vendredi 21 décembre 2012

Quand Anne se prend pour Martine...

J'ai découvert Anne Wiazemsky pendant mon adolescence ; entre elle et moi, ce fut évident. De très jeunes filles étaient souvent l'héroïnes de ses romans, et l'identification était facile.

Anne Wiazemsky, Une Année studieuse, 
Gallimard, 2011, 262 p.
Inutile bien sûr de la présenter: fille d'un russe blanc Jean Wiazemsky et petite-fille du grand Mauriac, Anne Wiazemsky est quelqu'un qui compte dans la littérature française. Ainsi, depuis presque 20 ans, j'achète tous les deux ou trois ans, en édition brochée,  son dernier roman.
Les crus sont plus ou moins bons mais je suis  rarement déçue.

Sauf que depuis quelques années, Anne se prend pour Martine.

Il y a d'abord eu Mon enfant de Berlin qui racontait la période où elle fut conçue, une lecture pas désagréable surtout qu'elle excelle à brosser le personnage de la mère. Il y eut ensuite Jeune fille qui racontait ses premiers pas dans le cinéma à l'âge de 16 ans. Bon d'accord ...mais honnêtement j'aimais bien ses romans...un peu moins ses journaux intimes.

Et cette année, nous avons eu le droit à Une année studieuse qui raconte son mariage avec Godard à l'aube de mai 1968 qu'elle n'évoque pas, préférant narrer la terrible angine qui lui tomba dessus en plein festival d'Avignon. D'autant qu'issue d'un milieu intellectuellement et économiquement très privilégié, on peine à s'attacher à cette jeune femme un peu capricieuse qui s'écoute et se regarde beaucoup. Même si sa mère est égoïste, même si son grand-père est sévère et conservateur, on aurait aimé y voir autre chose, ne serait-ce que le frémissement de mai 68 (résumé par une bref passage de Daniel Cohn Bendit).

Je suppose que le prochain évoquera "Anne divorce", puis "Anne écrit", puis "Anne retombe amoureuse", "Anne continue le cinéma", "Anne fait du théâtre"...

J'aime assez la littérature dite intimiste...mais très franchement, je sature. J'aime les romans, les histoires qu'on invente, les personnages que l'on campe, qui évoluent au sein d'une trame créée par un romancier. Je commence à être un peu lassée de ces romans qui sont en réalité des récits centrés sur leur auteur un brin égocentrique.

Anne Wiazemsky devrait retourner à ce qu'elle sait si bien faire: écrire des romans dont elle n'est pas forcément la principale héroïne, même si on devine souvent les corrélations entre la narratrice et elle. Je me souviens de Canine, de la trilogie des russes blancs qui était splendide et que j'avais avalé de bonheur, de Mon beau navire (son premier roman) ou de Marimé qui se déroule dans ma chère Bretagne qu'elle décrit si bien.

Je n'en veux pas Anne Wiazemsky pour qui je conserve une grande tendresse de lectrice...je vais attendre patiemment qu'elle revienne aux mots qui m'ont enchantée il y a 15 ans...

8 commentaires:

  1. Je préfère de loin l'Anne Wiazemsky qui nous emportait sur la neige russe

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    1. Absolument ! "Une poignée de gens" et "aux quatre coins" du monde étaient formidables.

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  2. Je ne l'ai jamais lue. J'ai assisté à une rencontre avec elle sur son dernier livre et franchement, je n'ai pas eu envie de l'acheter. J'ai eu l'impression que c'était très nombriliste et c'est le genre de littérature qui ne m'intéresse guère. Par contre, j'aimerais bien découvrir enfin "une poignée de gens".

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    1. J'ai eu le même sentiment lors d'une émission de radio, mais honnêtement, ça ne doit pas éclipser les beaux romans qu'elle a écrits.

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  3. J'ai hâte de lire "Anne fait du parapente", ce serait du jamais vu....

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  4. Peut-être aurons-nous un jour "Anne fait de la littérature" ?

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    1. Elle en fait...et de la belle. Plus elle part dans la fiction, plus elle est brillant je trouve!

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