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vendredi 31 mai 2013

Des mots et des rayures

La maîtresse: "Avez-vous conscience que Rayures a très souvent un comportement inapproprié?" (Non?! je pensais que tous les enfants de 7 ans parlaient à des amis imaginaires)

La maîtresse de l'année dernière: "Madame, votre fille est d'une insolence rare" (Ah bon; mince je crois qu'elle ne s'en rend même pas compte)

La responsable de l'atelier théâtre de l'école: "Quel dommage que Rayures ait oublié son texte le jour de la représentation inter-écoles...et moi qui lui avais donné le rôle principal" (ben ouai, mais si tu ne lui avais pas dit que si elle se plantait, elle gâchait toute la pièce, elle aurait peut-être eu moins de pression)

Son camarade de cantine: "Rayures, elle ne sait même pas si servir de l'eau à la carafe...ouarff" (et toi tu ne l'as pas vu monter aux arbres, elle est hallucinante, et Rayures elle préfère savoir faire un truc inutile et dangereux une fois par mois qu'un geste utile et nécessaire tous les jours; elle est comme ça ma fille)

Son prof d'échecs:" Ne bridez pas votre fille, elle a un vrai don" (Ok, mais j'aimerais juste qu'elle fasse une activité qu'elle puisse partager avec les autres enfants de son âge)

Sa camarade de classe :"Nous Rayures, on la trouve tous un peu bizarre"  (toi, tu dis ça parce qu'elle ne joue pas aux Wings dans la cour , désolée bichette, ce n'est pas trop son truc)

Ma meilleure amie: "Dis moi, l'autre jour dans la cour de l'étude, ta fille était toute seule avec son goûter, ça ne t'inquiète pas qu'elle ne joue pas avec les autres enfants? " (Non pas du tout, je trouve ça extra d'être asocial à 7 ans)

Ma plus vieille amie : "Je t'avais dit qu'elle passerait son bac à 12 ans" (oui, mais toi, tu es ma plus vieille copine qui voit toujours le verre à moitié plein)

Mon père: "Elle est extra ta petite" (J'aime la grande objectivité des grands parents)

Sa prof de danse classique: "Je l'adore votre fille, seulement on a l'impression qu'elle pense à autre chose pendant les répétitions du ballet" (Malheureusement ce n'est pas qu'une impression)

Mon mari (son père donc): "Tu sais quoi, on s'en cogne de ce que pensent les gens, pour nous elle est parfaite notre Rayures"

Pour aujourd'hui, je vais rester là dessus, parce que franchement, c'est vraiment difficile à gérer les Rayures, et cette semaine plus que les autres. Alors excusez-moi, parfois la vie réelle prend tellement de place que j'ai du mal à être assidue (bloguesquement parlant j'entends). Je sais que d'autres blogueurs gèrent au quotidien les rayures, pois et motifs de leurs têtes blondes, et certains l'ont même vécu quand ils étaient enfants (je ne vais pas les dénoncer, ils n'en parlent pas forcément sur leur blog).

Je me suis dit que ça faisait quand même longtemps que je n'avais pas parlé des Rayures, et je suis certaine que ça vous a beaucoup manqué, en plus vous commencez à me connaître, je ne perds jamais une occasion de me plaindre, c'est un principe de base.

Heureusement et pour finir sur une note positive, l'école autoproclamée prestigieuse dans laquelle est Rayures se donne bonne conscience en accueillant deux trois enfants un peu "différents"; dont un réfugié tchétchène qui ne maîtrise pas le français et un garçon dysphasique et sourd, qui sont l'un et l'autres les amis les plus proches de Rayures. A plusieurs, on est plus forts!!

Et puis grâce à Aifelle, je lis Bernadette a disparu et je dois dire que ça me fait beaucoup de bien.

PS: je lis vos billets sur mon petit appareil à pomme qui a une place de choix dans mon sac (au côté de mon paquet de cigarette), je vous suis donc presque quotidiennement même si je n'arrive pas à commenter. Je reste un lectrice fidèle des blogs que j'aime, n'en doutez pas. Je digère cette semaine pourrie et je reviens tout bientôt avec un billet littéraire et un moral au top...

Beau week-end à tous

lundi 27 mai 2013

Madame Hemingway

Paula Mac Laine, Madame Hemingway, 
Livre de Poche, décembre 2012, 500 p.
Paris est une gageure...



J'ai presque achevé Paris est une fête du cher mari de l'héroïne de ce roman (parce que le lis chez la Pléiade et que je crains tout le temps de l'abîmer...bref), et c'est une erreur de l'avoir lu avant. Très clairement Mme Hemingway nous raconte l'envers de la même histoire; c'est à dire celle de la première des nombreuses épouses d' Ernest Hemingway, Hadley, avec laquelle il vécut à Paris avant ses premiers succès. L'histoire se déroule donc à Paris, mais pas seulement, à Antibes, à Pampelune, en Suisse...mais toujours dans une ambiance parisienne.


Déjà mauvais point pour moi (est-ce la traduction ou l'écriture originale?) mais franchement, j'ai été gênée par le niveau de langage. Je ne suis pas certaine que les écrivains de 1920 se "balançaient des vannes", ou qu'ils vivaient "à fond" leur passion, qu'ils "se lâchaient" dans les soirées, ou même qu'ils cherchaient des "trucs" à dire. Bon rien que ça  m'a énervée dès les premières pages. Si encore, le parti avait été d'en faire un roman résolument moderne, je serais passée là-dessus, mais même pas.

J'ai continué quand même...


Je ne me suis pas ennuyée, je l'ai lu sans déplaisir, mais honnêtement je ne peux pas dire l'avoir beaucoup apprécié. Pourtant ça aurait du m'intéresser la vie de la femme d'Ernest avant qu'il ne devienne Hemingway  ; la genèse d'un romancier en somme, surtout dans une période que j'affectionne particulièrement, les années 20'. Sauf que c'est extrêmement descriptif, linéaire, sans point de vue et d'un convenu académique. J'ai eu l'impression de me farcir 500 pages d'érudition universitaire. 


On sait qu'Hemingway fut un mufle avec les femmes, le livre le confirme avec le personnage sacrificiel de cette pauvre Hadley dans l'ombre de son génial écrivain de mari. Mais voilà, je dirais que cela manque de nuances: Hemingway écrit que quand il est très mal, doit s'isoler pour créer, boit quand il ne va pas bien, il est déloyal avec ses amis, menteur avec sa femme, et surtout très emprunt de sa petite personne; avec une arrogance rare. Tout est exact. Mais tout cela, ajouté au milieu parisien des auteurs en devenir, m'ont paru vus et revus.  J'en attendais vraiment autre chose

J'ai surtout eu le sentiment que Paula Mc Laine avait condensé la plupart des nouvelles d'Hemingway (je ne me souvenais plus en avoir lu autant) et Paris est une fête pour écrire son roman. Finalement  je conseille Madame Hemingway à tous les étudiants de fac qui étudient l'oeuvre de son mari, parce que c'est très documenté. Mais pour moi, la dimension littéraire manque terriblement. Mc Laine peine à rendre sympathique, ou même seulement attachante, Hadley Hemingway. Je trouve qu'elle en fait une Bécassine à la capitale, répétant toutes les deux pages que c'est une femme solide et en bonne santé, toujours mal habillée, manquant d'élégance et qui renonce à faire quoique ce soit qui la valoriserait un tant soit peu. 

A tous prixPour être honnête, les dernières pages, avec le couple à trois que constituent les Hemingway et la maîtresse,  rattrapent  le reste de l'histoire, parce qu'il y a une intensité dramatique, et qu'elle sort du récit explicatif du début du roman. J'ai eu vraiment envie de gifler Hemingway, de bousculer sa presque ex-femme (un peu de dignité Hadley...que diable!) et de crever les yeux de Pauline tout en duplicité et manipulation (oui carrément!). 


Très honnêtement, et ça n'engage que moi, Madame Hemingway ne tient pas la comparaison avec Alabama Song qui traite aussi du rôle de l'épouse d'un monstre sacré de la littérature. Qu'on l'aime ou pas, Leroy adoptait un vrai point de vue, une construction originale, une vibration affective, et faisait de Zelda Fitzgerald la véritable héroïne du roman. Ici Hadley n'est qu'une voix qui raconte une portion de vie d'Hemingway. C'est lui le véritable sujet du livre, et ce n'est pas ce que j'attendais.



fitzey-logo natacha-best-oneJe pense être particulièrement sévère sur ce coup-là (à croire que corriger des copies me manque), et mon avis est extrêmement minoritaire sur la blogo.  Je vous renvoie donc aux points de vue nettement plus enthousiastes d' Aifelle, Asphodèle, Mango  et Kathel (c'est dire combien que je suis l'une des seules à ne pas avoir été emballée); et  dans la foulée, j'intègre ce billet aux challenges "à tous prix" de Laure (prix des lecteurs du Livre de Poche) et Fitz et les enfants du jazz d'Asphodèle .


PS: entre mon libraire et moi, c'est très tendu, je préfère être claire, sur tous les livres recommandés par vos bons conseils, je n'en ai trouvé que deux; alors que j'avais prévu un billet récap...
je vais trouver une solution évidemment mais tout se perd les amis 
(c'était ma minute vieille dame nostalgique).




lundi 20 mai 2013

Le roman idéal

Je vais mal.

Je me suis rendue compte que je n'ai pas eu de coups de cœur depuis très longtemps. En tous cas, pas depuis l'ouverture de ce blog (je ne compte pas mes relectures modianesques, ce serait malhonnête).
Attention, je ne dis pas que j'ai détesté tous les livres que j'ai lus, j'en ai apprécié la plupart, et même un peu plus, mais pas de coup de cœur  de vrais. Pas de livre que je compulse même en faisant à manger (compte tenu de mes talents de base en cuisine, c'est peut être mieux pour les enfants cela dit), pas de roman dont je repense encore plusieurs jours après, pas d'histoire dont je saoule ma meilleure amie qui préférerait qu'on parle mode, pas de livre que je lis le plus lentement possible pour ne pas le terminer trop vite, pas de petit objet que je garde sur la table de chevet longtemps après l'achèvement.

Pas de Disparus qui aggravent ma névrose, plus d'Aurélien qui me fait relire Racine et Drieu La Rochelle en parallèle, pas d'Elégance du Hérisson qui me fait pleurer comme une madeleine dans mon lit, pas de Belle du Seigneur que j'ai relu deux fois tellement j'avais aimé (j'étais jeune et inexpérimentée), pas de Rien ne s'oppose à la nuit qui me défonce le moral pendant une semaine, pas de Rue des boutiques...que je garde comme un talisman, pas de Secret qui me force à fouiller dans les histoires familiales enfouies; pas de Tache qui me fait prendre conscience de le virtuosité littéraire d'un auteur, ou même le populaire Ombre du vent avec son cimetière des livres oubliés, tellement poétique et efficace que j'étais passée outre des choses qui me gêneraient maintenant...


Pas de coup de cœur et je m'interroge sur moi-même en tant que lectrice. Je cherche des explications (je suis comme ça moi, j'aime comprendre).

Hypothèse 1: j'ai fréquenté trop longtemps des gens imbus de leur culture et qui se prenaient pour l'élite de la nation, ça a déteint sur moi. Si c'est cela, vu que je ne les vois plus, ça devrait s'arranger.

Hypothèse 2: le blog me porte la poisse, c'est un signe supérieur qui vise à me faire comprendre que la lecture est trop intime pour être étalée sur la toile (mouai!!!!)

Hypothèse 3 (la pire): je suis devenue trop difficile, j'ai perdu ma fraîcheur de lectrice,  je traque les petits détails qui me dérangent, je deviens trop exigeante.

J'ai bien conscience que le coup de cœur  c'est la rencontre d'un auteur et d'un lecteur à un moment donné. Alors c'est sûr, ça ne marche pas à tous les coups. Combien peut-on espérer en avoir? Certains blogueuses ont la chance d'en avoir un ou plusieurs par mois; mais moi j'en suis injustement privée.

Peut-être que c'est une question de moment après tout...


Mais quand même, tout cela me pousse à réfléchir à mon roman idéal :
- l'histoire doit évoquer quelque chose qui me touche, sinon, ça ne prend pas (c'est le problème des lecteurs égocentriques)
- à partir de 250 pages, j'ai l'impression qu'à moins, je ne peux pas suffisamment m'en imprégner
- de préférence en langue française, je suis trop nulle dans les autres langues (bac A3, la loose), et les traductions ne sont pas toujours aussi puissantes que le texte original (mais je peux faire des entorses, parce que je suis quelqu'un d'ouvert)
- l'écriture doit être belle, le style soigné, la phrase efficace...je hais les phrases alambiquées tout autant que les morceaux hachés d'écriture, qui se veulent minimalistes et que je trouve arides. Je déteste les descriptions à n'en plus finir, n'est pas Balzac qui veut et les copies sont toujours moins bien que l'original. Je me passe bien des jurons, insultes et gros mots qui visent à provoquer et qui sont, parfois (pas toujours) totalement gratuits.
- je n'aime pas spécialement les histoires d'amour (c'est mon côté mec), mais j'aime l'histoire dans l'histoire, le livre dans le livre, je vénère les romanciers qui parlent du roman en général et de quelques autres en particulier...
- je n'aime pas avoir un cours magistral en même temps qu'une histoire, je ne lis pas pour apprendre, je lis pour me faire plaisir, c'est un acte gratuit me concernant, je n'ai pas besoin d'autre chose
- j'aime quand la fin est réussie, bien bouclée, parce que j'aime relire le livre et y découvrir une nouvelle cohérence en me disant "punaise, comme il est brillant cet auteur"
- je dois détester, aimer, prendre en pitié ou vouloir du mal aux personnages...sinon je m'ennuie.
- j'aime quand il y a plusieurs niveaux de lecture (oui c'est mon côté second degré en toute chose...)

...J'ai sûrement plein d'autres critères que j'ai oubliés; mais surtout ne vous gênez pas pour m'aiguiller vers un coup de coeur, je suis tout oeil (bah oui, toute ouïe sur un blog, je risque le contresens).


Je file chez mon libraire cet après-midi (en admettant qu'il soit ouvert un lundi de Pentecôte) pour y prendre Un écrivain, un vrai, Les heures silencieuses et deux ou trois poches qui me feront de l'oeil...

PS: billet écrit un peu à la va-vite avant de sortir les enfants survoltés après une semaine de météo pourrie qui les a tenus enfermés, ne retenez que le fond (je veux un coups de cœur ), la forme (mes arguments) doit laisser à désirer.

jeudi 16 mai 2013

Noces de neige

Gaëlle Josse, Noces de neige
Autrement, 2013, 158 p.
Bon en ce moment, je suis dans une période ferroviaire, je n'y peux rien, ils me suivent, et viennent à moi presque masqués. Bref, j'ai quelque chose à régler avec les trains en ce moment (et en fait je sais quoi...bref)

J'avais aimé Nos vies désaccordées, bien qu'il soit court et que je ne sois pas forcément friande des petits romans dans lesquels on n'a pas le temps de rentrer. Bref, j'ai, mine de rien, pris Noces de neige  à mon libraire (j'ai payé hein!!). A priori tout me tentait dans ce roman.

J'aime l'écriture de G. Josse et le thème parle de l'histoire entre les Russes et la côte d'Azur. Je me suis dit que je ne prenais pas de risque.

Noces de neige met en parallèle deux femmes: Irina et Anna que TOUT oppose. Anna est une femme du passé (1881), Irina du présent (2012). Anna est d'une grande laideur, Irina est belle. Anna est riche, Irina est pauvre. Anna déteste le sud de la France, Irina déteste sa Russie originelle. Anna est une russe blanche de l'époque impériale, Irina est une prolétaire de la période Poutine. Anna est amoureuse et rêve de mariage, Irina va se marier sans être amoureuse. Anna quitte Nice sur le Riviera Express, Irina s'y rend.

Oui, ça finit par faire beaucoup, je vous l'accorde. Bien entendu le voyage des deux jeunes femmes est un point de rupture, un moment où tout change: le meilleur pour l'une, le pire pour l'autre. Mouai....

Tout aurait du me plaire: le décors, les contrastes, un soupçon de politique, les amours perdus, les vestiges d'un temps disparu, sans compter ce troisième personnage qui clôt le livre et qui réunit les deux deux femmes à un siècle d'écart...sauf que non.

Je ne suis pas du tout rentrée dans ce livre. Je ne m'y suis pas ennuyée non plus, l'écriture est agréable, le sujet prometteur, la construction intéressante, la description des lumières azuréennes émouvante.... mais voilà, aucun coup de cœur, pas spécialement emballée (alors que je suis LA lectrice qui aurait du adorer ce roman).

Peut-être ce livre était-il trop court pour autant de choses à dire.C'est trop peu 157 pages pour brasser un sujet aussi large et foisonnant (les villas russes construites au XIX s., les mariages de raison arrangés par Internet, les horreurs commises par Poutine, l'assassinat de l'archiduc, les désillusions amoureuses de l'adolescence, la vie des russes blancs, une réflexion sur la beauté, la laideur et la solitude...)

Je ne me suis attachée ni à l'une ni à l'autre, l'ensemble est trop désordonné, la boucle est maladroite sur la fin. Peut-être aussi que je l'ai lu à un moment où je travaillais beaucoup et où je m'effondrais de fatigue après quelques pages le soir. Mais je sais que d'ici quelques temps, il ne me restera plus grande chose de ce roman qui pourtant a un propos intéressant.

Mais vu que je suis une lectrice fidèle aux écrivains qui m'ont plu, même une seule fois, je vais aller chercher Les Heures silencieuses pour rester sur une bonne impression de Gaëlle Josse en attendant qu'elle sorte un nouveau roman.

lundi 13 mai 2013

Liebster award - tag



    liebster2
Bon c'est mon dernier tag avant septembre, même pour quelqu'un d'égocentrique comme moi, ça commence à me gêner. Mais j'ai une grande tendresse pour Asphodèle et Laure alors je me plie avec plaisir à leurs questions.Bien entendu, personne n'est obligé de lire tout ça jusqu'à la fin, moi-même je me suis fatiguée à l'écrire.  Je rappelle les règles, et vous ne m'en voudrez pas de n'en respecter qu'une partie.

I. Chaque personne doit écrire 11 faits sur soi (ok, je vous préviens c'est du lourd)II. Répondre aux questions que la personne qui vous a tagué a posté et créer 11 questions destinées aux personnes que vous allez taguer, Elles sont deux, ça en fait 22, ça me paraît suffisant. III. Choisir 11 personnes et mettre un lien vers leur blog dans votre postIV. Les en informer sur leur pageV. On ne peut pas taguer la personne qui vous a tagué !



11 faits sur moi:


1: Je n'ai toujours pas arrêté de fumer.


2: Le bleu est ma couleur préférée, talonnée de près par le gris (c'est dire comme je suis quelqu'un de chaleureux).


3: J'ai eu mon permis après 2 échecs et un nombre incalculable d'heures de conduite (j'ai eu 3 accidents coup sur coup la première année) Tenté par un voyage Brest-Monaco avec moi?


4: J'aurais voulu être danseuse ou photographe (à mi-chemin en Isadora Duncan et Robert Doisneau).


5: Je suis une pitoyable femme d'intérieur...


6: ...mais une bricoleuse assez adroite


7: Je faisais partie des chouchous de ma grand-mère, parmi 21 petits-enfants, vous mesurez le privilège!


8: J'ai envisagé de me teindre en blonde pour ressembler à mes filles.


9: Mon mari et moi ne pouvons habiter qu'au bord de la mer, n'importe laquelle , nous ne sommes pas difficiles.


10: Je tente d'atteindre le 11 km/h quand je cours...


11: Je ne cours pas assez souvent


Les questions d'Asphodèle


12Quel a été le plus beau jour de ta vie ? Mes accouchements (je sais, je suis hyper originale)

13: Le pire ? je ne veux pas plomber l'ambiance (en tant que bout-en-train de la blogo, ce serait dommage quand même)


14: Quelle est l’idée en ce moment qui t’angoisse le plus ? Pfff, je ne suis pas quelqu'un de bien en place, donc il y en a quelques unes. En ce moment c'est le tsunami (j'habite une région sismique ET littorale) 


15: Le livre que tu offres systématiquement à tes amis ? Modiano la plupart du temps, Mendelsohn à certains privilégiés, Wiazemsky à mes copines proches, Murakami à mes amis mâles...


16: Celui que tu offres à ta belle-mère ou aux gens moyen-moyen ? Je n'offre pas de livre à mes beaux parents et encore moins aux gens moyens moyens. 


17: Ton expression ou gros mot préféré ? "Punaise", parce que je suis une bonne mère, (et qu'entendre "putain" dans la bouche d'un enfant de 2 ans 1/2, ça vaccine -en plus de mettre la honte). Sinon en voiture c'est "bande de ploucs" (sachant que j'en suis une, un jour je vous parlerai de l’étymologie du mot "plouc").


18: Aimes-tu les vacances ? oui, enfin tout dépend la définition des vacances....


19: La première chose à laquelle tu penses en te réveillant ? Combien de fois me suis-je levée cette nuit.


20: Te vois-tu bloguer dans dix ans ? Non, je ne suis pas quelqu'un de constant...mais peut-être que si, parce que c'est un bon dérivatif de la vie normale. Disons que si je continue mes bêtises au boulot, j'ai de grandes chances de bloguer dans 10 ans. 

21: Un film où tu es sortie avant la fin ? Je vais très rarement au cinéma.


22: Et enfin quelle est ta devise, si tu en as une (ou plusieurs) ? Faire le gros dos le temps que la vague passe (oui je suis quelqu'un d'optimiste et d'un naturel joyeux)


Les questions de Laure (il y a encore quelqu'un qui lit?)


23: As-tu des frères et soeurs ? si oui combien ? Et si non, aurais-tu aimé en avoir ? Et si oui, aurais -tu aimé être enfant unique ? J'aurais détesté être un enfant unique, et j'espère avoir d'autres enfants. 


24: Fais-tu le travail qui te plait ? Si oui quel est-il ? (si cela ne te dérange pas de répondre) Et si non qu’aurais-tu aimé faire ? Depuis le 16 mars dernier, je suis obligée de reconsidérer la question professionnelle. 


25: Es-tu une personne solitaire ? Es-tu plutôt introverti ou extraverti ? Plutôt mouton en fait, j'ai toujours été dans des bandes, des clans, avec une armée de copines (c'est dire comment j'ai une personnalité affirmée...(humour) mais mes copines sont de belles personnes - bien que nous ayons peu de centres d'intérêt en commun)


26: Si tu avais été un animal, lequel aurais-tu été et pourquoi ? poisson, c'est mon signe, et je suis toujours entre deux eaux. 


27: Quel est ton plus beau souvenir ? Même réponse que tout à l'heure, la maternité (oui je sais, c'est convenu)


28: En quoi crois-tu ? Joker


29: Es-tu plutôt quelqu’un d’optimiste ou pessimiste ? Totalement défaitiste.


30: Crois-tu en l’amitié ? Absolument, parce que j'ai la chance d'être entourée de gens loyaux et fidèles (mais je n'ai plus 16 ans, donc comme tout le monde, je sais que les amitiés sont constituées de petites déceptions et de grands moments de grâce).

31: Quelle est ta plus grande déception ? Cf: réponse n°2


32: Quel livre voudrais-tu ? La quarto de Gallimard sorti le 7 mai dernier, et peut être aussi "Un écrivain, un vrai " de P. Petersen...


33: Si on te dit de faire un vœu, ce serait lequel ? SI je le dis ça ne marche pas, mais j'en ai un. 


Merci aux courageux qui ont lu jusqu'au bout mes 33 réponses (tout en transparence et bonne foi, cela va de soi) . Je m'arrête là, je ne tague personne, parce que je n'ai pas assez de temps et d'imagination pour inventer 11 questions originales, pourtant ce n'est pas les taguées potentielles qui me manquent...


Bonne rentrée aux Parisiens...Je reviens bientôt avec le dernier Josse, qui se passe chez moi!

jeudi 9 mai 2013

6h41

Jean-Philippe Blondel, 6h41
Buchet-Chastel, 2013, 232 p.
On n'a pas tous notre heure de gloire au même moment (si tant est qu'on l'ait un jour).

C'est un fait.

Certains l'ont au lycée et à l'université, lorsqu'ils sont pleins de promesses et d'arrogance. D'autres l'ont à l'âge mûr, quand ils prennent leur revanche sur l'adolescent en retrait qu'ils ont été. Certains ne l'ont jamais, cette heure de gloire qu'on regrette ou qu'on attend toute sa vie. 

Au début je me suis dit que c'était le propos de Blondel dans 6h41. Dans le train de 6h41 donc, se rencontrent deux presque quinqua, Philippe et Cécile,qui se sont connus puis séparés il y a 25 ans dans des circonstances glauques. Chacun, face à l'autre, est bien obligé, pendant le temps de trajet, de faire le point sur ce qu'il est devenu. 

Cécile, qui fut une adolescente empruntée et discrète, est devenue à l'approche de la cinquantaine une femme d'affaire à qui tout réussit, parce qu'elle gagne plus d'argent que son mari, parce qu'elle est restée mince, parce qu'elle habite un pavillon de banlieue sympa comme tout. 

En face d'elle sur la banquette SNCF de 2nde classe, Philippe, celui qui lui a brisé le cœur un quart de siècle plus tôt.  Philippe était le beau gosse du lycée, charmeur et charmant, qui rêvait d'Amérique. Un quart de siècle plus tard, c'est devenu un homme bedonnant, divorcé, provincial et vendeur de télévision. Pour être honnête, ça démarrait moyennement bien pour moi. Je trouvais cela trop prévisible cette inversion des destins, et je n'aime pas du tout le principe qui consiste à établir les critères d'une vie réussie. Je me suis dit : c'est un peu facile cette histoire de rails qui partent dans des directions différentes.

Mais heureusement, ce n'est pas le vrai propos du roman. 

J'ai adoré le personnage de Philippe, parce que j'ai une tendresse pour les personnages qui n'ont pas répondu aux promesses de leur jeunesse et qui en font le constat amer à l'approche d'un demi-siècle de vie. J'ai aimé la lucidité du personnage sur lui même, la manière dont il fait le compte de ses petites indignités d'enfant, d'adolescent et d'adulte; sa remise en cause un peu désespérée en somme. Son amitié avec Mathieu (copain d'enfance devenu présentateur d'un jeu télévisé) est assez bouleversante, parce qu'elle est sans complaisance.

 Je dois avoir mon girl-power en berne, parce que je me suis régalée à détester Cécile. Je n'aime pas ces femmes en soif de revanche sociale qui se font un objectif de ne pas ressembler à la jeune fille qu'elles furent, et qui haïssent leur province et le milieu dont elles sont issues. Les working-girls qui rêvent de succès et de réussite ne m'attirent pas; et j'adore ne pas les aimer et les juger vertement pendant 250 pages.

Blondel me plaît :  sa plume, son histoire, son décors de train dont il restitue bien l'ambiance...Finalement 6h41 pose l'éternelle question: c'est quoi réussir sa vie? En tous cas, ni le succès de Mathieu, ni le salaire de Cécile, ni le tour de taille de Philippe n'en sont des critères. Il nous dit que peut-être réussir sa vie, c'est se réconcilier avec ses démons, sa part d'ombre, ses humiliations. C'est aussi accepter d'où on vient, ce qu'on a été, de digérer ses renoncements et ne pas se fier aux apparences.

Il me reste une dizaine d'années pour procéder aux constats de Philippe et Cécile (et rencontrer quelque part un beau gosse qui m'aurait brisé le coeur en fac), mais j'ai déjà retrouvé à plusieurs reprises les stars de mon lycée (capitaine de l'équipe de foot, la plus belle fille de Terminale, le major de promo de fac...et je peux vous dire qu'elles l'étaient toujours ;-)

Je l'ai trouvé touchant ce roman de Blondel : il échappe aux caricatures du genre, laisse une porte ouverte, fait vaciller l'ordre établi. Il nous laisse le choix d'imaginer la suite de ce voyage introspectif...à chacun de voir, selon son optimisme incorrigible ou son défaitisme profond, ce qu'il veut que Cécile et Philippe deviennent...


mercredi 1 mai 2013

Villa triste-Modiano

"Que faisais-je à 18 ans au bord de ce lac , dans cette station thermale réputée? Rien." (p.21)

Villa triste a cette particularité qu'on me l'a volé il y a 4 ou 5 ans (j'avais eu la faiblesse de trop le prêter). On suppose qu'il a fini dans un vide-grenier à 1€ l'ouvrage. C'était l'édition folio illustrée par Pierre Le-Tan (qui reste pour beaucoup d'entre nous associé à l’œuvre de Modiano). Je l'ai donc racheté dans sa nouvelle version chez folio, avec une première de couverture tout à fait réussie et une quatrième assez moyenne.

Patrick Modiano, Villas Triste

Quand on relit un livre qu'on a aimé, on découvre plus de choses sur soi que sur le roman en lui même.Villa triste est le plus dépressif des livres de Modiano, mais je l'aime quand même. La Villa en question se trouve au bord d'un lac qui sépare la Suisse et la France, au coeur de la Savoie, dans une ville de province qui fait office de villégiature l'été avec des hôtel de luxe et des Sporting d'avant guerre. J'aime ces décors désuets et ces ambiances d'un autre temps.

Les personnages sont (comme toujours) des jeunes gens désœuvrés en quête d'identité. 

Un trentenaire mystérieux (et franchement paumé), revient dans une ville qu'il ne nomme pas. Il cherche à se souvenir de ses vingt ans, quand il se faisait appeler Victor Chmara, dans ce juillet d'après guerre. Il y croise dans une brasserie nocturne, le Dr Meinthe, propriétaire de la Villa triste. Peut-être fut-il son ami 10 ans auparavant, quand il faisait à la fois office de chaperon, de tuteur et de Pygmalion d'Yvonne. Yvonne est la beauté splendide, alanguie et paresseuse qui voulait devenir vedette de cinéma. C'est incroyable comme ce personnage ressurgit sous différents prénoms dans les romans de Modiano.

Modiano reste l'auteur qui observe le temps s'écouler

D'un côté, il décrit l'interminable mois de juillet savoyard, quand les amoureux se font rien qu'attendre le succès d'Yvonne. Mais Modiano s'attache aussi au temps perdu: quand Victor ne retrouve plus grand chose des lieux disparus. Et puis, entre les lignes émergent des temps oubliés. L'Occupation est bien présente dans Villa triste, la guerre d'Algérie aussi, avec tous les comportements troubles et inquiétants, les partis-pris non choisis, les traques, l'argent de provenance douteuse et les mensonges. Tous ces éléments flottent plus qu'ils ne sont posés dans le livre; c'est ça qui est génial. Mais le roman ne s'étend que sur quelques semaines finalement.

Villa triste demeure une parenthèse dans la vie du narrateur

C'est un roman dramatique qui raconte le pas de côté dans la vie du narrateur. Presque un récit d'apprentissage. Il y a les désillusions d'un amour passionné et ces moments où la vie aurait pu prendre une autre direction. Il y a la peur aussi, Modiano parle remarquablement bien de ce que les gens angoissés connaissent: la panique.

"Une fleur qui ouvrait lentement ses pétales un peu plus haut que le nombril" (p.22)

Il évoque aussi les instants de bonheur parfait, dans un obscur garage où Victor se sent heureux. C'est un livre triste, sur l'espoir et la crainte quand on est un peu largué à 20 ans. C'est un roman sans amertume, parce que Victor a ce qu'il appelle ses "sentinelles", des personnages masculins qui pourraient ressembler à des figures paternelles : "ces êtres mystérieux - toujours les mêmes - qui se tiennent en sentinelle à chaque carrefour de votre vie" (p.63)

Même jeune, Modiano était déjà vieux et nostalgique

Évidemment, c'est un compliment. Il faut avoir sacrément réfléchi à la vie et à sa perte pour écrire un tel roman à 29 ans. Il faut déjà avoir perdu cette légèreté et cette arrogance de la jeunesse pour poser des mots aussi justes. Celui qui se fait appeler Victor n'a que trente ans et se plonge déjà dans son passé et sa jeunesse perdue. Le commun des mortels ne s'aperçoit que trop tard que le temps a disparu.

De toute manière, tout ce que je pourrais en dire ne rendra pas justice à l’atmosphère de ce beau roman.

J'espère que quelqu'un a acheté Villa triste au vide-grenier, se disant que pour 1€ ça se tentait, et si ça a permis à cette personne de découvrir et d'aimer Modiano, ce n'est pas très grave qu'on me l'ait volé ;-)

Patrick Modiano, Villa triste, 1975, folio, 2012, 209 p.