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vendredi 22 août 2014

Pépites 2013-2014: cérémonie de clôture

En cette semaine d'intense excitation pour cause de rentrée littéraire (qui, quoiqu'on en dise, nous fait frôler les espoirs les plus fous, l'hystérie la moins rationnelle et une effervescence dont Mina a fait un billet très juste ), je vous propose de revenir sur le meilleur de l'année 2013-2014, qui est déjà derrière nous...Ne cherchez pas, c'est "the contretemps-touch'"

Voici donc les cinq livres incontournables de l'année 2013-2014 , selon mes amis blogueurs et sous le contrôle de votre humble serviteur (moi-même):

Le galet d'or est attribué à Réparer les vivants  de Maylis de Kerangal Chez Verticales, c'est une victoire unanime et presque sans surprise tant son accueil public et critique est bienveillant. J'ai rarement lu autant de billets enthousiastes et reconnaissants à un auteur (même si je sais aussi que ce n'est pas le cas de tout le monde et que cette semaine des billets plus mitigés ont surgi).

Je vous renvoie chez l'intransigeante Mior, pour qui ce roman est "mort et transfiguration en quelques sortes", chez Liliba qui y voit un "roman hyper poétique, délicat, sublimement écrit et à la fois technique et précis et clair",  chez Fransoaz charmée par "le dosage de cet équilibre entre réalité et fiction, entre documentaire et roman, qui épate et mobilise" chez Coralie "avec un tel travail, on a juste envie de dire merci". Pour Valérie "Ce roman est la rencontre parfaite entre une écriture et un thème, pour moi, le meilleur roman que j'ai lu depuis au moins quatre ans", chez Maxi Vav' qui "en refermant ce livre, [avait] à la fois les larmes aux yeux et envie de donner [s]es organes", chez Philisine pour qui ce roman est "une vraie ode à la vie", et chez Fleur enfin qui pense que ce roman "à la gloire des mots et du rythme [est] à classer parmi les contes et les poèmes". 

- Les galets d'argent sont attribués à deux romans qui arrivent  à égalité à la seconde place :

* Le Goncourt himself: Au Revoir là-haut,  de Pierre Lemaître chez Albin Michel (comme quoi, cette année, on ne pourra pas dire qu'il a été volé celui-là). C'est Athalie qui avait ouvert la danse, rapidement suivie par Valérie et Enna qui, il faut le noter, lui ont trouvé un supplément d'âme en audio, par notre Comète nationale et adorée, par Anne (qui reprend le relai du jury Elle, et ça me fait quelque chose), et enfin par Zazy (qu'on ne présente plus dans ce non-challenge).

Le deuxième galet d'argent revient à Kinderzimmer de Valentine Goby, chez Actes Sud, qui a finalement bien résisté  à la rentrée d'hiver.  Depuis l'ouverture de ce non-challenge, Kinderzimmer a toujours gardé sa place de leader, défendue par des blogueurs qui d'habitude n'ont pourtant pas les mêmes goûts et qui sont tombés d'accord sur celui,-ci, j'ai nommé Jérôme, Athalie, Eve Yeshe, SandrinePhilisine... et Enna qui apporte sa participation en toute dernière minute avec la version audio...

Et j'en connais d'autres encore qui ont été bouleversée par ce livre et même s'ils n'ont pas participé au non-challenge j'ai une pensée pour eux.

- Le galet de bronze ne sera donc pas distribué cette année mais en quatrième place, le galet de Méditerranée revient logiquement au Quatrième mur, de Sorj Chalandon chez Grasset. Un roman supporté pendant des mois par le gang des Sorjettes présidée par Enna, qui l'a lu en audio, ainsi que Tiphanie, Eve Yeshe et Maxi Vav' pour la version papier. Je crois qu'il sort en poche ces jours-ci...nous verrons ce qu'il en est de sa seconde vie sur la Toile. 



- Et enfin, grâce au billet d'Attila (la SBF qui s'énerve plus souvent que moi et qui fait croire qu'elle n'a pas de coeur), la 5ème place, le galet de la Manche, est attribuée à Confiteor de Jeaume Cabré chez Actes Sud, ce qui ne sera pas pour déplaire à Malika qui avait posté le premier billet pépite sur lui et à Maxi Vav' qui l'avait aussi aimé dès sa sortie.

Certaines mauvaises langues disent que les challenges ne servent à rien qu'à rentrer du lien, je m'insurge, car ces pépites ont un sens pour moi et toute l'année elles ont orienté mes lectures.  Et vu que je ne suis pas beaucoup les rentrées littéraires, je m'engage, en tant qu'organisatrice négligente de ce non-challenge, à lire ces cinq romans avant la fin de la prochaine saison littéraire, donc avant juillet 2015 (oui, même Kinderzimmer, dont rien que le titre me déclenche une crise de spasmophilie, mais à la limite je demanderai à ma soeur aînée de me dealer l'un de ses Lexomyl).

Je ne terminerai pas cette cérémonie de clôture sans remarquer que parmi tous les coups de coeurs divers et variés de la blogosphère (de la mienne en tous les cas) , on y aura croisé une BD grâce à Aifelle qui s'emballe pour les Vieux Fourneaux, des nouvelles avec Des Hommes et devenir et On ne va pas se raconter d'histoires, sur lesquelles Jérôme de tarit pas d'éloges (et ça n'étonnera personne). 

Et puis, on y trouve aussi les livres vus sur pas mal de blogs, avec des avis variés, voire opposés, comme le dernier Jonathan Coe, ou bien les ouvrages polémiques comme En finir avec Eddy Bellegueule. A titre personnel, je suis ravie que Fleur l'ait intégré dans ce non-challenge, car pour moi, qui n'en fais pas un coup de coeur, je pense que ce livre étrange et dérangeant, a marqué cette année littéraire à cause de la violence qu'Edouard Louis dénonce, qu'il retourne et qu'il suscite. Je pense aussi à N'oublie pas les oiseaux défendu par Anne qui semble être l'un des stigmates de cette année 2013-2014 placée sous le signe de l'autofiction (et il paraît que ça ne va pas en s'arrangeant cette année).

Et je remarque aussi que finalement, beaucoup des pépites ont été primés, ce qui d'un côté me rassure  sur le rapport professionnels du livre / lecteurs, mais m'interroge aussi.  Sommes-nous influencés par la médiatisation de certains titres? Ou bien est-ce parce qu'ils suscitent l'émotion chez le plus grand nombre qu'ils sont un peu partout dans les émissions et journaux littéraires ...et sur les blogs aussi? 

Aux côté du Goncourt, du prix RTL Lire, du Goncourt des lycéens, on trouve donc  la Petite communiste qui ne souriait jamais (prix Closerie des Lilas), Plonger (Prix de l'Académie française) , Faillir être flingué (prix Inter), le Chardonneret (Pulitzer), avec en prime L'invention de nos vie et les Evaporés (deux Poulidor littéraires: nommés partout mais jamais récompensés). 

Sur les 600 livres de l'année dernière, finalement seulement une quarantaine ont retenu nos attentions, j'aime à croire que c'est parce que nous avons eu la chance d'avoir accès au meilleur, plutôt que de penser que de petites pépites nous ont totalement échappé par manque de visibilité. 

Je relancerai la saison 2014-2015 dès le mois de septembre (dans quelques jours donc, le temps de faire le logo), en espérant y retrouver mes joyeux amis blogueurs qui m'ont fait me souvenir pendant toute l'année (malgré tout les râleries que je me permets), que c'est bien sur la Toile que je trouve les meilleurs conseils et les plus chouettes débats de lecture.

Merci donc aux 26 participants, qui malgré mes bilans aléatoires et irréguliers ont continué à venir poster leurs coups de coeur ici. J'ai toujours pensé que la qualité primait sur la quantité, et vu que finalement j'ai peu de temps pour lire, au moins, je lis bien.

Joyeuse rentrée littéraire à vous les amis, en nous espérant à tous de belles découvertes...
(pour moi cette rentrée ne commencera que le 2 octobre, je n'en dirai pas plus)

Merci à tous, ce non-challenge en est un vrai pour moi, je peux vous dire que j'ai repoussé mes limites sur ce coup-là, (c'est inutile et chronophage d'un point de vue IRL mais excellent pour mon moral virtuel)

Belles lectures à tous.


Récapitulatif général (hors podium)

La Part du ciel de Claudie Gallay, chez Actes Sud avec les billets de Fleur et de Fransoaz.
La Lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson, chez Zulma,  avec les billets de Philisine et de Jérôme
Pietra Viva de Leonor de Recondo, chez Wespieser, avec les billets d'Eva Yeshe et Mina
Chambre 2 de Julie Bonnie, chez Belfond par Eva
Le Chardonneret de Donna Tartt, chez Plon, par Keisha
Petites scènes capitales  de Sylvie Germain, chez Albin Michel par Margotte
Concerto pour main morte, d'Olivier Bleys, chez Albin Michel par Zazy
La Servante du Seigneur de Jean-Louis Fournier, chez Stock, par Zazy
Les Evaporés de Reverdy chez Flammarion par Zazy
Muette d'Eric Pessan chez Albin Michel parZazy
Esprit d'hiver de Mme K. chez Bourgois par Mrs B (qui depuis a arrêté son blog, et à mon avis ce n'est pas sans rapport...humouuuuuur!)
Les Anges meurent de nos blessures de Yasmina Khadra chez Julliard par La Comète.
American Prophet de Paul Betty chez Passage du Nord-Ouest par Coralie.
Monde sans oiseaux de Karin Serres, chez Stock par Jérôme.
Lady Hunt d'Hélène Frappat, chez Actes Sud par Valérie
Faillir être flingué de Céline Minard, chez Payot et Rivages par Athalie (prix Inter)
En cas de fortes chaleurs de Maggie O'Farell (en VO) par Valérie.
L'Ecriture et la vie de Laurence Tardieu chez les Editeurs les Busclats par Mina.
Des Hommes en devenir de Bruce Machart chez Gallmeister  par Jérôme.
Regarde les lumières, mon amour, d'Annie Ernaux, chez Raconter la vie, par Aifelle.
Expo 58 de Jonhatan Coe chez Gallimard par Athalie.
Mailman de Robert Lennon, chez Monsieur Toussaint Louverture, par Coralie.
On ne va pas se raconter d'histoires, de David Thomas, chez Stock, par Jérôme.
Les Vieux fourneaux, de P. Cauuet et W. Lupano, chez Dargaud, par Aifelle.
Plonger de Christophe Ono-dit-Biot, chez Gallimard, par Marjorie.
La Lune assassinée, de Damien Murith, chez les Editions l'Age d'Homme, par Jérome.
N'oublie pas les oiseaux de Muriel Magellan, chez Julliard, par Anne de Mon petit chapitre.
L'Invention de nos vies, de Karine Tuil, Grasset (en poche bientôt je crois), par La Comète.
La Petite communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon, chez Actes Sud, par Fleur.
En finir avec Eddy Bellegueule, d'Edouard Louis, au Seuil, par Fleur.
Le Parfum de ces livres que nous avons aimés, de Will Schwalbe, chez Belfond, par Fleur.



jeudi 14 août 2014

Nymphéas noirs

Michel Bussi, Nymphéas Noirs (2010)
Pocket, 2013, 493 p.
Entre le journaliste D. Caviglioli et moi, il y a Michel Bussi, que j'avais défendu sans connaître un jour de février. Ce n'était pas tant l'auteur populaire attaqué qui m'avait interpellée que le fait que je sois lassée qu'on puisse considérer qu'il y a de bons et de mauvais lecteurs, et des de bons critiques parisiens et des blogueuses bas-de-gamme.

Et puis Caviglioli m'avait répondu fort courtoisement, en me faisant quand même remarquer que non seulement je n'avais pas lu Bussi, mais en plus, à voir mon blog, je ne lisais pas beaucoup de thrillers sentimentaux ou autre policiers grand public (ce qui atteste de ma snobitude finalement).

Caviglioli: 1 - Galéa: 0

Il fallait donc que je m'y colle, sachant que les titres de Bussi m'inspiraient peu ( des formules comme  Ne lâche pas ma main ou Un avion sans elle, me transportent- par association de pensées- immédiatement dans les années 90 à écouter Seul sur la plage de Roch Voisine, avec mes copines collégiennes, ou pire ma soeur, en gloussant comme des dindes et en attendant le grand amour). Et vingt-cinq ans après, on n'assume pas forcément...

De tous les titres de Bussi, donc,  Nymphéas noirs était celui qui me tentait le plus, d'autant qu'une blogueuse qui n'en est plus vraiment une, un dimanche après-midi s'est déclarée soufflée de la performance. J'ai donc programmé cette lecture juste après Valérie et juste avant Clémence, une sorte de lecture en trinôme en somme...

Dans Nymphéas noirs une vieille dame, un peu flippante quand même, nous raconte comment un corps est repêché dans un ruisseau à Giverny. Alors vu que c'est Giverny, on trouve des évocations de Monet à chaque page. Vu que c'est un village, il y a une école, une institutrice et des élèves. Et vu qu'il y a un cadavre, il y a une enquête avec le duo classique des inspecteurs que je trouve plutôt réussi.

J'ai englouti Nymphéas noirs en quelques jours (pour moi c'est de la LGV), avec frénésie et bonheur, et pourtant, je ne lui trouve presque que des défauts.

De mon point de vue c'est mal écrit. Mais je lui pardonne à Bussi, c'est le problème des universitaires qui se mettent au roman, formés pendant trente ans, à ce que nous appelions "la culture du non-synonyme", qui consiste à dire que deux mots n'ont jamais la même signification et qui entraîne invariablement redondances et lourdeurs. Les dialogues sont aussi un peu convenus "putain" pour la surprise et "bordel" pour l'exaspération, je trouve qu'on peut faire mieux.

Il y a quelques facilités sur l'intrigue et le choix des prénoms me paraît aussi anachronique que tiré par les cheveux, mais ils sont nécessaires et pardonnables.

Et ça passe.

Ca passe parce que :


1: Mettre en filigrane Aurélien et des vers d'Aragon suffit à me convaincre que Bussi est un auteur qui mérite qu'on le respecte.  J'ai d'ailleurs toujours l'impression qu'il s'agit d'une dédicace personnelle comme si la terre entière connaissait ma passion pour Aurélien. Et puis Bussi, sous son air d'écrivain grand public, nous dispose, ça et là, mine de rien de petites références littéraires, et figurez-vous que lui et moi, avons les mêmes. L'allusion page 134 à l'Elégance du hérisson m'a vraiment fait plaisir.

2: Ensuite, l'avantage quand un géographe écrit, c'est qu'il sait restituer magnifiquement les lieux et leur évolution et je trouve splendide ce qu'il me montre de Giverny. Cette espèce de village-musée, colonisé par le décorum et la volonté de faire vrai, est extrêmement réussie. Et j'aime aussi la manière dont il parle du temps qui passe et des traces qu'il laisse dans l'espace. Bussi m'a donné envie d'aller à Giverny dans la foulée  (sachant que je ne m'y suis jamais rendue, et je peux vous dire que pour convaincre mon breton d'homme d'aller passer des vacances en Normandie, il faut s'y prendre dès le mois mai dernier pour avoir une chance d'y aller l'été prochain).

3: Et enfin, le dénouement est une véritable prouesse littéraire, qui ne se refuse pas et qui mérite des applaudissements (je n'en dirai pas plus mais: bravo). J'adore quand un auteur retourne la situation de cette manière, j'adore n'avoir rien vu venir, j'adore me faire avoir en littérature.

Je lui pardonne donc l'erreur de la page 403 (trouvée par Clémence, rendons à César....), qu'il faut à mon avis corriger pour une réédition :
"Stéphanie Dupain se retourne vers ses élèves. 
-Fanette dit l'institutrice. Qu'est ce que tu fais debout?". 

Je lui pardonne aussi bien sûr la dernière scène, terriblement trop romantique à mon goût. Comme dirait l'Homme, je suis irrécupérable de ce point de vue là (il est loin le temps de Roch Voisine dans ma chambre de collégienne avec mes posters de Patrick Bruel et Vanessa Paradis: mes idoles).

Je me permets aussi de rappeler que nous avons besoin (et pas seulement pour l'économie du livre en fait) de ces livres avalés en quelques jours, voire quelques heures, de ces bouquins plein de défauts mais qui plaisent au plus grand nombre. Nymphéas noirs fait partie de ces romans qu'on engloutit, qui ravissent, de ceux qui nous ferrent jusqu'au dénouement, et dont on a vraiment besoin, ne serait-ce que pour penser à autre chose. Il est de ces livres qui font aimer la littérature à ceux qui ne lisent pas ou peu, et qui font aimer la littérature populaire à des trentenaires de province qui se croient plus malignes que les autres.

Et toute snobinarde que je suis, je ne boude pas mon plaisir.

Caviglioli: 0- Bussi:1

vendredi 8 août 2014

Le confident

Hélène Grémillon, Le Confident (2010)
Folio, 2013, 311 p.
Ca ne tient à rien la lecture d'un livre finalement : d'une aire d'autoroute près de Montbéliard qui ne prend pas la carte bleue au dessous de 10€, et voilà,  bam. On voit Le Confident sur un présentoir qui tourne, entre un Levy et un Musso, et on le met dans le panier, avec une petite bouteille d'eau, un paquet de chips et une boîte de réglisse.

Ca ne tient vraiment à rien.

En trois mots: 1975, c'est l'histoire d'une fille de 35 ans, Camille, qui reçoit chaque mardi des lettres d'un anonyme qui lui raconte l'histoire de quelqu'un qu'elle ne connaît pas. Autant dire que ça fonctionne, et tout de suite. Et c'est deux mois plus tard, alors que je suis en plein mois de juillet, dans le Sud de la France, face à une cheminée, et grelottant encore des grêlons qui me sont tombés dessus le matin, c'est  là que je m'aperçois que Le Confident, c'est LA recette du best-seller en cinq points.

1er point :  Le style. Il est accessible, sec et efficace. Pas extrêmement littéraire, mais avec du charme et du cachet. "Un jour, j'ai reçu une lettre, une longue lettre pas signée" (incipit). Le style qui permet de tout de suite rentrer dans l'histoire, et sans effort (dixit l'Homme qui lit seulement en vacances et qui a des idées très arrêtées sur la question).
Check.

2ème point : le décor . J'aurais pu dire le contexte, mais ça ferait trop scientifique, je préfère donc le décor que Grémillon a choisi parmi les valeurs sûres : la seconde guerre mondiale. La plupart d'entre nous ne l'ont pas connue (à part moi dans une vie antérieure), mais dans l'imaginaire français, l'Occupation c'est LA période du pire et du meilleur, c'est le moment de tous les possibles romanesques.
Check.

3ème point: la famille. Que serait un bon roman sans une histoire tordue de famille? Qui dans cette blogosphère peut faire abstraction de cette entité qu'on se traîne bon-gré mal-gré selon les années et les périodes ? Personne. Grémillon, nous parle donc de filiation douteuse, d'histoires d'amour contrariées et d'énigme identitaire. Irrésistible.
Check.

4ème point: le sexe. Il en faut une pincée, point trop, mais un peu. Un roman sans désir, ça pèche qu'on le veuille ou non. Je suis une lectrice très exigeante sur le sexe en littérature qui souvent tourne au mièvre, au vulgaire ou au gratuit. Et là j'ai trouvé que ça fonctionnait très bien d'autant que bon j'ai envie de dire : c'est un peu le sel de cette histoire aussi.
Check.

5ème point: le procédé du miroir. Il est inévitable, je pense qu'aucun best-seller ne peut sérieusement s'en passer.  Ici Grémillon fait fort : deux grossesses dans le reflet l'une de l'autre, deux périodes que se réfléchissent, deux points de vue qui se font écho. Le procédé littéraire du miroir, c'est LA garantie que le lecteur se sentira privilégié d'avoir lu ce livre.
Check.

Et comme tous les best-seller, Galéa fait sa snobinarde et cherche la petite bête. Pour ne rien déflorer, je vais juste dire: 
- qu'est devenu le patrimoine des M.? L'Escalier, la maison de Colliour, le moulin et l'appartement à Paris ? Ca coince pour moi ici. 
- le parcours de Mme Merleau est-il vraiment crédible ? De mon point de vue: non. 
- quelle est cette affreuse première de couv' qui n'a rien à voir avec le contenu du roman? Stop aux substances illicites chez Folio, on se croirait sur la présentation par Télé 7 jours d'un téléfilm du mercredi soir.

A ceux que ça tente, je veux bien en débattre (surtout pour les deux premiers points).

Sinon j'oubliais, ce billet ne vaut pas grand chose finalement, parce que  là dans un moment d'honnêteté (ça me prend par surprise parfois), on va se le dire quand même : les cinq points ne suffisent pas pour faire un succès littéraire (c'est d'ailleurs ce qui dissocie les écrivains du commun des mortels). Il faut aussi du talent, de l'imagination, un supplément d'âme, l'envie de raconter et peut-être aussi quelque chose qui ressemble à une touche personnelle, un ton, une couleur, une saveur. Et ça, ça ne se décrète pas. Je crois que le Confident a tout cela à la fois.

Donc, en ce mois d'août ensoleillé, je remercie la station service de Montbéliard, Mind The Gap dont l'enthousiasme m'a éblouie,  Valérie et Pauma qui étaient emballées aussi, Malika qui l'a détesté et surtout à cette merveilleuse de semaine de vacances d'été auprès du feu.