Pom Bessot, Philippe Lefait Et tu danses, Lou, Stock 2013, 204 p. |
C'est officiel, je n'ai pas de coeur, et ce billet, pour ceux qui en doutaient encore, va le confirmer.
J'étais absolument certaine d'aimer Et tu danses, Lou, parce que j'avais lu des billets très élogieux chez des blogueurs dont je partage les goûts, et parce que je suis toujours très perméable aux ouvrages qui parlent des enfants différents. Mais comme Le garçon incassable j'ai été déçue, je crois décidément que j'attends beaucoup trop de ce type de livres et que je suis invariablement déçue.
Pourtant, c’est un beau projet que Pom Bessot et Philippe Lefait ont porté : parler de leur Lou, enfant
différente et handicapée, montrer le combat contre la normalité, les ravages que cela produit sur un couple, le manque de tact et de sensibilité parfois du monde médical à l’égard des patients et de leur famille...Tout cela m'a touchée forcément.
Le problème de mon point de vue, c'est que ce document, qui alterne journal intime au jour le jour de la mère et réflexions a posteriori du père, ne parvient pas à aller au delà de la l’histoire intime des narrateurs. Peut-être que le choix des typographies différentes, avec deux, voire trois, points de vue, affaiblit la fluidité de la narration. Certains passages m'ont semblé un peu trop ampoulés, assez verbeux. Il m'a manqué un peu de simplicité.
Au final, j’ai lu une histoire particulière d'un couple (qui se sépare, se rabiboche, hésite sur une autre grossesse, ne se désire plus). C'est une histoire qui se déroule dans un milieu extrêmement privilégié (entre le Cap Ferret et la belle maison de banlieue), alors que j'attendais un propos plus universel.... Il m’a manqué ce petit plus, ce recul sur soi, un peu d'humour et d'aspérité sans doute, qui permet de donner une dimension plus générale à ce combat quotidien.
J'ai été gênée, et même un peu plus, par la dimension égocentrique de ce récit, même si je ne doute pas qu'elle soit attachante cette toute petite Lou, privée de mots, qui mène sa vie envers et contre tous (ou presque) avec déjà ses goûts, ses lubies et sa volonté de fer. J’ai aimé cette réflexion sur la dictature de la normalité.
En fait, je crois que je sature des ces ouvrages où des gens privilégiés, qui ont accès à une certaine visibilité médiatique, parlent d'eux et des épreuves qu'ils traversent. A part la romancière Bernheim qui avait réussi à me faire pleurer sur les dernières phrases, je crois qu'il faut que j'arrête ce genre: j'ai fait le plein de littérature nombriliste pour l'année.
Malgré tout, parce que je n'assume pas mon manque sensibilité évident, je retiendrai les petites victoires et les jolis souvenirs d’une vie qui avance à son rythme et surtout la belle conclusion sur la solidarité quotidienne et humble des
anonymes, qui sont des pages magnifiques.
Nombriliste, c’est le meilleur qualificatif pour la littérature française depuis de nombreuses années.
RépondreSupprimerJe ne lis plus que des romans d’auteurs américains, j’y trouve un souffle, une verve, des perspectives inédites !
Dans mes bras !!!
Supprimerhé hé hé, vous étiez faîtes pour vous entendre....j'étais sûre de ta réaction Coralie ;-)
Supprimersauf qu'ici c'est un documentaire, un témoignage, pas un roman, je ne vois pas bien en quoi il ne doit pas être "nombriliste"?
RépondreSupprimerMoi, tu le sais, j'ai aimé, j'ai été très touchée et émue par ce livre.
oui bien sûr et je respecte cela...
SupprimerGaléa, j'ai ressenti les mêmes choses que toi, et ai été surtout gênée par le côté "verbeux" de la partie de Philippe Lefait.
RépondreSupprimerIl y a quelque chose qui tient à distance, de
...de ce fait. ( pardon)
RépondreSupprimerMême si les auteurs, rencontres au salon du livre, sont extrêmement sympathiques
Je n'en doute pas du tout Mior, mais je pense vraiment qu'écrivain est un métier, et que ce n'est pas le leur...
SupprimerJe n'ai pas envie de le lire un peu pour les raisons que tu avances ; leur envie de témoigner est légitime, mais je suis lassée aussi des gens connus qui exposent leurs problèmes. Je ne peux m'empêcher de remarquer la plupart du temps qu'ils ont nettement plus de moyens et de relations que le citoyen ordinaire placé dans la même situation. En plus si c'est verbeux ... ça m'étonne parce que je percevais Philippe Lefait comme quelqu'un de plutôt simple et discret.
RépondreSupprimerc'est vrai Aifelle?! je ne l'ai jamais entendu par ailleurs, mais il est très alambiqué dans ses phrases et manque de simplicité...mais surtout comme tu dis, le livre ne va pas au delà de leur expérience personnelle qui reste malgré tout extrêmement privilégiée...Après si écrire tout cela leur a fait du bien et a plu à leurs lecteurs, je trouve que cela valait le coup quand même....
SupprimerJe suis d'accord avec tout ce que tu dis
RépondreSupprimerMême si c'est un témoignage, c'est toujours un livre, et il faut bien y trouver une raison et un intérêt.
Ca m'a touchée mais assez peu. Comme toi, je n'ai pas pu m’empêcher de penser que même dans leur témoignage, ils oubliaient d'élargir un peu l'angle pour justifier cette écriture.
oui je me souviens très bien de ton billet Coralie et je pense que nous avons eu le même ressenti...(je suis peut-être un peu plus sévère)
SupprimerTout à fait le genre d'ouvrage qui me fait fuir. C'est forcément nombriliste, je le conçois parfaitement, mais je ne supporte pas ça, comme l'autofiction à la française qui me sort par les yeux.
RépondreSupprimeroui Jérôme, je pense aussi que je suis hermétique à ce style, c'est pour cela que je n'ai pas été emballée....
SupprimerJe n'ai pas été conquise non plus.
RépondreSupprimerNous avons le coeur ailleurs Val en ce moment ;-)
SupprimerC'est le genre d'ouvrage qu'il faut lire pour se faire sa propre idée. Comme cela, en lisant ton billet, je ne sais pas s'il peut me plaire ou non.
RépondreSupprimerOui Sylire, je pense que c'est vraiment une question de sensibilité, car celles qui l'ont aimé l'ont aimé vraiment beaucoup....
SupprimerRassures-toi, moi j'ai perdu mon âme d'enfant.
RépondreSupprimerje ne vois pas le rapport (à moins que ce soit pour me rassurer d'avoir un coeur de pierre), mais c'est vraiment dommage...(moi je l'ai encore et mes parents en ont un peu assez ;-)
SupprimerJ'ai du mal avec ce genre de "romans", sauf si ça peut servir à beaucoup. Bref, j'en lis peu ou pas.
RépondreSupprimerje pense que je m'arrêterai après la sélection ELLE aussi....ceci dit Keisha il est en non-fiction pas en roman...mais n'empêche ce n'est pas mon truc du tout....
SupprimerEt on reparle du nombril de nos "écrivains"
RépondreSupprimerEt ils ne le sont pas Zazy....c'est un journaliste et une éditrice et c'est peut être ça qui coince en fait....
SupprimerJe n'ai pas été très touchée par ce récit non plus. Pourtant, je ne les ai pas trouvés nombrilistes. J'ai eu du mal à entrer dans leur histoire. Je manquais de choses concrète, de leur quotidien pour m'attacher à eux.
RépondreSupprimerOui Fleur, c'est peut être cela effectivement, il manque un lien...
SupprimerUn livre qui n'est pas fait pour moi, pour toutes les raisons que tu avances...
RépondreSupprimerIl ne l'était pas non plus pour moi Noukette....je ne l'aurais pas lu s'il ne m'avait pas été imposé...(bon c'est le jeu hein , comme dirait l'autre)
SupprimerPas évident d'aborder le handicap sans éviter, le nombrilisme ou le larmoyant. Il reste la carte de l'auto-dérision (pas donnée à tout le monde et pouvant choquer) voire de l'humour noir mais il n'est pas politiquement correct dans ce cas là. Je crois néanmoins que ce genre de témoignage peut aider des anonymes dans la même situation à se sentir moins seul. Mais il y a un coté voyeurisme qui me gène, ces livres sont un peu trop vendeurs parfois...
RépondreSupprimerCela n'a rien à voir mais je repense à Michel Delpech qui vient de sortir un pavé sur son combat contre le cancer en expliquant qu'il faut croire en Dieu dans ces cas là enfin que lui ça l'a aidé. J'ai un peu du mal à comprendre ce genre de récit, le pourquoi du comment, la véritable motivation mais pourquoi pas.
Belle chronique néanmoins parce que sur un livre et un thème qui ne me tentent pas, j'ai lu jusqu'au bout en prenant mon temps et avec plaisir...
Après MTG je me dis que si ça a aidé des gens qui sont dans la même situation, c'est formidable...
Supprimercela n'a pas fonctionné pour moi non plus
RépondreSupprimervoilà !!! :-)
Supprimerje ne sais pas quoi en penser.. .
RépondreSupprimeril se lit vite Clara...peut-être qu'il te parlera plus qu'à moi, d'autres comme Enna en ont été bouleversées....
SupprimerJe n'apprécie ce genre que lorsque l'auteur parvient à dépasser sa petite expérience pour offrir un témoignage un peu plus universel (Jeanette Winterson ou Delphine de Vigan s'en sont je trouve bien sorties avec cette démarche qui peu vite tourner au nombrilisme)... Du coup je ne suis vraiment pas tentée !
RépondreSupprimerCa me fait du bien de te lire Céline, parce qu'on vient de m'offrir le Winterson, et j'espère vraiment l'aimer...
SupprimerCe livre ne me tente aps du tout, que ce soit pour sa forme ou le sujet qu'il traite!
RépondreSupprimerJe peux le comprendre Tiphanie, et il faut déjà être perméable aux témoignages....
Supprimer:-) j'ai bien souri en lisant ton billet, tu as raison d'assumer... je sais ce que c'est que d'être l'intrus parfois...
RépondreSupprimerTu sais Violette que je me rends compte que je ne suis pas la seule à ne pas avoir été emballée finalement. Mais je pense qu'hormis les jurées Elle (qui n'ont pas choisi cette lecture), les autres blogueurs (plus enclins à ce style) s'y sont plutôt retrouvés. Je pense donc que pour les amateurs de ce type de littérature, il doit faire partie des bons...
SupprimerNon, tu n'es pas sans coeur, je comprends tout à fait ce que tu dis... Rassure-toi ! ;) Je n'avais aucune envie de lire ce témoignage, comme toi, je me suis lassée des récits autobiographiques mais comme toi, le Bernheim d'une belle qualité littéraire... m'a bien plu.
RépondreSupprimerOui le Bernheim est vraiment bien Krol, mais je crois que c'est aussi la différence entre un romancier qui parle de son expérience et qui est professionnel du verbe, et quelqu'un dont ce n'est pas le métier et qui s'essaie à l'écriture en parlant de lui...ça ne suffit pas nécessairement pour faire un bon livre. Mais encore une fois, Et tu danses, Lou a plu à de nombreux lecteurs, donc je m'incline!
SupprimerJe ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours du mal avec les témoignages (en fait si, je sais un peu pourquoi...)
RépondreSupprimertout dépend lesquels je pense non ?
SupprimerJe passe mon chemin, en même temps je ne risquais pas de m'arrêter vu que le genre "témoignage" n'est pas du tout mon genre !! Cela dit moi à part la littérature !!!!! Pfffffff !!
RépondreSupprimertu sais bien Malika que moi aussi, il est très rare que j'aime les témoignages...et celui-là n'est pas dans les très rares...
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