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jeudi 30 juillet 2015

Ce sont des choses qui arrivent

Pauline Dreyfus, Ce sont des choses qui arrivent
Grasset, 2014, 229 p.

Qui se souvient du quatrième candidat du dernier carré du Goncourt ? Entre le très médiatique Foenkinos (qui depuis a eu le Goncourt des lycéens), le très courageux Kamel Daoud (qui depuis a eu le Goncourt du 1er roman), et le Salvayre (qui a eu le Goncourt tout court). On a un peu oublié Pauline Dreyfus dans tout cela, repartie injustement bredouille de cette effervescence médiatique. Mais c'était sans compter la blogosphère, qui pour une raison inconnue (oui parfois ça arrive) fait ressurgir son très beau roman in extremis avant le ras-de-marée de septembre. C'est grâce donc aux copinautes,  du Petit Carré Jaune très enthousiaste,  à Eimelle beaucoup plus mitigée, en passant par Delphine Olympe qui l'a aimé aussi), que je l'ai sorti de ma pile, certaine d'y trouver mon compte, et je ne me suis pas trompée. 


Je n'ai lu aucun des trois autres livres, mais pour moi Ce sont des choses qui arrivent avait vraiment l'étoffe d'un Goncourt: la qualité d'un propos, la beauté d'un style, l'originalité d'un point de vue, l'ancrage dans un patrimoine littéraire de qualité.

Ce sont des choses qui arrivent raconte la descente aux enfers de Natalie, duchesse de Sorrente (noblesse d'empire donc noblesse au rabais, il y a des passages formidables là dessus), née princesse de Lusignan,  entre le début et la fin de la deuxième guerre mondiale. On plonge donc dans cette communauté d'oisifs, titrés, nobles ou riches, qui tentent de survivre dans le monde de rationnement de l'Occupation. Le point d'orgue c'est la découverte d'un secret de famille (qu'on voir venir évidemment) dont Natalie ne se remettra pas.

C'est un livre peu sympathique comme je les aime (déjà le bandeau n'envoie pas le signal d'une romance qui finit bien, on en conviendra), c'est indéniablement un roman qui ne tire pas vers le feel good: attaquer le prologue sur des funérailles, en ce qui me concerne, c'est marquer des points et me prendre par la main (preuve, s'il en fallait une de mon extraordinaire joie de vivre). 

Ca commence chez moi, sur la côte d'Azur, dans ce qu'elle a de plus brillant et de plus vain, pendant ma période de prédilection, quand la Riviera n'était pas encore occupée et restait la villégiature des grands privilégiés de ce monde qui faisaient construire des villas splendides sur le front de mer.

"Les privations, légères encore, ne gâchaient la vie de personne. C'était donc ça la guerre ? Personne n'aurait cru que c'était si agréable" (p.25)

C'est dans ce décor qu'évolue notre Natalie à laquelle je me suis attachée parce qu'elle n'est que le produit de son milieu finalement: élevée pour l'oisiveté, la fête et les bulles, et qui se retrouve face à un questionnement existentiel qu'elle n'a pas été formée à comprendre ni à digérer parce que "ce sont des choses qui arrivent". Natalie c'est une fille volage, évaporée, infidèle et lascive ("Il y a mille façons d'être mère, il n'y en a qu'une seule de le devenir" p.36), égoïste, sans principe, ni dogme, ni réflexions préalables sur le monde, si ce n'est celui de faire ce que son milieu attend d'elle: briller et être joyeuse, même quand la France entière est occupée et que tout le pays est rationné.

Au coeur du livre, il est évidemment question de l'antisémitisme ordinaire des années 40, les juifs qu'on évitait avant guerre (sauf lorsqu'ils venaient, par un mariage, éponger les dettes des grandes familles désargentés), et auxquels on ne s'intéressent pas pendant l'occupation. Plus que l'antisémitisme, c'est bien d'indifférence dont il est question. Et bien sûr, ça gratte, ça coince, mais c'est une réalité, la grande majorité des Français avait un autre problème que celui de savoir ce qu'on faisait des juifs après les avoir arrêtés. Et c'est bien cela qui dérange dans ce roman, cette indifférence assez totale (que nos livres scolaires d'histoire ont quelque peu éludé). C'est cela que l'héroïne Natalie  ne parvient pas à dépasser (pour des raisons que je préfère ne pas dire ici pour ne pas déflorer le cours du roman).


On a reproché à Dreyfus que ses personnages ne soient pas attachants, mais en temps de guerre, quand on ne mange pas à sa faim, on est rarement attachant par principe. Il n'y a que dans les sagas romanesques que surgissent à foison des personnages flamboyants. Dans la vraie vie, ils sont rares et ils faut les chercher. Mais il n'empêche que l'arrière-plan des personnages est remarquable, avec ce pauvre duc de Sorrente (qui n'a rien fait dans sa vie qu'hériter d'une particule) qui rassemble toute la médiocrité de l'humain: "ce grand gaillard doté de beaucoup de certitudes mais de peu d'esprit" (p.36) : la couardise étant son premier trait de caractère, aussi vain que moyen, sans méchanceté ni grandeur d'âme. J'ai adoré le détester ce mari.

Mais il y a des personnages merveilleux et fugaces, certes essentiellement féminins: Marie Mahl est aussi flamboyante qu'éphémère, Charlotte, la fille de Natalie et Elisabteh, sa mère, composent un remarquable jeu de miroirs avec une enfant qui pose  des questions dont Natalie ne supporte pas les réponses, et le délicieux fantôme de la mère qui la met face à sa propre situation.

On trouve l'ombre d'une Ginette ou d'une Madeleine qui incarnent ce qui sera englouti par la cruauté et l'indifférence des hommes. Tous passent furtivement, on ne s'y attarde pas parce que ce n'est pas le sujet. Le sujet c'est ce qu'il reste de Natalie après cette guerre: absolument rien.

Ce qui tue Natalie, ce n'est pas la morphine ou le secret de famille, c'est ce que ce secret lui fait découvrir du genre humain.

Et puis, il y a (et ça c'est le petit bonus) un sous-texte de grande qualité, un Marcel Proust qui surgit de temps à autre dans le roman, histoire de dire sans forcer qu'on parle bien de la société qu'il a décrite trente ans plus tôt. (j'y ai vu un signal personnel, j'ai donc attaqué la Recherche hier soir)...On y croise aussi Gérard Philippe le merveilleux ou Cocteau l'ambigu...

Bref, un texte complet, fort, un style masculin (c'est un compliment pour moi) avec des phrases précises, des formules efficaces, des tournures intelligentes, aucun gaspillage de mots et tout est dit pourtant car "Point trop n'en faut". C'est un livre qui pourrait se relire plusieurs fois tant il est travaillé, tant les imbrications de situations sont bien trouvées, un livre qui je garde au chaud pour mes filles, qui le liront le temps venu.

Fournisseur de ce billet: ma Mirabette adorée qui me l'a offert à Noël, un peu par hasard et beaucoup par tendresse. Qu'elle en soit remerciée (parfois ça tient à rien un coup de coeur).

mercredi 22 juillet 2015

Le Docteur Thorne

Anthony Trollope, Le Dr Thorne (1858)
traduction Alain Jumeau
Editions Points, 2014, 781 p.
Dans la vie tout est une question de moment, et je ne pouvais choisir pire que le mois de juin pour m'attaquer au Docteur Thorne de Trollope, un joyeux pavé de 780 pages consacrées aux circonvolutions du mariage contrarié à l'époque victorienne.

Je m'étais donnée 3 semaines, il m'en a fallu le double, et encore... y serais-je parvenue sans une semaine de repos forcé ?  Rien n'est moins sûr.

C'est ainsi que j'ai suivi les aventures de la douce Mary Thorne, à la fois déterminée et tolérante, amoureuse et généreuse, loyale et sincère (avec un prénom pareil, peut-elle vraiment être autrement?). Cette pauvre Mary donc, sans naissance ni fortune, est la nièce du Dr Thorne, mais surtout l'amoureuse de Franck Gresham, l'héritier désargenté du domaine de Greshamsbury, qui doit nécessairement "épouser une fortune" pour sauver la propriété hypothéquée de son père ruiné. 

Typiquement dans la lignée de littérature victorienne, chez le Dr Thorne, on trouve des roturiers en mal de reconnaissance, des aristocrates imbus d'eux-mêmes, des parvenus anoblis qui ne se sentent pas à leur place, des amours contrariés. Evidemment, c'est long, Trollope aurait pu faire plus court, plus concis, il aurait pu largement alléger son roman de quelques centaines de pages. Bien sûr, toutes ces réflexions autour du mariage, sur ce qu'il apporte, et ce qu'il implique peuvent paraître complètement datées en 2015. Sans surprise, on a une happy-end convenue qui arrange les problèmes de tout le monde.

Et pourtant...malgré les répétions de danse, la chorale de l'école, les auditions du conservatoire, les réunions d'entrée au CP, la perspective d'avoir 9 semaines avec les enfants, la canicule soudaine et perfide, je ne l'ai pas lâché.  Certains soirs, alors que je m'endormais au bout de quelques pages, j'arrivais à rester attachée aux personnages, bien que le dénouement ne constituât aucun mystère. Car, au delà des codes convenus, je dois dire qu'on trouve chez Trollope des scènes absolument délicieuses qui n'épargnent en rien le genre humain (dont on s'aperçoit qu'il y a quand même des choses qui ne changent pas à travers les siècles : la cupidité, la lâcheté, la mesquinerie, la vénalité, l'arrogance. A ce titre la scène du dîner chez le duc d'Omnium  est vraiment un morceau d'anthologie).

J'y ai retrouvé aussi ce qui me manque chez Austen: l'irréversible tragique,  qu'on retrouve ici concentré chez les Scatcherd. Même s'il s'agit de personnages secondaires, pas tant que cela finalement, puisqu'il s'agit d'un maçon anobli en baronnet, qui ne se remet jamais vraiment d'intégrer la haute société et qui finit littéralement dévoré par l'alcool. D'ailleurs la description de l'alcoolisme chez les Scatcherd n'aurait presque rien à envier à Zola, tant c'est juste et poignant. Plus encore, les réflexions sur la famille Scatcherd sont d'une modernité assez géniale: "Si l'on souhaite trouver dans le monde des prénoms royaux (...) il faut orienter les recherches en direction des familles de démocrates. Personne n'a la même déférence servile jusque pour les rognures d'ongle de la royauté" (p.182). Il est de ces paradoxes qui ne changent pas avec le temps.

Plus important encore, Trollope nous parle du "squire" (père ruiné de Franck), ce titre de l'entre deux classes, entre la noblesse et la roture, mais dont toute l'histoire tourne autour de sa ruine. Il est finalement question  essentiellement d'argent dans ce roman, qui il y a 150 ans comme maintenant, dirige le monde, fonde et défait les réputations, inspire le respect ou le mépris, fait basculer une élection dans un sens ou dans l'autre : "Il y a peu d'endroits où un homme riche ne peut se payer des camarades" (p.394) . Un constat finalement amer quand on referme ce livre, car au delà de la fin joyeuse, il est la clef de résolution de l'intrigue, et c'est finalement assez déprimant. 

Au final, ce que réussit le mieux Trollope, c'est ce qu'il invente autour  du médecin irréprochable et de notre couple d'amoureux. Tous les trois restent définitivement beaucoup moins intéressants que Miss Dunstable (roturière excentrique sans beauté mais richissime, entre deux âges, courtisée de toutes parts par des prétendants cupides), Lady Arabella (mère de Franck, aristocrate amère parce que pauvre, sans doute très malade, hypocrite et vénale et qui tente de sauver le reste de prestige du domaine qu'elle habite),  le père de Franck (dépressif, adorant son fils, accablé par les dettes, tiède et sans volonté réelle), Sir Louis, fils dépravé du baronnet Scatcherd, l'arrogant Dr Fillgrave ou bien le furtif Mr Moffat absolument délicieux dans son genre : "Il avait passé sa vie à calculer comment tirer le maximum de lui-même. Il ne s'était laissé aller à commettre aucune folie par suite des inadvertances de son coeur: aucune erreur de jeunesse n'avait gâché ses chances dans la vie. Il avait tiré le meilleur parti de lui-même" (p.307)

Avec cette galerie de personnages, Jullian Fellowes, (oui, oui celui de Downton Abbey) devrait pouvoir faire une adaptation tout à fait réjouissante, ne serait-ce qu'en reconstituant la famille de Courcy (une caricature de l'aristocratie anglaise du XIXe siècle). 

Je remercie le fournisseur officiel de ce billet: Notre Titine nationale qui me l'a fait gagner l'an dernier dans un concours qu'elle a organisé sur son blog grâce aux Editions Points. Une Titine au top de sa britannitude puisqu'elle a rallongé son mois anglais en A Year in England dont ce billet est ma première participation.

C'est également ma participation au challenge de Brize pour le pavé de l'été, et là pardon mais avec 760 pages je pense m'en vanter encore quelques temps ;-) (oui, je ne suis que vanité)

mercredi 15 juillet 2015

Soyez créatifs à la maison: photo du mois #7

C'est avec cette injonction que le thème de la photo du mois de juillet a été choisi par Raccoon.
Evidemment j'ai séché, trop occupée que je suis à me plaindre de l'été (quand ce n'est pas des touristes, du bazar dans la chambre des enfants, de l'augmentation du prix de l'eau ou des 4x4 en ville).

L'objectif de ce mois était donc de faire découvrir notre foyer "sous un angle insolite" en déambulant dans sa maison avec son appareil...allez je l'avoue,  vu le chantier que c'est chez moi en ce moment, j'ai été hyper tentée de faire ça chez les autres, surtout quand les autres habitent une maison fraiche à la terrasse ombragée, au coeur de la Provence ... mais bon je me suis dit que ce serait exagéré, et finalement pas créatif que ça quand même.



Le maximum de ma créativité domestique de ce mois de juillet caniculaire a donc été de plonger la maison dans le noir, de fermer tous les volets, ouvrir toutes les fenêtres, et m'affaler comme un cachalot sur mon canapé, avec mon Iphone dans une main, un éventail dans l'autre, en guettant une brise d'air frais, un orage, une rafale de vent, un brusque rafraichissement de l'air.... qui n'arrivent jamais, enfermés que nous sommes dans cette atmosphère  plombante et humide (et à mon avis polluée comme pas possible).

Dans ces cas là, j'ai envie de repeindre tout l'appartement en blanc histoire d'avoir l'illusion d'un peu de fraicheur ou bien de reconstituer le palais d'Elsa dans la Reine des Neiges, avec mes filles qui chantent en fond "L'hiver s'installe doucement dans la nuit..." mais je m'égare....

Allons voir comment mes camarades ont été créatifs dans leur maison (et vérifions s'ils réagissent mieux à l'été)

Lavandine83, Tambour Major, Mamysoren, Alexinparis, Arwen, Loulou, Un jour, une vie, Eva INside-EXpat, François le Niçois, Laulinea, Dr. CaSo, Iris, Dame Skarlette, Renepaulhenry, Thalie, Fanfan Raccoon, BiGBuGS, Loqman, KK-huète En Bretannie, Krn, Canaghanette, Christophe, Nanouk, Noz & 'Lo, Woocares, Rythme Indigo, La Fille de l'Air, Frédéric, El Padawan, Gilsoub, Estelle, MauriceMonAmour, Chat bleu, ratonreal, Pixeline, Julia, Dom-Aufildesvues, Cricriyom from Paris, Cara, Félicie, Isaquarel, Utopique-Lily, Akaieric, magda627, J'habite à Waterford, Aude, Galéa, Pilisi, A chaque jour sa photo, Alban, Blogoth67, A'icha, Céline in Paris, Homeos-tasie, Blue Edel, Guillaume, Champagne, Autour de Cia, Les bonheurs d'Anne & Alex, Rosa, Lecturissime, Suki, Morgane Byloos Photography, Philae, Xelou, Lau* des montagnes, Josette, Carole en Australie, Lyonelk, DelphineF, Calamonique, princesse Emalia, Luckasetmoi, Cocazzz, Philisine Cave, Nicky, Xoliv', Memories from anywhere, Sinuaisons, Tuxana, Testinaute, CécileP, Les Filles du Web, Koalisa, Laurent Nicolas, Giselle 43, Lavandine.

mardi 7 juillet 2015

Une blogueuse sous canicule


La blogosphère prend ses quartiers d'été, plein de sites se mettent en pause, chacun à la nez dans ses valises et nous parle de destinations lointaines, bientôt, on ne sera plus si nombreux sur la Toile, nos billets seront peu lus et nos blogs peu visités. 


Soyons honnête, c'est là que je me sens le mieux, car chacun publie au ralenti, et ça me donne l'impression d'être carrément dans le rythme, comme si tout le monde m'imitait (oui je me prends pour le nombril du monde car je suis capricieuse et névrosée). 

Je vais avoir le temps de rattraper les commentaires en retard (enfin tous...disons une bonne partie), peut-être vais-je même avant septembre, y répondre au temps réel (j'ai dit peut-être). J'ai décidé de ne lire aucun billet sur la rentrée littéraire avant le 27 août, du coup je gagne un temps fou (et ce n'est pas une posture, la rentrée ne m'intéresse vraiment pas pour le moment, parler de livres qui ne sont pas encore en librairie me paraît d'une vacuité et d'un consumérisme qui ne m'intéressent pas du tout- sans jugement de valeur bien sûr, c'est juste un point de vue personnel, il est acquis pour tous que je suis fondamentalement tolérante avec les gens d'accord avec moi ;-) ).

C'est l'été, c'est les vacances, et pour une fois ce sont mes vacances, ça sent la crème solaire et l'eau salée, j'ai du temps pour moi, pour le blog et pour les livres...(enfin en plus d'avoir décidé- sous la pression maternelle- de faire un grand ménage-rangement par le vide chez moi et accessoirement m'occuper des enfants...mais bon, il me reste du temps quand même).

J'ai l'impression d'être à Paris au mois d'août, il n'y a plus grand monde à la Défense, mais les gens ont le sourire dans les transports, tout est lent et il fait chaud. La blogo c'est comme Paris, en été, il y a surtout les touristes. On se traine un peu et j'adore ça (rapport à ma nature profonde). Je remonte les billets que je n'ai pas eu le temps de lire, je prends le temps de découvrir certains blogs, de cerner le blogueur derrière l'écran (un de mes jeux favoris- comme beaucoup de gens nolife qui auraient du être concierge), je me suis fixée la lecture de pavés et je vais suivre ceux des autres. On prend le temps d'échanger et de mieux se connaître finalement.

Bref, c'est l'été et je vais pouvoir lire, bloguer et commenter, pas besoin d'aller vite, car on fait tous du pédalo, les voitures sont restées au garage. Je me sens l'âme d'une consommatrice en plein décroissance. 

PS: bien sûr, cette année, il me manquera les embruns et les marées, la pêche aux palourdes (que j'observe de mon transat), mes sorties en courant sur une petite presqu'île à marée basse, les tourteaux mayonnaise, ma bière sur le port...mais ce n'est que partie remise ;-)

Il n'y aura donc pas de longues pauses chez moi (hormis quelques sauts de puce dans des endroits sans réseau), car j'aime l'idée de cette communauté qui résiste au grand exode estival, ceux qui ne désertent pas la Toile sont généralement ceux qui ont du mal à y être assidus les autres mois de l'année (des touristes je vous dis). Le blog n'est jamais autant un loisir, en tous les cas le mien, que pendant les vacances ;-)

Welcome in summer les amis !! Sous les galets les pages

mercredi 1 juillet 2015

Les blogueurs parlent aux blogueurs # 3- Mior


Cet entretien  avec Mior était prévu depuis plus d'un mois, je lui avais proposé de se prêter au jeu pour parler du slow-blogging, qui lui tient à coeur, mais les récents échanges sur Facebook, ont bien montré que cela peut déclencher la polémique ce type de billet.

Je maintiens quand même ce rendez-vous par principe, en espérant que cela ne déchainera pas en commentaires les leçons de morale et autres commentaires outrés, car si ça ne me pose pas de problème que certains blogueurs se réclament d'une certaine popularité et affichent leur réussite et autres bons scores chez les différents baromètres de la blogo, si je me réjouis pour tous ceux pour qui les blog est un peu plus qu'un loisir, j'aimerais vraiment qu'on manifeste le même respect pour ceux qui décident de dire, un peu fort parfois et pas toujours avec la forme souvent, qu'ils bloguent peu  mais le mieux possible.

Mior est un tempérament bouillant et excessif, je le sais car nous étions jurées ensemble chez ELLE en 2014, elle ne mâche pas ses mots, dépasse parfois la limite de bienséance (sachez que nous avons, d'un commun accord, coupé tout ce qui pourrait encore faire polémique ou choquer tel ou tel). Mais comme pour toutes les vraies grandes gueules, il y a chez cette blogueuse quelque chose de fragile et faillible, la persistance du doute (et l'impossibilité de faire dans le court et le concis ;-)

J'espère que ce billet serait lu pour ce qu'il est: non pas un jugement de valeur sur la blogosphère mais le portrait d'une blogueuse passionnée et au grand coeur.

1- Trois mots de présentation : mais qui est Mior ?


Bonjour !  Je suis violoniste et prof de violon de profession, parisienne d’adoption. Tout le monde sait que ce sont les plus férocement attachés à Paris, et même si régulièrement je râle contre la difficulté des transports, le temps pourri, le prix délirant de l’habitat,  la capacité des parisiens à ronchonner tout le temps et à se la péter, j’aime l’idée de vivre dans une capitale, et une très belle ville, et j’essaye d’en profiter culturellement :  quelle offre !...

J’ai un âge qui me classe direct dans les mamies de la blogo , bien que je ne blogue que depuis trois ans tout juste.. nan, je ne vous dirai  pas… bon , allez , je suis née dans les années soixante, j’avoue… (pff, faich’…) Mais bien sûr je fais beaucoup plus jeune que mon âge :-)) J’ai trois enfants de 17, 15 et bientôt 11 ans. Autant dire que ce n’est pas de tout repos ;-)

2- Ceux qui te suivent depuis longtemps savent que « les livres sont nos maisons de papier » était un blog collectif à ses débuts, avec plusieurs intervenants. Quelle a été la petite étincelle qui a mené à l’ouverture d’un blog et surtout comment se fait-il que tu y sois la seule "tenancière" actuellement ?

Oui , nous partîmes à 3, et me voilà toute seule (mais ce n’est peut-être pas définitif ;-) . Il y avait avec moi ma fille -qui avait tout juste quatorze ans en Juin 2012- et une amie de mon club de lecture IRL, Poppy. C’est une fille fabuleuse, qui lit énormément et dans très grande ouverture d’esprit, une belle curieuse comme je les aime . Mais elle s’est très rapidement rendue compte qu’elle était mal à l’aise sur un blog : à qui s’adressait-elle ? pourquoi ? Elle a donc très vite jeté l’éponge , à mon grand regret.

Quant à ChupaChups, elle avait eu les yeux plus grands que le ventre (les chiens ne font pas des chats) . Son rêve secret étant d’écrire une somme qui fera date sur Harry Potter, il n’est pas déraisonnable de penser qu’elle reviendra pointer son museau ici un de ces jours (mais en rentrant en Terminale et faisant bcp de musique, hum...la thèse Es Pottologie attendra peut-être encore un peu ).

L’étincelle ? une bibliothécaire sympa qui me parle de son blog , comme ça en passant… je découvrais vraiment, jamais entendu parler de ça avant ce printemps 2012, pas le moindre clic sur une page . Rigolo, non ? J’ai alors eu l’impression que j’avais toujours eu envie de bloguer sans le savoir ! Et j’ai foncé. Ta question me permet d’évoquer les cercles de lecteurs IRL : pour moi une expérience fabuleuse. C’est ce club en premier lieu qui a un peu changé ma façon de lire : il fallait lire un peu plus analytique pour pouvoir échanger, dépasser le stade du j’aime-j’aime pas, dialoguer avec une professionnelle (notre libraire de quartier), aussi …  j’ai adoré

En fait , pour moi, bloguer , idéalement c’est créer un très grand Cercle de Lecture avec ceux avec qui on se sent “bouquino-compatibles” C’est un peu cette atmosphère qu’on trouve dans “le Mois Anglais “ par exemple, et qui fait son succès, certainement. On se motive pour lire des choses plus exigeantes , éventuellement, et on se tourne un peu plus vers les classiques, aussi.


3- Tu es une blogueuse exigeante, tu écris des billets longs, et tu fais aussi des commentaires assez longs. On ne peut pas dire que tu survoles la question, tu es plutôt du genre à aller fouiller en profondeur. Alors  quelles sont les pratiques ? Le temps passé chaque jour ou chaque semaine sur ton propre blog mais aussi sur celui des autres? Combien de blogs suis-tu, à partir de quels agrégateur. Es tu d’accord pour donner ton nombre de visites ou c’est black-out sur les stats ? Celles-ci te conviennent-elles ?


Euh , exigeante , je ne sais pas ? Je veux apprendre quelque chose , ou sourire, ou sentir quelqu’un à travers son billet, j’essaye de procéder ainsi moi-même, donner du “grain à moudre”, susciter la discussion. Mon kiff , c’est les commentaires ! J’essaye de répondre très vite, pour que le “ping-pong” puisse éventuellement durer. Les commentaires , c’est la troisième mi-temps du billet , c’est un aspect convivial du blog qui est une vraie récompense, la gratification du blogueur, en vérité. Le ton y est plus léger en général, mais on peut aussi approfondir, mine de rien, le fond du billet, établir des passerelles avec d’autres ouvrages, d’autres auteurs, d’autres billets .

Comme je l’ai expliqué quand j’ai commencé mes billets “Voyages dans la blogosphère” j’ai d’abord blogué en toute innocence et en toute autarcie (ce qui me paraît un peu ridicule quand j’y repense…). J’ai mis un temps fou à découvrir qu’il existait une blogo ! Mais là , ça m’a bien passionnée tout de suite, en revanche.

Une anecdote tordante : quand j’ai commencé, j’ai dû -sans le savoir- être repérée et mise en avant, sur un site type HelloCotton peut-être ?? (j’en ai eu confirmation plus tard par la mère d’une amie, mais qui n’a pas su me dire qui ou quoi) . Alors j’avais 2000 visites par mois et pensais que c’était normal !! Evidemment ça s’est vite écroulé, d’autant plus que je ne publie pas frénétiquement , c’est le moins qu’on puisse dire ; maintenant je suis remontée à 2500/3000 vues par mois , ça me va, ma foi.

J’ai fini par rallier Feedly pour suivre une bonne soixantaine de blogs régulièrement ; c’est un vrai temps de lecture , qui entre d’ailleurs en concurrence avec celui que je peux consacrer aux livres, ce qui est un problème. Alors je le fais , comme le reste, irrégulièrement. Je commente pas mal , comme tu l’as souligné, parce que je pense que tout le monde aime ça ? !  Mais j’aime aussi me plonger , de temps en temps , dans un nouveau blog , lire tout ce qui a été publié depuis six mois, car on sent bien “la personne derrière”, de cette façon ; on sait vite si on a envie de faire un bout de chemin ensemble … ou pas .
Je ne lis pas vite , et je rédige lentement (je tape lentement, je suis une quiche informatique…).Je ne sais pas faire un billet en moins de deux heures ! Donc , bloguer, même slow, me prend un temps considérable ;-)
C’est quotidien , au moins un volet ou l’autre : lire/rédiger/commentaires/visites chez les autres.

4-Du blogueur à l’individu, quel rapport ? Le blogueur (avec ou sans pseudo) est-il un nous amélioré ? Jusqu’où va la volonté de transparence ? On assume ou pas ce que l’on écrit ? Tu parles assez peu de ta vie personnelle sur ton blog, en revanche, tu es très engagée sur certains sujets, jusqu’à quel point Mior te ressemble-t-elle ?


Mior c’est mon nom d’enfant qui avait jusque là un emploi strictement familial ; mon vrai prénom est Marie-Laure, comme on peut le deviner. Le pseudo, je m’en fiche un peu, c’est juste une signature. Je ne me cache pas derrière, mon entourage sait que je blogue , par exemple. Certains amis me suivent, d’autres s’en fichent complet . Il est probable que Mior et M-Laure ne fassent qu’une depuis le début.

 Oui, on assume ce qu’on écrit ! (comment faire autrement ??). Je suis quelqu’un d’assez cash dans la vie, j’aime la franchise, l’engagement, les passionnés ; je rêve de pondération et de douceur, mais cela me semble souvent hors de portée ;-) Quoique en ce moment je suis “en plein travaux” !  Alors la Mior nouvelle sera peut-être plus consensuelle et plus apaisée ? Mais il y a belle lurette que j’ai renoncé à plaire à tout le monde si c’est ce que tu veux dire ;-)
Mior a peut-être plus d’humour que la vraie M-Laure ; c’est donc bien moi en mieux  (un moi amélioré, j’aime bien l’expression, je m’en resservirai !)

5- Tu es parisienne, donc tu as un grand choix de librairies, quelle lectrice es-tu ? Tu fréquentes les bibliothèques ou tu préfères acheter tes livres ? Tu offres des livres mais t’en offre-t-on encore ? (c’est le problème des gros lecteurs auxquels personne n’ose offrir de livre).

Oui, on m’offre encore des livres , heureusement ! Je vais te dire, très honnêtement je ne me classe pas dans la catégorie des grands lecteurs (gros, tu m’excuses, je n’y tiens pas !)  ne serait-ce que parce que je lis assez lentement . En revanche , oui , je lis passionnément et depuis toujours.
Je fréquente les bibli, celle de mon lieu de résidence , celle de mon lieu de travail , et puis encore le bibliobus où ils ont pas mal de nouveautés (et pour le côté fun du camion garé, c’est festif, ça fait tout de suite place du village !) J’achète beaucoup également. Car il y a beaucoup de librairies fabuleuses à Paris, en effet ! Ma préférée reste Galignani, Rue de Rivoli, pour son cadre somptueux , dedans, dehors. Mais j’aime aussi, par exemple “La Belle Lurette” rue St Antoine, “l’Arbre à lettres”  Faubourg Saint Antoine , une toute petite Rue du Jourdain qui fait de très belles sélections, ou “Atout Livre” dans le 12ième (hello Marjorie !) Géographiquement je suis proche de Millepages (Vincennes) et Folies d’Encre (Montreuil) donc vraiment pas à plaindre . Sans oublier sur mon-tout-petit-libraire ;-)  (Librairie Mot à Mot ) Je ne crache pas sur une virée Fnac de temps à autre ; ma préférée, celle des Ternes, qui a un côté luxe, calme et volupté qui me ravit. En revanche, je crache sur Amazon, oui ! Il faut une excuse valable, à mes yeux, pour recourir à leurs services (et il y en a peu…). Sponsorisons nos libraires, c’est important !

6- La question qui gratte : Mior et le monde l’édition ? On en parle, ou on préfère ne pas s’étaler ? Ceux qui te connaissent savent que tu n’es pas opposée aux partenariats, qu’il t’est arrivé d’en faire et tu as même dit une fois que quand tu as ouvert ton blog, tu espérais en recevoir. Tu maintiens ? Car vu que tu parles fort, on sait aussi que c’est un principe qui parfois t’agace. Alors est-ce que Mior est claire dans son rapport avec les éditeurs ?


Zéro souci , rien dans les poches. Alors je dissipe un malentendu entre nous : aucun partenariat, aucun SP. La seule fois où j’ai reçu un bouquin gratos (hormis jeux, et délicates attentions entre blogueuses) , c’était “Passés par la case prison”, ouvrage collectif auquel a contribué Olivier Brunhes , un auteur que je connais IRL ...en tant que parent d’élève ! 

Oui quand j’ai commencé je rêvais de recevoir plein de livres ; c’était naïvement l’image que j’associais à celle de la réussite de ce projet de blog. Personne ne m’a rien proposé jusqu’alors , ça m’a calmée ;-) J’ai appris avec une certaine surprise qu’on pouvait demander, poliment, aux éditeurs, de bénéficier de services de presse. Je ne me vois pas le faire. On en revient à des réalités économiques : si les grands amateurs de livres, eux mêmes, ne veulent pas payer leurs livres, mais alors ? ? Il me semble qu’aucun acte d’achat -ou de non-achat, en l’occurrence- n’est totalement anodin. Le gratuit n’existe pas , c’est juste que quelqu’un paye à votre place, et moi qui appartient au monde de la musique suis bien placée pour le savoir. Beaucoup de blogueurs se vivent comme des critiques amateurs de qualité, ce qui légitime la démarche à leurs propres yeux. Ok… Je ne dis pas “fontaine, je ne boirai pas de ton eau” mais c’est de moins en moins ce que je recherche dans cette aventure, je le crois sincèrement (mais c’est facile de jouer les incorruptibles tant qu’on ne vous a pas sollicité , j’avoue !!)

7- J’en viens naturellement au Slow Blogging. Certaines pratiques de la blogosphère t’exaspèrent (et tu n’es pas la seule), tu ne t’es pas privée de le dire un peu sur tous les tons, c’est ainsi que tu as créé le SlowBlogging (la qualité plus que la quantité), auquel pas mal d’entre nous ont adhéré (et tout de suite en ce qui me concerne). Je te laisse rappeler les grands principes du SlowBlogging je vais néanmoins me faire l’avocat du diable : le slowblogging n’est ce pas la communauté des blogueurs qui ne sont pas influents, qui savent qu’ils ne le seront jamais (par manque de temps, de talent ou de réactivité) et qui ont du mal à le digérer ?

Bien sûr on peut le penser ! Si j’ai écrit ce billet, c’est que j’ai du mal à m’affranchir d’une pression que je ressens fortement : la multiplicité des blogs et la multiplication des billets devient un peu folle, et le lien régularité abondante/ fidélisation d’un lectorat semble inévitable. Or elle donne peut-être lieu à une affadisation des blogs : vite lu/vite chroniqué , par exemple ? Ce n’est qu’une hypothèse bien sûr ;-)

 Autre problème : dans ces conditions ils devient problématique de suivre beaucoup de monde ( ce qui reste mon envie). Les billets s’entassent, si on décroche ne serait-ce qu’une petite semaine on peut se retrouver avec pas loin de 200 billets de retard, c’est dément ! Cela m’attriste, car c’est la porte ouverte au billet lu en diagonale, forcément  (et là , je sais que je rejoins une “fixette” à toi !!). Heureusement, les slows compensent les stakhanovistes. Mais attention : certains bloguent plus vite que leur ombre et vachement bien ! (plusieurs de mes blogs favoris sont dans ce cas ) .

Il est évident que cela dépend aussi du temps dont on dispose, des facilités rédactionnelles que l’on a, du type de billet que l’on aime écrire...Tout se complique, ah ah… M’enfin , je peux te dire que si ce billet sur le SlowBlogging a été lu plus de 669 fois (et tu te doutes que ce n’est pas mon étiage habituel ),  s’il a suscité autant de réactions d’adhésion et de soulagement (c’est palpable dans les commentaires !) c’est bien qu’il évoquait une réalité qui pèse à beaucoup, et l’envie que ça respire un peu plus là-dedans .

 Je n’invente pas le slowblogging , évidemment (certains m’ont répondu malicieusement le pratiquer depuis toujours) et je ne peux ni ne veux imposer quoi que ce soit ! Simplement réfléchir à une sorte de “décroissance” peut-être, pour le bien et le meilleur de la blogo qui menace de devenir obèse.

8- Le blogueur écrit pour son blog … et sinon, est ce que Mior envisage d’écrire pour de vrai, sur des cahiers à spirales par exemple ? A force de parler des romans des autres, est ce qu’on aurait envie d’écrire le sien propre ? On t’imagine assez bouillonnante pour te lancer là dedans.


Oui j’ai très envie de fréquenter des ateliers d’écriture, et depuis longtemps. Je vais peut-être me lancer cet été. Le blog correspond  bien sûr en partie à cette envie de rédiger. Mon métier ne nécessite pas d’écrire le moins du monde, alors depuis tout ce temps cela me manquait un peu .  Mais un je-ne-sais-quoi me dit que dois surtout développer ma carrière de lectrice ! De quoi occuper une vie toute entière…  Je doute vraiment avoir une quelconque plume et si écrivain est pour moi un métier de rêve , cela restera je crois dans cette sphère irréelle



9- De quelle couleur est ton blog ? (interdiction de mettre arc en ciel, c’est trop consensuel, mais je prends toutes les autres du jaune citron au marron glacé en passant par le bleu pacifique). Et pour illustrer, cites 3 livres sans lesquels tu ne serais pas tout à fait le même.


Eh bien jaune citron, ça me va , je crois ! J’aime ce qui est acidulé, qui pique, qui pétille , qui réveille . Il paraît que c’est la couleur de l’été cette année, dis donc . Avec un peu de maturité je pourrai peut-être atteindre au jaune soleil , voire à l’orangé couleur de sérénitude ? On peut toujours rêver :-)

 Trois bouquins sans lesquels je ne serais pas tout à fait la même ?ARGHLLL, trois ?? Misère…

Enfance : comme beaucoup j’aurais pu citer Les Trois Mousquetaires comme choc initial, mais je choisis Le pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel. Un enchantement poétique et comme hors du temps qui m’a suffisamment marquée pour que très longtemps après je nomme mon dernier-né d’après le jeune héros de Dhôtel , Gaspard. 

 Jeunesse : Marcel Proust et sa Recherche du temps perdu. J’ai découvert Proust  jeune, je devais avoir dix-huit ans ;  je me souviens le lire assise dans le couloir de ces vieux Corail  ( je parle d’un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître ;-) avec compartiments de huit, bondé , forcément bondé. Ce devait être l’été, j’étais amoureuse d’un type plus âgé qui me pygmalionnait et me faisait découvrir (entre autre) beaucoup de textes. J’avais une vision très politisée de la littérature, à l’époque , je pensais que Proust était une sorte de bourgeois décadent, et partant , nul et non avenu (je pleure de rire en y repensant !!) . Et là, c’est le choc , la littérature plus grande que la vie, etc.. C’est le seul bouquin que je relise (et le seul auteur avec Virginia Woolf qui me mette à la renverse à ce point-là, je crois bien) 

 Et le troisième : me rend malade depuis plusieurs jours ! Que dire , qui choisir ? Je pleure, je me désespère, choisir c’est éliminer et partir c’est mourir un peu …Bon, ça ne peut pas être un écrivain de langue française, les deux premiers le sont (et comment) . Ni un classique, ni un écrivain homme, partant… Alors je choisis  Le livre de Dina d’Herbjorg Wassmö : un récit crépitant, une femme flamboyante et libre, la musique, la Scandinavie, cette façon simple et droite de dire et de vivre les choses  … beaucoup de choses qui me fascinent et me parlent profondément (et en cela H.Wassmo est bien la digne héritière de sa voisine la grande Selma Lagerlöf) Ouf, c’est fait ...


10 - Le mot de la fin  est pour toi Mior.

Eh bien Galéa , je voudrais raconter que nous nous sommes vraiment rencontrées grâce au Prix ELLE 2014, qui suscita  à ton instigation mon inscription sur Facebook en tant que blogueuse il y a environ dix-huit mois ( il m’arrive de penser que j’aurais mieux fait de me casser une jambe ce jour-là , mais bon , ceci est un autre sujet que tu traiterais tellement mieux que moi ! J’ai hâte que tu t’y colles !).  Je m’en rappelle bien et  rien que pour cela je ne regretterai pas cette aventure ELLE. Ne manque plus qu’une rencontre IRL ;  je ne désespère pas ;-)

Tout d’abord je te remercie de cette invitation sur ton blog qui m’a fait un plaisir infini . Mais plus encore je te remercie pour la pertinence  et l’impertinence de tes billets ! Enfin d’avoir initié cette nouvelle chronique “des blogueurs parlent aux blogueurs “ qui est un vrai plaisir de début de mois . Très bon été à tous , très belles lectures, très bon blogging , slow ou pas ;-)  

MIOR