Carla Montéro, La Table d'émeraude Editions Prisma, 2013, (747 p.) |
J'ai choisi mon Masse Critique de Babélio complètement à l'aveugle. Je suis arrivée très en retard, il ne restait pas grand chose, j'y suis donc allée au jugé (comme en navigation hauturière avant le GPS).
Et tant mieux.
J'ai cliqué sur La Table d'émeraude de Carla Montero parce que:
- l'auteur est espagnole (ça me plait)
- la première de couverture est belle (c'est important)
- il est question d'une trentenaire madrilène, ex thésarde en histoire de l'art (c'est bien de pouvoir s'identifier)
- c'est l'histoire d'une mystérieux tableau de la Renaissance qui a disparu à Paris pendant l'Occupation (le seconde guerre mondiale est une valeur sûre dans le déroulé romanesque).
Il ne m'en fallait pas plus.
A ce stade de ce billet, je conseille à tous ceux qui n'aiment pas la littérature populaire d'en rester là. Parce que La Table d'émeraude est à mi-chemin entre le Da Vinci Code, le Réseau Corneille de Ken Folett, avec un soupçon de Zafon et un petit zeste de Dicker. Alors clairement, il faut un minimum d'ouverture à la littérature gros tirage et grand public pour aimer La Table d'émeraude...et je confesse que c'est parfois mon cas.
Alors bien sûr, il y a tous les ressorts de ce type de romans, Carla Montero respecte les codes du genre. Une intrigue à cheval sur deux époques (maintenant et les années 1940), deux histoires d'amour entremêlées, un chef d'oeuvre qui renferme la clé du monde, une écriture assez peu flamboyante, énormément de dialogues, une intrigue assez prévisible, des personnages un peu caricaturaux (p.50 j'ai compris qui était méchant), une peinture de la Résistance parisienne qu'on a l'impression d'avoir lue plusieurs fois, une passion qui ressemble à un ersatz de Vercors, quelques facilités et négligences dans le scénario, et autant dire qu'on n'est pas saturé de ce que ma styliste préférée appelle "psychologie des personnages"...oui, c'est vrai...sauf ...
..que je me suis RÉGALÉE et que franchement je n'ai pas boudé mon plaisir (surtout que je n'étais pas au top de ma forme dentaire).
Je me suis joyeusement engloutie les 750 pages en quelques jours, parce que quoiqu'il en soit, j'adore les histoires de résistants héroïques sous l'Occupation (la fille peu farouche au grand cœur, le chef de réseau sanguinaire, le garçon d'écurie courageux, la jeune orpheline juive courageuse et solitaire, la constitution d'un réseau, l'épreuve de la torture...rien d'original mais tout cela fonctionne très bien). J'aime l'idée qu'un chef d'oeuvre pictural (qui abrite un secret de l'humanité) soit protégé par les gentils et recherché par une méchante société secrète (sans compter que le gros avantage par rapport au Dicker c'est que c'est un tableau, on n'a donc pas les extraits du prétendu chef d'oeuvre à se farcir). Les histoires d'amour sont convenues et mièvres, mais c'est délicieux. Les histoires de famille sont tortueuses et passionnantes. Çà se déroule dans les dépôts d'archives que j'affectionne après dix ans de bons et loyaux services. L'écriture, à défaut d'être splendide, est haletante, et c'est important sur 750 pages.
Alors, tant que La Table d'Emeraude ne reçoit pas le prix de l'Académie française, je dois dire que c'est un véritable bonheur de lire un pavé sans prétention, addictif et bien ficelé. C'est un grand bien que ce genre de livres existe, parce que ça fait vivre les éditeurs (80 000 exemplaires tirés en Espagne) mais surtout parce que parfois on a vraiment besoin d'une lecture facile, prévisible, romanesque et addictive.
Donc franchement, merci Babélio.
J'intègre ce billet pour le challenge A tous prix qu'Aspho a repris chez Laure, pour le prix Femme Actuelle de l'automne 2013 (no comment, merci).
Message personnel pour la Comète: c'est pile ce qu'il te faut ce bouquin en ce moment, il est parti chez ma mère mais je peux te l'envoyer avec ton livre voyageur que je suis en train de finir. Ça te dit?
Message personnel pour les éditions Prisma: p.419, Catherine de Médicis a épousé Henri II et non pas Henri I, et ce n'est sûrement pas un détail de l'histoire.
Message personnel de Babélio: « Que vous aimiez Toni Morrison. ou Guillaume Musso., Umberto Eco. ou Tatiana de Rosnay., Babelio vous invite toute l’année à découvrir des critiques de livres. et à dénicher les meilleurs livres. en allant sur Babelio.com."
Ah, me voilà très fière de poser ici le premier commentaire concernant ce billet ;-)
RépondreSupprimerT'inquiète (formule préférée de Mlle Margotte...), on ne t'en voudra pas de te faire plaisir en avalant un pavé addictif et sucré... De ce côté-là, on a toutes nos faiblesses... J'avoue avoir aimé le Da Vinci Code, en revanche, L'ombre du vent, j'ai trouvé ça long et ennuyeux (seule la scène dans la grande bibliothèque a réveillé mon intérêt).
Il faut avouer que rien qu'à la lecture du titre de ce roman, on sent la lecture avec un bon plaid, près de la cheminée. Quand la bise arrive, c'est une activité à ne pas négliger ! Et puis, après toutes tes lectures pour le jury Elle, un peu de détente ne nuit pas ;-)
PS : J'attends toujours Lady Hunt et mon impatience devient de plus en plus fébrile...
Margotte tu m'enlèves les mots de la bouche en fait, c'est exactement ça, et ça m'a fait un bien fou!! Quant à Lady Hunt, je crois que PM a un peu de retard cette année!
SupprimerPar contre j'étais sûre que tu avais aimé l'ombre du vent (ce n'est pas ton adresse mail ? ou je dois confondre alors)
que j'aime cette description aux petits oignons! En tout cas ça donne envie pour s'évader d'un dimanche pluvieux...
RépondreSupprimerVous n'avez jamais rédigé de quatrième de couverture? ça changerait de toutes celles écrites par quelqu'un qui n'a pas lu-voire même ouvert-le livre...
Bon dimanche!
Eva
Tu me flattes Eva...c'est un pavé de l'automne c'est certain, dimanche pluvieux, ou convalescence dentaire!!
SupprimerBelle semaine
Excellent billet! 750 pages enveloppantes, pas intello, prévisibles, et qui ne prennent pas le ciboulot, rha que ça fait parfois plaisir... Je te comprends!
RépondreSupprimerIl faut dire Keisha que je sortais d'un doc très ardu, très pointu qui me demandais énormément de concentration...alors du coup, la Table d'émeraude m'est apparu comme une vraie détente!!
SupprimerMais j'ai très envie de le lire. Merci beaucoup pour cette découverte !
RépondreSupprimerTant mieux SOphie! A priori je pense que c'est un bouquin qu'on va voir un peu partout dans les mois qui suivent, c'est du gros tirage et ça plaira au plus grand nombre, à raison je pense
SupprimerTon billet est superbe et tu me donnes envie mais j'avoue 750 pages cela m'effraie un peu avec la PAL qui m'attend je le met de côté pour une période de grande disponibilité .
RépondreSupprimerHonnêtement Evalire, on ne les voit pas passer, il est très addictif, et le niveau d'écriture particulièrement fluide...su tu vois ce que je veux dire...
SupprimerTa franchise t'honore et tu n'as pas à rougir de lire des livres "populaires" au sens péjoratif du terme, d'ailleurs c'est un paradoxe parfois très snob que littérature et "livre qui se vend" ne font pas bon ménage. Un livre qui se vend étant censé être de la sous-littérature. Mais sauf que nous en avons besoin de cette littérature, qu'elle permet peut-être de passer à des auteurs plus exigeants et tant qu'on vend des livres, c'est bon signe ! Ton billet est excellent ! :) Et surtout n'ayons pas honte de nos lectures, quelles qu'elles soient !
RépondreSupprimerEntièrement d'accord Aspho, on a besoin de la littérature populaire. Disons que ce n'est pas un livre qui fait réfléchir, mais franchement pour moi, il est arrivé au bon moment, et je me réjouissais de me plonger dedans le soir, et ça c'est déjà un excellent point. Sans compter, qu'on a tous à un moment ou un autre, des pannes de lecture, et de ce côté là aussi, ce livre est bienfaisant...et puis que veux tu, une énigme artistique, la seconde guerre mondiale, des histoires de famille et d'universitaires, je ne pouvais pas lutter!!
SupprimerD'elle j'ai beaucoup aimé "la folle du logis" et je retrouve plusieurs aspects de ce roman dans ton billet: son amour pour l'Histoire et pour l'art entre autres. Tu me donnes bien envie de continuer à la lire!
RépondreSupprimerJe ne savais même pas MAngo qu'elle en avait écrit d'autres. Je note la "folle du logis", si c'est dans la même veine, ça me fera du bien d'en avoir un sous la main!
SupprimerBonjour,
SupprimerMerci pour le billet.
J'ai beaucoup aimé La Table d'émeraude et je suis venue sur ce blog pour trouver des titres dans la même veine. Lectures "détente".
Juste un détail "La folle du logis" est de Rosa (pas Carla) Montero.
http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/rosa-montero-la-folle-du-logis-11216.php
Cordialement Yvanne
Merci pour cette précision Galatée74
SupprimerA tout bientôt
Je m'ajoute au louanges et te félicite pour ce billet. On a toutes parfois besoin d'une lecture pas prise de tête, qu'on lit sans efforts. Pour le coup, je ne suis pas trop tentée, enfin pas pour le moment, mais on ne sait jamais. Et ta remarque sur les passages du chef d'oeuvre de Dicker m'a bien fait rire ;-)
RépondreSupprimerBienvenue Zarline...il faut être honnête , ce qui a desservi Dicker, ce sont les extraits du prétendu chef d'oeuvre d'Harry Québert qui étaient d'une grande médiocrité, alors que le reste de l'histoire était plutôt bien fichue .
SupprimerCe genre de livres m'est indispensable : et oui, à mon tour de passer à la confesse ! Car sans eux, je n'aurai aucune partie de cerveau disponible pour le "plus lourd". Je t'embrasse et te félicite pour ce billet génial à lire (sûrement mieux que ledit livre, d'ailleurs)
RépondreSupprimerAlors ça c'est bien trouvé Philisine, ces livres nous permettent justement de gérer notre cerveau. Et puis Zut, moi je vis avec un Homme qui se détend devant des séries américaines franchement glauques, moi c'est ma manière de lever la soupape ! entre nous, La Table d'émeraude est bien quand même!!
SupprimerA partir du moment où l'on sait dans quoi on s'engage, je ne déteste pas non plus une gourmandise facile de temps en temps. J'ai dévoré "Da Vinci Code" sans honte, tout en trouvant qu'il était écrit avec les pieds .. Je ne me lancerai peut-être pas dans celui-là, mais je comprends que tu l'aies fait (et le mal aux dents nécessite des mesures exceptionnelles, on a les neurones en vrac !!!)
RépondreSupprimerAifelle, tu as trouvé le terme juste: une "gourmandise facile", je n'irai pas jusqu'à dire que la Table ...a été écrite avec les pieds, mais bon, le style est plus qu'accessible...De toute manière, j'assume toutes mes lectures, même les moins honorables!! des bises
SupprimerJe note, ce genre de livre fait du bien aussi, j'ai aimé le Da Vinci Code et le Réseau Corneille, alors je pense que j'aimerais aussi celui-ci
RépondreSupprimerEffectivement Bianca, il est pile entre les deux. Je te le prête si on se voit à Paris en 2014!
SupprimerJe suis comme toi, j'aime bien, parfois, dévorer un livre sans prétention dont la lecture est fluide, et qui m'emporte au fil des pages dans une histoire bien ficelée, même convenue, mais qui retient mon attention sans effort.
RépondreSupprimerTu as tout dit ma chère ZAP...un peu de facilité et de fluidité, ça ne nuit pas. Des bises ensoleillées (je sais que tu en as besoin)
SupprimerEst-ce grave Docteur, pas lu Da Vinci code ?
RépondreSupprimerEt oui, je reconnais être une des rares personnes à ne pas l'avoir lu et, surtout, à ne pas avoir envie de le lire.
A l'ombre du vent m'avait intéressée
Alors, lirai-je celui-ci, si il est en bibliothèque, si j'avance bien dans ma PAL bibliothèque et l'autre, pourquoi pas !
J'aime bien tes galets
Merci Zazy ;-)
SupprimerJe n'avais pas entendu parler de ce titre jusqu'ici mais pourquoi pas. Je n'ai rien contre ce genre de livres de temps en temps. D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé le Dicker ! Le genre de bouquin pour les vacances, sur la chaise longue...
RépondreSupprimerOui parfois ce sont des lectures nécessaires, qui permettent de souffler un peu (comme une bonne série télé)
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