Will Schwalbe Le parfum de ces livres que nous avons aimés Belfond, 2013, 415 p. |
Déjà parce que j'en ai assez (et même plus) des gens qui racontent leur vie, et ça m'exaspère encore plus quand ils ne sont pas écrivains parce que littérairement parlant, c'est souvent assez médiocre (écrire est un métier, je pense que c'est une base de départ). En plus, la traduction française du titre est d'une mièvrerie à peine croyable.
Le parfum de ces livres que nous avons aimés...mais qui chez Belfond imagine cette traduction à partir de The End of your life book club ? Même moi avec Allemand en première langue, j'aurais trouvé mieux...bref...
Donc en trois mots, Will nous raconte la fin de vie de sa mère, au dernier stade d'un cancer du pancréas dont on sort rarement vainqueur. Il nous décrit les séances de chimiothérapie pendant lesquelles lui et sa mère parlent ensemble de littérature, et fondent leur cercle de lecture privée, dernier instant d'intimité (livresque mais pas que) entre une mère et son fils.
A l'inverse de Russo, Will Schwalbe commence son livre par : "ma mère, ce héros des temps moderne". Et alors là, inutile de regarder autour de vous, plus parfaite que Mary-Anne, ça n'existe pas, et surtout pas dans sa propre famille! Mais bon, j'aurais détesté avoir cette mère pour génitrice.
Parce que Mary-Anne est un savant mélange de Mère Thérésa, Wonder Woman et Margaret Thatcher. C'est à dire qu'elle est d'un altruisme aussi rare que stupéfiant, qu'elle a traversé des pays en guerre et partagé le quotidien des réfugiés, et qu'elle organise de manière autoritaire la vie de ses enfants quadragénaires. Bon, en plus elle est tolérante, acceptant sans le moindre problème l'homosexualité de deux de ses enfants (dans les années 80' ce n'était pas gagné non plus). Enfin, elle est dure au mal, ne se plaint jamais et supporte stoïquement les épreuves que son corps malade lui inflige.
Cette image d'Epinal de la famille parfaite américaine n'a rien pour me plaire, je n'aime pas les gens lisses (ils me complexent trop), et je préfère voir poindre un peu de sens critique de temps en temps (même et surtout envers ceux qu'on aime).
Oui mais voilà, ce témoignage (le dernier heureusement de la sélection ELLE), je l'ai lu avec mes deux yeux mais aussi avec ceux d'autres lectrices qui y ont entendu une résonance différente. Alors j'ai dépassé mon aversion pour cette famille intellectuelle, aisée et aimante, et j'y ai vu d'autres choses.
J'y ai vu un fils qui pleure à chaque page la femme de sa vie, sa mère. Un fils qui se demande s'il y avait une autre issue possible. J'y ai vu l'avancée irréversible d'une maladie qui gagne presque à chaque fois: "j'étais en train d'apprendre que vivre avec quelqu'un qui est sur le point de mourir implique dans le même temps de célébrer le passé, de vivre le présent et de pleurer l'avenir" (p.166).
J'y ai compris la nécessité de lire, même un peu, pour rester vivant. J'y ai vu aussi un très bel hommage aux livres qui restent quand les lecteurs partent. Je ne connaissais pas la majorité des titres dont il était question (parce que je suis inculte en littérature anglo-saxonne), mais j'ai aimé cette lectrice en sursis qu'est Mary-Anne, qui commence les romans par la fin pour mieux en comprendre le déroulé. Je l'ai presque aimé cette femme qui raconte à son fils qu'élever des enfants en travaillant à temps plein l'avait habituée "à être tout le temps fatiguée. Si j'avais attendu d'être reposée pour lire, je ne l'aurais jamais fait" (p.309). Moi ça m'a fait un bien fou de lire cela.
J'ai été heureuse de retrouver Millénium et L'Elégance du hérisson (avec le fantasme de l'appartement de M. Ozu qui, moi aussi, m'a fait entrevoir la possibilité d'une autre vie). J'y ai vu aussi l'entêtement d'une mère qui insiste (quand même lourdement) pour que son fils lise quelques ouvrages importants (à ses yeux) avant qu'elle ne meure. J'ai adoré que Will Schwalbe confesse n'en avoir pas lus certains jusqu'au bout. Et j'en retiens cet amour immodéré pour les livres imprimés qui "ont un corps, une présence" (p.59).
En écrivant ce billet (qui sans mes amies jurées aurait été bien plus sévère) j'ai une pensée pour celles d'entre nous qui ont déjà traversé cette épreuve et à celles qui la traversent maintenant.
Ce témoignage rappelle que lire, même peu, c'est vivre encore (je ne cacherai donc pas que j'ai pleuré en cachette de l'Homme sur les dernières pages).
Une fois n'est pas coutume: discuter d'un livre au moment où on le lit modifie ce qu'on en pense...j'assume, je suis une lectrice influençable.
J'aime beaucoup ton billet. Il montre bien ce que tu as ressenti pendant la lecture. Je ne sais pas si le fait d'en parler en cours de lecture influence ma lecture. Je n'ai pas eu cette impression jusqu'ici. J'aime bien cela en tout cas. Concernant le livre, je dois bien le genre d'ouvrage dont il s'agit. J'avoue que tu ne donnes pas vraiment envie de s'y plonger malgré ton volte face.
RépondreSupprimerCe n'est pas non plus mon style de prédilection à vrai dire...Sylire, et c'est la première fois que ça m'arrive d'adopter un autre point de vue pendant la lecture. Il faut dire aussi que je l'ai lu à un moment particulier pour d'autres lectrices...
SupprimerAu moins les copines ELLE t'ont donné envie de continuer la lecture et elles ont bien fait d'insister semble-t'il. Ceci dit, je n'ai pas forcément envie de me lancer dans cette lecture là, en tout cas pas en ce moment, j'ai plus besoin de légèreté.
RépondreSupprimerOui moi aussi Aifelle; en ce moment j'ai besoin de plus de légèreté que cela...et je suis contente d'en avoir fini avec les histoires personnelles...
SupprimerL’élégance du hérisson est vraiment un livre au parfum subtil.
RépondreSupprimerTu as un regard craquant Galéa. Jolie ET spirituelle, nom d’un petit bonhomme, y en a qui sont pistonnées tout de même !
Isis, tu es un ange...mais tu te doutes bien que je ne mets que les photos qui m'avantagent ; et que la blogo nous rend plus beaux et plus spirituels (joie du filtre virtuel);
Supprimerje suis très heureuse que nous partagions la tendresse pour le hérisson, ce livre m'a vraiment fait beaucoup de bien!
Je sens que je vais craquer !!!!
RépondreSupprimerJe ne pensais pas avoir été enthousiaste à ce point...mais certaines jurées en ont fait un coup de coeur Cathulu ;-)
SupprimerIl est très beau ton billet Galéa
RépondreSupprimerMerci Laure, (c'est vrai que nous avons été un peu remuées - affectivement parlant- ces derniers temps)
SupprimerEt bien moi, je ne supporte pas ces mères qui gèrent encore les vies de leurs enfants de 40 ans. Cette immixtion destructrice me rend folle.
RépondreSupprimerGaléa, c'est bien toi sur la photo ? Tu as des yeux magnifiques !
J'aurais parié ton comm ma chère Alphonsine, parce qu'on se connaît bien toutes les deux ...j'étais sûre que cet aspect t'aurait interpellée...
SupprimerOui c'est moi, mais maquillée à la truelle et largement avantagée par la photo (ben oui, autant en mettre qui donne de moi une belle image...)
J'ai bien aimé lire dans ton billet que tu es une lectrice influençable !! Moi aussi !
RépondreSupprimerMais tu sais Sandrion, je me demande si ce n'est pas cela aussi la lecture: apprendre à lire un livre avec d'autres regards, d'autres valeurs que les nôtres....
SupprimerBravo Galéa pour ce billet nuancé et subtil ; j'ai traversé les mêmes états en temps que lectrice que toi . Mais je ne sais pas si j'ai arriverai à si bien le raconter...
RépondreSupprimerConnaissant ta plume ça m'étonnerait que tu ne trouves pas les mots.....
SupprimerMerci Mior
j'aime beaucoup ce billet, fin, tendre et délicat :-)
RépondreSupprimerMerci Maxi Vav'...d'autant que je sais que tu n'as pas été emballée par ce titre...
SupprimerMalgré tous les avis positifs sur ce livre je n'ai pas du tout envie de le lire!
RépondreSupprimerheu...Tiphanie, il n'y a pas beaucoup d'avis positifs sur ce livre dans mes entourage bloguesque...je l'ai aimé, parce que j'ai décidé de voir le verre à moitié plein (vu que j'étais obligée de le lire), mais honnêtement, je ne sais pas si je le recommanderais...
SupprimerLe coté sur l'indispensable superflu qu'est la littérature me plairait peut être. Par contre le coté sur la maladie me bloque toujours un peu...
RépondreSupprimerEt bien étrangement, ce qu'il dit de la maladie m'a davantage intéressée que la partie sur la littérature MTG, comme quoi, on n'est jamais à l'abri d'une surprise...
SupprimerMoi je retiens que je suis comme Mary-Anne : Je lis toujours la fin des livres avant de commencer….
RépondreSupprimerEt puis j'ai une question : Si tu en as assez des gens qui racontent leur vie…Vas-tu lire Bellegueule…Ou pas ?
- Un bémol à ton analyse : Ecrivain, c'est un métier, mais romancier c'est un état d'esprit. Il commence par aimer se raconter. On peut maquiller, entraver ou exagérer sa vérité, mais la base, c'est toujours Je. Je crois :)
Ma Styliste, pour Bellegueule j'attends que les passions retombent...
SupprimerPour le reste, je ne sais pas si nous allons être d'accord, un auteur c'est un type qui écrit (bon) , mais un romancier il parle plus des autres que de lui, il fonde une intrigue et construit des personnages , et ça c'est un métier, et pour dire le vrai ça m'a pas mal manqué dans cette sélection...
Comme toi, je regrette le titre original. Ce livre, qui est loin d'être un coup de coeur pour moi, restera comme celui qui a engendré une forte émotion dans notre groupe Elle.
RépondreSupprimerJ'ai aimé voir cette mère à travers les yeux de ce fils parce qu'en effet, il ne retient que le beau mais qu'on peut deviner le reste. Cette mère qui se battait sur tous les fronts, elle passait combien de temps avec ses enfants? Ces livres qu'ils partagent à la fin de cette vie, n'est-ce pas faute de n'avoir pu le faire avant?
J'aime que nos discussions puissent changer, même un petit peu, le regard qu'on porte sur les livres qu'on a lu ensemble. Alors rien que pour ça, ce prix Elle valait la peine de le partager ensemble et ton billet est très emblématique de cette empathie qu'on a pu parfois ressentir.
Tu vois leader, c'est là que je me dis que j'ai rédigé trop vite mon billet...effectivement dans ce mausolée dithyrambique qu'il rédige pour sa mère, Will raconte en creux aussi ce qu'elle n'était pas...ni très tendre, ni très disponible, ni très tournée vers ses enfants. Et j'avais oublié de le noter lors de ma lecture. Pourtant, c'est un aspect qui m'a vraiment plu; à vouloir se battre sur tous les fronts valorisants qui en faisaient une super woman, Mary-Anne avait un peu renoncé à être une mère banale (pas suffisamment exaltant sûrement). Ce point est l'une des réussites du livre je pense: le portrait en creux....
SupprimerOk, il a une mère idéale, pas moi !
RépondreSupprimerOK sa mère a un cancer, pas moi !
OK, ils peuvent partager des moments intenses, pas moi !
OK, c'est un bon fils, pas moi !
Non, je ne pense pas que je le lirai malgré la teneur de ton billet qui me plaît beaucoup
voilà...c'était plus un cri d'empathie envers deux trois jurées....aucune problème Zazy, passe ton tour...
SupprimerComme quoi tu confirmes le dicton "il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis" !! Cela étant dit, elle est très intéressante cette idée que l'avis des autres puissent influencer notre propre opinion sur un roman ... à méditer !!! ... mais ça me plait bien !
RépondreSupprimerBon pour ce qui est du témoignage, tu sais déjà ce que j'en pense ... cependant le sujet aurait fait un beau roman mais on est bien d'accord avec un autre titre, ou disons plutôt celui d'origine !
Oui et pour être honnête Malika, j'ai moyennement accroché aux passages où il explique les livres....comme quoi!
SupprimerJe trouve ça incroyable que tu aies réussi à changer d'avis sur ce livre pour lequel tu avais commencé par avoir un avis aussi négatif! Je n'en serais pas capable.
RépondreSupprimeroui Fleur, j'en ai été la première étonnée, mais je me suis aperçue que finalement c'est une question d'angle de lecture....Toi, je sais que tu l'as aimé.
SupprimerJ'avoue je ne suis pas intéressée par cette mère trop parfaite et trop possessive, mais c'est important d'avoir d'autres avis sur un livre car notre ressenti négatif peut nous faire passer à côté des points positifs
RépondreSupprimerOui Evalire, je crois que si je n'en avais pas discuté avec mes collègues, je me serais contentée de trouver tout cela trop "amazing"....
SupprimerJ'ai un gros point commun avec la mère : j'aime bien connaître la fin des romans pour mieux en savourer le déroulement.
RépondreSupprimerSinon, je préfère carrément les récits mettant en scène des gens "parfaits" (s'entend : en n'en partageant que les côtés positifs), que ceux qui déballent le linge sale familial sous notre nez... ce qui n'exclut pas que les portraits trop lisses puisse m'agacer...
Je ne te cacherais pas que certaines d'entre nous ont largement apprécié que pour une fois il n'y ait pas de règlements de compte à travers un doc. et ça ne m'étonne pas que toi et Sophie ayez l'habitude de commencer les livres par la fin....
SupprimerRhoooo, super chouette ce billet !! Et diablement tentant !
RépondreSupprimerJe pense que j'ai été enthousiaste essentiellement parce que je l'ai lu avec d'autres yeux que les miens Noukette...
SupprimerC'est bien aussi lorsque tu te laisses attendrir par la vie des autres ;-)...et sinon rien à voir avec ce billet là mais avec un précedent !!! ça y est j'ai trouvé un auteur que j'aime et que tu n'aimes pas... Diwo !!! alors moi j'ai adoré me laisser embarquer par ses romans historiques, m'imaginant vivre au moyen âge à Bastille, à la cours de Louis XIV (je suis une princesse que les choses soient clairs !!!) ou encore en pleine révolution française...
RépondreSupprimerCa me fait quelque chose que nous soyons en désaccord avec un auteur... Pour Diwo je n'en ai tenté qu'un et j'ai du abandonner au bout d'une cinquantaine de pages...à cause de toi, je vais peut-être retenter...
Supprimeret je le sais que tu es une vraie princesse bien sûr....
tu sais que ton blog n'est plus accessible?
SupprimerMon préféré d'entre tous, mais peut être parce que je suis une princesse amoureuse de Paris..."Les dames du Faubourg", il y a 3 tomes...les autres ne sont pas aussi bien !!!
RépondreSupprimerEt sinon mon blog a été victime d'une attaque par des pirates ... oui Madame, euh oui Lady, une attaque par des pirates rien que ça...bon ok ils ont attaqué la plateforme pas que le fil de l'eau, mais quand même c'est chic une attaque par des pirates, nan ? ... il semblerait que les pirates soient morts, je peux me remettre à écrire ;-)
Tu vois je te fais tellement confiance, que je note ce titre pour donner une nouvelle chance à Diwo....je le lirai rien que pour voir si nous tombons en désaccord sur un livre (ce serait une étape importance et nouvelle dans notre relation tu sais)
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