Annie Ernaux, Les Années (2008) Folio, 2013, 254 p. |
Malgré mes efforts et ma bonne volonté à ne pas suivre Attila et Malika dans leur jugement sévère, je dois m'y résoudre, vraiment ce livre je ne l'ai pas aimé du tout, il est même possible que je l'aie détesté.
Pourtant, j'aurais du y trouver mon compte.
J'aurais du aimer cette peinture désabusée d'une génération qui a cru à un monde nouveau toute sa vie, j'aurais du être interpellée par ce qu'il reste de 68 et de 81, parce que forcément ça a alimenté les conversations de ma famille toute mon enfance (ce qui m'a appris très jeune la tolérance d'ailleurs). Mais, alors là, j'ai eu le sentiment du remâché, sans supplément d'âme, sans recul. 260 pages qui me replongent dans la cuisine en formica de mes grands-parents ou parents, oncles, tantes et amis de passage débattent et ressassent infiniment leur souvenirs et divergences de jeunesse (pendant qu'avec mes cousins on fume en cachette derrière les voitures).
La seule différence, c'est que dans Les Années, j'ai le propos mais sans les personnages, et vraiment c'est ça qui coince. D'autant que je m'attendais à quelque chose de plus subtil, de moins manichéen, de plus fin de la part de quelqu'un qui se présente, à plusieurs reprises, comme une intellectuelle. Honnêtement, sans entrer dans le détail, j'ai bondi à plusieurs reprises dans ses analyses...mais bon, ça m'arrive souvent et j'aurais pu passer là dessus. Le reste du temps je me suis ennuyée de lire de ce que je savais déjà.
Au delà du discours politique, j'aurais pu être touchée par la peinture sociale (les premiers divorces, la jeunesse des années 90, l'an 2 000 et tout ça). Mais bon, ça n'a pas marché non plus, j'ai eu le sentiment de regarder une rétrospective de France 3 intitulé "de l'Après-guerre à nos jours" dans lequel je n'aurais pas été d'accord avec le choix des dates (la victoire de 98 tient bien peu de place là dedans, et quand on se veut témoin d'une époque, c'est un peu regrettable). Tout y est jusqu'aux marques des céréales de ma jeunesse, mais moi il m'a manqué l'essentiel.
En fait, il n'y a qu'un seul protagoniste dans les Années, c'est l'auteur. Le problème c'est que depuis enfant, on m'apprend que parler de soi tout le temps, c'est inélégant (ce qui expliquerait d'ailleurs pourquoi j'ai ouvert un blog en cachette), que se tourner vers les autres, c'est bien aussi. Et là, j'avais l'impression d'être au téléphone avec la copine (qu'on a tous eue un jour) et qui ne parle que d'elle, d'une voix lente et molle. En plus, ce n'est pas franc du collier cette affaire, parce qu'Annie Ernaux nous le fait à la Delon, à la troisième personne, en nous faisant croire qu'en fait, elle ne dit pas "je" parce qu'elle joue collectif.
En fait non, ce n'est pas collectif. Elle nous présente son album photo pendant 260 pages. Parfois, je peux le dire, j'étais limite gênée dans sa description d'elle-même depuis ses 4 ans jusqu'en 2006. On en est presque au comptage des rides sur le front, scrutation des articulations, de la longueur des cheveux, et cerise de la gâteau, de l'observation rigoureuse de son pubis (bon là je me suis vraiment dit "Annie, mais pourquoi ?"). Parce que si on est bien tous d'accord pour dire que le sexe est important dans la vie, était-ce à ce point nécessaire, de nous en parler de façons aussi intime, sans le filtre de la fiction ou d'une intrigue, et sans que le partenaire en question ne soit présent dans le livre. Je suis née après la libération sexuelle, je suppose que c'est pour ça que je ne saisis pas la portée de tout ça. Mais c'est vraiment gênant d'avoir l'impression de lire un journal intime, sans supplément littéraire.
Et puis pardon, mais la seule chose qui compte dans les années qu'on traverse, ce sont les gens qu'on y croise. Tout le reste, à la limite, ça appartient aux livres d'histoire et aux journaux. Et là, pas un portrait, pas un individu, pas un visage (à part le sien), comme si Annie Ernaux avait traversé plus d'un demi-siècle toute seule. Une vie tient aux gens qu'on a aimés ou détestés, à ceux qui nous ont marqué durablement. Ils sont cruellement très absents.
Je me demande si je suis trop jeune civilement, ou alors bien trop vieille dans ma tête, pour avoir à ce point été agacée par ce livre que je me suis forcée à finir. Ce qu'il m'a manqué c'est de la tendresse, de l'humour et de recul.
Et même sa sublime phrase qui clôt le livre n'a pas rattrapé le reste.
J'ai eu le sentiment d'un constat amer, triste et égocentrique , avec envie de dire à Ernaux "mais regardez autour de vous". Cette sempiternelle description du "soi", de son nombril, enrobée dans des années que j'ai vécues ou dont on m'a déjà beaucoup parlé, m'a laissée au mieux de marbre.
Soyez indulgents avec moi, je sais que la blogo lui est fidèle et enthousiaste, j'aurais vraiment aimé l'apprécier autant que vous, j'ai tout fait pour. Alors, allez plutôt chez Aifelle ou Pasc (dont je sais qu'elle est son amie) et qui l'aiment sincèrement. Je vais devoir dire à ma chère Tante G que je n'ai pas eu le temps de le lire pour ne pas lui faire de chagrin.
Promis je ne recommencerai plus.
alors ça, voila un billet à contre courant et qui m'intéresse drôlement !
RépondreSupprimerBon évidemment ai adoré ce livre, que je qualifierai presque de génie et c'est toujours incroyable de découvrir que ce qu'on a follement aimé, puisse ne pas emballer les autres ! et je crois c'est ce qui me plait le plus dans les blogs, cette diversité de points de vue et d'émotions et ce partage autour des livres... ahhh ce billet (relu déjà 2 fois) me fait réfléchir ! je crois que jvais également relire "Les années" avec en tête ce billet ;-)
Je sais Fambroise, je sais, ce livre j'étais certaine de l'aimer et je te jure, j'ai vraiment tout fait pour. Mais il faut se rendre à l'évidence, il rassemble à peu près tout ce que je déteste en littérature. Je suis vraiment désolée.
SupprimerJe suis en train de lire un livre qui me fait exactement le même effet ! Et qui a été plutôt apprécié par d'autres blogueuses. Tant pis pour moi.
RépondreSupprimerAh tiens! ET quel est-ce donc ?
SupprimerBon, ben on va passer à côté, mais carrément sans chercher à ouvrir la porte....
RépondreSupprimerAprès il a beaucoup plus Martine, donc je ne veux pas spécialement être prescriptrice. Je pense que je suis passée à côté pour des raisons que j'ai du mal à déterminer. J'aurais été curieuse d'avoir ton avis sur Ernaux, en as-tu déjà lus d'elle?
SupprimerBizarrement je n'étais à l'origine pas attirée et vu ton avis, je ne le suis toujours pas ;-D
RépondreSupprimerPourtant, sur la blogo elle est assez appréciée Ernaux je trouve. Mais c'est sûr que ce n'est pas chez moi que tu y trouveras des louanges, bien que j'ai aimé La Place.
SupprimerMoi j'aime bien quand je ne suis pas tentée par une lecture. Ma PAL se sent temporairement à l'abri.:-)
RépondreSupprimerEncore une fois a Girl, je dois être honnête, je fais partie d'une minorité ;-)
SupprimerUne de mes amies en laquelle j'ai toute confiance quant à son jugement et ses goûts littéraires fait les mêmes reproches que toi à ce livre et à cette auteure. Et vu que tu confirmes son ressenti, ça me coupe toute envie de tenter l'expérience. Je vais quand même aller lire les avis positifs des blogueuses que tu cites, on ne sait jamais. Mais d'après ce que tu dis, je ne pense pas que ce genre de texte nombriliste puisse avoir mes faveurs.
RépondreSupprimerOui Aaliz, si tu n'aimes pas la littérature nombriliste et tournée vers soi, tu risques de souffir
SupprimerJe n'avais pas aimé ce livre non plus, parce qu'effectivement c'est nombriliste, mais que ça véhicule toute une série d'événements soi-disant collectifs, comme si nos souvenirs, émotions et analyses des événements publics étaient tous les mêmes.
RépondreSupprimerEntièrement d'accord, ça se voudrait le témoin d'une époque alors qu'il ne s'agit que des souvenirs d'une personne bien particulière que je ne trouve pas spécialement représentative d'une génération, justement parce qu'elle est beaucoup trop tournée vers elle-même.
SupprimerAnnie Ernaux on entre ou pas dans son écriture et son univers, ça reste inexplicable et c'est bien comme ça. Tu sais à quel point je l'apprécie, mais je reconnais que c'est le genre d'auteur qui ne se laisse pas facilement aborder et qui ne cherche pas spécialement à plaire au lecteur. Moi-même, je l'ai abandonnée un petit moment, la trouvant de plus en plus sombre. Tu restes ma copine quand même ! :-)
RépondreSupprimerMerci Aifelle, tu sais à quel point je ne voulais pas que cela change quelque chose entre nous.J'avais plutôt aimé La Place donc je pensais m'y retrouver dans les Années, cela n'a pas marché. dommage.
Supprimerdes bises à toi.
Comme je ne l'ai pas lue, tu ne détruis rien chez moi. Mais j'apprécie beaucoup que tu argumentes si bien quand tu n'aimes pas, je t'envie de savoir mettre le doigt sur ce qui t'a déplu.
RépondreSupprimerTu sais Keisha je crois que je suis réfractaire à la littérature de l'intime au fond
SupprimerJ'ose avouer (mais pas trop fort quand même) que je n'accroche pas avec cette auteure ... Je reconnais cependant que mes années de thème à la fac n'y sont sans doute pas pour rien!!
RépondreSupprimerAh oui effectivement, ça n'a pas du aider. Moi Tiphanie, j'avais aimé la Place donc là c'est vraiment la douche froide....
SupprimerLes Années ont été mon premier Ernaux et je l'avais aimé pour tout ce qu'il faisait resurgir chez moi de cette France dans laquelle j'ai grandi et qui n'existe plus aujourd'hui, remisée dans la mémoire collective au même plan que la Révolution (et j'exagère à peine, il suffit d'en parler avec plus jeune que soi). Et pourtant, je ne peux pas ne pas comprendre ton point de vue car j'ai ressenti exactement la même chose à la lecture de "Regarde les lumières mon amour" : un compte-rendu nombriliste, sans aucun supplément d'âme. Pour le coup, quand tu dis "J'ai eu le sentiment d'un constat amer, triste et égocentrique , avec envie de dire à Ernaux "mais regardez autour de vous".", je ne crois pas que cela change grand-chose à sa façon de voir et d'écrire. Et pour le peu que j'en ai lu, je pense que ce n'est pas chez Ernaux qu'il faille aller chercher la tendresse et l'humour :-)
RépondreSupprimerPourtant la démarche globale d'écriture reste intéressante d'autant que, comme le précise Aifelle, l'auteur suit sa quête en se moquant bien de déplaire à ses lecteurs.
Ah oui, Laurent, je me souviens bien de ton billet sur le supermarché...Moi, tu sais j'avais aimé la Place, mais je crois que je n'aurais pas du récidiver, car de mon point de vue, tout le problème est qu'elle s'en fiche de déplaire à ses lecteurs, parce que c'est quelqu'un qui se fichent un peu des autres tout court. Elle se regarde en boucle et point. Et vois-tu l'ami, si je l'avais lu il y a 10 ans, j'en aurais sûrement eu un autre ressenti., Le problème c'est que le lire maintenant, alors que le monde bouge, qu'il se passe des choses importantes, c'est en sa défaveur. Je trouve ça vain cette quête permanente de soi, et pour moi Ernaux ne peut pas parler au nom d'une génération car elle n'en est pas représentative,beaucoup de filles de son milieu sont certes devenues prof (j'en sais quelque chose), mais peu d'entre elles ont épousé des grands bourgeois , et surtout la grande majorité gardait une tendresse, une affection pour le milieu dont elles étaient issues (et ça aussi j'en sais quelque chose). Sa dureté et son égocentrisme ont eu raison de moi, malheureusement.
SupprimerMerci d'être encore là ;-)
Je retrouve dans ton billet les mêmes raisons qui m'ont fait passer à côté de ce livre, alors que j'avais adoré les trois précédents lus d'elle ! Elle écrit au scalpel, très froidement (soit, on l'aime pour ça) mais là, cette énumération monotone m'a très vite "gonflée"...
RépondreSupprimerTes excuses me font sourire, comme le fait que tu ne diras pas à ta tante que tu l'as lu ! Tu sais quoi ? Assumer ce que l'on n'aime pas, avec toutes les bonnes raisons qui vont avec peut avoir un pouvoir libérateur !!!! ;)
Tu sais Aspho que finalement je le lui ai dit (que je n'avais pas aimé), mais vu qu'elle m'avait offert le Bello pour Noël et que j'ai adoré, finalement, ça a fait bonne mesure ;-)
SupprimerJe ne sais pas qui sait...il me semble qu'elle est passée chez Busnel mais je ne suis pas sur. Tu le cherches un peu en lisant un auteur qui se proclame ouvertement intellectuelle, qui est encensée par la blogo littéraire, Télérama et probablement d'autres personnes un peu dans cette mouvance...
RépondreSupprimerOui je sais je bave un peu sur ce style d'auteurs intellos mais le but de la lecture est de prendre du plaisir et en lisant tes dernières chroniques je constate que ce n'est pas souvent le cas...
Bon allez , on peut pas tout aimer!
Bises Galinette
Oui Ernaux est plutôt appréciée, donc c'est sûrement moi qui suis passée à côté de quelque chose, mais tant pis...tu sais que depuis j'enchaîne les lectures formidables qui me font un bien fou ;-) serais-je dans une période de win ?
Supprimerouf que ça fait mal : g l'impression de recevoir un coup dans le bide et que cela dure, dure ; une angoisse qui monte, mal au bide, mal au coeur. je savais que nous n'avions pas les mêmes goûts littéraires mais alors là je suis soufflée. Tu oublies le style toi qui t'en fais le chantre, la précision, l'écriture au scalpel ... Je n'ai pas toujours aimé ses livres pourtant (g même détesté PASSION SIMPLE) mais quelle pudeur, quelle intelligence, quel style. Je l'ai réécoutée dimanche soir, lire les 30 dernières pages où elle explique son projet d'écriture : elles sont de toute beauté. Elles me font frissonner. Il se peut que le fossé générationnel existe (?) (mon meilleur ami a 42 ans et adore) Sur les 85 femmes qui ont lu pour moi, une seule n'a pas aimé -bizouxxx tristes- P@SC
RépondreSupprimerJe savais que ça te ferait de la peine et vraiment je le regrette; je ne comprends toujours pas comment est-ce possible que je n'y vois pas la même chose que les autres. Je la trouve très impudique Ernaux, et sans aucun recul ni hauteur sur elle-même. Mais je crois qu'elle incarne dans les Années quelque chose que je rejette naturellement. Et ce n'est pas grave Pasc parce que nous avons encore MOdiano en commun et c'est précieux ....
SupprimerPardonne-moi encore si je t'ai fait du chagrin....
Tous les auteurs ne sont pas pour tous les lecteurs. Je n'ai jamais accroché à Annie Ernaux donc je comprends parfaitement ton ressenti.
RépondreSupprimerMerci Papillon ;-) mais c'est vrai que c'est complexant de ne pas aimé ce qui a fait l'unanimité (ou qu'on pensait telle)
Supprimerj'aime beaucoup cette auteure : son écriture, son style et sa pudeur. Ses livres et donc son vécu, même si elle de la génération des parents, ont trouvé beaucoup d'échos chez moi...
RépondreSupprimerAlors j'espère que tu n'as pas lu mon billet Clara car je ne suis pas du tout du même avis.
SupprimerC'est mon Ernaux préféré mais je comprends qu'il puisse laisser plus d'un lecteur sur le bord du chemin. J'aime la démarche de l'auteur, son projet littéraire et ses convictions. C'est devenu tellement rare.
RépondreSupprimerJe ne te cacherai pas que je trouve ses convictions assez datées, un peu faciles (oui j'assume) voire légèrement démagogiques...Du coup; à part pour elle-même je n'ai pas vu de projet littéraire, même si sa dernière phrase m'a complètement émue, parce que j'ai compris ce qu'elle avait cherché à faire.
Supprimeroufffff Jérôme, oui c un écrivain rare-
RépondreSupprimerpasc
;-) J'aime comment tu la défends Pasc, c'est joli
Supprimer"La seule chose qui reste dans les années qu'on traverse, ce sont les gens qu'on y croise", très belle et très juste ta phrase ! J'ai apprécié "La femme gelée" de cet auteur, et je lirais sûrement celui-ci, pour me faire un avis et surtout pour lire cette sublime dernière phrase :-)
RépondreSupprimerOui la dernière phrase m'a vraiment émue, parce qu'elle est très modianesque et surtout parce qu'on comprend ce qu'elle a voulu faire, et du coup, cela légitime l'enthousiasme général dont je me sens privée...
SupprimerIl est génial ce billet ! Oh que j'aime ta franchise et ton honnêteté ! Merci pour tout ça. C'est bon, ta fraîcheur ....
RépondreSupprimerTu es bien trop gentille avec moi ma Comète, je ne mérite pas autant...Je te fais plein de bises
SupprimerEncore moi ( je ne commente pas souvent mais aujourd'hui c'est double portion:)). Je pense, en lisant certains des commentaires précédents, que chacun doit se faire son propre avis sur ce livre.
RépondreSupprimerNe surestime pas Clara mon pouvoir prescripteur, Ernaux a très bonne presse sur la blogo, ce n'est pas mon billet qui changera la donne, rassure toi.
SupprimerJ'aime beaucoup Annie Ernaux mais je n'ai pas encore lu Les Années ce que je compte faire prochainement puisque l'on parle beaucoup de ce roman en ce moment avec la lecture qu'en fait Dominique Blanc au théâtre. Quand j'ai fait des billets sur les romans d'Annie Ernaux que j'ai lus, on lui a souvent reproché sa froideur et son égocentrisme. L'autre fille et le Femme gelée sont pour moi des romans phares, des romans qui m'ont touchée mais surtout fait réfléchir, ce que j'aime chez Ernaux c'est justement ce regard à la fois centré sur elle mais aussi distancié, cette façon de faire de son expérience une expérimentation souvent sociale. Je donne mon avis par rapport aux romans que j'ai lus puisque je n'ai pas encore lu Les Années, mais comme le dit Aifelle je crois qu'Annie Ernaux fait partie de ces auteurs qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Mais ce serait dommage que certains ne limitent à ton billet et décident de ne pas la lire, en cela donc je suis aussi d'accord avec Clara, il faut se faire, sur un auteur comme Ernaux mais je pense aussi à Oates, sa propre opinion. Après je respecte ton avis très argumenté et c'est ce qui est intéressant d'ailleurs !
RépondreSupprimerNan mais détendez-vous quand même, parce que bientôt je vais avoir l'impression d'avoir commis un acte de lèse-bloguesté en ayant écrit ce billet.
SupprimerJ'ai bien aimé la Place parce qu'elle parlait de son père, et donc un peu des miens, puisque mes parents viennent du même milieu qu'elle, j'entends tout à fait ce que tu dis sur le fait de faire de son expérience une expérimentation sociale. Mais ça ne prend pas pour moi, je n'y vois qu'un exercice égocentrique. Je crois finalement que je ne suis pas plus attirée que cela par ce type de littérature qui me ressemblerait, et il semble que je n'ai pas saisi la portée universelle de l'écriture d'Ernaux.
Mais je crois aussi que ses fans doivent accepter qu'on le soit moins qu'eux (comme moi je supporte qu'on n'aime pas Modiano par exemple), parce que je l'ai lu à cause d'un enthousiasme généralisé autour de moi, sans voix discordante, comme si on ne pouvait pas ne pas aimé Ernaux. C'est bien aussi de ne pas être d'accord parfois.
Je fais partie de ceux qui aiment la démarche d'écriture d'Annie Ernaux et le contenu de ses livres. Il faudrait peut-être que tu tentes d'en lire un autre d'elle, plus personnel, comme "la place" par exemple (il est tout petit).
RépondreSupprimerC'est fait Sylire et je l'ai bien aimé, mais je reste réfractaire à sa démarche et j'ai bien conscience d'être minoritaire sur la blogo.
SupprimerComme Framboise, j'aime que tu détestes alors que j'ai adoré, pour moi c'est un des grands intérêts de ces échanges par le blog ! Je garde de mon côté un souvenir ébloui de cette lecture, vraiment, mais j'ai lu avec beaucoup d'intérêt ton billet. Je crois profondément qu'on lit 1 avec ce qu'on est et 2 avec ce qu'on est au moment où on lit. Et c'est génial que le même aspect d'écriture puisse émerveiller l'un et irriter l'autre !
RépondreSupprimerOui tu as raison Sandrion, j'ai lu les Années après Confiteor qui reste un chef d'oeuvre absolu, et juste après les événements du 7 janvier, alors forcément ça m'est apparu vain et égocentré la démarche d'Ernaux...tu as complètement raison, je l'aurais lu sereinement en vacances, j'aurais eu une toute autre lecture....
SupprimerJ'avais lu "Passion simple" et un autre dont je ne me souviens plus du titre ; c'était il y a de longues années. Je ne m'en souviens plus mais je ne les avais pas trouvés transcendants.
RépondreSupprimerAH je ne connaissais pas ce titre Ribambelle...et visiblement ce n'est pas grave....
SupprimerComme tu le sais, ce fut un coup de coeur pour moi mais je doute maintenant, l'aimerais-je autant si je le lisais maintenant?
RépondreSupprimerMais comme en même temps, tu ne me donnes pas vraiment envie de le relire, je crois que je vais rester avec mon doute.
Alors je dois te dire que vraiment ça m'a étonnée que tu l'aimes, mais je peux le comprendre, car elle parle d'un milieu qui nous ressemble et c'est toujours agréable de lire sur soi, mais visiblement ça ne m'a pas suffi...
Supprimerdes bises leader
J'ai mis quatre vingt pages pour entrer dans ce livre : 80 pages, c'est long ! J'étais déroutée, déconcertée par le style, le rythme, je trouvais que cela partait dans tous les sens. Et puis, passée cette barrière, j'ai retrouvé mon Annie comme je l'aime. Alors oui, je comprends ton avis et oui, je pense que ce n'est pas son meilleur. Bisous (L'événement : un coup de poing littéraire !)
RépondreSupprimerTu me rassures Phili si tu me dis que ce n'est pas son meilleur, parce qu'on me l'a présenté comme son roman le plus abouti....tu imagines ma déception...
SupprimerCe n'est pas non plus le meilleur de l'auteur, à mon avis. De ceux que j'ai lu, mon préféré reste "La place".
RépondreSupprimerOui j'avais aimé la Place mais je pense que je m'arrêterai là avec cet auteur Alex
SupprimerJ'aime beaucoup Annie Ernaux, mais je n'ai pas lu celui-ci d'abord parce que j'ai lu et entendu ici où là des critiques assez négatives (comme quoi, malgré tout, je peux être sensible aux avis des autres) et ensuite, parce que j'avais peur d'y retrouver tout ce que j'ai déjà lu chez elle, dans un livre qui se voudrait un condensé de ses précédents... Et puis, ce que j'aime chez elle, ce sont ses petits livres, rapides, directs, forts.
RépondreSupprimerJe ne connais pas assez son oeuvre pour me prononcer Yv mais effectivement, c'est à craindre...
SupprimerBonjour Galéa,
RépondreSupprimerJe ne partage pas votre avis sur ce livre mais j'ai lu avec intérêt vos arguments. J'ai justement aimé Les années pour sa forme impersonnelle et l'emploi du "elle" plutôt que du "je". Étonnamment, c'est ce qui m'a permis d'entrer dans le livre, le "je" m'aurait exclue. Je me rappelle que lorsque je l'ai lu, j'ai apprécié cette distanciation. Pour moi, elle était en harmonie avec le propos du livre, cette grande fresque où chacun est libre de se reconnaître ou pas, d' associer les émotions vécues ou rapportées selon les périodes.
Récemment, j'ai lu Le vrai lieu d'Annie Ernaux. C'est un livre d'entretiens où elle explique ses choix en tant qu'auteur. Elle révèle avoir longtemps hésité pour trouver la forme qui conviendrait pour Les Années. Elle a fini par choisir une tournure impersonnelle tout en sachant pertinemment que cela serait casse-figure...Elle dit qu'elle a rendu son livre "illisible" ! Je trouve la démarche assez courageuse.
C'est vraiment beau comment vous la défendez...même si vous ne me convaincrez pas. Pour moi la qualité d'un être humain comme d'un écrivain est de regarder les autres ....J'avais lu votre billet sur le vrai lieu.
SupprimerBonne journée
Je vais te faire un aveu, fermons le rideau du confessionnal : je n'ai lu aucun livre d'Annie Ernaux. Cela ne me tente pas et tu me confortes dans mon non envie. Merci !!
RépondreSupprimerComme toujours, j'ai adoré ton billet.
Merci Zazy, je crois qu'on n'est pas très nombreuses à résister à Ernaux tu sais ;-) (mais peut-être que tu aimerais ceci dit)
SupprimerJ'étais passée à côté de la femme gelée. J'ai l'impression à travers ce que tu dis de ce titre qu'il ne me plaira pas plus.
RépondreSupprimerIl faut aimer Ernaux Praline car mon billet n'est quand même pas hyper enthousiaste....
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