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vendredi 27 décembre 2013

Le tag de l'entre-deux (réveillons)

Enna m'a taguée le jour de Noël, parce qu'elle sait que c'est de très loin MA période préférée dans l'année et que cette période me rend tolérante, joyeuse et optimiste...

1: Comment ça va?
Mais super bien...
Parce que j'aime l'esprit de Noël, que j'adore les grandes réunions de famille, que je suis assez riche pour ne pas être à découvert après les fêtes, que j'adore travailler entre Noël et le jour de l'An...
mais surtout parce que mon père qui s'est voulu décalé, original et second degré cette année m'a offert ce livre merveilleux : La puissance de la pensée positive, des méthodes simples et efficaces pour réussir votre vie.

Inutile de préciser que ça marche très bien, j'ai une forme olympique! Et vous aurez la chance d'en lire un extrait pendant tout le mois de janvier, en conclusion de mes billets... pour que nous commencions bien l'année tous ensemble et que nous réussissions nos vies de concert...ne me remerciez pas, c'est ça aussi, la générosité blogosphérique

2: Qu'est ce que Facebook a apporté à ton blog?
Strictement rien..au contraire, il le met en péril parce que j'y passe trop de temps.
En revanche, je ne vais plus sur mon compte FB civil (avec noms de jeune fille ET d'épouse...comme l'exige l'image de femme moderne mais aimante) et je me régale sur mon compte de blogueuse, j'ai en amis uniquement des gens que je connais pas ou que j'ai rencontré APRES l'ouverture du blog (dans cette situation, il n'y a que l'incontournable Sophie).
J'y perds un temps infini, mais c'est une grande source de réconfort, de discussion et de rigolade dans ma journée...

3: Quel est le meilleur conseil qu'on t'ait jamais donné?
Heuuu.....Âme sensible s'abstenir.
Après 17h de travail déclenché, alors que je n'étais plus ni fraîche, ni lucide, ni en forme (et que j'ignorais encore le nombre de séances de rééducation du périnée qui m'attendait à la sortie)  ma gynéco m'a dit à l'oreille "vous allez entendre plein de choses, de recommandations, de conseils dans les jours qui viennent, rappelez-vous que vous serez toujours la personne qui saura le mieux ce qu'il faut pour votre bébé". Depuis, c'est effectivement l'un des rares sujets où je ne suis pas influençable ni versatile...il est même possible que ce soit le seul...

4: As-tu des supers pouvoirs (genre endormir un enfant en moins d'une demi-heure, cligner des deux yeux, masteriser le macramé)?
Evidemment que j'ai des supers pouvoirs. Là comme ça en vrac:
J'ai réussi à avoir un accident de voiture, avant d'avoir le permis, à l'arrêt, sur le parking de l'université, avec une voiture qui ne m'appartenait pas.
J'ai le pouvoir de faire croire aux gens qu'ils sont hyper convaincants tellement je change d'avis souvent.
J'ai le pouvoir de changer la couleur d'une maison en un week-end parce que je soigne mes crises d'angoisse en repeignant les murs du salon (en ce moment c'est gris-bleu).

5: As-tu déjà organisé une grande fête?
Oui, et même plusieurs, et à chaque fois je perdais deux kilos avant le grand événement.
Mon mariage, à la bretonne et à  l'ancienne, avec toutes les branches familiales, les 3/4 du village au vin d'honneur, les oncles et tantes avec lesquels tel ou tel étaient fâchés, mes amis sudistes...
Mes 30 ans (enceinte jusqu'aux yeux), j'ai accouché quelques jours après, j'ai passé ma journée à regretter de ne pouvoir boire ni fumer.

Les fêtes de naissance des enfants auxquelles je devais convier tel ou telle pour ne vexer personne et ne pas faire d'incident diplomatique...

Je n'aime pas les grandes fêtes, surtout quand j'en suis le centre,et  je précise que  sur toutes les photos de ces moments là, je parais malade et fatiguée...

6: Mon rêve le plus fou
Avoir du temps devant moi, ne pas travailler, choisir l'organisation de mes journées, me lever tôt par choix, ne pas être obligée de subir les autres, habiter loin du bruit, être un peu égoïste sans être rentable...
...être à la retraite en somme.

7: La naissance de mon blog
Octobre 2012. J'étais au top de ma loose-attitude : j'avais vraiment soit échoué, soit fait des bêtises irrattrapables dans l'immédiat. A force de traîner sur les blogs des autres, j'ai décidé d'en créer un...histoire de ne pas déambuler vainement sur la toile, tout en me dissimulant courageusement sous les galets.

8: La personnalité que j'aimerais être:
Un mix entre Anna Mouglalis que je trouve splendide (oui je suis quelqu'une de superficielle), de J-K Rowling que je trouve géniale et discrète, d'Isadora Duncan (qui a révolutionné la danse) et d'Isabelle Nanty (bon ça, je n'arrive pas à formuler pourquoi).

9: Light ou pas light? Bio ou pas bio?
Jamais Light, je mange gras et salé et je n'adore pas spécialement le sucre. Presque exclusivement Bio pour mes enfants (oui je milite même à l'occasion) ...pour nous c'est parfois, mais tant qu'il ne fabriqueront pas des cigarettes bio et des Despé labellisées, j'ai peu de chances d'échapper à toutes les maladies horribles qui menacent ma génération.

10: La it de mon armoire:
Je ne suis pas très fashion en fait...donc je vais dire mon vieux jeans D*esel complètement détendu et vaguement troué ...que je ne peux mettre que le week-end...

11: Combien de temps passé devant mon écran:
Pas assez à mon gout...je n'allume l'ordinateur que 2 ou 3 fois par semaine (mercredi et we), le reste du temps, je reste rivée sur mon téléphone à lire des billets sans pouvoir les commenter...Je dirais donc, une dizaine d'heures par semaine grand maximum..(ce qui ne me convient pas du tout).

Je ne tague personne, tout le monde a déjà répondu ou refusé de le faire.

...et je termine comme promis par un extrait de ma nouvelle bible paternelle: La puissance de la pensée positive, des méthodes simples et efficaces pour réussir votre vie:

"La sérénité ne peut s'acquérir dans le tumulte et la frénésie" (, p.88)

Ceci explique donc cela!





dimanche 22 décembre 2013

Fitzgerald le désenchanté

Liliane Kerjan, Fitzgerald le désenchanté
Albin Michel, 2013, 315 p.
Me revoilà, entre deux courses où je me ruine pour Noël, l'organisation du réveillon, les péripéties familiales traditionnelles de la fin d'année...me revoilà, pleine de mauvaise foi et d'aigreur...bref, fidèle à moi-même.

Aspho m'a convertie l'an dernier aux Fitz, alors quand ELLE m'a envoyé la biographie de Liliane Kerjan sur Scott, forcément, je me suis mise en mode automatique.

La bio de Scott Fitzgerald est d’une lecture agréable, de facture classique et d’un déroulement linéaire. Certes, on a un peu l’impression de lire un mémoire universitaire, tant le style et la typographie sont académiques, mais cela a le mérite de la clarté. 

C’est indéniablement agréable de parcourir la vie de Scott Fitzgerald, dans cette période de l’entre-deux-guerres que j’affectionne particulièrement. 
L’ambiance des universités, des fêtes, des nuits américaine et parisienne en passant par les plages de la côte d’Azur, est plaisamment restituée. J’ai eu un plaisir particulier à me replonger dans le microcosme des artistes américains expatriés à Paris dans les années 1920. Cela m’a rappelé le Madame Hemingway de Mc Laine

Je me suis plu à lire ou relire des extraits de l’œuvre de Fitz ou de sa correspondance, je me suis même dit que le couple avait quelque chose des « héros » des Real-TV de notre époque avec cette recherche effrénée de notoriété immédiate et d’argent facile…à cette différence fondamentale qu’ils y mettaient de l’art, du talent et de beau. Ce qui est aujourd’hui vulgaire était alors glamour.

Mon souci, c’est le parti-pris de Liliane Kerjan. 

Pour elle, Fitzgerald est un génie qui a eu la malchance d’épouser une Zelda qui a étouffé son talent, parce qu’elle était malade et cupide, parce qu’il lui fallait une vie de luxe, de passion et d’ivresse. Zelda est présentée comme la dominante malveillante du couple, qui empêche, presque coûte que coûte, Scott de se réaliser. Et cela m'a dérangée. 

Zelda et ses talents sont expédiés en trois phrases, artiste versatile, danseuse trop vieille, passant d’une lubie à une autre, sans but véritable. Le talent littéraire éventuel de Zelda n’est même pas envisagé par l’auteur. Elle irait même jusqu’à penser que Scott fait l’insigne honneur à sa femme de publier ses textes sous leurs deux noms, elle qui souhaitait s’en faire un. Il lui aurait presque rendu service !

A aucun moment Liliane Kerjan n’a, ne serait-ce que supposé, que Fitzgerald s’est détruit tout seul, qu’il aurait pu entraîner Zelda dans sa chute et que peut-être cela aurait pu être lui qui aurait empêché Zelda d’exprimer ses talents. L’hostilité que l’auteur ressent pour la femme de Fitz est manifeste. 

Je suppose que c’est parce qu’elle aime profondément Fitzgerald (ce que je peux comprendre). Mais j’aurais aimé que, dans cette biographie, il n’y ait pas qu’une seule voix (l’essentiel des sources reposent sur « Un livre à soi »), j’aurais aimé un croisement des points de vue, des formulations d’hypothèses. Elle ne parle à aucun moment des relations très « fusionnelles » de Scott avec ses camarades masculins, relations qui rendaient Zelda malade (dans tous les sens du terme). Pareillement, ses passades amoureuses seraient presque à porter à son crédit. Liliane Kerjan évoque à peine un élément pourtant fondamental de la vie du couple : la folle passion entre Zelda et l’aviateur français. L’alcoolisme intermittent mais réel de Scott est cité, mais l’état déplorable dans lequel il se mettait n’est jamais mis en avant.

L’argent est au cœur de tout leur monde, mais probablement pas davantage pour Zelda que pour Scott. Les rêves de fortune appartiennent autant à l’une qu’à l’autre. Zelda est constamment présentée comme une entrave…elle a aussi été une muse, qu’aurait été Tendre est la nuit sans elle ? Comme Scott, Kerjan botte en touche : il se serait ruiné et rendu alcoolique uniquement à cause de Zelda.

Malgré tout, Liliane Kerjan décrit très bien la fin de vie de Scott, sa déchéance privée et publique, sa misère. La scène de trahison d'un journaliste le présentant comme une épave est assez poignante (p.250). 

Je me demande si dans cette histoire, on n'est pas contraint de choisir son camp entre Zelda et Scott, Liliane Kerjan a choisi celui de Scott, en s’appuyant sur le merveilleux héritage littéraire qu'il a laissé (elle cite  même Murakami pour qui il demeure un maître). Je laisse ma chère Aspho trancher dans le vif et j'intègre ce billet à son challenge Fitz et les enfants du jazz, ainsi qu'au rendez-vous non-fiction de Maryline (actuellement en plein déménagement virtuel).


De toutes manières, j’ai toujours préféré les écrivains aux hommes. Je préfère donc Fitzgerald à Scott. Je continuerai à défendre Zelda contre la légende de son mari (ma tenue de réveillon atteste de mon soutien)...

MAIS je ne peux que me joindre aux louanges tressés à l’auteur merveilleux de Tendre est la nuit et de Gatsby le magnifique. 

PS: par soucis d'honnêteté, je précise que je suis l'une des seules jurées à être aussi sévère, mes copines l'ont beaucoup aimé, je vous laisse aller lire les avis chez Madame bouquine, Bianca, Valérie, Coralie, Eva, Mior, Fleur-Fleur...et d'autres (mais je n'ai pris que les 2 premières pages de google)

vendredi 13 décembre 2013

Rattrapée par la vie réelle

Bon voilà.

J'ai laissé traîner un gros dossier dont la date butoir est le 20 décembre (et pour le coup, j'ai des comptes à rendre et je déteste cela).

J'en ai encore une à la maison qui croit au Père-Noël et je n'ai absolument rien engagé de ce côté. Ce serait dommage qu'à cause d'une mère indigne disparaisse la magie de Noël qui me tient tant à cœur (mais oui au fond j'ai un cœur).

Je dois swaper avec Liliba et j'ai intérêt à m'en occuper au risque d'être le pire binôme de la Toile.

J'ai encore 2 livres à finir pour le 20 décembre pour le prix Elle, et je suis enlisée dans le Ferney.

Je travaille (oui je sais, je ne suis pas la seule, mais je suis la moins dégourdie), je ne dors pas assez, ma maison ne ressemble plus à rien de convenable (et qui c'est qui accueille toute la famille le 24 décembre ?), je suis convoquée par l'école, pléthore de virus ont envahi la ville....

Bref...je suis rattrapée.


Alors bien sûr, je pourrais programmer des billets pour ne pas laisser ce blog en sommeil, mais voilà, ce serait bloguer en solitaire, parce que je n'ai pas le temps de répondre à mes mails (autres que pro), aux commentaires et surtout je n'ai pas le temps d'aller sur vos blogs.


Je vais donc faire une pause, le plus courte possible j'espère (une dizaine de jours), histoire de me remettre bien en place pour ma période préférée: les fêtes de fin d'année (où on se surprend à croire qu'on a une famille simple, et qu'on remercierait presque les amis inconscients qui organisent un Nouvel An AVEC enfants - en bas-âge si possible-).

Bien sûr, je ne pars pas vraiment vu que mon i-phone ne me quitte jamais, je vais continuer à dire des bêtises sur FB, mais bon je ne pourrai pas être présente sur la blogo. Mais quand je reviens, promis juré, je réponds à tous les commentaires (vous savez que le billet sur Actes Sud me tient à coeur), à mes mails, je remets à jour le non-challenge et je fais un festin de blogs (les vôtres)...

A tout bientôt les amis, et vous savez quoi, vous me manquez déjà!

lundi 9 décembre 2013

Lettre à Actes Sud

Je continue sur ma lancée des lettres aux professionnels de la littérature, et vu qu'ils y a peu de chance qu'ils la lisent un jour (à l'heure où je vous parle ni Modiano ni les jurés du Renaudot ne m'ont répondu...surprenant non?), je peux me permettre un peu ce que je veux.

Chers éditeurs de chez Actes Sud (avec la liaison à la Garcin),


Je vous écris pour vous dire que je vous aime beaucoup. Je vous trouve formidables.

Déjà, vous produisez de beaux objets. Dans cette période où tout se dématérialise (l'argent, le courrier, l'opinion...et maintenant les livres), vous parvenez encore à sortir de vos imprimeries de jolis romans, avec de belles couvertures. 

Il se trouve que je reste attachée à la plus-value du livre papier sur le livre numérique. J'aime le contact de l'encre et du papier, j'en ai besoin parce que j'appartiens à une autre époque. Et même si je ne suis pas très "rouge" dans mes goûts, je me suis réjouie d'avoir dans ma bibliothèque des ouvrages aux couvertures soignées, aux photos pleines de poésie et qui font souvent un bel écho à l'atmosphère du roman. Sachant que ma palme personnelle va à Confiteor (que je n'ai pas encore lu mais ça ne va pas tarder).

Ensuite, je vous trouve vraiment chouettes parce que vous laissez une belle place aux romancières françaises (les Goby, Gallay, Frappat, Ferney, Petersen et d'autres...je ne les adore pas toutes- loin de là - mais c'est bien qu'elles existent). Quelque part c'est un peu chez vous qu'il faut venir chercher des écritures un peu différentes, des auteurs en voie d'épanouissement, des sujets traités différemment ... 

Et plus, j'adore votre  Actes Sud noir que j'ai découvert comme beaucoup avec Millénium (votre coup de maître paraît-il). C'est quand même la trilogie policière que je mets dans mon top 10 des polars (même si elle a généré dans mon cerveau malade un série de paranoïa que je dois combattre à chaque fois que j'allume mon ordi...merci Lisbeth Salander).

Du coup, vu que je vous aime bien et qu'il y a peu de chance que vous lisiez ce billet, je vais être complètement franche.

Je me permets donc une question : qu'est ce qui s'est passé avec Lady Hunt ?

"...avec liberté et ampleur, [H.Frappat] réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège" ,  c'est ce que vous dîtes sur votre quatrième de couverture.


Je reprends: que s'est-il passé?

Vous conviendrez avec moi qu'il n'y a pas grand chose du roman gothique dans Lady Hunt, comme dirait ma blogo-copine Estelle, c'est un roman de l'intérieur, de l'intime. Qu'est ce que c'est que cette quatrième qui induit le lecteur en erreur?

Parce que, soyons clairs, vous avez créé un sacré malentendu avec les lecteurs quand même. Et c'est sacrément dommage.


Je m'explique. Moi, les romans gothiques, le surnaturel et tout ça, c'est moyennement ma cup of tea, voyez-vous. Donc avec une jaquette comme ça, ce roman je ne l'aurais jamais acheté. Heureusement, il était dans ma sélection Elle, donc j'ai du le lire sous la contrainte, et j'y suis allée à reculons.

 Et là merveilleuse surprise, je me suis régalée, j'ai été emportée par son style, son sujet, ses atermoiements.

J'en ai retenu la filiation, la mémoire des pierres, la solitude, les reliefs de l'enfance...et le surnaturel n'était qu'un accessoire pour moi. Quelques amis, qui m'ont fait confiance, l'ont lu aussi...avec le même plaisir.

En revanche, des lecteurs assez fans de littérature fantastique se sont jetés dessus, en confiance (parce que vous êtes des éditeurs sérieux) et pour eux cela a été une vraie douche froide. Ils l'ont d'autant plus détesté qu'ils en attendaient autre chose, qu'ils ont eu l'impression d'avoir été induits en erreur.

Vous serez d'accord pour dire que c'est dommage non ?

Sachez que nous lecteurs indépendants (oui, un peu comme les librairies vous voyez), nous sommes en permanence abusés par les chroniqueurs professionnels qui vantent les mérites de leurs amis et dézinguent un type qu'ils n'ont pas senti lors d'un dîner en ville, par certains blogs qui sont devenus des bandeaux publicitaires virtuels, par certains magazines qui peinent à se mettre à notre niveau ou qui à l'inverse nous prennent pour des abrutis.

Donc si même vous, vous nous fourvoyez sur le livre que vous éditez, on ne va  pas y arriver...

Comprenez-moi, on aime lire, mais on ne peut pas tout lire. Une belle photo en couverture c'est bien, mais une jaquette fidèle au livre, c'est encore mieux.

Hélène Frappat n'a pas réinventé le roman gothique mais elle a livré un objet littéraire étrange, soigné, sensible et inclassable. Et franchement, c'est déjà drôlement bien.

Donc ne le prenez pas mal, mais ça me turlupinait depuis un moment. L'accueil très contrasté qu'a reçu ce beau roman m'a fait du chagrin (et son éviction de la sélection de décembre chez Elle, au profit du K. m'a mortifiée...)

Bon comme d'habitude, je dis cela, je dis rien.

Vous restez parmi mes chouchous, d'ailleurs je suis en passe de vous préférer à la collection blanche de Gallimard qui reste ma référence depuis toujours. J'espère que vous mesurez le compliment... et le niveau d'exigence des lecteurs qui vous aiment...

Sans rancune?

jeudi 5 décembre 2013

La Maison des absents

Tana French, La Maison des Absents
Calmann-Lévy, 2013, 508 p.
Quel policier délicieux et savoureux !

Pour une fois, (presque) tout est travaillé.

En trois mots c'est l'histoire de la famille Spain dont tous les membres sont retrouvés assassinés dans leur maison toute neuve...en Irlande. Quand la police arrive, le père et les enfants sont déjà morts et la mère agonise dans le coma...je sais, je sais c'est follement gai.

D'abord l’affaire en elle-même est déjà bien décortiquée, très bien menée, avec une belle intensité dramatique.

Ensuite, l’enquêteur est formidable. S’il est (comme la tradition l’exige) légèrement névrosé, pour une fois il ne boit pas (et un ivrogne de moins dans la police littéraire!). C’est une sorte de Monsieur le Flic parfait, un peu psychorigide, un peu en complexe de supériorité et qui se prévaut de  son incorruptibilité. Son lieutenant, un jeune issu de banlieue, échappe également à la plupart des clichés, et leur binôme est sacrément efficace. L’inspecteur est  le narrateur, du coup, il explique tout, il digresse, il réfléchit. Et moi, j'étais heureuse d’être avec lui.

Enfin, le décor et le contexte sont des personnages à part entière de l’histoire. Si je vous dis "la crise de 2008 et ses répercutions en Irlande", c'est sûr, ce n'est pas vendeur...sauf que Tana French prend l’histoire par le petit bout de la lorgnette, la transpose dans un lotissement mort-né de bord de mer d'Irlande. On nous parle des trentenaires de la  middle class : les Spain, salaire correct, épouse soignée, deux enfants adorables. 


Et franchement, la description de ce lotissement fantôme, fracassé par la crise en pleine construction est vraiment réussie. Et quelque part, ça m'a plu parce que ce polar s'interroge sur ce que c'est que d'être heureux à 30 ans dans le monde occidental : une maison, un jardin, deux enfants, 4x4, un brushing impeccable, des barbecues entre amis le dimanche, des goûters d'anniversaire réussis?...


Et puis en filigrane, il y a la double figure de la mère : celle qui meurt laissant sa famille lui survivre tant bien que mal et celle qui survit à sa famille disparue.
0 Challenge Thrillers & Polars 2014 Liliba 3
Tout cela est mené avec brio, des rebondissements (mais pas trop on plus), une psychologie assez fouillée, des mécanismes qui fonctionnent bien, pas de débauche de violence non plus, tout ce qui choque à un intérêt (la découverte du corps de deux enfants et leur autopsie ne sont pas ce qu’il y a de plus réjouissant, mais cela n'est pas gratuit non plus). 

Et surtout, on échappe aux fins habituelles et manichéennes avec LE vrai coupable. A la place on y trouve une réflexion sur ce qu’est vraiment la justice, sur l’utilité sociale du travail, sur la considération de soi, sur ce qu'on pense être la réussite…

Comme d’habitude (on ne se refait pas),  un petit bémol : je regrette le style des policiers. Celui-là n’est pas mauvais et certaines pages sont bien écrites. Malgré tout, l’omniprésence des dialogues est quelque chose qui me désole surtout quand on a « Vieux frère » ou « le gus » toutes les deux pages.

Je ne sais pas le souvenir qu’il me laissera sur le long terme, mais depuis le début de la sélection ELLE, c’est véritablement le seul qui ne m'ait pas fait hurler d'ennui, et de manière générale, il a plutôt bien été accueilli par mes collègues

Donc, pour une fois je souscris au bandeau et je l'intègre au challenge polars et thrillers et Liliba. 

C'était Galéa/Albator/Lama en direct du policier d'octobre de Elle 2014
Et en plus, il est validé par l'Homme (quand je vous dis que je me lamberterise...) 

mardi 3 décembre 2013

Non-challenge - le point de décembre

Pour moi, qui ne suis pas capable d'organiser une journée d'anniversaire  sans l'aide de l'Homme, de ma mère et de mon armée de copines (aussi efficaces que lucides sur mon cas), ce non-challenge en est un (en terme d'organisation et de capacité de synthèse).

Donc d'abord un grand merci aux blogueurs qui participent, ceux que je connaissais et ceux je ne connaissais pas (malgré leur notoriété). De mon côté, avec ce non-challenge j'ai quand même tout gagné : des lecteurs délicieux, des billets savoureux et des envies subites (je sens mon âme de gamine capricieuse poindre sous la blogueuse...ce qui est un excellent signe littérairement parlant).

Je suis heureuse.

L’objectif de ce challenge n'était pas la quantité mais bien la qualité des livres référencés, je n'en attendais pas tant, et je suis comblée par ces pépites qui donnent un sens à notre vie de lecteur.

KinderzimmerD'abord, le livre qui a bouleversé notre communauté de lecteurs-geek reste très clairement Kinderzimmer de Valentine Goby chez Actes Sud.
Personnellement, c'est LE livre que je ne voulais pas lire cette année. Comment dire...disons que camp de concentration et grossesse traités ensemble, j'ai vaguement la tête qui tourne, les doigts qui me piquent et la crise de spasmo qui rôde (ceci n'est pas de l'humour).

Mais cela c'était avant d'avoir lu des billets vraiment magnifiques :
- Chez Jérôme d'abord qui m'a donnée la chair de poule en insistant sur la langue "magnifique, crue et limpide, elle résonne avec force, c'est très impressionnant". 
- Chez Philisine aussi qui a bien failli me faire pleurer avec "un immense roman comme il est rare d'en trouver actuellement"
- Chez  Sandrine ensuite qui m'émeut quand elle écrit "je ne trouve pas les mots que j'aimerais pour rendre hommage à un si beau livre" )
- Chez Athalie   qui conclut sa lecture de Goby en me faisant un peu tressaillir quand même:  "j'en finis par comprendre que le poids de leur véracité, l'écho qu'ils me renvoient, je le comprends, oui, je le comprends, et je ne comprends rien à ce que sont réellement ces mots-là, cette réalité-là".

En ce qui me concerne, je programmerai la lecture de ce livre pour une période de grande forme. Toujours est-il qu' il est maintenant prouvé qu'un très beau livre génère de très beaux billets. Et même ceux qui n'y ont pas perçu une pépite, ont quand même salué un livre fort et poignant. 

Je pense donc que nous pouvons nous étonner ensemble de l'étonnante discrétion de ce livre chez les professionnels de la littérature qui invitent, commentent et décernent des prix...(suivez mon regard).



Ensuite La Lettre à Helga de  Bergveinn Birgisson chez Zulma a rencontré ses lecteurs et a été ovationné par Philisine et Jérome (son plus gros coup de cœur); ainsi que par Sophie-Sylvana (qui a fait un non-billet et qui ne participe pas à ce non-challenge, mais que je me permets de citer).
Cette lettre qu'un agriculteur islandais écrit pour un amour perdu, n'a pas enthousiasmé tout le monde, et certains y ont même émis quelques réserves. Mais ceux qui l'ont aimé, l'ont aimé complètement. Phili ne "pensait pas qu'il était aussi formidable de découvrir un homme qui se cherche" alors que Jérôme nous parle d'un Bjanri qui observe ses occasions manquées "avec tellement de détachement, d'humour et d'autodérision que c'est un régal"
J'ai personnellement la chance qu'une jurée du prix Elle (qui souhaite conserver son anonymat et qu'on appellera Dominique L.) me l'ait très gentiment offert.


Le Quatrième mur de Sorj Chalandon chez Grasset. Je précise que c'est un auteur au sujet duquel nous avons consacré beaucoup de temps à élucider le mystère de son prénom.  Le Quatrième mur donc a également ses adeptes...et pas que chez les lycéens qui participent au Goncourt.

Il faut dire qu'il met en mots l'histoire d'une pièce de théâtre (et pas n'importe laquelle -Antigone d'Anouilh qui a bouleversée il y a 15 ans la jeune étudiante que j'étais) dans le Liban en guerre des années 1980. Dit comme ça, tout de suite ça fait frémir. Surtout quand Eva  note qu'"Antigone, c'est le choix ironique d'une pièce où presque tout le monde meurt, jouée dans un contexte où presque tout le monde meurt" . Et quand  Tiphanie ajoute que Sorj confirme   "son talent de conteur des situations extrêmes" , moi il ne m'en faut pas davantage. Elles ont su trouver les mots pour me faire saliver. 
Du coup, je me suis fixée de découvrir Chalandon avant 2014.

Malika a eu l'excellente initiative d'avoir un gros coup de coeur pour Confiteor de Jeaume Cabré chez Actes Sud  (que Valérie et moi attendons en vain d'être sélectionné pour Elle). Elle rejoint l'intransigeante Attila que je ne présente plus pour ceux qui sont sur Facebook.
Visiblement résumer cette histoire est partie impossible, mais d'après ce que j'ai compris, il est question de tout ce que j'aime: l'Histoire et ses douleurs, les enfants écrasés par leur intelligence, le rôle d'un violon dans une vie...
Il paraîtrait qu'il faille un peu de temps pour rentrer dans l'histoire, il semblerait qu'il s'agisse d'un gros pavé, il se murmure que c'est un livre exigeant.
Pour Malika, c'est "une prouesse littéraire, un récit hors-norme, un roman à part"...qui hésite encore? Pas moi en tous les cas...

De notre côté, Eva et moi lui avons décerné le prix de la plus belle première de couverture. J'espère que d'autres liens-et le mien surtout- viendront s'ajouter à celui de Malika.


LES ROMANS DISCRETS

Ensuite viennent les romans que je n'ai pas vu sur beaucoup de blogs (mais peut-être est-ce parce que je ne connais pas TOUS les blogs ou que j'ai manqué certains billets) mais qui ont trouvé des lecteurs enthousiastes et heureux.


Coralie a absolument tenu à défendre American Prophet de Paul Betty chez Passage du Nord-Ouest (et pas seulement parce qu'elle connait bien la traductrice). Je dois dire qu'un livre américain dans ce palmarès me semble très bienvenu. Il s'agit donc d'un certain Gunnar, leader de la communauté afro-américaine, que le lecteur suit depuis sa prime jeunesse. Coralie est rarement enthousiaste à ce point. Je relève donc quand elle s'emballe: "Souvent acide sur la positions des Noirs et des minorités dans la société américaine, la plupart du temps hilarant, le roman ne se refuse rien, aucune excentricité, avec, à chaque fois, des tirs à trois points pile dans le panier"

Je connais certains fans de littérature outre-atlantique que ça devrait intéresser.Je ne vise personne et surtout pas Sophie.


La Comète a fondu de plaisir à la lecture du dernier Yasmina Khadra, Les Anges meurent de nos blessures chez Julliard. C'est, dit-elle, l'histoire d'un enfant pauvre de l'Algérie de l'entre deux guerres, qui quitte son bidonville pour Oran. Étrangement, si on ne présente plus cet auteur bien connu en France, j'ai l'impression de ne le voir nulle part sur la blogo depuis la rentrée littéraire, je ne savais même pas qu'il avait sorti un livre. Heureusement que la Comète existe et qu'elle nous rappelle que "c'est aussi un roman historique qui rappelle très justement et sans détours le passé bien peu glorieux d'une France colonisatrice. Un roman qui comporte aussi une bonne part de suspens, même s'il commence par la fin".  

Athalie a été enthousiasmée par Faillir être flingué de Céline Minard, chez Payot & Rivages un western pur-jus avec un Zébulon qu'elle a quitté à regret. J'ai davantage entendu parler de ce roman à la radio et dans les Inrock's que sur les blogs, mais je connais au moins deux autres blogueuses qui lui ont rédigé un billet très élogieux et qui ne doivent pas être loin d'Athalie quand elle écrit qu'on "en arriverait à rêver d'une suite". 


LES ROMANS QUI NE PLAISENT PAS A TOUT LE MONDE

 Jérôme s'est complètement emballé pour Monde sans oiseaux de Karin Serres qui divise largement le lectorat sur la Toile, certains l'ont abandonné en cours de route alors que d'autres ne cessent de le recommander. L'histoire semble se dérouler dans un village au bord d'un lac, et c'est sur la fille du pasteur que se concentre la narration (de ce que j'en ai compris). En tous les cas, pour Jérôme, ce livre reste "un premier roman magique. Une bulle hors du temps et des modes. Karine Serres vous prend par la main et vous emmène dans un univers étrange, à la fois improbable et tellement réel. Elle raconte une histoire d'amour et de mort(s), la fin d'un monde".



Pareillement, ma collègue jurée, Fleur, a été enthousiasmée par Une Part de Ciel de Claudie Gallay chez Actes Sud. Nous sommes nombreux à l'avoir lu dans le cadre de l'opération Price Minister. Pour ma part je l'ai aimé sans y voir une pépite, d'autres s'y sont ennuyés, certains l'ont adoré. Il y a ceux qui retrouvent toujours Gallay avec plaisir et ceux qui s'en sont déjà fait leur idée. Mais je rejoins en partie Fleur quand elle écrit que "sa richesse vient de la diversité des thèmes abordés, ou chacun saura se retrouver: les relations entre soeurs, époux, mère-fille. C'est un magnifique roman sur l'espoir, sur la vie". 


LES ROMANS QUI DIVISENT

Je terminerai  ce point de décembre avec une affaire qui divise et qui crée des clans sur la blogo : Lady Hunt d'Hélène Frappat chez Actes Sud contre Esprit d'hiver de Laura Kasischke chez Bourgeois.

Il semblerait qu'il soit impossible d'aimer ou de détester les deux à la fois. 
Pour l'équipe Lady Hunt, c'est Valérie qui ouvre le bal "il y a dans ce roman l'idée forte qu'on appartient à l'un de nos deux parents, mais pas aux deux et ce n'est pas un choix délibéré". 

Pour le clan Esprit d'hiver, c'est Mrs B. qui sera chef de file : "l'auteur a su me tenir en haleine dès la premières pages, et la fin est explosive. Bravo!"


Mon devoir de réserve d'organisatrice de ce non-challenge m'oblige à une certaine neutralité mais ceux qui me connaissent savent de quel côté mon cœur penche. Je resterai impartiale quoiqu'il en soit, tout en me demandant ce qu'en pense Olivier Moss.

Ici s'achève ma récap de décembre; merci à tous, je me réjouis d'avance de la suite des événements, de vos réactions, de vos prochains coups de coeur. On se retrouve en janvier, pour voir si le panorama a évolué.

PS: je remarque - tout à fait  innocemment- qu'hormis le Goncourt des lycéens, nos avis ne rejoignent pas trop ceux des prix....Etonnant non?

C'était Galéa, en direct du non-challenge des pépites (je pense me reconvertir à court-terme dans l'élaboration des bandeaux...).

PS: je pense qu'il me manque des liens, certains ont oublié de venir me les mettre ici, de mon côté je lis la plupart des billets de mon téléphone, je ne peux pas prendre les liens...n'oubliez pas que je suis un boulet sur l'organisation ...de toutes manières nous avons jusqu'à juillet...
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Lire ne sert à rien mais rend la vie plus belle. 
(C'est ma nouvelle devise que je rôde avant 2014)

samedi 30 novembre 2013

Une Part de ciel


Claudie Gallay, Une Part de ciel
Actes Sud, 2013, (445 p.)
Claudie Gallay est la romancière préférée d’une amie-libraire chère à mon cœur, donc quand Sylire a proposé de parrainer quelqu’une pour l’opération Price Minister, je me suis précipitée sur l’occasion et j’ai commandé Une Part de Ciel quasiment les yeux fermés.

Une Part de ciel fait parler Carole, une looseuse comme je les aime. La quarantaine, fraîchement abandonnée par son mari, elle revient dans son village de montagne, un endroit dont on ignore si elle se sent chez elle ou chez les autres. Elle revient parce qu’elle pense que son père va y revenir aussi. C’est donc l’histoire d’une attente qu’elle partage avec son frère Philippe (une sorte de notable forestier) et sa sœur Gaby (un quasi cas-social dont on ne prononce pas le nom).

Effectivement, Une Part de ciel c’est un roman sur l’attente. Absolument tout le monde attend dans ce livre. Les montagnards attendent la neige, la fratrie attend le retour du père, Gaby attend que son Homme sorte de prison, Diego attend que son puzzle délivre son image, la Baronne attend une réponse pour son chenil, Carole attend tous les matins que la serveuse batte ses draps dehors, Frankie attend son nouveau Juke-box, la Môme attend de partir, le petit Marius attend sur le tourniquet, sans savoir quoi exactement…

Bref, tout le monde attend. D'habitude, ça m’exaspère... mais pas  là. On le sait un livre sur l’attente, c’est un livre sur le passé. Quand l’action n’avance pas, c'est qu'elle a déjà eu lieu. Les événements ne se produisent pas, ils se sont déjà produits dans Une Part de ciel. Cela ne marche pas toujours (genre…, le Kasischke par exemple - humour-), mais là c’est une belle réussite.

J’ai aimé l’ambiance, la lenteur, j’ai aimé qu’il ne se passe pas grand-chose au présent. J’ai été touchée par les aspérités rurales des montagnards, par l’ambiance de village en huis-clos, par cette communauté de l’entre-deux, encore dans les coutumes du passé. J’ai aimé la rudesse du climat, la rusticité des habitants, les histoires passées. J'ai été touchée par ce qu’il reste de l’enfance, et par les stigmates des traumatismes familiaux.

J’ai beaucoup aimé les arrière-plans et les second rôles : Diego est un personnage merveilleux (un cuisinier qui écoute Mozart, qui cherche le beau partout, un patient généreux), Jean (le plus ou moins premier amour de Carole, plus ou moins séducteur, plus ou moins franc), Sam (le vieux quincailler)…bref c’est très réussi.

Malgré tout cela, ce n’est pas un coup de cœur absolu.

A cause de style d’abord. Trop de passé-composé nuit à la beauté d’une phrase, il faut le savoir. Et là, il y a beaucoup trop de passé-composé. Ce n’est pas parce que l’histoire se déroule chez les gens simples qu’on est obligé d’écrire « la serveuse à Frankie » , ou du finir certaines phrases par « j’ai dit ». Ce n’est pas nécessaire et ça heurte certains psychorigides dans mon genre.

Ensuite, il y a deux ou trois invraisemblances…. bon des détails. Comment l’Oncle, qui a globalement l’âge du père, c’est-à-dire au moins une bonne soixantaine d’années (voire plus, vu que c’est l’aîné), peut-il avoir trois garçons dont le dernier n’a que 7 ou 8 ans ? Pourquoi Carole dort-elle dans un gite et non pas chez son frère ? En ville, cela se comprend, mais en campagne, c’est rare de ne pas accueillir une sœur chez soi.

Détails, détails… ça ne gâche rien.

Sans dévoiler la fin, qui est vraiment poignante, je me demande si Claudie Gallay a pensé à Modiano et Rue des boutiques obscures quand elle a imaginé la chute de son livre. Moi, cela m’est immédiatement venu à l’esprit, et c’est naturellement un compliment dans ma bouche (sur mon clavier plus exactement). Soit c’est un hommage à Modiano, soit c’est une idée talentueuse partagée par hasard…

Les deux me conviennent. C’est un beau roman que La Part du Ciel.

Merci à ma marraine Sylire qui l'a chroniqué aussi, à l’opération Price Minister (livrée avec les messages délicieux d’Olivier Moss), et aux éditions Actes Sud.

Cette lecture se voulait commune avec Enna et Jérôme, vu comment nous étions un peu pressés par le temps (surtout Jérôme et moi), nous l'avons rebaptisée : lecture commune des pieds nickelés (il est donc possible que tout ne soit pas instantané...)





jeudi 28 novembre 2013

Lettre aux membres du prix Renaudot

Ce matin, je ne savais pas que j'allais écrire ce billet.

Il y a 24 heures, je ne savais pas qui avait reçu le prix Renaudot catégorie essai (qui a été décerné en début de mois). Et puis, deux ou trois blogueuses ont tiré une petite sonnette d'alarme.

Le fameux jury du prix Renaudot -qui a déjà eu la clairvoyance de décerner le prix du roman à Yann Moix -a élu comme essai vainqueur un certain Gabriel Matzneff.

Dans Séraphin, c'est la fin, l'auteur rassemble les chroniques qu'il a rédigées depuis 1964 dans divers journaux. Et Matzneff de penser qu'il été récompensé "pour l'ensemble de son travail". 

Gloups! 

Le problème ce n'est pas Séraphin, c'est la fin,  le problème c'est le personnage: ce qu'il revendique, ce qu'il assume, ce qu'il défend. Le problème c'est ce que ce monsieur a écrit AVANT (et je ne parle pas de ce qu'il a fait, restons dans le domaine de la littérature). Ce type, qui se définit comme politiquement incorrect (le must-have du moment), est évidemment bien perçu par la plupart des intellectuels de notre pays (Jérôme Garcin ou F-O. Giesberg  par exemple qui sont justement membres du jury avec l'immense Beigbedder dont le talent n'est plus à prouver).

Ce qu'il défend, c'est  la p&dophilie, et pas en filigrane, pas en allusion, pas en sous-entendu.

Je vous laisse aller lire les extraits c'est par là ou par .

Et vous, jurés du Renaudot, vous nous dîtes qu'il faut récompenser cela?

Vous savez, Messieurs les jurés, que nous les blogueurs et lecteurs, nous gargarisons des prix littéraires, on les attend, on les espère et on le commente. Donc là, je m'interroge. Ce type a-t-il vraiment sa place dans le patrimoine des prix littéraires? N'aurait-il pas été plus adéquat de le laisser dans son rôle d'auteur maudit?

Comprenons-nous bien. Que les livres de Gabriel Matzneff existent, c'est une histoire entre lui et son éditeur (qui s'arrange avec sa conscience). Je suis absolument contre toute forme de censure, quelle qu'elle soit, même si le propos est à vomir, même si c'est mal écrit, même si ça flatte ce que l'Homme a de plus laid.

Mais décerner un prix à un auteur qui a pu écrire des phrases qu'un parent ne peut pas lire sans une vague nausée, et quand on sait à quel point les prix sont prescripteurs, quand on sait combien un prix ancre, qu'on le veuille ou non, un écrivain dans son siècle, ça laisse dubitatif.

Ai-je le droit d'être scandalisée ?

C'est oublier qu'il y a certaines valeurs avec lesquelles on ne transige pas...et s'il y en avait qu'une ce serait celle-là, celle qui protège nos enfants, et ceux du reste du monde. J'espérais qu'on était tous daccord pour considérer qu'abuser d'un enfant (même si ce n'est pas le nôtre hein!!!) c'est mal.

Mesdames, messieurs les jurés du prix Renaudot, par ce prix (qui était né pour réparer les injustices du Goncourt), vous déshonorez ceux qui vous ont précédés, ceux qui ont récompensé des auteurs importants de notre patrimoine littéraire (Aragon, Ernaux, Le Clézio...). Vous aviez des essais de qualité comme Sept femmes La première pierre ou le Dictionnaire de Proust...Il est difficile de comprendre et d'accepter un tel choix (même si je sais qu'être subversif est tendance)

 Ne me parlez pas de Nabokov, Lolita a 15 ans et est dans un jeu de séduction, ce n'est absolument pas comparable à un petit garçon d'un pays sous-développé qui se plie aux fantasmes d'un monsieur qui a payé pour ça. Ne me parlez pas non plus des artistes maudits comme Rimbaud et Verlaine qui étaient CONSENTANTS. Ce n'est pas le cas d'un enfant mineur des Philippines.

Pardon, je sais que la bien-pensance révulse beaucoup d'intellectuels radicaux, mais ça a du bon quand même!!

Pour nos enfants, ceux qui l'ont été, et ceux à venir, vous me permettrez de marquer mon désaccord et d'enjoindre ceux qui le souhaitent à signer une pétition contre l'attribution de ce prix à un p&dophile déclaré et assumé.

PS: moi aussi j'adore la figure du poète maudit, du génie trouble, de l'écrivain possédé par ses démons...mais les vrais, ils ne reçoivent jamais de prix, ça les rendrait fréquentables.

Je ne fais que suivre modestement un mouvement timide qui s'ébauche sur la Toile.

A lire l'excellent article de Dom Bochel Guegan
et les billets suivants:
Chez Secrète Louise
Cher Marion
Chez Manu
...et sans doute d'autres...


vendredi 22 novembre 2013

Mes états d'âme de jurée Elle

C'est l'heure de mon billet mensuel de jurée, je ne doute pas une seconde que chacun l'attende avec ferveur...(je suis quelqu'un d'absolument lucide sur les attentes de la blogosphère).

Bref, nous sommes à peu près à mi-parcours du prix Elle 2014. Il ne reste que deux sélections à découvrir. Pour dire le vrai, je m'estime assez heureuse jusqu'à présent des catégories romans et documents, je n'ai jamais lu autant de livres de la rentrée littéraire que cette année, je me sens au cœur de l'actualité intellectuelle, punaise que c'est bien!!

Bon, je ne suis pas emballée par les policiers et , sans parler pour les autres (ce n'est pas mon genre), j'ai le sentiment que c'est un point-de vue assez général dans notre groupe. Un seul m'a plu jusqu'à présent, sans pour autant espérer qu'il ait le prix... mais peut-être le meilleur reste-t-il à venir (je nourris beaucoup d'espoir sur La Théorie du chaos).

Bon.

Il faut quand même que j'avoue que je suis en pleine remise en cause littéraire.

D'abord, il y a l'affaire K (comme Kasischke) qui semble quand même séduire le plus grand nombre, surtout chez les moins de 30 ans. Sur l'état civil je n'en ai pas beaucoup plus, mais comme je le dis souvent, en réalité, j'en ai presque le double. Bref, qu'est ce que je n'ai pas compris dans ce livre ? Je déteste le terme "efficace" en littérature mais c'est le seul adjectif qui me vienne à l'esprit (on notera le jeu de mots). Il a de grandes chances d 'être primé, bien sûr je m'inclinerais si c'était le cas, mais je serais extrêmement déçue quand même.

Ensuite, il y a l'affaire des bandeaux. Comme se fait-il que je ne saisisse pas le génie des chefs d’œuvres qui arrivent dans ma boîte aux lettres? Même si j'ai bien aimé un livre, je ne le trouve pas nécessairement "d'une force exceptionnelle", et on m'avait promis d'adorer un polar que j'ai détesté. On me vend de la poésie dans un roman qui en manque cruellement, et on me jure d'être tenu en haleine quand je m'ennuie misérablement...Je travaille sur moi, mais franchement je m'interroge...

Enfin, je ne suis évidemment pas la seule jurée à travailler, ni la seule à avoir des enfants...mais je dois être l'une des moins bien organisées parce que je suis constamment débordée. Je lis les sélections dans l'urgence, et Olivier Moss m'a gentiment rappelée à l'ordre pour PM alors que je n'avais pas encore commencé La Part du ciel. 

Et pourtant, je suis habituée à lire vite, à respecter des délais et même à faire des synthèses dessus. J'ai été formée pour ça. Mais là, je le vis plutôt mal. Parce que je me demande, dans ce contexte, où les livres un peu plus exigeants vont-ils trouver leur place. Il faut qu'un livre séduise dès les 40 premières pages au risque de se faire abandonner, le livre doit plaire et se lire vite. Un pavé de 600 pages a peu de chance d'être plébiscité, quand on n'a qu'une semaine pour le lire. Je sais que c'est le jeu dans les prix littéraires attribués par des lecteurs et non des "professionnels de la littérature"...ce n'est de la faute de personne, mais c'est comme ça.

Lire sous la contrainte implique forcément une précipitation.

Il m'a fallu 6 mois pour m'en rendre compte.

Le problème c'est que  je suis une lectrice aux antipodes de tout cela. Je ne cherche pas à lire vite, ni à lire beaucoup. Je ne suis pas une boulimique de littérature, je ne cherche pas l'abondance ni la performance. Je ne lis que le soir avant de m'effondrer de fatigue (oui, bon, je travaille dur la journée et je me lève très tôt...et je rappelle que je suis proche de l'âge de la retraite en réalité). Forcément, ça ne fait qu'une cinquantaine de livres par an (les bonnes années).

J'aime lire en prenant mon temps. J'aime faire traîner les livres que j'aime, je retarde le moment où je les termine. Les livres qui ont le plus compté dans ma vie sont ceux qui j'ai lu longtemps.

Alors je m'interroge.

Un gros pavé a-t-il une chance de passer ? Aurélien, une Belle du Seigneur, quelques Disparus auraient-ils eu  une chance d'être lauréats? (je rappelle que Valérie et moi ne nous sommes toujours pas remises de l'éviction d'Adèle, et j'ai encore de la peine que Lady Hunt -et même L'Echange des princesses-se soient faits devancer par le K.)

J'ai encore plein d'espoir pour les sélections à venir, mais honnêtement si un Confiteor devait joyeusement surgir dans notre sélection, je ne donnerais pas cher de sa peau.


C'était Galéa en pleine introspection littéraire, en direct du prix des lectrices Elle 2014 
(pour la peine je vais m'en griller une...dehors évidemment... parce qu'il y a les enfants et que je dois montrer l'exemple, sinon c'est inutile de les forcer à manger des légumes)

L'Homme (qui n'en rate jamais une) m'a quand même rappelé que j'ai aimé (et parfois plus que ça) la majorité des romans lauréat décernés par les lectrices Elle. Ce serait vraiment pas de chance que ça ne se produise pas l'année où je suis jurée....Hein!!

PS: j'attaque ma récap de décembre du non-challenge des pépites (ce qui me remonte le moral je dois dire), je n'ai pas tous les liens, même si j'ai lu attentivement les billets, je n'ai pas pu prendre les adresses de mon téléphone (tout génial qu'il soit, je ne peux rien faire sur blogspot avec lui...je sais, la loose toujours), merci de me les mettre en bas du billet, pour que je n'en oublie pas (même si c'est Kasischke évidemment)