lundi 29 juin 2015

Pourquoi mon billet sur Trollope ne sera-t-il pas en ligne demain? (ou comment rater en beauté son mois anglais)

J'avais tout bien préparé depuis avril, lu des romans en avance, travaillé mon logo, pris des contacts, je m'étais faite remarquer sur le groupe FB. Le mois anglais, ça devait être mon mois, l'instant où mon blog redémarre, avec un billet par semaine et peut-être même 2 par dizaine de jours (un rythme de fou quoi).

Je sais, je sais, j'ai été trop ambitieuse. Déjà enfant, j'étais comme ça, je commandais des plats au restaurant que mon père devait finir par politesse pour le cuisinier (ça a duré jusqu'à mes 20 ans que l'Homme prenne la relève, résultat: à 50 ans, le paternel pesait ses 100 Kg -tout pile le double de sa fille capricieuse-, ce n'était pas si simple pour lui).

Bref, j'avais lu en mai le Fletcher (chouette), le Solomons (vraiment pas chouette) puis le McEwan (bof)  et il me restait tout juin pour lire Dr Thorne et rendre ma chronique le 30 pour la Lecture Commune. Mais c'était sans compter une avalanche d'obligations et d'imprévus qui allaient se mettre en travers de ma route, et me faire lamentablement échouer mon mois anglais.

Perditude quand tu nous tiens.

Je voudrais donc rendre hommage aux fournisseurs officiels de ce billet.

Mes filles d'abord que je remercie du fond du coeur. Car sans elle je n'aurais jamais gouté au burn-out social  (les relations humaines, comme la conduite automobile, me demandent un véritable effort, et là je suis au bord du surmenage).

Grâce à elles,  j'ai eu le droit aux kermesses et à la masse d'anniversaires divers et variés (comme quoi les mois d'août et septembre quand même, sont propices à la reproduction). Des anniversaires de tous les genres, du gros bourgeois qui propose une initiation tennis à des enfants de 8 ans, à des mères désespérées qui organisent chez Quick les 6 ans de leur bambin. A chaque fois il faut :
- penser au cadeau ("il est plutôt pirate ou chevalier Anatole?" "Il est Ninjago maman, voyons"),
- anticiper le trajet ("le GPS met que c'est à 20 mn, pourquoi a-t-on déjà 1 h de retard?" "Ils vont faire le gâteau sans moiiiiiiiii" sanglots sur la banquette arrière, culpabilité, panique)
- s'insérer dans une discussion avec (au choix) les voitures, le prix de l'immobilier, les pédiatres bien côtés, les activités ludiques, les méthodes de lecture (???????)...(parfois on se demande si on est un vrai parent normal quand même)
- attendre anxieuse la fin et le bilan implicite ("C'était un chouette anniversaire, merci " "oui Merci à vous d'être venues, mais dis donc elle a déjà un sacré caractère quand même ta fille"). 
Moment de solitude. Répétition du mantra de base "accepte ton enfant tel qu'il est".

Sans mes filles, il n'y aurait pas eu l'incontournable gala de danse, ni cette regrettable somnolence au milieu du spectacle. Rien, une ou deux minutes (et je vous jure que c'est la première fois que ça m'arrive, je suis archi fan de danse), une somnolence juste au moment du solo de Numérobis. Pour l'instant, elle l'ignore, mais déjà je me tricote le gilet de culpabilité pour deux minutes de somnolence. Et un jour, cela échappera à quelqu'un dans une conversation, et je sais que sa rancune sera éternelle (vous pensez que je suis une teigne, vous ne connaissez pas ma fille).

Je remercie aussi du fond du coeur le gang des mulots surdoués. Si c'est comme les humains, c'est moins de 1 pour 1000. Et chez qui ils sont allés ces génies ? Chez nous! Au troisième sans ascenseur. Des petits mulots qui mangent les appâts sans jamais se faire prendre, remarquablement intelligents, d'une rapidité étonnante, des mulots mignons, mais des mulots quand même. Et moi je n'aime pas les mulots, pas chez moi.

Avoir des mulots c'est rentrer chez soi en hurlant pour qu'ils aillent se cacher, c'est sursauter au moindre bruit, c'est en voir partout tout le temps, c'est avoir peur d'en trouver dans son lit, c'est guetter les plinthes, renoncer à ouvrir certains placards de la cuisine...avoir des mulots, c'est se dire que vraiment, non, on ne sera jamais une warrior (et que jamais on aurait tenté Koh Lanta).

Il y a donc eu l'épisode Rayures qui propose d'en domestiquer un ("Mais si Maman, il dormira avec moi, on sera bien, je suis allergique au chat, s'il te plait s'il te plait s'il te plait, je veux un animal). Vous me pensiez asociale, vous ne connaissez pas Rayures (ma fille, c'est moi en pire).

Une fois de plus, j'ai perdu tout sens de la dignité (je suis en train de faire la fortune des psy des années 2020-2030) j'ai menacé tout le monde de divorce et de suicide ( j'exagère à peine en fait), et l'Homme a passé une semaine à gérer l'affaire (et à se lever la nuit pour m'accompagner aux toilettes....shame on me). Mon Homme à moi est (entre autres choses) un redoutable chasseur, même avec des mulots surdoués.

J'ai intérêt à me mettre fissa à faire de trucs de bonne ménagère si je ne veux pas qu'il déguerpisse en courant  le jour de mes 40 ans (éventuellement, j'envisageais de m'acheter une centrale vapeur pour commencer...sinon je prends tous les conseils bien avisés pour garder un mari quand on est névrosée, capricieuse, phobique, têtue, rancunière, débordée et mal dégourdie....).

Je remercie ensuite chaleureusement Facebook et la blogosphère qui toujours me rappellent ma propension à m'exciter pour rien, à prendre des partis perdus d'avance, à défendre des trucs qui n'en ont pas besoin. Perdre le temps qu'on a pas, c'est un art, et j'ai la chance de le maîtriser.  S'il y a un sujet vérolé, il est pour moi. J'ai donc joyeusement relayé une énième polémique (je rappelle qu'une polémique c'est un sujet sur lequel personne n'est d'accord, ou chacun  se sent (au choix) "pointé du doigt" ou "très au dessus de cela", mais auquel tout le monde participe quand même, quitte à tâcler un peu tout en donnant des leçons à ceux qui ne seraient pas daccord) . Bref. La blogo quoi. Une fois encore, je n'ai pas su me taire. Il n'y a pas à tortiller, je ne serai jamais consensuelle.

C'est ainsi qu'à la question "Qu'est ce qu'un bon blog? " Je répondrai, ça n'existe pas sinon on serait tous journalistes ou écrivains (c'est bon, on se détend, c'est de l'humour, vive les blogueurs!!!!).

Enfin, je remercie du fond de mon coeur, la crève de juin. Oui ce virus que personne n'attrape, sauf au mois de novembre.

"Je ne tombe jamais malade, je ne peux pas être malade, pas maintenant" entre deux sanglots au téléphone avec ma mère-la-fée, qui me répond "Ne bouge pas, je t'apporte du Doliprane".

Serais-je vraiment la patronne de la perditude si je ne passais pas l'équinoxe clouée au lit avec une bonne fièvre? Aurais-je encore une légitimité à tenir mon blog si je n'étais pas aphone le premier jour de l'été? Ne perdrais-je pas un peu de moi si je ne vociférais pas par la fenêtre un 21 juin :"arrêtez votre bruit, y'en a qui sont malades punaise, un peu de respect". Vraiment non. Dans la vie, on ne se déclare pas looseuse, on l'est ou on ne l'est pas.

J'aurais aussi pu vous parler de la division de nombres décimaux, des compléments de noms (heureusement je paie l'étude le soir pour éviter d'aller trop dans le coeur du sujet), j'aurais pu vous parler de la famille qui débarque de Bretagne un dimanche soir à l'improviste dire bonjour (mais en fait c'est pour s'inviter à l'apéro alors qu'on travaille le lendemain), j'aurais pu vous parler des travaux du tram qui passera sous notre immeuble qui peut-être s'écroulera dans quelques mois, j'aurais pu évoquer une audition de violoncelle, la frénésie des bulletins scolaires....Mais ça serait un peu trop excessif.

Tout ça pour dire que j'ai lu seulement 150 pages des 760 du Dr Thorne, j'aime beaucoup, mais il faudra attendre un petit moment pour avoir un billet (et je sais que chacun retient son souffle, car le billet d'une blogueuse de seconde zone sur un auteur anglais connu que des spécialistes de la période victorienne, c'est quand même vendeur de chez vendeur- vous cherchiez le succès? Galéa vous donne la recette).

Jamais sans mon filtre
(devise du mois de juin)
Et vu que je vais enchaîner ensuite sur La Recherche  (j'ai toujours su que je l'attaquerai un jour, je crois que le moment est peut-être venu), ce blog risque de publier de moins en moins de billets littéraires et donc davantage de billets égocentriques, malhonnêtes et malveillants...car quoiqu'il en soit je garde un mauvais fond.

Voilà, j'ai bien raté mon mois anglais, sur mon propre blog d'abord mais aussi chez les autres, que j'ai à peine eu le temps de le suivre.

Mais on est le 29 et j'ai survécu à juin (et à la préparation de la pissaladière pour 25 personnes  pour les 9 ans de Rayures avec 39 de fièvre - je n'ai rien fait, mais je n'étais pas loin de la cuisine).

C'était Galéa la voix cassée, les yeux gonflés et le nez en chou-fleur, en direct de l'avant dernier jour du mois de juin.

Veni, Vidi, Vici
(oui je dégaine du lourd car je suis pour le maintien du latin au collège).

mercredi 24 juin 2015

Sur la plage de Chesil

Ian McEwan Sur la plage de Chesil (2007)
Folio, 2012, 178 p.
(oui c'est bien le fond de tasse d'un mug qu'on
voit imprimer sur la première de couverture. Vous
êtes prévenus: ne me prêtez jamais de livres)
Bon, je m'étais dit que ce serait une valeur sûre, qu'avec McEwan je n'avais aucune chance d'être déçue, en plus on m'avait dit que ce titre-là était sans doute son meilleur (quand je dis "on" c'est quelqu'un qui se reconnaîtra) , il y avait eu le clin d'oeil de ma libraire à la caisse "excellent choix vous allez vous régaler"

C'était sans compter l'immense perditude de mon mois de juin (je vous en reparle bientôt).

Sur la Plage de Chesil c'est l'histoire d'un très jeune couple, tout juste marié, qui s'apprête à vivre sa nuit de noce dans une chambre d'hôtel du bord de mer.

Voilà. J'ai tout dit.

Ah si pardon, ils sont vierges tous les deux. Lui il a faim qu'il n'en peut plus (si vous voyez ce que je veux dire), et Elle est très moyennement portée sur la chose.

Mon Dieu, je n'aime pas les huis-clos, je n'aime pas les histoires de couple, je ne crois pas qu'une nuit de noce (ratée ou réussie) soit un élément fondateur de ce que sera notre vie plus tard. Désolée je n'y crois pas du tout. En plus vraiment, je ne suis pas friande de ce genre de détails techniques. Elle m'a énervée la violoniste qui se croit frigide, il m'a gonflé le jeune puceau qui essaie de ne pas précipiter les choses. Je n'aime pas entrer dans cette intimité là, sauf quand McEwan en fait quelque chose de très émoustillant comme dans Expiation (magnifique scène de la bibliothèque). 

Ici ce n'est pas le cas.

Et surtout, surtout, j'ai attendu jusqu'à la dernière page le twist de McEwan, que j'étais habituée à retrouver, ou finalement la littérature triomphe de tout parce qu'elle a tous les droits. Où le vrai est faux, et le faux n'est que fiction, quand McEwan retourne son lecteur comme une crêpe. Rien du tout. (je n'en avais lu que deux de lui, je pensais qu'il faisait ce coup à chaque fois...et bien non).

C'est juste un livre déprimant sur (j'imagine) le sexe, l'amour, le désir, le destin, les divergences sociales etc....bref au secours.

Je vous le dis, ce mois de juin ne m'est pas hyper propice (j'ai du faire des trucs pas terribles terribles dans une autre vie en juin quand même).

C'était une lecture commune avec Aspho, ma grande prêtresse préférée à qui je souhaite que du bon pour les temps à venir.


Fournisseur officiel de ce billet: ma gentille libraire indépendante, dont je ne partage pas tous les goûts, mais à laquelle  je resterai fidèle quand même.

vendredi 19 juin 2015

La Galerie des maris disparus

Natasha Solomons, La Galerie des maris disparus
Calmann-Lévy, 2014, 348 p.
Et si je vous parlais d'une femme, Juliet, abandonnée par son mari qui disparait (of course...rapport au titre). Si je vous dis que c'est une femme juive, qui évolue dans une communauté où la femme n'existe pas sans son mari (à moins qu'il soit mort...bref il aurait mieux valu qu'elle soit veuve). Et si je vous promet que Juliet va aller au delà de cela et s'émanciper en tant que femme en créant sa propre galerie à Londres?

Tentant non ?

Alors sur le papier, franchement ça fait rêver : on nous promet de l'intrigue (mais pourquoi a-t-il donc disparu dis donc ?) , du destin de femme qui sort du carcan de la communauté, la saveur des années 60 (et d'un certain accès à la liberté), de la description d'une société juive repliée sur elle-même,  tout cela mêlé de peinture, de galerie, de peintres maudits...

On se dit "oh punaise, le bon moment que je vais passer, surtout après le Manoir qui m'avait enchantée".

La je dis: "doucement Galéa, attention".

Car hormis la description de la communauté juive orthodoxe (drôle, tendre, piquante et bien menée), tout le reste est absolument raté.

Le personnage de Juliet déjà, auquel on ne s'attache pas deux minutes (comment apprécier quelqu'un qui collectionne des portraits d'elle-même ? je pose la question). Elle n'est pas drôle, n'a aucune consistance, et manque autant de faille que d'aspérité, elle est assez ennuyeuse, en tant que mère c'est un peu difficile de s'y identifier, en tant que femme elle est bizarre, en tant que fille, éventuellement, on aurait quelque chose à sauver....peut-être...

L'histoire ensuite qui ne tient pas tellement debout. Il y a plus ou moins la quête du mari disparu ...enfin plutôt moins en fait, avec un roadtrip américain globalement sans intérêt, on ne sait pas bien où ça va nous mener (réponse : à une révélation assez molle).

La veine "romance" est assez pathétique aussi, autant Elise dans le Manoir avait quelque chose d'assez sensuel avec le père et le fils, autant là franchement, le Max, (peintre maudit et ermite qui ne s'est jamais remis de la guerre, parce que la guerre c'est dur, des gens meurent) dont Juliette est amoureuse,  ne fait fantasmer personne.

L'histoire de la peinture enfin, qui aurait du fournir une toile de fond convenable (jeu de mots!!!)  ne présente qu'un intérêt assez limité. La description des toiles (dont Juliette est l'éternel sujet) n'est pas à proprement parler très intéressante, ni très ludique. Hormis le suicide d'un peintre figuratif qui est plutôt bien trouvé, tout le reste m'a profondément ennuyée (les peintres, les galeries, les soirées dans un manoir).

Quant à la mention spéciale en fin d'ouvrage, intitulé Note de l'auteur,  sur la grand-mère du mari de Solomons, dont elle se serait inspirée, avec la petite anecdote du couple avant son mariage (je jure sur l'honneur que c'est vrai)  bon franchement, c'est simple, ça fait de la peine.

Voilà, on peut réussir un roman, et même deux,  et en rater complètement un troisième. 

Où alors, la pauvre Natasha a du répondre à une commande de son éditeur, où bien elle avait sa toiture à refaire, où (dernière possibilité) elle s'être prendre son identité par quelqu'un qui la déteste...

Sinon, c'est officiel Natasha Solomons est une romancière inégale qui est capable de faire de la soupe.

C'était une lecture commune avec Hélène (qui a tiré le bon lot avec Jack) et Fleur (qui partage ma déception).

Fournisseur officiel de ce roman : Aifelle, la merveilleuse, qui a toujours une petite attention pour ses amies virtuelles, et qui me gâte plus souvent qu'à mon tour. J'espère qu'elle me pardonnera ce billet un peu sévère.

lundi 15 juin 2015

Orange : photo du mois # 6

Ce mois-ci le thème de la photo du mois, c'est Orange, choisi par Xoliv'. Je dois dire que je m'attache de plus en plus à ce rendez-vous photo, qui a le mérite d'être mensuel (donc tenable), et de me forcer à avoir un autre regard sur les choses pendant quelques semaines. Depuis le 15 mai, j'ai donc un regard "compatiblorange" sur ce qui m'entoure, sachant que je déteste cette couleur, mais que je voulais quand même une jolie photo (enfin selon mes critères bien sûr).

Et c'est toujours pareil, on sait bien qu'on a 4 semaines pour penser au thème, et puis le week-end qui le précède, on n'a toujours rien. Rien de rien.  J'ai bien pensé à Guillaume (surtout après le Fletcher), mais bon je n'avais pas de gravure à portée de main et je ne suis pas certaine que la référence aurait été évidente, le coup de l'orange ou de l'oranger aurait nécessité un peu d'originalité pour ne pas être trop convenu, l'abricot me paraissait mesquin comme solution de repli, le coucher de soleil était interdit, je n'aime pas le feux de signalisation, aucun Zulma de ma bibliothèque n'est dans ces teintes.

J'avais donc décidé de vous parler des tuiles des toits du Sud, de ce orange aérien et mélangé qui sent l'Italie (surtout pour moi pour qui l'ardoise reste l'ultra référence en matière de toiture). J'avais réfléchi à plein de possibilités, avec ou sans clocher, sous un ciel d'orage, grand soleil ou feuilles de palmier.

Et puis voilà, au détour d'une rue,  on tombe là dessus, en temps normal mon tempérament joyeux m'aurait fait dire "il faut oser quand même se lancer dans une façade aussi tranchée". Mais là je cherchais du orange qui soit joli et qui m'évoque quelque chose,  un orange sans ambiguité, qui ne tire pas au ocre, au jaune, au saumon ou au rosé, un orange qui pique.

Un orange qui me rappelle combien l'architecture de la Belle Epoque ne sera jamais égalée dans mon coeur,  un orange qui est venu à moi sans que je n'ai rien besoin de faire finalement.


Allons voir comment mes petits collègues envisagent le orange.

KK-huète En Bretannie, Renepaulhenry, Calamonique, Dame Skarlette, Galéa, Loulou, Estelle, Lavandine, Philisine Cave, Pilisi, princesse Emalia, Luckasetmoi, Fanfan Raccoon, Giselle 43, Frédéric, Chat bleu, Testinaute, Sinuaisons, Dom-Aufildesvues, Thalie, Cocazzz, Krn, Eva INside-EXpat, Josette, Nanouk, La Fille de l'Air, François le Niçois, Iris, Utopique-Lily, Christophe, J'habite à Waterford, Lecturissime, A chaque jour sa photo, Lau* des montagnes, Lavandine83, A'icha, My Little Reflex, Autour de Cia, Guillaume, Sandrine, Blogoth67, MauriceMonAmour, BiGBuGS, Rosa, Loqman, Josiane, Les Filles du Web, Tambour Major, Blue Edel, ratonreal, Morgane Byloos Photography, Isaquarel, Les bonheurs d'Anne & Alex, Arwen, Alexinparis, Koalisa, Julia, Laurent Nicolas, Céline in Paris, Amy, Voyager en photo, Xelou, Pixeline, Akaieric, Champagne, Homeos-tasie, Laulinea, Canaghanette, DelphineF, El Padawan, Milla la galerie, Cara, Xoliv', Alban, Gilsoub, MyLittleRoad, magda627, Woocares, Noz & 'Lo, Philae, Dr. CaSo, Aude, MissCarole, Tuxana, Rythme Indigo, Mamysoren, Lyonelk, Nicky.

samedi 13 juin 2015

Pourquoi la série Dowton Abbey devrait-elle être remboursée par la Sécu.

Comment faire un mois anglais sans parler de Downton Abbey ?

Le château au fond , la famille Crowley à droite, les domestiques à gauche.
C'est tout bonnement impossible, c'est pourquoi aujourd'hui, je dégaine l'article de fond (Bernard de La Villardière n'a qu'à bien se tenir) et je pose LA question qui brûle à Marie-Sol Touraine notre ministre de la santé: Pourquoi la série Downton Abbey n'est-elle pas prise en charge par la Sécurité Sociale?

Car oui Downton Abbey devrait être reconnu d'utilité publique, et en voici les 5 raisons essentielles (en direct de mon canapé devant mon lecteur de DVD, Galéa reporter de l'extrême: pour vous servir)

Raison 1: l'indéniable effet anti-dépresseur

Qu'y a-t-il de plus efficace que Dowton Abbey quand on a eu une semaine pourrie, une déception sentimentale, une dispute sans retour avec une amie chère, quand on a eu la lâcheté de dire oui à la vendeuse de Sephora,  quand on a eu la faiblesse de visionner un reportage de chez M6 sur la drogue, la prostitution et tous ces restaurants qui arnaquent le client?

Je pose la question : qu'y a-t-il de plus efficace qu'un épisode de Dowton Abbey?  Hormis une énorme cuite, 2 Lexomyl ou 400g de chocolats industriels, la réponse est : RIEN.

Les Anglais tapent direct dans le costume, le château, le domaine. Nous, en France, le seul château célèbre qui ait fait l'objet d'un suivi attentif du public c'est celui de Dammarie les Lys pour les Star Ac' (dont le même registre de langue n'est pas exactement le même que celui de Dowton Abbey).

Lady Grantham, Lord Grantham,
Lady Edith, Lady Sybil et Lady Mary
Soyons clairs, dans tous ces cas de figure de perditude, déprime, grosse gaffe, faillite, rupture, Downton Abbey est LA solution. Une étude scientifique sérieuse (réalisée par le CFR l'an dernier) a montré que de se plonger dans l'Angleterre des années 1920 et de suivre la chiquissime famille Crowley, avec à sa tête l'emblématique comte de Grantham entouré de sa mère, sa femme et ses trois filles, diminuait le taux de dépression, permettait de mieux dormir et améliorait la qualité des relations sociales et professionnelles.

Cette même étude atteste que c'est particulièrement efficace le dimanche soir, surtout quand il pleut. On a d'ailleurs remarqué que certaines passages concernant  la vie et les amours des domestiques rendaient le sourire aux plus sombres d'entre nous (le désormais célèbre dialogue entre la gouvernante et le majordome à la fin de la saison 5 a sauvé récemment deux personnes du suicide).

Et surtout qu'y-a-t-il plus rassurant que de constater que dans la vie personne n'est noir ou blanc?

Raison n°2: l'effet d'identification à l'aristocratie (excellent pour soigner les blessures d'égo, selon le Pr. Dranem, ancien interne des hôpitaux de Marseille)

Mrs Patmor
Et pour cela les filles Crowley restent quand même des valeurs sûres. A part Lady Sybil (bouhhhhhhhhh la plus belle, la plus franche, la plus altruiste de toutes.... ), aucun personnage n'a le coeur vraiment pur, et du coup ça laisse à la téléspectatrice un boulevard de possibilités pour savoir à laquelle s'attachera-t-elle.

Mr Carson, Mrs Hugues, Miss O'Brien
 De Lady Mary (vénale mais sensible) à Lady Edith (envieuse mais avant-gardiste) en passant par Cora (l'Américaine devenue comtesse et dont la beauté se fane avec bienveillance), on a un peu toutes les figures possibles et inimaginable sur toutes les classes sociales. Si l'on préfère moins de chichi, de rubans et de protocole, il y a aussi la bouillonnante et généreuse cuisinière Mrs Patmor, ou bien la loyale et rigide gouvernante Mrs Hugues. Et si vraiment on veut de l'amour et du drame, il y aura toujours Anna, une femme de chambre indéfectiblement amoureuse de son valet de mari et intrinsèquement attachée aux ladies de la maison. Mais quand on veut de la nuance de gris, il y aura encore la comploteuse au grand coeur (si si) Miss O'Brien. Et pour celles qui auraient un petit complexe intellectuel (genre celles qui se sont toujours vues comme la nouille de la famille) pas de panique, il y a Daisy, l'aide cuisinière,  qu'on croit un peu simplette alors que non, pas tant que ça (mais il faut attendre la saison 5)...

Evidemment pour n'importe qui d'à peu près mon âge, l'idole entre toutes est  l'incomparable Lady Violet, de très loin la figure la plus moderne, la plus digne, la plus lucide et la plus drôle de la série. 

Matthiew Crowley
Mais dans Dowton, il y a de l'Homme, du vrai. Bien sûr, il y a le comte de Grantham qui nous offrira un personnage paternaliste, bienveillant, réactionnaire mais rassurant, j'ai envie de dire de la valeur sûre dans le style.  Mais bien sûr, il faut un beau gosse, le héros gagné au mérite, j'ai nommé Matthew (qui perso me laisse froide par tant de perfection et à cause d'une couleur de cheveux totalement improbable qui semble être subventionnée par Gifrer).  Mais, il reste le futur lord Grantham (enfin je me comprends parce que bon...paie ta fin de saison 4..oh my god), amoureux de Lady Mary, héros de guerre, qui cumule à peu près toutes les qualités du gendre idéal (donc globalement ce qui me fait fuir).

Mr & Mrs Bates
Avec Mr Bates, la valet de pied sombre mais droit, on aura enfin l'exemple du type estropié, au physique moyennement avenant,  mais qui fait tomber les coeurs (il n'y a que les Anglais qui peuvent se permettre ça quand même, depuis Charles et Diana), et dont on suppose qu'il aurait des ressources moyennement légales, si vraiment on le cherchait trop (mes origines populaires me le font apprécier avec une grande tendresse). Avec le valet Thomas par contre, on découvrira comment quelqu'un qui a souffert plus que de raison peut devenir fondamentalement tordu (et ça nous permettra de se souvenir qu'il y a 100 ans, dans des pays dits civilisés, l'homosexualité était non seulement un crime mais une pathologie qu'il fallait soigner, et peu d'entr'eux sortait indemne  de ce joug social). Avec Mr Carson, nous retrouverons The majordome emblématique , l'âme du château, le gardien de la demeure et du protocole.

Lady Sybil et Tom son mari (quand il était encore mince)
(Tom, si tu reviens j'annule tout
Oh ça va je rigole....)

Je ne peux pas ne pas parler de Tom et ses yeux bleus (avant sa légère prise de poids de la saison 4, marque ultime de son embrigadement dans la classe dominante). Tom, Irlandais, socialiste, chauffeur de la famille Grantham qui épouse Lady Sybil, et qui est le seul vrai personnage qui évolue de manière remarquable sur 5 saisons et qui dit à tous les spectateurs :
"I don't believe in types, I believe in people" 
(je ne vous ferai pas l'offense d'une traduction, à partir du moment où je comprends, je considère que le sens est à la portée de tous).

S'il se surveillait un petit peu plus et perdait cet embonpoint gênant pour une type qui travaille sur la lutte des classes, je dirai qu'il est de loin mon absolu chouchou, le personnage entre deux mondes, entre deux époques, en deux pays, et son comportement est une leçon de loyauté pour nous tous (je suis extrêmement sérieuse).

Raison 3: le souci du détail et le sens de l'auto-dérision (un aspect qui aidera grandement les fouineurs psychorigides et tous ceux qui manquent de recul sur eux-mêmes )

Car dans Downton, tous les personnages, les décors, les répliques sont remarquablement travaillés, les dialogues sont d'une grande intelligence. Rien est laissé au hasard, en série Tv comme en Marine et navigation, les Anglais travaillent tous les paramètres et ne laissent rien au hasard (pas souci de loyauté patriotique, je ne me prononcerai pas sur la comparaison avec nos séries françaises).

Mrs Levinson et Lady Violet
dans l'une de leur nombreuses joutes verbales
Mais surtout, dans Dowton, les Anglais se regardent droit dans les yeux, et se servent d'une certaine Mrs Levinson, américaine et mère de Lady Grantham, pour se moquer d'eux-mêmes. A chaque saison les dialogues entre les deux belle-mères que sont lady Violet et Mrs Levinson sont absolument délicieux, parce qu'ils parlent de la tradition, de la modernité, d'un monde qui change et qui société qui mute....et on sent bien que les Anglais sont critiques sur eux-mêmes (peu de nations peuvent en dire autant). L'auto-dérision étant pour moi la marque ultime du savoir-vivre , je plébiscite totalement les saillies de Mrs Levinson.

Raison 4: le règne de l'élégance (extrêmement important pour ceux qui sature du bling-bling, des motifs léopards, des gens qui parlent fort dans la rue, des sonneries de portable agressives). 

On a trop souvent tendance à l'oublier, l'élégance, ça fait tout passer : la boucherie de la première guerre mondiale, une femme qui meurt en couche, des mois d'emprisonnement, une femme abandonnée au pied de l'hôtel, un viol, un accident de voiture, une fausse couche, une bonne qui fait le trottoir, des russes qui meurent de faim, une société fondamentalement antisémites, un meurtre, une mort inavouable, des traitrises, des problèmes d'argent, des adultères.

L'élégance c'est ce qui maintient le monde supportable quand la situation ne l'est pas. C'est de mon point de vue ce que les britanniques auront toujours comme avantage sur nous. Dans Downton même pour se dire des choses affreuses, les femmes sont corsetés, le cheveux propres et coiffés, et avec un vocabulaire convenable. Et ça , c'est totalement rebelle à l'époque de la téléréalité, des politiciens qui jurent, des personnages publiques qui jouent à qui sera le plus déglingos.

Raison 5: Downton Abbey est moderne. 

Downton Abbey, c'est la série de la modernité (et c'est ça qui est fort quand même pour un film en costume) car c'est l'histoire d'une société qui change parce que le monde change. Dans Downton Abbey on rentre dans la période qui précède la plus grande crise économique du XXè siècle, le crash de 29, cet événement historique et sans précédent qui a secoué toutes la planète, qui a redistribué l'ordre social du monde, qui a donné le pire et le meilleur...Downton, c'est un regard sur un monde qui change fondamentalement, dont chacun essaie de sauver ce qu'il pense être acquis, quand les plus conservateurs comprennent qu'il faut sortir d'un certain entre-soi pour rester dans la course.... 

Il est possible qu'on ait beaucoup à réfléchir là-dessus, car sans doute vivons-nous aussi une période de grande mutation aussi. 

Alors chère Marie-Sol, soyez un ministre responsable, et rendez Downton Abbey accessible à tous.


De mon point de vue, la prescription de base consisterait en cures régulières (de 2 épisodes par soir pendant 15 jours) avec un traitement de fond (le visionnage d'une saison par an plus un suivi sur IG me paraît suffisant).

Luttons contre la dépression, la vulgarité et la sinistrose ambiante.
Militons pour la généralisation de Downton Abbey (au delà de TMC).

C'est ma troisième participation au mois anglais (certes totalement foutraque mais j'ai de bonnes raisons de partir dans tous les sens) et c'est un billet commun avec my dear Tiphanie et Natiora.



mercredi 10 juin 2015

Un bûcher sous la neige

Susan Fletcher, Un bûcher sous la neige (2010)
J'ai lu, 2013, 475 p.
Un Bûcher sous la neige c'est l'histoire d'un clerc qui rend visite à une sorcière en prison, et combat sa répulsion en espérant tirer d'elle des informations pour chasser du trône d'Angleterre Guillaume d'Orange, le Hollandais protestant qui a renversé Jacques II.

Du coup, la sorcière dont le bûcher attend le dégel pour la brûler, lui raconte toute sa vie, et termine par la période pendant laquelle elle vivait dans les Highlands.

Pour moi les Highlands c'était l'endroit où les Crowley partaient chasser. Mais ici les Highlands c'est tout à faire autre chose (what a surprise ?!).

Je l'ai aimé sans m'en rendre compte ce roman, alors que j'étais épuisée, toujours à droite ou à gauche, entre deux courses, en train de râler, de me plaindre de tout ce que je n'ai pas le temps de faire...bref, là il en fallait pour me tenir attentive.

Peut-être est-ce à cause de Corrag, la jeune sorcière emprisonnée qui raconte sa vie, parce qu'elle ressemblerait presque à une elfe ou à une fée, dans la description que Mr. Leslie (l'homme d'église) en fait à sa femme dans ses lettres. Je me suis retrouvée dans le début du film Molière d'Ariane Mnouchkine, avec les cris des sorcières sur les bûchers. Parce que la sorcière qu'on brûle c'est so XVIIe siècle, c'est l'époque, des poisons, des intrigues, et des morts suspectes. C'est l'époque où on saigne les gens plutôt que de recourir aux plantes. 

Et franchement Fletcher a drôlement bien travaillé son sujet mine de rien, elle montre bien qu'être sorcière ne tient finalement pas à grand chose: une allure, une maladresse, l'amour des plantes. La sorcière c'est l'autre, la marginale, celle qui ne se plie pas aux codes. Parce que le XVIIe siècle, c'est mon domaine, la période que je connais le mieux, et franchement je me suis complètement régalée, la rudesse quotidienne, l'absence d'hygiène, la manière de vivre, tout est terriblement crédible.

Ensuite, comme toujours chez Fletcher, la nature est sauvage, grandiose et évidente. Comme toujours il y a la contemplation, la rugosité. Moi qui n'ai jamais vécu que dans des villes bruyantes, il y a quelques choses de l'ordre du fantasme dans la manière dont elle parle des arbres, des collines, des rivières et des forets. Il n'y a pas à tortiller, Fletcher sait créer une atmosphère, un lieu, moi, je m'y suis vue à Glencoe avec ses hameaux disséminés d'Est en Ouest, j'ai regardé les montages et entendu la mer. Et pourtant, franchement je ne suis pas une contemplative, il m'en faut pour me tenir en haleine sur 500 pages, avec une forêt traversée à dos de jument.

Et puis bien sûr toute la partie politique (par le bas) m'a passionnée, parce qu'il est question du mythe de Guillaume d'Orange (que je verrai toujours comme l'ennemi le plus prégnant de Louis XIV), du serment des clans écossais au roi d'Angleterre, des dégâts collatéraux des décisions, des parties du royaume qui reste récalcitrantes. On n'est pas dans les antichambres des palais royaux mais bien dans les endroits reculés d'une nation qui se divise. 


Bref, sans être un authentique coup de coeur (probablement par trop d'âpreté à certains endroits...et encore je n'en suis pas certaine car j'aime ce qui gratte), j'ai une vraie tendresse pour ce roman (que je garde au chaud pour ma grande fille qui l'adorera l'âge venu).


 Hormis le fait que son écriture me parle et me convienne, il y a la question des religions (catholicisme avec Mr Leslie, protestantisme avec tous les Anglais, et paganisme avec Corrag la sorcière), et avec Fletcher il reste toujours, au bout du compte, quelque chose qui ressemble à la phrase convenue, "en son âme et conscience", et il est vraiment question de cela finalement dans Le Bûcher sous la neige, de ces petites choses qui restent malgré tout dans un coin du coeur et de la tête et qui donnent encore foi dans le genre humain. 

Ce billet devait s'intégrer dans la journée "roman historique" du mois anglais, mais je me suis, avec mes collègues, complètement ratée, c'est donc ma seconde et poussive participation.

 Fournisseur officiel de ce roman : Liliba, ma première swappeuse, (une blogueuse que je regrette pour sa bonne humeur, son esprit potache et sa bienveillance). 

lundi 8 juin 2015

Prix ELLE des lycéennes (by Val)

L’idée de participer  à ce prix avec des élèves a germé quand j’ai rencontré cinq jeunes filles enthousiastes dans la file d’attente de dédicace de Maylis de Kerangal au Salon du livre de Paris en 2014. Comme j’étais alors moi-même membre du jury adulte, une conversation passionnante a eu lieu entre ces jeunes filles et moi, enfin passionnante pour nous. J’ai donc fait ma demande en fin d’année scolaire et attendu septembre pour apprendre que nous étions prises dans l’aventure.

Deux élèves avaient déjà donné leur accord en juin, trois ont été partantes en septembre. Deux d’entre elles le faisaient pour visiter le magazine Elle, elles veulent être journalistes de mode. Ce seront deux des plus motivées, elles me rendront toujours des commentaires étoffées en temps et en heure. Comme quoi, la passion de la mode peut avoir des conséquences étonnantes.

Pendant l’année scolaire, mes élèves ont lu les huit romans sélectionnés par le jury adulte du prix Elle chaque mois. La première sélection était composée des Douze tribus d’Hattie, de L’exception et de Flora. Elles ont aimé L’exception et Flora restera jusqu’au bout le préféré de J. (et le mien).  Dans le deuxième arrivage, elles ont toutes trouvé leur bonheur avec Prières pour celles qui furent volées, dont elles souhaiteront la victoire jusqu’au bout. Constellation ne les a pas emballées mais elles l’ont préféré à L’homme de la Montagne qui les a toutes déçues. Dans le dernier colis, elles n’ont pas aimé Les grands mais ont beaucoup apprécié Une constellation de phénomènes vitaux.

Le jour J, elles étaient excitées comme des puces, moi aussi mais c’était plus intérieur. J’étais seule avec elles et il fallait que je me concentre sur le chemin à prendre à l’arrivée à la gare Saint Lazare, puisque comme le savent mes proches, le sens de l’orientation n’est pas ma première qualité. Plan vigie pirate oblige, le lycée nous avait demandé de  prendre le bus et non le métro, ce qui allongeait notre temps de transport.

Sur le carton, il était précisé que la remise des prix aurait lieu à midi pile. Nous sommes arrivés cinq minutes avant, juste derrière un mannequin blond. On a vérifié nos cartes d’identité et nous nous sommes installées au premier rang pour moi et au second pour mes élèves, ce qui fait que sur la photo de groupe, elles sont juste derrière la lauréate. A 12h30, la cérémonie a commencé avec un discours d’Olivia de Lamberterie présentant l’équipe de journalistes littéraires de Elle (ce que j’ai apprécié), remerciant les jeunes de leur investissement et expliquant que ce prix prenait de plus en plus d’ampleur. La gagnante, Jennifer Clément pour Prières à celles qui furent volées fut annoncée, ce qui ravit bien sûr mes élèves et moi aussi dans la mesure où pour une fois, mon flair n’avait pas failli. Elle a précisé aux élèves de ne pas hésiter à aller à la rencontre des auteurs présents ainsi que des journalistes pour répondre à leurs questions.


Vînt le moment tant attendu (par moi, visiblement moins par mes élèves) du buffet, tout à fait digne de la réputation du magazine. Du chaud, du froid, et seulement du délicieux. Les filles se sont fait dédicacer leur exemplaire de Constellation par un Adrien Bosc très souriant, puis celui de Prières à celles qui furent volées par Jennifer Clément et nous avons fait une photo avec elles. Je lui ai parlé un peu (elle ne parle pas français). Entre les deux dédicaces, j’ai retrouvé J. en pleine conversation avec Olivia de Lamberterie qui était venue lui poser quelques questions sur la façon dont elle avait vécu ce prix. Je les ai laissées vivre leur vie pendant que je discutais avec la très charmante Clotilde qui s’était occupée de nous toute l’année. J’insiste sur sa gentillesse parce que nous en avons bénéficié et aussi parce qu’ayant été deux fois membre du jury adulte, je peux faire la différence entre une relation cordiale et une relation chaleureuse. J’ai aussi eu le plaisir de discuter avec Lisette de la Maison des écrivains qui fut mon tout premier contact dans cette aventure et qui fut tout de suite chaleureuse elle aussi, bien que je ne sois ni documentaliste, ni prof de lettres.

On nous a ensuite fait faire le tour de la rédaction Elle. J’ai vraiment apprécié ce moment, même s’il m’a fait rater le gros du buffet sucré, c’est dire si c’était bien. Voir les piles de livres sur les bureaux, je peux vous dire que ça donne envie. Alix Girod de l’Ain travaillait à son bureau et a dit deux mots aux élèves qui ne la connaissaient pas. La stagiaire qui nous accompagnait travaillait plus précisément sur les 70 ans du magazine qui aura lieu en novembre (question de mon élève M. à la stagiaire : « Mais c’est comme Carrefour, vous fêtez vos soixante-dix ans plusieurs années de suite ? »).

Comme tout a une fin, nous avons quitté la rédaction alors qu’il ne restait plus qu’un autre groupe mais d’abord, les filles ont tenu à aller discuter avec Olivia de Lamberterie qui leur a accordé toute son attention. Je me suis jointe à la discussion sur la fin. Les filles ont récupéré leur cadeau (emballé dans un grand sac, on avait l’impression qu’elles sortaient d’une journée shopping dans le bus).
Et je ne vais pas manquer de postuler à nouveau pour revivre ce beau moment.

A l’auteure qui me lira peut-être et qui s’étonnera que j’ai réussi à mener seule un groupe d’un point A normand à un point B parisien, sache que 1) j’ai été aidée par une dame très gentille et un chauffeur de bus qui l’était tout autant 2) le seul moment où je me suis perdue et ça ne t’étonnera pas, c’est quand j’ai voulu aller aux toilettes et que je me suis retrouvée dans une salle de projection (heureusement vide).

jeudi 4 juin 2015

Agatha Christie de A à Z

Anne Martinetti, Guillaume Lebeau
Agatha Christie de A à Z
Editions Télémaque, 2014, 499 p.
Agatha Christie a sauvé mon adolescence ombrageuse de l'ennui, puisque durant un interminable été entre deux classes  de collège, j'inaugurais (sans le savoir) "la fameuse panne de lecture", tout à fait raccord avec l'ado désespérante que j'étais devenue, qui ne s'intéressait à rien ni personne (si ce n'est aux sacs-à-dos Chevignon et aux baskets Nike Pump Air qui déjà attestaient d'une vie réussie ou pas).


C'est ainsi qu'au détour d'un supermarché (ouh que c'est vilain !! ) puis d'une fouille approfondie de la bibliothèque parentale, Dame Agatha sauva de justesse ce qu'il me restait de curiosité et d'entrain. Les quelques mois suivants, je n'ai lu qu'elle (que je mixais avec un peu de  McOrlan - pour des raisons obscures) devant mes parents qui n'en finissaient pas de me trouver bizarre et excessive.

Bref, c'est donc tout naturellement que ma binômette-poissonnette, la délicieuse et attentive Marjorie, m'a offert, pour mes 28 ans mon dernier anniversaire, l'encyclopédie Agatha de A à Z, d'Anne Martinetti et Guillaume Lebeau.  Avec Rayures, nous avons donc procédé à l'examen minutieux et critique de cet ouvrage qui nous promet "Tout l'univers de la reine du crime".

En gros, on y trouve à peu près tous les personnages et titres de notre romancière. Et c'est avec beaucoup de plaisir qu'on lit les notices de Poirot, Miss Marple, Mme Oliver, qui sont tout à fait passionnantes. Tout comme celle de Hastings (p.219) qui rappelle le personnage qu'Agatha en avait fait : un bel homme, plein d'éducation, sans doute un brin trop léger quoique séduisant. C'est aussi réjouissant de retrouver des figurants récurrents qui évoluent d'un roman à l'autre en arrière-plan (j'ai toujours une passion pour les figures secondaires), c'est le cas d'Albert Batt dont j'ai vraiment aimé la notice (p.57)

Concernant les romans, c'est vraiment un plaisir de se souvenir en quelle année ils ont été publiés, mais surtout de se remémorer qu'à l'époque c'était dans des périodiques que les chapitres étaient d'abord diffusés (ce que je trouve génial, et qui me rappelle, une fois encore, que je suis née au mauvais moment).  Un peu déçue néanmoins de ne pas y trouver La mystérieuse affaire de Styles, qui est quand même l'acte I d'Hercule Poirot qui fait écho au dernier opus du détective avec Poirot quitte la scène qui n'apparaît pas non plus.

En revanche, on a tous son Agatha Christie peu connu qu'on préfère aux autres, le mien c'est Mr Brown dont je garde un souvenir assez flou hormis une histoire de rideau que j'avais trouvé géniale et qui m'avait donné a posteriori la chair de poule pendant 2 jours (j'étais jeune et en mal d'émotions fortes). J'ai relu le résumé avec plaisir, retrouvé le couple Beresford avec bonheur, et redécouvert l'identité de Mr Brown avec gourmandise. 

Par contre, ce qui me gêne beaucoup dans cette encyclopédie, c'est la trop grande place laissée aux objets dérivés, inspirés ou copiés d'Agatha Christie. Pour moi tout ce qui est postérieur à son oeuvre n'appartient pas à son univers et ne m'intéresse pas vraiment. Les jeux vidéos (!!!!!!), séries télévisées, adaptations diverses et variées (qui parfois n'ont quand même plus rien à voir avance l'ambiance initiale) sont de mon point de vue beaucoup trop nombreux et récurrents dans ce livre.

D'autant que c'est au détriment d'entrées thématiques qui auraient toute leur place ou d'autres que j'aurais aimé plus développées. Ainsi, j'ai beaucoup apprécié l'article sur l'antisémitisme présumé d'Agatha Christie, tout comme celle des pianos. Je regrette néanmoins, l'absence de notices sur le "train" qui est très présent dans son oeuvre, et si l'avion apparaît, je déplore aussi qu'il ne soit pas davantage mis en perspective avec ses romans (combien de morts mystérieuses ou prétendue en avion a-t-elle mises en scène ?). 


Attention néanmoins c'est une encyclopédie qui déflore beaucoup (ne pas lire par exemple la notice de Brown, Mr, avant d'avoir lu le roman, au risque de ne plus avoir de suspens en le lisant). 


Le gros supplément d'âme reste le complément iconographique avec photo de notre Lady des polars de l'enfance à l'âge adulte ainsi que des images représentant l'hôtel des Dix petits nègres ou la maison qui servit de décor pour celle de Styles. Les livres d'Agatha auront toujours pour moi cette saveur, cette atmosphère, ces personnages qu'aucun film ni série ne pourra jamais reproduire comme dans mon imagination.

C'était la participation de Galéa à la journée polar du famous english month ;-) avec Marjo comme fournisseuse officielle ;-)

lundi 1 juin 2015

Les blogueurs parlent aux blogueurs # 2 : Titine de Plaisirs à cultiver

Je ne pouvais commencer ce mois anglais sans un clin d'oeil de fayote à l'une des patronnes de ce mois un peu fou de la blogo, qui est un peu plus qu'un rendez-vous ou qu'un challenge. Le mois anglais, c'est l'anti-nouveauté, l'anti-fashion, l'anti-bling-bling. Nous écumons tous les titres anglais de nos étagères, pour les bonnes raisons: les partager ensemble. Il y a dans ces 30 jours une brume intemporelle, élégante et rassurante, qui revient pour moi à l'esprit originel du blog (en tous les cas celui pour lequel j'ai ouvert le mien)

Titine est celle des trois organisatrices que je connais le mieux, et c'est aussi avec elle que je bois de la Despé en regardant La Grande Librairie, que je fantasme sur Benjamin Biolay, ou que je disserte sur Modiano... Alors, évidemment, ça me paraissait évident qu'elle soit la blogueuse du mois de juin. Mais vu qu'elle est plutôt discrète, je craignais qu'elle refuse ce petit questionnaire, surtout après Jérôme, qui il faut bien le reconnaître, avait mis la barre assez haute. C'était mal la connaître, Titine s'est pliée au jeu et pas qu'un peu. Je la remercie très sincèrement.

1. Trois mots de présentation

Nouvellement quarantenaire, je suis célibataire sans enfants. Je suis gestionnaire de concours au ministère des affaires sociales depuis septembre après avoir passé 13 ans dans l’administration de l’enseignement supérieur. J’habite Paris où je suis venue pour mes études il y a 17 ans....tout ça ne me rajeunit pas !! Mon vrai prénom est Martine, comme beaucoup le savent déjà, ce qui montre ma grande originalité quant au choix de mon pseudo. Bon il faut dire à ma décharge que je n’imaginais pas tenir un blog aussi longtemps et qu’il soit lu !

2- Présentation du blog: quelle est la petite étincelle qui a mené à l’ouverture de ton blog? Et d’ailleurs Plaisir à Cultiver a quel âge ? 

Je ne risque pas de te parler de la volonté de partage puisque je n’ai jamais eu envie d’ouvrir un blog, on l’a eu pour moi ! C’est mon ami de l’époque, grand et fin lecteur, qui a voulu ouvrir ce blog et c’est d’ailleurs lui qui a trouvé le nom. Je me suis occupée de la partie décoration d’intérieur ! Je ne connaissais que peu de blogs (Lily et ses livres, les chroniques d’Isil qui malheureusement n’existe plus puis celui de Lou) et je ne me sentais pas capable d’écrire des billets sur les livres. Je me suis lancée quand même et les premiers billets furent mis en ligne le 8 novembre 2007. Le mien portait sur « Suite française » et je n’ose pas le relire tellement il doit être minable ! Je ne me souviens plus à quel moment je me suis retrouvée toute seule sur le blog mais j’ai pris goût au fait de parler de mes lectures, de cinéma et d’expos. Et j’ai surtout aimé les interactions avec les autres blogs grâce aux lectures communes, aux challenges, aux commentaires.

3- Quelles sont tes pratiques de blog ? Le temps passé chaque jour ou chaque semaine dessus ? T’astreins-tu à des publications régulières ou c’est quand tu peux? Combien de blogs suis-tu, à partir de quel agrégateur, ou bien est-ce facebook, qui oriente tes visites au hasard des clics. Es tu d’accord pour donner ton nombre de visites ou c’est black-out sur les stats ? 

Je ne saurais pas te dire combien de temps je passe sur mon blog, je n’ai jamais vraiment fait attention ou tenter de comptabiliser. Je crois que c’est très variable selon les semaines. Je laisse parfois traîner la rédaction de mes billets et de mes commentaires ou je peux écrire 4 billets pendant le week end. Ça dépend du temps que j’ai à ma disposition. Je ne m’oblige à rien en terme de rythme de publication mais en étant célibataire (je sais que cela fait deux fois que je le dis, mais ceci n’est pas une petite annonce déguisée !!), j’ai quand même la possibilité d’écrire des billets régulièrement. Après, ce n’est pas parce que l’on publie beaucoup que l’on est plus lu. Je tourne à 3000 vues par mois ce qui n’est pas énorme mais j’en suis déjà contente ! Je suis environ 100 blogs sur netvibes et c’est vrai que facebook aide aussi à suivre toute cette bouillonnante activité bloguesque !

4- Et la lectrice Titine? Elle achète ses livres où ? en librairie (je sais que tu en connais une de près), sur Amazon, en grandes surfaces ? Elle emprunte un peu, beaucoup, à la folie ? Elle offre ? 
Oui, j’ai une amie qui est libraire mais malheureusement ce n’est pas chez elle que j’achète car sa librairie est assez loin de chez moi, je n’y vais donc qu’occasionnellement. Je fréquente donc des librairies plus proches de chez moi et également les fnac et Gibert Joseph. Je ne vais sur Amazon que pour les livres d’occasion (sinon la libraire sus mentionnée me fouetterait en place publique). J’ai également une liseuse car j’habite dans un petit appartement et il y a déjà des livres partout. J’ai la chance également d’avoir un excellent réseau de bibliothèques à Paris et j’y emprunte régulièrement des ouvrages. Le problème c’est que je connais maintenant un certain nombre de blogueuses et qu’immanquablement nous nous offrons des livres ! 

5-Pour beaucoup Titine fait partie du gang des Austen girls, est-ce que dans la vraie vie, avec ta clique, vous vous faites des soirées P& P où vous parlez anglais en buvant du thé et grignotez des macarons ? (n’essaie pas de faire croire sur ce blog - qui se veut honnête- que tu ne bois jamais d’alcool, personne ne te croira). En tant que parisienne, comment se passent les rencontres IRL entre blogueuses, et acceptez-vous des extérieures ? 

Je suis effectivement une Austen girl mais le groupe de blogueuses que je fréquente depuis des années est parti d’une passion commune pour l’époque victorienne. Nous avons en effet dans le groupe une brebis galeuse qui n’aime pas Jane Austen mais comme tu le vois nous sommes hyper tolérantes ! Nous acceptons bien entendu des personnes extérieures mais il faut quand même s’intéresser un minimum à la littérature. Au départ, nous choisissions un auteur par mois et nous en parlions la fois suivante. Il faut bien avouer qu’au fil des années, nous sommes beaucoup moins sérieuses dans notre programmation ! En dehors de ce groupe de victoriennes qui sont devenues des amies, je vois d’autres blogueuses aux goûts proches des miens. Et il faut bien le dire, nous buvons plus de cocktails, de bières dans les pubs que de thé ! Mais j’apprécie autant le thé que la bière, les deux boissons emblématiques de l’Angleterre !

6- On arrive donc naturellement à LA question d’actualité : The english month. Avec Lou et Cryssilda, depuis 4 ans, vous menez d’une main de maître (nan je ne suis pas fayote?!!!) l’un des rendez-vous les plus suivis de la blogo, une énorme machine qui dure un mois pendant lequel une quarantaine de blogueurs pensent, lisent, discutent et mangent anglais. On se demande tous comment est née cette idée ? Et surtout, comment faites-vous toutes les trois, pour gérer ce mois aussi virtuel qu’euphorique avec la kyrielle de billets, de concours, de rigolades qui vont fuser pendant 30 jours ?

Lou et Cryssilda font partie du groupe de victoriennes dont je parlais précédemment et nous avons une grande capacité à nous emballer dans nos discussions d’où la naissance de challenge, swap et autres semaines ou mois thématiques. L’Ecosse et l’Irlande avaient déjà été mises à l’honneur et c’est tout naturellement que nous avons pensé à un mois anglais. Nous n’avions pas imaginé que le rendez-vous serait aussi suivi et nous n’avions pas l’intention au départ de le refaire tous les ans. C’était sans compter sur l’enthousiasme de nos participants qui ont réclamé à corps et à cris le retour du mois anglais ! La première année le mois anglais avait lieu en décembre pour passer en juin les années suivantes afin que nous ayons plus de temps pour lire et récolter les nombreux liens. Je dois bien avouer que l’année dernière, je n’ai pas réussi à lire tous les billets. C’est mon grand regret, je n’ai malheureusement pas le temps de lire le nombre toujours grandissant de billets. Je m’en excuse d’ailleurs auprès des futurs participants (sauf Belette qui cherche depuis plusieurs années à avoir ma peau !). Mais ce qui me fait vraiment plaisir, c’est de voir à quel point chacun a l’air de s’amuser durant ce mois anglais et la bonne humeur qui règne sur notre groupe facebook. Et c’est toujours pour moi un beau moment de partage et de découvertes.

7- Naturellement, tu n’échapperas pas à la question qui gratte (parce que je suis une sale gosse) : Titine et le monde l’édition ? On en parle ou on préfère ne pas s’étaler ? Les éditeurs se positionnent en général sur le mois anglais pour faire gagner des livres aux participants. Alors pendant les 11 autres mois, comment gères-tu tes partenariats ? N’y a-t-il pas le risque de lire un peu sous la contrainte (d’autant que tu enchaînes avec ton mois américain en septembre), et qu’en est-il des choix des lectures quand le livre arrive directement dans sa boîte aux lettres ? Quand on connaît un auteur (et je sais que c’est ton cas) est ce qu’on modère ses bémols ?


Alors, je tiens à préciser tout de suite que les éditeurs ne se positionnent pas sur le mois anglais. Lorsque j’ai fait gagner des livres, c’est toujours parce que j’avais repéré la sortie d’un roman anglais chez l’une des maisons d’édition avec qui j’ai un partenariat et je demande alors gentiment si je peux organiser un concours. Je ne dis pas ça par modestie mais mon blog n’est absolument pas influent et il n’intéresse pas tellement les maisons d’édition. Je suis loin d’être parmi les blogs les plus suivis. Les partenariats sont apparus au fil des ans mais restent limités à quelques maisons d’édition et les livres n’encombrent pas si souvent que ça ma boîte aux lettres. Et en général, ce sont des livres que je demande et que j’ai envie de lire. Lorsqu’ils arrivent sans que je les ai demandés, je ne me sens pas du tout l’obligation de les lire. En revanche, je trouve normal de préciser à la fin de mes billets s’il s’agit d’un service de presse ou non. C’est pour moi une manière de remercier les maisons d’édition qui me l’ont envoyé et une forme d’honnêteté par rapport à ceux qui me lisent. Et je ne pense pas avoir déjà retenu ma plume parce que le livre m’avait été envoyé ou parce que j’ai rencontré l’auteur.

8- Titine écrit pour son blog…et sinon, est ce qu’elle envisage d’écrire pour de vrai ? Certains le cachent, d'autres l’affirment, A force de parler des romans des autres, est ce qu’on aurait envie d’écrire le sien propre ? Je sais que tu participes de temps à autres aux ateliers d’écriture de la blogo, as-tu des projets plus pérennes ? 

Je participe effectivement aux ateliers d’écriture de Leiloona car ça m’amuse d’imaginer des vies, des histoires à partir des photos. Mais je n’ai pas de plume, pas d’écriture. Je vais donc me contenter d’être une lectrice et de faire passer mes coups de cœur littéraires.

9- Titine et les réseaux sociaux. Fais-tu partie des addicts aux réseaux sociaux ? Un compte Facebook, Twitter, Instagram ? Est-ce que ça change la manière de bloguer, ou au contraire est-ce un moyen de mieux se connaître les uns les autres ? Est-ce qu’on peut dire que les réseaux sociaux vampirisent le blog ou bien continue-t-on de travailler dur à chaque billet sur un bouquin ? Avons-nous vraiment le temps d’être partout ?


J’ai un compte sur facebook, un sur Instagram parce que j’aime faire des photos et un sur twitter pour voir ce que c’est mais je sens que je ne vais pas le garder longtemps (je ne comprends pas toujours le sens des hastags....) ! Je n’étais pas tellement addict de facebook avant de me mettre à discuter avec un groupe d’adeptes de l’apéro dont je tairais les noms par respect pour leurs proches ! Je ne passe pas ma vie sur facebook non plus mais j’adore les discussions que nous avons qui peuvent être très sérieuses sur la littérature ou complètement barrées selon l’humeur des unes et des autres (et du nombre de bières déjà avalées...). Pour moi, les réseaux sociaux n’ont pas grand chose à voir avec mon blog, ils ne me servent qu’à le faire connaître. Et c’est mon compte perso que j’utilise le plus sur facebook. Alors, non les réseaux sociaux n’ont absolument rien changé à ma façon de bloguer, ils permettent simplement plus d’échanges directs entre lecteurs.

10- De quelle couleur est ton blog Titine? (interdiction de mettre arc en ciel, c’est trop consensuel, mais je prends toutes les autres du jaune citron au marron glacé en passant par le bleu pacifique). Et pour illustrer, je veux bien que tu cites 3 livres sans lesquels tu ne serais pas tout à fait la même.


Je dirai entre gris clair et gris foncé (oui j’ai bien grandi dans les années 80). Je sais que je choisis la même couleur que Jérôme mais j’ai eu beau me creuser la tête je ne vois pas d’autre réponse me correspondant. J’aime la noirceur, la mélancolie, les loseurs magnifiques. Un des premiers livres qui m’ait marquée est Les  Hauts de Hurlevent  dont le héros, Heathcliff, est d’une noirceur absolue. Tout le roman est basé sur sa rage de vengeance. Je peux également citer  Oblomov  de Gontcharov dont le personnage me touche infiniment. J’en parle pour symboliser mon amour pour la douloureuse et mélancolique âme russe (parce que ne citer que trois romans est horrible pour moi, comment n’en choisir que trois ?). En dernier, je vais dire Macbeth , ma pièce préférée de l’immense Shakespeare. Je l’ai vue au Globe à Londres et c’est la plus extraordinaire expérience théâtrale que j’ai vécue. Et on peut difficilement imaginer personnage plus sombre que Macbeth !

 Le mot de la fin est pour toi bien sûr 

Je te remercie de m’avoir choisi pour ta deuxième interview, ça m’a fait très plaisir de répondre à tes questions. J’espère n’avoir pas été trop longue et ennuyeuse, je m’en voudrais de faire fuir tes lecteurs habituels ! Et puisque ton billet sera en ligne le 1er juin : happy and merry english month to everyone ! 

La fée carabine - Daniel Pennac

Je continue la saga Malaussène de Pennac avec le deuxième opus : La Fée Carabine Et mon enchantement ne faiblit pas. J'aime toujours au...