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samedi 29 mars 2014

Non-challenge, le point de mars

Tout vient à point pour qui sait attendre....et me revoilà avec le billet récapitulatif des coups de coeur de mes amis blogueurs sur cette rentrée littéraire 2013-2014...


Vous êtes  à présent une vingtaine de blogueurs à défendre les pépites des rentrées de septembre et d'hiver, une vingtaine de livres sortent du lot pour presque une quarantaine de billets enthousiastes. C'est réjouissant, et ça sent le printemps tout ça....


Sans surprise, Kinderzimmer de Valentine Goby chez Actes Sud est toujours largement en tête grâce à  Jérôme qui insiste  sur la langue "magnifique, crue et limpide, elle résonne avec force, c'est très impressionnant",  grâce à Philisine aussi qui a bien failli me faire pleurer avec "un immense roman comme il est rare d'en trouver actuellement", grâce à Sandrine qui  "ne trouve pas les mots (...) pour rendre hommage à un si beau livre", grâce à  Athalie   :  "j'en finis par comprendre que le poids de leur véracité, l'écho qu'ils me renvoient, je le comprends, oui, je le comprends, et je ne comprends rien à ce que sont réellement ces mots-là, cette réalité-là", et enfin grâce à Eve Yeshe, qui nous "engage à le lire, même s'il fait mal, s'il vous remue jusqu'aux tripes, car par moment on devient Mila, tellement on ressent ce qu'elle endure".


On peut dire que Kinderzimmer a trouvé une place dans le coeur des blogueurs, il faudra que je me fasse grandement violence pour qu'elle trouve une place dans ma bibliothèque (névrose quand tu nous tiens).

Faisant une entrée fracassante, le Goncourisé Au revoir là-haut de Pierre Lemaître chez Albin Michel, intègre directement la deuxième place. Inutile je pense de rappeler l'histoire, à moins d'avoir vécu dans un monde sans télé, radio, ni journaux depuis six mois.   Comme le dit Athalie: "qui pourrait croire qu'un roman sur la guerre 14-18 puisse être jubilatoire?", et il doit l'être ce Goncourt.  Ce n'est pas Anne qui dira le contraire "les personnages sont extrêmement bien campés, analysés. Le récit est passionnant, j'ai été parfois très émue, accrochée à l'histoire".  Et Zazy d'enfoncer le clou avec "un livre caustique sur une guerre vaine et inutile, sur l'Etat peu regardant, sur la Morale, sur l'enfer vécu par les poilus, est un vrai régal de lecture". 

Je ne sais pas vous, mais moi, voir un Goncourt aimé par la blogo, ça me réconcilierait presque avec les prix littéraires (que j'imagine - à tort c'est évident- plus comme des renvois d'ascenseur dans le monde littéraire que comme la consécration de véritables bons romans). Et là, je me réjouis.



A ses côté, un autre Goncourt, celui des lycéens (qui souvent se révèle au moins aussi prescripteur que l'officiel): notre Sorj national, héros de la blogosphère avec son Quatrième mur chez Grasset. Je l'ai déjà dit mais l'Antigone d'Anouilh m'a bouleversée il y a 15 ans (j'avais un coeur tendre dans ma jeunesse), alors forcément Anouilh dans le Liban en guerre des années 1980, tout de suite ça me parle. Et encore plus  quand Eva  (Maxi Vav') note qu'"Antigone, c'est le choix ironique d'une pièce où presque tout le monde meurt, jouée dans un contexte où presque tout le monde meurt" . Tiphanie ajoute que Chalandon confirme   "son talent de conteur des situations extrêmes" , il ne manque plus qu'Eve-Yeshe pour parler d'un "très beau roman" qui donne "beaucoup de plaisir et de souffrance", et qui fait d'une pièce de théâtre "une résistance à la guerre aussi", moi, il ne m'en faut pas davantage. Elles ont su trouver les mots pour me faire saliver. 

Je me demandais à quel moment et par quel blogueur, Réparer les vivants ferait son entrée dans ce non-challenge. Le dernier Kerangal me tourne autour et me terrifie (un peu comme Goby en fait). Le don d'organe d'un enfant me fait à peu près aussi peur qu'un accouchement dans un camp de concentration. Et pourtant Réparer les vivants de Maylis de Kerangal chez Verticales a incontestablement réussi sa rentrée de janvier. C'est le seul livre sur lequel je n'ai lu que des critiques enthousiastes et sans réserves. Et ce sont deux blogueuses chères à mon coeur qui le défendent. Maxi Vav' assure que "tout est dosé à la perfection", elle a ravalé des sanglots en le refermant, tout en envisageant de donner ses organes (c'est écrit dans son billet noir sur blanc, vous pouvez aller vérifier). Et pour qui connaît Valérie un petit peu, son billet est d'un enthousiasme absolu :"la rencontre parfaite entre une écriture et un thème, [...] le meilleur roman que j'ai lu depuis au moins quatre ans. Une merveille, vraiment". Et puis c'est notre généreuse Phili qui enfonce le clou "il est relativement rare de tomber sur une perle littéraire et quand cela arrive, un vrai bonheur nous attend. Réparer les vivants fait partie de ces objets précieux". 

Je ne sais pas comment va-t-il être possible de ne pas le lire.

La Part de Ciel de Claudie Gallay, la Lettre à Helga de Birgisson, Confiteor de Cabré et Pietra Viva Leonor de Recondo se partagent la suite de festivités.


Ma collègue jurée, Fleur, avait été enthousiasmée par Une Part de Ciel de Claudie Gallay chez Actes Sud. Nous étions nombreux à l'avoir lu dans le cadre de l'opération Price Minister. Je rejoins en partie Fleur quand elle écrit que "sa richesse vient de la diversité des thèmes abordés, ou chacun saura se retrouver: les relations entre soeurs, époux, mère-fille. C'est un magnifique roman sur l'espoir, sur la vie".  Et Fransoaz s'est déclarée aussi complètement emballée aussi par l'histoire de Claudie Gallay : "une symbiose et complicité totale avec le microcosme villageois, une douce affinité avec les personnages créés par l'auteur et cette impression inouïe de toucher des yeux une histoire écrite spécialement pour moi". Je ne sais pas s'il est possible de faire un plus beau compliment à un auteur que celui-là.

La Lettre à Helga de  Bergveinn Birgisson chez Zulma est toujours ovationné par Philisine et Jérome (son plus gros coup de cœur). Cette lettre qu'un agriculteur islandais écrit pour un amour perdu, n'a pas enthousiasmé tout le monde, et certains y ont même émis quelques réserves. Mais ceux qui l'ont aimé, l'ont aimé complètement. Phili ne "pensait pas qu'il était aussi formidable de découvrir un homme qui se cherche" alors que Jérôme nous parle d'un Bjanri qui observe ses occasions manquées "avec tellement de détachement, d'humour et d'autodérision que c'est un régal"


Malika a eu l'excellente initiative d'avoir un gros coup de coeur pour Confiteor de Jeaume Cabré chez Actes Sud. Elle rejoint l'intransigeante Attila que je ne présente plus pour ceux qui sont sur Facebook.Visiblement résumer cette histoire est partie impossible, mais disons qu'il est question de l'Histoire et ses douleurs, des enfants écrasés par leur intelligence, du rôle d'un violon dans une vie...Il se murmure que c'est un livre exigeant et pas si facile que cela mais pour Malika, c'est "une prouesse littéraire, un récit hors-norme, un roman à part"...qui hésite encore? Pas Maxi Vav ' en tous les cas, qui après lui avoir décerné le prix de la plus belle première de couverture, en a fait un coup de coeur "la langue est très belle, l'histoire passionnante, la culture fascinante". Pour être complètement honnête, j'attends tellement de ce livre que j'ai infiniment peur d'être déçue....


On compte un autre nouvel entrant de ce non-challenge: Pietra Viva de Léonor de Recondo chez Sabine Wespieser, dont on avait beaucoup parlé lors des match PM. C'est souvent risqué de s'attaquer à des monstres sacrés de l'art, au risque de faire du roman historique un peu barbant (pardon mais je n'ai jamais pu finir un Diwo). Je le lorgnais déjà à cause de Laurent, mais c'est Mina qui ouvre la danse enthousiaste de ce roman sur Michelangelo, où "il est question de vie et de mort, d'éphémère et d'éternité, de beauté, d'amour et de deuil", puis Eve-Yeshe qui nous parle d'un "long poème en prose, à la fois plein de douceur et de dureté, comme celle du marbre, écrit par une artiste sensible qui a parfaitement touché mon coeur"....

Enfin, on compte une dizaine de coups de coeur solitaires, qui ne le resteront peut-être pas si longtemps, que je vous laisse aller découvrir.

Coralie a défend American Prophet de Paul Betty chez Passage du Nord-Ouest (et pas seulement parce qu'elle connait bien la traductrice).  

La Comète a fondu de plaisir à la lecture du dernier Yasmina Khadra, Les Anges meurent de nos blessures chez Julliard "c'est aussi un roman historique qui rappelle très justement et sans détours le passé bien peu glorieux d'une France colonisatrice".  

Athalie a été enthousiasmée par Faillir être flingué de Céline Minard, chez Payot & Rivages un western pur-jus avec un Zébulon qu'elle a quitté à regret.  


Jérôme s'est complètement emballé pour Monde sans oiseaux de Karin Serres qui divise largement le lectorat sur la Toile. 
Le temps passe vite sur la blogo, les passions déchaînées par Lady Hunt d'Hélène Frappat chez Actes Sud et Esprit d'hiver de Laura Kasischke chez Bourgeois, se sont vites éteintes. Pour mémoire, rappelons nous que Valérie menait l'équipe Hunt, et que  Mrs B. était chef de file du K.

Entre temps, sont apparus Chambre 2 de Julie Bonnie chez Belfond adoré par Eva qui parle de "ce lien presque animal entre une femme et ses enfants" (moi forcément ça me parle et ça me plait). 

Le Chardonneret de Donna Tartt chez Plon (quelqu'un n'en aurait pas encore entendu parler?) encensé par Keisha qui salue "l'écriture éblouissante", le suspens, "une réflexion sur l'art, la vie, tout ça quoi" (je sais que cet enthousiasme n'a pas été celui de tous les lecteurs)

Le trio Albin Michel avec Petites scènes capitales de Sylvie Germain défendu par Margotte (Germainophile de la blogo). Concerto pour main morte d'O. Bleys où Zazy se délecte "à mi chemin du conte, de la farce, ce roman est un vrai enchantement. Enchantement des paysages enneigés, enchantement du texte". Zazy a également été bouleversée par  Muette d'E. Pessan: "Ce livre, presqu'un "hymne" à la différence, fait peur". 


Mais ce n'est pas fini, Zazy (déclarée contributrice premium)  défend également La Servante du Seigneur de J-L Fournier chez Stock  qu'elle présente "comme un petit bijou acide". ...

...ainsi que Les Evaporés de Reverdy chez Flammarion (le livre qui a failli être primé souvent...en vain) dont elle retient  "qu'avec beaucoup de délicatesse et de poésie, dans un Japon submergé par la catastrophe, Thomas B. Reverdy explore les âmes humaines et leur désir d'ailleurs". 

En cas de fortes chaleurs de M. O Farell a été aimé par Valérie, mon leader qui salue "un très beau roman qui [la] touche ,car il sonne juste et que son écriture est parfaite".

Je terminerai par le coup de coeur de Mina pour  L'écriture et la vie de Laurence Tardieu chez les éditeurs des Busclats : "en cherchant en elle, Laurence TArdieu a mis au jour bien plus que son moi subjectif  (...) Un retour à l'écriture, à la vie". 

Ici s'achève ma récap de mars (je suis rincée!); merci à tous. Je me réjouis d'avance de la suite des événements, de vos réactions, de vos prochains coups de coeur. On se retrouve en avril (ou mai...disons juin au plus tard), pour voir si le panorama a évolué, si Eddy Bellegueule intègre ce palmarès, pour voir si Kerangal gagne du terrain et détrône Goby...

Je précise aussi que j'ai créé un groupe FB consacré à ce non-challenge (oui, je suis en pleine mutation geek), je me suis dit que ce serait chouette d'y déposer des liens, d'en discuter et éventuellement de se disputer copieusement sur la définition d'une pépite. Nous sommes à ce jour deux dans ce groupe (oui je suis une fille très sociale), mais il est ouvert à tous les dépositaires de pépites; j'espère d'ailleurs que quelques lecteurs non-blogueurs nous rejoindront.
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Allez, on a eu de la chance quand même cette année...

mercredi 26 mars 2014

Ailleurs

Richard Russo, Ailleurs
La table ronde, 2013, 272 p.
« Encore un romancier qui fait la biographie de sa mère »….C’est ce que je me suis dit en ouvrant ce récit. Et vu que tout le monde n'a pas le talent d'un Albert Cohen, j'y suis allée un peu à contrecoeur. 


Au début, j’ai trouvé longue la répétition des déménagements avec une mère complètement névrosée, je saturais de ses blocages permanents, de ses caprices récurrents…J’ai vraiment cru que je n’aimerais pas ce livre.

Et puis Russo a gagné son pari.

Parce qu’il ne cherche pas à rendre attachante sa mère, c’est son boulet personnel. Il décrit quelqu'un de malade dont la pathologie est tout au long du livre inconnue. Et finalement, en nommant le mot du mal, il parvient à réhabiliter sa mère, à mettre un  nom sur ses incompréhensibles déviances. On comprend qu’elle a été enfermée dans sa tête si longtemps qu'elle ne pouvait plus en sortir. On la plaint d’avoir été ce qu’elle fut, et on le plaint d’avoir été son fils.

En plus, Russo laisse une belle place aux autres femmes de sa vie, à sa femme Barbara et à ses filles, à leurs mariages et leur héritage génétique aussi. 

Mais surtout et au-delà de sa mère, Ailleurs parle de la littérature, des bibliothèques, de ce qu’elles représentent pour chacun d’entre nous, de ce qu'elles disent aussi de ce que nous sommes; avec une justesse et une beauté finalement assez rares. Il évoque la qualité et la cohérence d'une bibliothèque en opposition avec la quantité: le contenu de quelques livres plutôt que le contenant d'une multitude.

 Il arrive même à parler joliment des livres ratés « derrière les pires échecs se cachait un auteur qui avait trimé amoureusement » (p. 124). Il m'a même déculpabilisée de garder chez moi de mauvais romans que je n'arrive même pas à donner. Il évoque aussi cette marge invisible de la littérature, les livres jamais ouverts, les auteurs en devenir (ou pas) qui tentent par tous les moyens de se faire connaître; j'ai toujours eu une grande tendresse pour les looseurs littéraires (dont il n'est pas). 

Sa description du romancier (par cette nécessité vitale d’écrire) est absolument splendide (p.179). Son travail sur la fiction qui soigne la réalité m'a vraiment touchée. Et surtout, j’ai retrouvé du Ernaux chez Russo, dans sa culpabilité et son soulagement d’avoir échappé à un déterminisme social. J’ai été touchée qu’il oppose la pénibilité du travail des hommes de Gloversville et la chance de pouvoir se servir de son imagination ; et d’en vivre. 

Le récit est superbement bouclé, il part des origines et revient aux origines : les tanneries. Russo m’a attrapée dans la deuxième moitié de son livre, j’ai à présent hâte de découvrir ses fictions. Il utilise un langage qui me parle.

Aifelle et Mior ont également été touchées, Laure et Keisha en ont fait un coup de coeur, Malika l'a bien aimé et Valérie est plus réservée (oui le leader et moi divergeons en ce moment...)

C'est ma dernière participation au rendez-vous non-fiction de Marilyne qui met le navire en cale sèche. Je regrette cette mise à quai (tout en comprenant la charge de travail que cela devait représenter). Ce rendez-vous avait le mérite de l'exigence, qui m'obligeait à davantage travailler  et à creuser les billets non-fiction, qui m'entraînait chez des blogueurs finalement pointus (tellement que parfois j'osais à peine commenter). J'aime aussi quand la blogosphère se fait sérieuse, thématique et critique. 

A plus tard capitaine pour une autre traversée...

samedi 22 mars 2014

Sulak-Philippe Jaenada

Une fille de petits fonctionnaires peut-elle s'éprendre (littérairement) d'un voleur?

Sulak-couverture
Philippe Jaenada, Sulak, 
Julliard, 2013, 496 p.

Absolument, puisque j'adore Arsène Lupin. Donc j’aurais pu l’aimer ce Bruno Sulak, braqueur des années 80', auquel Philippe Jaenada semble vouer un culte. J'aurais pu l'aimer cette histoire d'un type surdoué qui devient brigand un peu par hasard. En plus, il est souvent question de Modiano, de ma ville et  de Hey You des Pink Floyd. Jaenada et moi avons les mêmes références.

Sauf quand la lectrice est issue de la classe moyenne

Le problème c'est que je suis trop snob, parce que Sulak commence par braquer des Mammouths du Vaucluse quand Lupin volait des tableaux. Il m'a manqué un peu de glamour.

L'autre problème, c'est qu'en plus je suis old-school. La plume de Jaenada n’a pas grand chose à voir avec celle Leblanc. Le style est terriblement relâché, parfois un peu grossier, sans compter les quelques coquilles passées au travers des relectures. J’avais l’impression de lire un blog d’humeur, un long billet qui part dans tous les sens, avec jurons, doubles parenthèses, tirets, assertions et réflexions égocentriques…

Et puis pour être honnête, mon éducation rigide ne m'a pas permis d'apprécier non plus le parti-pris pro-gangster et sa nécessaire contrepartie: le mépris des petites gens (guichetiers de la Poste, comptables de provinces, gérants de supérettes, fonctionnaires de police). La plus belle part est laissée aux matons qui se font sévèrement écorcher. Ce doit être parce que je viens de ce milieu sûrement, mais je me suis sentie visée (j'avais l'impression de lire : "tu gagnes de l'argent honnêtement, tu paies tes impôts, tu économises pour tes vacances: bref tu as raté ta vie").

Sauf quand l'auteur se regarde écrire

Et puis, il y a les assertions personnelles (souvent assez prétentieuses et sans grand intérêt) qui gâchent le rythme du livre qui aurait gagné à être plus court. Je n’ai pas apprécié non plus qu'il se répande sur les faits de banditisme les plus glauques des années 80’, sans doute pour établir un contraste qui ferait du héros un voyou au grand cœur (oui Sulak braquait des gens mais n'en a tué aucun...ceci-dit j'ai connu quelqu'un qui s'est fait braquer, qui a survécu mais qui en faisait encore des cauchemars 5 ans après...).

Tout n’est que répétition dans ce roman : Sulak a besoin d’argent, il braque, il mène la grande vie, il se fait prendre, il s’évade de prison, il a besoin d’argent…et retour à la case départ, avec à chaque fois, la marque de la voiture du casse en prime…(je ne suis pas très voitures en fait).

On sent bien que ce n’est pas une biographie, c’est juste une manière de raconter l’histoire avec des œillères. On se doute que Bruno Sulak était plus proche du milieu des affaires, du show business et de la politique que veut bien le dire Jaenada, par manque d’informations, de sources, ou par parti-pris. 

Sauf quand le héros du livre est plus cupide que flamboyant

Et finalement je n’y ai pas cru pas à cette histoire. Un type élevé dans une famille aimante et unie, qui réussit tout ce qu’il touche, brillant à l’école et performant en sport, bien noté à l'armée, ne finit pas par braquer des supérettes de province puis des bijouteries (même si je reconnais qu'il est monté en gamme). Pas besoin d’être né dans une famille d’énarques pour apprendre que voler c’est mal, que terroriser des gens avec une arme pour de l’argent c’est cupide, que voir sa fille 4 jours en 6 ans, ce n’est pas exactement la description d'un type attaché à sa famille.

Surtout, j'ai eu du mal à croire qu’un type comme Sulak se fichait de l’argent, comme semble le croire Jaenada, parce qu’il avait des sacrés goûts de luxe ce braqueur : le ski en Suisse, les grosses voitures allemandes, les briquets de chez Cartier, le champagne (avec d'ailleurs un mépris récurrent pour le mousseux- bon, ça à la limite.... ). Cette vie inaccessible avec salaire médiocre, il n’en a pas voulue. 

Bref, je reste le vilain petit canard du Prix ELLE

Sans doute le personnage est-il fascinant, mais ce roman qui se veut sans doute subversif, est trop long, trop partisan, trop digressif pour m’avoir convaincue.

Je précise que Sulak côtoie Esprit d'hiver dans nos pronostics du roman lauréat du prix ELLE, c'est dire combien je suis raccord avec l'ensemble des jurées. D'ailleurs Jaenada a fait une forte impression à mes copines jurées hier au Salon, il paraît que c'est un type extra, et peut-être que si j'avais eu la chance de le rencontrer, ce billet aurait été plus élogieux....ou pas.

dimanche 16 mars 2014

Le mélange des genres, Miss Léo et moi

Entre Miss Léo et moi, ce n'est pas simple, parce que Miss Léo est une grande fan de Mrs K., dont j'ai détesté Esprit d'hiver. De son côté, elle a été extrêmement déçue du Lady Hunt qui était mon favori malheureux (redondance...) de la sélection de Décembre. Donc bon, nous ne sommes pas exactement sur la même longueur d'ondes...

Mais vu que je ne suis qu'amour, tolérance et ouverture d'esprit, quand Miss Léo a proposé son challenge Le mélange des genres (dont je suspecte un petit message subliminal), je me suis précipitée. Parce que l'idée de lire éclectique me plaît et parce que j'ai une PAL de coeur qui va parfaitement s'adapter au challenge. 

L'envie me prend donc d'en parler sur ce blog (dont je me demande s'il n'est pas en train de virer au blog personnel et intime...et là je me dis : méfiance!).

Ce challenge nous laisse  jusqu'à mars 2016 pour lire 14 ouvrages de genres différents, et je me suis rajoutée la contrainte personnelle de préférer des livres qui m'ont été offerts (pardon hein, mais je suis dans une phase sentimalo-guimauve en ce moment, la pré-ménopause sans doute). 

- 1- Classique français: j'ai choisi A La recherche du temps perdu de l'incontournable Proust que je n'ai jamais lu (jusqu'au bout... après deux tentatives avortées au lycée), tout ça à cause de Valérie, Malika, Attila et d'autres....et parce que ça va élever le niveau de ma rengaine nostalgique...c'est toujours ça de pris (et tant pis si ça me prend 6 mois).

- 2- Classique étranger: je ne pense pas que Miss Léo verra d'inconvénients à ce que je me jette sur Jane Austen Orgueil et préjugés, offert pour mon anniversaire (arhhh) par une libraire avec laquelle j'ai fumé mes toutes premières cigarettes (avant de vomir dans le caniveau) et qui reste ma grande jumelle de coeur (depuis elle est clean, c'est une mère de famille respectable et une libraire responsable...).

- 3- Essai: ... je devrais trouver un ouvrage ce type dans ma sélection ELLE...
- 4- Récit de voyage: .... pas d'idée dans l'immédiat (si ce n'est le livre photo de ma mère lors de son voyage au Moyen-Orient? Miss Léo ? oui? non? un peu léger tu penses?)
- 5- Recueil de nouvelles: ...bon je n'aime pas les nouvelles, mais c'est LE moment d'ouvrir mon esprit...(j'ai d'ailleurs repéré un recueil bien tentant chez Jérôme)

- 6- Autobiographie et témoignage: je lirai Pourquoi être heureux quand on peut être normal? de Jeanette Winterson, qui a été accueilli diversement à sa sortie, mais qui me tient à coeur. Il m'a été offert par la généreuse Mme ZAP dont le blog aussi décalé que pointu, à la fois loufoque et intelligent, pourrait être celui d'une certaine Bernadette.  En attendant, Mme ZAP est une blogueuse pour laquelle j'ai une infinie tendresse...

- 7- Poésie: ah la la...Aragon sûrement ou Valence Rouzaud peut-être...
- 8- Pièce de théâtre: Shakespeare sans doute ou Giraudoux, ou Pirandello....

- 9- roman noir, thriller, policier: je lirai avec enthousiasme Maisie Dobbs de Jacqueline Winspear, Gwen avait su me convaincre, mais c'est Valérie qui me l'offert (entre mille autres choses) pour mon anniversaire...

-10- roman historique: un genre que j'affectionne...et depuis hier j'envisage Le conseiller d'Hillary Mantel ...à confirmer....
-11- Jeunesse: je vois ça avec Rayures et Boucle d'Or

- 12- SF, Fantasy, Imaginaire: pour Noël, Sophie-la-styliste-mais-pas-que, m'avait envoyé Dan Simmons sous les hurlements de joie de l'Homme, sachant que je suis hermétique à Hypérion, c'est le moment ou jamais de découvrir l'auteur préféré de ma moitié avec Terreur.

- 13- Romance et Chick-litt: là par contre, je sèche....

- 14- BD et romans graphiques: je viens de recevoir, alors que je n'y croyais plus, la BD de Price Minister, marrainée par Valérie, c'est une grande première pour moi, une sorte de baptême (même si j'ai lu Tintin, Astérix et quelques Largo Winch, je suis totalement néophyte en terme de BD), et ce sera sans doute mon premier billet pour ce challenge avec Ainsi se tut Zarathoustra de Nicolas Wild...

L'occasion pour moi de me rendre compte à quel point je suis honteusement gâtée par des gens qui ne m'ont jamais vue. Même si la blogosphère compte son lot d'arrogants, de dédaigneux, de jaloux, de faux modestes et de vrais aigres, qui ne perdent jamais une occasion de tacler les uns ou les autres (je ne vise personne, mais s'ils passent par là, j'espère qu'ils se reconnaitront) , peut-être est-il bon de se souvenir que c'est une sacrée chance de faire partie de cette communauté virtuelle qui rassemble des blogueurs passionnés et généreux, qui sont là pour partager et débattre, avec lesquels les rapports n'ont pas besoin d'être réels pour exister vraiment.

Voilà, c'était la minute larmoyante et bon sentiment..."aimons-nous les uns les autres"...

C'était ça où une longue plainte galéanesque d'être à plus de 6h de Paris (dans le meilleur des cas- qui n'est jamais le mien). Jeudi prochain, je manquerai le blogo-dîner du trimestre chez Ginger avec Stiop, Albane (vraiment?) et Petit Bonheur. Vendredi prochain, je n'assisterai pas au moment VIP avec les jurées du prix Elle au salon. Samedi prochain, je ne rencontrerai aucun de mes blogueurs préférés, et dimanche je n'aurai pas mon petit moment avec ma libraire ex-fumeuse rentrée dans le droit chemin (et je n'apercevrai pas non plus Mme Mirabeau...)

....ça aurait été mon mélange des genres à moi; mais tant pis (vous avez le droit de pleurer sur mon sort).

Heureusement, j'ai plus de chances de réussir à mélanger les genres chez  Miss Léo  ;-)

jeudi 13 mars 2014

L'Appel du coucou

Robert Galbraith, L'appel du coucou
Grasset, 2013,  576 p.
"Si je deviens romancière, je serai J-K Rowling sinon rien" m'a dit Rayures il n'y a pas si longtemps. Je lui ai conseillé de réfléchir à un plan B, mais dans le fond je suis d'accord avec elle. Mieux vaut viser haut dans la vie.

J-K Rowling est donc la star familiale à la maison...Nous sommes tous fans d'Harry Potter et même si je n'ai pas aimé Une Place à prendre, je partais pleine d'entrain pour L'Appel du coucou. Certes Anne n'a pas adoré (tellement qu'elle ne l'a pas fini), mais je me rassurais avec l'avis d' Eva (même si elle a apprécié Longue division...nobody's perfect).

Je m'interroge encore sur le pourquoi de Robert Galbraith...de Robert surtout; mais J-K doit avoir ses raisons (perso, si je publie sous pseudo, ce sera Raymond, vous êtes prévenus).

Evidemment, et sans objectivité aucune, je l'ai aimé.

L'histoire est classique de chez classique: une jeune top-modèle, belle et riche évidemment, est retrouvée morte, 5 étages plus bas que chez elle, gisant sur la neige du trottoir. La police conclut à un suicide, mais son frère croit en un meurtre et engage, trois mois plus tard, un détective privé pour faire la lumière sur les événements.

Et c'est là que ça me plait. L'intrigue n'est pas extraordinaire, quoique je n'aie pas vu venir la fin (enfin presque), mais le détective est un gros looser comme je les affectionne tant.

Vilain, poilu, unijambiste, pauvre, malade, traumatisé, seul au monde et à l'hygiène douteuse, Cormoran Strike c'est THE anti-héros et enquêteur poissard du XXIe siècle. Tout de suite, il m'a plu avec son moignon qui s'infecte, sa femme qui l'abandonne, son père qui ne l'a pas reconnu, son lit de camp dégoutant et ses dettes énormes (J-K arrive quand même à lui faire passer une nuit torride avec une fille sublime, j'ai essayé de ne pas trop visualiser non plus ...)

Et puis il y a Robin, la jeune assistante efficace, jolie, humble et un peu geek (celle qu'on aimerait être dans un autre vie)...je sais, je sais, on est au fond du cliché, mais que voulez-vous ça marche. Parce que J-K Galbraith sait manier la profusion de détails, la description des ambiances et des atmosphères, parce qu'elle déteste le genre humain et que ça se sent quand même dans son policier (et moi j'aime les gens qui n'aiment pas les autres).

L'enquête se déroule dans  le milieu bling-bling londonien (dans lequel je me suis sentie plus à l'aise que dans le petit village d'Une Place à prendre - sûrement parce que je me suis moins sentie visée).

Cette fois, ce sont des people qu'on croise dans des restaurants archi-branchés, des immeubles de grand standing, des forteresses du glamour....Punaise que j'aime rencontrer des mannequins jaloux, de riches hommes d'affaires infidèles, des créateurs névrosés, des producteurs violents et obsédés, des beaux gosses camés, des poupées cocaïnomanes,  des crève-la-faim menteurs et voleurs, des miséreux prêts à tout, des faux amis, des moches, des stars du rap, des avocats véreux, des mères cancéreuses, des histoires de famille dégoutantes ...

Absolument tout le monde se fait écorcher, et pour qui n'est pas trop sociable, c'est un régal. Personne (à part la jolie Robin et l'affreux Cormoran) n'a vraiment de qualité, tout le monde ment, triche, vole...

Ce n'est pas un chef d'oeuvre, ce n'est pas à la hauteur d'Harry Potter (J-K est bien meilleure dans l'imaginaire), mais je l'ai lu avec plaisir, contente de m'y replonger, joyeuse et détendue.


Il semblerait que ce soit le premier tome d'une série, ce qui est une excellente nouvelle puisque Robert Rowling  écrit à l'endurance et s'améliore à mesure qu'elle creuse ses personnages et ses mondes.

Lecture commune avec Valérie et Mrs B (leaders respectifs des clans Lady Hunt et Madame K, qui l'ont écouté en audio, l'occasion pour nous de voir si elles sont d'accord...suspens quand tu nous tiens)

Participation pour le challenge de Liliba.


dimanche 9 mars 2014

Les blogs, le plagiat, Amazon et les autres...

A l'heure où j'écris, je devais publier le récapitulatif du non-challenge des pépites (que tout le monde attend avec impatience vu l'importance internationale de ce non-challenge dans le monde littéraire). J'avais aussi prévu de me plaindre de la rentrée qui m'attend demain et d'attendre le Masque en déblatérant dessus sur Facebook...


Le problème c'est qu'hier, certains blogueurs et dépositaires de critiques sur Babélio se sont rendues compte qu'une certaine Coline recopiait à la virgule près leurs avis pour les déposer sur Amazone. Si Coline existe, elle s'approprie les billets  des autres et gagne deux ou trois choses en passant..(pas de petits profits dans notre société ma bonne dame). Déjà c'est un peu gênant.

Mais ça l'est d'autant plus quand Amazon, alerté par les plagiés, ne se déclare pas concerné par le débat dans la mesure où les commentaires respectent leur charte d'écriture (tu m'étonnes....). 

Et ça devient inquiétant quand on s'aperçoit que les recours sont finalement aussi rares qu'incertains.

Alors soyons clairs, je ne suis pas du tout concernée par le plagia,  je publie sur Babélio quand je me brûle, jamais sur Amazon, ni sur Cultura (que je découvre aujourd'hui même)...., je n'ai donc à ma connaissance jamais été plagiée (ce qui est quand même assez étonnant vu la qualité de mes billets, ma visibilité sur la Toile et la régularité de mes publications mais bon).., je pourrais donc consacrer mon dimanche soir à autre chose (comme vérifier les cartables pour demain, finir le repassage ou préparer la quiche aux courgettes de demain soir)...Sauf que....

Sans se prendre au sérieux, ça me démange quand même un peu le pseudo tout ça....(j'ai mal à mon blog dirait l'autre)

On considère souvent qu'un critique littéraire est un romancier qui n'arrive pas à l'être  et qu'un blogueur littéraire est un critique - disons - bénévole ou presque...(ce n'est pas non plus les quelques SP reçus pendant l'année qui font office de rémunération )....

Alors, celui qui plagie le blogueur c'est qui dans l'échelle de la loose?

Pourquoi les billets des blogueurs seraient-ils moins protégés que les articles des journalistes?

Parce qu'on blogue (ou commente sur Babélio), est ce que cela nous exempte d'être propriétaires de nos mots?

Ca pose quand même la question de la place de ce monde 2.0 que tout le monde réel semble ignorer, mais qui se fait écorcher de temps à autre et plagier par moment. Que le blog soit  littéraire, cinématographique, culinaire, de broderie, de couture ou d'humeur, il nécessite du travail, de la patience, de la passion, de l'imagination et du temps disponible. Parce que c'est un espace gratuit, anonyme (ou presque), qui ne se prend pas au sérieux, il serait en libre-service? 

Chacun se sert, pille et prend ce qui lui plait pour éventuellement profiter des avantages fournis aux meilleurs commentateurs d'un site commercial qui n'a de littéraire que les codes-barres au dos des livres qu'il expédie?

Il y a des brodeuses qui se font voler des motifs, des chroniqueuses de romans qui se font plagier leurs billets, des couturières du dimanche qui se font voler leurs patrons...c'est un sujet qui ressort régulièrement sur la blogosphère...

Alors, au-delà de la mesquinerie et pingrerie d'une pétendue Coline qui plagie plus pour consommer plus (c'est bien, elle est dans l'air du temps, je pense qu'elle peut même tenter une carrière politique), je pose la question: serait-ce trop demander qu'un blogueur soit propriétaire de son blog et de son contenu? 

Je vous renvoie vers le billet de George qui explique tout mieux que moi et qui est concernée directement par ce sujet...



C'était Galéa -qui-se-prend-pour-Zorro
(si je continue sur ma lancée, je crains de finir avec un ulcère...)