Une histoire de russes qui jouent aux échecs à Paris
Le Club des Incorrigibles Optimistes, raconté par Jean-Michel Guenassia, se situe dans l'arrière-salle d'un bar parisien. Un lieu marginal et confidentiel qui réunit, pendant une grosse décennie, des russes blancs et rouges qui jouent, ensemble, aux échecs. Un "jeu" qui apparaît de fait comme un langage universel de l'intelligence.
Jean-Michel Guenassia, Le Club des incorrigibles optimistes, Livre de Poche, 2011, 731 p. |
Le propos du livre est pourtant bien celui de la guerre
Et c'est bien mieux abordée que le Goncourt de l'année passée. La Révolution russe qui n'en finit plus de broyer les contestations présumées ou réelles au régime. La guerre d'Algérie qui avale la jeunesse. Et même la Seconde Guerre mondiale qui surgit en arrière-plan. Dans cette histoire, la guerre révèle l'homme, et pas forcément dans ce qu'il a de plus noble.
Finalement, Le Club des Incorrigibles Optimistes pose la question de l'individu, de son unicité, de sa trace, de ce qu'il en reste malgré le cours de l'Histoire. Le rôle de l'écrit mais surtout de la photo est prédominant. L'image apparaît dans toute son ambiguïté : quand elle sublime et quand elle trahit la réalité. J'aime infiniment ce questionnement.
Un roman dense, des références historiques nombreuses
Le Club n'a pas fait l'unanimité sur la blogosphère. Foisonnant de personnages et de références historiques, ce pavé de 730 pages dépeint les années 50' et 60'. Indéniablement, tout y est, : la naissance du rock and roll, l'essor de l'électroménager, l'émergence d'Israël, la décolonisation, le retour des Pieds-Noirs, l'avant mai 68 avec les lycées de filles et de garçons. On y croise Sartre, Kessel, Noureev et une jeune étudiante qui débute sa thèse sur Aragon. L'ensemble est peut-être un peu lourd et je peux comprendre que certains lecteurs s'y soient lassés. Mais par déformation professionnelle, je suis sensible à cette rigueur. Je le conseille donc aux amateurs d'histoire et de gros pavés...J'en suis !
C'est un livre en nuances de gris (c'est à la mode!) sans réels héros ni véritables victimes. Les Russes apparaissent comme des hommes brisés à la conscience écorchée. Le parcours des Igor, Léonid et Werner est à la fois flamboyant et misérable. Ce n'est pas sans rappeler la trilogie d'A. Wiazemski. Le narrateur, Michel Marini, passe de l'enfance à l'âge adulte dans une période de paix. J'ai aimé sa rage de courir au Luxembourg jusqu'à en avoir mal. Il est l'effet de contraste du roman. Son entourage manque, sciemment sans doute, de relief.
Contrairement à ce que promet le titre, c'est assez pessimiste
La fin est, selon moi, extrêmement réussie. Peut-être ne l'aurais-je pas pensé si je l'avais lu dans un transat ou sur la plage. Mais lire les 20 dernières pages, un soir sombre et tourmenté de novembre était poignant. Le temps était étonnamment raccord avec l'atmosphère du livre. Ce qui prouve bien qu'une lecture réussie résulte de la rencontre d'un romancier et d'un lecteur ... à un moment donné.
"Le temps qu'il fait" est loin d'être un détail lorsqu'on finit un livre.
Un roman que j'avais beaucoup aimé.
RépondreSupprimerNous l'avons peut-être lu au bon moment. Pas mal de mes amis l'ont trouvé trop foisonnant, trop "historique". Mais, moi je l'ai aimé aussi.
Supprimeroh, tu me tentes !
RépondreSupprimerLaisse-toi séduire, c'est un livre à lire en automne!
SupprimerParfois au moment de la sortie d'un livre il y a tellement de critiques et billets de blogs que je suis en overdose, maintenant je vais peut être me tourner vers ce livre, j'aime l'histoire et les pavés alors pourquoi pas
RépondreSupprimerComme toi, j'ai attendu qu'il soit "digéré" dans les critiques pour m'y pencher. Tout le monde en a tellement parlé que je l'avais mis de côté. Et finalement, je n'ai pas regretté d'avoir attendu. Je l'ai lu au bon moment. Bonne journée
SupprimerJ'ai vraiment envie de le lire, maintenant... Je pensais que c'était un livre simple et léger, d'après le titre, et comme je n'ai plus tellement de temps pour lire, je préfère les livres plus fournis.
RépondreSupprimerEffectivement, pas si léger que le titre le sous-entend, quoique certains n'y ont pas perçu la même chose que d'autres. Moi il m'a vraiment plu. Merci de ton passage.
SupprimerJe n'avais pas encore lu beaucoup sur cet auteur et ce livre. Me voici convaincu, par le titre au moins !
RépondreSupprimerC'est un bon roman, le titre a du sens mais ne préfigure en rien l'histoire , c'est aussi cela qui m'a séduite . Merci de votre passage.
RépondreSupprimerJ'avais raté ce billet là, et voilà qu'une fois encore je partage ton avis ;-)
RépondreSupprimerC'est étonnant!!! Nous avons encore des goûts approchants...
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