Quand Catherine Cusset a annoncé que ce roman là serait plus léger et joyeux que les autres...et qu'il se passerait en Inde (espace moyennement léger quand même), je dois dire que je me suis un peu méfiée. En plus, la pauvre romancière a quand même écrit Le Problème avec Jane ce qui est une référence difficile à égaler.
Indigo raconte l'histoire de quatre Français qui partent en Inde participer à une rencontre autour du cinéma et de la littérature organisée par l'Alliance Français. Le roman suit donc Charlotte cinéaste française installée aux Etats-Unis, Roland un sexagénaire romancier à la limite du vieux beau, Géraldine salariée de l'Alliance Française mariée à un Indien et converti à l'islam et Raphaël, romancier lui aussi dans une version sombre et torturée. Cusset les suit pendant un petite semaine.
D'abord, pour être totalement transparente, j'ai un rapport particulier avec l'Inde, pas l'actuelle bien sûr (vu que je ne prends pas l'avion), mais celle d'il y a trois siècles que j'étudie depuis un certain temps maintenant. Et force est de constater que Cusset nous raconte une péninsule indienne avec la même ambiance, la même couleur que celle que je crois connaître (les vélos, mobylettes et voitures en plus). Elle parvient à retranscrire à la fois la fascination et la répulsion. Je crois vraiment que la grande réussite de son livre tient dans cette restitution sonore, visuelle, olfactive et affective d'un pays contrasté, mystérieux et toujours à la frontière du danger.
Je dois dire que j'ai été moins séduite par l'histoire qu'elle nous raconte. Chacun de ses personnages se retrouve en pleine introspection en Inde et règle un peu ses comptes avec son passé. A la vérité j'aurais aimé davantage de sobriété dans le passé des personnages puisque nous avons au choix (et sans déflorer l'intrigue): un père mort noyé, une mère incestueuse, un père violent, une enfant abandonnée, une meilleure amie suicidée, un cancer surmonté, des femmes trahies et abandonnées, un fiancé pervers et dominant...et j'en passe, j'aurais aimé moins de pathos et plus de simplicité; même si certaines phrases qu'elle fait dire à ses personnages me font frissonner d'émotion: "Il faut de la médiocrité pour arriver à vivre. Ceux qui n'y arrivent pas sont souvent les meilleurs" (p.228).
J'ai aussi trouvé la construction maladroite, les flash-back sont amenés poussivement, les épisodes amicaux entre Charlotte et Deb paraissent un peu artificiels et s'insèrent mal dans le récit. Une certaine dissymétrie m'a gênée parce que l'un des quatre personnages, Raphaël, est nettement moins suivi que les autres (et c'était celui qui me plaisait le plus...), et parce que les deux figures féminines, malgré leur 10 ans d'écart, sont quand même assez redondantes. Le personnage et la vie de Roland me semblaient suffisants pour remplir tout le roman.
Et pourtant, malgré cela, je l'ai aimé quand même ce dernier Cusset, bien que j'en voie tous les défauts. Je me demande même si à force de décortiquer un roman, on n'en perd pas sa saveur. C'est un livre aussi d'une très grande sensualité, qui colle très bien à l'ambiance indienne (telle que je me la représente), un espace de tous les possibles. C'est une fois de plus une réflexion sur l'égocentrisme, masculin et féminin, avec toute la psychologie un peu hasardeuse que ça suppose; et qui forcément fait appel à quelque chose chez moi. Et puis j'aime le côté sans complaisance de Cusset l'universitaire, qui raconte avec une certaine cruauté ses tables-rondes qui réunissent des gens avec un ego démesuré et des intonations géniales devant des publics réduits. La fin n'est pas tout à fait réussie mais elle s'articule autour des symboles du feu et de l'eau ...ce qui n'était pas pour me déplaire.
Bref, je l'ai lu, sinon avec enchantement, au moins avec un plaisir certain parce que j'aime Catherine Cusset et que ses romans se répondent les uns aux autres.
PS: j'ai pris un retard certain sur vos blogs, je vais y remédier, j'ai manqué de billets extra à droite et à gauche. Ma boite Gmail semble ne pas non plus être d'une efficacité redoutable ...j'espère que vous avez eu mes réponses aux commentaires du billet précédent (deux ne sont pas passées ...c'est une certitude). Je vais creuser le problème...J'en appelle à votre indulgence...Bon dimanche à tous
Il va falloir que je me décide à lire "Le problème avec Jeanne"....
RépondreSupprimerJ'espère que tu ne seras pas déçue. De mon côté j'ai projeté de le relire pour me rafraîchir la mémoire.
SupprimerPareil exactement pareil...;-)
RépondreSupprimerC'est drôle, ça ne m'étonne pas! entre cussetophiles on se comprend sans doute!
SupprimerJe dois dire que je n'ai pas vu de chroniques fortes élogieuses sur ce livre. Tu as l'air aussi de penser que ce n'est pas le meilleur. A vrai dire j'ai regardé ses livres pour essayer de découvrir cette auteure mais je n'arrive pas à me décider, rien ne me tente vraiment. Ou plutôt c'est que je n'en lis pas forcément de très bons avis. Alors c'est le flou pour moi...
RépondreSupprimerBonne fin de journée :D
Ce n'est pas son meilleur, mais je l'ai apprécié quand même, parce que j'ai une tendresse pour Cusset. "Un brillant avenir" et "le problème avec Jane" sont plus aboutis...
SupprimerMaintenant Cusset ne plait pas à tout le monde.
Belle semaine Laure
Voilà un livre que je ne lirai sans doute pas... Je vais commencer par "Le problème avec Jane" plutôt...
RépondreSupprimerBonne fin de week-end :)
Très bonne initiative chère Comète!
SupprimerBises
C'est un auteur que j'apprécie mais sans plus ... Indigo me tente moyennement pour l'instant !
RépondreSupprimerJe peux le comprendre; mais il a quand même une belle couleur!
SupprimerJe l'ai fait réserver à la bibliothèque ! J'avais lu "un brillant avenir" qui m'avait moyennement plu ! On verra, je n'aime pas émettre de point de vue sans l'avoir lu !!!! La couverture a déjà attiré mon oeil en librairie...
RépondreSupprimerBonne journée !
Oui la couverture est belle! Je ne suis pas sûre que tu l'aimes si tu n'avais pas adoré un "brillant avenir"...mais sait-on jamais!
Supprimerje n'ai lu que Le problème avec Jane que j'avais assez aimé sans être un roman extraordinaire
RépondreSupprimerLà l'Inde c'est effectivement attirant mais il me semble qu'il y a pas mal de romans autour de l'inde qui doivent être meilleurs non ?
C'est pour cela qu'il faut que je relise "le problème..." j'en garde le souvenir réjoui de mes 20 ans, il faut que je vérifie s'il me plaît toujours autant. Je trouve qu'elle peint bien l'Inde, mais ce n'est pas le sujet du roman, c'est son décors...
SupprimerJ'ai lu ce week end, sur tes conseils parce que comme toi je ne connaissais pas l'existence de ce livre "NY journal d'un cycle" et une fois encore je te rejoins...ce côté un peu foutras de souvenirs d'enfance, d'adolescence et de jeune femme...en revanche pour connaitre NY, j'ai eu le sentiment de reconnaître cette ville vraiment à part et ne connaissant pas l'Inde je me suis dit que Indigo devait être une photo juste de ce pays ;-)
RépondreSupprimerhallucinant, blogspot t'avait mis en spam (on croit rêver). complètement d'accord, je pense qu'Indigo restitue bien l'ambiance indienne.
SupprimerSur Cusset, je pense que nous serons souvent d'accord!
;-)
Je ne suis pas tout à fait conquise mais comme toi, je l'ai aimé aussi. Mon préféré reste Un brillant avenir. J'ai préféré Indigo au Problème avec Jane.
RépondreSupprimerOui bien sûr ce n'est pas son meilleur...mais c'est une lecture que j'ai aimée quand même. Il faut absolument que je relise "Le Problème..." pour trancher cette question. Merci de ton passage.
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