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jeudi 29 janvier 2015

Pied: AmeGraphique # 2

Il y a celle qui n'aura jamais vraiment les pieds sur terre et celle qui a déjà travaillé son coup de pied et son en-dehors.

Et puis il y a le petit carré jaune, qui a choisi le pied pour le thème de ce jeudi.


J'aime les pieds, mais pas toujours, et essentiellement quand ils sont serrés dans une demi-pointe en tissu. Les pieds nous ressemblent finalement. Le sien est comme elle, plutôt petit, un peu arrogant, terriblement exigeant et étrangement déterminé. Elle m'a d'ailleurs demandé de changer son pseudo sur ce blog : Numérobis voudrait s'appeler Ballerine à présent. Mais non en fait car Numérobis reste mon sacré numéro à moi qui a déjà des rêves plus grands qu'elle.

PS: il y en a une dernière, qui aujourd'hui et demain, sera pied-au-plancher pendant 7 h, cette photo est pour elle (quand elle aura le temps de passer par ici).

lundi 26 janvier 2015

Brèves de galets: traité de snobitude

Aujourd'hui, je devais chroniquer La femme au carnet rouge, mais j'ai ressenti comme une urgence, à parler avant de la snobitude, j'ai senti qu'après les poux il fallait continuer mon exploration des choses fondamentales de la vie (et dans la foulée, ne pas être à un néologisme près)

A l'origine la snobitude (cela n'existe pas, mais quel autre mot utiliser ?), à l'origine donc, le snob, c'est  la mère Groseille qui se prend pour Lady Grantham. La preuve par Downton Abbey: c'est la comtesse douairière, Lady Violet, qui traite son majordome de snob, quand ce dernier se permet de ne pas proposer du gâteau à un roturier (qu'il est lui-même donc). Le snob vient donc du bas de la société et fait croire à tout le monde qu'il en est sorti. Et puis la mère Groseille s'est tellement donnée des airs de grande dame que tout le monde y a cru. Et maintenant, on imagine que les snobs sont une espèce d'élite qui méprise le vulgaire. 

Mais non.

Ainsi, je pose la question. Comment le reconnaître? Dans un pays où la noblesse n'a plus de poids politique depuis deux siècles et demi, il est d'autant plus difficile de démasquer le roturier qui se prend pour un aristocrate.

Voici 5 conseils pour l'identifier (et éventuellement le fuir)

1- Le snob (qui a longtemps écouté Boris Vian) est anti-télé, anti tablette, anti console, anti jeux vidéos. Parce que ça abrutit, et qu'il a lu une étude là-dessus (surtout arrêtez-le avant qu'il vous la déballe). Le snob est celui dont les enfants ne connaissent pas les publicités, ni les programmes destinés à la jeunesse, ni les stars du petit écran, ni the Voice. Tout cela ne l'empêche pas d'être greffé à son smartphone, addict aux réseaux sociaux, et vaguement geek sur les bords.

2- Le snob a généralement fait des études longues, passionnantes et inutiles. Il a donc acquis une foule de connaissances qui ne lui servent strictement à rien, sinon à être vaguement inquiétant et ennuyeux en soirée. Il ramènera sa science comme un boulet (alors que personne ne lui demande rien), quand les autres profitent d'un apéritif entre amis et échangent des blagues graveleuses. Le snob est socialement difficile à intégrer, l'anti bout-en-train des vacances. On ne rit pas avec le snob, on rit de lui. Il imposera à ses enfants allemand, latin et grec en sachant pertinemment que ce n'est pas un investissement sur l'avenir.

3-Le snob tend à se rapprocher du bobo. Il habite généralement dans un quartier multiculturel, un centre-ville historique, dans un ancien entrepôt réaménagé ou dans un immeuble vétuste vieux de deux siècles, dont il vante le cachet (mais ou les volets décrépis manquent de tuer les passants par jour de grand vent). Néanmoins, il s'arrangera pour dépendre d'une école d'un bon niveau et le cas échéant inscrira sa progéniture dans le privé. Pareillement, il lutte contre les additifs alimentaires, graisses hydrogénés, et légumes transgéniques, mais fume trop et partout, laissant dernière lui une vague odeur de tabac froid et de kérosène. On le distingue du bobo,  parce qu'il ne prend pas les transports en commun car il n'aime pas trop la compagnie des autres êtres humains.

4- Le snob ne suit pas la mode, s'offusque du port du slim, milite contre le retour du fluo, ignore qui est Nabila, s'insurge contre la frange effilée, se bat contre les baskets compensées. Son style vestimentaire sera toujours à la fois décalé et désuet (souvent à la limite du ridicule, sans qu'il le sache toujours d'ailleurs). Ses enfants sont habillés dans un mélange de tradi (parce qu'il essaie de faire croire qu'il est de la haute) et de home-made (parce qu'il n'a pas compris les limites de ses capacités manuelles). L'ensemble n'est pas toujours harmonieux, surtout s'il décide de couper lui-même les cheveux de ses enfants.

5- Le snob ne lit ni chick-litt, ni romance, lève les yeux au ciel quand on lui en parle, feint de ne pas connaître Sophie Kinsella. Il se trémousse de joie à l'évocation de Beauvoir, Aragon, Ronsard ou Racine, mais peine à cacher son malaise quand on lui cite Proust ou Céline qu'il n'a pas encore lu (tout en justifiant de manière désespérée sur son inculture). Le Snob méprise Johnny Hallyday et Michel Sardou, bien qu'il connaisse par coeur, bien malgré lui, les paroles du lac de Conemara et de Que Je t'aime (qu'il chantera faux et fort un soir d'excès de boisson sur laquelle il est généralement porté).

En bref, le snob s'y prend tellement bien qu'on n'oublierait presque d'où il vient : de la masse laborieuse. Ses arrières-grand-pères sont généralement morts au front avant septembre 1914, parce qu'ils fournissaient la chaire à canon des armées, ceux qu'on met en première ligne parce qu'ils manqueront moins que les autres à la nation, ceux qu'on a sacrifiés en tout premier. Ainsi, le Snob restera toujours celui, qui quand il s'est inscrit à Cambridge, a eu un Sine NOBilitate devant son nom dans les registres. Le Sans Noblesse, sans titre, sans terre. Le Snob restera celui qui venait du peuple quand les autres étaient issus de la haute société et de la notabilité cultivée et élevée pour l'être. 

Mais l'environnement spirituel et culturel que le Snob n'a pas eu par naissance, il l'a acquis par exigence personnelle, par travail, par curiosité. Car le snob aura compris tôt que pour trouver le monde beau et supportable, il est nécessaire de lever la tête et de s'élever l'esprit. Et le plus souvent, il l'aura fait tout seul, parce qu'il faut de l'exigence envers soi, pour se permettre d'être à ce point pénible avec les autres.

La snob est donc un imposteur, saturé de contradictions profondes et joyeuses; ce qui devrait nous le rendre finalement sympathique. Peut-être même devrions trouver un peu de bon dans la snobitude.

C'était Galéa pour Brèves de galets (la rubrique qui coupe les cheveux en quatre)

jeudi 22 janvier 2015

Roue- AmeGraphique#1


Bon, je suis en pleine phase de lubie photographique en ce moment, j'ai besoin d'images, et ça tombe bien parce que Le Petit Carré Jaune vient de créer un nouveau rendez-vous (que je ne pourrai pas honorer toutes les semaines) mais dont j'ai besoin en ce moment: AmeGraphique.

Un mot, une photo, un jeudi.

J'aime la sobriété du principe, j'aime ce qu'on peut en faire, ce qu'on peut en imaginer, et j'aime l'état d'esprit du Petit Carré Jaune. Alors voilà, cette semaine, c'était Roue le mot en question, et vu que j'en avais une sous la main (reste des périodes de fêtes), je me suis dit que c'était l'occasion où jamais (je ne sais pas, une furieuse envie d'être ponctuelle, de respecter une échéance..bref un défi personnel pour MissFauxPlans)

Et puis la roue, ça permet de prendre de la hauteur, de se souvenir qu'elle finit toujours par tourner comme nous le rappelle mon ami Stiop, alors, il m'a fait du bien ce rendez-vous. Je me suis fait violence samedi en fin d'après-midi, j'ai laissé les enfants à l'Homme et je suis sortie (malgré le froid de gueux et  le jour qui tombe) pour voir ce qu'il serait possible de faire.

Moi qui ai peur de la foule, qui suis sujette au vertige et qui déteste ce qui clignote, soyons honnêtes, la roue je ne la prendrai jamais qu'en photo, mais c'est une photo qui fait du bien.



lundi 19 janvier 2015

Jacob, Jacob

Valérie Zenatti, Jacob, Jacob
Editions de l'Olivier, 2014, 166 p.
Je savais que Jacob, Jacob serait au programme des Bibliomaniacs quand elles sont descendues me voir sur les bords de la Méditerranée. Je l'ai acheté tard et je ne l'ai pas lu tout de suite (heureusement qu'il est court). Il a traîné sur la table du salon pendant quelques jours avant que je m'y mette, et pour nous, à la maison, c'était bizarre de voir écrit sur une première de couverture Jacob, Jacob. J'ai donc eu le droit aux interrogations de Rayures - "C'est son nom et son prénom tu crois? Ils avaient un drôle d'humour ses parents",  aux questions codées de l'Homme - "Tu en es où avec double J?" et aux réflexions esthétiques et facebookiennes de Valou sur le regard dudit Jacob.

Bref, pour nous Jacob, Jacob suscitait toutes les interrogations. Mal organisée comme à l'accoutumée, je l'ai fini une heure avant l'enregistrement, en pleurnichant un peu sur mon canapé.

Jacob, Jacob c'est l'histoire de Jacob, juif algérien, qui est mobilisé pour partir au front pour le débarquement de Provence. Il n'a que 18 ans, il attend les résultats du bac, et est issu des milieux pauvres, où on s'entasse à plusieurs dans un pièce, toutes générations confondues, les uns contre les autres. Un univers dur, où la claque (et les coups) sont faciles sur les enfants insolents et dans lequel le patriarcat ça veut dire quelque chose.

Jacob c'est le sensible de la famille, un peu plus que son père et son frère en tous les cas, un presque adulte qui part faire une guerre glorieuse dont on ne sait pas s'il en reviendra. Zenatti invente le débarquement de Provence, tout en intuition et en odeurs de peur, de froid et de sang. Avec une remontée au Nord, dans un pays que finalement les Algériens ne connaissent pas, dans un pays où soldats musulmans et juifs doivent parfois manger du porc pour ne pas froisser les paysans de l'Est qui les accueillent le temps d'une ville reprise sur l'Ennemi.

Jacob, Jacob, c'est l'histoire de l'enfant qu'on attend, mais aussi celle de sa famille qui reste en Algérie - sans nouvelle. L'une des grandes réussites de ce roman, ce sont les magnifiques personnages de mères; des mères qui se taisent, qui souffrent, qui espèrent et qui parfois font preuve d'une détermination émouvante. Des mères en deuil aussi. Jacob c'est l'enfant disparu et celui qui va disparaître, c'est l'enfant des beignets et celui de la photographie avec un décor de carton-pâte.

Jacob, Jacob, ce sont les quelques mois d'un presque'homme, tels que les a imaginés Zenatti. C'est la fin de la Seconde Guerre Mondiale et les prémices de celle d'Algérie. C'est finalement l'histoire banale, troublante et tragique d'une partie de la communauté séfarade, sans forcer le trait ni grosses allusions.

Rien qu'à cause du titre, je ne pouvais qu'être sensible à ce roman, dans lequel pourtant, le style m'a complètement déstabilisée. Les phrases jaillissent des tripes de Zenatti (elle l'a dit elle-même chez Busnel), et il faut s'y habituer, mais la dernière partie est tellement poignante, et la dernière page tellement émouvante, avec une boucle bien soignée comme je les aime, que je ne peux que le saluer ce livre.

Il gardera pour moi la couleur d'un week-end  de septembre.

J'attends maintenant de découvrir d'autres romans de Zenatti, et particulièrement un dont le titre m'échappe et dans lequel elle raconte sa difficulté à se sentir française quand elle était enfant (si quelqu'un a le titre, je suis preneuse).

jeudi 15 janvier 2015

L'Océan (photo du mois) #1

Une semaine déjà que le 7 janvier est passé, une date qui aura, pour ma part, un avant et un après, qui a montré le pire et le meilleur, qui a révélé des choses effrayantes et merveilleuses. Pour certains d'entre nous, cette date a modifié notre vision des choses, notre rapport au monde, et puis la semaine a mis en lumière la nature de nos relations réelles ou virtuelles avec les uns et les autres.

C'est ensuite compliqué de reprendre le chemin du blog. Mais heureusement la Photo du Mois, qui doit être publiée à date fixe le 15 de chaque mois, me permet de reprendre, en douceur, mes pratiques bloguesques.

Et coup de chance, Pilisi avait choisi l'Océan comme thème de janvier. Alors j'avais préparé un long billet égocentrique pour expliquer le choix de cette photo (avec récit de vacances, souvenirs d'enfance, réflexions halieutiques, tâclage de ma belle-famille, nostalgie finistérienne dans lesquels j'étais toujours présentée à mon avantage...) mais compte tenu des circonstances, ça me paraissait déplacé de parler de mon nombril aujourd'hui.

Alors, je me contenterai de poster cette photo en pensant aux embruns qui font friser ma frange, aux marées d'équinoxe, aux rochers qui écorchent les pieds et à l'indéfinissable estran, pont entre la terre ferme et l'eau. L'Océan, c'est toutes les nuances de bleu, de gris et de vert, glaz, c'est le flux et le reflux des choses, la puissance du vent,  l'odeur du sel, les promesses de l'horizon et l'espoir d'un ailleurs. Dans l'Océan recèle  une part de la beauté du monde.

Et je suis heureuse de la partager ici.


Et pour aller voir les autres participants

A chaque jour sa photo, A'icha, Agathe, Agnès, Agrippine, Akaieric, Alban, Alexinparis, Amy, Angélique, Arwen, Aude, Autour de Cia, Ava, Bestofava, BiGBuGS, Blogoth67, Blue Edel, Brindille, Calamonique, Cara, CetO, Champagne, Chat bleu, Chloé, Christophe, Claire's Blog, Cocazzz, Cricriyom from Paris, CécileP, Céline, Céline in Paris, Dame Skarlette, DelphineF, Destination Montréal, Dr. CaSo, El Padawan, Estelle, Eurydice, Eva INside-EXpat, Fanfan Raccoon, François le Niçois, Frédéric, Galéa, Gilsoub, Giselle 43, Gizeh, Guillaume, Homeos-tasie, Iris, Isa de fromSide2Side, Isa ToutSimplement, Isaquarel, Josette, Josiane, Julia, Jülide-Trognon de pomme, KK-huète En Bretannie, Krn, La Fille de l'Air, Lau* des montagnes, Laulinea, Laurent Nicolas, Laurie, Lavandine, Lavandine83, Les bonheurs d'Anne & Alex, Loulou, Luckasetmoi, Lyonelk, magda627, Mahlyn, Mamysoren, Maria Graphia, Marie, Marion, Marmotte, MauriceMonAmour, Memories from anywhere, Milla la galerie, Mimireliton, MissCarole, Morgane Byloos Photography, MyLittleRoad, Nanouk, Nicky, Philae, Photo Tuto, Pilisi, Pixeline, princesse Emalia, Renepaulhenry, Rythme Indigo, Salon de Thé, Sandrine, Sylvie, Tambour Major, Tataflo, Testinaute, Thalie, Tofashionandbeyond, Tuxana, Utopique-Lily, Vanilla, Voyager en photo, Wolverine, Woocares, Xoliv', Yvette la Chouette, Zaza.

vendredi 9 janvier 2015

Etre Charlie


Alors que 12 personnes ont été assassinées et que d'autres ont leur vie actuellement en danger, qu'est ce qu'être Charlie?


Etre Charlie, ce n'est pas défendre la presse satirique. Parce que moi, je suis Charlie mais je ne lisais pas Charlie Hebdo. Dès que les blagues descendent en dessous de la ceinture, je suis la vieille coincée, choquée, qui dit avec une moue: "oh ben non quand même", dès qu'il y a plus de deux gros mots dans une page, je m'offusque : "punaise, c'est écrit à la truelle". Mais on parle ici de gens qui défendaient leurs opinions, qui connaissaient les risques qu'ils couraient, des gens qui sont un exemple, parce qu'une certaine manière, ils sont morts au champ d'honneur.

Bref, Etre Charlie c'est défendre la liberté d'expression et surtout quand elle nous dérange. C'est dire qu'on pleure le carnage d'un périodique ouvertement de gauche, mais qu'on serait aussi choqué et autant mobilisé si c'était arrivé à un autre média, qu'il soit conservateur, anarchiste, traditionnel ou people.

Etre Charlie surtout c'est résister. Résistons à la peur, à la haine de l'autre, à la colère, aux amalgames!

Alors maintenant, il faut sécher ses larmes et remonter ses manches. Charlie Hebdo aurait fait une Une que j'aurais sans doute trouvé  un peu déplacée, avec un humour grinçant et volontairement subversif. Donc passons à l'action, et soyons Charlie dans le combat.

Commençons à notre petit niveau à se dire qu'il n'y a pas de vérité de pensée universelle, que personne ne détient la panacée de l'esprit. Il y aura toujours des gens dont le métier consistera à se moquer des prophètes, des églises, des croyants, des handicapés, des autistes, des fonctionnaires, des commerçants. On a le droit de ne pas en rire, de trouver ça déplacé ou vulgaire, on a le droit de les critiquer, de ne pas acheter le média, on a même le droit de dire qu'ils vont trop de loin, de les écharper sur nos blogs ou au café du coin. Et ce sera sain, car c'est ça la liberté d'expression. 

La liberté d'expression est totale ou elle n'est pas.

Tolérons-nous les uns les autres, acceptons nos différences: blogueurs, journalistes, chrétiens, bobo, musulmans, bourgeois, prolétaires, militants, agnostiques, abstentionnistes...aucun d'entre nous n'est sûr d'avoir raison, alors résistons à la pensée unique et écoutons celle des autres.

Les citoyens doivent réussir là où les politiques ont échoué. Unissons-nous pour que quelque chose de beau sorte du carnage. Refusons le communautarisme et protégeons les individus.

Décidons tous ensemble d'aller (pour une fois) dans le même sens. C'est possible.

N'oublions pas que ce sont les vainqueurs qui écrivent l'Histoire, donc ce combat nous devons le gagner contre l'effroi, la colère et la récupération politique et idéologique.

Soyons Charlie tous ensemble et chacun à sa manière.

Certains descendent dans la rue, d'autres font des dessins, interviennent dans les écoles, portent un brassard noir, de mon côté, avec quelques amis blogueurs, je participerai à un rassemblement bloguesque le 7 février en hommage aux victimes et en soutien à leurs familles, amis et lecteurs. 


mardi 6 janvier 2015

Non-challenge des pépites : le point de l'An

Après avoir fait semblant de bien s'entendre avec sa famille pour Noël, après avoir crû qu'on aimait se coucher tard (et qu'on tenait l'alcool) pour la Saint-Sylvestre, il est temps, chers amis lecteurs, de refaire ensemble le point sur les pépites des blogueurs (enfin de certains blogueurs) qui m'ont fait le plaisir de venir déposer ici leurs livres préférés.

Alors, avant que la rentrée d'hiver nous emporte vers de nouveaux horizons, qu'est ce qu'on garde de celle de septembre ?

D'abord c'est l'arrivée tonitruante d'une jolie pépite de chez Monsieur Toussaint Louverture, Price de Steve Tesich, totalement plébiscité par Maxi Vav' et Papillon qui ne cachent rien de leur enthousiasme. Ce roman initiatique américain nous parle donc d'un jeune homme, Price, qui a déjà la notion de la "perditude" car comme le dit superbement Papillon: "L'auteur y décrit la difficulté d'être jeune dans un monde où les jeunes n'ont aucun espoir en l'avenir, rien que la promesse d'une vie banale et médiocre. Ils ont tous l'impression qu'avec la fin de leurs études, le meilleur de leur vie est passé. Les adultes, dans cette histoire, sont tous des vaincus". Maxi Vav' en retient "La vie de Daniel Price, ses sentiments, ses interactions, ses espoirs ruinés et sa façon d'échapper à son quotidien malheureux par l'imaginaire et l'écriture". Je vous laisse aller lire ces très beaux billets dans leur intégralité sur les blogs.

C'est ensuite la remontée d'Autour du monde dans le classement, grâce encore à Papillon qui se joint  cette fois à la Comète pour dire tout le bien qu'elle pense du dernier opus de Mauvigner aux Editions de Minuit. On reste dans le registre joyeux et léger avec le tsunami de mars 2011 au Japon vu de différents points du monde. Et Papillon après avoir ressenti "la solitude existentielle de l'Homme" revendique "un roman ébouriffant, un concentré d'émotions qui m'a laissée bouche bée d'admiration". Déjà que la Comète en "avait eu le souffle coupé tellement c'est intense", j'ai envie de dire, qu'attendons-nous ?


La Peau de l'Ours de Joy Sorman chez Gallimard n'a pas eu de nouvelles voix depuis Maxi Vav' et Margotte, mais ce sont bien ces trois titres-là qui tiennent le haut du pavé, ce qui est totalement étrange, car ce ne sont pas ceux qui ont été les plus médiatisés cet automne, ni qu'on n'a le plus vu sur les blogs. Alors entre un livre sorti depuis 20 ans aux Etats-Unis, un conte vraiment surprenant avec personnage mi-homme mi-ours, et un roman qui ressemble une succession de situations, j'ai envie de dire que la blogo brille par son côté décalé ...et ça ça me plait beaucoup. #blogorebelle


Pour les nouveaux entrants, nous trouvons le Meursault, Contre-enquête de Kamel Daoud chez Actes Sud, challenger malheureux du Goncourt, sorti en mai dernier et pour lequel je fais une exception (pas seulement parce que c'est Val qui le nomine). Comment refuser un roman sorti sans bruit en mai et qui est sur toutes les lèvres en novembre? Comment refuser l'envers littéraire de l'Etranger, qui va bien au-delà de l'exercice du miroir littéraire, tant et si bien qu'il déchaine contre lui les foudres intégristes? 

Nous trouvons, toujours chez Val, donc toujours sans lien blog (en attendant qu'elle dépose sa pépite chez un blogueur sympa), le très controversé Puits d'Yvàn Repila, chez Denoël, dont le huis-clos fait clairement froid dans le dos: deux frères coincés au fond d'un puits (dont on devine que de toute manière ça finira mal cette affaire). Je sens qu'il sera mon Kinderzimmer de cette saison, c'est-à-dire le livre qui me fait tellement peur à lire que ce n'est pas sûr que je le fasse.


Jérôme amorce les pépites BD avec Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé chez Delcourt (que j'ai eu la chance de lire aussi). Un album sans concession, mièvrerie ni sensiblerie sur la paternité, et plus précisément le fait d'être le papa d'une petite fille trisomique....Jérôme nous confie donc que ce témoignages "l'a bouleversé à un point inimaginable. J'en suis ressorti ébloui, admiratif devant la façon dont il a abordé le sujet". Une histoire qui a fait des émules sur la blogo littéraire et même au delà. 


Sinon, Papillon qui s'est découverte une âme réelle de Reinahrdtophile n'a pas pu s'empêcher d'intégrer l'Amour et les Forêts  de son nouvel auteur favori qu'elle aime d'amour chez Gallimard, et qui me convaincrait de me pencher sur le cas Reinhardt. Il y est question de la rencontre entre Reinhardt himself et l'une de ses lectrices assidues, une certaine Bérénice brisée silencieusement par un mariage malheureux. C'est le style de sujet que je fuis, mais c'est sans compter le talent de persuasion de Papillon: "Un roman écrit d'une plume hypnotique qui se lit en apnée, vous laisse assommé et dresse le portrait sublime d'une femme que l'on n'oubliera pas de sitôt, et qui semble avoir une étonnante parenté avec son créateur".

Vio nous revient aussi avec Tristesse de la terre d'Eric Vuillard chez Actes Sud qui nous raconte l'étrange histoire de mise en scène de la conquête de l'Ouest au sein d'un spectacle monté par Buffalo Bill qui offre un miroir étrange des combats entre Indiens et cow-boys. Vio nous parle là des figures marquantes de cette période mais pas seulement; car il y a aussi "en creux une réflexion sur notre présent, notre rapport à l'Histoire et au spectacle". Je ne voudrait pas dire de bêtises, mais je crois avoir entendu que Gaëlle Josse en a fait aussi un coup de coeur (oui je l'ai croisée dans une librairie près de chez moi...j'espère que ma mémoire est bonne ...)

Enfin, ma chère Anne, qui a pris le relai des jurées Elle pour la saison 2015, a été transportée par Le Violoniste de Mechtild Borrman au Masque sur lequel je mise beaucoup à titre personnel, et dans lequel il est question d'un violon, de la terrible époque stalinienne, tout ça sur fond, d'arrestation arbitraire et de frère et soeur séparés. Un polar historique ou saga familiale, ce roman visiblement inclassable a enthousiasmé Anne: "il y a du suspens, peut-être pas au sens où on l'entend pour un polar, mais on a envie de savoir ce qu'il va se passer, je n'arrivais pas à lâcher ce livre. J'ai aimé les personnages, même les moins sympathiques".


N'oublions pas néanmoins Je refuse, Le Dernier gardien d'Ellis Island,  L'Ecrivain national, Retour à Little Wings, La Lumière des étoiles mortes, Dans la gueule du loup, Un homme amoureux, Une vie à soi  et La Condition pavillonnaire (dont tous les liens sont en fin de billet).


J'en profite chers amis, pour vous souhaiter une très belle année 2015, j'espère que vous avez échapper aux textos faussement chaleureux, que de vagues connaissances ont envoyé à tout leur répertoire, dont vous. J'espère que vous avez supporté stoïquement le premier jour de travail avec les 250 Bonne Année lancés à la cantonade. J'espère aussi que vous avez pris des résolutions intenables (du genre : arrêter de fumer, être à l'heure, ne plus se plaindre, ce plus crier, avoir une maison toujours nickel, éviter toutes sortes d'embrouilles...) , comme ça nous serons plusieurs en mai à se dire que vraiment, on ne met pas toutes les chances de notre côté.

Pour terminer, quelqu'un m'a rappelé récemment que la blogo, ce n'est pas que des blogueurs, que la plupart des gens qui lisent les billets (entièrement) ne les commentent pas, que la grande majorité des lecteurs de blog ne bloguent pas....Alors, à vous lecteurs de l'ombre qui sous-marinez sur la Toile, qui suivez ce blog sans que je ne sache rien de vous, je vous souhaite de belles choses à venir.



Récapitulatif des pépites 2014-2015

Asphodèle (la grande prêtresse)

Aifelle (la photographe maritime que je jalouse)
Dans la gueule du loup de M. Levi-Strauss

Aaliz (une petite cerise exigeante )

Laurie (que je découvre avec plaisir)
Une vie à soi de L. Tardieu

Margotte (la petite Bretonne sauvage qui se cache dans les bois quand elle le peut)
La peau de l'ours de Joy Sorman

Vio (qui ne lit que sur un banc)
Estelle (entre crochet, pouponnage, train et enseignement)
L'Ecrivain national de S. Joncour

La Comète (avec ses hommes entre deux bouquins garnis)
Autour du monde de Laurent Mauvignier

Jérôme (avec ses quatre femmes entre deux berges)
Je refuse de P. Petterson
Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé

Maxi Vav' (qui n'arrête jamais de s'abîmer les yeux)
La Peau de l'ours de Joy Sorman
Price de Steve Tesich

Papillon (présidente en chef des Reinhardtophiles)
Price de Steve Tesich
Autour du monde de Laurent Mauvigner
L'Amour et les forêts d'Eric Reinhardt

Valérie (Blogueuse Itinérante)
Meursault Contre enquête de Kamel Daoud
Le Puits d'Y-Repila

Anne (qui chapitre chez ELLE)
Le Violoniste de M. Borrman