mardi 17 juin 2014

Mon Festival du livre de Nice - 2014

Dans la vie, on se console comme on peut.

J'ai manqué le Salon du livre de Paris en mars, la remise du prix Elle en juin et un repas chez Ginger par deux fois cette année.

En revanche aller au Festival du livre de Nice était un objectif raisonnable et réalisable.

Nice : ses palmiers, sa Méditerranée, ses façades colorés, ses ruelles à l'italienne, ses chapiteaux dressés sur le cours Saleya à quelques mètres de la mer, son espace Livre Ancien, ses tentes du rayon jeunesse posées devant le Palais de justice....Elle était belle la ville avec tous ses bouquins qui cuisaient à l'ombre des toiles blanches.

Un salon que j'ai fait en pointillés, coincée entre  anniversaires, devoirs et livraison de plantes... un salon dont je n'ai finalement profité qu'en toute petite partie, mais sur lequel je ne peux m'empêcher d'avoir un avis (aussi définitif que partial).

Point de Kerangal, de Lemaître ou de Goby . Pas de Jaenada qui vient faire du clin d'oeil à la Niçoise, ni du Manook qui vient frimer avec tous ses prix, pas de Chalandon ni de sorjette locale, (probablement blonde peroxydée, avec un accent chantant et un top en léopard). Pas d'Edouard Louis non plus, pas d'enfants du pays qui ont pourtant une actualité littéraire comme Le Clézio ou Kepel.

En revanche, on avait de l'animateur télé, du présentateur de journal, du juge vindicatif, de l'actrice, de l'écrivain local qui a son heure de gloire, la fille "cachée" d'un président de la République défunt, et même le maire et ancien ministre invité dans son propre salon. Il y en avait des têtes connues, du produit télé, du bronzage artificiel et des dents phosphorescentes...

Si je continue dans cette veine là, je pourrais aussi vous parler du touriste (ou de l'autochtone d'ailleurs) en tongs et bermuda qui se demande qui est ce visage non télévisuel "bah c'est qui celui-là?". A côté d'eux, quelques auteurs peu connus attendaient derrière leur pile de livres. Parce que c'est une certitude, les téléspectateurs étaient plus nombreux que les lecteurs ... (et peut être que c'est pire dans la vraie vie). 

Mais tout ça, c'est si je me mets à être snob...(sachant que je n'ai pas besoin de trop forcer non plus).

Parce que le Festival du Livre de Nice ce n'était pas que cela...

Après avoir négocié âprement avec l'Homme pour qu'il me laisse partir plus tôt (un demi-siècle de féminisme pour en arriver là...Maman, pardon), j'ai réussi le vendredi à écouter les Tesson père et fils. Le père a  beaucoup parlé, et le fils a reçu le prix Baie des Anges pour S'abandonner à vivre.  Aussi brillants l'un que l'autre, il faut bien le reconnaître, c'était court mais cela avait du fond et de l'allure.


Je retiens aussi le beau Christophe Ono-dit-Biot. 

Christophe est trop raffiné pour moi (plouc un jour, plouc toujours), trop sentimental à mon gout (sans-coeur je suis, sans-coeur je reste), donc Marjo et Val, cette photo est pour vous. Cadeau. 

J'ai aimé sa démarche de proposer à Sylvain Tesson (en vain malheureusement) de rester pour dialoguer, preuve pour moi d'un anti-cabotinage. C'est donc seul qu'il a évoqué la mer, "la profondeur dans l'instantané" et sa passion de la photo.  Plonger démarre, d'après ce que j'ai compris,  avec le cadavre d'une femme (qui est celle du narrateur) retrouvée sur un rivage...tout de suite ça me parle. Oh tiens, en plus c'est un coup de coeur de Marjo.

Je retiens aussi un beau dimanche matin. Un libraire qui nous présente des trésors livresques qui ont un siècle, Jeanne Siaud-Facchin qui parle de méditation (mais que j'aime surtout dans le registre des enfants scolairement différents).

Un vraiment beau dimanche matin donc avec mes filles euphoriques d'avoir leur BD dédicacée après une demi-heure de queue. Il n'y a rien de plus chouette que ça pour dire vrai.

Et enfin, une discussion courte mais vraiment de qualité entre Jean-Paul DidierLaurent (auteur du Liseur grand chouchou de la blogo) et François-Guillaume Lorrain (auteur de L'année des volcans que Malika m'a convaincue d'acheter). Une belle discussion donc sur l'avenir du livre, le pilon, la mémoire, l'oubli, l'objet livre et le support dématérialisé. Je trouve vraiment qu'un dialogue entre auteurs est ce qu'il y a de plus exaltant dans un salon du livre, plus que n'importe quel romancier qui parle seul de son travail. 

Je termine avec  l'incontournable point loose (dans l'ordre chronologique)

Ne pas pouvoir entendre Dussolier faire une lecture le vendredi soir sur la colline du château (endroit magique s'il en est).
- Se tromper d'heure pour aller écouter Assouline et Grimbert le samedi et donc ne même pas les apercevoir. 
- Se prendre l'orage le samedi après-midi et une insolation le dimanche matin (et manquer les derniers entretiens, conférences et tables rondes de la journée).
- Ne pas oser aller à l'hôtel Aston écouter les tables rondes avec deux enfants en bas âge passablement énervées.
- Apprendre, après la clôture, qu'il y avait Baptiste Beaulieu du blog Alors voilà.

Alors, même si je me demande encore pourquoi organiser un salon du livre aussi tard dans l'année et aussi près de la rentrée littéraire, ce que je retiens finalement,  c'est un festival du Livre à ciel ouvert, avec une entrée gratuite, des gens qui déambulent entre des discussions presque sur le trottoir. J'ai apprécié cette philosophie du livre accessible à tous,  où badauds et touristes avec la serviette autour du coup s'invitaient auprès des auteurs en chemises. A défaut d'être élégant, ça avait quand même quelque chose de réconfortant. Parce que revenir du marché avec les légumes dans le sac et entendre Lorrain dire "la mémoire se nourrit aussi de l'oubli", je trouve ça finalement assez haut-de-gamme en fait (même en short et sandales).


J'espère de tout mon coeur que ce Festival, qui fêtera ses 20 ans l'année prochaine, gagnera en popularité auprès de nombreux auteurs, qu'ils ne snoberont pas le Sud de la France.

Déjà, que le crossbooking du Trône de fer soit absolument absent du quart Sud-Est, je trouve ça scandaleux (oui les éditions J'ai lu, c'est à vous que je m'adresse). 

Parce que, s'il le faut vraiment, je peux me mettre à citer Gary, Modiano, Matisse, Appolinaire, Leroux,  Pennac, Le Clézio et d'autres...qui sont tous passées par ici. 


Alors ce n'est pas parce que le littoral est saccagé par des promoteur véreux depuis les années 70' qu'il faut oublier que Nice est une ville de lumière et de couleurs, et que si elle a inspiré autant d'auteurs et de peintres, elle a forcément aussi son lot de lecteurs passionnés.


Merci donc du fond du coeur aux romanciers qui sont venus jusqu'à nous ....
(à ceux qui j'ai pu entendre, et à ceux que j'ai lamentablement manqués).

47 commentaires:

  1. Aaah, trop bien, on s'y croirait !! Et elles sont beeeeeelles tes photos de Christophe Ono-dit-Biot !!! :) <3 <3 <3 (mode midinette fleur bleue activé).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai pensé très fort à toi et à notre leader quand je l'ai vu...Merci ma binômette...

      Supprimer
  2. Exactement, j'ai eu l'impression (avant que mes deux garçons ne se parlent fort) d'y être, de subir l'orage, puis le soleil, et l'odeur des crèmes solaires.
    Mais, en aparté, chère Galéa, "coup" n'a pas toujours de "p", et certainement pas dans ton contexte.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu sais Alphonsine, que je n'ai pas compris ton aparté (j'ai honte parce qu'à mon avis c'est une faute plus grosse que moi) parce que je ne vois que "coup de coeur", il prend un "p" à coup n'est ce pas?
      Je crains d'avoir manqué un truc dans mon propre billet....

      Supprimer
  3. Je me pâme, elles sont superbes tes photos (de Christophe, je ne regarde même pas les autres). Je ne savais pas que ces deux Tesson étaient père et fils.
    Sinon, je ne veux pas défendre j'ai lu (enfin un peu quand-même) mais soyons honnête, tu es un peu seule de ton coin parmi les blogueuses littéraires.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais peut-être qu'il y a beaucoup de lecteurs quand même (d'autant qu'on travaille moins ici qu'ailleurs...)
      Merci pour tes compliments sur mes talents de photographe leader...

      Supprimer
  4. Ah la côte attire toujours les beaux mecs ... apparemment moins les auteurs ...on ne peut pas tout avoir

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vilaine, on peut être beau ET être un auteur.

      Supprimer
    2. Pour le coup j'ai vraiment hâte de lire Plonger pour me faire mon idée: peut-on être beau gosse et bon écrivain?

      Supprimer
  5. Superbe billet (une fois de plus !) qui me réconcilierait presque avec les salons du livre !! Parce que forcément quand c'est toi qui raconte ça a tout de suite de la gueule !!
    Ravie que tu aies succombé au charme de Lorrain, pour le coup j'aurais bien aimé l'entendre lui !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il était vraiment intéressant comme auteur, j'aime beaucoup sa manière de s'exprimer et d'écouter. Je suis allée le voir suite à ton billet d'ailleurs Malika, et j'ai commencé à lire "l'homme de Lyon" pour voir si son style me conviendrait avant d'attaquer l'année des volcans....

      Supprimer
  6. Un beau festival en somme !!! Quand je te lis, cela me semble être presque parfait !!! Et la grande bleue pour mettre la cerise (de saison) sur le gâteau !!!!
    Le père et le fils Tesson, c'est rare, non ? Quant au beau gosse, je ne dis rien puisque je n'ai pas encore lu ses livres !!!
    Belle soirée

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui Enitram, pour moi c'était une expérience agréable quoique sporadique....
      Je vais lire le beau gosse tu sais
      Bon week-end

      Supprimer
  7. ça donne (presque) envie d'aller au salon du livre de Nice... Pourrai-je avouer aux fans que je préfère la photo de plage aux parasols bleus à la photo de Christophe Ono dit Biot ? D'autres auteurs intéressants étaient présents heureusement ! L'année des volcans, il me semble que je l'ai noté aussi...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Kathel, je vais guetter ton blog si tu comptes le lire bientôt...

      Supprimer
  8. Je rejoins Malika, tu as l'art et la manière de raconter ces rencontres :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'un dans l'autre je brode beaucoup vu que j'ai manqué quand même pas mal de choses importantes de ce Festival.
      merci Tiphanie

      Supprimer
  9. Ah oui, c'était quand même chouette. Jamais vu de "l'animateur télé", c'est comment en vrai ??

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Plusieurs visiteurs les ont trouvé "super sympas et carrément accessibles" je ne peux pas t'en dire plus Zazy!

      Supprimer
  10. Pour les vingt ans les visiteurs diront : "qui est cet Apollon en chemise blanche tignasse ébouriffée, barbe naissance et gueule d'ange à côté de Galéa ?"

    RépondreSupprimer
  11. Dès le matin, voir son commentaire assez long disparaître en 1 seconde, je te jure, ça donne envie de cogner .... blogspot exagère vraiment. Je disais donc que ça lui va bien une barbe de 3 jours à la gravure de mode ! Vu la manière dont tu négocies avec l'Homme, je te fais une suggestion. Commence le siège dès maintenant et arrache une journée au printemps prochain à Paris pour le salon du livre, tu rencontreras une floppée de blogueuses et quelques auteurs authentiques parmi les peoples. (à la télé, le père Tesson était saoûlant).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui il paraît Aifelle, mais vu que je ne regarde pas beaucoup la tv, je ne l'ai vu qu'une fois dans une émission depuis disparue (ou qui a changé d'horaires).
      Et Oui, j'ai déjà mis le siège auprès de l'Homme pour le prochain SDL (sauf que j'avais une invit'VIP cette année que je n'aurai pas l'année prochaine). Tu y seras aussi?

      Sinon, tu donnes raison à Aspho sur les caprices de Blogspot...

      Supprimer
  12. Je les trouve cool ces salons de province, les gens y vont pour se faire plaisir, et là avec le soleil de Nice, ça devait être une belle récré !
    (sexy, le bel auteur en chemise blanche ! bien plus qu'un animateur télé aux crocs javellisés !)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On est d'accord Virginie, il y a ce côté "loin de tout" qui rend l'événement un peu plus accessible , il faut dire aussi qu'il y a moins d'enjeux ...

      Supprimer
  13. J'ai aussi noté le port assez tendance de la chemise blanche entrouverte... (se décline en d'autres coloris)
    Bref, ce salon me fait un peu penser à la Forêt des livres, où il faut trier entre le people/télévisuel/local mais où il peut se glisser des pépites. Et qui permet de rencontrer des blogueuses, et ça, c'est important!
    Oui, le salon de Paris, si tu y vas, tu le dis, je m'arrange (si tu avais vu -et surtout entendu- le bruit qu'on a fait à nos retrouvailles pique nique)(un peu la honte)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rho, je crois que cette année je vais m'y prendre bien en avance pour négocier mon SDL, les filles veulent passer une we à Paris, je me dis qu'on pourrait faire d'une pierre deux coups...
      J'imagine très bien le bruit de vos retrouvailles...

      Supprimer
  14. Christophe, le soleil, Nice et Galéa bien sûr, je râle d'être restée à Paris, et je me réjouis d'être bientôt à Nice !

    RépondreSupprimer
  15. un peu trop minet pour moi ce cher Christophe, mais tes photos sont vraiment bien!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi non plus il n'est pas mon type d'homme, mais Val et MArjo sont tellement fans que je me suis fait un plaisir de le mitrailler (M. ODB si vous passez par ici, je suis la psychopathe qui n'arrêtait pas de vous prendre en photo)

      Supprimer
  16. Il y avait du beau gosse, c'est déjà pas mal, et certainement de très bons auteurs parmi tous les invités. Finalement, ton compte-rendu est plutôt positif. Beaucoup de people aussi...c'est Nice , le Cannes du fauché....Warf...mais faut se montrer quand même....A roubais , doit y avoir moins de présentateurs télé...
    J'ai souvent eu envie de lire Tesson en l'écoutant à la télé...je le ferai sûrement un jour.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nice le Cannes du fauché ???????
      Tu plaisantes j'espère!!
      Nice c'est le Cannes des jeunes à la limite, et Nice est beaucoup plus belle que Cannes (bon après ici, il ne faut pas se mentir, les people -has been et autres- sont légions.
      Allez sans rancune MTG

      Supprimer
  17. Comme j'adore lire tes chroniques d'envoyée spéciale, vivement que tu puisses enfin te rendre au salon à Paris ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai vraiment hâte Margotte, sauf que je ne prends pas l'avion, j'ai peur de la foule et je ne suis pas hyper fan des rencontres IRL (rapport au fait que je sois quelqu'un de bien névrosé)...donc ce sera mon challenge perso 2015.
      Tu en seras?

      Supprimer
  18. ...et merci de m'avoir fait découvrir le blog "Alors voilà " !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as vu il est chouette hein!!! C'est Sophie qui me l'a fait découvrir.
      Merci Mior (oui j'espère bien te voir si d'aventure je montais à Paris)

      Supprimer
  19. Tu y as quand même trouvé ton compte on dirait, c'est le principal ;)
    Et pour les 20 ans, l'affiche va forcément être à tomber par terre avec Modiano en guest star.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oh oui j'aimerais bien, en plus il sort un nouvel opus en octobre....(je risque la crise de spasmophilie s'il est là)

      Supprimer
  20. Bonjour Galea, merci pour ce billet sur un salon dont j'ignorais l'existence. Je trouve cela dommage parce Nice est une ville que j'aime beaucoup. J'y suis encore allée entre Noël et le Jour de l'An l'année dernière et c'est un plaisir chaque fois renouvelé. Bonne fin d'après-midi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ton commentaire me fait infiniment plaisir Dasola..et oui je crois que c'est en hiver que Nice est le plus belle...

      Supprimer
  21. C'est une ville que je ne connais pas et ça me ferait bien plaisir de la visiter un jour mais ça fait un peu loin pour moi de faire le déplacement pour un salon du livre, aussi sympathique soit-il. Merci pour ton compte rendu ensoleillé.

    RépondreSupprimer
  22. Il était pourtant cool le dîne chez Ginger !

    RépondreSupprimer
  23. Réponses
    1. Les dîners Stiop, j'ai loupé celui de l'automne et du printemps je te ferais dire....

      Supprimer

Les commentaires sont modérés car je n'accepte que les remarques qui encensent mes billets ou qui crient au génie.
Merci de votre passage
(je plaisante!! La modération est activée pour échapper aux vérifications diverses et variées dont tout le monde sature ;-)

La Quadrature des Gueux : Le sens de la fête

Nouveau point d'étape de la quarantaine : le sens de la fête.  Que reste-t-il de nous quand il s'agit de faire la fête ? Je parle d...