Tom McNab, La Grande course de Flanagan (1981) J'ai lu, 2013 (631 p.) |
C'est à cause de ce livre que j'ai ouvert un blog. Enfin, disons qu'il a été le déclencheur. Mais je vous reparlerai de tout cela, le mois prochain, pour les un an de ce qui n'est plus un bébé-blog ...
La Grande course de Flanagan parle de course bien sûr. Mais pas de n'importe quelle course, pas de celle du dimanche. Non, non, non!! On parle de la Trans-América des années 1930. 5 000 Km à parcourir, 2 milliers de coureurs venus du monde entier. Tous espèrent relever le défi de Flanagan, un mégalomane, fou de sport, et fou tout court, toujours engagé des projets ahurissants...
Dans le roman de Mc Nab, les athlètes de Flanagan courent 80 Km par jour, 5 jours par semaines pendant 3 mois. Deux marathons par jour!!!! Et le plus fort, c'est que les scores des premiers avoisinent les 6 mn/Km sur cette distance; c'est absolument ahurissant (mon meilleur score c'est 5'40 sur 11 Km !!).
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7h08: départ...il fait nuit!
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La course de Flanagan, c'est LA course de la dernière chance, la course qui traverse l'Amérique avec tous les ressorts de la période (la crise de 29, Al Capone, les manœuvres politiciennes, les JO de 1932, les jeunesses hitlériennes...).
La masse des coureurs ressemble à une cour des miracles : plusieurs centaines de crèves-la-faim, fracassés par la crise de 29, des gens qui courent pour ne pas mourir ...même pas pour gagner, juste pour manger à leur faim .
Je pourrais vous parler longtemps de tous ces merveilleux personnages, mais je me conterais de citer le journaliste de la course qui dit d'eux qu'ils "oscillent sur la corde raide de l'absolu (...) ils symbolisent l'espèce humaine dans ce qu'elle a de meilleur" (p.367).
La Grande course...c'est le livre des coureurs (même à mon niveau dominical) . La course ici, c'est un chemin presque christique qui va chercher le meilleur de soi-même, qui déclenche les solidarités. Mc Nab parle du fait d'être coureur, de la posture, il livre une ode à la solidarité sportive, à la vertu de l'effort, au véritable esprit de compétition et au fair-play. Courir ici, c'est une raison de vivre et un état d'esprit.
Quoique l'athlète de Flanagan soit finalement, comme aujourd'hui, une sorte de modèle qu'on scrute. Ça met presque mal à l'aise de voir à quel point les coureurs qu'on aime (comme Kate je suis secrètement amoureuse de Mike Morgan) sont la propriété de Flanagan qui les exhibe comme des bêtes de foire, les fait courir contre des chevaux, boxer contre des pro...
Il y a quelque chose de Fear Factor ou de Koh Lanta dans La Grande course...C'est malsain, c'est pathétique...mais ça dit quelque chose de la fascination qu'on a tous de l'exploit sportif. Et finalement, les athlètes de Flanagan n'ont rien à voir avec nos sportifs contemporains qui font de la pub pour téléphone portable et chocolats saturés de graisses hydrogénées. Ce qu'ils endurent, ils le font par nécessité pour s'en sortir, pas pour acheter des voitures ou des jeunes filles peu farouches.
Mac Nab érige le marathon en distance mythique, même au terme de 5 000 Km. J'ai pleuré à la fin tellement les dernières pages ont l'esprit du sport, le vrai, et tellement ses personnages sont beaux.
Même chez moi, le concept de mental de vainqueur ça résonne quelque part...
Et franchement, un peu de beaux sentiments sur fond de dépassement de soi, punaise que ça fait du bien!!!
De vous à moi, il y a des gens qui après la lecture de ce livre se sont mis à courir...et qui engloutissent les Km depuis....vrai de vrai.
et aussi chez des coureuses, des vraies qui font un peu plus que courir le dimanche matin..
PS: je n'avais pas d'idée pour illustrer ce billet, j'ai donc tenté de mettre mon modeste jogging de ce matin en images... 8 malheureux Km au levé du jour (les coureurs de Flanagan faisaient ça dix fois par jour...). Je précise que:
- j'avais oublié qu'il y avait le départ du triathlon ce matin (j'ai amputé mon parcours de 2 Km),
- de la grêle était prévue (d'où mon départ presque de nuit)
- je m'arrêtais tous les Km pour prendre ces photos inoubliables (d'où les moyennement nettes)
Les feignants ont toujours de bonnes excuses...mais, retenons plutôt l'essentiel de ce livre:
"L'athlète représente l'homme aux frontières de ses possibilités" (p.598).