jeudi 29 novembre 2012
Le paradoxe du mercredi
lundi 26 novembre 2012
Un village moldu
| J.K. Rowling, Une Place à prendre, Grasset, 2012, 679 p. |
Mais loin d'être un roman qui revisiterait la lutte des classes, il s'agit plutôt d'une lutte des sexes. Les hommes agissent, les femmes subissent dans Une Place à prendre.Chez les femmes, ce n'est guère plus réjouissant. Pas d'Hermione surdouée, pas de Mme Weasley qui tienne une maison chaleureuse, désordonnée et réconfortante. Les femmes du roman, Samantha, Tessa, Maureen ou Shirley, souffrent toutes d'un physique ingrat et d'un dévouement inquiétant à leur moitié. Il y a bien Kay, une assistante sociale, plus ou moins féministe, qui tente de rester fidèle à ses idéaux mais qui ne parvient pas à garder un homme. Parminder, médecin généraliste brillant, pourrait presque nous redonner espoir si elle faisait autre chose qu'humilier sa fille. Je passe sur Terri la droguée qui se prostitue pour acheter de l'héroïne tandis que sa fille Krystal, banlieusarde cabossée au vocabulaire réduit, pleure le défunt (on suit la vie sexuelle -consentie ou non- dans le détail le plus cru).Terminons sur Sukhvinder, souffre-douleur du lycée, qui plie sous les poids du complexe et du désespoir, et qui se scarifie les bras à la nuit tombée. J.K Rowling a choisi d'en faire l'héroïne de la fin du roman.
Certes, les sentiments humains sont remarquablement abordés, l'auteur décortique tout ce qui interfère dans les émotions et les agissements de chacun. En cela, bien sûr c'est assez brillant. Disséquer à ce point ce qui fonde les rapports humains est toujours agréable à lire. Et on ne peut pas dire qu'on s'ennuie parce qu'on brûle de connaître la fin.
Ce livre n'est pas seulement triste, il est désespérant. Quand on le referme, surtout au mois de novembre, on a besoin d'être avec les siens, d'observer ses enfants, de marcher au bord de la mer. Hier après-midi j'avais besoin de me dire que la vie n'est pas aussi sinistre que l'écrit J.K.Rowling. Aux vues de mes deux dernières semaines, je pense maintenant me retourner vers les valeurs sûres pour me requinquer avant Noël.
mardi 20 novembre 2012
C'était mieux avant?
Je fais partie des gens qui, tout le temps, trouvent que "c'était mieux avant". Je suis la mère qui, à la sortie d'école, se plaint du niveau de grammaire et orthographe des élèves. Je regrette en permanence que l'école ne soit plus l'ascenseur social d'autrefois. J'ai été l'enseignante horrifiée de voir qu'on pouvait ignorer le nom des grands auteurs classiques. Je me désole des incivilités et de la vulgarité en pensant que c'est un mal moderne. Je n'aime que les vieilles pierres, je n'ai jamais voulu habiter dans du neuf parce que je trouvais les plafonds trop bas et les salons trop petits. Je suis convaincue d'être née un siècle trop tard. Il y a 100 ans, ma ville était la plus belle d'Europe, elle est aujourd'hui défigurée. Je préférais Canal + avant. Je suis celle, qui pénible à souhait, se plaint en permanence du temps qui passe. Bref, je suis la copine ringarde qui collectionne les cartes postales anciennes et qui milite contre la pollution et les additifs alimentaires.
Et j'y suis arrivée. Il ne faut pas y regarder de trop près, mais c'est fini. C'est irrégulier, il y a quelques trous, bref, personne imaginera que je l'ai acheté aux Galeries Lafayette, et je ne suis pas bien sûre de le porter cet hiver. Mais je l'ai fini.dimanche 18 novembre 2012
Déceptions
Chochana Boukhobza, Fureur,
Denoël, 2012, 407 p.
|
Chochana Boukobza, Sous les étoiles,
Le Seuil, 2002, 363 p.
|
jeudi 15 novembre 2012
Danser et courir
Je cours tôt le matin, au bord de la mer, et j'ai conscience de la chance que j'ai de voir le soleil se lever sur la Méditerranée. Je cours rien que pour moi, et ça me fait vraiment du bien. Je cours sous tous les temps, je pars avant que le jour se lève. Pendant toute mon enfance je suis passée à côté du plaisir de courir. Peut-être est-ce un sport de la maturité finalement. Il ne nécessite qu'une paire de basket et un homme qui gère les enfants pendant une heure. Une heure de solitude, de contemplation et de méditation.P.S: au hasard de mes déambulations virtuelles, je m'aperçois que nous sommes quelques blogueuses à aimer courir. Sur le tard parfois, avec philosophie souvent, avec effort toujours. Courir c'est finalement avoir une certaine vision du monde et du temps.
Beaucoup de mots pour finalement dire un truc tout simple. C'est tout moi ça, j'ai du mal à aller à l'essentiel; enfin qui a dit qu'un blog devait aller à l'essentiel tout le temps?
dimanche 11 novembre 2012
Le club des incorrigibles optimistes-Guenassia
Une histoire de russes qui jouent aux échecs à Paris
Le Club des Incorrigibles Optimistes, raconté par Jean-Michel Guenassia, se situe dans l'arrière-salle d'un bar parisien. Un lieu marginal et confidentiel qui réunit, pendant une grosse décennie, des russes blancs et rouges qui jouent, ensemble, aux échecs. Un "jeu" qui apparaît de fait comme un langage universel de l'intelligence.
| Jean-Michel Guenassia, Le Club des incorrigibles optimistes, Livre de Poche, 2011, 731 p. |
Le propos du livre est pourtant bien celui de la guerre
Et c'est bien mieux abordée que le Goncourt de l'année passée. La Révolution russe qui n'en finit plus de broyer les contestations présumées ou réelles au régime. La guerre d'Algérie qui avale la jeunesse. Et même la Seconde Guerre mondiale qui surgit en arrière-plan. Dans cette histoire, la guerre révèle l'homme, et pas forcément dans ce qu'il a de plus noble.
Finalement, Le Club des Incorrigibles Optimistes pose la question de l'individu, de son unicité, de sa trace, de ce qu'il en reste malgré le cours de l'Histoire. Le rôle de l'écrit mais surtout de la photo est prédominant. L'image apparaît dans toute son ambiguïté : quand elle sublime et quand elle trahit la réalité. J'aime infiniment ce questionnement.
Un roman dense, des références historiques nombreuses
Le Club n'a pas fait l'unanimité sur la blogosphère. Foisonnant de personnages et de références historiques, ce pavé de 730 pages dépeint les années 50' et 60'. Indéniablement, tout y est, : la naissance du rock and roll, l'essor de l'électroménager, l'émergence d'Israël, la décolonisation, le retour des Pieds-Noirs, l'avant mai 68 avec les lycées de filles et de garçons. On y croise Sartre, Kessel, Noureev et une jeune étudiante qui débute sa thèse sur Aragon. L'ensemble est peut-être un peu lourd et je peux comprendre que certains lecteurs s'y soient lassés. Mais par déformation professionnelle, je suis sensible à cette rigueur. Je le conseille donc aux amateurs d'histoire et de gros pavés...J'en suis !
C'est un livre en nuances de gris (c'est à la mode!) sans réels héros ni véritables victimes. Les Russes apparaissent comme des hommes brisés à la conscience écorchée. Le parcours des Igor, Léonid et Werner est à la fois flamboyant et misérable. Ce n'est pas sans rappeler la trilogie d'A. Wiazemski. Le narrateur, Michel Marini, passe de l'enfance à l'âge adulte dans une période de paix. J'ai aimé sa rage de courir au Luxembourg jusqu'à en avoir mal. Il est l'effet de contraste du roman. Son entourage manque, sciemment sans doute, de relief.
Contrairement à ce que promet le titre, c'est assez pessimiste
La fin est, selon moi, extrêmement réussie. Peut-être ne l'aurais-je pas pensé si je l'avais lu dans un transat ou sur la plage. Mais lire les 20 dernières pages, un soir sombre et tourmenté de novembre était poignant. Le temps était étonnamment raccord avec l'atmosphère du livre. Ce qui prouve bien qu'une lecture réussie résulte de la rencontre d'un romancier et d'un lecteur ... à un moment donné.
"Le temps qu'il fait" est loin d'être un détail lorsqu'on finit un livre.
mardi 6 novembre 2012
L'envers d'une année
Haruki Murakami,
1Q84, Livre 1, avril-juin
Belfond, 2011, 534 p.
|
J'ai adoré la naissance d'un roman dans le roman, La Chrysalide de l'air, dont une jeune fille dyslexique, lunaire et éthérée, trop parfaite pour être humaine, a mystérieusement jeté la trame. Tengo met le récit en forme. Paradoxalement, en endossant le costume du ghost writer, il devient écrivain. Comme toujours Murakami intellectualise la naissance d'un roman.
Haruki Murakami,
1Q84, Livre 2, juillet-septembre, Belfond, 2011, 526 p.
|
Haruki Murakami,
1Q84, Livre 3, octobre-décembre, Belfond, 2011, 530 p.
|
vendredi 2 novembre 2012
Conserver une trace...
![]() |
Le cadran solaire de Roba Capeù
|
Qu'on croit ou pas à un monde meilleur après, la vraie question persiste. Quelle trace laisse-t-on ici , dans ce monde là?
La Quadrature des Gueux : Le sens de la fête
Nouveau point d'étape de la quarantaine : le sens de la fête. Que reste-t-il de nous quand il s'agit de faire la fête ? Je parle d...
-
A un moment, il faut bien venir éteindre la lumière et fermer la porte de ce blog. Une copine, qui sait de quoi elle parle, m'a quand m...
-
Le récit qui enterre Eddy Bellegueule Je ne crois pas avoir déjà lu un livre aussi violent. Inutile de rappeler l'histoire, à moins d...
-
Monsieur Caviglioli, Ma mère est abonnée au Nouvel Observateur, ainsi quand je vais chez elle, je lis entre le café et les macarons, après...






