tag:blogger.com,1999:blog-6252067953568119892024-03-18T03:58:27.145+01:00Sous les galets Billets maritimes et littéraires sur le temps qu'il fait et qui passeGaléahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.comBlogger284125tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-17220128188316562952023-09-18T15:23:00.001+02:002023-09-18T15:23:31.347+02:00La fée carabine - Daniel Pennac<h1><span style="font-size: x-large;">Je continue la saga Malaussène de Pennac avec le deuxième opus : <i>La Fée Carabine</i></span></h1>
<p>Et mon enchantement ne faiblit pas. J'aime toujours autant le fond et la forme, l'absence de manichéisme, la peinture de la laideur des hommes et de la beauté improbable des choses. La recette est la même que dans <a href="https://souslesgalets.blogspot.com/2023/07/au-bonheur-des-ogres-daniel-pennac.html" target="_blank">"<i>Au bonheur des ogres</i>"</a>. Une enquête criminelle à Paris. Cette fois les victimes sont de vieux messieurs entraînés dans la spirale de la drogue et des vieilles dames qui se font égorger à domicile. Le roman s'ouvre sur l'une d'elle, armée, qui abat d'un coup de revolver le jeune flic facho qui devait la protéger. Évidemment Benjamin Malaussène est le suspect idéal (comme toujours) et l'enquête se révèle réjouissante.</p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDg06WjqNNR-MzYL3CkQlVr1gcSRHL0mfh5TZBNAwhrHRt4BcsZgVbvYjHzVPYyU607g8lbtxyZhsd3hJ39IoxohTt6Nx-c-cmmS3mgiKjbsRZHMk4qO2l732Oxt_82fWRwBOOpVA8GFz2C0DkvmSdg6ulzKX5HIzLqYOGw17ryDUKAAnvD0QZtdUL-53_/s4032/la%20fe%CC%81e%20carabine-pennac.HEIC" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="La fée Carabine-Pennac" border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDg06WjqNNR-MzYL3CkQlVr1gcSRHL0mfh5TZBNAwhrHRt4BcsZgVbvYjHzVPYyU607g8lbtxyZhsd3hJ39IoxohTt6Nx-c-cmmS3mgiKjbsRZHMk4qO2l732Oxt_82fWRwBOOpVA8GFz2C0DkvmSdg6ulzKX5HIzLqYOGw17ryDUKAAnvD0QZtdUL-53_/w240-h320/la%20fe%CC%81e%20carabine-pennac.HEIC" title="couverture la Fée Carabine-Pennac" width="240" /></a></div><p></p>
<h2>La vieillesse comme vous ne l'avez jamais lue</h2>
<p>La vieillesse racontée par Pennac est irrévérencieuse et déglinguée. Dans ce volume, les vieillards, victimes de dealers mystérieux, sont en cure de désintoxication chez Malaussène, avec les enfants pour infirmiers. Les vieilles dames, des veuves qui veulent défier l'éternité, s'accrochent à chaque jour de vie supplémentaire. Ce que dépeint Pennac, ce sont les Anciens des années 80': vieux vétérans de la Grande guerre, les exilés, les traumatisés du XXe siècle. Un troisième âge parsemé de noms de famille exotiques loin de l'image d'Épinal de l'Ancien respectable. Il y a beaucoup de cruauté dans la description de leur décrépitude:</p>
<blockquote>"s<i>i les morts ont une couleur, la peau de ce type avait cette couleur-là. Une peau décollée dans laquelle flottait un squelette suraigu</i>" (p.38) <i><br /></i></blockquote>
<p>Et beaucoup de tendresse aussi. Chez Pennac, il en va des anciens comme des autres, on trouve des gens formidables, des petites raclures : et d'autres qui sont à la fois l'un et l'autre. Il y a chez tous ces petits vieux, un reflux de guerre froide, de conflit serbo-croate, des parties d'échecs disputées en parlant politique, des entraînement au tir chez les flics et les vieilles dames. Il y a la question de la mémoire, des souvenirs plus ou moins avouables, des choses irrattrapables de l'Histoire.</p>
<h2>La cupidité comme on l'a toujours connue</h2>
<p>Avec l'enquête bien sûr on a encore une belle galerie de policiers: du gros facho jusqu'au coeur pur; avec tous les autres personnages en nuances de gris. Il y a le racisme bien sûr, la corruption aussi. Mais le fond du fond du livre, c'est la cupidité. Toute l'enquête tourne autour de conflit d'intérêt, de l'immobilier et de la drogue. Il y a de tout, des notables drapés dans la respectabilité, des policiers corrompus jusqu'à l'os, des petits bourgeois qui cherchent une manière d'exister. C'est un livre qui sent la drogue et l'appartement vide.</p>
<p>Pennac n'édulcore rien des dégâts collatéraux, des moyens utilisés pour arriver à ses fins : les journalistes enlevés, les tortures, les vies qui valent moins que des francs, le décrépitude d'une société pourrie par ses élites, la sacro-sainte rentabilité du mètre carré parisien dans les 80'. </p>
<p>Je me dis que Pennac devait être un sacré rageux quand il avait mon âge. Son roman dénonce et console. Le ton de la farce camoufle la violence du propos; l'usage de l'humour dissimule l'empathie du narrateur.</p>
<h2>L'anti-héroïsme comme on l'aime</h2>
<p>Le lecteur est très bien servi sur le plan des anti-héros. Il y a d'abord Thérèse, qui est absolument délicieuse: physique ingrat, absence d'humour, grande chose dégingandée, ésotérique et presque sinistre. Elle lit les lignes de la main des vieux et leur offre un supplément d'espoir, et parfois un supplément de vie. Thérèse c'est l'âpre générosité, la Cassandre magnifique. </p>
<blockquote>"<i>Thérèse a entrepris de mettre au point un véritable horoscope du troisième âge. Un truc pour les journaux qui donnerait aux vieux des nouvelles de leurs lendemains immédiats" </i>(p.181)</blockquote>
<p>Mais on est gâtés, parce qu'on a aussi un duo de policiers absolument exquis. Van Thian, un vieil asiatique hypocondriaque et dépressif et Pastor, un jeune orphelin bizarre et ambigu. Le premier se travestit en vieille dame pour les besoins de l'enquête, le second sait mystérieusement extorquer des aveux aux prévenus :</p>
<blockquote>"<i>Les manières douces, les pull-overs, le subjonctif et l'inaptitude à l'argot que la famille avait légué au gamin, n'était pas du tout du goût de Thian. Pourtant Thian aimait Pastor...</i>" (p.67)</blockquote>
<p>En vérité, des héros il y en a pas mal dans ce roman ; et pas forcément où on le pense. Mention Spéciale au joueur d'échecs, le Yougoslave Stojilkovicz qui arme, promène et entraîne les petites vieilles puis entreprend de traduire Virgile en serbo-croate. Dans ce roman, la littérature, qui ne se prend jamais au sérieux, est présente à chaque instant et sous les apparences les plus improbables (du libraire possédé à l'éditrice cinglée en passant par l'auteur qui voudrait le devenir). </p>
<p>J'ai rencontré Pennac pile au bon moment et je me réjouis d'avance de dévorer le tome suivant. <br /></p>
<p> <i>La Fée carabine, </i>1987, folio, 2021, 340p.</p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-52515562344986031712023-09-08T14:28:00.000+02:002023-09-08T14:28:26.274+02:00Brèves de rentrée - Le point harcèlement<h1><span style="font-size: x-large;">Je devais, dans l'idée, rédiger un billet pour raconter ma rentrée désastreuse.</span></h1>
<p>J'avais prévu une petite chronique bien sympa, en mode "perditude de rentrée" : les fournitures manquantes de Numérobis, les étiquettes sur les 32 bâtons de colle de Duracel, les réunions où je me trompe de jour au lycée, les livres perdus pour Rayures, mon inscription sur BeReal (une appli pour les djeunes). Bref, j'avais de la matière à rigoler. Et sans me vanter, j'avais prévu un billet fidèle à la ligne de ce blog.</p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoCfTYHxp-h0cr-HdhdaDqkIZxRXIGPy-9FVlLu6G_RY04AD1adM5ZP2HCeenAEVvXldlLk-PY3PultG5UEpuG2MxFVfCpKRitTEpeu5qpGzkxDy2vEOZpmk-qZJYdoiWRj6qQLSbqPQv9AEm-ERogDekw07PNHE4LmmAPTDfFHDa5cUN73gp4UlSBifWz/s4032/IMG_3818.HEIC" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="3024" data-original-width="4032" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoCfTYHxp-h0cr-HdhdaDqkIZxRXIGPy-9FVlLu6G_RY04AD1adM5ZP2HCeenAEVvXldlLk-PY3PultG5UEpuG2MxFVfCpKRitTEpeu5qpGzkxDy2vEOZpmk-qZJYdoiWRj6qQLSbqPQv9AEm-ERogDekw07PNHE4LmmAPTDfFHDa5cUN73gp4UlSBifWz/w400-h300/IMG_3818.HEIC" width="400" /></a></div><p></p>
<h2>Et puis j'ai appris la nouvelle du garçon qui s'est pendu dans sa chambre</h2>
<p>J'ai écouté le bon ministre de l'Éducation Nationale nous faire part de sa très grande peine, j'ai lu les commentaires et fausses indignations des uns et des autres. Alors vu que le harcèlement scolaire, je l'ai testé pour vous, je vous livre mes conseils d'un harcèlement scolaire réussi en cette semaine de rentrée (ne me remerciez pas, c'est cadeau). Il se réduit en une phrase : <br /></p>
<h3>On ne peut strictement rien faire contre le harcèlement scolaire</h3>
<p>Un mot de contexte d'abord (dans un souci de transparence et de mauvaise foi propre à ce blog). Ça se passe dans l'un de ces établissements publics suffisamment sélectifs et bien situé pour que les gens de gauche puissent se glorifier d'avoir des enfants dans le publics (sans risquer la mixité sociale pour leur tête blonde). On est dans un esprit "petits notable de villes moyennes", bourgeois bien cultivés dans une ambiance élite de la nation, version province éloignée.</p>
<h3>Qu'est ce donc qu'un harcèlement scolaire réussi?</h3>
<p>Le harcèlement scolaire, c'est d'abord une victime : ici c'est ma poissonnière préférée, Numérobis, celle qui s'indigne de tout tout le temps, qui décroche à la cantine les fanions de l'équipe de France pendant la Coupe du Monde, qui vérifie qu'on n'allume pas la tv et qui pourrit sa sœur d'aller voir la finale avec ses copains<i>. </i>Bref, la dure-à-cuire de la fratrie.</p>
<p>Pour un bon harcèlement scolaire, il faut un leader en carton. Nous allons le nommer Drago, un copain de collège, avec lequel Numérobis n'est jamais d'accord. Ils se disputent souvent mais sont ensemble tout le temps. Elle débat avec lui via Whattsapp entre deux sorties à la patinoire ou à la plage. Quand ils se sont disputés, ça aurait du rester deux ados qui s'envoient des scud, des messages désagréables et qui se font la tête à la cantine. Pour que ça devienne du harcèlement, il en faut beaucoup plus.</p>
<h3>D'abord, il faut que le harceleur ait des laquais</h3>
<p>Coup de chance pour Drago, des laquais, il en a. Dans un souci de cohérence, nous allons les appeler Crabbe et Goyle. Deux pauvres tocards au charisme d'huître, bien trop contents pour une fois d'être dans l'équipe de ceux qui rient, plutôt que dans celle de ceux dont on se moque. La chance de leur vie. Ils n'ont rien à voir avec l'histoire, mais ils se régalent déjà. Chacun déploie des trésors d'imagination pour plaire au leader, trop heureux de ce petit pouvoir quotidien de gâcher la vie d'une fille (qui a l'outrecuidance de parler fort, de s'énerver vite, d'être un peu trop cash pistache). L'un d'eux, Crabbe, est fils d'un prof du collège, donc c'est tranquille, on y va gaiement. On se moque, on souffle quand elle parle en classe, on invente des petits jeux humiliants dans la cour, on l'insulte gratuitement comme ça pour le fun (uniquement quand le leader est là; sinon ils l'ignorent tranquillement). Mais là encore, ce n'est pas encore vraiment du harcèlement. Il en faut plus que ça à Numérobis pour se démonter.</p>
<h3>Ensuite, il faut des copines peureuses</h3>
<p>Car le harcèlement scolaire, c'est aussi des copines qui font semblant de ne pas voir, qui ne veulent pas d'embrouilles, qui tournent la tête à la première insulte, qui laissent passer les petites brimades. Des copines de longue date, qui veulent "<i>rester neutres"</i>, dont les parents ont suggéré "d<i>e ne pas se mêler de ç</i>a", ou qui considèrent que Numérobis "<i>peut bien se défendre toute seule, avec son caractère bien trempé". </i>De celles qui dans quelques années feront semblant de ne pas voir la fille qui se fait embêter dans le métro et qui diront à leurs gosses de regarder ailleurs.</p>
<h3>Enfin, il faut un troupeau de moutons bêlants</h3>
<p>La harcèlement ce serait pas possible non plus sans tous ces courageux élèves lambda qui un jour se disent que c'est viril d'être plusieurs garçons à se moquer, à tourner en dérision, à menacer (avec humour bien sûr) une gamine de 14 ans, d'1m 50. C'est l'ami de 6ème qui tout à coup l'agresse verbalement dans les couloirs, un gars qui la connaît à peine et qui la traite de "<i>conne". </i>Dans ce genre de troupeau, on trouve aussi d'anciennes grandes amies (deux filles livrées à elle-même dont les parents ont sans doute oublié de s'occuper), qui apportent leur contribution via les Réseaux Sociaux. Bref elles aiment bien Numérobis mais c'est drôle de l'enregistrer à son insu ou de créer un faux compte Insta pour la piéger. </p>
<p>Et là j'avoue, ça commence à être complexe.</p>
<h2>Mais un harcèlement scolaire réussi n'est possible que grâce aux adultes</h2>
<p>Le vrai harcèlement n'existe et n'enfle que grâce à une poignée d'adultes lâches, ambitieux, paresseux ou arrogants, totalement privés de la moindre empathie pour les élèves dont ils ont la responsabilité.</p>
<p>Ça commence toujours doucement : une moquerie de temps en temps, une insulte isolée, et puis de plus en plus souvent. Au bout de quelques semaines, c'est tous les jours, aux vues de tous, à la cantine, en classe, en récréation, au gymnase, sur tout et n'importe quoi. Ça ne choque plus personne. C'est un comportement insidieux, pervers, qui grignote tout doucement le harcelé, qui sape sa confiance et son estime de soi. Et quand on en est là, seuls les adultes peuvent faire quelque chose.</p>
<h3>Appeler la prof principale : le poids du silence</h3>
<p>C'est le premier réflexe que j'ai eu. Première erreur. Je n'avais pas calculé qu'un des gamin en cause est un le fils d'un collègue (tu m'étonnes que je suis nulle aux échecs). Aucune réponse à mon mail évidemment. Quelques coups de fil aux parents des harceleurs : il n'y a rien de bien grave, elle gère, pas d'inquiétude. Une gamine harcelée, ça ternit l'image d'une classe et d'un collège. De base, on ne sanctionne pas les élèves prometteurs (merde quoi ! on vise plus de 50% de mention TB au DNB, on a autre chose à faire qu'à régler des gamineries entre ados). </p>
<h3>Contacter les CPE : se faire traîner dans la boue</h3>
<p>Il me semble que dans le prospectus, on ne dit de se tourner vers les CPE. Nouvelle erreur. Cet épisode me laissera le souvenir d'une insulte à mon intelligence. On commence par des grands discours : "<i>on va taper fort madame, c'est inadmissible, j'organise de ce pas une médiation</i><i>". </i>Erreur absolue. En réalité, le harcelé dérange, il est la mauvaise conscience du troupeau et des parents défaillants. On le transforme donc en bourreau. </p>
<p>Numérobis a été accusée des pires trucs, trouvés on ne-sait-où, repris en chœur par chacun des trois fantastiques. Il a fallu beaucoup de temps et d'énergie pour démonter chaque accusation, pour montrer qu'elle n'a jamais chercher à nuire, ni été malveillante.. J'ai du fouiller le portable de fond en comble, passer la gamine à l'interrogatoire familial, embaucher Rayures pour tout checker. Au bout du compte, même en ayant tout démonté point par point, le CPE conclut à "<i>des torts partagés". </i>Quand on salit quelqu'un il en reste toujours quelque chose. C'est ça le harcèlement scolaire. </p><p>Quant à moi, j'ai conforté avec brio ma réputation de mère cinglée.</p>
<p>Ça a donc joyeusement continué, de plus en plus fort, avec l'excitation chez ces garçons de mettre quelqu'un à terre. Logiquement, les résultats scolaires se sont cassés la figure et Numérobis a fait un malaise en classe. Et un soir, l'Homme et moi l'avons récupérée dans un tel état, que le lendemain j'ai déposé une main courante pour harcèlement scolaire.</p>
<h3>Miser sur le protocole Phare : la blague</h3>
<p>Après la main-courante, je me suis une fois de plus illustrée avec élégance en hurlant au téléphone à la Vie Scolaire "<i>je veux juste qu'on fiche la paix à ma fille !!! faites votre boulot". </i>Les CPE, glorieusement formés au protocole Phare, ont avoué que "<i>c'est un cas de harcèlement caractérisé". </i>Enfants et parents (sauf moi hein) ont été convoqués. Crabbe et Goyle ont reconnu du bout des lèvres et se sont excusés de mauvaise grâce. Drago s'est fait porter pâle pendant une semaine (ça lui évite les excuses). Au final : aucune sanction, même après aveux et témoignages. Pas une exclusion, pas d'heures de colle. Rien de rien. </p>
<p>Clou du spectacle : Crabbe est élu par les professeurs (collègues de son père donc) "élève méritant" lors du conseil de classe. Quand je demande des explications, le CPE me conseille de porter plainte "<i>Nous on s'en sort plus, on ne sait plus quoi penser"</i>. Je me suis dit que j'allais débord régler ça avec les parents. Nouvelle erreur.<br /></p>
<h3>Appeler les parents des harceleurs: une fausse bonne idée</h3>
<p>Alors ça je le déconseille par dessus-tout. Surtout si ce sont des garçons. Aucune mère n'acceptera l'idée que son fils se soit comporté comme un crevard. Aucune mère n'entendra que la chair de sa chair traite un jeune fille de pute ou de poufiasse "<i>c'est de mon enfant dont on parle"</i> (élevez vos fils Mesdames en 2023, c'est pas possible qu'on en soit encore là). </p>
<p>En général, quand on appelle les parents, on est dans un monde où 2 + 2 ne font plus 4. L'une des mères a même menacé Numérobis par texto (oui oui). Les parents des harceleurs vivent dans une dimension parallèle. Fort de tout cela, après avoir vu qu'il ne lui arriverait rien, Drago a hurlé à qui voulait l'entendre "<i>qu'il allait lui pourrir la vie jusqu'à son dernier jour de collège". </i>Il a tenu sa promesse. <br /></p>
<h3>Finir au commissariat : la douche froide</h3>
<p>J'ai donc fini par porter plainte; et c'est pareil, je déconseille. J'avais eu un faux réconfort lors de la main courante: une brigadière adorable, à l'écoute, qui me donnait un mouchoir quand je chouignais. Le dépôt de la plainte c'est autre chose. J'ai déposé devant quelqu'un qui avait manifestement faim. Quand je reconstituais la chronologie, la récurrence, le nombre d'enfants, elle soufflait parce que c'est trop long "<i>ouh la je noterai pas tout ça, là on va aller à l'essentiel"</i>. Il n'y a pas de moment essentiel dans le harcèlement scolaire, c'est ça le principe : un long crescendo pour finir par des malveillances quotidiennes et impunies. </p>
<p>Le conseil de Galinette : allez à la police uniquement s'il y a eu des séquelles physiques avec certificat médical et une dizaine de textos d'injures. Si la situation est trop subtile, c'est vraiment inutile. A la fin, on signe un PV qui n'a pas grand chose à voir avec le propos de départ, bourré de fautes d'orthographe. On est tellement crevé qu'on laisse aller.</p>
<p>L'audition suivante se déroule avec jeune brigadière, manifestement qui n'a pas fait psycho à la fac, déjà blasée, qui se plaint de "<i>la mode du harcèlement scolaire, c'est comme les violences conjugales, ça n'arrête pas, pffff"</i>. Après une demi-heure où Numérobis a du mal a exprimer les choses, se perd dans les dates, les noms, se retient de pleurer, et où l'on me demande de me taire, ça se termine par : "<i>ouaich bon il y a plus grave hein je vous assure madame, et puis bon rien n'est blanc ou noir dans la vie, tu as sûrement toi aussi un truc à te reprocher. Allez file, kiffe ton été, coupe contact avec tout le monde et change de lycée, des amis tu t'en referas". <br /></i></p>
<p>C'est ce qu'on a fait, effectivement. Au lieu d'aller au lycée en bas de chez nous qui avait ouvert à sa sœur les grandes portes sur Parcoursup, Numérobis est partie à l'autre bout de la ville pour être certaine de ne pas recroiser ces garçons fantastiques et leur troupeau d'idiots. Elle a vidé les contacts de son téléphone et coupé les ponts avec une grande partie des camarades avec lesquels elle était depuis la 6ème.<br /></p>
<h2>Vivre un harcèlement pour un ado, c'est voir son monde s'effondrer</h2>
<p>Le harcèlement, ce sont des ados qui découvrent la laideur des choses; qui ont été déçus par leurs amis, effrayés par des congénères, désolés par les adultes et abandonnés par les institutions. Vivre le harcèlement au collège, c'est faire le deuil d'un monde, d'un système de valeur qui n'existe pas dans la vraie vie. Et surtout, le harcèlement, même quand c'est fini, c'est vivre avec un sentiment d'injustice chevillé aux tripes, c'est la colère et le chagrin qui se disputent dans un petit corps pas tout à fait terminé. Avoir vécu le harcèlement, c'est toucher du doigt, avant même d'être adulte, le manque absolu d'empathie des humains les uns pour les autres. C'est ne plus avoir confiance.<br /></p>
<h3>Cela tient à rien, tout aurait pu être différent</h3>
<p>Parfois ça se termine bien, et ça ne tient pas à grand chose. Une prof qui prend les choses à bras le corps "<i>plus jamais ça dans ma classe"</i>; un parent qui oblige son enfant à faire amende honorable ; une copine courageuse qui à la première insulte se lève et ferme la bouche pleine de fiel du harceleur ; une principale qui décide de se salir les mains ; une infirmière scolaire qui donne l'alerte ; un garçon moins bête que les autres qui refuse de suivre le mouvement...Parfois, un petit rien change les choses mais ici ce n'est pas arrivé.</p>
<p>Il y a eu quelques moments de grâce bien sûr : la meilleure copine qui finit par changer de bord et qui reste près de Numérobis pendant la tourmente, la prof qui la prend à part pour lui dire qu'elle est là si besoin, la fille bizarre d'une autre classe qui la prévient des malveillances...mais cela n'a pas été suffisant.</p>
<p>Perso je pense qu'avec l'Homme, mon père et quelques amis de Rayures, on aurait du aller les choper à la sortie du collège, à l'ancienne quoi, en mode "<i>Ignore ma fille, ne lui parle plus jamais, ou je te défonce la gueule"</i>, mais ce n'était pas sans risque.</p>
<h3>Je pense fort aujourd<i>'</i>hui aux gamins qui n'ont pas réussi à continuer le chemin après cela</h3>
<p>Je pense à leur souffrance, à leurs parents<i>, </i>à cet enchaînement de circonstances défavorables<i>. </i>Je pense à ceux à qui c'est arrivé et à ceux qui le connaîtront. Chaque histoire est assez différente, chaque parcours aussi, mais c'est un chemin de croix pour tout le monde.</p>
<p>Et puis je voulais vous dire: pendant longtemps j'ai cru que les harcelés étaient ces petites choses fragiles qui énervaient les autres, des premiers de classe timides ou pénibles qui ne savent pas se défendre ni se faire respecter. Alors oui, sans doute, mais pas que. Je découvre que n'importe qui peut l'être. C'est comme monter dans la mauvaise rame de métro, avec la mauvaise personne dedans. Le problème n'est pas harcelé. Le problème ce sont les harceleurs. Des ados qui vivent leur meilleure vie en gâchant celle de quelqu'un d'autre. Ne me parlez pas de l'âge. 15 ans est un âge où on peut être courageux, résistants et animés d'un libre-arbitre. Se faire plaisir de la souffrance des autres, c'est une pathologie. Ils vont sûrement très mal et je plains ceux qui croiseront leur route quand ils seront adultes.</p>
<p>C'est plus compliqué d'en vouloir à la masse silencieuse ; mais vu mon mauvais fond, j'y arrive très bien. Je déteste surtout les petites fayottes, premières de classe, ces gamines lisses et travailleuses, qui se présentaient comme ses amies, qui l'ont laissé se débattre toute seule pendant trois mois. Elles ont ma rancune éternelle.</p>
<h3>Ode aux harcelés de toutes catégories</h3>
<p>Celui qui dégage d'établissement sera toujours le harcelé. Celui qui perd son environnement social sera toujours le harcelé. Celui qui recommence tout à zéro sera toujours le harcelé. Celui qui traîne le poids du temps et des amis perdus c'est lui. Et dans la grande majorité des cas, la plainte sera classée sans suite (en mode "tout ça pour ça"). Mais je préfère 1000 fois être la mère du harcelé (même si c'est pas folle ambiance) que celle du harceleur. C'est le harcelé le vrai héros de l'histoire quand il arrive à la dépasser. Ils sont nombreux les artistes à en avoir fait quelque chose<i> (Mortelle Adèle </i>en témoigne).</p>
<p>Ne vous inquiétez pas pour Numérobis c'est une solide. Et je suis là en sentinelle. Elle continue à s'insurger de tout, à écouter de la k-pop, à réviser ses intervalles, à s'enthousiasmer de ce qui est beau. Elle déteste le rôle de la victime et lutte chaque jour pour s'en débarrasser. Là c'est pas la joie, mais elle va s'accrocher (et nous avec elle). Elle est mon ado caractérielle, intelligente et talentueuse ; et puis Numérobis a ce truc en plus qui fera d'elle un adulte différent de nazes qu'elle a croisés pendant 6 mois. Si moi j'ai clairement perdu toute dignité et toute mesure, peut-être que cette histoire fera d'elle une meilleure personne plus tard (contrairement à moi qui ai viré vieille aigrie).</p>
<p>Pour l'instant, on ne va pas se mentir : on morfle. Cette histoire sera sa cicatrice à elle. Je vais y mettre un peu de poudre dorée et en faire un <span lang="fr"><i>kintsugi</i>; Numérobis en sera d'autant plus unique. <br /></span></p>
<p><i>PS: Ma douce, si tu passes par là, pardonne moi de m'être répandue à ce point. Ne t'inquiète pas, ici il n'y a pas grand monde, pas de jeunes du tout, ni tellement de sudistes ; que des vieux copains qui lisent des livres et qui en parlent entre eux. La blogosphère c'est une grande maison pleine de courants d'air. Je dépose ça là, comme ça moi aussi je passe à autre chose.</i></p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com37tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-50321647551682726092023-08-21T14:54:00.000+02:002023-08-21T14:54:01.386+02:00Les enfants sont rois-Delphine de Vigan<h1><span style="font-size: x-large;">Que dénonce Delphine de Vigan dans <i>Les Enfants sont rois</i> ?</span></h1>
<p><i>Les Enfants sont rois, </i>c'est l'histoire d'une famille française d'influenceurs, dont la petite fille Kimmy s'évapore subitement. La moitié du livre est consacrée à l'enquête sur sa disparition, l'autre partie à ce que chacun des protagonistes est devenu 10 ans plus tard (dans le futur donc). Même si le roman se lit vite et sans déplaisir, c'est une déception.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifu3tY9DL97DEeg3MMAyWdriE_CN-xvQ1PwgxrQHIl58xYLXwHTWjvCLDpO2qRKn3PghXe0cTaicWBtf9oWiEUgtiuCPFcDyk3iUvDncPxgkix8n-QUgxh-_viNne5-OdZ1ZB9LGMXak9fZsE0QBHgwVfE0V0lHfxssBOlxdG-mQxjlb8-onRcV88PTe0Z/s4032/Les%20enfants%20sont%20rois-Vigan.HEIC" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="Les enfants sont rois- D. de Vigan" border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifu3tY9DL97DEeg3MMAyWdriE_CN-xvQ1PwgxrQHIl58xYLXwHTWjvCLDpO2qRKn3PghXe0cTaicWBtf9oWiEUgtiuCPFcDyk3iUvDncPxgkix8n-QUgxh-_viNne5-OdZ1ZB9LGMXak9fZsE0QBHgwVfE0V0lHfxssBOlxdG-mQxjlb8-onRcV88PTe0Z/w300-h400/Les%20enfants%20sont%20rois-Vigan.HEIC" title="Les enfants sont rois- Delphine de Vigan- couverture" width="300" /></a></div><p></p>
<h2>L'histoire : l'introuvable subtilité </h2>
<p>Force est de constater que Delphine de Vigan a choisi le versant évident des Réseaux Sociaux. On sent qu'elle s'est beaucoup documentée, mais essentiellement chez les Américains. Du coup, le trait est vraiment grossier. La famille d'influenceurs en question est une vaste blague : les enfants sont mis en scène quotidiennement pour vendre des produits Nike et Disney, pour tourner des vidéos Youtube, pour déballer des paquets, faire semblant d'acheter des produits et... Tout est excessif et raconté à base de filtres, de paillettes, de surconsommation, d'abondance d'objets et de "bisous d'étoiles". Ces comptes existent bien sûr, mais ce qu'elle dénonce est tellement évident. Pas besoin d'un doctorat de pédo-psychiatrie pour deviner qu'aucun enfant ne peut s'épanouir ni se construire comme cela. Enfoncement d'une porte ouverte. </p>
<blockquote>
<p>"<i>Mélanie avait attendu d'avoir dépassé les 20 000 abonnés pour introduire les premiers déballages de jouets : œufs surprises, sucette Chupa Chups et pâte à modeler Play Doh</i>" (p.118)</p>
</blockquote>
<h2>Les personnages : entre caricature et indigence</h2>
<p>Les gros poncifs que Vigan balance à ses lecteurs correspondent à ce que chacun imagine des RS. </p>
<h3> Mélanie : le portrait-robot de l'influenceuse</h3>
<p>Mélanie, la mère et personnage principal du livre, prend racine en 2001 pendant le <i>Loft</i>. OK. Bien sûr elle devient une fan de téléréalité, évidemment ses enfants portent des prénoms américains, elle est inculte, fade, souffre du manque d'amour de sa mère et jalouse sa sœur. Par voie de conséquence, comme toute femme <i>nolife</i>, elle adore les like, les followers, les émoticônes. Bref, 20 ans après le <i>Loft, </i>elle utilise ses enfants pour soigner son ego blessé. Même quand Mélanie pense, cela manque de substance. </p>
<h3>Clara : l'archétype du "sans réseau social"</h3>
<p>On retrouve les mêmes facilités sur la policière qui enquête sur la disparition de Kimmy. Clara est une belle âme seule, fille unique d'un couple d'alter mondialistes, élevée sans écran, avec des valeurs humaines indéboulonnable et un esprit critique affuté. Clara ne peut s'engager avec personne tellement le monde est laid et qu'elle est pure. On comprend bien que Clara et Mélanie sont des deux faces d'une génération née dans les années 80'.</p>
<h3>Le malentendu entre Vigan et moi</h3>
<p>Je m'attendais à toute autre chose. Je pensais que Vigan aurait choisi d'autres profils, plus ambigus, plus délétères, plus romanesques. Car les compte famille intéressants sont ceux qui frôlent la perfection. Les grands pourvoyeurs d'éducation bienveillante, de calme et volupté conjugale. Je m'attendais à ces mères qui ne vieillissent pas, qui stimulent remarquablement leurs enfants, qui cuisinent <i>healthy</i>. Ces comptes élégants avec des enfants impeccables en toutes circonstances, qui savent lire à 4 ans et trient leurs déchets à 5. Ces comptes qui font de la publicité haut de gamme pour vêtement de luxe, qui recommandent des adresses branchées pour les vacances, qui vendent des coachings éducatifs onéreux et donnent des codes promo pour des menus équilibrés livrés toute la semaine à domicile. Dans ces comptes là, on peut vraiment imaginer que les enfants sont heureux, stimulés, écoutés; et c'est là que je m'attendais à croiser Vigan.</p>
<p>La question c'était la monétisation que les bonnes mères de famille ont accepté contre l'image de leurs enfants. Il y avait tellement à faire, tellement à décortiquer, surtout pour Delphine de Vigan qui reste pour moi la romancière des ambiguïtés et de l'envers des choses.</p>
<p>Bref ma lecture partait sur un quiproquo (comme il y a 10 ans avec <a href="https://souslesgalets.blogspot.com/2013/07/un-ecrivain-un-vrai.html" target="_blank">Petersen</a>, mais exactement pour les raisons inverses)<br /></p>
<h2>Les enfants : les vrais "rois" du roman de Vigan</h2>
<p>Évidemment, cela reste un un roman qui se dévore avec des passages très intéressants et une fin réussie. L'idée d'imaginer ce que peuvent devenir ces enfants-publicitaires dans un avenir proche est tout à fait intéressante. L'analyse psychologique de l'engrenage de l'engagement est convaincante : la soif d'être vue, l'épuisement d'être scrutée. Le coup du papillon final c'est vraiment pas mal. La boucle avec the <i>Truman Show,</i> c'est propre, c'est bien fait. Le personnage de Sammy (le frère) est intéressant, même si c'est resté dans le domaine de l'ébauche. La relation entre le frère et la sœur est émouvante : le rôle de chacun, la question de la liberté, de l'individu qu'on peut ou pas devenir. La folie qui rode, l'abandon de soi qui s'impose.</p>
<blockquote><p style="text-align: left;">"<i>Mais Big Brother n'avait pas eu besoin de s'imposer. Big Brother avait été accueilli les bras ouverts et le cœur affamé de likes, et chacun avait accepté d'être son propre bourreau. Les frontières de l'intime s'étaient déplacés". </i>(p. 236)</p></blockquote>
<p>Bref, Vigan a remarquablement théorisé l'impact des Réseaux Sociaux, mais force est de constater qu'elle n'a pas su en faire une histoire à la hauteur du talent qu'elle a. De cette romancière, je m'attendais à un roman à la lisière des choses. Je me suis même demandée si Gallimard lui avait fait une commande. Quelque chose comme "<i>il faudrait un roman sur les ravages des RS surtout avec la loi qui va passer sur l'exposition des enfants, tu te sens pas de faire quelque chose là dessus ?". </i> </p>
<p>Pour le coup, c'est compliqué d'écrire sur ce qu'on ne connait pas.</p>
<h2>Les Réseaux Sociaux: lot de consolation des gueux en quête de reconnaissance</h2>
<p>Et si Vigan rate à ce point (selon moi hein), c'est parce que les RS, c'est pour les gueux et qu'elle n'en fait pas partie. Ce qu'elle a besoin de raconter de sa vie est rendu visible par son éditeur ; alors que les chaînes et comptes divers ont été inventés pour les gens qui ne passent pas à la télévision, qui n'ont aucune reconnaissance publique et qui sont coincés dans leur statut de lambda. Sur les RS, les <i>randoms</i> parlent aux <i>randoms</i> et que c'est pour cela que ça marche (je parle de nous les amis !!). Quand on est née du côté des notables, des intellectuels, de ceux qui font les choses et qu'on écoute et qui sont visibles, on ne peut pas bien saisir le mécanisme, ni le vertige de la visibilité.</p>
<p>Pour comprendre la zone grise, peut-être faut-il avoir un pied dedans.</p>
<h2>Le roman sur les Réseaux Sociaux<i> : </i>un pari impossible ?</h2>
<p>J'attends le roman qui décortiquera les choses. J'attends le romancier qui saura parler de cela, même si je doute qu'il existe, car je ne pense pas que ce soit tout à fait compatible d'être à la fois un écrivain et un grand consommateur de Réseaux. J'attends finalement l'auteur qui saura parler de ma génération.</p>
<p>Vigan démarre son histoire en 2001 avec <i>Loft Story</i>, et c'était très prometteur pour moi. Je me souviens de l'Homme et moi, avachis devant notre télé, à la fois circonspects et fascinés d'être devenus des voyeurs autorisés. La vacuité érigée au rang de spectacle. Des gens de notre âge acceptaient d'être observés comme des animaux dans un zoo. </p>
<p>Il parait que l'été 2001 est l'instant où le monde a basculé. C'est indéniable. Le 5 juillet, les finalistes du <i>Loft</i> sortaient de leur expérience sous les caméras et hourras d'une foule hystérique ; le 11 septembre toutes les télévisions du monde retransmettaient l'attaque des Twins Towers. Avoir la vingtaine en 2001, c'était assister sans le savoir à la fin d'un monde. </p><p>Bref, j'en attendais vraiment trop. <br /></p>
<p>Delphine de Vigan, <i>Les Enfants sont rois, </i>2021 (Gallimard), folio, 2022, 364 p.</p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-37961429970633349892023-08-14T15:43:00.002+02:002023-08-14T15:43:58.424+02:00Rosa Candida-Audur Ava Ólafsdóttir<h1><span style="font-size: x-large;"> <i>Rosa Candida</i>, l'étrange petit roman qui aide à supporter le fracas du monde</span><br /></h1>
<p>"<i>Comme je vais quitter le pays et qu'il est difficile de dire quand je reviendrai, mon vieux père de 77 ans veut rendre notre dernier repas mémorable" </i>(incipit).</p>
<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSADCypEdS4z7lX42jbjxV2_vE3kf-10yjknhV-bQfjAvRSl6_l9JVGLQVakwR63AR6ihCVofGvus6bO44_XuyNJ07azm4gAuBp1qPGQlem-GlYOegDLBC4uIinNQ-NVvy_gLXZLXYJlK0bHub1VlmoTaPK-QfALuybuatOHgno98iP9zB-ObPKlgvlfWq/s4032/Rosa%20Candida-Olafsdottir.HEIC" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="Couverture Rosa Candida" border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSADCypEdS4z7lX42jbjxV2_vE3kf-10yjknhV-bQfjAvRSl6_l9JVGLQVakwR63AR6ihCVofGvus6bO44_XuyNJ07azm4gAuBp1qPGQlem-GlYOegDLBC4uIinNQ-NVvy_gLXZLXYJlK0bHub1VlmoTaPK-QfALuybuatOHgno98iP9zB-ObPKlgvlfWq/w240-h320/Rosa%20Candida-Olafsdottir.HEIC" title="Rosa Candida-Olafsdottir" width="240" /></a></div><i>Rosa Candida </i>c'est l'histoire d'un jeune homme de 22 ans qui quitte l'Islande (où rien ne pousse), pour rejoindre un monastère étranger qui abrite ce qui fut la plus belle roseraie du monde. Dans son périple, il transporte des boutures de rosa candida, une rose à 8 pétales. C'est une bien étrange aventure que celle dans laquelle se lance Arnljótur pour vivre sa passion : faire pousser des végétaux. Et finalement, cet étrange petit roman permet de se réconcilier avec l'être humain, en ce temps d'actualité fracassante.<p></p>
<h2>Une histoire de famille</h2>
<p><i>Rosa Candida </i>c'est 77 chapitres (oui oui comme l'âge du père) qui raconte la famille. Pas vraiment la famille au sens traditionnel. La famille dont Arnljótur est issu, c'est un vieux père, un frère jumeau handicapé et le fantôme bienveillant de la défunte mère. Et puis il y a la famille qui pourrait exister, avec une petite fille de 9 mois, née par hasard d'une rencontre avec une jeune femme généticienne qui va et vient durant le livre. <i>Rosa Candida </i>raconte le lien familial, l'associe à la nourriture, au fait de faire à manger pour les autres. Il y a la question de recettes perdues et de celles qu'on invente. De tout cela, il en ressort énormément de douceur, de bienveillance. Pour certaines personnes, c'est thérapeutique ce genre d'ambiance.</p>
<h2>Une sorte de roman d'apprentissage</h2>
<p><i>Rosa Candida</i> c'est aussi un roman d'apprentissage. Un jeune homme, pas encore tout à fait adulte, part à la découverte du monde. Avec même un petit côté road trip puisqu'une partie du livre se passe dans une voiture. Pendant tout le trajet vers le monastère, le héros couve ses boutures, transportées dans des bouteilles en plastiques, qu'il essaie de maintenir en vie envers en contre tout. On y trouve tous les ingrédients du roman d'initiation : les rencontres, les aléas, la question des corps. Sauf que c'est l'inverse de Balzac ou Flaubert. Il n'y a pas la découverte de la laideur du monde. Étonnamment, la cupidité, la méchanceté et le désenchantement sont absents de cette curieuse quête végétale.</p>
<h2><i>Rosa Candida</i>, Ólafsdóttir et le Christ</h2>
<p>Ce n'est pas qu'il ne se passe rien de tragique dans cette histoire. Bien au contraire. Il y a deux accidents de voiture épouvantables, des wagons de solitude, des abandons et beaucoup de fantaisie. C'est juste qu'il n'y a pas de malveillance ni d'indignité. Arnljótur n'est pas Rastignac. Il ne perd pas ses illusions sur le monde et sur la vie ; il ne devient pas quelqu'un dévoré d'ambition. Le narrateur est un meilleur homme à la fin du livre qu'au début. Et tout au long de la seconde partie, on sent poindre quelque chose d'un peu christique et de vaguement non-violent. Il y a un prêtre cinéphile, un bébé thaumaturge, un jardin convalescent, un vitrail rassurant.</p>
<p><i>Rosa Candida </i>doit se lire au bon moment (je sais que certains s'y sont ennuyés). C'est un livre chemin, un voyage à l'envers des codes, un roman d'apprentissage à rebours dans lequel on ne cherche pas à conquérir le monde mais plutôt à y trouver sa juste place. La première fois que j'avais lu Ólafsdóttir avec l'<a href="https://souslesgalets.blogspot.com/2015/04/lexception.html" target="_blank">Exception</a>, j'avais été charmée. C'est une romancière qui a une foi profonde en l'humain, et je me demande si ce n'est pas ce dont le monde manque en ce moment.</p>
<p style="text-align: right;">Audur Ava Ólafsdottir, <i>Rosa Candida</i> (2010) Points, 2012, 333 p. <br /></p>
<p style="text-align: right;">Traduction : Catherine Eyjólfsson</p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-51235998295729783542023-07-27T14:34:00.000+02:002023-07-27T14:34:18.837+02:00Au Bonheur des Ogres-Daniel Pennac<h1><span style="font-size: x-large;">J'ai tenté pour vous : découvrir Benjamin Malaussène, 38 ans après tout le monde</span></h1>
<p>La saga des Malaussène, forcément ça m'évoque quelque chose, puisque le premier tome est sorti quand j'étais enfant, alors même que je ne savais pas encore lire. Mais je ne sais pas, je n'étais pas plus attirée que cela. Rien que le titre du premier volume me faisait un peu peur. <i>Au Bonheur des Ogres </i>m'évoque quelque chose à mi-chemin entre Zola et de Bettelheim. En gros, on se doute que ce ne sera pas une ode joyeuse à la grandeur de l'Homme. En plus, l'illustration de Tardi me faisait penser à une bande de vieux dégueulasses pas sympas; bref ça fait 25 ans que je me dis qu'il n'est pas pour moi.</p><p></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg21thFAt45MeerMl0rdLb3H45XqTYusovIoC6AkUFg2ggFBrerdnJJAbGsCjk4bL40aN9gPf9kzJNm17i2y-4tagBCXbt-WcpDVQkG3sGZCOdNveubuplqWoOlHU4puTUnOyROPOAUH-eD6UO-g4cKuqjXTn0jGtz3uSTMJ93pNssOEaXFUYT-VZmYhswd/s4032/au%20bonheur%20des%20ogres-pennac.HEIC" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="Au Bonheur des Ogres-Pennac" border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg21thFAt45MeerMl0rdLb3H45XqTYusovIoC6AkUFg2ggFBrerdnJJAbGsCjk4bL40aN9gPf9kzJNm17i2y-4tagBCXbt-WcpDVQkG3sGZCOdNveubuplqWoOlHU4puTUnOyROPOAUH-eD6UO-g4cKuqjXTn0jGtz3uSTMJ93pNssOEaXFUYT-VZmYhswd/w300-h400/au%20bonheur%20des%20ogres-pennac.HEIC" title="Couverture Au Bonheur des Ogres" width="300" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Daniel Pennac, <i>Au Bonheur des Ogres</i></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i> </i><br /></td></tr></tbody></table><p></p>
<h2>Et tout à coup, le bon moment<br /></h2>
<p>À un moment, on tombe dessus (où bien est-ce une émission de radio qui a parlé du dernier tome?). A mon âge théoriquement, les ogres ne font plus peur. Toutefois, tout ce que j'imaginais de ce livre quand j'étais jeune se révèle juste. Il se déroule bien dans un grand magasin, il y a des mangeurs d'enfants qui ressemblent à s'y méprendre à la première de couverture. Mais il y a aussi tout le reste.</p>
<h2><span style="font-family: Dancing Script;"><i>"</i></span>L'histoire commence un soir de Réveillon de Noël, dans un grand magasin, quelque part dans les années 80</h2><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Dancing Script;"><i>"La voix féminine tombe du haut-parleur, légère et prometteuse comme un voile de mariée" </i>(incipit)</span></p><p style="text-align: left;">Le héros est un pauvre type, employé d'un grand magasin à un poste obscure. Il est le salarié responsable de tout les ratés de la société de consommation. Il est celui qui doit suffisamment faire pitié au client pour que ce dernier ne porte pas plainte contre le magasin. C'est drôle et gênant à chaque fois. Et puis, tout à coup une bombe explose, et tout le roman suivra l'enquête pour découvrir le pourquoi du comment. D'autant que notre héros est le principal suspect.</p>
<h2>Daniel Pennac : un auteur rock</h2>
<p>Je ne sais pas très bien comment j'avais cerné Pennac depuis que je lis mes livres toute seule, mais manifestement, il n'est pas le vieux monsieur sage et un peu ampoulé que j'imaginais. Malaussène est un héros de roman comme je les aime : un peu loser, un peu à la marge et assez drôle. Évidemment, le côté famille dysfonctionnelle tout de suite ça me le rend sympathique. Et puis c'est très années 80' comme état d'esprit, avec des allusions vaguement malaisantes qui ne passeraient peut-être pas aussi bien maintenant (l'attirance du narrateur pour sa petite sœur par exemple).</p>
<h2><i>Au Bonheur des Ogres </i>: l'Homme et la laideur</h2>
<p>La plus grande partie des personnages sont complètement pourris, cupides, égotiques ou mesquins. Les clients se marchent dessus, les employés du magasins sont un peu répugnants. Ici, une mère qui abandonne ses enfants à chaque fois qu'elle les met au monde. Là, un agent de sécurité qui suinte la malveillance. Un jeune directeur général policé et implacable. Et puis ces vieux messieurs dégueulasses de la couverture. C'est un roman assez inesthétique, on ne va pas se mentir. Le niveau de langue est familier. Beaucoup de dialogues, beaucoup de jurons. Et même un vieux chien qui sent mauvais!</p>
<h2> Malaussène et les belles choses</h2>
<p>Rien n'est à l'endroit dans cette histoire, tout est à l'envers. Mais quel rythme! Quel souffle! Ça se dévore. Le surgissement du sympathique est assez ébouriffant: une lycéenne qui photographie tout, un vendeur de bricolage qui protège des petits vieillards, un médecin dépressif qui ne veut pas d'enfant, une journaliste voleuse et nymphomane, un commissaire clairvoyant, des demi-orphelins complètement largués. On flirte avec le gênant et le glauque, mais c'est joyeux, c'est addictif et tellement attachant. </p>
<p>Et quelque part, l'idée du bouc-émissaire universel a quelque-chose de génial pour décrire notre société.</p>
<p>Lire le premier tome des Malaussène 38 ans après sa sortie et l'année de publication du dernier volume, c'est un peu comme si j'avais attendu que Pennac ait terminé sa saga pour pouvoir m'y plonger. J'ai hâte de voir vieillir Benjamin Malaussène.</p>
<p>J'ai <i>La Fée Carabine </i>sur ma table de chevet, évidemment.</p><p>Daniel Pennac, <i>Au Bonheur des ogres, </i>1985, Folio, 2022, 287 p. <br /></p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com16tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-89735840476128060692023-07-14T15:06:00.001+02:002023-07-14T15:06:35.028+02:00Lire Proust : seul remède aux Réseaux Sociaux ?<h1><span style="font-size: x-large;"><i>La Recherche</i> est-elle le meilleur antidote aux Réseaux Sociaux en 2023 ?</span></h1>
<p><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXnDokqpJ1d7HACkqCKIdwb1HOvB97joJGe653KEkitX7nFOH-QLuvhABECnDP3lyHQuF-TViYtKYvWBhzh7AxPnX0L3vYmDRWbRV2EJYgZhUvtmfueQnKVQV_pX2R2Ngzw3LoaruGdHgPez-BhnLnmzWNJXxODmJe2UxNLHcEWamdRxJxIarFESPrL-2Y/s4032/proust%20reme%CC%80de%20aux%20RS.HEIC" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="Proust: remède aux RS" border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXnDokqpJ1d7HACkqCKIdwb1HOvB97joJGe653KEkitX7nFOH-QLuvhABECnDP3lyHQuF-TViYtKYvWBhzh7AxPnX0L3vYmDRWbRV2EJYgZhUvtmfueQnKVQV_pX2R2Ngzw3LoaruGdHgPez-BhnLnmzWNJXxODmJe2UxNLHcEWamdRxJxIarFESPrL-2Y/w300-h400/proust%20reme%CC%80de%20aux%20RS.HEIC" title="Proust: remède aux RS" width="300" /></a>Actuellement, entre les Réseaux et moi, c'est de l'ordre du "<i>je t'aime, moi non plus</i>". Ils sont toxiques, et pourtant je n'arrive pas à m'en débarrasser. Twitter m'informe en temps réel mais me consterne avec ses torrents d'injures et ses analyses de comptoir. Insta me réjouit visuellement mais me désole dans ce qu'il véhicule en termes de vie rêvée et de félicité inatteignable. Facebook me rassure car j'y ai mes copines, mais peut-être sommes-nous arrivés au bout du principe de partager son quotidien pas exaltant (souvent entrecoupé de publicités qui n'ont rien à voir). Et puis partout, il y a ces gens qui ont des choses à nous vendre. </p><p>Face à ma passivité, il me semble qu'il ne me reste plus que Proust. <i>La Recherche</i> apporte tout ce dont les RS nous privent (avec notre consentement). Sans compter qu'on a tous besoin d'être un peu snob pour supporter le fracas du monde. Bref, je me demande si Proust n'est pas le garant de notre santé mentale?</p>
<div>
<blockquote>
<p style="text-align: left;"><i>"Longtemps, je me suis couché de bonne heure." </i>(incipit)</p></blockquote></div>
<h2>La résistance du papier</h2>
<p>La plupart des auteurs peuvent être lus sur ordinateur, tablette ou liseuse ; sauf Proust. Ses interminables phrases ne se prêtent pas à l'ergonomie d'un téléphone. Les incises sont si nombreuses qu'un petit support ne permet pas de bien absorber ce qui se passe entre la majuscule et le point.</p>
<p>La <i>Recherche </i>c'est un contenu et un contenant. Avoir les sept volumes dans sa bibliothèque, c'est militer pour la survie du papier et du livre-objet. Peut-être ne peut-on pas tout dématérialiser dans la vie. Lire un vrai livre, c'est aussi garder un pied dans le monde réel, là où les choses existent vraiment. Dans ce cas, Proust existerait davantage que le lambda qui raconte toute sa vie à longueur de posts, qu'on ne connait pas mais qui surgit chaque jour dans notre fil et qu'on lit presque contre notre gré.</p>
<h2>L'éloge de la lenteur</h2>
<p>Qui n'a jamais perdu une après-midi entière à scroller sur son téléphone ? </p>
<p>Pas moi.</p>
<p>Dans le monde digital, les raccourcis durent plus longtemps que les analyses. Lire ou relire Proust, c'est accepter de se fondre dans un processus lent, de faire un pas de côté dans l'urgence de l'époque. Alors que l'information fuse et se répand, la lecture de Proust prend du temps. Se plonger dans la <i>Recherche</i> c'est faire une pacte implicite avec soi même : on prendra les heures qu'il faut pour la saisir. Proust ne permet pas la lecture en diagonale et nécessite une vraie concentration pour ne pas se perdre. Accepter de lire lentement, c'est accepter l'effort. Aller au delà du sujet-verbe-complément comme seul moyen de décrire les choses. Les uniques commentaires de la <i>Recherche </i>sont ceux de Luc Fraisse, qui est légitime lui! Rien à voir avec Jean-Michel du 83 qui fait son analyse des émeutes en banlieue. </p>
<h2>L'élégance du beau</h2>
<p>Dans l'imaginaire collectif, Proust est un écrivain du beau. Vu qu'il n'est pas né dans le caniveau, il raconte un environnement qui se prête à la description. Luxe, calme et volupté en somme (il aurait fait un malheur sur Insta). Hôtels particuliers parisiens, bords de mer normands, brouillards vénitiens, réceptions aristocratiques, ambiance jardin du Luxembourg. Proust sait décrire la densité d'une étoffe, la courbe d'un visage endormi, l'émotion d'une corde frottée...</p>
<p>Aucun post Insta ne pourra concurrencer l'arrivée de Marcel à Balbec avec "<i>toute une frise de personnages de guignol sortis de cette boîte de Pandore qu'était le Grand-Hôtel, indéniables, inamovibles et comme tout ce qui est réalisé, stérilisants" <span style="font-size: small;">(</span></i><span style="font-size: small;">t-2, folio, p.234)</span>. Aucun avis de décès via Facebook ne pourra égaler le passage sur la mort de la grand-mère qui est raconté avec un flamboyant supplément d'âme. Du récit de l'inévitable agonie au travail de deuil à retardement.</p>
<p>Mais <i>La Recherche </i> n'est pas qu'un long voyage esthétique chez les grands bourgeois et aristocrates d'avant-guerre, c'est aussi un monument littéraire qui rappelle la complexité de l'homme.</p>
<h2>La nécessité du complexe</h2>
<p>Se lancer dans La <i>Recherche du temps perdu</i>, c'est accepter que le monde soit en nuances de gris. Parfois, il est dangereux de trop simplifier, au risque de se perdre.</p>
<p>Par exemple, le narrateur nous faisait presque pitié dans les premiers tomes (si quand même!). Son attachement à sa mère et son côté souffreteux avaient quelque chose de pathétique (à mi-chemin entre Tanguy et Charles II d'Espagne) : "<i>Pour la première fois, je sentais qu'il était possible que ma mère vécût sans moi, autrement que pour moi, d'une autre vie." </i><span style="font-size: small;">(tome 2, folio, p. 217)</span>. Mais cela ne l'empêche pas du tout de devenir un authentique connard dans la <i>Prisonnière</i> !</p>
<p>Et que dire du baron de Charlus, qu'on déteste jusqu'à sa disgrâce et auquel on finit presque par s'attacher. Et le docteur Cottard dont on déplore la bêtise et qu'on découvre discrètement généreux? Proust rappelle que rien n'est figé dans la vie, que les héros ne le sont pas toujours, et que les bonnes âmes ont leur faille de honte. Sur les Réseaux Sociaux le monde est manichéen et les camps sont étanches; dans la <i>Recherche </i>on vogue dans les méandres de la complexité des individus.</p>
<p>Mais pas que.</p>
<h2>L'esthétique de la subversion</h2>
<p>Proust reste un punk des années 1910. Il défonce les codes de la bonne société. Il ouvre <i>Sodome et Gomorrhe </i>par une scène totalement sans ambiguïté entre Jupien et le baron de Charlus et ne cache pas sa jalousie quant aux attirances d'Albertine. Proust ne juge pas, il observe. En cela, il est plus moderne que nos grands-parents (et que certains réac de Twitter). </p>
<p>La <i>Recherche</i> est exigeante mais totalement dénuée d'édulcorant. Si on lit Proust attentivement, on a sa dose de trash. La description de la face sombre de l'Humanité, la sienne et celles des autres, est brillante, précise et sans vernis. La cruauté des Verdurin, la cupidité de Morel, la soumission d'Albertine, la vacuité des Guermantes, l'antisémitisme envers Bloch ou Swann, ...de toutes ces petites et grandes laideurs, il ne retranche rien. Même quand le narrateur abuse d'Albertine endormie : </p>
<p> "<i>Seul son souffle était modifié par chacun de mes attouchements, comme si elle eut été un instrument dont j'eusse joué et à qui je faisais exécuter des modulations en tirant de l'une, puis de l'autre de ses cordes, des notes différentes."</i> <span style="font-size: small;">(t.5, LDP, p.174)</span>. Plus enfoiré que ça, tu meurs ! (et ce n'est pas un passage isolé).</p>
<h2>Le confort de la distance</h2>
<p>Proust est un remède car il permet de se désoler du genre humain à distance (autre époque, autre milieu). </p>
<p>Mieux que les influenceurs sur Insta, Proust nous offre les Guermantes ! Ces mondains égoïstes qui dégagent tout ce qui pourrait les empêcher de se faire voir. Ce sont eux qui laissent Swann agoniser dans leur vestibule tandis qu'ils partent danser.</p>
<p>Sur Twitter, on a nos juristes parisiennes qui se moquent des provinciales habillées en Desigual (on est toujours le plouc de quelqu'un, mesdames !). Pour montrer qu'elles sont du bon côté du goût, elles prennent en photo leurs chaussures à semelle rouge, leurs coupes de champagne et les adresses branchées de la capitale. Pourquoi s'infliger leurs comptes alors qu'on peut tranquillement détester Mme Verdurin : sa cour de fans, son mépris de classe, sa cruauté facile, sa mesquinerie permanente, ses postures ridicules, sa recherche de notoriété chez les plus grands qu'elle.</p>
<p>Je pense à tous ces nostalgiques du temps d'avant qui viennent nous expliquer la perte des valeurs, la déliquescence du monde et le naufrage collectif. J'ai envie de leur répondre que seule l'époque a changé. L'être humain est resté le même (avec ou sans Meta).</p>
<p>"<i>Le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant" </i>(t.1, folio, p.574)</p>
<h2>Proust nous console des Réseaux Sociaux</h2>
<p>Le début du XXe siècle n'était pas plus beau que maintenant, peut-être même était-il pire. Mais Proust a sublimé tout cela en livrant un monument littéraire, ouvragé et exigeant. On sort de Twitter vaguement écœuré d'avoir pataugé dans la boue, on coupe Insta en se disant qu'on a raté le virage glamour de sa vie, on quitte Facebook saoulé de platitudes. </p>
<p>En revanche, on pourrait relire la <i>Recherche </i>plusieurs fois qu'on y trouverait encore son compte, comme ces monuments qu'on visite régulièrement en remarquant toujours un nouveau détail.</p>
<p>Je crois donc vraiment que le seul moyen de digérer le Metavers est de s'abreuver de Proust.</p>
<p>Ne me remerciez pas, c'était ma prescription du jour (je me réjouis d'avoir encore deux volumes à dévorer).</p>
<p>PS - oui je pourrais supprimer mes profils Twitter, Insta et Facebook. Mais je n'ai aucune volonté. Je ne regarde pas la télévision, ni le lit les journaux. Ils sont mes seuls canaux d'information (tous sujets confondus). Et puis à part l'Homme, je ne connais personne qui ait réussi à être complètement en dehors de tout cela. Rajoutons aussi que j'ai une vraie tendance à l'addiction (je n'ai toujours pas arrêté de fumer par exemple). J'ai une petite dépendance aux RS et la sociabilité qui en découle. Bref, je participe largement à ce que je dénonce. Mais je me soigne !<br /></p>
<p>Du coup, c'est exaltant de considérer Proust comme un remède au monde.</p>
Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com14tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-3509249555847085442023-06-30T09:26:00.001+02:002023-06-30T09:26:39.574+02:00Une chambre à elle <h1> Il y a un an, "Une chambre à moi" s'évaporait.</h1>
<p>Un jour de juillet, une copine croisée sur un Discord, m'a prévenu que la blogueuse d'<em>Une chambre à moi</em> était morte. On a pensé à un accident, à une maladie fulgurante...Et puis, au fil des jours et des messages, on a du se faire à l'idée au départ volontaire.</p>
<p>La première fois que j'ai vu passer "<em>une chambre à moi",</em> c'était sur Facebook quelques temps après la naissance de Duracell. J'avais reconnu la vue mer de la maternité. Je ne la suivais pas vraiment, mais son blog me disait quelque chose. Sa chambre à elle, c'était un endroit qui parlait des enfants, de la vie de femme au foyer, un peu de livres, un peu de couture, quelques recettes de cuisine, de jolies aquarelles. Plein de belles choses, mais une ambiance loin de mon monde (je pipe pas une beignet en parentalité, je sais à peine cuisiner, je ne couds que les ourlets et les tabliers des petites, je suis trop mal organisée et trop peu renseignée pour me greffer dans cette ambiance).</p>
<div><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieLolOqqHVhPSk56gwnng6xdXADCvgP9pXZcm_aeSDRjwcXeSGxsQdzCCtUbyPKagtth6pnOg_22TTTw5Ry6z6huBbZ1LrR4GB5G_EoAI2eWNKYUZmAYOOC6a8Y7-GHyRQ9O5dFJOaoyeieTNxf1mUVPQx8MTz-BwHEEXUP4HEhwYMnH-Z5GB7OIBStsUS/s4032/Une%20chambre%20a%CC%80%20elle.HEIC" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" border="0" data-original-height="3024" data-original-width="4032" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieLolOqqHVhPSk56gwnng6xdXADCvgP9pXZcm_aeSDRjwcXeSGxsQdzCCtUbyPKagtth6pnOg_22TTTw5Ry6z6huBbZ1LrR4GB5G_EoAI2eWNKYUZmAYOOC6a8Y7-GHyRQ9O5dFJOaoyeieTNxf1mUVPQx8MTz-BwHEEXUP4HEhwYMnH-Z5GB7OIBStsUS/w400-h300/Une%20chambre%20a%CC%80%20elle.HEIC" width="400" /></a></div>
<h2>Et tout à coup, le Covid </h2>
<p>A partir de mars 2020, dans ma tête, les gens étaient rangés en deux catégories: ceux qui acceptent les mesures et ceux qui les dénoncent. Sur le Discord que j'avais rejoint qui traitait des chiffres, nous étions très peu de filles, et l'une d'elle pensait que j'étais l'auteur d'"<em>Une chambre à moi</em>". La confusion était effectivement possible. Elle et moi vivions dans la même ville, avions quasiment le même âge, plusieurs enfants, et surtout j'étais comme elle toujours en colère. <em>Une chambre à moi</em> avait écrit un bel article sur la maltraitance des protocoles scolaires: les tests, les cas contact, les isolements familiaux. J'aurais pu reprendre chaque terme à mon compte. Soyons honnête, j'étais flattée qu'on m'ait prise pour elle, donc je l'ai suivie sur Instagram. </p>
<h2>Sa chambre à elle : c'était la mienne en mieux</h2>
<p>A une lettre près nous avions le même prénom, à un enfant près nous avions la même maternité. Elle adorait le bleu avec la même passion que moi. Elle aurait pu être une lectrice de Modiano tant elle aimait marcher. C'était une yogi prosélyte comme je l'étais devenue. Nos enfants faisaient les mêmes balades le dimanche, nos filles étaient élevées comme n'importe quel garçon...La vie de cette blogueuse, c'était la mienne (avec plus d'argent, plus de temps, plus d'abonnés ;-)). Elle semblait vivre dans une ville de carte postale où elle mettait en scène toutes les nuances de bleu de la Méditerranée (et franchement ça envoyait du bois, l'office du tourisme aurait pu l'embaucher, même moi je me disais que j'avais drôlement de chance de vivre ici). </p>
<p><em>Une chambre à moi</em> dénonçait en story, avec des mots que j'aurais aimé trouver, l'éducation bienveillante, raillait la mode des HPI et militait contre les diktats infligés à la femme de 40 ans. C'était une sorte de bourgeoise à la fois tradi et rebelle, intello et glamour. Bref, dans une autre vie, peut-être aurais-je eu les mêmes combats qu'elle. </p>
<p>À un moment, je me suis désabonnée. Sans doute parce que cette vie un peu idéalisée ne me faisait pas forcément du bien. </p>
<h2>Et un jour, elle a fermé la porte</h2>
<p>En février, elle fermait son blog, en juin elle postait peu, début juillet son décès était annoncé sur son Insta. A partir de ce moment beaucoup de groupes se sont formés. J'en ai rejoint un. Nous avions toutes besoin de comprendre ce qu'il s'était passé. De comprendre l'incompréhensible, de connaitre le comment et le pourquoi. Quatre enfants quand même. On se sentait voyeuses. Chacune y allait de son hypothèse, de ce qu'elle avait cru comprendre, déceler. Certaines screenaient son Instagram encore disponible pour tout garder d'elle avant qu'il ne soit supprimé. Et un grand sentiment de malaise. Elle avait autour de 3000 abonnées et c'est comme si chacun de ses followers avait des droits.</p>
<p>Il y avait la possibilité de laisser des messages pour la famille, et je me demandais à ce moment-là à quoi serviraient-ils et qui les liraient. Quel mari, quel enfant, quelle soeur aurait envie de recueillir les témoignages et souvenirs de copinautes en mode "<em>elle a mis du bleu dans ma vie, et du beau dans le quotidien"</em>? Et pourtant la tristesse des femmes qui la suivaient était sincère, il y avait plus de chagrin que de curiosité dans leur démarche.</p>
<h2>On a vidé une chambre qui ne nous appartenait pas</h2>
<p>C'est là que l'enquête a commencé, et pour plusieurs mois : on a trouvé l'avis de décès avec son état civil et celui de ses enfants. Sur une photo, j'ai reconnu les ferronneries de son appartement. Stupéfaite, j'ai découvert que nous habitions à 15 mètres l'une de l'autre. Elle vivait dans l'immeuble de mon dentiste, l'immeuble où un pianiste joue toujours la fenêtre ouverte. J'ai appris où ses enfants étaient scolarisés; ma voisine est parent d'élèves dans cet établissement. Je me suis dit qu'à un moment je saurai, que la vie de quartier ferait son œuvre et que j'apprendrai ce qui s'est passé. Je n'ai rien trouvé.</p>
<p>Sur la Toile les pistes fusaient. Une coiffeuse aurait parlé de ses problèmes d'argent, une instagrammeuse s'était glissée aux funérailles, on a su quel était le traiteur qui avait été choisi pour le buffet des obsèques. On a préjugé sur la fin du procès du 13 novembre (elle avait survécu à la fusillade). Peut-être des problèmes de couple ? Une maladie dégénérative ... Chacune derrière son portable a envisagé une explication. </p>
<p>On n'abandonne pas une vie comme celle qu'elle nous montrait donc il y avait forcément autre chose.</p>
<p>Dans la vraie vie, dans ce quartier que j'habite depuis 18 ans, parmi les commerçants qui ont vu grandir le gang des girls, rien! Je n'ai rien appris.Et puis je me suis aperçue que je ne l'avais jamais croisée au jardin, ni chez le boulanger, ni dans aucun café, pourtant je passe ma vie dehors. Je n'ai jamais vu de filles en skate dans ma rue non plus. Ou je n'ai jamais fait attention, il n'y avait peut être pas la bonne lumière. J'en ai déduit que nous venions tellement de deux mondes éloignés que nous n'avions sans doute personne en commun. </p>
<p>Et puis, je me suis demandée si tout cela s'était vraiment produit.</p>
<h2>Sa chambre à elle, c'était notre faille à nous</h2>
<p>C'était quelqu'un dont je savais beaucoup trop de choses. Sa maternité, qu'elle racontait dans les bons et mauvais jours (un brillant billet sur les coquillettes séchées avait montré tout son talent). Les études qu'elle avait faites. L'année où elle avait quitté Paris. Les attentats du 13 novembre auxquels elle avait survécu. On savait ce qu'elle lisait, ce qu'elle mangeait, ce qu'elle portait, à quelle heure elle partait se baigner. On connaissait le caractère de ses enfants (team terrible third), les loisirs et la profession de son mari. On avait même entraperçu ses plafonds peints, son parquet. On voyait la piscine de chez ses parents. On connaissait sa garde robe, ses chaussure, la marque et la taille de ses maillots de bain. On avait même une idée de son visage. </p>
<p>On peut avoir plus de 40 ans et se faire avoir par le mirage insta. On croyait tout savoir mais on ne voyait rien. Quand on relit les quelques articles d'elle encore en ligne sur d'autres plateformes, on préjuge, on recoupe. On avait même oublié qu'on n'était pas légitimes à chercher ni à comprendre. </p>
<p>On n'a pas vu la faille. Le point de rupture. Ou peut-être que si justement, c'est sans doute pour ça qu'on n'arrive pas à passer à autre chose. Il y a aussi tout ce qu'on ignorait, tout ce qu'on ne peut pas savoir, tout ce qu'Instagram ne livre pas. Le plein et le creux. Il y a tout ce qu'on ignore, et surtout tout ce qu'on ne sait pas qu'on ignore. </p>
<p>Et finalement, ce voyeurisme qui m'a tant mis mal à l'aise, je suppose qu'il est dû au miroir plus ou moins déformant qu'elle nous tendait. Sa mort nous renvoie à la question de la féminité et de la maternité, on ne prend jamais Virginia Woolf par hasard en référence. </p>
<p>C'est effrayant de se dire qu'elle n'avait pas réussi à trouver son endroit à elle, malgré son aisance, malgré ses talents, malgré sa vie qui paraissait douce. Plus la personne nous ressemble plus on s'identifie. Et au final c'est de nous dont il est question. </p>
<p>Tel un Didier Blonde ou un Patrick Modiano, je poursuit un fantôme sous mes fenêtres. Une sorte de rencontre impossible, de discussion qui n'aura pas lieu. C'est comme si je longeais un précipice auquel j'ai échappé.</p>
<p>Dans la disparition d<em>'Une chambre à moi</em>, c'est notre propre fragilité qui nous effraie. C'est aussi l'abysse qu'on mesure entre la vraie vie et celle des Réseaux. Aujourd'hui ça fait un an que j'essaie de comprendre le geste d'une blogueuse dont je croyais tout savoir et qui ignorait mon existence à l'angle de sa rue. Un an que j'ai quand même l'impression d'être bien dérangée. </p>
<p>Depuis plusieurs jours, je m'interroge sur le désespoir qui a du être le sien jusqu'au 30 juin. Dans la vie il faut accepter de ne pas savoir, et de rester sur le seuil. Donc je crois qu'il est temps de pour moi de me retirer de tout cela. Je n'ai aucune légitimité à m'interroger sur ce drame. Les comptes qu'on suit sur Insta ne nous appartiennent pas. </p>
<p>Je vais donc laisser sa chambre à elle pour ce qu'elle était : un jardin secret virtuel qui n'avait<br /> pas vocation à lui survivre.</p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-3767257702424412792023-06-26T15:17:00.003+02:002023-06-26T15:17:47.164+02:00Ultramarins - Mariette Navarro<h1>Ultramarins : un improbable conte maritime</h1>
<p> Je fais partie des lecteurs à qui on offre à peu près tous les romans récents qui ont le mot "mer" ou "marin" dans le titre. C'est comme ça. Dans ma famille, j'ai le rôle de la spécialiste maritime, alors même que j'ai le mal de mer (même en navispace), que je déteste bronzer sur une plage (à cause de ma peau de rousse) et que je suis une piètre nageuse. Et pourtant, la mer c'est mon domaine.</p>
<table cellpadding="0" cellspacing="0">
<tbody>
<tr>
<td style="text-align: right;"></td>
</tr>
<tr>
<td>Bref pour Noël, j'ai reçu <em>Ultramarins </em>de Mariette Navarro ; et j'ai eu beaucoup de chance.</td></tr></tbody></table>
<h2>C'est l'histoire d'un gros cargo commandé par une femme</h2>
<p>Et là déjà, forcément, ça claque. Une femme qui dirige des hommes et une énorme machine, ça a quelque chose de punk. Pour la lectrice lambda qui n'a jamais intimidé qui ce soit (et qui se fait à peine obéir par ses propres enfants), cette commandante force le respect. On comprend au fil des pages qu'elle lutte depuis toujours pour avoir l'autorité, la distance et le charisme nécessaires pour être obéie et respectée. C'est une inspection de l'intime à laquelle se livre Navarro, quand elle détaille tout ce qui se passe dans la tête et les tripes de la commandante. <table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEih0uY9WnZkWcN87A0sq26Tp7N2jQfI5R4N76n3agsmOhO55D5_xBe-8oyZVoDEMmnupKLwm7NjaumQp0DIVoSOlh3K70wLoT7J0mBqilJg_d9slCvayka0T2Eb5808WH72NKWN3YBfiU76hiACZ788Y1hfhwW85Mmy8JzhvKkORReFxOLzAv1qMmdb9zPF/s640/Ultrmarins-Navarro.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="couverture Ultramarins Navarro" border="0" data-original-height="640" data-original-width="480" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEih0uY9WnZkWcN87A0sq26Tp7N2jQfI5R4N76n3agsmOhO55D5_xBe-8oyZVoDEMmnupKLwm7NjaumQp0DIVoSOlh3K70wLoT7J0mBqilJg_d9slCvayka0T2Eb5808WH72NKWN3YBfiU76hiACZ788Y1hfhwW85Mmy8JzhvKkORReFxOLzAv1qMmdb9zPF/w300-h400/Ultrmarins-Navarro.jpg" title="Ultramarins Mariette Navarro" width="300" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Ultramarins</i> de Mariette Navarro<br />Quidam éditeur, 2022, 146p.<br /></td></tr></tbody></table></p>
<p>Au-delà de la femme puissante, on sent surgir la fille, la petite fille même, de celles qui marchent dans les pas du père, même quand ce dernier ne trace plus la route. Elle s'est construite dans la rigidité, par les règles de navigation et les rythmes d'embarquement. Le contrôle partout, tout le temps. Et l'imperméabilité aussi. </p>
<p>Et puis, à un moment, la commandante accepte que l'équipage aille se baigner. Comme ça au milieu de nulle part. Elle ouvre une faille, elle prend un risque. Elle le sait mais le fait quand même, parce que finalement, quelque chose dans l'air le permet.</p>
<h2>C'est un conte sur le temps suspendu</h2>
<p>Il faut savoir écrire l'interstice dans le réel. Et Navarro le fait avec subtilité et poésie. Je n'ai jamais lu de plus belle description d'hommes entrant dans la mer. Il y a du Kerangal quand Navarro raconte l'immersion des corps dans l'eau sans fond, quelque part, au milieu de l'océan. On est à la fois effrayés et fascinés.</p>
<p>"<em>On voit de quoi chacun est fait à sa façon d'entrer dans l'eau..." </em>(p.26)</p>
<p>Et quand tous les hommes remontent à bord après la baignade improvisée, volée au temps, au protocole et à la feuille de route, il faut rassembler les effectifs, vérifier que tout le monde est remonté. Et c'est là que le conte surgit sous le compte. Il y a tout qui s'embrouille et quelque part le surgissement d'une autre réalité possible.</p>
<p>Dans ce temps qui s'arrête, il y a aussi le navire, qui devient presque un personnage à part entière, un protagoniste de métal et d'électronique. Faire de la poésie avec un cargo, c'est le sommet du talent littéraire, l'apogée du conte moderne. Il devient l'animal du récit, et c'est brillant.</p>
<h2>C'est un livre sur les marins</h2>
<p>Finalement, <em>Ultramarins </em>est un roman sur les gens qui n'appartiennent pas à la terre, à la vraie vie. </p>
<p>"<em>Il y a les vivants, les morts et les marins." </em>(p.9)</p>
<div>Quand la commandante regarde ses hommes se baigner, et qu'elle détaille ce qu'elle connaît de chacun d'eux, elle mesure surtout tout ce qu'elle ignore. Les petits et grands secrets que les marins embarquent avec eux. Il y a dans le regard de la commandante l'analyse aigue du genre humain, l'hypervigilence pour scruter la personnalité de chacun. </div>
<p>Finalement, ce n'est pas seulement un livre sur les marins, c'est un très beau florilège sur les gens qui ne se sentent ni d'ici ni d'ailleurs, sur les petits cassés, ceux qui ont besoin d'être loin du fracas du monde, </p>
<p><em>Ultramarins </em>est un livre sur l'envers des choses, sur le rebours du cours de la vie: une femme qui commande des hommes, le temps qui s'arrête et l'histoire qui se déroule différemment. Au début du livre, on se demande vers où cela va partir, parce qu'il y a tous les ingrédients pour que ce soit glauque, on sent que ça pourrait verser dans un sens ou dans l'autre cette histoire de femme qui commande une vingtaine d'hommes et une énorme machine au milieu de nulle part. Et c'est aussi parfait qu'inattendu.</p>
<p>Sans doute la plus belle découverte de l'année littéraire pour moi: le propos est beau, la narration est simple et inventive, chaque détail est soigné et le style est éblouissant, précis, ciselé. C'est ma pépite de 2023 (et je crois que je ne suis pas la seule).</p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-79036936050884449322023-05-14T15:07:00.001+02:002023-05-14T15:07:31.640+02:00Yoga, Emmanuel Carrère et moi<h2 style="text-align: left;"> Je suis tombée dans le yoga comme d'autres entrent en religion: avec ferveur et certitude.</h2><p>Comme beaucoup de yogis, j'attends avec impatience le moment où quelqu'un écrira sur le yoga. Car je fais partie de l'équipe qui a supporté sa crise de la quarantaine et le gouffre du confinement grâce à lui.</p><p>Je suis celle qui étale son tapis au milieu du salon et qui, en dépit de toute dignité, se ridiculise dans des postures improbables et pas toujours accessibles, sous l'oeil consterné de l'Homme et des girls. Je me lève à 6h du matin et je pratique sur ma micro-terrasse, comme d'autres font leurs ablutions. À 6h30, le voisin du balcon d'en face m'observe, vaguement gêné. Avec sa clope, son café et son air embrumé, on sent qu'il ne se lève pas de bonne heure par choix. Il y a toujours un moment de malaise quand je me mets à souffler comme un vieil âne asthmatique (kapalabhati pour les initiés). En gros, mon entourage trouve que j'ai un peu mis les doigts dans la prise. </p><p>Beaucoup d'hérétiques (oui, je n'ai pas d'autres mots) pensent que le yoga se pratique comme une petite routine pour rester en forme et garder la ligne. Une sorte de loisir pour bourgeoise à queue de cheval. PAS DU TOUT. Le yoga c'est une manière de vivre et de comprendre le monde. </p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRCGFY5o9Lfpy_B_NpIDiC4vHdA8RMFqnVqjwkn4OBXWr55RHDCQGmMSrv5mSWN5wI4_cmP2Tu6g_TrZE7FdxRnDIU-OjOfJq-w7FzSVZAvdvC1KyjWPD2HqfRE29sd6xFieJjViEFTBnqTIHANaKWHOCUVk-876RJwFypPIIG132hr9-njJpl8M5L6A/s4032/Yoga-Emmanuel-Carre%CC%80re-Folio.HEIC" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="Yoga d'Emmanuel Carrère" border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRCGFY5o9Lfpy_B_NpIDiC4vHdA8RMFqnVqjwkn4OBXWr55RHDCQGmMSrv5mSWN5wI4_cmP2Tu6g_TrZE7FdxRnDIU-OjOfJq-w7FzSVZAvdvC1KyjWPD2HqfRE29sd6xFieJjViEFTBnqTIHANaKWHOCUVk-876RJwFypPIIG132hr9-njJpl8M5L6A/w240-h320/Yoga-Emmanuel-Carre%CC%80re-Folio.HEIC" title="Emmanuel Carrère Yoga" width="240" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Emmanuel Carrère, <i>Yoga, </i>POL 2020,<i> <br /></i>folio 2022, 438 p. </td></tr></tbody></table>Voilà pour le contexte. <div><h2 style="text-align: left;">Donc, quand Carrère a sorti <i>Yoga</i>, je l'ai pris personnellement. </h2><p>Moi aussi, si j'étais romancière, j'aurais pour projet d'écrire un livre "souriant et subtil" sur le yoga. Moi aussi j'aimerais trouver les mots sur les vertus des guerriers, la prise de conscience de la respiration, l'effroi de l'inversion. Bref, vu que je ne suis pas auteur, j'attendais vraiment que quelqu'un de qualifié s'y colle.</p><p style="text-align: left;"><b><i>"J'ai essayé d'écrire un petit livre souriant et subtil sur le yoga" (p.14)</i></b></p><p>Pourtant, je n'aime pas trop Carrère. Je fais partie de l'infime minorité qui n'a pas aimé <i><a href="https://souslesgalets.blogspot.com/2015/04/dautres-vies-que-la-mienne.html" target="_blank">D'autres vies que la mienne</a> (</i>contrairement au <i>Roman russe). </i>Et puis globalement, comme toute personne aigrie, j'ai du mal avec ceux qui réussissent mieux que les autres. Malgré tout, je pressentais qu'il saurait parler de cela. Je subodorais que de ce côté, ça pouvait coller entre nous.</p><h2 style="text-align: left;">Mais, dans <i>Yoga, </i>il n'est pas du tout question de yoga</h2><p>Mais alors pas du tout. Vraiment rien à voir avec la pratique du yoga. Et pourtant, dès le début entre nous deux, j'ai senti le souffle de la réconciliation. </p><p>Cela commence avec le récit de son séminaire de méditation. J'ai tout aimé. Comment il décrit l'ambiance du séminaire; quand il tente de resquiller pour écrire ; lorsqu'il détaille les autres ; combien il galère à rester silencieux. Je ai lu avec euphorie, les passages où il écrit son livre dans sa tête, où il sélectionne mentalement ses chapitres. Celui sur l'inspiration et l'expiration est brillantissime, et ne pouvait être écrit que pas un yogi.</p><p>Et puis le 7 janvier. </p><p>Et puis la découverte de sa "folie". </p><p>Là je me suis dit qu'il allait me perdre. </p><h3 style="text-align: left;">Finalement, un roman sur tout ce que le Yoga n'est pas.</h3><p>Yoga vient de Yuj qui signifie, en sanskrit, la réunion entre le corps et l'esprit (en gros hein!). Et là il est question de la déconnexion des deux, de l'errance de l'un et du déclin de l'autre. C'est une prouesse que fait Carrère de parler de yoga à travers ce qu'il n'est pas. Le Yoga c'est l'alignement, et le narrateur s'éparpille (dans tous les sens du terme). L'hospitalisation en psychiatrie où il croise les dépressifs riches de Paris a failli m'excéder ; mais ça a juste failli. Parce que quand Carrère regarde son oeuvre avec ses yeux de bipolaires, c'est vraiment troublant. </p><h3 style="text-align: left;">Un livre sur le déracinement.</h3><p>Un autre principe du yoga réside dans l'ancrage (la terre, l'homme et le ciel quoi). Et tout à coup, Carrère nous plonge dans le déracinement le plus profond. On se retrouve sur une île grecque aux côtés de jeunes réfugiés (une sorte de thérapie de la dernière chance d' l'intellectuel perdu qui pense que frôler les désespérés du monde apaisera ses maux). Et là il est bon Carrère! </p><p>C'est comme quand il parlait des surendettés ou des sans-dents de Russie. Il sait mettre les mots sur ces très jeunes adultes qui ont déjà traversé l'enfer et qui n'en sont pas encore sortis (et qui n'en sortiront peut-être jamais). Les irréparables. Ce qu'il dit des jeunes exilés qu'il rencontre là-bas, c'est juste. Ni trop. Ni trop peu. Vraiment. </p><h3 style="text-align: left;">Un récit du creux</h3><p>En Yoga, il y a le yin et le yang, la lune et le soleil, la lenteur et le dynamisme, la souplesse et la force. Le Yoga c'est la complémentarité des choses : le féminin et le masculin. Dans ce roman, il n'y a toujours que la moitié. C'est assez rare chez Carrère, mais les femmes sont ici des fantômes<i>. </i>Hormis son ex-épouse qui passe de temps à autre, toutes les autres femmes sont des silhouettes un peu floues. L'amie dont le nom est tronqué. Sa fille à peine citée. La sulfureuse amante yogini qui semble être là que pour la dose de sexe nécessaire à chaque roman de Carrère. La "collègue" américaine, insaisissable en Grèce, amputée d'une partie d'elle-même, dont le personnage est noyée dans les soirées très alcoolisées. La jeune fille en poirier du dernier chapitre sort d'on ne sait où. Une soeur qui surgit vaguement à un moment. Mais sans doute manque-t-il LA femme. Celle du <i>Roman russe. </i></p><p>Parce que <i>Yoga</i> est le roman de l'incomplétude.</p><h2 style="text-align: left;">"On continue à ne pas mourir, tant qu'on peut" (p. 430)</h2><p></p><blockquote></blockquote><p></p><p><i>Yoga</i> est un livre sur la perte de ceux qu'on aime, la perte de contrôle. De la <i>Polonaise</i> de Chopin à la petite marine de Dufy, c'est un livre sur ce qui finira fatalement par nous rattraper. </p><p>Carrère réussit la prouesse d'écrire un livre dont le contenu est exactement l'opposé du titre. </p><p>Pour parler de la vacuité de l'humain et de la misère de notre condition, il ne s'est servi de personne d'autres que de lui-même (il a laissé tranquilles les autres vies que la sienne). Il est l'objet de son observation âpre, franche et désespérée.</p><p>Bref, dans chaque yogi confirmé sommeille un type et ses démons ; et c'est bien de s'en souvenir.</p><p><i style="text-align: right;">"Est-ce que la méditation est possible avec une boule d'angoisse au plexus, deux paquets de cigarettes fébrilement fumées chaque jours dans la poumons et la conscience traversée par un flux ininterrompus de pensées toxiques?" (p. 294)</i></p><p><i style="text-align: right;"><span style="font-style: normal; text-align: left;">En Yoga, on dit que le chemin est plus important que la destination. Carrère n'a pas réussi à écrire le petit "</span><i style="text-align: left;">livre souriant et subtil</i><span style="font-style: normal; text-align: left;">" qu'il voulait, mais le chemin qu'il a pris pour échouer mérite qu'on l'emprunte avec lui.</span></i></p><p><i style="text-align: right;"><span style="font-style: normal; text-align: left;">Bref, je me suis réconciliée avec Carrère.</span></i></p></div>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-31787687664589816482023-05-09T15:25:00.002+02:002023-05-09T15:25:20.635+02:00Quel lecteur est-on après 40 ans ?<p style="text-align: left;">Tout change avec le temps, même la manière de lire, il faut bien le reconnaître.</p><h3 style="text-align: left;">Comment lit-on quand on est passé dans la deuxième moitié de sa vie ?<br /></h3><p style="text-align: left;">On lit avec des accessoires.</p><p style="text-align: left;">Enfin pas pour tout le monde, je sais bien. Disons que la presbytie rôde tranquillement autour de moi (saluons ici la grande revanche des myopes qui sont touchés plus tard que les autres). Il est terminé le temps où on pouvait bouquiner ici ou là, un peu à l'improviste, sur un coin de table, dans la cour du collège, dans un train couchette, dans une file d'attente, à l'arrêt de bus. Maintenant, à moins de tenir le livre à bout de bras, je dois chausser des lunettes (des trucs un peu cheap que l'Homme m'a trouvé dans un super marché du Morbihan, parce que je lui faisais pitié). </p><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2vo94kvq1pTwm0KaUc65IB1UWAqUvxcjG3CThJ8UlqF72RYMnuERLo0AWp-BbuftTnb68LQNwFr8O701cgH7ag9SCX3rdC33AzlJYx-kMErS3HkztsNqLZ0I4etCUm85mQJP5YsbH2ojAtOpBJeeoiiVnDG1oezOkDhVFiyzgBTDxxHw_DirqbGRFDw/s3794/IMG_4795.heic" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="2846" data-original-width="3794" height="316" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2vo94kvq1pTwm0KaUc65IB1UWAqUvxcjG3CThJ8UlqF72RYMnuERLo0AWp-BbuftTnb68LQNwFr8O701cgH7ag9SCX3rdC33AzlJYx-kMErS3HkztsNqLZ0I4etCUm85mQJP5YsbH2ojAtOpBJeeoiiVnDG1oezOkDhVFiyzgBTDxxHw_DirqbGRFDw/w422-h316/IMG_4795.heic" width="422" /></a></div><br />C'est à dire que quand mes taupes de filles posent les leurs pour voir de près, je sors mes loupes pour pouvoir lire mieux. Je sens que se rapproche le moment où j'achèterai un cordon pour ne pas avoir à les chercher (et j'entendrai la chair de ma chair ricaner: "<i>tu ressembles de ouf à Mamie purée</i>"). <p></p><p style="text-align: left;">Finie l'époque où on lisait dans toutes les positions, en fonction des meubles que l'on croisait. Voici venu l'âge du "confort de lecture": les yeux cerclés, le dos protégé, la nuque bien longue et les jambes surélevées. Quand je pense que j'ai englouti les <i>Rois Maudit </i>assise sur une valise près des toilettes dans un train bondé où les gens avaient le droit de fumer entre les compartiments...elle est loin ma rock'n roll attitude!</p><p style="text-align: left;">A 20 ans, je pouvais restée toute une nuit réveillée pour finir un roman passionnant; là je lutte de toutes mes forces, vers 22h, pour finir ma page en gardant les yeux ouverts. La fatigue m'attaque au meilleur moment de la journée (le soir dans mon lit) ; mais le sommeil me fuit quand la nuit est bien profonde (évidemment).<br /></p><h3 style="text-align: left;"> Après 40 ans, on est encore plus snob qu'avant<br /></h3><p style="text-align: left;">Si certains vont rechercher avec l'âge la légèreté ou le divertissement, moi j'appartiens à l'équipe qui a peur de mourir inculte, de perdre mes neurones avant d'avoir lu les incontournables du patrimoine littéraire. Je dévore mon tome annuel de la <i>Recherche</i>, comme si Proust ne l'avait écrit que pour ma décrépitude à venir. Je fais le tour des classiques que j'avais laissé de côté quand j'étais jeune et belle, je me noie dans la littérature russe (à ce sujet, sommes nous tous d'accord pour dire que le personnage principal d'Anna Karénine est en fait Lévine ?). Bref je sens Lady Violet grandir en moi, comme si vieillir avec élégance ne supportait pas vraiment certaines lacunes et qu'être snob était le seul destin possible pour moi (évidemment j'aurais préféré vieillir riche, célèbre et adulée, mais on fait avec ce qu'on a). </p><p style="text-align: left;">Je chemine doucement vers l'idée de relire mes romans préférés de l'adolescence (Lili des Bellons est passée avant moi pour <i>Aurélien). </i>Je prends le risque d'être déçue par la jeune fille ingrate que j'étais à l'époque. <br /></p><h3 style="text-align: left;">On tente de ne pas juger les autres lecteurs , surtout si ce sont ses enfants (en vain)<br /></h3><p style="text-align: left;">Risque bien réel quand je regarde, consternée, Numérobis se bâfrer de fan fictions, mangas de tous horizons ou romance à l'eau de rose. Ma fille (ma blonde, ma bataille, ma beauté) a des posters de groupes k-pop au dessus de son lit!! Oui. Ma merveilleuse enfant du milieu se pâme devant des ado coréens maquillés et épilés. Dire que j'ai presque dû vendre un organe pour lui acheter un violoncelle digne de ce nom! Comprenez moi bien : je lui donne l'opportunité de jouer correctement la <i>Sonate ancienne </i>de Blainville et elle nous supplie de l'emmener voir Black Pink pour ses 14 ans ! (Poke Félicie). Immanquablement, l'Homme et moi nous demandons ce qui nous a échappé et quand. </p><p style="text-align: left;">Alors on tente des choses, on propose des trucs. Ça a marché pour <i>Blackwater </i>(c'était toujours ça de pris), ça a foiré pour la <i>Saga des Cazalet </i>qu'elle a trouvé un peu glauque (Edward a eu raison de sa motivation). Cela n'empêche pas ma poissonnière préférée d'avoir un avis tranché sur tous les livres imposés au collège. Cela ne l'empêche pas non plus d'en informer sa prof de français (quelle belle idée l'année du brevet!)</p><p style="text-align: left;">Quant à Rayures, elle ne lit plus aussi avidement qu'avant. Le fruit des mes entrailles s'est tournée vers les chiffres, les équations, les nombres complexes et toutes ces choses peu accessibles au commun des mortels (je le vis un peu comme le jour où elle a délaissé ses skis pour faire du surf). Entre deux périodes de lecture compulsive, elle nous explique à quel point les matheux devraient dominer le monde car ils ont tout compris à la beauté de l'univers (WTF?! 3 ans sans nuits complètes pour entendre ça). Pour ne pas devenir une vieille conne étroite d'esprit, je lis ses romans sur les échecs (dans lesquels, en général, les personnages sont tous cinglés et connaissent une fin tragique). J'en reparlerai le moment venu, je ne vous priverai pas de cela, il n'y a pas de raison !</p><p style="text-align: left;">Quant à Lady Duracell, je ne sais pas bien quelle lectrice deviendra-t-elle. Avec l'expérience des deux grandes, je sais que dans la vie, il ne faut préjuger de rien, les cartes sont constamment rebattues (d'autant qu'elle a un énorme potentiel dans l'imprévisibilité). Pour l'instant, elle "lit" tranquillement <i>Les Légendaires</i> dont les tranches ont survécu aux manipulations frénétiques de ces aînées.</p><h3 style="text-align: left;">On donne une deuxième chance à certains auteurs</h3><p style="text-align: left;">Les choses n'étant donc jamais figées, parfois, un doute assaille la vieille dame que je vais
devenir. La peur d'avoir mal jugé un romancier ! Dernièrement je me suis
réconciliée avec un auteur avec lequel j'étais fâchée depuis des années.
Oui. J'ai redonné une chance à Emmanuel Carrère, au cas où il aurait besoin de moi pour sa visibilité médiatique. Et j'ai eu raison. <i>Yoga </i>,
le livre qui aurait du être subtil et souriant et qui s'est transformé
en long récit dépressif, m'a beaucoup plu. Sans doute parce qu'il s'en
prend d'avantage à lui-même qu'aux autres (pour une fois). Peut-être parce qu'il a
laissé en paix sa belle-soeur et la petite-fille du Tsunami. Peut-être aussi parce qu'il est bipolaire et que j'aime bien les gens tout cassés.
Peut-être par solidarité entre Yogis. Bref. Lui et moi sommes
réconciliés. Du coup, il est possible que lors de ma vieillesse je redonne une chance à d'autres, que, peut-être, je n'ai pas lus au bon moment. Qui sait? Peut-être même qu'à l'âge venant, je vais me mettre à aimer l'auto-fiction, que je vais me délecter des récits d'auteurs nombrilistes et bourgeois qui racontent aux gueux leurs soucis existentiels ou leur enfance difficile ? </p><p style="text-align: left;">On ne peut pas savoir.</p><p style="text-align: left;"></p><h3 style="text-align: left;">On trie sa bibliothèque, on se débarrasse, on ne garde que l'essentiel</h3><p style="text-align: left;">Dans tous les cas, à mesure que les années passent, la mémoire s'abîme et la place se fait rare. Je ne croyais pas que ce moment arriverait, mais si. J'y suis. Un jour, on se réveille et on manque de place. On doit se débarrasser de certains livres pour faire de la place aux autres. Un jour, on s'aperçoit qu'il y a des romans qui encombrent nos rayonnages, qu'on a oublié leur histoire ou qu'un vague sentiment de "pas top" nous est resté. Quand je pense que longtemps j'ai gardé absolument tous nos livres et que maintenant, je me déleste. C'est ça aussi la vieillitude. Je conserve en meilleure place l'intégrale de Modiano, que je regarde amoureusement chaque fois que je passe devant (même les titres en double). Je prépare un peu de place supplémentaire sur l'étagère pour ses prochains titres (en redoutant le moment où il ne publiera plus rien). Je donne les vieux <i>Mary Higgins Clark </i>que les filles ont déjà lus, je laisse dans des boîtes à livre la plupart des polars du prix Elle, je dis adieu a certains titres trop obscures ou érudits pour moi, aux romances qui ne font pas battre mon coeur, aux couvertures que j'ai déjà oubliées.</p><p style="text-align: left;">J'ai un peu l'impression de préparer ma succession.</p><p style="text-align: left;">Mais je ne me laisse pas abattre. A défaut de me faire remonter les paupières pour me donner un air à la fois jeune et perpétuellement étonnée, j'avance dans la quarantaine avec dignité. Une pile de livres m'attend patiemment, mon thé aux clous de girofle ne me déçoit jamais, mon tapis de yoga ne me juge pas (imaginez si en plus j'avais un chat). </p><p style="text-align: left;">Je reste malgré tout fidèle à mes principes. N'oublions pas que le secret d'une vieillesse flamboyante passe par quatre alliés qui ont fait leur preuve : le running qui sabote les articulations, le café qui bousille le foie, la bière qui donne du ventre et le tabac (qu'on ne présente plus). </p><p style="text-align: left;">Bien vieillir, ça se décide !</p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com25tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-59912590741933262092023-04-12T21:47:00.003+02:002023-04-12T21:57:51.679+02:00La préménopause : nouvelle étape victorieuse du blog<p> Il faut bien le dire, à 30 ans j'étais déjà vieille.</p><p>Mais quand même, c'est différent de se sentir vieille et de le devenir vraiment. Quand j'étais jeune et belle, j'étais vaguement mélancolique sur le temps qui passe ; maintenant je compte sur mes photos de mariage les gens qui je n'ai pas enterrés ni perdus de vue ces 19 dernières années. Avant je me soignais avec Modiano, maintenant je me console avec Proust. </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhL0cL3djtPoVXN-1CgGdrG6EqxIHaO9j8I-_kJpuWKQh6Ht1FL6ruxb-fAUz0Q5FVcJb9_fbePgAH7HVjgk9putN7O2iHNnG3Cl978gbYDnNcdzuyjxoqYcXbYuxDFiyDc7L4ChQ6oNgdFDDS2HjBjMWPrllT3U5RY78PfLLq7ki5d01hU7EQfMmI9qQ/s4032/IMG_4256.HEIC" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="3024" data-original-width="4032" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhL0cL3djtPoVXN-1CgGdrG6EqxIHaO9j8I-_kJpuWKQh6Ht1FL6ruxb-fAUz0Q5FVcJb9_fbePgAH7HVjgk9putN7O2iHNnG3Cl978gbYDnNcdzuyjxoqYcXbYuxDFiyDc7L4ChQ6oNgdFDDS2HjBjMWPrllT3U5RY78PfLLq7ki5d01hU7EQfMmI9qQ/w400-h300/IMG_4256.HEIC" width="400" /></a></div>Avant je dansais sur du gros rap en faisant mon ménage; maintenant je fais des Yogas vinyasa sur les Nocturnes de Chopin.<p></p><p>Quand j'ai ouvert ce blog, je subodorais que je ne serai jamais danseuse étoile ou chanteuse de rock alternatif ; disons que maintenant je sais que je n'ai plus aucune chance dans ces domaines.</p><p>Bref, je ne suis pas encore vieille; mais je le deviens. Mes gencives se rétractent, mes varices se réveillent, mes cernes se creusent, mes rides s'installent.</p><p>Alors qu'honnêtement, on m'avait vendu la quarantaine comme une sorte de kiff absolu. Je me voyais traverser cette dizaine à la Sophie Marceau : avec fraîcheur et élégance, un brushing toujours impeccable, des dents bien alignés et un teint de pêche. Alors que là mes cheveux n'ont jamais été aussi déglingués, mes incisives font manifestement leur vie en toute autonomie, et on a toujours l'impression que j'ai pris un coup de soleil sur le nez. </p><p>Même mes copines IRL m'avaient juré qu'elles ne s'étaient jamais senties aussi bien qu'après 40 ans. Une sorte de "libérée, délivrée" des quadra-de-la-win. Certaines se sont mises à la danse ou à la salle de sport, d'autres se sont débarrassées de leur mari, sans compter celles qui savourent le départ des grands enfants et leur liberté retrouvée. Et moi, je fais partie de l'équipe qui ralentit tout le monde: je cours de moins en moins vite, j'ai gardé l'Homme (et réciproquement), et je pleurniche comme une gamine parce que ma grande Rayures quitte la maison en septembre.</p><p>J'ai l'ovale du visage qui s'affaisse, je traque mes cheveux blancs, je me prépare à prendre rendez-vous pour la mammographie, je surveille mes grains de beauté, je fume en cachette, j'ai mal au coeur quand je mange trop gras, je ne supporte plus les chaussures trop serrées, à partir de deux bières je suis ivre...je ressemble de plus en plus à ma mère. La quarantaine des losers.</p><p>Du coup, je me suis dit que c'était le bon moment pour revenir me plaindre par ici. La blogosphère littéraire (ou ce qu'il en reste, car je ne<br /> sais pas trop où on en est de ce côté-là 4 ans après avoir fermé la porte et éteint la lumière), la blogo donc demeure, je crois, le meilleur endroit pour attendre avec sérénité cette préménopause qui rôde (et à laquelle on n'échappe que si on meurt avant, finalement).</p><p><span style="font-size: x-small;">Bon, et puis j'avais nulle part ailleurs où aller...</span></p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com45tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-215750025613877062019-04-06T11:37:00.002+02:002019-04-08T06:58:54.129+02:00Eloge du lecteur insignifiant<div style="text-align: justify;">
A un moment, il faut bien venir éteindre la lumière et fermer la porte de ce blog. Une copine, qui sait de quoi elle parle, m'a quand même sorti "i<i>l n'y a que quand on est mort qu'on est sûr de ne plus jamais bloguer</i>" (et techniquement ça se tient, la preuve je suis là). <span style="text-align: justify;">L'habitude est de faire les bilans d'anniversaire de blog (genre ma PAL, mes billets, mes SP, mes amis, mes concours...), là je vous propose le bilan des losers: l'anniversaire des 3 ans de coma du mien (malgré ses petits sursauts sans lendemain).</span></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Déjà soyons clairs, depuis l'arrêt du blog, j'ai lu; mais pas tant que ça. Le temps que j'ai dégagé a essentiellement été consacré au linge, aux devoirs, au travail, au ménage et autres joyeusetés des mères de famille sans domesticité qui travaillent à plein temps (#MinuteInstagram #MaVieVendDuRève).<br />
<br />
<div style="text-align: right;">
<b>J'ai quand même avalé mon tome 2 de la <i>Recherche </i>quand j'allaitais encore Duracell </b></div>
<div style="text-align: right;">
<b>(qui mettrait ensuite 3 ans à faire ses nuits). </b></div>
<br />
J'ai découvert Irène Némirovsky au coeur d'un été caniculaire au moment où Rayures est passée du stade d'enfant survoltée à celui de l'ado lymphatique. Maintenant on la reconnait à ses lunettes, son sourire métallique et son air blasé.<br />
<br />
<div style="text-align: right;">
<b>Après avoir fini <i><a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D733883296769289%26id%3D160471854110439%26substory_index%3D0&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22727%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Suite française</a>, </i>j'étais convaincue qu'il y avait une suite qui est morte avec son auteur dans les camps.</b></div>
</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Quand <a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1137168053107476%26id%3D160471854110439%26substory_index%3D0&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22752%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Elif Shafak</a> est entrée dans ma vie, Numérobis devenait végétarienne, féministe et hurlante. Il y a quelque chose de raccord entre mon enfant du milieu et cette romancière. J'ai lu <i><a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1193724870785127%26id%3D160471854110439&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22733%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Illska</a> </i>pendant les funérailles d'un cousin plus jeune que moi qui n'avait aucune chance de s'en sortir. Je n'aurais pas du choisir un livre aussi laid dans de telles circonstances. </div>
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Et puis j'ai eu 40 ans, j'ai failli faire une fugue, m'engager dans un groupe de rock, reprendre la danse classique, me teindre en blonde, régler mes comptes avec les méchants; <b>mais je suis lâche donc j'ai lu <i><a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1234923016665312%26id%3D160471854110439&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22758%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">L'Homme qui savait la langue des serpents,</a> </i>comme ça.</b> C'était mon truc fou de la quarantaine, l'Homme m'a offert un bijou coûteux pour me consoler de n'avoir pas vu ma moitié de vie arriver si vite.<br />
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<div style="text-align: right;">
<b>Sinon je suis partie à Venise avec <a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1192301874260760%26id%3D160471854110439&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22713%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Claudie Gallay</a> , et c'était juste parfait.</b></div>
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Après les trois ans de coma du blog, je suis redevenue une lectrice insignifiante, la lambda de base. J'avais arrêté de bloguer parce que, par manque de temps, je ne répondais plus aux commentaires, je ne visitais plus les blogs des autres, je ne faisais plus le job de réciprocité inhérent à la blogosphère. Si je suis complètement honnête (c'est rare profitons), je dois avouer que je regrette l'heure de gloire (toute relative évidemment) qui fut la mienne pendant quelques années, Galéa était tellement moi en mieux, qu'indubitablement, elle me manque.<br />
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<b>Comment ai-je pu rester si longtemps sans lire <a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1044407835716832%26id%3D160471854110439%26substory_index%3D0&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22701%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Eliott Perlman</a> ? </b></div>
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<span style="text-align: start;">Après le blog, il y a le déblog : tout ce qui se passe derrière l'écran qu'on ne montre pas sur les RS. Il y a bien sûr les amitiés qui se diluent dans le digital, celles qui ne survivent pas à la disparition de notre avatar et puis il y a les autres, les persistantes: les amis qu'on soutient, qu'on console, qu'on félicite et qu'on gâte. Dans mon débloging, il y a eu ma bande de bras-cassés qui sont restés en embuscade, toujours là malgré tout, des relations faites de pudeur, d'élégance, de générosité. Il y a eu le tragique pour certains et la solidarité pour d'autres. Il y a eu ça, et ça ce n'est pas rien.</span><br />
<span style="text-align: start;"><br /></span>
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<div style="text-align: right;">
<span style="text-align: start;"><b>Je continue à lire Bello, mais reste convaincue que les <i>Falsificateurs </i>reste son meilleur opus.</b></span></div>
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Et puis je me suis aperçue que peut-être, je n'étais plus vraiment à ma place sur les RS. Il est bien difficile maintenant de discuter d'un livre français sur Facebook ou IG sans que l'auteur nous tombe dessus "par hasard". Est ce que j'ose dire que je n'accroche pas avec <a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1238016913022589%26id%3D160471854110439&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22720%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Julia Kerninon</a> et que j'ai du mal avec Valentine Goby ? Force est de constater que je suis devenue molle, j'hésite sur Facebook ou Instagram à dire les choses, je ravale ma franchise, parce que même si je suis sans coeur, je n'aime pas spécialement faire de la peine gratuitement (enfin pas toujours). J'ai toujours peur que l'auteur surgisse (alors que je ne tague jamais les romanciers) , ou bien pire, qu'une fan de l'auteur vienne m'expliquer que je n'ai rien compris (je n'ai ailleurs toujours pas identifié la taupe dans mes amis Facebook qui fait des captures d'écran pour les montrer à des gens que je ne connais pas).<br />
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<b>Ma belle-mère m'a offert la collection des <a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D986846191472997%26id%3D160471854110439&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22624%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Camilla Läckberg,</a> et franchement ça se lit tout seul.</b></div>
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Ceux qui m'avaient donné envie de bloguer ont plus ou moins disparu de la Toile, se sont mis en sourdine, ou publient moins fréquemment, une certaine blogo est moins visible. En trois ans, ont surgi de tous côté des blogs stratégiques, organisés, au top de l'actualité littéraire, consensuels, des blogs qui avaient un objectif à atteindre dès leur création et, en attendant d'avoir un jour ou l'autre quelque chose à nous vendre, étaient des "influenceurs" (censés influencer les lecteurs insignifiants je suppose). Tout à coup, le réseau social de blogueurs littéraires que je fréquentais s'est fait vampiriser par le glamour, le mondain et la complaisance. Impossible d'actualiser un fil sans être saturé de soirées et cocktails, à grand coup de selfies, de coupes de champagne, de hashtag, de lieux branchés. La blogo littéraire (après des années en bout de table, à la place du pauvre, loin derrière les blogueurs mode, culinaire ou lifestyle) est devenue hype; maintenant on n'est plus proche de l'esprit de Beigbeder que de celui de Modiano. Les mêmes livres s'égrènent sur les RS, avec toujours cet enthousiasme suspect, qui ressemble à des renvois d'ascenseur, avant de disparaitre avec la même constance que l'obsolescence programmée des vieux iPhones. Il est bien difficile maintenant de savoir ce que vaut un livre sur les RS tellement chacun évite de vexer, de dire les choses explicitement. Ce n'est de la faute de personne, mais c'est un fait. Tout le monde est prescripteur mais on transige sur la critique.<br />
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<b>Je repense encore souvent à <i><a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1047778452046437%26id%3D160471854110439%26substory_index%3D0&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22733%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Rester vivant </a></i>de Blondel.</b></div>
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A se demander même s'il reste ces romanciers de l'ombre, ces laborieux qui ne savent pas se vendre à la télé mais qui écrivent des merveilles, de ceux qu'on verra rarement faire les mondains. Même notre François national dans sa LGL nous fait croire qu'il n'y a en France que des auteurs de best-seller, ou des romancières de moins de quarante ans archi-télégéniques. L'auteur timide, moche, vieux, peu connu ou bafouillant, n'est pas prêt d'avoir sa place sur les plateaux.<br />
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Alors aujourd'hui, je crois qu'il est plus que jamais temps de revendiquer notre insignifiance: celle de ceux qui lisent par nécessité selon leur moyen et le temps dont il dispose. Les terrés dans leur trou de province, les malades de longue durée, les mères qui ont plus d'enfants que de bras, ceux qui ont raté leur vie professionnelle, celles qui n'enverront jamais du rêve sur les RS tellement elles sont cernées, les tout-cassés, ceux qui lisent pas réflexe, par habitude, par goût profond, à contretemps de l'actualité, ceux qui n'ont rien à perdre à dire du mal, rien à gagner à penser du bien, qui n'ont personne à convaincre et personne à flatter. Soyons fiers d'être ce lecteur transparent qui achète le livre qu'il a envie de lire. Celui qu'aucun influenceur ne suit sur IG, le timide de FB, celui qui tweete dans le vide sur des livres d'une autre époque.<br />
<br />
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<b>Et tout à coup, je me suis dit qu'il fallait découvrir <a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1003077836516499%26id%3D160471854110439&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22752%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">Dorgelès</a> dont la postérité n'a pas survécu au changement de siècle.</b></div>
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Parce qu'au bout du compte, je me demande quand même si ce n'est pas ce lecteur insignifiant-là qui alimente le circuit du livre. Les éditeurs, attachés de presse, journalistes ou auteurs ne le courtisent pas, mais c'est bien lui qui fait vivre tout ce petit monde quand même. Nous n'influençons personne (si ce n'est notre voisin, notre mère ou notre vieille copine de fac) mais nous lâchons 20€ pour un broché qu'on lira en deux jours, nous continuons d'offrir en poche un roman qu'on a aimé, en dépit du dernier dont tout le monde parle. Quelque part, loin des événements parisiens, il reste des lecteurs qui se souviennent avoir été celui qui restait dans son coin dans la cour en primaire, celui qui ne brillait pas par sa popularité au collège, qui lisait en cachette dans son lit. Longtemps les lecteurs ont été des solitaires, des gens qui n'aimaient pas spécialement la lumière, celui dont on disait tendrement "<i>qu'il était un peu bizarre toujours plongé dans ses bouquins</i>", celui qui trouvait sa place dans le monde avec les mots des autres et à qui cela suffisait.<br />
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<b>Il n'y a que <a href="https://www.blogger.com/%3Ciframe%20src=%22https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fpermalink.php%3Fstory_fbid%3D1008697755954507%26id%3D160471854110439&width=500%22%20width=%22500%22%20height=%22733%22%20style=%22border:none;overflow:hidden%22%20scrolling=%22no%22%20frameborder=%220%22%20allowTransparency=%22true%22%20allow=%22encrypted-media%22%3E%3C/iframe%3E">J-K Rowling</a> pour pouvoir parler de l'échec comme cela.</b></div>
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Le vrai pouvoir, c'est nous qui l'avons, restons anonymes, restons insignifiants, peut-être est-ce nous qui distribuons les lettres de noblesse de la littérature quand on rentre dans les librairies. Et peut-être bien que cela nous autorise à penser et écrire ce que l'on veut.<br />
<br />
Il est bien possible que la plupart des critiques honnêtes qui circulent sur la Toile soient celles des lecteurs insignifiants.<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQem_AL5s3Vy33_LA-1Yxj3uyCADQBwoPN-ayPibTjgaKvO88y5MBoq2q7gndlqf0qlMI4LpQRIOTdgKkaoaYHjzBJ34JREeof9e6LZh-ewJWJ-g9p5SC9_VGbyA_XF4E-8yxTdZn9Uzw3/s1600/IMG_8253.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQem_AL5s3Vy33_LA-1Yxj3uyCADQBwoPN-ayPibTjgaKvO88y5MBoq2q7gndlqf0qlMI4LpQRIOTdgKkaoaYHjzBJ34JREeof9e6LZh-ewJWJ-g9p5SC9_VGbyA_XF4E-8yxTdZn9Uzw3/s640/IMG_8253.JPG" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
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Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com119tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-4367657178832502752017-12-01T12:11:00.001+01:002017-12-01T12:11:08.910+01:00My November<br />
<span style="font-size: x-large;"><div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLQ0bLjRiYW5qkvJID97rqJZurKf5IkyUDw2k2LdduRruPUzL0uuOdsl6d71twHdPZ_LxXLrRA-RLjE3I2OOmct_fLeYw0uwVTC0hLgJelNLFhjsP5nWrVAtFwvFwb550sIo9keMQJ-R9l/s1600/IMG_8573.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><br /></a>Un mois de novembre qui tient toutes ses promesses: premiers virus hivernaux et le cortège des mauvaises nouvelles / Tu pars de chez toi, il fait nuit; tu rentres chez toi, il fait nuit / Bonne ambiance / Survivre au crépuscule de l'année 2017 / Numérobis, un dimanche midi qui nous annonce, devant ses côtelettes d'agneau, qu'elle ne veut plus rien manger qui ait été vivant "avant" / <b>Merveilleuse <i>Odyssée </i>de Daniel Mendelsohn, une lecture aussi éblouissante qu'érudite, et si tout était une histoire de filiation finalement ? / </b>Qu'y a-t-il donc dans le tome 2<i> d'Eragon </i>pour que Rayures nous demande aussi de ne plus lui proposer de viande ? / Accepter -par lâcheté- d'intégrer un équipe de courses en relai avec du dénivelé : perdre son honneur, sa dignité et un poumon / Le boulet qui a du mal à suivre / <span style="font-size: x-large;">Une escapade parisienne forcée / <b><i>La splendeur des Amberson </i>pour mes 6 heures du trajet aller / </b>Se réveiller entre la Sorbonne et le Panthéon et mesurer l'ampleur d'un renoncement / </span>Un dîner entier où ça parle anglais: solitude quand tu nous tiens / Allemand LV1 évidemment / Traverser tout Paris pour fêter le livre et ne pas décoller du bar / Radio France et le syndrome de l'organisation d'un autre monde, n'est ce pas <a href="http://aufildeleau.typepad.com/">Sophie</a> ? / Réussir à ne voir aucun auteur alors qu'on est là pour ça / "<i>on peut passer monsieur ? " "Oui oui, vous redescendez, vous retraversez tout , et vous remontez les escaliers pour arriver par le 104" </i>/ Le moment du bug / Un thé à la menthe sans thé / Un jus d'abricot qui vient trop tard / <span style="font-size: x-large;">Des rencontres qui sont en fait des retrouvailles : les évidences amicales / Team Elle 2014/ 4 ans déjà / Un dos de cabillaud dans le 5ème avec <a href="https://lecoindeslivres.wordpress.com/">ma binômette</a> / "The" jogging proustien dans les jardins du Luxembourg, et au lever du soleil, sentir surgir un vague sentiment d'éternité/ 7 Km dans un froid de gueux / </span><span style="font-size: x-large;"><b>Retourner plein Sud avec <i>La légende du dormeur éveillé </i>offert par <a href="http://parenthesedecaractere.blogspot.fr/">mon irremplaçable leader</a> </b>/ </span>Rentrer et découvrir dans sa boîte au lettres, l'attention de <a href="http://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2017/10/03/35729240.html">la délicate Aifelle</a>, toujours présente malgré tout / Un mois pendant lequel j'ai perdu la blogosphère en route / Le temps de rien / Un jour, même moi j'oublierai que j'ai blogué à un moment / Pas le temps de faire une vidéo / Décembre et ses fêtes qui nous tendent les bras / L'espoir improbable de pouvoir rédiger un billet / Duracell toujours en grève du sommeil / What did we expect ?</div>
<div style="text-align: justify;">
A tout bientôt les amis ;-)</div>
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc3kdx2VRqH_HF-aqRBE3X4eFFTEeD579J9cZl3JyfC3bQC6p69Q7hAaJ3qa28GnCwQp7khUb1_Vl6XE6vhXTyUfR9PRddquJhBsjrIimAwZ4c1tpjMZbH-heJj8rmLXtkv6OiFrgVG3DC/s1600/IMG_8638.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><br /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrGLhf8E7NfTe-r9BdtLIzoL9XUf3Mgl9pLGTn4r1O02icUGAsF0AL8DOt9IAjz8dr-jP0KFfaGADUbvnqtWjCihtkKji3Jcrtm7q9dXxLSG1PmW8ZhItjnMcHB81lyEwa8mtqE2yEgZqH/s1600/IMG_8575.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrGLhf8E7NfTe-r9BdtLIzoL9XUf3Mgl9pLGTn4r1O02icUGAsF0AL8DOt9IAjz8dr-jP0KFfaGADUbvnqtWjCihtkKji3Jcrtm7q9dXxLSG1PmW8ZhItjnMcHB81lyEwa8mtqE2yEgZqH/s200/IMG_8575.JPG" width="150" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzzldlnR_jBcDNrOD1V7zOAhq7KNk2CPRS3Fwb9jzyf2JaH8GeuDfvtlw7tEQKzWBgUpDoTWs81nW9B98bLdnKTsE0VvRRJfBX399KAOcWHqy1Tq9fnhfb_-4q0vC7I-yRxcYx1aCgbRlA/s1600/IMG_8554.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzzldlnR_jBcDNrOD1V7zOAhq7KNk2CPRS3Fwb9jzyf2JaH8GeuDfvtlw7tEQKzWBgUpDoTWs81nW9B98bLdnKTsE0VvRRJfBX399KAOcWHqy1Tq9fnhfb_-4q0vC7I-yRxcYx1aCgbRlA/s200/IMG_8554.jpg" width="150" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4-qUt9WquKdIjoVE5EX_rl5_Gb7yBvPQzoxzos7R2r8RDFM7pirFN641re8sLrbCuJwvlqLlvs0RDzdytYYAUCWlROV7NIxlOEhubN0IrqhraFcBB7Q60L5YYD1xIFi5ZlWmp1hHFMHJc/s1600/IMG_8484.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4-qUt9WquKdIjoVE5EX_rl5_Gb7yBvPQzoxzos7R2r8RDFM7pirFN641re8sLrbCuJwvlqLlvs0RDzdytYYAUCWlROV7NIxlOEhubN0IrqhraFcBB7Q60L5YYD1xIFi5ZlWmp1hHFMHJc/s200/IMG_8484.jpg" width="150" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6ErDy5rdC_VHmMbImNGGPpwgoC7Qy5oIcsgM8FDEvAZN5_bICeVIWqCs4MM9hdorhfMYZsBMJP7cQXfqNGGspJXOmo1_Qc6qJsCI3E02OkzMC1ywOWm0c1VYa030i7bYF8AGIbJ3mR_0L/s1600/IMG_8639.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="520" data-original-width="428" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6ErDy5rdC_VHmMbImNGGPpwgoC7Qy5oIcsgM8FDEvAZN5_bICeVIWqCs4MM9hdorhfMYZsBMJP7cQXfqNGGspJXOmo1_Qc6qJsCI3E02OkzMC1ywOWm0c1VYa030i7bYF8AGIbJ3mR_0L/s200/IMG_8639.JPG" width="164" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLQ0bLjRiYW5qkvJID97rqJZurKf5IkyUDw2k2LdduRruPUzL0uuOdsl6d71twHdPZ_LxXLrRA-RLjE3I2OOmct_fLeYw0uwVTC0hLgJelNLFhjsP5nWrVAtFwvFwb550sIo9keMQJ-R9l/s1600/IMG_8573.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: justify;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLQ0bLjRiYW5qkvJID97rqJZurKf5IkyUDw2k2LdduRruPUzL0uuOdsl6d71twHdPZ_LxXLrRA-RLjE3I2OOmct_fLeYw0uwVTC0hLgJelNLFhjsP5nWrVAtFwvFwb550sIo9keMQJ-R9l/s200/IMG_8573.JPG" width="150" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFNVMKTQ1CPdv33No_RT6YjZrM6wneU2sk9vZtHusAlxcu6SYLl0w2J76O5W869YLPKE-D6ezRBp0oRTHNhKrxzHaN9lyfsX0dN6mpNC-qlIJrjl7wmJKCcnjQMpBi44S1OcIR4AR-th79/s1600/IMG_8586-.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1145" data-original-width="1600" height="143" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFNVMKTQ1CPdv33No_RT6YjZrM6wneU2sk9vZtHusAlxcu6SYLl0w2J76O5W869YLPKE-D6ezRBp0oRTHNhKrxzHaN9lyfsX0dN6mpNC-qlIJrjl7wmJKCcnjQMpBi44S1OcIR4AR-th79/s200/IMG_8586-.JPG" width="200" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkZUEkozYd4ZCZyiUCXbb_ytslxuv5b9z0bq7_401oBz2auLVIXA_cGMr42H2y4XHkqneLeVs6We0VpLGCsuNeAaPoQYi7HKenrIz-gYnvjTaPdyI2L-m06oFPqAsUeX9JQrzK-tCCCerb/s1600/IMG_8577.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: justify;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="150" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkZUEkozYd4ZCZyiUCXbb_ytslxuv5b9z0bq7_401oBz2auLVIXA_cGMr42H2y4XHkqneLeVs6We0VpLGCsuNeAaPoQYi7HKenrIz-gYnvjTaPdyI2L-m06oFPqAsUeX9JQrzK-tCCCerb/s200/IMG_8577.JPG" width="200" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc3kdx2VRqH_HF-aqRBE3X4eFFTEeD579J9cZl3JyfC3bQC6p69Q7hAaJ3qa28GnCwQp7khUb1_Vl6XE6vhXTyUfR9PRddquJhBsjrIimAwZ4c1tpjMZbH-heJj8rmLXtkv6OiFrgVG3DC/s1600/IMG_8638.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="480" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc3kdx2VRqH_HF-aqRBE3X4eFFTEeD579J9cZl3JyfC3bQC6p69Q7hAaJ3qa28GnCwQp7khUb1_Vl6XE6vhXTyUfR9PRddquJhBsjrIimAwZ4c1tpjMZbH-heJj8rmLXtkv6OiFrgVG3DC/s200/IMG_8638.JPG" width="150" /></a><br />
<br />Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com22tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-47941720065717803572017-11-05T14:32:00.000+01:002017-11-05T14:32:45.203+01:00Compte rendu de vacances #ToussaintForEver<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhusppa3ZodZUBeYkY8hZouM1Mg6CCOFbC2HE7cqfj2Rwhl9jc63UdvhOIf9xp4btKHghNdGMWYb7Dx1ZKmM1yHtZyH8UJXgcg10T76qz6yE3e399La_CT40Z_WEPkH8fk4uR_Vtd658xHH/s1600/IMG_8480.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhusppa3ZodZUBeYkY8hZouM1Mg6CCOFbC2HE7cqfj2Rwhl9jc63UdvhOIf9xp4btKHghNdGMWYb7Dx1ZKmM1yHtZyH8UJXgcg10T76qz6yE3e399La_CT40Z_WEPkH8fk4uR_Vtd658xHH/s400/IMG_8480.JPG" width="400" /></a>J'ai testé pour vous : les vacances inratables.<br />
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<div style="text-align: justify;">
Pour, nous les vacances constituent une vraie réflexion philosophique (parce qu'on en a très peu et du coup on a bien le temps d'y réfléchir en amont). L'Homme et moi considérons qu'en août, c'est risqué de partir en vacances : la canicule, le rythme ralenti, les bouchons sur l'autoroute, les beaufs en vadrouille, non vraiment on est au dessus de cela, du coup on travaille les 9 semaines des vacances scolaires et on joue la sécurité (#SecondDegré). Par conséquent cette année et on a privilégié novembre.</div>
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<div style="text-align: justify;">
L'Univers était de notre côté: beau temps, couleurs d'automne, grand chalet au calme, frigo plein; non là comme ça a priori, partir tous les cinq ne pouvait être qu'une totale réussite. J'avais même prévu de poster des photos des girls sur Instagram, s'enlaçant avec tendresse sur fond de coucher de soleil, rigolant aux éclats, genre "<i>famille Ricorée</i>". En plus, je n'ai pas vomi dans les virages en montant, présage on-ne-peut plus optimiste pour des vacances réussies, je me suis contentée de chouigner sur <i>Arrivederci</i> de Biolay sous le regard consterné de l'Homme et des girls qui ne comprennent pas ma passion pour les chanteurs dépressifs (ou morts...ou les deux- mais la il est vivant...la preuve il fait la Nouvelle Star, ce qui réjouit l'Homme qui me titille avec cette histoire, bref).</div>
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<div style="text-align: justify;">
Je suis donc partie avec l'entrain qui me caractérise, bien décidé à mettre ce séjour à contribution pour résorber les cernes bleues qui me défigurent et ce petit teint grisâtre qui fait ressortir la frange que je me coupe moi-même (coiffeur c'est un métier, mais je n'ai jamais le temps d'y aller). J'étais d'autant plus optimiste sur nos vacances en famille qu'on m'avait toujours dit: un bébé difficile fait un ado tranquille . Dans la mesure ou Rayures a eu ses premiers amis imaginaires dès 2 ans, qu'elle a fait ses nuits à 3 ans, que toute sa scolarité jusqu'à présent a été un long chemin de croix où je passais ma vie dans les bureaux des maîtresses, directrices ou psychologue scolaire, honnêtement, je me suis dit que la puberté couplée à l'entrée au collège serait plus que tranquille (même si bien sûr le fait qu'elle ait été collée dès la deuxième semaine de son entrée au collège aurait du me mettre la puce à l'oreille).</div>
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ERREUR<br />
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<div style="text-align: justify;">
Rayures découvre à 11 ans que le monde est moche et ne s'en remet pas du tout. Elle déplore la déforestation, le racisme, la cruauté des hommes, l'indifférence des pays riches pour les pays pauvres (cf: cours de géographie à réviser pour la rentrer, attention évaluation sur table), les faits divers qu'elle apprend on-ne-sait-où vu qu'elle ne regarde pas la TV et n'a pas Internet sur son téléphone (les copains au collège peut-être, car elle en a...pas ceux que j'aurais espéré mais bon). Elle n'échappe évidemment pas à cette langueur adolescente qui m'exaspère, à l'absence d'enthousiasme dès qu'il s'agit de sortir, elle tente d'échapper à la plupart des corvées domestiques et souffle en déambulant dans la maison, plein de rancoeur contre l'ONU qui ne fait rien contre la guerre, sa prof d'histoire géo qui pratique la classe inversée, les chasseurs qui font du mal aux animaux "<i>juste pour le plaisir"</i>, la peste de sa classe qui lui a dit que son idée de roman était bof, et l'ophtalmo (le seul qui accepte de lui prescrire des lentilles) qui arrive toujours à lui glisser une petite vacherie lors de la consultation.</div>
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<div style="text-align: justify;">
Du coup, pour ne pas garder tout ça pour elle ("<i>parce que Mamie, elle dit qu'il vaut mieux que ce soit dehors que dedans, sinon on s'abîme la santé")</i>, elle en fait profiter sa soeur de 8 ans (pour qui le dernier drame tient à un rebondissement malheureux du <i>Royaume de feu</i>), Numérobis donc qui découvre qu'à 9 ans une petite fille peut disparaître lors d'un mariage et pour toujours (ambiance ambiance). Le problème subsidiaire c'est effectivement les capacités vocales de Numérobis dotée d'une voix forte et éraillée. Elle hurle donc sa résistance au monde réel à grand coup de "<i>Elle est méchannnnnnnnnnte, elle dit ça pour que je fasse des cauchemars</i>". </div>
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On m'avait dit aussi "<i>3 filles, c'est cool, bien mieux que 3 garçons, au moins tu évites les bagarres".</i><br />
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ERREUR<br />
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<div style="text-align: justify;">
L'Homme et moi élevons nos filles comme n'importe quel garçon, et du coup fatalement, elles se cognent, se menacent de mort, se donnent des coups de pieds, se courent après avec des bâtons. Il y en a une qui souffle et l'autre qui hurle. Chacune est bien sûr convaincue qu'on lui préfère l'autre, c'est délicieux, surtout avec les arbres qui rougeoient et le dégradé des jaunes chaleureux de l'automne.</div>
<div style="text-align: justify;">
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A cela bien sûr, il a fallu ajouter Duracell dont on pensait qu'une maison avec jardin lui ferait le plus grand bien (le grand air, le calme, la nature....)<br />
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ERREUR<br />
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<div style="text-align: justify;">
Duracell est dangereuse juste dans un salon avec une simple table basse. Quand elle tente de sauter de la table au canapé, je manque de faire une crise de spasmophilie, donc là avec des escaliers partout, j'ai juste passé ma semaine à répéter en boucle "<i>les barrières sont bien rabaissées devant l'escalier </i>?". Au bout de 2 jours, évidemment plus personne ne me répondait: l'Homme ne m'entendait pas, Rayures soufflait genre "<i>ma mère cette relou</i>" et Numérobis chantonnait l'air des chevaliers du Zodiaque (sa nouvelle lubie ramenée de la bibliothèque grâce à l'influence de l'Homme). Bien entendu, au mieux Duracell a dormi jusqu'à 4h (5h ancienne heure donc presqu'une nuit, yeahhhhhh), au pire elle s'est réveillée toutes les trois heures (à cause de l'altitude, ou parce qu'elle n'est pas dans son lit et toussa quoi; l'avantage des vacances c'est qu'on a des prétextes à la pelle pour justifier qu'à presque 2 ans elle ne dorme toujours pas).</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Duracell a également découvert qu'elle a deuxième parent, l'Homme, avec qui tout est plus facile. Miel pops au petit déjeuner, courses sur les épaules, verre en verre pour boire, pas d'obligation de mettre un manteau pour sortir ("<i>Il fait 8 degrés quand même</i>" "<i>mais elle ne veut pas, c'est qu'elle n'a pas froid je te dis</i>" "<i>nan mais à 21 mois, peut-être qu'on sait encore mieux qu'elle</i>?")</div>
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Au final, je me suis dit: tiens et si j'allais courir pour évacuer.<br />
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ERREUR<br />
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Courir à 1000m d'altitude, c'est courir en côte, se bruler les cuisses et les poumons (honnêtement je ne suis pas médecin mais je pense vraiment que je n'étais pas loin de pneumothorax ) . Juste avant que je parte, Rayures m'a rappelé que courir seule dans un chemin désert, c'était risqué, surtout vu les événements récents (moue de connivence et regard appuyé) et évidemment elle sait que je suis peureuse comme tout et que moi aussi j'ai peur de la mort et des gens méchants. Je suis donc partie moyennement rassurée, et pendant que j'écouter System of a down, une idée a germé dans mon cerveau suroxygéné.<br />
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<div style="text-align: justify;">
J'ai envisagé de simuler ma disparition pour aller faire le plein de sommeil dans un hôtel reculé. Il suffisait que je vide discrètement le Livret A de Duracell (qui s'en rendrait compte qu'à sa majorité), et que je m'organise comme Walker dans le dernier Bello pour me reposer quelques temps (je n'ai besoin que de livres, cigarettes, une ou deux bières, des capsules de café et du pain frais). Je comptais revenir 3 jours après et dire que j'avais souffert d'une amnésie passagère suite à une chute dans un petit chemin (futée la Galéa!! Plus crédible tu meurs). Au moment où je réfléchissais à la manière dont l'homme pourrait gérer les 3 pendant 3 jours (et l'éventualité de mettre ma mère -qui n'a jamais su garder un secret- dans la confidence pour lui apporter un soutien logistique), ma playlist a enchaîné les premiers accords follement joyeux de "<i>Ton héritage</i>".</div>
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<div style="text-align: justify;">
"<i>Si tu aimes les soirs de pluie mon enfant mon enfant" </i>; bon fatalement j'ai été obligée de reconsidérer la situation. Biolay décidément. "<i>Si tu parles à ton ombre de temps en temps"</i> alors déjà que Rayures est dans un phase compliquée, peut-être n'est-ce pas le meilleur moment pour disparaître, même pas longtemps, sans compter ce que je risque de me prendre si jamais un jour elle attaque une thérapie. "S<i>i tu aimes ce qui est bon, si tu vois des mirages</i>" après, il y a aussi Numérobis qui doit travailler ses saletés de démanchés pour son audition, et honnêtement on n'y est pas, l'Homme est encore plus nul que moi en clef de fa, et je ne suis pas certaine que la table de 8 soit totalement acquise (le 7 X 8 reste un problème récurrent)<i>. </i>Enfin il faut bien avouer que vu l'autorité que l'Homme a sur Duracell, je crains quand même qu'elle se prenne pour Dieu (autant il va lui faire d'une entrecôte maître d'hôtel à midi parce qu'elle ne veut pas de steak haché). "C<i>e n'est pas de ta faute, c'est ton héritage, ce sera pire encore quant tu auras mon âge</i>"; oui donc là je me suis dit que déjà, vu qu'on vient tous les deux de familles dysfonctionnelles, ce n'était pas la peine d'en rajouter et qu'il fallait mettre toutes les chances de leurs côtés.</div>
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<div style="text-align: justify;">
En plus j'ai croisé un type bizarre avec un chien et un fusil: 3 éléments qui m'inquiètent toujours quand je suis seule, même en baskets; j'ai regagné la maison mine de rien en fredonnant "<i>il faudra faire avec ou plutôt sans"</i>.</div>
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<div style="text-align: justify;">
J'ai été accueillie par un "<i>déjà?</i>" de Numérobis, par un "j<i>'ai oublié tous mes devoirs à la maison et j'ai 4 évaluations à la rentrée</i>" de Rayures, et par une cascade de Duracell à qui l'Homme tentait péniblement de mettre des chaussettes "<i>elle préfère être pieds-nus je t'assure"</i>. </div>
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Nous sommes repartis le lendemain de mon projet de fugue, parce que j'avais oublié qu'il y avait un rappel de vaccin pour Rayures (et que l'infirmière du collège m'a mis un mot dans son carnet de santé avec des gros points rouges d'exclamation). </div>
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<div style="text-align: justify;">
Une fois de retour à la maison, les filles ont décidé qu'il serait bien mieux pour tout le monde qu'elles dorment toutes les trois dans la même chambre (on a déménagé et fait 6 mois de travaux juste pour avoir une chambre de plus- c'était vraiment une idée géniale, merci l'Homme). Rayures a eu le rappel de son vaccin, Numérobis a passé une nuit à toucher les 40 de fièvre, Duracell a enrichi son vocabulaire d'un nouveau mot "<i>oh la la</i>". J'ai un jour et demi pour faire les devoirs de tout le monde et 4 ou 5 machines à faire tourner avant lundi.</div>
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Belle rentrée à tous. Je le répète la Toussaint, en termes de vacances en famille, c'est une valeur sûre. Demain je vais afficher une mine réjouie et répondrai avec un sourire éclatant "c'était une semaine merveilleuse".<br />
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<span style="text-align: justify;">"</span><i style="text-align: justify;">Et si tout se déroule jamais comme dans tes plans, si tu n'es qu'une pierre qui roule, roule mon enfant"</i>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com30tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-90008308517876218932017-10-31T19:40:00.000+01:002017-10-31T19:40:07.396+01:00My october<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
C'est l'heure des petites choses anodines et littéraires du mois d'octobre.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
Le bilan d'un mois d'automne en 2 minutes (fait un peu en catastrophe quelque part entre les montagnes françaises et italiennes).</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe width="320" height="266" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/oPbY37dwHuU/0.jpg" src="https://www.youtube.com/embed/oPbY37dwHuU?feature=player_embedded" frameborder="0" allowfullscreen></iframe></div>
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<div style="text-align: center;">
Bon mois de novembre à tous</div>
Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com25tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-39862763405264644242017-10-28T16:30:00.002+02:002023-06-27T14:51:26.083+02:00Souvenirs dormants - Modiano<div style="text-align: justify;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9myVvHhwFCVPrwYKHsomssADN5_XLwVO73zhxDrdQjUwb4GnZHko98EoBKgdTww3GXggjCMjZX96osE7DKlIhWDldB-CKRl_ksUx6m6ots62w9kv5g8EcE5Q0Uw1ui94Ff4HBvYn75PuY/s1600/IMG_8450.JPG" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9myVvHhwFCVPrwYKHsomssADN5_XLwVO73zhxDrdQjUwb4GnZHko98EoBKgdTww3GXggjCMjZX96osE7DKlIhWDldB-CKRl_ksUx6m6ots62w9kv5g8EcE5Q0Uw1ui94Ff4HBvYn75PuY/s400/IMG_8450.JPG" width="300" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Patrick Modiano, <i>Souvenirs Dormants </i>(2017)<br />Gallimard, 2017, 105 p.</td></tr>
</tbody></table><h1><span style="font-size: x-large;">Retrouver Modiano après trois ans d'absence</span></h1><p style="text-align: left;">Ce n'est pas si simple le premier roman après un Nobel, une belle médiatisation, quelques polémiques (et mon éphémère heure de gloire bloguesque à l'annonce de son prix). On ne va pas se mentir, il y a la peur d'être déçue, la crainte qu'il ait changé, ou même d'avoir trop changé soi-même au point de ne plus être sensible à sa manière si singulière d'écrire. C'était un risque ces retrouvailles.</p></div>
<div style="text-align: left;"><p>
Je me suis donc jetée dessus le jour de sa sortie, avec crainte et fébrilité (déjà dépitée du trop peu de pages de son nouvel opus). J'ai de la chance, il y a des choses qui ne changent pas dans la vie : ce qu'écrit mon romancier préféré et ma manière de le lire. Tout va bien donc.</p></div>
<div style="text-align: justify;"><h2>
C'est toujours l'histoire d'un homme qui se souvient</h2></div><div style="text-align: justify;"><p>C'est encore le long rassemblement des souvenirs qui s'éparpillent toujours plus à mesure que le temps passe. Car même si Modiano aura pour moi toujours une trentaine d'années, on ne va pas se mentir, c'est maintenant presque un vieux monsieur. C'est vrai, c'est encore une histoire de déambulation, d'adresses d'un autre temps, c'est, selon les expressions journalistiques maintenant convenues, son éternelle "<i>géographie intime</i>", ses "<i>brouillards phosphorescents</i>", la "<i>petite musique de Modiano</i>"...mais au fond c'est tellement plus que tout cela. </p></div>
<div style="text-align: justify;">
<p style="text-align: left;"><i>Souvenirs dormants</i><i> </i>raconte la longue solitude d'un jeune homme entre 17 et 22 ans, et de ses rencontres imprécises. Des femmes essentiellement. On y retrouve les personnages féminins de ses autres romans, on croise des état-civils qui en rappellent d'autres, des situations qu'on a déjà lues. Il y a la femme mystérieuse et légèrement fatale, forcément mariée mais sans époux. Il y a la très jeune femme sous emprise, la vingtaine à peine engagée, fragile, en équilibre entre deux mondes et qui ne s'appartient pas vraiment. Il y a le couple en fuite qui se cache d'hôtels en hôtels. Et surtout, il y a celle qu'il ne veut pas nommer et pour cause :</p>
<div style="text-align: right;"><p style="text-align: left;">
"<i>je me méfie encore , après cinquante ans, des détails trop précis qui pourraient permettre de l'identifier" </i>(p.75)</p></div>
</div>
<div style="text-align: justify;"><h2>
<i>Souvenirs dormants</i> répond une fois de plus au reste de son œuvre</h2></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;"><p style="text-align: left;">
Cette femme qu'il ne veut pas nommer, c'est peut-être Carmen de <i>Quartier perdu</i>. Ici, les souvenirs dormants paraissent aussi potentiellement inquiétants que des agents. Car c'est d'abord et surtout un roman sur le danger, la peur, la disparition, la fuite et le mystère. Modiano ce n'est pas que du flou, c'est aussi l'évocation des gens malveillants, au passé trouble, des hommes dangereux, menaçants, ceux dont il disait dans son précédent livre qu'ils sont aussi coupants de face que de profil (de mémoire hein, peut-être ce n'est peut-être pas la formulation exacte).</p><p style="text-align: left;">
Deux jours après l'avoir terminé, après avoir relu <i>Quartier perdu</i>, une partie <i>Du plus loin de l'oubli </i>et de <i>Fleurs de ruines, </i>ainsi que certains chapitres de sa biographie, je me dis que l’œuvre de Modiano c'est un monde parallèle (disparu, imaginaire, littéraire ? peu importe). Je ne sais pas du tout si <i>Souvenirs Dormants</i> pourrait plaire à quelqu'un qui ne connaît pas son œuvre, parce que je le lis à la lueur des autres. Mais pour le lecteur assidu et un peu obsessionnel de Modiano (dont je suis), ce dernier roman, presque trop court, trop essentiel, est une nouvelle piste de compréhension, qui une fois de plus éclaire tout le reste. La matrice de l'écriture de Modiano c'est vraiment le danger, la fuite, l'évaporation, le souvenir.</p>
<div style="text-align: left;"><p>
Car ce que nous confirme <i>Souvenirs dormants </i>(et on respire l'effroi du narrateur (ou de l'auteur) à l'évoquer une nouvelle fois) c'est que si l'Occupation est au cœur de sa production, il y a aussi une certaine nuit de l'été 1965, avec un cadavre froid au 2 avenue Rodin, Paris XVIe. Modiano nous renvoie lui-même vers <i>Quartier perdu </i>avec la production du rapport d'enquête, les constatations de la police, avec la fuite et la disparition. Clin d’œil littéraire ou dissimulation du réel, à la limite peu importe.</p></div>
<div style="text-align: right;"><p>
"<i>Ainsi, on ne saura pas s'ils appartiennent à la réalité ou au domaine des rêves" </i>(p.96)<i> </i></p></div>
<h2>
Un narrateur face à ses propres démons</h2><p style="text-align: left;">Dans <i>Souvenirs dormants, </i>c'est comme s'il trainait derrière lui depuis trop longtemps quelque chose qui mêle le drame et la beauté, le banditisme et la fragilité. Des crapules qui menacent des femmes en suspension. Il y a un demi-siècle, le narrateur pense n'avoir été qu'un simple figurant dont personne ne se souvient, au milieu d'une population marginale et désargentée. On l'observe faire le bilan de ses nombreuses fugues et de ses lâchetés.</p>
<div style="text-align: right;"><p>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifdh9UH8yClsGJyR51wm2FftQHAWXyTMSLF3H3MhF4sdiLR3kghLbAMtU4UyVU65lXg-jU67-Xoq82qYmHfeHWmF5otwfAtmgX0757JrR8g2O-fIz6tJ0Z_mhuJ5yydmaR4APiqdIiCBED/s1600/IMG_8451.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifdh9UH8yClsGJyR51wm2FftQHAWXyTMSLF3H3MhF4sdiLR3kghLbAMtU4UyVU65lXg-jU67-Xoq82qYmHfeHWmF5otwfAtmgX0757JrR8g2O-fIz6tJ0Z_mhuJ5yydmaR4APiqdIiCBED/s400/IMG_8451.JPG" width="400" /></a><i>"Nous étions partis à pied de Saint-Maur, 35 avenue du Nord, et nous avions mis 20 ans pour arriver au 76, boulevard Serurier". </i>(p.100)</p></div>
</div>
</div>
<br />
<div style="text-align: left;">
<span style="text-align: justify;">Force est de constater que plus je le lis, plus je tente de reconstituer avec lui ce qui a pu se passer. Je croise ses romans, confronte ses personnages, je m'interroge, je cherche...bref j'ai l'impression de refaire une thèse. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="text-align: justify;"> </span></div><div style="text-align: left;"><p style="text-align: left;"><span style="text-align: justify;">Je me demande combien sommes-nous de lecteurs un peu fous (et moyennement en place quand même il faut bien l'avouer) qui continuons à reconstituer l'ensemble de son enquête sur ce qui n'est plus et qui n'a peut être même jamais été. </span><span style="text-align: justify;">Combien sommes-nous à recouper les états-civils improbables, les adresses et numéros caduques ? </span></p></div><p style="text-align: left;">
Et puis à chaque fois, il repart pour une nouvelle destination qui n'existe plus, ici ce n'est pas vers la rue des boutiques obscures à Rome qu'il poursuit son chemin , mais vers le portail vert de la dernière maison d'un village nommé Remauville.</p><p style="text-align: left;">
(que j'ai déjà localisé sur ma carte...tout en dissimulant à l'Homme mes agissements, je suis irrécupérable...).</p>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com25tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-6145613682793510952017-10-22T11:14:00.000+02:002017-10-22T11:14:11.292+02:00Les Furies<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmTcWhcx3v8PGI0GC8fKA6ucfb0JM1OKGJsWaw5yZBlQEpv1UoVRDN0FmvayOjV4Eswt8fvbiUNZFiliIWW2KaaqwPN90rC4K1kEthOco9lI1rzuYAretwCE3EyH69L2BmJAj_kY8phiJW/s1600/IMG_8340.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmTcWhcx3v8PGI0GC8fKA6ucfb0JM1OKGJsWaw5yZBlQEpv1UoVRDN0FmvayOjV4Eswt8fvbiUNZFiliIWW2KaaqwPN90rC4K1kEthOco9lI1rzuYAretwCE3EyH69L2BmJAj_kY8phiJW/s400/IMG_8340.JPG" width="300" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Lauren Groff, <i>Les Furies<br />(Fates and Furies 2015) </i>Traduction: Carine Chichereau<br />Editions de l'Olivier, 2017, 427 p.</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Lire <i>Les Furies , </i>c'est attendre la dernière partie pour comprendre le titre, et très honnêtement, on n'est pas déçu, on peut dire, sans rien déflorer, que le roman porte très bien son nom. Parce qu'on a des furies de compétition quand même.</div>
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Avant d'y arriver à ce dernier chapitre -qui remet tout dans le bon sens-, on suit l'histoire de Lotto Satterwhite, un dramaturge américain célèbre. Si le roman s'ouvre sur la scène de la consommation de son mariage sur une plage, en réalité, avec les flashback, on connaît le parcours de Lotto depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Lotto c'est l'acteur charismatique mais raté qui ne parvient pas à décrocher le moindre cachet, mais qui devient, suite à une énième déception noyée dans l'alcool, un auteur génial et adulé de tous. </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Alors évidemment, la perditude étant une sorte de hobbie chez moi, je me suis régalée de cet état d'esprit américain qui permet à chaque loser de réussir sa vie malgré tout. La notion des secondes chances est l'un des bonheurs de la mentalité américaine. <i>Les Furies, c</i>'est un roman addictif, jamais ennuyeux (en tous les cas de mon point de vue, je sais que d'autres blogueurs y ont vu des longueurs), porté par souffle narratif dense. On y parle de la création, de l'inspiration qui nait et qui disparait, de la nécessite de produire de l'art, de se renouveler, on y parle de spectacle vivant, dont il restera toujours les mots mais qui n'existe jamais que de manière éphémère.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
D'autant que finalement l'ascension de Lotto reste la toile de fond de l'histoire d'un couple. Et ce n'est pas un hasard si le roman s'ouvre sur les ébats de Lotto et Mathilde, car cette Mathilde est pour moi le vrai personnage principal du roman, femme de l'ombre du grand homme, comme l'exigent les codes de ce type de situation, elle est donc celle qui organise, qui traite, qui choisit, qui colmate...bref c'est le double laborieux du dramaturge réputé; jusques-là, on se dit qu'on est dans les thématiques classiques.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Mon seul problème, et je pense que c'est culturel, c'est l'outrance. J'avais déjà ressenti cela à la lecture <i>des Apparences </i>de Gillian Flynn, mais je crois, à la réflexion, que c'est propre à une certaine littérature américaine (et féminine): l'explicite qui hurle, le trop du trop, l'absence de suggestion. C'est particulièrement vrai pour les scènes de sexe (évidemment incontournables quand on traite du couple), mais qui sont à la fois récurrentes, exagérées, détaillées et un peu redondantes....uniquement quand il s'agit de scène hétéro bien sûr, puisque les deux passages de relations homosexuelles sont très implicites voire carrément suggérées, pour ne pas choquer le lecteur puritain sans doute.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Sauf que bien sûr, <i>Les Furies </i>va bien au-delà de tout cela. Il faut absolument le lire jusqu'au bout du bout pour attraper le vrai propos, qui de mon point de vue - ATTENTION SPOILER- fait de Lotto non plus le personnage principal, mais un prétexte, un enjeu, presque un objet que les furies se disputent. On peut ne pas être d'accord, mais pour moi, le renversement de point de vue du dernier quart du roman est sa grande réussite.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Parce que finalement, les <i>Furies </i>traite de la part d'ombre de chacun, le roman pose la question de savoir si on s'appartient vraiment, si véritablement on choisit seul son chemin de vie. <i>Les Furies </i>, c'est un roman sur l'amour, la création, l'aigreur, sur les rôles qu'on joue sur scène et dans la vie, sur ce qu'on est et sur ce que les autres pensent qu'on est. C'est un livre sur l'emprise et finalement ce n'est pas nécessairement celui qu'on pense qui domine l'autre. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Bref, on lit <i>Les Furies </i>comme on boit un apéritif trop corsé: c'est bon, ça brûle un peu, ça tourne la tête, et on ne sait pas bien dans quel état on va finir.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: right;">
C'était ma dernière chronique avant une sortie tant attendue #ChocDesAmbiances</div>
<div style="text-align: right;">
J-4 avant le ModianoDay</div>
<br />Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com34tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-19461301915613833092017-10-13T12:11:00.000+02:002017-10-13T12:11:48.373+02:00La Porte<div style="text-align: justify;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdeT9lATeIUqba7fIxCQ7yyjbtaHT5DogFM8fzMDMP-13Spe8AHx0loMFLAlHFocFXp1en_IfspMz4LztAMBwEpL9vw8OgNWRn3FNb7_SMczJGU8QJpjM5RzHYmzphP5IGGwWUDpQTLo5D/s1600/la+porte.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="480" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdeT9lATeIUqba7fIxCQ7yyjbtaHT5DogFM8fzMDMP-13Spe8AHx0loMFLAlHFocFXp1en_IfspMz4LztAMBwEpL9vw8OgNWRn3FNb7_SMczJGU8QJpjM5RzHYmzphP5IGGwWUDpQTLo5D/s400/la+porte.JPG" width="300" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>La Porte </i>de Magda Szabò (1987)<br />
Traduction Chantal Philippe<br />
Livre de Poche, 2017, 346 p.</td></tr>
</tbody></table>
Pour rester cohérente avec la ligne éditoriale de ce blog, je me suis dit que présenter <i>La Porte </i>de Magda Szabò, c'est vraiment être dans un état d'esprit anti feel-good. Car lire ce roman, à la toute fin de l'été, c'est choisir d'être à contretemps, à contre-saison, à contre-ambiance. Tout y est étrange, décalé et étonnant. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La Porte dont il est question, c'est celle d'Emérence, personnage principal du roman, femme de ménage hongroise, déjà d'un certain âge. La déjà, on sent qu'on n'est pas là pour rigoler. S'il est question d'Emérence c'est que la narratrice, une romancière assez connue, a besoin de quelqu'un pour tenir sa maison. A priori, on a le droit de penser que l'intrigue n'est pas vraiment attrayante. D'autant que, et tout l'intérêt du livre est là, la porte d'Emérence reste close. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'infranchissable porte d'Emérence, c'est la frontière éternelle de son intimité. </div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et derrière la porte toujours fermée de la vieille dame qui balaie, lave, époussette et range, il y a une vision du monde, les restes de son passé, de ses déceptions et de ses espoirs. Ce roman c'est d'abord l'histoire en creux d'une personnalité un peu hors des normes dans la deuxième moitié du XXe siècle (a peu près). </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Car Emérence, c'est vraiment la femme de ménage qui bouscule les codes de ce que l'on pourrait appeler la "domesticité". C'est l'employée qui choisit ses patrons, qui impose ses idées, ses horaires, sa rigueur et aussi un certain sens de la loyauté. Elle fait partie de ses personnages étranges, voire un peu inquiétants, qui sont mués par d'autres valeurs que le lecteur. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ne serait-ce que sur les animaux. Habituellement, je suis complètement insensible aux histoires entre les hommes et les bêtes (rien qu'avoir un aquarium chez moi m'a longtemps déprimée). Pourtant, toute sa vie, l'affection qu'Emérence entretient avec une pouliche, des chats ou un chien (ah ce chien!), a quelque chose de bouleversant (et si moi je suis bouleversée, c'est vraiment qu'il y a quelque chose qui va au-delà de l'animal de compagnie; quelque chose de l'ordre de la réflexion sur le vivant, sur l'attachement entre les êtres peut-être).</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Derrière cette Porte, il y a aussi le passé de la Hongrie (qu'évidemment nous lecteurs français, globalement incultes sur l'histoire du reste de l'Europe, nous ne connaissons pas ou peu). Il y a la violence des hommes, les trahisons, les souvenirs, les déceptions, les actes courageux, la reconnaissance aussi.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Et devant sa Porte, pendant le roman on croise toute une série de seconds rôles bien soignés, de personnages consistants : gens du quartier, voisins de la rue, les vagues amis et les connaissances lointaines. Mais surtout, devant cette porte, il y a une narratrice. Une intellectuelle de haut vol, qui ne peut pas à la fois écrire, réfléchir et s'occuper de son linge, de son ménage et de ses repas. Evidemment. Elle doit se débarrasser des corvées domestiques pour produire de l'art, du verbe, de la réflexion. Je ne sais pas quelle est la part autobiographique de ce roman, mais le moins que l'on puisse dire c'est que la romancière ne s'est pas épargnée, elle qui ne fonctionne qu'avec sa tête sans essayer de se servir de ses mains. </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Et si <i>La Porte</i> est un beau livre c'est aussi parce qu'il traite implicitement de la dignité, de la loyauté et de l'égoïsme. Il y a celle qui a les mains dans la crasse des autres et celle qui est incapable de mettre les siennes dans sa propre saleté. Il y a à la fois le lent naufrage de l'une qui ne pouvait se résoudre à ce qu'on fasse pour elle ce qu'elle faisait pour les autres; et l'histoire de l'autre qui n'est pas à la hauteur de la confiance qu'on lui porte.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
C'est le genre de roman âpre et sourd qui en laissera plus d'un sur le bord de la route, parce qu'il est dénué de toute légèreté. A la fois sec et profond, il se fera une place dans la tête des certains lecteurs longtemps après la fin du livre. <i>La Porte </i>est de ces livres qui font réfléchir sur soi et son rapport aux autres, dont on sort un peu bousculé tant sa construction est étonnante, son ton étrange, et son dénouement tragique.<br />
<br />
<div style="text-align: right;">
Founisseur officiel: une non blogueuse qui se reconnaîtra.</div>
<br />
<span style="text-align: justify;">Je précise que s'il y a un livre qu'un esthète doit impérativement posséder, c'est bien</span><i style="text-align: justify;"> </i><span style="text-align: justify;">celui-là </span><span style="text-align: justify;">parce qu'une couverture aussi belle mérite sa place dans n'importe quelle bibliothèque (#PointDéco #CestCadeau)</span><span style="text-align: justify;">. </span>Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com70tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-50569301562765442572017-10-09T14:51:00.000+02:002017-10-09T14:51:16.339+02:00Mon immersion #4<div style="text-align: justify;">
<i>Je m'appelle Galéa, j'ai 38 ans, j'étais plus ou moins addict aux réseaux sociaux,</i><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuCt4CO97YnV628PpMhrggMFLaLb2jz_I_GAiHmdKfqpwtz4nIBHbPz1341SzRHJ_jtpJqNkM6sui8SOCAA12JdhjsSI0OnjFVOSXunFr1bC0PtZVWMcjjdZ7tLtXX0gpr5o0v2u7cIter/s1600/FullSizeRender.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="966" data-original-width="611" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuCt4CO97YnV628PpMhrggMFLaLb2jz_I_GAiHmdKfqpwtz4nIBHbPz1341SzRHJ_jtpJqNkM6sui8SOCAA12JdhjsSI0OnjFVOSXunFr1bC0PtZVWMcjjdZ7tLtXX0gpr5o0v2u7cIter/s320/FullSizeRender.jpg" width="202" /></a><i>Je suis abstinente (sur FB et IG) depuis 47 jours.</i><br />
<br />
Je considérais être arrivée au bout de ma désintoxication 2.0 (c'est à dire que je ne suis pas retournée sur FB et IG, hormis la page du blog, mais j'ai repris twitter en douce pour être au courant de ce qui se passe dans le monde et pour suivre les blogs).<br />
<br />
Je pensais donc m'arrêter là, quand j'ai reçu un mail du service du CHU. La prochaine séance serait donc à "<i>ciel ouvert</i>", c'est à dire en extérieur pour que nous puissions "<i>reprendre contact avec le réel</i>" . Oui rien que ça. Cela consistait à se retrouver dans un café, un vendredi soir à 18 heures ( heure bâtarde s'il en est: trop tard pour un thé, trop tôt pour un apéro).</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
J'ai donc renvoyé un mail où je déclinais. En me servant honteusement de mes 3 enfants comme prétexte, j'ai expliqué que c'était impossible pour moi, car c'est l'heure maudite, où je suis seule à gérer avec une bienveillance en deuil, les douches, les devoirs, les heures de colles, les histoires de copinages du collège, les gammes de violoncelle (saleté de position du pouce)...donc 18h, désolée, merci mais non merci.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Sauf qu'en réponse, on m'a dit que ce serait, si tout se passait bien, mon ultime séance, rapport à ma pathologie considérée comme modérée (tu m'étonnes vu les boulets).</div>
<br />
J'ai donc du y aller, en espérant que cet effort surhumain marquerait la fin de ma thérapie.<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Je suis arrivée évidemment un peu en retard, le mascara moyennement en place, la frange frisottant, avec dans mon sac des restes du gouter des grandes, le tout me donnant une allure franchement négligée. Ils étaient tous assis autour d'une table basse dans un bar totalement impersonnel, ni branché, ni ringard pour que toutes les classes d'âge se sentent à l'aise, et pour qu'on ne paie pas 7€ la consommation (j'ai tenté une photo mais j'ai eu peur qu'on s'en serve contre moi à l'avenir). Déjà mauvaise surprise, il n'y avait que des jus d'orange et des infusions sur la table, et Jean-Charles m'a prévenu "<i>on ne prend que des soft hein ?</i>" (RIP la bière que je me faisais une joie de boire à l'heure des bains).</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
La seule à côté de qui il restait de la place c'était évidemment Paméla (celle qui t'accroche comme une bernique en se pensant ta meilleure amie). Thierry, toujours dans les tons beiges est à côté de la dame pro-commerce-équitable (celle qui donne des leçons de moral à tout le monde). Je ne connaissais pas les autres, mais au total nous étions 7. Nous avons été sélectionnés pour cette séance parce que nous sommes ou avons été blogueurs à un moment (perso j'ai menti sur le formulaire, en disant que j'avais arrêté de bloguer après la naissance de Duracell, j'ai juste omis de dire que j'avais repris depuis).</div>
<br />
"<i>Vous êtes là réunis parce que le fait de bloguer a biaisé votre rapport aux réseaux sociaux, les pages FB, le nombre de like, les retweet, les partages etc...tout cela a modifié le rapport que vous aviez à la communauté, parce que globalement vous aviez tous quelque chose à vendre</i>".<br />
<br />
Silence de plomb. Jean-Charles (qui est habillé d'une sorte de jogging -!- sans doute pour éviter que naisse toute ambiguité avec ses patientes - objectif largement atteint), Jean-Charles donc propose de faire un tour de table pour que chacun présente son blog (ou ce qu'il en reste).<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Paméla commence fièrement par annoncer qu'elle a un blog <i>lifestyle</i> (je comprends qu'il s'agit d'un blog où on raconte sa vie et ses achats) avec tous réseaux confondus 9000 abonnés, un petit millier en moyenne de vues par jour, 3 billets par semaines, une dizaine de partenariats par mois etc...Je scrute les autres participants, en commandant (la mort dans l'âme) une menthe à l'eau. Ils hochent tous de la tête, pas franchement impressionnés (alors que moi j'hallucine). Thierry, comme on s'y attendait, alimente un blog d'opinion, ses chiffres claquent moins, mais bon ça reste le triple de ce que je faisais à ma période faste. Mme commerce-équitable tient un blog de "cuisine responsable" (on s'en serait douté), puis se présente un blogueuse mode (qui cache bien son jeu tant elle est quelconque), une blogueuse famille (au secours purée), une blogueuse run (chouette ...mais en fait non, on voit qu'elle se la raconte même quand elle se tait) et un blogueur SEO (avec l'accent anglais) dont je ne comprends pas bien ce que ça veut dire mais je hoche la tête aussi.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Quand vient mon tour, je marmonne en toussant "littérature". Je sens bien qu'on évolue pas dans les mêmes sphères. Petit silence mi-gêné, mi-connivent. A voir leur visages plein d'empathie à mon endroit, je me sens dans le même état que le dernier mariage où je suis allée, quand, au milieu des Mercedès et des Audi coupées, nous nous sommes garés avec notre monospace français qui n'est plus si jeune (et dont j'ai déjà fait l'aile droite, embouti le pare-choque et rayé la portière passager). Je me sens à peu près dans le même sentiment de décalage, mais le pire est à venir.</div>
<br />
Personne n'ose me demander mes scores (de toutes manières, j'ai dit que je l'avais supprimé), mais Jean-Charles poursuit sur sa lancée.<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
"<i>Qui parmi vous n'a jamais quémandé des like, qui n'a jamais organiser des concours auxquels ne pouvaient participer que ceux qui partageaient votre page Facebook, lesquels parmi vous n'ont pas inondé les fils et time-line de leurs followers en leur promettant des cadeaux pourris fournis par un sponsor qui ne servaient qu'à engranger des j'aime et des commentaires, qui n'a pas fait des demandes d'amis en cascade juste pour envoyer des invitations à aimer sa page ?</i>".</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Gros silence. Perso, je jubile. J'ai ma revanche, je me sens un peu comme l'incorruptible blogueuse du siècle, pour un peu j'embrasserais ledit Jean-Charles qui me regarde avec des yeux de veau. Je sirote très bruyamment ma menthe à l'eau, et je réponds un peu fort "<i>moi, Jean-Charles! Je ne me suis jamais livrée à te telles manoeuvres</i>"</div>
<br />
-"<i>Même pas pour faire gagner un livre de poche à 6€ Galéa ?</i><br />
-"<i>Même pas non.</i><br />
<br />
Je savoure ma supériorité éthique; et j'entends derrière moi, une blogueuse famille qui me lance:<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
-" <i>Oui enfin évidemment...une blogueuse littéraire</i>" elle rit bêtement ",<i>je crois aussi que les blogueuses genre...heu...qui parlent des chevaliers de l'an 1000 au lac de Paladru, elles ne le font pas non plus, ou celles qui font de la peinture sur soie"</i>. Rires de fayots autour de la table. Dois-je me réjouir qu'elle ait vu un film de Resnais ou bien est ce que je l'attaque tout de suite sur son physique (et il y a de quoi) puisqu'elle vient de se moquer non seulement des gens qui lisent mais aussi de ceux qui ont fait des études d'histoire?</div>
<br />
Mais à voir la tête des autres, je comprends que la blogo littéraire, c'est la blogo du pauvre. Je vois les autres "patients" lever les yeux au ciel et la blogueuse mode, avec ses affreux ongles tigrés, pouffe carrément "<i>Nan mais sérieux quoi!!! Un blog qui parle que de bouquins ?"</i><br />
<i><br /></i>
Je suis vexée comme un petit pou.<br />
<br />
Jean-Charles qui sent que j'ai du potentiel en matière de frittage tente de calmer le jeu:<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
"<i>Non mais Galéa, c'est juste que bon la littérature...non mais déjà la littérature c'est bien, c'est sûr il en faut, mais comment te dire, ce n'est pas ce qui génère le plus de flux sur les RS tu te doutes bien (</i>j'ignore tellement sa présence qu'à un moment il va penser qu'il n'existe plus). <i>Galéa, arrête de bouillir, ce n'est pas méchant, mais économiquement, tu comprends bien que bon, si tu tiens un blog littéraire, ça restreint beaucoup le public tu vois, personne ne peut te citer un blogueur littéraire connu, aucun d'entre vous n'est devenu secrétaire d'état par exemple</i> (rire d'autosatisfaction communicatif au reste de l'assemblée)<i>, tu ne vas pas te faire sponsoriser par des marques de vêtement ou de puériculture, tu comprends, au maximum des éditeurs, enfin je ne sais pas, tu as déjà vu des foules se presser devant une librairie pour s'arracher un livre en solde? Non mais je plaisante hein...mais bon ça reste une niche assez marginale, tu comprends, mais ça t'honore d'avoir continuer malgré cela".</i></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Dans ma carrière de perditude, je crois que cet épisode restera gravé à jamais dans ma mémoire. Je me concentre très fort sur un lampadaire, dans ma tête je compte jusqu'à 2 000, j'allume une cigarette en soufflant ma fumée bien fort pour tous leur donner le cancer, et je me dis que là, je devrais m'en aller, drapée dans ma dignité.</div>
<br />
C'est alors que Paméla se sent obligée d'intervenir<br />
<br />
"<i>Nan mais attends Galéa il en faut pour tous les goûts aussi, je te comprends, c'est chouette de lire, moi j'aime bien aussi parfois, tiens par exemple là tu vois j'ai reçu le livre d'une blogueuse qui a fait une téléréalité avant de monter sa marque de thé, c'est drôlement bien, vraiment je le lis avec plaisir</i>".<br />
<br />
"O<i>ui, oui c'est </i>No Filter", rugit la blogueuse mode<br />
<br />
Vu que je ne sais pas du tout à quoi elles font allusion, je réponds :<br />
<br />
"<i>Certains blogueurs littéraires font ce que tu dis: les partages, les concours, les likes etc...hein, tu crois quoi, qu'on est trop stupides pour faire comme les autres</i>?"<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Rires contenus, puis moins contenus, puis carrément éclats de rires, j'entends des phrases genre "<i>Tu crois que les blogueurs littéraires arrivent à en vivre toi ?", </i>même Mme commerce-équitable est secouée de rire, Paméla tente de se contenir, et Thierry me regarde un peu désolé. Les autres tables nous regardent en souriant. Là de loin on passe pour une bande de copains qui rigolent joyeusement.<br />
<br />
La blogueuse run m'assène le coup de grâce "<i>C'est un peu facile de se la jouer détachée de tout ça quand on est sur un créneau qui n'intéresse personne". </i>Saleté. </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Jean-Charles reprend la parole "<i>Bon peu importe, je pense que Galéa, même à son échelle </i>[vague de rires discrets autour de la table]<i>, va pouvoir enrichir le débat, car si je vous ai réunis tous ensemble, c'est pour que vous compreniez que de toutes manières, le blog en tant que média, c'est complètement dépassé".</i></div>
<br />
Silence de mort. C'est à ce moment là que L'Homme me harcèle de textos car il est seul avec les trois filles dont Duracell qui a décidé de manger ses lentilles à la fourchette (purée dans quel état vais-je retrouver ma cuisine?). Paméla, interloquée, regarde Jean-Charles avec les yeux du désespoir, Thierry semble résigné, Mme Commerce-Equitable fait une moue dubitative, M. SEO hoche la tête avec tristesse comme quelqu'un à qui on annonce un diagnostique qu'il sentait venir, la blogueuse mode réajuste son étole léopard en faisant non de la tête...On sent que ça pique pour tout le monde. L'Homme m'envoie que Numérobis à 39,7 et me demande s'il lui donne un doliprane. Je me dis qu'il est temps de lever le camp.<br />
<br />
Mais, j'ai encore du tenir encore 1/2h avant de rentrer chez moi.<br />
<br />
La question est: dois-je sur mon propre blog expliciter en quoi la blogosphère est devenue ringarde?<br />
<br />
Ou bien je fais comme si je ne m'étais pas rendue à cette ultime séance.Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com76tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-62139901051153230062017-10-03T06:00:00.000+02:002017-10-03T06:00:16.056+02:00Les Vacances <table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEids3MqIi1n8hiR2pCaHf7_kyRpYUDaVrby4yc0YbvOW2r5GzMwWZk1KJoRpyr2YgEq_SXmsBeSuId9XTvzkbk4SVlODsTs585qKovU0h5zDB98IFyypck0Fpla2uy11uuX8IaduuHJF1I0/s1600/IMG_8180.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="480" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEids3MqIi1n8hiR2pCaHf7_kyRpYUDaVrby4yc0YbvOW2r5GzMwWZk1KJoRpyr2YgEq_SXmsBeSuId9XTvzkbk4SVlODsTs585qKovU0h5zDB98IFyypck0Fpla2uy11uuX8IaduuHJF1I0/s320/IMG_8180.JPG" width="240" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i>Les Vacances</i> de Julie Wolkenstein<br />POL, 2017, 361 p.</td></tr>
</tbody></table>
Comment dire ?<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
En fait, je n'ai pas acheté<i> les Vacances </i>de Julie Wolkenstein, je me suis littéralement jetée dessus, et plutôt deux fois qu'une d'ailleurs, car je l'ai offert à une jurée ELLE qui avait adoré <i><a href="http://souslesgalets.blogspot.fr/2013/09/adele-et-moi.html">Adèle et moi</a> </i>(le colis est en partance <a href="http://parenthesedecaractere.blogspot.fr/">Val</a>; ne lis pas ce billet tout de suite).</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Alors, d'abord, j'ai bien aimé. C'est un livre agréable à lire.<br />
<br />
Oui...mais....<br />
<br />
Bien sûr, je savais bien qu'il serait difficile de passer après <i>Adèle</i>, qui de mon point de vue était un grand et beau livre. Entre temps, j'ai lu d'autres Wolkenstein, et vu que j'aime les romanciers qui écrivent toujours le même livre (on s'en douterait...rapport à Modiano #DieuLittéraireVivant), à chaque roman, je retrouve avec plaisir la maison mangée par la mer, les vieilles dames au passé sombre, les traces qui n'en sont peut-être pas, les portraits des universitaires, le tabac et l'alcool, les maternités ambiguës, les parents divorcés, le père mutique, la mère fantasque, l'Amérique toujours un peu suggérée etc... à chaque fois je me régale. </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Donc là rebelote : Sophie, une universitaire spécialiste de la comtesse de Ségur et proche de l'éméritat part dans un institut normand (un vieux monastère transformé en centre d'archives) retrouver un dossier sur Rohmer, qui doit être le thème d'un colloque à l'étranger. Elle y croise un trentenaire thésard (et bien entendu fauché, beau gosse et venant d'une famille fantasque) qui, hasard de dingue, travaille aussi sur Rohmer (en particulier) et sur les films invisibles (en général).</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjX1F7z-y-miclRYFJewWR7Z5EhRlmZR_8NfdxwEE_cCfEIW0-Zy1xElSuojZYRNYChmb3XO-UdRCV5jH-z_9VE2Qefp4Uw2Lt6WMPL5GbTk8H-uiYyVAdJVl9VMR6GSdBbghrXetSj-Uf0/s1600/IMG_8181.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="480" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjX1F7z-y-miclRYFJewWR7Z5EhRlmZR_8NfdxwEE_cCfEIW0-Zy1xElSuojZYRNYChmb3XO-UdRCV5jH-z_9VE2Qefp4Uw2Lt6WMPL5GbTk8H-uiYyVAdJVl9VMR6GSdBbghrXetSj-Uf0/s320/IMG_8181.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
Donc le pitch était évidemment écrit pour moi.<br />
<div>
<br /></div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
Sauf que Julie Wolkenstein a du lire trop attentivement les critiques des jurées de septembre qui l' avaient éjecté de la pré-selection (sachez-le les filles, je ne vous le pardonnerai jamais). <i>Adèle et moi </i>avait été jugé trop long, trop littéraire, trop exigeant etc..., et je me demande si Wolkenstein ne s'est pas dit: "<i>allez ma grande, fais un livre qui marche pour le plus grand nombre</i>". Donc j'y ai retrouvé tout ce que j'aimais.</div>
</div>
<div>
<br /></div>
Sauf que....<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Mais le style punaise! Alors que ces précédents romans étaient écrits dans une langue très littéraire que j'affectionne, là je me retrouve avec des : "<i>on bouffe", "on clope", "on gerbe" </i>etc.... Rien que l'incipit, j'ai failli allumer ma cigarette à l'envers (purée depuis quand on écrit comme on parle ? Moi aussi je m'exprime comme un charretier, mais bon, à l'écrit on se tient non ? C'est trop demander, un peu de beau, d'élégance, de tenue?)</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg27111sSFzJOcF1-ebW1nWd6SAAgjxl8VTA3sjVUlRYZk96PHRZbXHsywjIZxHnMrkLQws049XdfixUJZJQlNawX_CN2AY9UKrY_zkn1jj8UlZ1MOWn6gGCAd5UerPZ3bVISsM1Hu0H1w2/s1600/IMG_8182.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="640" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg27111sSFzJOcF1-ebW1nWd6SAAgjxl8VTA3sjVUlRYZk96PHRZbXHsywjIZxHnMrkLQws049XdfixUJZJQlNawX_CN2AY9UKrY_zkn1jj8UlZ1MOWn6gGCAd5UerPZ3bVISsM1Hu0H1w2/s400/IMG_8182.JPG" width="400" /></a>Et puis il y a le problème de la crédibilité. Ma mère a l'âge de Sophie la narratrice, et honnêtement, autant Juliette (20 ans) ou la narratrice d'<i>Adèle</i> (40 ans) étaient hyper crédibles, autant là, pas tellement. Hormis le fait qu'elle va faire pipi toutes les 3 pages (le périnée pas rééduqué j'imagine...à la page 100, j'en avais vraiment assez qu'elle aille aux toilettes), je ne retrouve rien des femmes de plus de 60 que je fréquente et qui sont dans l'antichambre de la retraite. Concernant la deuxième voix du roman, Paul, je ne veux rien dévoiler, mais ce qui lui arrive est aussi moyennement probable, voire carrément capillotracté.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Enfin, il y a le problème de la facilité. Tout est bien ficelé, ça s'enchaine sans accroc jusqu'au dénouement final dont on se doute qu'il va arriver comme une fleur ; de coups en chance en hasards incroyables, ta ta ta, tout roule, donc on y va cool, on comprend au ton qu'elle utilise qu'il n'y aura pas (ou peu) de failles, de zones d'ombre, de questions sans réponse.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Bien sûr, on le lit avec plaisir, on ne le lâche pas en route, parce que tous les ingrédients sont là, c'est moderne, avec même une pincée de Game of Throne dedans (et une spécialiste m'a dit que pour écrire ça il faut être un vraie fan). Bien sûr, le discours aviné en fin de pot de thèse d'un MCF dépressif qui se désole de l'effondrement du système universitaire est drôlissime. Et tout ce qui a trait à l'Université est vraiment très réussi (des repas entre chercheurs autistes jusqu'à la grève de la faim d'une universitaire attachée à ses archives comme à des animaux, tout cela est excellent). On aime sans réserve l'idée de la voiture enfumée, de Nostalgie à fond sur les routes de Normandie, le vin, la mer, la tisane, les embruns, les souvenirs, les photos etc....</div>
<br />
Mais bon.<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Zéro tragique, un dénouement tellement gros qu'on le voit venir de très loin, et surtout il n'y a plus ni la profondeur dramatique d'<i>Adèle et moi</i>, ni la dimension littéraire (le passage du Dormeur du Val était tellement beau), il n'y a pas les retournements narratifs que seuls la littérature permet, il n'y a plus ce doute lancinant du dénouement, cette pirouette qui nous parle du faux, du vrai, du peut-être.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Je le le conseille aux consommateurs de feel good books (puisqu'une chroniqueuse de France Culture le fait rentrer dans cette catégorie), parce que c'est vrai que c'est une lecture agréable, fluide et facile (je comprends d'ailleurs dans la foulée que ma nature profonde et sinistre résiste à ce type de romans).</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Je ne sais pas bien ce qu'a tenté Julie Wolkenstien, mais bon ça a l'air de marcher, puisqu'<i>Adèle et moi </i>était passé quasiment inaperçu en 2013, alors que <i>Les Vacances</i> est sur la liste du prix de l'Académie Française. J'ose le dire que je fulmine ou pas ? Bref, je regrette que cette mise en lumière ne soit pas sur son meilleur livre.</div>
<br />
A bien y réfléchir, peut-être qu'une fois qu'on a écrit un pavé aussi travaillé qu'<i>Adèle et moi, </i>il n'est pas vraiment possible de rester dans la même veine, et que la romancière avait sans doute à ce moment là, besoin de légèreté.<br />
<br />
Rendez-vous au prochain Mme Wolkenstein et sans rancune, je vous aime encore.<br />
<br />Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com53tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-13072027527028778082017-09-30T06:00:00.000+02:002017-09-30T07:53:09.899+02:00My SeptemberMe revoici, hors d'haleine au bout de ce mois de septembre-marathon (pour les mères dénuées de sens pratique, c'est un mélange de retards humiliants, de dilemmes domestiques et de calculs savants pour savoir qui emmener qui à quelle heure et où).<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Bref, j'avais bien envie de reprendre le rendez-vous initié par <a href="https://aumilieudeslivres.wordpress.com/category/moi-apres-mois/">Moka</a>, ce <i>Mois par moi</i> que j'affectionne tant et que je lisais chez les autres même quand je ne bloguais plus, et puisque je me suis attrapée un de ces virus que les hommes appellent "la grippe" et que nous femmes, appelons un "gros rhume", je me suis dit que je pouvais me faire plaisir quand-même et tenter un <i>Mois par moi</i> en vidéo. </div>
<br />
J'y ai perdu un temps fou, je me suis bien amusée, et je me suis dit qu'il compenserait mon sevrage de RS dont l'un des dégâts collatéraux est de prendre nettement moins de photos qu'avant. C'est approximatif, égocentrique et partial, bref Tarantino n'a rien à craindre.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/kOqtt4aHIeA/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/kOqtt4aHIeA?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<br />
<br />
<br />
<br />Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com61tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-34717356078752833002017-09-21T16:12:00.000+02:002017-09-21T21:42:17.562+02:00Mon immersion #3<div style="text-align: justify;">
Je le reconnais, j'ai séché la dernière séance de sevrage, parce que j'avais été convoquée par l'infirmière scolaire du collège de Rayures "<i>Madame, vous ne me rapportez pas le PAI actualisé de votre fille, je vous préviens à la prochaine crise d'asthme, j'appelle les pompiers". </i>Au début j'ai bien tenté un peu d'humour avec un pathétique: "<i>ou vous lui donnez 2 bouffées de ventoline toutes les 20 minutes pendant 1 heure, ça marche aussi". </i>Mauvaise idée. Son regard plein de mépris et d'exaspération m'a convaincue de me taire. Le rendez-vous s'est conclu par un humiliant "<i>pas de PAI, pas de ventoline"</i>.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjccfjyEhwnmXh_HtDpiaCBkXEikaV7GSzSPY_aovLtV9_tqWtmJAE_BBiFzxr5UFWGYtbdfsuGg9C8QuXttyEWt9p_nvcg7TlHecBmT8vYuNGPTqoEjJQAjYzuEFYmfZUYwYrpkr5Bq89f/s1600/fp-1.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjccfjyEhwnmXh_HtDpiaCBkXEikaV7GSzSPY_aovLtV9_tqWtmJAE_BBiFzxr5UFWGYtbdfsuGg9C8QuXttyEWt9p_nvcg7TlHecBmT8vYuNGPTqoEjJQAjYzuEFYmfZUYwYrpkr5Bq89f/s320/fp-1.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Bref, j'ai expliqué cela à Jean-Charles au téléphone la semaine dernière, qui a fait une sorte de moue radiophonique qui signifiait à quel point il me faisait confiance. J'y suis donc retournée ce matin, avec l'entrain d'une condamnée, juste après ma convocation à l'école primaire de Numérobis (qui n'a rien trouvé de mieux pour commencer l'année que de partager, à la cantine, son cordon-bleu avec une "sans viande", ce qui m'a valu un savon mémorable de l'économe ET de la responsable de cantine: "quand on dit <i> "sans-viande", votre fille ne comprend pas ça veut dire même la viande entourée de fromage et de panure ? </i>J'ai pitoyablement baissé les yeux en faisant mon mea maxima culpa.)</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
J'ai donc du rattraper la séance manquante, qui consistait à s'auto-flageller en public. Les autres l'ont fait à la dernière rencontre, j'ai du donc m'y soumettre seule devant leurs regards pleins de compassion. L'exercice consistait lister tous les trucs inutiles que je postais sur Facebook: mes temps de courses à pied et mes efforts douloureux, mes problèmes divers et variés avec l'Education Nationale, le retour des multiplications à trous, mes déboires avec la SNCF, ma voiture, la Poste, la CAF, mes commentaires sur la météo, le trafic routier, les émissions télé pourries de l'Homme ....</div>
<br />
Satisfait, Jean-CHarles m'a approuvé en hochant la tête avec cette répartie sublime :<br />
-"<i>Galéa combien avais-tu d'amis sur Facebook?</i> (oui maintenant on se tutoie pour vraiment aller au fond des choses)<br />
-"<i>Je ne sais pas ...une grosse centaine peut-être...</i><br />
- "<i>Combien d'entr'eux réagissaient à ce que tu racontais?</i><br />
- "<i>5 ou 6, parfois une dizaine je pense </i><br />
Silence un peu gêné, je sens qu'il attend quelque chose ...vu que je ne dis rien, il enchaine:<br />
-" <i>c'est proportionnellement peu on est d'accord ?</i><br />
<i>-" On est d'accord </i>(mais ces 5 ou 6 là me manquent quand même...)<br />
<br />
Je n'ai plus ma dose de choses inutiles en fait.<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Aujourd'hui, c'était l'apothéose du programme: "c<i>hacun va maintenant nous parler de sa part d'ombre, </i>nous dit Jean-Charles hyper sérieux (il a remis son pantalon de gourou d'ailleurs)<i>. Je ne parle pas évidemment de votre côté inutile mais banale, mais vraiment de votre part d'ombre, le très mauvais côté de vous qui a surgi avec les RS, je vous ai demandé d'y travailler la dernière fois, nous allons commencer par Galéa, Quand as-tu passé la ligne rouge ?</i></div>
<br />
Hein ?<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
J'avoue que je me moque de certains posts avec mes copines en off, que j'ai masqué un partie de mes contacts trop virulents, que j'ai déjà demandé à quelqu'un d'arrêter de commenter l'une de mes publications...Je sens bien qu'il en attend plus...</div>
<br />
"<i>Galéa, va plus loin, sois plus honnête...</i><br />
<i><br /></i>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Je lui raconte les piques récurrentes aux services de presse, les blogueurs complaisants qui m'exaspèrent et sur lesquels je m'acharnais régulièrement, bien sûr je pense aussi aux chantres de l'éducation bienveillante qui me pourrissent la vie avec leurs grands principes....mais honnêtement, ils ont tous fini par me dégager à un moment, donc bon, à la limite je ne suis pas trop nocive comme fille. Jean-Charles est complètement en transes, limite il m'effraie, il attend que j'avoue un meurtre visiblement. </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Thierry , l'expert comptable, toujours habillé dans un joyeux dégradé de beige-marron vient à mon secours: "<i>Relax Galéa, on a tous avoué des trucs pas glorieux, moi par exemple, à la fin, pour exister, je ne twittais que sur des </i> <i>faits divers sordides</i> (disparition d'enfants, assassinats collectifs etc...) <i>en imaginant des scenarii complètement trash pour faire réagir les twittos</i><i>. Si ma propre nièce n'avait pas cité l'un de mes tweets (sans savoir que c'était moi) dans l'affaire Fiona, je le ferais peu-être encore".</i></div>
<br />
Je suis un peu gênée parce que forcément il met la barre haut, à la limite on est tous normaux par rapport à lui. Enfin, c'est ce que je croyais.<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Elisabeth (60 ans, propre sur elle, qu'on imagine au yoga ou bien en train d'aller chercher son panier bio et équitable) m'explique qu'elle se prenait pour Dieu. Devant ma réaction dubitative, elle m'explique: "<i>je demandais les gens en amis sur un réseau, un autre, et puis s'ils m'énervaient je les dégageais, par fois je les bloquais, les redemandais en amis plus tard quand j'étais calmée. Tu comprends j'avais l'impression d'avoir un pouvoir sur le monde. L'inverse de la vraie vie...quelqu'un m'énervait: pouf! il n'était plus là, pas d'explication, rien". </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Quand je pense que j'aurais confié mes filles à cette dame en toute confiance, je frémis.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
"<i>J'ai arrêté suite à une sale histoire, il y avait une fille avec qui je m'entendais bien mais qui postait tout le temps des trucs qu'elle achetait sur Amazon (vaisselle, vêtements, cd, aspirateurs etc....); au début je pourrissais tous ses liens en évoquant les conditions de travail chez Amazon, la mort des petits commerçants etc....mince quoi, on faisait partie d'un groupe de consommateurs responsables et elle passait son temps à promouvoir ce site honteux....Un jour c'est elle qui m'a dégagée sans préavis, c'était la première fois que cela m'arrivait, j'ai pris dur; j'ai appris deux mois plus tard qu'elle était en fauteuil roulant suite à un accident, alors forcément Amazon ..."</i></div>
<i><br /></i>
C'est quoi ces malades?<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Comme si ça ne suffisait pas Paméla (27 ans, talon haut et balayage nickel...Mlle-2-portables) nous raconte, que sur Facebook elle s'était fait de vraies amies, à qui elle s'était confiée, le genre de filles extra avec qui on échange des choses intimes (je hoche la tête pour faire genre, mais elle m'inquiète déjà). Quand elle s'était rendue compte qu'elle n'avait pas été invitée à l'anniversaire de l'une d'entre elles (une blogueuse lifestyle de Marseille), elle en avait été meurtrie. "<i>ils ont posté des photos sur FB et sur IG, il y avait plein de filles du lifetsyle sauf moi </i>(tu métonnes )<i>....Au début je reconnais, je l'ai un peu harcelée sur Messenger pour qu'elle m'explique pourquoi je ne faisais pas partie sa dream team, et elle prenait de la distance, c'était affreux, je croyais qu'on était proches, et je voyais bien que ça la gonflait de me répondre</i></div>
<i>- "Mais heu...tu l'avais déjà vue</i>?<br />
-"<i>Nan, mais purée quoi, Marseille c'est à côté quand même, pourquoi avoir invité cette pouff </i>[dixit] <i>de Lyon et pas moi ?</i><br />
<i><br /></i>
Devant mon silence d'incompréhension, elle continue, "<i>j'ai passé la ligne jaune quand je l'ai googlisée pour en savoir plus sur elle, et de fil en aiguille (je sais ça craint) mais vu que ma soeur bosse aux Trésor Public, bon bah on s'est aperçue qu'elle ne déclarait pas ses revenus du blog (pas grand chose mais quand même) , donc bon, je n'en suis pas fière, mais disons...que enfin tu vois quoi"</i>.<br />
<br />
C'est là que je me dis qu'avec le nom que je porte, il n'aurait pas fallu que je l'aie pour voisine pendant la guerre.<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Il y a ensuite l'ado toute mignonne (14 ans, belle comme tout, accompagnée de sa mère) qui raconte avoir ouvert un compte IG public pour poster des photos des gens les plus moches du collège prise en cachette dans la cour, en laissant les commentaires les plus horribles se dérouler. Elle ne peut s'empêcher de sourire en nous le racontant, devant le regard désolé et honteux de sa mère. L'un des parents de "moches" avait porté plainte. Inutile de préciser qu'elle n'était pas là de son plein gré.</div>
La seule réaction qui m'est venue à l'esprit:<br />
- <i>Tu es dans quel collège?</i><br />
Jean-Charles m'a fait savoir que ma question était très mal venue.<br />
<br />
Je dois avoir un tête de dépressive car Jean-Charles me regarde "<i>Galéa, si tu es là c'est que toi aussi tu as passé la ligne rouge à un moment, sinon c'est que tu n'as rien à faire ici".</i><br />
<i><br /></i>
Effectivement, est ce que j'ai vraiment quelque chose à faire avec ces gens-là ?<br />
<br />Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com69tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-12480618723210073962017-08-24T11:00:00.000+02:002017-08-24T11:00:00.149+02:00Mon immersion dans le service d'addictologie #2<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZ4foh_-5QJaQDI-QT9zacEaW8gpwZy5vJfmr-eN1xciwgvWzOs6V9VQvejYQwt0Zy-jwjoOqq5FiIuyQtzoBmuWURNA8tITW1xxlxSb9zA-in8TDOoIYumNCGxzh32bG55zlUkIVKjJL1/s1600/IMG_8039.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="546" data-original-width="471" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZ4foh_-5QJaQDI-QT9zacEaW8gpwZy5vJfmr-eN1xciwgvWzOs6V9VQvejYQwt0Zy-jwjoOqq5FiIuyQtzoBmuWURNA8tITW1xxlxSb9zA-in8TDOoIYumNCGxzh32bG55zlUkIVKjJL1/s320/IMG_8039.JPG" width="276" /></a><i>Je m'appelle Galéa, j'ai 38 ans, et je suis addict aux réseaux sociaux.</i><br />
<i>Abstinente depuis 7 jours. </i><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
C'est jeudi, le jour où je purge ma peine virtuelle dans mon groupe de parole. J'ai, pour l'occasion, décidé d'adopter une nouvelle stratégie en prenant la posture de la fille qui a compris son erreur et qui est prête pour une vie sans réseau. Pour faire crédible, j'avais opté pour un look zen, genre méditation, pour paraître débarrassée de la superficialité du monde (pantalon en lin et chasuble blanche; l'Homme m'a demandé pourquoi on avait l'impression que j'étais en pyjama).</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
A 8h45, nous attendons devant la salle des pestiférés, c'est un peu gênant, car en temps normal, nous aurions tous eu le nez dans l'Iphone, les pouces en action, mais bon, sevrage oblige, nous étions obligés de rester comme des imbéciles les bras ballants et l'oeil éteint. Du coup, j'ai allumé une cigarette, c'était une mauvaise idée bien sûr, j'aurais pu me douter qu'on ne peut pas fumer dans l'enceinte d'un hôpital, j'ai passé un sale moment avec l'infirmière en chef.</div>
<br />
Notre gourou est arrivé pile à l'heure (on a tous nourri l'espoir pendant 10 minutes qu'il soit empêché , mais non). Des 15 "patients" que nous étions la dernière fois, nous ne sommes plus que 8 (qui déjà regrettons d'être revenus).<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Le gourou nous salue chaleureusement un par un, un peu comme un homme politique en campagne, et nous dit que le programme démarre vraiment aujourd'hui. Il nous informe que la règle est maintenant au tutoiement (Quelle horreur! déjà à 20 ans, quand je travaillais chez Mc Do, je ne supportais pas cela), et qu'il s'appelle Jean-Charles (alors que nous étions convaincus qu'il s'appelait Rahan).</div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1xw2TAj6JRtWd_R026hGezJG6mafX9Bg0c_C6V3yi5bQARXSVj6fAmqVOhw-wy_oAHquFhVogUkzqXhI0ZvMuya288QsaWs4D2sVKd7waYuus68DHEj3FHmKYjwQnVZFTijrbuGuUUMJL/s1600/IMG_8024.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><br /></a><br />
<div style="text-align: justify;">
Nous déposons sagement nos portables dans la petite corbeille, la fille qui avait été punie la dernière fois, a ostensiblement mis ses deux téléphones dedans. Il nous fait passer les papiers d'admission définitive à remplir chez nous. Au début, j'ai cru que c'était comme un dossier de cantine, d'inscription à la danse, au conservatoire, à la crèche etc ... (nom, âge, profession, n° de sécu...), mais ensuite je me suis demandée franchement si je n'étais pas chez les fous, avec 4 pages de questions complètement ahurissantes du style : "<i>une discussion sur l'un des RS vous a-t-elle, à une ou plusieurs reprises, fait ajourner une tâche domestique, sociale ou administrative?"</i> (je ne vois pas le rapport) ou la très sympa : "<i>vos enfants (ou quiconque sous votre responsabilité) ont-ils déjà été en danger suite à un manque de vigilance de votre part dû à une trop grande attention portée aux RS ? (accident de la route, chute de fenêtre, empoisonnement par produits ménagers?</i>), comme si mes filles avaient besoin de ça pour faire des choses dangereuses...genre avaler des agrafes. A un moment je me suis demandée s'il n'y avait pas une caméra cachée.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Jean-Charles (je ne me fais pas du tout à son prénom qui ne correspond pas à sa coiffure) commence par nous demander comment s'est passée cette première semaine sans RS. Nous avons tous le nez dans la trousse, c'est le geek-expert comptable qui a le malheur d'être interrogé (ce type me paraît trainer une poisse extraordinaire, je l'envisage maintenant comme un éventuel paratonnerre). Il s'appelle Thibault mais par respect pour son anonymat, je l'appellerai Thierry. Il nous raconte que le matin il est désorienté au réveil (pareil), luttant contre le réflexe d'aller voir où en sont ses tweets subversifs (petits rires étouffés), que sa pause-déjeuner a été franchement triste toute cette semaine, il s'est retrouvé à lire la presse régionale pour agrémenter son repas, il a appris par coeur la carte des bus en attendant le sien, et est maintenant obligé de regarder par la fenêtre pendant ses 20mn de trajet. Dès qu'il a un moment de pause, il se retrouve démuni (tellement vrai, mes cafés- clopes sont d'une tristesse). Il est en pleine déclaration de TVA, avant il faisait des pauses Facebook pour se détendre, maintenant il fait d'une traite toutes les saisies, ce qui rend son travail encore moins supportable (pareil quand je fais le repassage).</div>
<br />
Nous hochons tous la tête en coeur, solidaires dans notre désoeuvrement profond.<br />
<br />
Jean-Charles nous regarde visiblement satisfait (ce type me fait peur):<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
"<i>Merci Thierry de ta grande honnêteté, le but était d'identifier quels étaient vos moments dans la journée consacrés</i><i> aux RS. Nous allons donc pouvoir attaquer le premier exercice de ce programme. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
Posture à la Busnel, jeu de cheveux, inspiration profonde.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>"Je vous demande de penser à l'Acariâtre </i>(silence de stupéfaction)<i> , réfléchissez et visualisez-le: son ton, ses posts, ses photos. C'est celui de vos amis qui inonde les RS de ses plaintes, de ses mortifications, celui qui se plaint de la météo, de ses petits bobos, de la SNCF, de son voisin, de la Poste, de ses collègues, du prix du contrôle technique, du manque d'amabilité de la boulangère, pensez à cette personne qui vous n'avez jamais réussi à dégager de vos amis , et que Galéa, dans son courage immense, a sans doute masqué à un moment". </i>Je fais comme si je ne savais pas qui était Galéa, et lui réponds qu'on est tous à un moment ou à un autre "l'Acariâtre" de quelqu'un (j'appuie bien sur le mot pour lui faire comprendre à quel point je trouve cette appellation ridicule). Il ne me répond tout simplement pas (là tout de suite, j'ai envie de tirer sur sa queue de cheval). </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Il enchaine sur l<i>'Autosatisfait. </i>Là nous avons tous des yeux de bovins, on situe mal de qui il parle, la fille de 27 ans (qui, la pauvre, s'appelle Paméla), lui dit qu'elle n'en a pas dans ses amis. "<i>Vraiment Paméla, tu n'as pas dans tes amis celui ou celle qui essaie en permanence de convaincre tous ses réseaux qu'il a mieux réussi sa vie que les autres ? Oh vraiment? Cherche bien. Une vague copine, ou un ancien fiancé qui publie 10 fois par jour des preuves qu'il a fait les bons choix, qu'il adore ce qu'il fait, qu'il est sur un projet de malade, qu'il rencontre des gens formidables, qu'il est archi bien dans son nouvel appartement, que ses enfants sont vraiment épatants, dès qu'il croise quelqu'un, il fait une photo où ça rigole, il clame partout qu'il est en accord total avec son moi profond ?"</i>. J'ai un peu le sentiment que Jean-Charles est dans la caricature, c'est le problème des gens qui parlent de ce qu'il ne connaissent pas. </div>
<br />
Il faut que je quitte ce programme au plus vite (d'autant que forcément, d'exemples en exemples, on finit bien par reconnaître un "autosatisfait" dans ses "amis").<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5a22PI-_p0JXueigAV58YEFfd6psxz9fUGtL8iJ5pXu02wde4dZBEGGpsDIjFwhHKakDGvzIXTBdz7R5dV7m7Yo65wntJMYmbcCYg2mGECeLxTFFr2_qY8-EQLt_KSxQscUbxxZmLCaZR/s1600/IMG_8038.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="685" data-original-width="579" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5a22PI-_p0JXueigAV58YEFfd6psxz9fUGtL8iJ5pXu02wde4dZBEGGpsDIjFwhHKakDGvzIXTBdz7R5dV7m7Yo65wntJMYmbcCYg2mGECeLxTFFr2_qY8-EQLt_KSxQscUbxxZmLCaZR/s320/IMG_8038.JPG" width="270" /></a>Jean-Charles qui a du hésiter entre être acteur ou travailleur social, prend une voix de plus en plus profonde, genre hypnotiseur du pauvre, et conclut, "<i>enfin pensez à l'Inutile. Celui qui ne sert à rien.</i> Là encore, on le regarde tous un peu inquiets. Il me fixe avec insistance, ce que je trouve tout à fait déplacé. "<i>L'Inutile ne sait pas qu'il l'est évidemment, il pense vraiment que sa vie est intéressante, il publie 10 selfies par jour, nous raconte à quelle heure il va faire ses courses, ce qu'il va manger ce soir, s'il change de marque de lessive, il vous l'expliquera avec toutes les raisons adjacentes, s'il se met (ou pire s'il se remet ) au sport, il postera une photo, un détail de ses performances et un commentaire, sans se rendre compte que tout le monde s'en moque. L'Inutile prend les formules de politesse pour des marques d'affection. Réfléchissez bien à la petite exaspération, certes bien vite passée, quand vous tombez pour la troisième fois sur son post. Rappellez vous ce soupir intérieur, destiné à vous même, quand vous perdez un temps précieux à lire cela. L'Inutile vous faire perdre votre temps. Et grâce à ce programme vous serez bientôt débarrassés de lui ou d'elle". </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Vu la manière dont il me fixe, soit Jean-Charles est subitement tombé amoureux de moi, soit il tente une expérience d'hypnose (cela m'est déjà arrivée avec l'anesthésiste qui gérait l'accouchement de Numérobis ce n'est pas un bon souvenir), soit il veut me faire comprendre quelque chose, mais vraiment, je ne vois pas quoi. </div>
<br />
Une espèce de silence pesant accueille cet exercice.<br />
Jean-Charles est un repenti des RS, j'en suis sûre maintenant<br />
<br />
<i>"Vous êtes à présent débarrassés d'eux pour l'Eternité </i>(je suis au bord du malaise, j'ai peur qu'il y ait de la drogue dans mon jus de pomme). <i>Je vous demande de penser à ce que cette semaine de sevrage vous a apporté: Galéa par exemple? Ta maison est-elle mieux tenue ? </i>(je ne vois pas bien pourquoi c'est à moi qu'il pose cette question ?), <i>Paméla? as tu une meilleure qualité de sommeil maintenant que tu ne passes plus tes soirées les yeux rivées à ton écran de téléphone? </i><br />
<i><br /></i>
<i>"Pour la semaine prochaine, je vous demande de noter sur un carnet, tout ce que vous avez fait à la place de surfer sur Facebook, Twitter, Instagram, etc.... en notant les heures. </i><i>Pour améliorer votre sevrage et le rendre supportable, il y a plusieurs astuces: discuter avec des vrais gens qui sont à côté de vous, faire des mots croisés, parler avec votre conjoint, vos parents, ou vos enfants, vous lancer dans des tâches ménagères, tricoter, crocheter, coudre </i>(là il fixe une dame née dans les années 50 qui soutient son regard avec défi)<i>, faire vous-mêmes la vidange de la voiture, voire, pour les plus courageux, lire un livre. Bonne chance à tous, à dans 15 jours". </i>(moment de joie dans l'assistance de savoir que ce ne sera qu'une semaine sur deux qu'on s'infligera cela).<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Je murmure à Jean-Charles, parce que ça me turlupine quand même, mais en essayant de conserver un minimum de dignité, "<i>Si je m'étais débarrassée de l'Inutile, de l'Acariâtre et de l'Autosatisfait, j'aurais pu rester sur les RS sans problème finalement</i>". Mme-Années-50-Qui-Ne-Raffole-Pas-DU-Crochet </div>
m'approuve.<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
"<i>Le problème Galéa c'est que l'Inutile, l'Acariâtre et l'Autosatisfait ne le sont pas en permanence, ils sont parfois pertinents, drôles et cultivés, on s'y attache, c'est sans doute pour ça que tu ne les as pas dégagés, alors qu'ils te ramollissent le cerveau autant qu'une publicité de TF1. </i></div>
<i><br /></i>
<i>"Et la vraie question que tu dois te poser c'est: es-tu sûre surtout de n'avoir jamais été aucun des trois pour personne?</i>"<br />
<br />
Fin de la première vraie séance, il est 10h du matin, trop tôt pour se saouler (quoique). Je suis à la limite de me passer <i>L'envie d'avoir envie </i>de Johnny.<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Ce qu'il ne comprend pas Jean-Charles, c'est que même s'il y avait un petit peu de vrai dans tout cela, il n'en reste pas moins que mes joggings n'ont plus la même saveur qu'autrefois, je rentre en boitant chez moi dans l'indifférence la plus totale, je ne peux plus "partager" mes petites anecdotes ni me plaindre qu'il fait trop chaud (à plusieurs reprises je me suis dit "<i>tiens ça je vais le dire sur Facebook, ah non, c'est vrai je suis punie</i>), et surtout je me retrouve sans nouvelle de personne: ni de ma copine qui est sur le point de repartir vers Paris, ni de celle qui enchaine les trails avec des temps hallucinants, je ne sais pas ce que mes amis blogueurs ont acheté en librairie, je ne peux plus suivre l'actualité des uns et des autres par Facebook, je suis en manque de photo d'enfants prêts, propres et coiffés pour la rentrée. Je veux voir des cartables, de retours bouchonnés sur l'autoroute, de nouveaux canapés dans les salons, je veux voir les paysages des Pouilles, le concert de Cali, et les photos de plats flous et moyennement appétissants, et surtout je loupe le début du concours de celui-qui-a-reçu-le-plus-de-SP. </div>
<br />
Je ne suis plus au courant de rien, vu que Twitter était ma seule source d'info (pas de journal TV chez nous, et pendant les rares flash info sur France Culture, j'en ai toujours une qui beugle, et vu que je ne suis pas bienveillante, en général on est plusieurs), je ne suis donc plus LivreHebdo ni ActuaLitté, je n'ai aucune idée de l'actualité des auteurs, c'est par Messenger que j'ai appris l'attentat à Barcelone, tout comme le tremblement de terre italien, je n'ai même plus accès à mes propres phobies.<br />
<br />
J'ai l'impression d'être enceinte et d'avoir arrêté de fumer, au début on trouve ça tout à fait gérable et 15 jours après, on tuerait père et mère pour une cigarette et une bière.<br />
<br />
J'en suis à ce stade et à mon avis je ne suis pas la seule (Paméla avait très mauvaise mine en sortant, Thierry semblait au bout de sa vie et la petite dame baissait les yeux comme une malheureuse).<br />
<br />
Très clairement nous sommes tous en manque.<br />
<br />
A dans 15 jours (si tout va bien)<br />
<br />Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com60tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-55120855077977749792017-08-17T11:57:00.001+02:002017-08-17T11:57:07.529+02:00Mon immersion dans le service d'addictologie aux RS #1<br />
<i>Bonjour, </i><br />
<i>Je m'appelle Galéa, j'ai 38 ans et je suis addicte aux réseaux sociaux.</i><br />
<i>Je suis abstinente depuis 2H.</i><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1lm9NoZPq5fYewhO5ddXvwmedz5IEybFeBOvFGNRV_Z_zNnZDgU-9hawA7VWg71lRzI01LQqoTXcmpnIYiN-0_E5IiK-RGuXT3pJoEQYY-LzaZqKz0GWYWOvbaHnDyDWBBBS82FK5gbxq/s1600/FullSizeRender.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="966" data-original-width="611" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1lm9NoZPq5fYewhO5ddXvwmedz5IEybFeBOvFGNRV_Z_zNnZDgU-9hawA7VWg71lRzI01LQqoTXcmpnIYiN-0_E5IiK-RGuXT3pJoEQYY-LzaZqKz0GWYWOvbaHnDyDWBBBS82FK5gbxq/s400/FullSizeRender.jpg" width="252" /></a>Chers amis, je me suis rendue dans un service d'addictologie spécialisé pour les gens comme moi qui sont complètement sur-connectés aux réseaux sociaux divers et variés. J'ai décidé, la mort de l'âme (et poussée par l'Homme) de rompre mon lien avec les RS ("<i>ton blog oui Galinette, mais sérieux tes RS ça devient flippant")</i>. L'Homme en effet, trouve que je me fritte avec assez de gens comme ça dans la vraie vie pour ne pas en plus le faire sur mon téléphone. L'Homme est comme ça, il n'a pas d'adresse mail valide, trouve ça bizarre d'avoir des avatars de tous les côtés et a l'impression que je le trompe avec mon Iphone.</div>
<br />
Soucieuse de sauver mon couple déjà éprouvé par 6 mois de travaux et un déménagement (plus Duracell qui ne dort toujours pas), j'ai cédé et me suis rendue dans un service spécialisé, dans un coin reculé d'un CHU poussiéreux, parqués à l'arrière du bâtiment comme si nous étions contagieux (une infirmière nous a expliqué que c'était pour éviter qu'on contamine des gens qui avaient des maladies physiques et qui par définition étaient plus perméables à l'addiction numérique pour peu qu'ils aient un smartphone).<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Nous étions une petite quinzaine, avec chacun de bonnes têtes de nolife. La salle de parole (oh Mon Dieu!!! je suis à présent une patiente!!) était privée de wifi et nous devions déposer nos téléphones et tablettes dans un panier à l'entrée (je me suis dis que si j'acceptais cela, je ne pourrai plus revenir en arrière). Il y en a une qui a essayé de resquiller en dissimulant un deuxième portable, elle a été au coin (à 27 ans ça fait quand même un drôle d'effet, elle m'a fait de la peine).</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
C'est un programme sur plusieurs mois, l'objectif est d'être complètement sevré à Noël, c'est-à-dire d'avoir complètement disparu des RS pour la nouvelle année. Ca me coûte un rein évidemment, rien n'est gratuit dans ce bas-monde. L'animateur est juste flippant, il n'a pas dépassé la mode des années 90, on se doute qu'il n'a jamais eu de portable puisqu'il nous confie qu'il va encore dans des cabines téléphoniques (je suis horrifiée), il ressemble vaguement à un gourou, et je doute de la propreté de ses cheveux. Bref, je souffre.</div>
<br />
<i>Sois la bienvenue parmi nous Galéa, prendre conscience de son accoutumance toxique est déjà un grand pas, nous sommes là pour t'aider à franchir ce cap difficile du sevrage numérique. Ce ne sera pas simple, mais nous t'accompagnerons dans ta courageuse démarche.</i><br />
<i><br /></i>
<div style="text-align: justify;">
Rien que ça me fait peur en fait. Le type commence assez light; avec des réseaux secondaires que je ne fréquente pas (Snapshat, Pinterest), il me félicite d'ailleurs devant tout le monde d'avoir résisté à ceux-là. Je me gargarise, je frime un peu, et prends la posture de la fille mature. Les autres sont jaloux de moi, c'est top. Chacun doit raconter sa propre expérience et l'un d'entre nous est tiré au sort pour convaincre les autres de disparaître d'un réseau social (je plains amèrement le deux premières désignées qui, des sanglots dans la voix, expliquent qu'il faut renoncer aux couronnes de fleurs et museau de daim). </div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Il enchaine sur Instagram, chacun(e) raconte son expérience (et là je me rends compte que je suis une petite joueuse sérieusement, il y a vraiment des gens fêlés). C'est à moi de conclure sur la nécessité de se sevrer d'IG, je prends mon courage à deux mains devant une assistance déjà très éprouvée. Je sens monter en moi une vraie conviction: "<i>Instagram nous rappelle chaque jour qu'on a raté notre vie</i>.<i> Globalement si tu n'es pas à Bali (coucou <a href="http://delphine-olympe.blogspot.fr/">Delphine</a>) ou en Grèce (coucou <a href="https://errancesimmobiles.com/">Sido</a>), tu as quand même le sentiment d'avoir fait les mauvais choix à un moment. Sans compter que tous ces appartements impeccablement rangés, ces enfants habillés et coiffés toujours nickel, ces couples dégoulinants d'amour, j'avoue de que ce n'est pas simple quand même de se dire que le monde n'est peuplé que de gens riches, beaux, heureux et bronzés qui vivent dans des décors de rêve". </i>Salve d'applaudissements, je suis rouge de confusion. Mais le gourou a bien compris que j'étais une dissimulatrice.</div>
<br />
<i>-"Es-tu prête à te sevrer brutalement Galéa: à détruire ton compte pour toujours ?"</i><br />
<i><br /></i>
Non quand même pas, je dois récupérer les photos : 3 ans de portraits divers et variés de mes filles, ce n'est pas rien. Je vais donc y aller en douceur. (opprobre dans sa voix, au sujet de mes enfants, exposées sans leur accord, j'ai beau lui dire qu'à 18 mois, Duracell s'en fiche un peu, il me regarde avec mépris : <i>tu as jusqu'à Noël Galéa! </i>- Je commence à me demander s'il ne recrute pas pour une secte).<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Il enchaine sur Twitter, avec un geek de 40 ans qui nous explique qu'il rêvait d'être polémiste mais qu'il a fini expert-comptable, qu'il pensait vraiment déclencher des débats enflammés sur twitter, qu'il suit plus de 600 comptes et se gargarise de 400 followers (murmure d'admiration dans la salle). Il nous avoue qu'il est en train de douter de sa propre existence, "<i>parfois je me demande si je ne suis pas dans le film de 6ème sens"</i>. Le geek nous avoue qu'il twitte dans le vide (un retweet de temps en temps, deux ou trois like), et qu'il se sent transparent. Il nous confie s'être demandé s'il n'y avait pas un complot contre lui parce qu'il était trop subversif (soupirs dans l'assistance) pour finir par reconnaître qu'il n'intéressait strictement personne (et oui). Applaudissements de compassion, petite accolade sur l'épaule. Le geek regarde le paniers à smartphone avec désespoir (comme nous tous).</div>
<br />
On finit avec Facebook, et là, notre gourou est carrément hystérique:<br />
- "<i>Combien d'entre vous ont-ils passé des après-midi entières à défiler leur fil d'actualité pour ne pas lire un seul post d'intéressant, et vous ennuyer au lieu de faire des choses cons-tru-ctives ? </i>(tout le monde lève la main)<br />
- "<i>Combien d'entre vous se sont-ils brutalement écharpés avec des gens qu'ils ne connaissent absolument pas sur des questions politiques, religieuses ou éducatives ? </i>(Tout le monde lève la main, pour faire ma maligne je rajoute que je me suis beaucoup disputée aussi sur des questions littéraires, le gourou me demande de rester à ma place et de ne pas se la jouer l'intello de service).<br />
- "C<i>ombien d'entre vous se sont-ils faits envahir sur leur mur, dégager sans préavis, bloquer par des presque inconnus....et combien d'entre vous ont-ils aussi fait cela chez les autres, combien élèvent leurs enfants avec les règles de politesse et se conduisent comme des bipolaires sur la Toile" </i>(bon là c'est plus mitigé, je raconte que j'ai masqué la moitié de mes contacts par courtoisie et pour ne faire de peine à personne, je me prends dans la figure "<i>ça ne montre pas que tu es courtoise, Galéa, mais juste que tu es lâche; et arrête d'intervenir à tout bout de champs dans la thérapie"</i>. Vexée, je suis a deux doigts de récupérer mon téléphone, de me connecter et d'aller chouigner sur mon mur.<br />
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<i>"C'est ça le monde dans lequel vous voulez vivre?, vous avez tellement de temps libre que vous pouvez le consacrer à ça ?"</i><i> </i>hurle le gourou (moment de silence gêné, car il surjoue un peu l'exaspération, mais bon ça marche).<br />
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Personnellement, j'ai plein d'arguments à lui opposer, mais je ne le sens pas prêt à m'écouter, et si je me fait virer de la thérapie de groupe, j'ai peur que l'Homme divorce.<br />
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Ca se termine sur un pot de l'amitié (avec du jus d'ananas bio, visiblement on compte aussi nous sevrer de l'alcool par la même occasion), je brûle d'envie de fumer une cigarette mais j'ai peur des réprobations, j'ai déjà repéré deux autres patients qui me paraissaient chercher leur paquet dans leur sac (c'est réconfortant). Le gourou nous prend à part un à un et quand vient mon tour, il me dit "<i>Galéa je sens que tu as beaucoup de choses à dire, à répondre et à justifier, la semaine prochaine, nous travaillerons sur les raisons profondes de vos vies parallèles, tu pourras t'exprimer, d'ici là, réfléchis à tout ce que l'on a dit aujourd'hui, j'espère que tu n'as pas un blog en plus ?".</i></div>
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J'ai simulé une quinte de toux (tout à fait crédible vu que je sens le tabac froid à 20 mètres). Mais la question c'est quand même celle-là: mon blog convalescent pourra-t-il tenir sans les RS? Peut-on exister sur la Toile sans soutien, je vais garder secrète ma page FB, parce qu'en plus j'ai peur qu'il me demande de couper messenger et whatsap, bref je tremble.</div>
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Prochaine réunion de groupe jeudi prochain. En attendant, ne vous inquiétez donc pas de ma disparition, (je sens que ce n'est pas gagné quand même). Je vous tiens au courant de la suite #PireQuarrêterDeFumer #MaVieSansRS.</div>
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PS: Juste un détail, parce que ça va mieux en le disant: ce blog est ce qu'il est mais il n'est pas libre de droits, ce que j'écris ici m'appartient, et ne peut en aucun cas servir d'inspiration à qui que ce soit, même en paraphrasant ce que j'écris, en l'adaptant ni même dans le but de me rendre "hommage" (surtout sans me citer ni me prévenir). Merci d'avance.</div>
<br />Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com68tag:blogger.com,1999:blog-625206795356811989.post-23435012093807828672017-08-12T14:22:00.003+02:002017-08-12T21:08:48.744+02:00PlongerJe continue mon expérimentation digitale en publiant des billets quand il n'y a personne pour les lire. Je me suis dit que le week-end du 15 août (bientôt la Saint-Galéa #jdcJdr), quand tout le monde (même mes propres enfants) partent, reviennent ou sont encore en vacances, c'était vraiment une bonne date pour exister sur la Toile.<br />
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Donc, j'ai lu <i>Plonger</i>, sous des températures indécentes, en binôme avec une célèbre non-blogueuse avec laquelle j'ai comparé ma lecture, nous n'étions pas toujours d'accord sur Paz, et c'était vraiment chouette de se contrecarrer nos arguments via messenger (heureusement qu'on a renoncé à la politique toutes les deux).<br />
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Au même moment, Rayures a attaqué une crise d'adolescence force 7 qui la fait osciller entre Che Gevara et Pierrot de la Lune. Elle oublie de mettre des chaussures pour sortir mais lui demander de vider le lave-vaisselle peut déclencher une révolution dans le foyer, entraîner des hurlements à l'injustice, voire une baston avec sa soeur. Numérobis n'est d'ailleurs pas en reste pour nous laisser pantois, puisqu'elle nous a très sérieusement annoncé qu'après réflexion elle comptait devenir prof d'art plastique à Vichy quand elle serait adulte. Vu qu'elle fait 5h de danse et 3h de musique par semaine, à 600 km des berges de l'Allier, forcément, on s'est demandé si ces activités (qui font de moi un esclave-taxi) étaient bien cohérentes avec ses projets futurs, elle nous a répondu "chaque chose en son temps". Ok. Mais tout ne serait pas totalement formidable sans l'évolution du tempérament de Duracell, qui pour son jeune âge, présente des facultés d'imagination hors du commun quand il s'agit de ne pas dormir. Nos soirées sont donc égrenées de longues heures de chantage/menace/renoncement/acrobaties/ pour la faire rester dans son lit. Vu qu'elle ne parle pas du tout (à part "maman" quand elle a faim, et "non" pour tous les autres cas de figure) bien sûr la communication est relativement restreinte. En revanche, elle tape et mord très bien (à la crèche je suis officiellemment la mère du caïd du service des bébés - la base quoi).</div>
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Sinon l'Homme a eu 40 ans, mais c'est moi qui ai fait ma crise du milieu de vie (dans le meilleurs des cas évidemment). Du coup, on s'est dit que c'était le bon moment pour vider notre ancien appartement encombré de tous nos souvenirs. Retrouver les photos argentiques de nos 20 ans (punaise ça pique), des cartes postales des années 90 (dont on ne se souvient pas toujours des expéditeurs), des factures EDF de 2001 (ne rien jeter, jamais) et le plan de table de mon mariage (trop tard), c'est juste délicieux, excellent pour le moral, et pratique quand on n'a déjà pas assez de place dans le nouvel appartement.<br />
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Bref, tout ça pour dire que j'ai lu <i>Plonger </i>et que j'ai bien fait.<br />
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<br />Galéahttp://www.blogger.com/profile/17129788727058326343noreply@blogger.com73