Fanny Chiarello, Une faiblesse de Carlotta Delmont Edition de l'Olivier, 2013 (183 p.) |
Carlotta Delmont, personnage principal comme chacun l'aura compris, est une cantatrice américaine de l'entre-deux guerres en représentation à Paris. Elle disparaît subitement à la suite après son récital. Comme Asphodèle, j'ai une tendresse particulière pour cette période folle, surtout quand l'intrigue commence dans une chambre du Ritz (qui était encore le temple des artistes glorieux de ce monde) et se poursuit sur un Paquebot.... Fanny Chiarello avait donc tout réuni pour me plaire.
Une faiblesse de Carlotta Delmont ne rassemble que de bons ingrédients: une trentenaire en plein doute, le milieu de l'opéra et ses loges de diva, le Paris effervescent qui accueille la bohème des années 1920. On y trouve aussi la question de la féminité du premier XXe siècle (Fitz apparaît fugacement), des allusions aux enfants "différents", la question du génie, de l'incarnation de la vie d'artiste ... Tout est juste et profond, rien n'est bâclé. Un travail vraiment soigné, jusque dans sa construction.
Il n'y a pas de narrateur dans ce roman, uniquement des extraits de correspondances, de presse, de journaux intimes et même, dans la dernière partie, une petite pièce de théâtre avec personnages et didascalies. C'est un petit bijou d'écriture. C'est très ingénieux, extrêmement artistique, techniquement c'est parfait. Fanny Chiarello construit son intrigue et en révèle les rebondissements avec beaucoup de maestria. En plus, ce roman se lit comme du velours pour des amateurs de musique lyrique avec quelques détails techniques discrets, des allusions aux grands opéras...on aurait presque l'impression d'entendre Norma...
Et pourtant, la lectrice (moi en l'occurrence) est tenue à distance de ce roman, dans lequel je ne suis jamais vraiment entrée ...pour une raison que je ne m'explique pas. J'ai des hypothèse bien sûr. Peut-être est ce dû au fait que c'est un récit à plusieurs voix, mais toujours dans le même style : la domestique, Carlotta, le garçon d'ascenseur, l’imprésario cocu ou le jeune premier s'expriment tous de la même manière. Superbe mais semblable pour tous les personnages. Peut-être manque-t-il des chapitres narratifs qui auraient donné une consistance et une perspective à cette histoire. De tout cela, je n'en suis pas certaine. Le journal de Carlotta m'a semblé parfois un peu ennuyeux, peut-être à cause de son côté introspectif et même métaphysique, qui n'est pas inintéressant, mais qui ne m'a pas passionnée.
Pourtant la grandeur et la décadence des génies sont des sujets qui littérairement me fascinent, et là je suis restée sur le côté. Je pense alors à Tendre est la nuit qui se termine de la même manière, au même endroit et presque au même moment. J'avais trouvé les dernières phrases de Fitzgerald bouleversantes...
Alors vraiment la rencontre entre un auteur et un lecteur ne tient pas à grand chose...parce que ce roman a des qualités évidentes qui ne m'ont pas emportée comme j'aurais pu m'y attendre.
Je pense néanmoins sincèrement que Carlotta a trouvé son public.
C'est dingue parce que ton paragraphe qui commence par "Et pourtant" correspond exactement à ce que j'ai ressenti(et écrit dans mon billet à paraître en septembre)... Nous avons eu exactement la même "lecture" de ce roman et j'ai été assez déçue car il aurait vraiment pu être très bon!
RépondreSupprimerQue dire de plus? Entièrement d'accord Enna ;-) J'attends ton billet avec impatience
SupprimerIl a manifestement trouvé son public puisqu'il a supplanté mon chouchou dans la sélection de septembre mais manifestement, ce public n'est ni Enna, ni toi, ni moi. Que e public se dénonce enfin afin que je puisse lui botter les fesses! ;)
RépondreSupprimerJ'adore ton chouchou Valérie, billet à venir prochainement...
Supprimerce qui est curieux c'est que notre groupe fait à peu près 10 % des lectrices, plus que le nombres de personnes qui ont voté pour ce titre et que nous n'avons pas été vraiment charmées...
RépondreSupprimerJe crois que nous avons quand même dans le groupe 2 jurées de septembre qui ont préféré Carlotta (Dominique et Charlotte pour ne pas les nommer...qu'elles me pardonnent ;-)
Supprimeroui, c'est vrai... Peut-être que le groupe n'est pas représentatif...
RépondreSupprimersurtout avec les résultats de la sélection d'octobre, cela me paraît une évidence!!
SupprimerAu moins un de la rentrée littéraire que je vais pouvoir éviter... avec tout ce que j'ai envie d'acheter, c'est déjà ça ;-)
RépondreSupprimerJ'espère ne pas avoir été trop dure...mais disons que certains romans valent davantage le détour! Des bises Margotte
SupprimerVous ne donnez pas très envie les filles, mais ça tombe bien, j'ai fort à faire par ailleurs ;-)
RépondreSupprimerAprès ce n'est que notre humble avis, certaines ont été emballées puisqu'il a passé la sélection de septembre!!
SupprimerBon... A oublier alors !
RépondreSupprimerJe ne serais pas aussi catégorique, il n'est pas mauvais, c'est juste "qu'il lui manque un petit supplément d'âme" (phrase de MArjorie que je reprends à mon compte...)
SupprimerDommage, à lire le début de ton article, je me suis dis que j'allais le lire. Mais finalement.....
RépondreSupprimerBen voilà, en découvrant les premières pages je me suis dit que j'allais forcément l'aimer...
SupprimerMon ressenti est beaucoup moins positif que toi. Je pense que ce roman aurait pu devenir quelque chose de très original et passionnant à lire si l'intrigue et les personnages avaient été moins plats.
RépondreSupprimerJ'ai été beaucoup moins nuancée dans la critique que j'ai envoyée à Elle.
Je peux comprendre Fleur, je reste quand même admirative de la beauté de son écriture, mais tu as raison, la forme ne rattrape pas tout...
SupprimerOui plutôt d'accord avec toi. Il manque quelque chose à ce livre ! J'ai trouvé ça intéressant pour le jeu d'écriture, et l'ambiance était bien là, mais aucun personnage n'a l'air de vraiment exister du coup j'ai gardé une distance, comme si je lisais un exercice d'écriture assez académique.
RépondreSupprimerPas mieux, tu as tout dit!
SupprimerC'est vrai que la rencontre avec un livre a tout de la rencontre amoureuse. Quand on aime on ne sait pas vraiment pourquoi. Une belle personne, bien faite, ne produit pas forcément l'engouement. la forme pour un livre est vraiment importante mais elle n'est pas le seul critère. on lit aussi avec nos affects.
RépondreSupprimerExactement...tu sais que toi tu aurais vraiment ta place dans le jury Elle, vu la "couleur" de ton blog...Je dis ça, je dis rien
SupprimerBon. On va oublier Carlotta, parce qu'en plus j'ai un problème de place sur mes étagères. :)
RépondreSupprimerOUi on en est tous là, ma chère ZAP...Et pourtant toi tu as de la place dans ta grande maison;-)
SupprimerBonjour,Madame Galéa,
RépondreSupprimerJe ne viens pas commenter votre dernier billet, mais seulement vous dire que je me suis jetée à l'eau.
Je lève un tout petit peu l'anonymat. Mais un petit peu à la fois.
Je me prénomme aussi Kadoutikou et Kadoutikou prend le risque d'écrire.......
Mme Anonyme ;-)
Quelle excellente nouvelle...je vais de ce pas vous découvrir Mme Anonyme...
SupprimerJ'aime bien les livres qui sont construits comme ça. Je l'ai vu à la bibliothèque, ce livre, et j'irai le feuilleter. Merci.
RépondreSupprimerOui la construction est extrêmement ingénieuse et bien ficelée, je pense que c'est cela qui a séduit les jurées de septembre...mais moi cela ne m'a pas suffi malheureusement
SupprimerJ'ai beaucoup aimé, un peu moins la troisième partie. Et je compte bien relire cette auteur car j'ai offert deux livres à ma fille ! (elle écrit pas mal pour la jeunesse).
RépondreSupprimerComme quoi, c'est vraiment une question de gout, et je sais qu'elle a trouvé son public. Je ne savais pas qu'elle écrivait pour la jeunesse...( à suivre)
Supprimer