Alors voilà l'année littéraire se termine, enfin quand je dis se termine, elle est pour la plupart oubliée depuis un moment, tournée que chacun est vers les stars éphémères de la rentrée de septembre, dont les livres circulent déjà depuis un moment, avant même d'être sur l'étal des librairies d'ailleurs.
C'est donc le moment M (le moment Modiano- celui où on revient sur ce qui est fini), que je choisis pour se souvenir encore un peu de l'année passée, avec les coups de coeur prévisibles et parfois inattendus des amis blogueurs qui une année de plus, se sont prêtés à ce non-challenge, avec enthousiasme et sincérité et je les en remercie. Et vu que la plupart d'entre ces livres seront oubliés dans 6 mois, je profite de cet entre-deux pour les rappeler à notre bon souvenir.
L'heure de la moisson d'été est donc arrivée avec les surprises et retournements de dernière minute, grâce à ce long été chaud qui aura permis à la plupart d'entre nous de finaliser des lectures prévues depuis plusieurs mois.
Et l'outsider qui revient au grand galop dans ce non-challenge est l'incontournable Jérôme Ferrari avec son Principe chez Actes Sud, qui, non content d'avoir obtenu le Goncourt il y a 3 ans, enthousiasme la clique des blogueurs , certes à contretemps mais avec efficacité. On sait qu'il est question d'Heisenberg et de mécanique quantique, mais on sait surtout qu'il s'agit de bien plus que cela finalement....En plus, ce ne sont que des blogueurs chers à mon coeur qui le plébiscitent: l'incontournable participant de ce non-challenge, j'ai nommé Jérôme le chouchou national, qui nous parle carrément d'un livre "vertigineux"; et on a envie de le croire quand on enchaîne avec la chronique de la douce et la loyale Philisine qui reste "épatée par la corrélation du fond et de la forme"; et d'autant plus quand Laure en rajoute encore une couche au sujet d'Heisenberg " cet homme ange ou démon, fou ou passionné, ami ou nazi". Et encore, c'est sans compter la verve de ma Comète, en pause de blog et qui nous manque à tous, et qui note que non seulement "la langue de Ferrari est la beauté même" après avoir sauvagement lâché "captivant, poétique et tragique". Vous en voulez encore? Bon d'accord, c'est donc Papillon qui aura le mot de la fin "pour approcher la transcendance de la beauté, il faut lire ce roman". What Else les amis? Je lui prédis à ce tout petit roman de 160 pages de jouer les prolongations bloguesques dans l'année à venir. Ce sera d'ailleurs le cas Sous Les Galets ...
Autre remontée de l'été, moins médiatique mais tout aussi réjouissante avec de la littérature italienne: Plus haut que la mer de Francesca Melandri chez Gallimard. C'est Kathel qui ouvre la danse pour nous parler d'un homme et d'une femme qui se croisent à bord d'un navire qui les emmène voir quelqu'un de cher, sur une île pénitentiaire "C'est l'une de ses histoires toutes simples, que vous avez envie de faire durer bien plus longtemps que leur 200 pages". Et à Marilyne d'enchainer en nous rappelant qu'il y a "en filigrane cette période de l'histoire italienne que l'on appelle les années de plomb. Et des mots, ce que l'on fait des mots, avec les mots". Deux très belles chroniques donc, qui ne sont pas seules sur la Toile, et qui en ce qui me concerne, m'ont convaincue de le lire pour mon mois italien.
On enchaine deux coups de coeur de blogueurs avec des romans qui avaient eu les honneurs de notre Busnel national à La Grande Librairie, avec d'abord Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle chez Flammarion, un roman imaginé à partir de l'affaire Dubuisson, autour d'une lettre que Pauline aurait écrite de sa prison en 1953. Pauline, une jeune fille tondue (et courageusement violée par des hommes prétendant oeuvrer pour le Bien) à la Libération qui assassina son fiancé moins de 10 ans plus tard. Sylire parle "d'une immersion totale et d'un résultat remarquable". Si le sujet n'est pas gai, il a le mérite d'être magistralement traité et pour une fois qu'un homme tente de se mettre littérairement dans la peau d'une femme on ne va pas bouder notre plaisir.
Autre privilégié Busnelien qui a enchanté une blogueuse, c'est le discret Georges Picard et son Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à ma place chez Corti. Un choix complètement décalé que nous devons à l'irremplaçable Margotte. Il s'agit donc d'une lettre échangée entre deux amis vieillissants et misanthropes (oh mon dieu....je me sens tout de suite comme public-cible là), dont Margotte nous promet "Une réflexion jubilatoire sur la société d'aujourd'hui, et entre autres, invite à se questionner sur les médias, et la pensée conforme qu'elle nous déverse à longueur de journée". Au passage je signale que le billet de Margotte est un petit bijou d'anticonformisme et de révolte qui ne fait pas de mal en ce temps de moutonnage aigu (#JdcJdr).
C'est ensuite Aifelle avec D'Argile et de feu d'Océane Madelaine aux Editions des Busclats qui nous revient avec un premier roman s'il vous plait, bâti sur une histoire de femmes, d'argile, de grand Sud, de démons qui resurgissent et de nouvelle vie qui se dessine : "C'est l'histoire de deux Marie, celle d'aujourd'hui qui se raconte dans un cahier blanc et Marie Prat, potière du 19e siècle, évoquée dans un cahier rouge. Leur trajectoire va se croiser dans une cabane abandonnée au fond des bois." Peut-on vraiment résister au croisement de deux destins, des éléments et de la matière ?
Aifelle ne s'est pas arrêtée en si bon chemin, elle a dans la foulée, été emballée par La Petite lumière d'Antonio Moresco chez Verdier, où il est question de maison isolée dans des contrées rurales (dis donc Aifelle, tu n'aurais pas des envies d'ermites en ce moment?). Sauf qu'ici il y a une petite lumière qui brille au loin, une petite lumière à la recherche de laquelle un homme qui pourtant a décidé de se retirer du monde va aller : "Ce qu'il y trouve est assez fascinant. Le récit devient très intrigant, soulevant des questions, suscitant des suppositions. Différents niveaux de lectures peuvent en être faits, le réalisme n'est plus de mise, c'est la métaphysique qui s'invite, le fantastique ou la fable." Vous cherchiez du fond ? des romans qui nous questionnent ? Aifelle a travaillé pour vous.
On enchaine deux coups de coeur de blogueurs avec des romans qui avaient eu les honneurs de notre Busnel national à La Grande Librairie, avec d'abord Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle chez Flammarion, un roman imaginé à partir de l'affaire Dubuisson, autour d'une lettre que Pauline aurait écrite de sa prison en 1953. Pauline, une jeune fille tondue (et courageusement violée par des hommes prétendant oeuvrer pour le Bien) à la Libération qui assassina son fiancé moins de 10 ans plus tard. Sylire parle "d'une immersion totale et d'un résultat remarquable". Si le sujet n'est pas gai, il a le mérite d'être magistralement traité et pour une fois qu'un homme tente de se mettre littérairement dans la peau d'une femme on ne va pas bouder notre plaisir.
Autre privilégié Busnelien qui a enchanté une blogueuse, c'est le discret Georges Picard et son Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à ma place chez Corti. Un choix complètement décalé que nous devons à l'irremplaçable Margotte. Il s'agit donc d'une lettre échangée entre deux amis vieillissants et misanthropes (oh mon dieu....je me sens tout de suite comme public-cible là), dont Margotte nous promet "Une réflexion jubilatoire sur la société d'aujourd'hui, et entre autres, invite à se questionner sur les médias, et la pensée conforme qu'elle nous déverse à longueur de journée". Au passage je signale que le billet de Margotte est un petit bijou d'anticonformisme et de révolte qui ne fait pas de mal en ce temps de moutonnage aigu (#JdcJdr).
C'est ensuite Aifelle avec D'Argile et de feu d'Océane Madelaine aux Editions des Busclats qui nous revient avec un premier roman s'il vous plait, bâti sur une histoire de femmes, d'argile, de grand Sud, de démons qui resurgissent et de nouvelle vie qui se dessine : "C'est l'histoire de deux Marie, celle d'aujourd'hui qui se raconte dans un cahier blanc et Marie Prat, potière du 19e siècle, évoquée dans un cahier rouge. Leur trajectoire va se croiser dans une cabane abandonnée au fond des bois." Peut-on vraiment résister au croisement de deux destins, des éléments et de la matière ?
Aifelle ne s'est pas arrêtée en si bon chemin, elle a dans la foulée, été emballée par La Petite lumière d'Antonio Moresco chez Verdier, où il est question de maison isolée dans des contrées rurales (dis donc Aifelle, tu n'aurais pas des envies d'ermites en ce moment?). Sauf qu'ici il y a une petite lumière qui brille au loin, une petite lumière à la recherche de laquelle un homme qui pourtant a décidé de se retirer du monde va aller : "Ce qu'il y trouve est assez fascinant. Le récit devient très intrigant, soulevant des questions, suscitant des suppositions. Différents niveaux de lectures peuvent en être faits, le réalisme n'est plus de mise, c'est la métaphysique qui s'invite, le fantastique ou la fable." Vous cherchiez du fond ? des romans qui nous questionnent ? Aifelle a travaillé pour vous.
Athalie, qui a blogué par intermittence toute l'année, participe avec Une Plage au Pôle Nord d'Arnaud Dudeck chez Alma Editeur avec un billet qui fait fondre mes hormones parce qu'elle nous parle avec enthousiasme d'un livre ou se rencontrent deux cabossés de la vie: une veuve à la retraite et un tout jeune chômeur, avec toute la tendresse qu'on peut imaginer: "l'histoire en pointillée de deux béquilles l'une à l'autre indispensables et fragiles." Si le livre est à la hauteur du billet d'Athalie, il promet d'être un vrai bijou....
Phili la délicieuse, livre sa dernière pépite de l'année avec Les Arpenteurs de Kim Zupan chez Gallmeister. Un roman qui avait eu la chance d'être mis en lumière sur Inter (c'est juste pour toi MTG cette phrase). On est bien là dans une ambiance virile, à l'américaine avec un shérif, un "arpenteur", et un serial killer. Bref, des histoires d'hommes qui s'enfoncent, qui se dissimulent, qui se cherchent les uns les autres. On n'est visiblement pas dans le gai ni le feel-good, mais dans quelque chose de plus troublant et de davantage maîtrisé : "Tout est réussi dans Les arpenteurs : la prose efficace et raisonnablement descriptive, des protagonistes suffisamment ficelés dont on suit le parcours, une intrigue qui tient la route jusqu'au bout. "
Papillon (qui a incontestablement eu la main heureuse cette saison) revient avec une dernière pépite bien peu présente sur les blogs Academy Street de Mary Costello au Seuil, avec une femme irlandaise et expatriée qu'elle nous propose de suivre pendant soixante ans , une histoire de fille, de femme et de mère. Papillon nous dit : "C'est un roman dans lequel on entre avec désinvolture comme dans une évidence, comme dans un jardin ouvert qui dévoile peu à peu son mystère, sa complexité, sa splendeur, un roman qui tout doucement vous saisit par un coin du cœur et ne vous lâche plus, et vous met de l'eau plein les yeux. Un roman poignant et magnifique."
Céline participe pour la première fois à ce challenge avec le très médiatique Vernon Subutex de la très sulfureuse Virginie Despentes chez Grasset, qui a été plutôt bien accueilli par les blogueurs. Il est je pense inutile de rappeler l'histoire, il suffira de citer l'enthousiaste Céline, qu'on ne peut suspecter de parti pris, puisqu'elle reconnait dans son billet n'avoir pas été emballée par un autre titre de la romancière. Mais là, c'est l'engouement: "Vernon Subutex c'est le roman d'une génération, celle de la fin du rock, un constat triste et amer mais non dénué d'humour. L'écriture de Despentes, vive et mordante, est sans concession et frappe toujours juste. "
Je termine cette saison avec Jérôme dont on pensait qu'il avait dit son dernier mot avec le Ferrari pour cette saison mais c'était sans compter Finir la guerre de Michel Serfati chez Phébus. Encore une histoire d'homme brisé, d'homme pendu même, dont le fils circonspect part à la recherche de l'homme qu'il fut, lors de cette période sombre de la guerre d'Algérie. Des thématiques dont on sait qu'elles sont chères à Jérôme : "Le texte est magnifique, il interroge sur la lâcheté, l’amitié, la trahison, sur la frontière ténue entre héros et bourreaux, sur l’idée de résistance, de responsabilité individuelle face à la soumission aux ordres de l’autorité « légitime ».
Cette année encore nous aurons été gâtés.
Merci à tous.
Je vous donne rendez-vous au 1er septembre pour le lancement de la saison 2015-2016
Un rappel des coups de coeur de l'année
Moisson du printemps
Moisson de la nouvelle année
Moisson de la rentrée
Récapitulatif des pépites 2014-2015
- Dans la gueule du loup de M. Levi-Strauss
- D'Argile et de feu d'O. Madelaine
- La Petite Lumière d'A. Moresco
Anne (qui chapitre chez ELLE)
- Le Violoniste de M. Borrman
- D'Argile et de feu d'O. Madelaine
- La Petite Lumière d'A. Moresco
Anne (qui chapitre chez ELLE)
- Le Violoniste de M. Borrman
Asphodèle (la grande prêtresse)
- La lumière des étoiles mortes de J. Banville
- Le dernier gardien d'Ellis Island de G. Josse
Athalie (qu'on a failli perdre en route mais qui est revenue quand même)
- Une Plage au pôle Nord d'A. Dudeck
Céline (la blogueuse bruxelloise d'enlivrez-vous)
- Vernon Subutex de V. Despentes
Christiane (non-blogueuse mais bienvenue quand même)
- La couleur du lait de Nell Leyshon
- Une Plage au pôle Nord d'A. Dudeck
Céline (la blogueuse bruxelloise d'enlivrez-vous)
- Vernon Subutex de V. Despentes
Christiane (non-blogueuse mais bienvenue quand même)
- La couleur du lait de Nell Leyshon
Comète (en pause de bouquins garnis et dont on attend le retour avec impatience)
Estelle (entre crochet, pouponnage, train et enseignement)
- Retour à Little Wing de N. Butler
- L'Ecrivain national de S. Joncour
Jérôme (avec ses quatre femmes entre deux berges)
- Je refuse de P. Petterson
- Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé
- Finir la guerre de M. Serfati
- Le Principe de J. Ferrari
- Finir la guerre de M. Serfati
- Le Principe de J. Ferrari
Kathel (expressément lettrée)
- Aucun homme ni dieu de William Giraldi
- Plus haut que la mer de F. Melandri
Laure (du MicMélo littéraire et chroniqueuse chez les Bibliomaniacs)
- Le Principe de J. Ferrari
Margotte (la petite Bretonne sauvage qui se cache dans les bois quand elle le peut)
- Aucun homme ni dieu de William Giraldi
- Plus haut que la mer de F. Melandri
Laure (du MicMélo littéraire et chroniqueuse chez les Bibliomaniacs)
- Le Principe de J. Ferrari
Laurie (que je découvre avec plaisir)
- Une vie à soi de L. Tardieu
Laeti (la bulleuse de la blogo)
- Jacob, Jacob de Valérie Zenatti
- Les corps inutiles de Delphine Bertholon
Marilyne (de lire et merveilles)
- Plus haut que la mer de F. Melandri
Laeti (la bulleuse de la blogo)
- Jacob, Jacob de Valérie Zenatti
- Les corps inutiles de Delphine Bertholon
Marilyne (de lire et merveilles)
- Plus haut que la mer de F. Melandri
- La peau de l'ours de Joy Sorman
- La route de Beit Zera d'Hubert Mingarelli
- Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à ma place de G. Picard
- La route de Beit Zera d'Hubert Mingarelli
- Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à ma place de G. Picard
Maxi Vav' (qui n'arrête jamais de s'abîmer les yeux)
- La Peau de l'ours de Joy Sorman
- Price de Steve Tesich
- Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé
- Les Grands de Sylvain Prudhomme
- L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage d'Haruki Murakami
Mina (l'intransigeante marquise du plat pays)
- Dans le bleu de ses silences de Marie Celentin
Mior (ancienne jurée ELLE, adepte et initiatrice du slow-blogging)
- L'idée ridicule de ne jamais te revoir de Rosa Montéro
Papillon (présidente en chef des Reinhardtophiles et des Bellosiens)
- Price de Steve Tesich
- Autour du monde de Laurent Mauvigner
- L'Amour et les forêts d'Eric Reinhardt
- Academy Street de M. Costello
- Le Principe de J. Ferrari
Philisine Cave (la merveilleuse)
- Les Arpenteurs de Kim Zupan
- Le Principe de J. Ferrari
Sylire (la vie est un roman, la sienne est en Bretagne)
- Je vous écris dans le noir de J.L. Seigle
Valérie (Blogueuse Itinérante)
- Meursault Contre enquête de Kamel Daoud
- Le Puits d'Y-Repila
- Price de Steve Tesich
- Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé
- Les Grands de Sylvain Prudhomme
- L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage d'Haruki Murakami
Mina (l'intransigeante marquise du plat pays)
- Dans le bleu de ses silences de Marie Celentin
Mior (ancienne jurée ELLE, adepte et initiatrice du slow-blogging)
- L'idée ridicule de ne jamais te revoir de Rosa Montéro
- Price de Steve Tesich
- Autour du monde de Laurent Mauvigner
- L'Amour et les forêts d'Eric Reinhardt
- Academy Street de M. Costello
- Le Principe de J. Ferrari
Philisine Cave (la merveilleuse)
- Les Arpenteurs de Kim Zupan
- Le Principe de J. Ferrari
Sylire (la vie est un roman, la sienne est en Bretagne)
- Je vous écris dans le noir de J.L. Seigle
Valérie (Blogueuse Itinérante)
- Meursault Contre enquête de Kamel Daoud
- Le Puits d'Y-Repila
Vio (qui a disparu de la blogo sans préavis)