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Pia Petersen, Un écrivain, un vrai Actes Sud, 2013, 216 p. |
Un écrivain, un vrai ne parle pas de littérature. Il traite du succès, des télé-réalités, des médias, mais il ne parle pas de littérature. J'avais dû mal lire mes aminautes, parce qu'il a eu un bon accueil sur la blogo. Je suppose que j'y avais lu ce que je voulais y trouver. Et malheureusement je suis déçue.
Pia Petersen nous raconte l'histoire de Gary, un écrivain à succès, récompensé par un prestigieux prix littéraire américain, qui se fourvoie dans une émission de télé-réalité, intitulée "Un écrivain, un vrai". Alors bien sûr, je suis de cette génération qui avait l'âge des participants des premiers Loft Story. J'ai été la spectatrice curieuse et abasourdie. j'ai observé des gens qui s'ennuyaient, filmés 24h/24. Je mentirais si je disais que cela ne m'évoque rien la télé-réalité. Mais une fois la nouveauté télévisuelle passée, c'est un sujet qui ne m'a plus intéressée. Je ne connais pas les dernières saisons des dernières variantes, et il faut bien avouer que cela ne m'évoque plus rien. Ceci-dit, tout ce que raconte Pia Petersen est intéressant, fascinant et un peu écœurant, et certainement cette partie là du roman est réussie. Oui mais voilà, je m'attendais à autre chose.
Gary est auteur de romans qu'on suppose populaires, une sorte de Marc Lévy je présume (quoi que je ne sais pas si ce dernier recevra un jour le Goncourt). Mais en tant qu'écrivain, je n'ai rien pu trouver. La trame de ses romans, ses personnages, ses thématiques. On ne sait absolument rien du livre qu'il écrit pour l'émission de télé. D'accord, Gary se répète qu'il aurait aimé changer le monde avec ses livres, mais n'est-ce pas un peu présomptueux finalement. Il m'a manqué la dimension intime de l'écriture, l'étoffe du romancier. De tout cela, j'ai été vraiment frustrée.
Tout autant que des personnages d'ailleurs. Entre Alana, journaliste du New-York Times, et pour l'occasion tentatrice à domicile, Darell quinquagénaire qui se découvre un passion pour la télé-réalité, Miles en producteur avide, et Brandon, photographe raté et psychopathe notoire jusqu'au justicier" littéraire"
grisonnant...Je ne m'y suis pas retrouvée: trop de caricatures à mon goût, et la fin est une apothéose dans le style...
Je salue quand même le personnage de Ruth, absolument savoureux en femme de l'ombre qui aspire à la célébrité, qui vit par procuration le succès de son époux, manipulatrice, désespérée. Elle est extrêmement réussie, on se régale à la détester.
Mais voilà, non seulement j'ai été frustrée par le sujet, mais en plus je n'ai pas aimé le style. Plus de trois "et" dans une phrase et je m'énerve. Des pages entières sans aller à la ligne, sans paragraphe. Des dialogues intégrés dans les phrases explicatives, pas de guillemets, pas de respirations. Est-ce la chaleur? mais cela m'a gênée. Et la longue dérive éthylique de Gary m'a semblé interminable.
Ce livre, j'aurais aimé qu'il me plaise, je crois que j'en attendais trop, que j'en avais lu trop de bien. Peut-être même que si j'étais tombée dessus sans a priori positifs, je l'aurais apprécié, parce que je l'ai lu en deux jours; je ne m'y suis pas ennuyée du tout. Mais j'attendais quelque chose d'autre, des pages qui me parlent de romans, d'intrigues, de personnages, d'ambiance, de littérature et de lecteurs...Il n'y a pas de lecteurs dans ce roman. Il n'y a que des gens qui regardent la télévision.
Ceci dit, je pense qu'en l'occurrence mon avis n'est pas fiable. Et je crois sincèrement que Pia Petersen mérite mieux que ce billet sévère. Trop de lecteurs dont mes goûts approchent les leurs, l'ont aimé, alors un conseil, suivez leurs avis à eux...En tout honnêteté.
Pour finir sur une note positive, aujourd'hui, je fête mes noces de Faïence. Il y a 9 ans, il pleuvait des seaux d'eau, en sortant de chez le coiffeur, j'ai vu le ciel et j'ai pleuré , maman m'a dit "reprends toi chérie, tu es maquillée", mes demoiselles d'honneur claquaient des dents sur les photos, ma soeur fêtait ses 23 ans, j'étais terrorisée à l'idée d'affronter tous les invités. Les Toulousains, Marseillais, Niçois, Avignonnais et autres sudistes qui avaient fait le déplacement sont tous repartis de la noce avec une bonne crève de juillet.
9 ans plus tard, comme le dit très justement ma petite soeur, l'Homme et moi "avons reçu" (ce qui signifie "morflé" dans le Sud de la France): petites rides aux coins des yeux et cheveux poivre et sel pour l'un, varices et vergetures pour l'autre....Je sais , je sais plus glamour que nous, tu meurs...Mais vous savez quoi? je me sens prête pour la dizaine...