à celui d'Eddy (qui n'a que 9 ans!),  je crois qu'il en existe dans les centre-villes et dans des appartements standing. Les tentatives douloureuses d'Eddy avec Sabrina ou Laura, l'auraient été pareillement dans un autre milieu, seulement elles se seraient appelées Clara, Léa, Constance ou Sixtine selon la classe sociale.

Le bruit sourd de la souffrance

Aujourd'hui encore, des garçons efféminés sont font harceler au sein de collèges classés en zone violence comme dans de prestigieux établissements privés, c'est juste le niveau de langage et la marque des vêtements qui changent. La victime aurait vu des chaussures bateaux quand sa tête aurait cogné contre le sol plutôt qu'une paire de baskets.  Mais la méchanceté gratuite et le plaisir qu'elle procure aux bourreaux restent identiques.

Je crois vraiment que son parcours d'enfant (qui se sait sexuellement différent) est très proche de celui d'autres garçons issus d'autres milieux. Il y a une universalité dans le récit de son apprentissage de lui-même et de son adolescence. C'est juste qu'Eddy a vécu tout cela en plus de la honte d'être pauvre, d'être privé de confort matériel, de référents culturels et d'une possibilité d'imaginer sa vie autrement (on est d'accord c'est énorme).

Les zones d'ombre et les nuances de gris

La grande absente du livre, c'est l'école de la République. Pour finir à Normale Sup, être un élève moyen de Picardie ne suffit pas. Le système scolaire a forcément joué son rôle avec lui, il a nécessairement eu les moyens d'exploiter ses possibilités intellectuelles, de travailler, de récupérer les bases qu'il assure ne pas avoir.  Cette ellipse est curieuse.

Par contre,  je trouve malgré tout, que sans cacher la répulsion que ses parents lui inspirent, il écrit quelque chose qui, sans ressembler à un hommage, tend vers une certaine reconnaissance. Il y a de beaux passages sur la condition ouvrière (p.41), et Édouard Louis évoque malgré tout les tentatives maladroites et sporadiques de ses parents de le défendre (contre son propre frère p.58) et de le soutenir (quand il part passer son audition), avec des moyens ridiculement peu adaptés mais une volonté réelle.

Dans En finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis s'assume homosexuel tout en se débarrassant d'origines populaires dont il a terriblement honte. C'est peut-être qu'il fasse les deux ensemble qui me heurte. Car ce livre est un assassinat social et civil, dans lequel il enterre son ancienne vie et fait disparaître de sa carte d'identité un nom de famille transmis par des gens qui, sans doute, n'ont pas su protéger, comprendre ni rassurer le petit garçon qu'il fut. Et qui lui font encore honte sans doute.

Le malaise de la disparition d'Eddy Bellegueule

En finir avec Eddy Bellegueule est à mes yeux un livre important, qui marque la naissance d'un écrivain et la disparition d'un jeune homme qui n'est plus. Ce n'est pas une image, Édouard Louis a vraiment modifié son état civil, il a vraiment fait disparaître Eddy Bellegueule. Ce livre était sans doute nécessaire pour continuer à avancer.

Comme dirait ma mère, "ce qui est dehors n'est plus dedans", Édouard Louis en a donc fini avec Eddy Bellegueule maintenant. Je crois qu'un jour, s'il continue en littérature, il reviendra sur cette mue extraordinaire et fracassante.

Quant à moi, j'aurais aimé être plus concise mais je ne suis pas certaine d'avoir un avis définitif sur ce livre, je m'interroge encore sur ce que j'en pense vraiment.

Merci aux Éditions du Seuil.

65 commentaires:

  1. Superbe ton billet ! Par contre, la dernière phrase montre bien qu'il a rencontré l'homophobie en sortant ce son milieu défavorisé aussi, alors qu'il pensait sûrement l'avoir fui en même temps que son village natal... C'est sûr, l'ignorance et l'intolérance sur ces sujets n'ont pas de frontières de classe.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Justement Céline, j'ai eu du mal à interpréter la dernière phrase en fait. Je n'ai pas compris ce qu'il a voulu dire: était-ce plus acceptable avec Tristan? Ou bien comprenait-il que le même schéma se répétait avec d'autres formes?

      Supprimer
    2. J'ai la même interrogation concernant cette dernière phrase. Pour moi il s'agit d'une boutade d'un camarade qui fait rire car dans ses nouveaux amis, l'homosexualité n'est pas un tabou et on peut en rire. Plausible?

      Supprimer
    3. Oui je crois que nous sommes nombreux à nous poser cette question Antoine

      Supprimer
  2. Ta mère est une sage ! Il est très bien ton billet, et il n'est vraiment pas nécessaire que tu aies un avis définitif sur ce livre, au contraire, qu'il continue à interpeller, on ne le verra pas de la même façon dans 10 ans et plus .. Pour avoir assisté à une rencontre avec lui, je peux te dire qu'il est très conscient que l'homophobie est la même dans tous les milieux sociaux, mais là, il parle de l'époque où il ne les connaissait pas encore. Peut-être un livre futur ? Je vois ce que tu veux dire pour l'école, j'ai pensé en refermant le livre, que j'aimerais bien qu'il le complète avec la période 15-20 ans, il a en effet dû se passer pas mal de choses dans cette période là.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est exactement ça Aifelle! Il y a une lacune, une ellipse dans ce livre, et du coup, forcément, on se demande ce qu'il a voulu dire. J'ai hâte de voir si par la suite, il va rester dans la socio ou réécrire un roman.

      Supprimer
  3. On est donc globalement en phase . ( Mais ma critique à vif a une couleur de blessure fraiche :) Je pense tout de même à froid, que cette école absente joue un rôle finalement fondamental dans la construction d' Eddy. Si elle avait eu une oreille un tant soit peu attentive, il n'aurait peut-être pas fait l'effort de s'en extirper pour aller fouler une herbe plus verte…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui c'est précisément la question que je me pose, Sophie, est ce que l'école est globalement absente parce qu'elle n'a pas su voir, ou est ce qu'elle est absente parce que le propos est ailleurs.
      Je trouve aussi nos lectures assez proches.

      Supprimer
  4. Un billet vraiment très très intéressant. Jusqu'à présent, jamais je n'avais noté ce bouquin, parce que j'ai un problème avec les récits violents ... parfois gratuits.
    Là, je prends conscience que c'est différent ... la naissance d'un écrivain, par exemple, me parle. Et voir ce roman sous cet angle permet de l'aborder différemment ... Bref, merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est surtout violent dans le propos j'ai trouvé et dans la manière dont il met en scène ses parents.
      Mais dans la mesure où j'étais déjà au courant de ce que j'allais lire, je l'ai mieux reçu que d'autres je crois.
      Bonne soirée Leiloona

      Supprimer
  5. J'avais personnellement beaucoup aimé ce roman, et n'ai pas compris la polémique qu'il a suscité.
    Ma lecture remonte à quelques temps maintenant mais il ne pas semblé que son intention était de faire de l'homophobie une "tare" spécifique aux milieux socialement et intellectuellement défavorisés. Simplement, son expérience de l'homophobie étant liée à ce milieu -jusqu'à ce qu'il le quitte pour en rencontrer un autre, ainsi que le souligne Céline- qui, au départ, est le sien, il ne peut en parler que dans ce contexte.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui c'est vrai ce que tu dis Ingannmic, mais il fait les deux en même temps (dénoncer l'homophobie et la pauvreté) et ce qui a choqué je crois c'est la violence avec laquelle il humilie sa propre famille sans ne rien leur épargner.

      Supprimer
  6. Nous avons bien eu la même lecture et pourtant tu as aimé moi pas ! Intéressant !!!
    Je suis d'accord avec toi, le mépris de sa classe sociale m'a dérangée aussi et c'est dommage de prôner la tolérance en passant par la haine de l'autre.
    Si je n'ai pas aimé c'est surtout à cause de la violence omniprésente dans ce récit, la violence verbale, morale, physique, celle de l'intimité et celle de l'innocence ... bref, elle inonde le livre et n'est à aucun moment nuancée par une quelconque tendresse, résilience, geste d'amour ou lumière d'aucune sorte.
    Je comprends que ce soit son témoignage et sa manière à lui d'avoir vécu ce traumatisme et ces horreurs mais j'attends plus de distances, de nuances et de réflexions d'un roman, puisqu'il est vendu comme roman.
    Bravo pour le billet, tu t'en es sortie haut la main !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui je crois Malika qu'on en a eu la même lecture, mais pas le même ressenti. Je crois que je lui pardonne tout ce que tu dis (et sur lequel je suis d'accord) parce que je l'ai senti profondément sincère quand je l'ai entendu, et parce qu'il est jeune, et que je crois qu'il reviendra là dessus plus tard. Je pense qu'un jour il s'en expliquera.

      Supprimer
  7. Je n'ai pas lu ce livre (si, si, c'est possible), un jour peut être;.. Mais au vu des billets différents et intéressants qu'il suscite, il a l'air de ne pas être du tout anodin. Combien de livres suscitent tant de points de vues, tant de façons d'en parler? Rien que pour cela, il mérite d'exister!
    A part ça j'ai croisé l'auteur, en fin de salon du livre, je l'ai laissé à sa plage "respiration", il le méritait je suppose;(mais qu'est ce qu'il fait physiquement "gamin"! sans doute mon grand âge me le fait penser;.. ^_^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui Keisha, je suis d'accord avec toi, il fait vraiment très jeune, mais quand il s'exprime il a un charisme qui moi, m'a beaucoup émue. Et comme tu le dis si bien, rien que pour les avis variés et passionnés que suscite son livre, il mérite d'exister.

      Supprimer
  8. Il est souvent nécessaire de faire le deuil de sa famille lorsqu'on est jeune pour pouvoir exister. Il a choisi l'écriture et cette violence, cette haine pour y parvenir...
    Ton billet donne envie d'essayer ce livre et pourtant à la base il ne me tente pas.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense vraiment MTG que ce livre marquera quand même une étape dans l'histoire littéraire de notre époque, tellement tout y est exacerbé, et d'autant plus si Edouard Louis continue son chemin en littérature.

      Supprimer
  9. Eh bien moi j'ignorais Eddy Bellegueule car je vis dans une grotte en ce moment tu sais ...:) et je crois que je vais continuer de l'ignorer même si le sujet est fort. Et ton billet magnifique. On verra plus tard :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui alors vu la nature de ta grotte ma Comète effectivement, abstiens toi, ça te ferait plus de mal que de bien.
      Des bises ma belle

      Supprimer
  10. Moi non plus ne l'ai pas lu mais je trouve que ton billet est très fort et donne, du coup, envie de se faire une idée... mais ce sera pour plus tard !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui rien ne presse Sandrion, et le lire une fois que toutes les passions seront retombées était mon projet initial. d'autant que c'est le genre de livres qui aura une seconde vie (et un accueil différent) en poche.

      Supprimer
  11. C'est un beau billet que tu nous livres aujourd'hui, merci !
    Personnellement, je ne pense être capable de lire ce livre. Trop de violence, d'injustice ... et une histoire vraie : c'est plus que je ne pourrais supporter !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui je ne te cache pas que tout ce que tu dis est absolument vrai et que c'est exactement pour ces raisons, chère Mrs Figg, que j'ai eu du mal à me décider. Mais ce n'est pas une lecture que je regrette.

      Supprimer
  12. Ton billet est très fouillé et ton ressenti parfaitement exprimé. Pour autant je ne lirai pas ce roman tant la démarche de l'auteur et sa "posture" médiatique me hérissent au plus haut point.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui ça je peux le comprendre Jérôme, c'est aussi ce qui me freinait...

      Supprimer
  13. Il est très argumenté ton billet, on comprend bien ton cheminement, ton ressenti... Je l'ai réservé à la médiathèque ce roman avec une non-envie de le lire... Peut-être trop de tapage autour ! Peut-être la peur d'être terriblement déçue ! Mais ton billet m'indique que je pourrais tout simplement ne pas savoir ce que je pense de cette lecture... On verra...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je guetterai ton avis Krol, parce que vraiment j'ai le sentiment qu'hormis les grands fans de Bellegueule (qui sont unanimes), il y a autant de lecteurs que de lectures de ce texte indéfinissable...

      Supprimer
  14. Je n'ai pas non plus très envie de le lire pour le moment : trop de battage médiatique autour. Et puis le fait de répondre à la violence par de la violence (même verbale) me dérange beaucoup...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un point de vue que je pourrais partager en fait Papillon...c'est pour cela que je ne suis pas certaine de savoir ce que j'en pense. Mais comme dit Sophie, "il cogne comme il a été cogné"

      Supprimer
  15. Si tu étais à côté de moi, je crois bien que je t'embrasserais. Ton billet est superbe et tu m'as redonné envie de lire ce roman alors même que la pseudo-polémique avait anéanti toute envie de m'y plonger un jour. Je suis certain qu'Eddy ne devrait plus traîner longtemps dans ma PAL. Merci à toi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rho merci Laurent, il me touche ton commentaire...je vais guetter ton avis (surtout s'il est dans ta PAL...)

      Supprimer
  16. Ton billet est très intéressant. Je vais l'écouter bientôt. J'ai vraiment envie de me faire ma propre opinion.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis très curieuse Sylire de voir ce qu'il peut donner en audiolivre, le lecteur a une grosse pression sur les épaules je pense...

      Supprimer
  17. Je suis d'accord avec toi sur bien des points et notamment sur le fait que la scène du hangar pourrait de passer ailleurs mais tout ce qui entoure cette scène semble vouloir montrer le contraire, c'est à dire que cette "bestialité" est inhérente à sa classe sociale.
    Mais je ne suis pas d'accord sur tout. Pour moi, c'est un livre important mais seulement pour lui, pas pour moi lectrice. Il avait sans doute besoin de libérer sa haine avant de se mettre à écrire vraiment.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui leader, je sais à quel point cette lecture t'a exaspérée, et je comprends tes arguments, comme Malika d'ailleurs, étrangement, je n'arrive pas à le détester pourtant (bien que le rapport pauvreté/bestialité/intolérance soit vraiment dérangeant, mais je me dis qu'il ne peut évoquer que ce qu'il a connu). J'ai vraiment hâte de savoir s'il va continuer à écrire....

      Supprimer
  18. Je ne suis toujours pas motivée : un jour peut-être ! Je pense que j'attends cet auteur sur un autre texte, moins personnel. Il cite Annie Ernaux à juste titre, à te lire car il a fonctionné comme elle : écrire sur les siens, sur son vécu, sans pathos juste avec des descriptions les plus précises, analyser sans psychanalyser, rester dans la sociologie, sans interpréter. La polémique ne me gêne pas, c'est le thème même du bouquin qui me freine. C'est tout (et déjà beaucoup mais moins que toi !)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui tu sais quoi, c'est peut-être ça qui coince. Ceci dit, il ébauche un début de compréhension pour son père....Je n'essaierai pas de te convaincre Phili....
      Bon week-end

      Supprimer
  19. C'est un livre qui m'a aussi estomaquée. Il m'a marquée pour très longtemps!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui Fleur, dans un sens comme dans l'autre, il va rester en mémoire un petit moment....

      Supprimer
  20. Une amie me l'a prêtée. J'ai hâte de le découvrir, malgré tout.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout le monde le reçoit différemment ce livre ....

      Supprimer
  21. Ta première phrase m'a dissuadée de le lire. De toutes façons je suis sourde, aveugle et retirée du monde (littéraire), parce que je ne connais pas l'histoire. En revanche, je l'ai vu en librairie... je progresse, non? ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui bravo ma ZAP...c'est vrai que parfois j'ai le sentiment que tout le monde suit la blogo littéraire...c'est mon côté nombrilisme...

      Supprimer
  22. ce livre est vraiment marquant et perturbant... comme toi, l'ellipse sur le rôle de l'école m'a rendue perplexe...j'aimerais bien savoir comment il a pu arriver au lycée en tant qu'élève très moyen au bagage culturel mince voire inexistant, et 5 ans plus tard être Normalien..je suis tombée par hasard chez mes parents sur l'article du Nouvel Obs que tu mets en illustration, qui semble dire qu'il a en fait toujours beaucoup lu contrairement à ce qu'il écrit dans le livre... j'aimerais bien lire la suite "Les années lycée, ou comment se réinventer en Edouard Louis"

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors là, entièrement d'accord Eva....il a fait un communiqué pour répondre à Caviglioli (oui encore lui) au sujet de cet article, il faut que je le retrouve.

      Supprimer
  23. Bonsoir Galéa, je sais que j'ai peut-être tort mais c'est une lecture qui ne me tente pas du tout. Bonne fin d'après-midi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je peux comprendre Dasola, parce que vraiment, cette lecture n'est pas une balade de santé...

      Supprimer
  24. Eh bien, moi, je ne connais pas. Je n'habite pourtant pas sur la lune.
    Mais tu m'intrigues avec ton billet. Ce bouquin pourrait m'intéresser...
    Bonne fin de semaine.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pourtant Philippe il a fait couler du pixel sur la blogo ;-) mais vu que je suis la première à tomber de la lune je ne vais pas te jeter la pierre.
      Bon dimanche

      Supprimer
  25. Sacré billet...! Pas sûre pourtant que je me lance dans une telle lecture...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est sûr qu'il faut être bien accroché Noukette

      Supprimer
  26. J'aime beaucoup ce que tu dis sur la violence qui ne dépend pas des milieux, et qui même, à mon avis, est bien pire dans les milieux dits "aisés" ou "cultivés". Car elle est plus insidieuse, plus cruelle aussi. Et qu'en plus les gens, qui souvent sont plus ouverts et plus cultivés, ressentent plus fortement ce décalage avec la normalité et cette mise au ban.
    Par contre, Eddy ne m'a pas émue une seconde et si j'ai un peu serré les dents( ou les fesses, au choix) dans la fameuse scène de la grange, il ne m'a pas touchée. Sans doute le fait que l'auto-racontage de ses petits problèmes perso me gonfle (à ce compte-là, je peux écrire un bouquin en 5 tomes sans problème) et que l'auteur skudde pas mal autour de lui... et puis la polémique a bien sûr influencé mon jugement. Est-ce un roman, pas un roman ? Il sème lui-même le doute et je trouve qu'il joue un peu trop avec ça (et cette histoire avec sa mère qui aurait acheté toute seule le bouquin, c'est dingue, non ?) en réglant ses comptes au village. Bref, pour moi, loin d'être le livre de l'année. Par contre, il y a "du potentiel", comme on dit, et je jetterai un oeil sur sa prochaine production... si c'est un vrai roman !

    Et puis si on a vraiment honte de ses racines, pourquoi les étaler au grand jour, pourquoi changer de nom pour changer de vie si on balance tout dans un bouquin à la France entière ? je ne juge pas de la sincérité du bonhomme, mais ce petit jeu médiatique a le don de me hérisser le poil...

    Bon, par contre, comme toujours, je suis in love avec ton billet !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui Liliba, c'est sûr qu'on est au coeur du paradoxe quand même, c'est tellement énorme cette démarche que ça déchaîne les passions.
      Merci pour ton compliment ;-)

      Supprimer
  27. J'ai été touchée mais... selon moi il manque un recul nécessaire et surtout cette réflexion sur la famille. Je m'explique : comment ses parents ont été élevé, le schéma familial répété...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On est d'accord Clara, il manque la réflexion, le recul...et sans doute le nécessaire pardon pour avancer.

      Supprimer
  28. je viens de le finir et pour moi il ne dit pas qu'être homosexuel est plus dur parce qu'il est pauvre. Je trouve qu'il décrit deux faits : la pauvreté (financière et générale) : je l'ai reconnue cette population, je la côtoie par mon travail, des gens comme les Bellegueule j'en connais des vrais... Et il parle aussi de ce que c'est de se découvrir homosexuel et brimé, et c’est un autre sujet en plus. J'ai encore un peu de mal à en parler car je viens de le finir (avec une interview très intéressante de l'auteur (en livre audio) et c'est un roman qui m'a bousculée en tant que lectrice et en tant que prof. Je vais avoir du mal à écrire mon billet.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vraiment nous n'en avons pas tous la même interprétation , pour moi, il y a confusion...

      Supprimer
  29. Je crois que je n'avais lu que le début de ton billet, où tu parles de la violence. Pour le reste, que je découvre, je suis d'accord avec toi et je n'ai pas non plus un avis très tranché. Mais moi, j'ai trouvé qu'il exagérait. C'est son ressenti, c'est sûr, mais il dresse un portrait vraiment trash d'une réalité qui l'est tout de même un peu moins (et je sais de quoi je parle). Et comme tu le dis, il y a tout de même dû y avoir des mains tendues, des gens qui se sont intéressés à lui pour qu'il en arrive là.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu sais que depuis, j'ai découvert qu'il y avait beaucoup d'imposture dans ce personnage, qui n'est pas normalien par exemple (en tous les cas pas au sens où nous l'entendons toi et moi), ce qui explique l'ellipse sur l'école et les mains tendues, j'ai le sentiment qu'on nous a créé une histoire et un personnage, et je doute fondamentalement maintenant de la sincérité du propos.

      Supprimer
  30. Coucou Galéa, je viens de finir ce bouquin, qui m'a sacrément secouée. J'ai lu ensuite intégralement et en détail ton billet ainsi que tous les commentaires, pour tenter de mettre un peu d'ordre sur la confusion dans laquelle je me suis trouvée en fin de lecture... Peine perdue, je pense qu'il faut accepter la complexité de ce livre qui reste, pour moi, un bouquin important. Si tu veux bien, je mets ton billet en lien parce que je me sens incapable de dire mieux !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je te réponds après coup comme toujours, mais oui je crois qu'il faut accepter ce livre comme il est, même si le temps passant, je crois que je l'aime de moins en moins...Merci de ton comm Sandrion.

      Supprimer
  31. Quelque chose qui m'a grandement perturbé dans ce livre est le Tristan évoqué dans l'épilogue. Qui est-il ? Est-ce un personnage dont on a entendu parler auparavant et que j'aurais oublié ? Car je n'ai absolument aucun souvenir d'un Tristan dans le livre...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On est d'accord, on se demande ce que vient faire ce Tristan et on s'étonne qu'il débarque ainsi, je me demande encore ce qu'il a voulu dire avec ce type...

      Supprimer
  32. Selon mon humble avis, l'auteur ne fait pas l'apologie de la souffrance dans un milieu précis. Car clairement l'épilogue où il faisait enfin partie de cette nouvelle caste n'était pas heureux. Il y rencontrera les même moqueries par Tristan (nouveau perso ou même le grand roux / le petit brun? Ce n'est toujours qu'un vaste recommencement) et donc, sera de nouveau vu comme l'homosexuel de service. Les moqueries sont partout. Il cherchera à fuir cette violence mais n'arrivera jamais à s'en débarrasser. La preuve avec l'accueil mitigé de ce roman. Si les gens sont genés c'est parce qu'ils passent leur temps à s'offenser de certains détails alors qu'il s'agit d'une expérience personnelle vécue par un enfant. Les enfants sont cruels et ne mâchent pas leurs mots. C'est sa façon de se venger du fait qu'il a été celui qui recevait les coups. Il immerge parfaitement le lecteur dans ce malaise et cette souffrance, pour moi le but est atteint. Et si l'école est absente c'est parce qu'elle n'a jamais joué un rôle salvateur non plus, pourquoi la mettre a l'honneur ?
    Bref ce livre était un vrai coup de poing et merci pour ce billet, je voulais aussi savoir qui était ce Tristan mais c'est peut-être juste une manière de finir sur une pointe, un "ça ne finira jamais"?

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont modérés car je n'accepte que les remarques qui encensent mes billets ou qui crient au génie.
Merci de votre passage
(je plaisante!! La modération est activée pour échapper aux vérifications diverses et variées dont tout le monde sature ;-)

La fée carabine - Daniel Pennac

Je continue la saga Malaussène de Pennac avec le deuxième opus : La Fée Carabine Et mon enchantement ne faiblit pas. J'aime toujours au...