Au moment où vous lirez ces lignes, je ferai cap vers l'Ouest dans une voiture chargée de XX (je parle des chromosomes bien sûr). C'est pourquoi, avant que je parte vers la pluie, le vent et le froid, je pense qu'il est temps de faire un point sur la vie, le monde et la métaphysique (ne fuyons pas les grandes débats de société).
Le point littéraire.
Je pars sans avoir encore complètement tranché mon avis sur les Producteurs d'Antoine Bello, je vais devoir encore bien me triturer le cerveau pour savoir ce que je pense de ce dernier tome de la trilogie des Falsificateurs (elle n'est pas facile ma vie punaise).
Dans ma valise, tout ce qui est en papier est 100% british, car il est temps de penser au mois anglais, ce rendez-vous délicieux et hystérique de la blogosphère, où toutes les Austen's girls sortent leur plus belle bannière, ce moment hors du temps où la nouveauté n'est plus à l'honneur, où on s'enthousiasme pour de vieux auteurs morts et barbus, où on fredonne God Save the Queen dans sa douche, et où on crie comme des groupies quand on voit les cheveux de Kate (d'accord là j'extrapole un peu...).
Le point mode.
Oui, ce blog tente d'être moderne, fashion et branché, je me suis donc acheté un nouveau jean. Un grand moment de solitude que je veux (que je dois) partager ici.
D'abord, dans la boutique Diesel dans laquelle je me suis rendue, j'ai été affublée par un vendeur trentenaire hyper cool, d'un "bonjour Madame" totalement hors de propos car :
a) j'étais en jean, baskets, sweat à capuche et no make-up donc WTF ?b) j'avais planqué mes enfants dans un autre rayon
c) j'avais coupé ma frange toute seule et ça se voyait
Un "Bonjour Mademoiselle" ou même "Hey!!!", voire un check à la cool, auraient, de mon point de vue, été plus appropriés. Passons.
Après cette entrée en matière, pour le moins peu commerçante, j'ai aussi eu le droit à: "le jean que vous cherchez n'existe plus depuis 10 ans Madame". Car oui, il faut le dire, maintenant, le jean normal n'est plus fabriqué, le bon gros jean un peu rêche, bas de taille et large en bas (pour recouvrir la basket), celui qui finira par se faire exactement à notre morphologie, qui sera même un peu lâche, qui s'usera sur les genoux et se pâtinera sur les cuisses, n'est plus. Notre meilleur ami de toutes les valises, de tous les dimanches, de toutes les balades, celui que même vieux on aime d'amour.... ce jean-là n'est plus fabriqué (même plus au Bangladesh). De nos jours, si on achète un jean, non seulement il est taille haute (mais qu'y-a-t-il de plus laid et de moins confortable qu'une taille haute? je pose la question), il est coupé slim (qu'-y-a-t-il de moins seyant qu'un slim ?), et surtout (attention gros gros scoop), il y a à présent 2% d'élasthanne dans tous les jeans (au lieu de 1% il y a 10 ans). Et ça, ça change tout.
Mes jambes portent donc un leggings déguisé en jean, un peu comme si j'avais un collant bleu marine avec des poches cousues dessus, il ne se relâchera jamais et me collera jusqu'à la fin et tout ça pour une somme modique équivalente à deux cartouches de cigarettes. Je terminerai ce point mode (que je considère comme le coeur de ce billet) par cette phrase de l'Homme "Tu sais, le monde change, le jean évolue, tu dois t'habituer aux 2% d'élasthanne, oublie ton jean rêche et résistant d'avant , accepte le progrès, il ne te va pas si mal que ça". (Tout est dans "si mal", L'Homme pendant un moment a envisagé d'être coach de vie...il a finalement choisi une voie plus classique).
Le point société (sans transition)
Ce message s'adresse à toutes les mères qui caressent l'espoir qu'un jour leurs filles soient grandes, autonomes, salariées, mariées et mères de famille. Les copines je vous dis: attention!!!
Si vous tombez sur une fille dans mon genre, à 60 ans, vous poserez encore des congés pour l'accompagner, elle et ses enfants, en vacances quand sa moitié restera travailler. Parce que vous aurez peur qu'elle n'arrive pas à conduire pendant 8h toute seule (suite à ses gros soucis pour obtenir son permis à 21 ans, après 2 ans d'essais infructueux et onéreux), parce que vous craindrez qu'elle ne comprenne pas le fonctionnement ni l'organisation d'un supermarché (suite à une interdiction de son mari qu'elle y fasse ses courses où elle ne ramenait que des choses qui n'avaient rien à voir avec la liste), parce que vous savez qu'elle pourrait jeter son GPS par la fenêtre (suite à sa trahison de l'année dernière, et parce qu' elle refuse de lui donner une seconde chance).
Pour toutes ces raisons, vous préfèrerez vous amputer une semaine de congé dans l'année, plutôt que la laisser tout gérer toute seule (car, vous qui l'avez portée, savez bien qu'elle en est incapable).
Si vous voulez éviter cela, réagissez maintenant. Apprenez-lui dès aujourd'hui l'organisation, l'autonomie, le zénitude. Expliquez lui comment on fait cuire du riz et où on trouve des sachets de thé, faites lui travailler sa latéralisation, et même , tentez la conduite accompagnée. Si vous ne faites pas attention, elle sera votre boulet même à l'approche de la quarantaine.
(De mon côté, quand je serai riche et que j'habiterai un manoir, je ferai élever un statue à l'effigie de ma mère dans le parc de ma propriété).Le point blogo
Me sentant l'âme militante ces derniers jours, j'envisage d'organiser un petit rendez-vous vidéo éphémère, dans la même idée que les joggueuses du dimanche (en moins sport) et les blogueurs sont Charlie (en plus gai). Cette fois ce sera pour défendre, mettre en avant, et (allez disons-le) faire de la pub aux librairies indépendantes, petites et grandes, parisiennes ou provinciales. Certaines n'en ont pas besoin mais d'autres si, parfois. Une seule journée de la librairie indépendante dans l'année c'est peu, et il ne faudrait quand même pas qu'un jour ce soit des commerces d'un autre temps qu'on présente comme des boutiques un peu folkloriques. Et si les gros lecteurs ne défendent pas les petites librairies, c'est que quelque chose ne tourne pas rond chez nous (et là j'aurais pu ajouter "ma bonne dame").
Quiconque est intéressé pour nous rejoindre peut le faire via Facebook ou en me contactant directement.
En attendant, alors que je file plein ouest (au son de la Reine des Neige, Stromae et le soldat rose 1 et 2...) je vous donne rendez-vous vendredi 1er mai, où j'inaugure une nouvelle rubrique : Les Blogueurs parlent aux blogueurs. Si tout se passe bien, ça devrait se tenir chaque premier du mois : je m'entretiendrai avec un(e) blogueur(se) sur les petits et grands sujets littéraires et blogosphériques. Comme tout le monde le sait déjà, j'aime quand la blogo se regarde le nombril, et j'aime surtout quand le blogging est interactif. Parler les uns des autres me semble l'âme de notre petit monde virtuel. Je vous laisserai donc découvrir mon galop d'essai avec mon premier cobaye et parrain de ce rendez-vous
(teasiiiiing, en fait je suis diplômée en marketing mais personne ne le sait).
Une belle semaine à tous, plusieurs questions restent néanmoins entières malgré mes efforts:
- aurai-je du wifi chez Henri IV?
- la pratique du billet personnel sur les blogs a-t-il condamné sans le vouloir les romans d'autofiction?
- qu'ai-je oublié cette fois-ci dans nos valises?
- aimerai-je le dernier Solomons?
- était-ce une bonne idée de prendre mes chaussures de course?
Comptez sur moi pour me plaindre et exagérer tout ce qui va m'arriver cette semaine, c'est mon fond de commerce.
Prenez soin de vous