mercredi 17 juillet 2013

Expiation

Ian McEwan, Expiation (2001)
Folio, 2011, 490 p.
Sans la blogosphère, je n'aurais jamais lu Expiation de Ian McEwan. Le titre me fait penser à un thriller scandinave (contre lequel je n'ai rien d'ailleurs, mais bon, pas très envie de polars en ce moment).

Mais, Clara, Sylire, Fransoaz et bien d'autres (mais ces trois billets-là m'avaient marquée) furent, en l'espace de quelques jours, absolument unanimes sur ce livre. Je n'ai pas résisté et j'ai bien fait. J'ai heureusement échappé à la version niaise de la première de couv' (avec une photo d'actrice et la mention "Reviens-moi" qui me suggère un Marc Lévy ou pire...)

Bref, je m'égare.

Clara m'avait assuré qu'Expiation était  "génial" (preuve sur Facebook). Et je n'ai pas été déçue. Je viens de le terminer en pleurant comme une madeleine devant mes filles qui se battaient pour savoir laquelle avait gagné la partie de Puissance 4 (du coup elles se sont dit que leurs réactions étaient un peu excessives par rapport à l'enjeu). 

Mc Ewan fait débuter l'histoire en 1935, dans la bonne société anglaise, quand une jeune fille de 13 ans, Briony, à peine sortie de l'enfance mais déjà passionnée par les mots, la fiction, l'encre et le papier, se mêle des histoires des adultes (1ère partie)... En plus, ça démarre en pleine canicule, et honnêtement, j'avais tellement chaud que je me sentais totalement dans l'ambiance.

Dans les 2 parties suivantes nous retrouvons ces mêmes adultes dans divers contextes  ...Bien sûr, ça parle d'amour, de guerre, d'honneur et de secret. Ce n'est pas que je veux cacher l'histoire, mais l'un des plaisirs de ce roman est vraiment de voir la trame se dérouler.

Ce roman est un livre que je qualifierai de diesel. Il commence assez mollement, et c'est vrai qu'il faut s'habituer à cette écriture académique et très élaborée. Mais moi, j'adore l'imparfait du subjonctif (serait-ce mon côté désuet?). En plus, je trouve que McEwan a vraiment une plume superbe, un univers en soi. Dans la première partie, on croirait presque que c'est une romancière qui écrit, je dirais même qu'il a une sensibilité féminine assez rare chez les écrivains masculins. 

En plus, c'est un livre qui passe d'une atmosphère à une autre avec une dextérité confondante: de la scène sensuelle au fond d'une bibliothèque (p. 182) à la description minutieuse et désespérante d'une armée qui bat en retraite (p.291); McEwan peut aussi avoir une plume pour le coup virile, masculine, sans ambages. Sa description de la guerre, de la vie des soldats est d'une réalité confondante presque déstabilisante parce qu'il parle de survie, d'égoïsme ordinaire et de cette violence caractéristique des temps troublés. 

Si j'ai trouvé certaines longueurs, je les ai très vite pardonnées pour énormément de raisons. D'abord parce que McEwan sait aménager un suspens particulièrement réussi (avec une maîtrise des retour-arrières qui m'a beaucoup impressionnée). Ensuite, parce qu'il y a quelque chose de la fresque historique et du  romanesque dans Expiation. On y trouve aussi un je-ne-sais-quoi qui s'interroge sur ce que certains appellent "le cours de l'Histoire", la grande et la petite. Mais surtout parce qu'Expiation est le roman du romancier; et ça on le découvre dans l'épilogue... 

Finalement McEwan nous parle de l'écrivain et de sa créature : le roman. Il nous avoue son pouvoir  immense  et de son incontestable vacuité.

Cette lecture a été pour moi un véritable délice ...Je ne vois pas bien comment une adaptation cinématographique ou télévisuelle pourrait égaler la maestria de l'écriture, les rebondissement de ce roman sont fondés sur la construction et l'organisation des mots. Je ne saurais dire à quel point c'est réjouissant.

 Allez j'y retourne, je dois procéder à l'arbitrage du Puissance 4...

36 commentaires:

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    1. Il ira très bien dans ton environnement actuel. Bises (d'un sud à l'autre)

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  3. Je suis contente que tu aies aimé ! Tu as raison, on passe sur les longueurs, tellement c'est bien !

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  4. Eh bien, puisque tu suis les conseils des blogueuses, je t'en donne : j'ai beaucoup aimé "Expiation", mais ce n'est à côté de "Délire d'amour", du même auteur. Avec "La petite fille qui aimait trop les allumettes" de Gaétan Soucy, il fait partie des grands livres de ma vie.

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    1. Chouette chouette Sandrine, je le note bien sûr. Pour la petite fille...je crains un livre hyper plombant pour le moral; je vais peut-être attendre un peu en fait (j'ai tord peut-être). Merci

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  5. J'aime te voir enthousiaste après une lecture, je note celui-ci, je ne l'avais pas noté dans mon carnet !!! Bonne fin de soirée, plus fraîche, espérons... :)

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    1. Je suis presque certaine qu'il te plaira Asphodèle;-) (pour la fraîcheur, j'ai laissé tomber, aucune chance avant septembre)

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    1. Tu me diras s'il t'a plu Alphonsine (de mon côté j'ai la grande course qui est arrivé en poche, je me réjouis d'avance). Des bises

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  7. Dis donc, quel beau billet...hum ça donne envie tout ça!!! J'ai bien aimé ton allusion au diesel pas mal. En tous les cas je note ce titre, vu ton commentaire je ne peux pas passer à côté...merci. Natalie. :)

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    1. Mais de rien Natalie, entre jurées de décembre on se doit bien ça ;-)
      (en attendant que je puisse prendre des idées sur ton futur blog...je dis ça, je ne dis rien)

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  8. Chic! Tiens tu devrais lire Solaire du même auteur, complètement, mais complètement différent! (drôle, en fait)
    Oui, j'aime donner des idées lecture quand je passe.

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    1. Hannn! décidément, comment ai-je pu passer aussi longtemps à côté de cet auteur...Je note, je note. Même dans Expiation, j'ai trouvé certains passages où on sentait un petit humour britannique comme je les aime...Merci Keisha

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  9. Il est dans ma PAL depuis une éternité. Il faut dire que j'ai la couverture avec l'actrice toute en os et j'ai été légèrement plombée par la version cinéma.

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    1. ah bah oui, tu m'étonnes Aifelle, la première de couv' chez ce Folio-là ne me donnait pas envie du tout. Et je ne vois pas comment un film peut rendre justice au livre. Ceci dit, si tu connais déjà l'histoire et la fin, c'est sûr que la lecture sera moins délicieuse...

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  10. Bon, je ne peux que l'adopter tellement ton billet donne envie de plonger dans son roman !!!
    Il existe une version cinéma ?
    Belle journée au frais !

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    1. Oui visiblement, il existe une version cinéma (pourquoi McEwan a-t-il vendu les droits de ce livre? Mystère !!)
      Belle journée à toi, personnellement, je cuis...
      Des bises Enitram

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  11. Enorme coup de coeur littéraire pour moi ! Et le film est très beau également :)
    Bisous :))))

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    1. Ne me dis pas que j'ai manqué un billet de toi sur lui (tu l'as publié en juin aussi? Si c'est le cas, je suis impardonnable). Le film est beau? Vraiment???
      Allez je te crois (mais pas sûr que j'aille vérifier)
      Des bises ma Comète

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  12. Bon, moi, je fais partie des rares qui n'ont pas été emballées.

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    1. Je sais Valérie, je connais ça, j'ai été l'une des seules à ne pas avoir aimé Mme Hemingway et Un écrivain...ce sont des choses qui arrivent.

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  13. Moi aussi j'avais commencé ce livre en mode "diesel", j'avais même calé à plusieurs reprises, et pourtant .... complétement emballée, je l'ai terminé en roue libre. Un beau texte à la construction surprenante mais efficace. Du même auteur, il y a "Délire d'amour", dont le sujet, l'époque ... n'ont rien à voir avec celui-ci, mais le plaisir de se faire avoir par sa lecture, si.

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    1. Bienvenue à toi Athalie. Décidément, "délire d'amour" a l'air drôlement bien. Je sens que je vais me faire un été Mc Ewan moi (et tant pis pour ma PAL). Merci de ton passage et de ce conseil ;-)

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  14. je te l'ai déjà diT mais je te le répète : son meilleur c'est "Sur la plage de Chesil" !!!! Ambiance surranée comme je les aime ....


    "Solaire" pas mal, mais j'ai moins aimé ... tu as aussi "Samedi soir" qui est so British ...

    ADH

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    1. Mais je l'avais noté tu sais (en plus avec le mot plage comment veux tu que j'oublie). Tout le monde semble le connaître et moi je le découvre, cela a quelque chose de réjouissant tu sais?
      Des bises ADH

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  15. J'avais été déçue par "Samedi" du même auteur. Je vais retenter le coup avec ce titre, alors.

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  16. Je te rejoins sur plusieurs choses notamment cette plume féminine pour démarrer l'intrigue qui se masculinise en cours de roman. Et on sait maintenant qu'il y a plein de très bons Mc Ewan qui nous attendent.

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    1. OUi ça c'est une nouvelle réjouissante Fransoaz!

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  17. Bonjour, si je ne retenais qu'un roman de cet écrivain, je dis tout de suite "Expiation": un chef d'oeuvre. C'est pourquoi, j'ai trouvé le film adapté très décevant. Il n'y avait plus la cruauté que l'on trouve dans le roman. Bonne journée.

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    1. Tu me convainc de ne même pas envisager d'aller voir le film...mais au fond je le savais déjà. Merci Dasola

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