mardi 29 octobre 2013

Semaine d'automne

J'ai quitté mes galets pour prendre de la hauteur...

Donc, j'ai un réseau très alternatif (aujourd'hui, c'est mieux que d'habitude, mais pas flamboyant non plus). Je capte la radio tantôt en italien tantôt en français, autant dire que je ne suis pas l'actualité avec précision (ceci-dit, est-ce vraiment grave?). Je suis loin de tout et de tout le monde (et même d'une éventuelle infirmière pour enlever mes points de suture, mais ça c'est mon côté loose). 

Et vu que je suis partie SANS l'Homme mais AVEC les enfants, je ne dispose pas de beaucoup de temps rien qu'à moi. Tout ça pour dire que j'ai du mal à être  assidue, je suis vos blogs pleine de bonne volonté mais avec beaucoup de difficulté. 

Malgré tout, j'assume mon rôle (certes auto-proclamé ) d'envoyée spéciale du prix Elle dont voici les dernières nouvelles. 

Nous sommes à présent 24 dans notre groupe de jurées, (en attendant que Mior nous rejoigne pour faire un chiffre rond...je dis ça, je dis rien). La dernière arrivée n'a pas résisté longtemps avant de créer son propre blog, ce dont je suis ravie ... 

L'ambiance est toujours aussi bavarde, même pendant les vacances. Nous ne sommes pas toujours d'accord, loin de là, sauf quand il s'agit de trouver qu'Elle ne laisse, dans ses pages, pas beaucoup de place à son prix littéraire.

Et justement j'ai reçu ma sélection d'octobre, que j'ai montée avec moi dans les humides forets montagnardes. Et là, autant être claire, ne vous fiez pas aux articles élogieux publiés dans le magazine le 4 octobre dernier. 

Oserai-je dire qu'il est très regrettable que le magazine ne publie que les avis positifs des livres sélectionnés? Aurai-je le courage de d'écrire qu'il est vraiment dommage que les avis divergents, ou même les réserves,  ne soient jamais publiés sur le papier? Suis-je assez culottée pour me plaindre que les recalés n'aient pas le droit à un petit encart dans la page? 

Parce qu'il faut dire que les avis sur les trois livres d'octobre ont été extrêmement mitigés. Si le polar (La Maison des absents) a globalement été apprécié, le document (Fille de la campagne) et le roman (Tout ce que je suis) sont loin d'avoir emballé tout le monde, et autant vous dire que certaines les ont même abandonnés avant la fin. Je me réjouis néanmoins de les lire, en prenant le risque de ne pas les aimer, mais à force d'en parler, on veut se faire son propre avis.

C'est sur les blogs et au sein de notre petite communauté que je tente de me faire une juste idée des livres qui sont candidats (et des jurées qui les notent...dis moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es).

Maintenant, soyons honnête jusqu'au bout, je me régale véritablement de ce prix, j'ai l'impression de prendre ma part de la rentrée littéraire. J'espère, je jauge, je parie sur les auteurs. Je m'enthousiasme, je me plains, je m'insurge sur les ouvrages. Je suis donc une lectrice comblée et très bien entourée. 

Disons seulement que j'aurais aimé qu'Elle fasse davantage exister ce prix, en lui laissant cette part de polémique et de débat propres aux événements littéraires. Je sais qu'il y a un côté vain la-dedans, mais tellement passionnant.
 Et puis comme chacun sait, lire ne sert à rien, mais il rend la vie tellement plus belle.

C'était Galéa, loin des galets, en direct du Prix littéraire Elle 2014 (en espérant que ce billet ne m'attire pas trop d'ennuis...j'aurais peut-être du attendre novembre pour le publier...)





dimanche 27 octobre 2013

Passion arabe

Gilles Kepel, Passion arabe
Gallimard, 2013, (496 p.)
Autant vous dire que Passion arabe, document de ma sélection de décembre du prix Elle, n'a pas fait l'unanimité au sein de mes co-jurées.

Il faut avouer aussi qu'au début, on se dit qu’il est surtout question de Gilles Kepel dans Passion Arabe, avec cet égocentrisme propre aux universitaires qui s’auto-citent toutes les dix pages : nous connaîtrons ainsi l’année de sa thèse (qu’il a écrit jeune et qui est devenu culte), sa carrière (brillante bien entendu), les gens qu’il fréquente (beaucoup de grands de ce monde et d’ailleurs), le prénom de son fils, sa promotion à la Légion d’honneur…N’en jetez plus ! Personnellement, je suis très habituée à ce style d'auteur, donc à la limite, je peux passer outre.

Oui, mais...

En réalité, Kepel peut se permettre d'être un peu vaniteux, parce qu’il se rend physiquement dans les territoires troublés du Proche et Moyen-Orient…Israël, Syrie, Egypte, Tunisie, Libye, Yemen, Qatar, Bahreïn, Arabie Saoudite, Liban, Turquie, entre 2011 et 2013. Pas forcément des destinations qui brillaient par la sécurité qu'elles procuraient aux touristes.

Et finalement, Kepel sait drôlement bien restituer une atmosphère, un espace, une ambiance, une tension dramatique. Il sait ménager un certain suspens, il croque des personnages pris dans la tourmente de l’histoire. A chaque fois il détaille le niveau d’arabe de son interlocuteur et son habillement, comme pour jauger de sa place en Orient, de son engagement religieux, et de son rapport à l’Occident.

Alors, soyons quand même honnête,  c’est un livre très dense, très riche en information, très documenté, très pointu en géopolitique. Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris. C'est vrai aussi que j'aurais aimé des portraits plus longs des Orientaux : ils surgissent dans le livre et disparaissent en quelques lignes. Mais, finalement c’est parce que le propos est ailleurs. C’est un journal qui raconte sa rencontre des peuples.

Après Passion arabe, on n’écoute plus la radio de la même façon, et les événements des pays arabes n’ont plus le même impact dans nos têtes. Après les articles racoleurs et simplifiés de certains magazines écrits et médias, je dois dire que lire quelque chose sur du fond fait beaucoup de bien. Parce que Kepel décortique, pays après pays, une région qui semble être devenue le nouveau centre de gravité du monde, à cause de tous les enjeux qu’elle charrie. 

J'ai lu avec passion le portrait de Kadhafi. J'ai dévoré le chapitre sur son voyage au Qatar qui est édifiant. J'ai  été ému de son rapport intime avec la Syrie et des allusions à son ami Michel Seurat tué au Liban. Kepel m'a aussi parlé des révolutions arabes ignorées de l’Occident comme Bahreïn.

AU bout du compte, la question qu’il semble poser fait un peu peur : entre despotisme militaire et pouvoir religieux, vers quoi les pays arabes vont-ils pencher ? Je me suis interrogée sur la notion laïcité, à la fois chère à l’Occident, mais aussi vecteur de corruption qui entraîne une perte des valeurs de la société arabe en même temps qu’un pouvoir militaire excessif. Et d'un autre côté, j'ai tenté de redéfinir l'idée que je me fais de l’islamisation :  gage d’une spiritualité qu’on tente de sauver, d’un ordre du monde, d’une assise de la société arabe, oui mais aussi d’un certain communautarisme et d’une vision du rôle de la femme dans la société. Lequel des deux modes politiques protège-t-il le mieux les libertés individuelles ? 

Rien n’est simple, ni tranché dans le document de Kepel, il ne donne pas de solution, il présente une situation. Il nous parle aussi de la culture qui devient un refuge face aux totalitarismes.

Et puis à titre personnel (et parce que je suis finalement égocentrique) même si certains éléments m’ont échappé, j’ai eu le sentiment que Kepel me faisait des clins d’œil : il cite Flaubert p. 86 mais surtout Modiano p.69, Braudel p.254, il a grandi là où je vis, il parle des aléas, des hasards et des déceptions d’une carrière universitaire, et surtout je lui ai trouvé pas mal d’humour même sur des propos graves. Un humour discret mais efficace, et qui rattrape tout le reste parce qu’il ne s’épargne pas en en jeune hypokhâgneux un peu désœuvré, gauchiste par mode, à la recherche d'une vocation. Ses dernières pages où il raconte la naissance de sa passion arabe sont d’une très grande beauté.


Finalement Kepel parle de SA Passion arabe dans cette tournée orientale qu’il fait. Il regarde les vestiges de sa propre jeunesse en Syrie. Ce serait presque un livre intime finalement, et le fait qu’il ait accolé le terme chrétien de Passion avec Arabe en dit long sur le personnage. Pour moi, il est à l’image des orientalistes du XVIIe siècle, dont les écrits sont maintenant des sources de premier ordre pour les historiens (et ont été les miennes pendant 10 ans). Je gage que Passion arabe le devienne également.

Je ne peux pas le conseiller abruptement, c'est un livre à côté duquel certaines sont passées. Mais à ceux qui iront au delà des 100 premières pages un peu difficiles, je le dis honnêtement (de vous à moi bien sûr), c'est un livre qui se mérite et qui est  important. 

C'était Galéa-la-sérieuse en direct de la sélection de décembre du prix Elle, catégorie document. J'intègre ce billet au projet non-fiction de Maryline de Lire et Merveilles.

mardi 22 octobre 2013

365 jours

365 jours

365 jours, 80 billets, une cinquantaine de livres...bref une année quoi. A un an, un blog, comme un enfant, n'est plus vraiment un bébé.

10-10 à 10h10
(photo prise pour ma copine Enna
....ça commençait mal!!)

Vu que je ne suis pas très anniversaire, j'hésitais entre un billet sur le blogueur-schizophrène  et un article dégoulinant de bons sentiments sur mes blogo-copains et sur tout ce qui se passe en dehors du blog (sur la boîte mail, dans la vraie boite aux lettres, et même dans la vraie vie...)

Mais ça, c'était avant de me souvenir que la loose-attitude était mon fond de commerce.


Ce n'est pas pour rien que j'ai ouvert un blog en octobre . Je n'aime pas ce mois ; il me le rend bien et depuis longtemps; et cette année, il s'est dépassé.

"Une force de la nature" , c'est ce que mon père répète à mon sujet depuis plus de trois décennies à ses collègues, amis, frères, sœurs (qui n'en demandent pas tant mais qui hochent la tête, lassés et circonspects). Ces derniers temps, c'est une coquetterie que le paternel ne se permet plus.

Le mois d'octobre a commencé le 10 pour moi, lorsque j'ai pris la photo du jeu d'Enna. Le 10-10 à 10h10, j'avais une terrible migraine. Je ne savais pas ce que c'était qu'une migraine et j'ai dégusté. Deux jours à 40 de fièvre, à délirer, à me promettre d'arrêter de fumer, à me demander si je vais guérir un jour. Bon, une petite grippe quoi, rien de grave, c'est banal.

Mais ça ce n'était que le début.


Quand ma température est enfin descendue, j'ai eu une rage de dent terrible, une dent de sagesse bien sûr que depuis 10 ans je suis sensée me faire enlever. Une douleur à se taper la tête contre les murs, des médicaments qui ne servent à rien, des nuits sinistres, seule avec ma gencive qui a doublé de volume. Je sais, là encore, c'est très commun.


Quand les antibiotiques ont enfin résorbé cette terrible infection, je me suis entaillée le pouce le dimanche matin en faisant la vaisselle. Suffisamment pour faire un séjour aux urgences, me faire suturer de quatre points, subir le rappel du Tétanos. Une étudiante en médecine de 10 ans ma cadette me tenait la main pendant que je pleurais. La loose oui, mais la honte aussi. Oui, bon, l'un dans l'autre qui ne s'est pas coupé dans sa vie?

Sauf qu'une fois encore, j'ai mesuré pendant ses 10 jours merveilleux d'intense ultra-loose, le soutien que peut constituer la blogo. Des mails, des textos, des petits messages, une solidarité Facebook. Rien qui sort de l'ordinaire, mais un vrai réconfort.

Et je me suis dit que finalement, à part un accouchement qu'il a fallu déclencher, je n'avais aucune idée de ce qu'était la douleur, je ne savais pas à quel point on pouvait être prisonnier de son propre corps. Pendant des années, le mien a été mon meilleur ami. Hormis quelques gueules de bois quand vraiment j'abusais, mon corps était mon allié et faisait exactement ce que je lui demandais: courir, danser, manger, dormir, allaiter, travailler, boire, fumer, manger gras et salé, conduire 7h d'affilée, manquer de sommeil. Soumis à tous mes caprices, c'était un instrument docile.
dimanche 9h04 sortie des urgences: au top!
pas maquillée, pas coiffée, pas lavée


Et j'ai découvert que ce n'était pas toujours le cas. Parfois, on ne maîtrise pas ses réactions, ni ce qu'il fait, ni ce qu'il crée. Parfois, c'est une prison de douleurs. Et surtout, parfois, cela dure un peu plus que dix jours au mois d'octobre. Et parmi les copinautes que je fréquente depuis un an, il y a en plus d'une qui a régulièrement rendez-vous avec les médecins.



Alors vu que je ne suis pas très anniversaire, je dédis avec beaucoup de tendresse et d'empathie ce billet aux blogueurs qui luttent contre des corps parfois récalcitrants, à ceux qui apprivoisent la douleur tous les jours, à ceux dont les antalgiques font partie du quotidien. 


J'ai découvert dans les mots d'encouragement que certaines maladies peinent à être identifiées, que certaines pathologies tardent à être convenablement soignées, qu'il n'y a pas une solution miracle pour tout ce qui fait mal, que la panacée n'est pas toujours de mise. 

Et puis il y a aussi celles qui ont à faire face à des maladies un peu plus dangereuses qu'une grippe, un peu plus douloureuses qu'une rage de dent, et bien plus effrayantes qu'un point de suture. Certaines connaissent le découragement, la solitude d'avoir mal et d'avoir peur. Elles ont tous les âges, tous les profils, et elles tiennent le cap.

oui je sais la loi Evin...
On fait avec ce qu'on a...
Ce sont d'ailleurs les mêmes qui tiennent leur blog à jour et qui se baladent sur la toile sans se plaindre  (contrairement à moi, qu'une rage de dent a laissé sur le carreau). Alors 365 jours de blog...mais pas que...de l'échange virtuel oui, mais un peu plus que cela aussi.

Un peu de plomb de la tête de Galéa!

Ce billet est donc dédié aux loosers (blogueurs,  non-blogueurs, ou ex-blogueurs) mais aussi et surtout aux courageuses, aux valeureuses de la blogo à qui j'envoie toute ma tendresse, toute mon empathie et toute mon amitié...ce billet de non-anniversaire est pour elles (ou pour eux, mais bon pardon les gars vous êtes drôlement moins nombreux...et d'ailleurs quitte à faire une parenthèse, j'offre aussi ce billet aux gauchers. Avec mon invalidité de la main droite, je découvre que rien dans ce monde n'est fait pour la main gauche...).


...vous aurez quand même le droit au blogueur-schizophrène au mois de novembre...(on ne se refait pas)
Après, il faut être honnête, j'ai quand même un vrai problème avec les anniversaires...quels qu'ils soient...pas mon truc (c'est mon côté bout-en-train, optimiste et rigolard...
Ne me remerciez pas , c'est cadeau!)

dimanche 20 octobre 2013

La Table d'émeraude

Carla Montéro, La Table d'émeraude
Editions Prisma, 2013, (747 p.)
J'ai choisi mon Masse Critique de Babélio complètement à l'aveugle. Je suis arrivée très en retard, il ne restait pas grand chose, j'y suis donc allée au jugé (comme en navigation hauturière avant le GPS).

Et tant mieux.

J'ai cliqué sur La Table d'émeraude de Carla Montero parce que:
- l'auteur est espagnole (ça me plait)
- la première de couverture est belle (c'est important)
- il est question d'une trentenaire madrilène, ex thésarde en histoire de l'art (c'est bien de pouvoir s'identifier)
- c'est l'histoire d'une mystérieux tableau de la Renaissance qui a disparu à Paris pendant l'Occupation (le seconde guerre mondiale est une valeur sûre dans le déroulé romanesque).

Il ne m'en fallait pas plus.

A ce stade de ce billet, je conseille à tous ceux qui n'aiment pas la littérature populaire d'en rester là. Parce que La Table d'émeraude est à mi-chemin entre le Da Vinci Code, le Réseau Corneille de Ken Folett, avec un soupçon de Zafon et un petit zeste de Dicker. Alors clairement, il faut un minimum d'ouverture à la littérature gros tirage et grand public pour aimer La Table d'émeraude...et je confesse que c'est parfois mon cas. 


Alors bien sûr, il y a tous les ressorts de ce type de romans, Carla Montero respecte les codes du genre. Une intrigue à cheval sur deux époques (maintenant et les années 1940), deux histoires d'amour entremêlées, un chef d'oeuvre qui renferme la clé du monde, une écriture assez peu flamboyante, énormément de dialogues, une intrigue assez prévisible, des personnages un peu caricaturaux (p.50 j'ai compris qui était méchant), une peinture de la Résistance parisienne qu'on a l'impression d'avoir lue plusieurs fois, une passion qui ressemble à un ersatz de Vercors, quelques facilités et négligences dans le scénario, et autant dire qu'on n'est pas saturé de ce que ma styliste préférée appelle "psychologie des personnages"...oui, c'est vrai...sauf ...

..que je me suis RÉGALÉE et que franchement je n'ai pas boudé mon plaisir (surtout que je n'étais pas au top de ma forme dentaire).

Je me suis joyeusement engloutie les 750 pages en quelques jours, parce que quoiqu'il en soit, j'adore les histoires de résistants héroïques sous l'Occupation (la fille peu farouche au grand cœur, le chef de réseau sanguinaire, le garçon d'écurie courageux, la jeune orpheline juive courageuse et solitaire, la constitution d'un réseau, l'épreuve de la torture...rien d'original mais tout cela fonctionne très bien). J'aime l'idée qu'un chef d'oeuvre pictural (qui abrite un secret de l'humanité) soit protégé par les gentils et recherché par une méchante société secrète (sans compter que le gros avantage par rapport au Dicker c'est que c'est un tableau, on n'a donc pas les extraits du prétendu chef d'oeuvre à se farcir). Les histoires d'amour sont convenues et mièvres, mais c'est délicieux. Les histoires de famille sont tortueuses et passionnantes. Çà se déroule dans les dépôts d'archives que j'affectionne après dix ans de bons et loyaux services. L'écriture, à défaut d'être splendide, est haletante, et c'est important sur 750 pages.

logo challenge à tous prix
Alors, tant que La Table d'Emeraude  ne reçoit pas le prix de l'Académie française, je dois dire que c'est un véritable bonheur de lire un pavé sans prétention, addictif et bien ficelé. C'est un grand bien que ce genre de livres existe, parce que ça fait vivre les éditeurs (80 000 exemplaires tirés en Espagne) mais surtout parce que parfois on a vraiment besoin d'une lecture facile, prévisible, romanesque et addictive.

Donc franchement, merci Babélio.

J'intègre ce billet pour le challenge A tous prix  qu'Aspho  a repris chez Laure, pour le prix Femme Actuelle de l'automne 2013 (no comment, merci).

Message personnel pour la Comète: c'est pile ce qu'il te faut ce bouquin en ce moment, il est parti chez ma mère mais je peux te l'envoyer avec ton livre voyageur que je suis en train de finir. Ça te dit?

Message personnel pour les éditions Prisma: p.419, Catherine de Médicis a épousé Henri II et non pas Henri I, et ce n'est sûrement pas un détail de l'histoire.

Message personnel de Babélio:  « Que vous aimiez Toni Morrison. ou Guillaume Musso.Umberto Eco. ou Tatiana de Rosnay., Babelio vous invite toute l’année à découvrir des critiques de livres. et à dénicher les meilleurs livres. en allant sur Babelio.com."

mercredi 16 octobre 2013

Longue division


Derek Nikitas, Longue division
Edition Télémaque, 2013, (348 p.)
 Longue division, catégorie polar de la sélection de décembre du prix Elle, constitue pour moi un sacré complexe intellectuel. Je crains de n'avoir rien compris, malgré les critiques dithyrambiques de David Lynch, des filles de chez Elle, et d'un journaliste de l'Express.


C'est plus ou moins un road movie social avec pour personnages :  une femme de ménage qui a volé de l'argent pour retrouver son fils abandonné à la naissance qui du coup est devenu homosexuel (bien sûr et pas du tout cliché), un type en fac de math qui suit son ami d'enfance dont il est amoureux de la soeur (une toxico évidemment sinon pas d'intérêt), un flic dont la femme agonise d'une tumeur au cerveau (forcément quand on n'a pas la conscience tranquille). 

Longue division ce n'est pas que cette série de poncifs réjouissants, c'est aussi unanimement glauque:  le décors est triste et moche, les situations caricaturales et improbables, les dialogues creux. Et surtout c'est joyeusement écrit (ou traduit) à la truelle: redondances, phrases inutiles, envolées métaphysiques  incompréhensibles pour mon cerveau limité. 

Le clou de ce polar est quand même une stylistique ahurissante qui consiste à laisser en suspens la dernière phrase du paragraphe, et à commencer  la suivante de la même manière. Je vous livre un exemple parmi tant d'autres de cette maestria du style:
"Il braverait courageusement l'oubli frissonnant pour regagner ce qu'il avait presque.... [fin de la page 52] "...Une fugitive au yeux rouges. Le coeur de Jodie cherchait à traverser sa gorge." [début de la page 53]. Une fois ça va, au bout de 80 pages, j'étais presque hystérique. Mais ça c'est mon côté psycho-rigide.

Les scènes d'action sont peut-être très cinématographiques mais totalement illisibles. Je n'ai rien compris, il fallait parfois que je relise (ah mais oui, il est mort alors).

Et en plus c'est très barbant à lire jusqu'à la page 207, moment culminant du livre parce qu'il y a un rebondissement. A la page 207, on a presque l'impression que le roman va démarrer.

Je vois bien ce que Nikitas a voulu faire, et je pourrais éventuellement dire qu'il y a quelque chose à sauver dans l'histoire (enfin... à partir de la page 207!). Mais, sans avoir de master en psychologie, on s'aperçoit assez vite que rien ne se tient, les rebondissements et la fin sont totalement improbables, (je meurs d'envie de vous en donner un exemple ici mais je crains de déflorer l'intrigue).

Mais le vrai problème c'est que ce polar n'en est pas un et du coup c'est terriblement ennuyeux. Aucune énigme à résoudre, juste des gens sur des routes américaines (ou des motels sinistres - au choix), sous la neige en plus et la nuit le plus souvent. On m'avait promis du sang, du crime, de la violence insoutenable. Alors oui, il y a des morts, mais même ça, il faut relire deux fois pour comprendre.

Quant à celui qui les tuent, bah on n'en sait pas plus au début qu'à la fin, ce qui est invraisemblable. Le meurtrier (je ne dévoilerai rien rassurez-vous) est le seul personnage dont on ne connaît rien des raisons, de la vie, de l'enfance. Pourquoi? Comment? Qui est-ce? Il est où le traumatisme originel?  La question n'est même pas posée. Il est là c'est tout. Pas de chance pour les autres en fait!!

Je m'interroge vraiment sur ce qu'est un polar quand même aujourd'hui dans le paysage littéraire: comme si tous les sujets glauques et mal écrits étaient catalogués directement dans cette catégorie. Il me semblait qu'un policier, c'était la résolution d'une énigme, d'un mystère. En général, on va dire qu'il y a une petite partie psychologique, une histoire détricotée, un commencement des choses qu'on découvre à la fin. Il y en a eu plein quand même des bons polars, des trucs sanglants qu'on ne lâche pas avant de connaître le fin mot de l'histoire, des dernières pages dont on est horrifiée. Bref,  des choses bien écrites.
0 Challenge Thrillers & Polars 2014 Liliba 4

 Franchement, à la lecture de ce navet, il ne faut pas s'étonner que les policiers soient souvent considérés comme de la sous-littérature, et pardon mais c'est vraiment dommage. Parce que les polars sont généralement des vecteurs d'entrée en littérature pour les ado..



Je dis ça, je dis rien, comme d'hab et dans la foulée je rajoute une participation chez Liliba pour son challenge thrillers et polars.

C'était Galéa-la-râleuse en direct du prix Elle 2014, catégorie Policier


mardi 8 octobre 2013

Lady Hunt

Hélène Frappat, Lady Hunt
Actes Sud, 2013, (318 p.)
A cause du Lady dans le titre, j'ai fait, dans mon dernier billet, un rapprochement mal inspiré entre Lady Hunt et Domwnton Abbey (qui restent néanmoins deux valeurs sûres de mon point de vue de jeune vieille ringarde). 


Lady Hunt, est typiquement le genre de livre dont on pourrait tirer plein de dissertations, de remarques, de recoupements, tellement il est riche. Mais ça gâcherait l'ensemble. Donc, en trois mots, Hélène Frappat raconte l'histoire d'une fille, plus ou moins agent immobilier, dont la mère habite en Bretagne et la sœur à Londres, et qui rêve toutes les nuits d'une maison qui la hante. Je dois avouer que je n'avais pas été enthousiasmée par la prestation d'Hélène Frappat à la Grande Librairie, et je m'attendais à quelque chose de bizarre et assez glauque. 

Au final, Lady Hunt est mon favori de la sélection de décembre, je serais évidemment très en colère s'il ne passait pas, ce qui est probable parce qu'il nécessite certains pré-requis pour l'aimer vraiment.

D'abord, il faut partir du principe que les maisons ont une âme et surtout un histoire. Pour moi c'est une évidence (j'ai déjà cassé un compromis parce que je sentais un truc pas clair dans un appartement, l'Homme ne m'a plus adressé la parole pendant 3 jours...depuis ça va mieux merci). Déjà, si on est d'accord là-dessus, on part bien. Il est question de maison, de pierres et d'espace, avec un incipit à la Menderley de Rebecca. En plus, Hélène Frappat a eu le bon goût de ne faire référence qu'à  de très belles maisons normandes, d'appartements cossus du triangle d'or parisien ou d'hôtel particulier sur le Parc de la Tête d'Or. 

Ensuite, il faut accepter que certains enfants "différents" aient un don qui les rend un peu inquiétants. Bon là c'est pareil, si vous connaissez des gamins qui parlent à des gens qui n'existent pas, c'est mieux. Parce qu'il y a un petit garçon adorable dans cette histoire qui voit des choses que nous ignorons...Je ne veux pas trop en dire, mais j'ai été charmée par Arthur...

Après, il faut se mettre d'accord sur le fait que les familles transmettent, bon gré, mal gré, des histoires terribles, des héritages génétiques monstrueux, des non-dits, du lourd, du moche, de l'honteux. Rien de très original me direz-vous sauf que Lady Hunt c'est avant tout l'histoire d'une filiation. Lady Hunt désigne quelque chose de très précis (que je ne dévoilerai pas mais qui a un rapport avec n°13 dans Dr. House, pardon pour les références). Au delà de cela, Hélène Frappat nous parle d'une fratrie magnifique!

Enfin pour aimer Lady Hunt, il faut avoir le cœur un peu de l'autre côté de la Manche, un petit coin britannique dans la tête, parce que c'est un roman entre deux rives. Il est d'ailleurs préférable d'avoir un niveau d'anglais acceptable (ce qui n'est pas mon cas et qui prouve qu'on n'est pas obligé de réunir tous les critères), pour mesurer l'immense poésie de ce livre jalonné de vers en anglais. 

On est sensible ou pas aux atmosphères. Celle qu'a créée Frappat ici rassemble tout ce que j'aime : des maisons dans la brume, des hauteurs sous plafonds, des miroirs sans reflets, des enfants omniscients, des jardins, des lieux déserts, des gardiens-sages, des hortensias...et surtout la guérison des corps, des pierres et des esprits. 

Certains ont évoqué l'aspect fantastique du roman, je ne l'ai pas perçu comme cela, à moins que je sois tellement perchée que je ne m'en aperçoive plus. Lady Hunt a un côté à la fois intemporel et très moderne (il est question de téléphone, de photographie et de numérique). 

Et surtout, Hélène Frappat possède une très belle écriture, avec des phrases qu'on sait depuis toujours mais qu'on n'a jamais formulées :  "le dimanche, en fin d'après-midi, personne n'est sûr d'atteindre la nuit" (p.99).

Lady Hunt ne plaira pas à tous, mais les sensibilités qui l'aimeront l'auront lu comme une sorte de poème...

jeudi 3 octobre 2013

Prix Elle 2014: fin du marathon de la sélection de décembre...

Me revoici, me revoilà....

J'ai (presque) fini mes 7 livres en 6 semaines, cela n'a pas été simple. Je suis rincée de chez rincée. Je découvre que lire sous la contrainte n'est pas chose aisée quand ce n'est pas pour des exigences professionnelles. Je me rends compte que du coup je suis beaucoup moins bienveillante (déjà que bon...bref...).

J'ai- contre mauvaise fortune bon cœur- achevé les deux polars entre l'inscription à la piscine et la recherche désespérée de demi pointe SD 16 (celles-là et pas d'autres, dixit la prof de classique). J'ai digéré les deux documents entre la réunion de CE2 (je ne suis pas sûre de faire partie des parents d'élèves quand je vois ceux de la classe de Rayures...un sketch) et un passage éclair à l'assurance (l'école a perdu l'attestation). J'ai englouti les trois romans entre la reprise poussive de la course à pied et la mise en carton des robes à bretelles. 


Voilà, c'est fait, ce n'était  pas de tout repos...parce que j'ai quand même un travail à côté...
Voici mes premières impressions en vrac (mais avec des indices).

 - Un chercheur en histoire fait-il un bon romancier historique?

 - David Lynch avait-il pris des substances illicites avant de lire le polar de Nikitas?

- Vingt pages haletantes rattrapent-elles 230 pages ennuyeuses?

- Est-ce vraiment pertinent de comparer un handicapé moteur et mental à un réalisateur qui a fait les beaux jours d'Hollywood?

- Un journal (même de guerre) doit-il essentiellement tourner autour de son auteur?

- N'est-il pas risqué de mélanger les codes du fantastique, du thriller et du roman social?






Les billets vont suivre (il faut juste que je les envoie à Elle avant...)

Une certitude néanmoins: il n'est pas nécessaire d'adorer Dowmton Abbey pour aimer Lady Hunt...(même si c'est mieux à mon avis).  Lady Hunt qui n'a, en l'occurrence, rien à voir avec Lady Grantham, est vraiment bien. Lady Hunt  est ma  très  bonne surprise de la rentrée littéraire (bien qu'il n'y ait aucun rapport pertinent à établir entre cette superbe série et ce beau roman...hormis une histoire de Lady...)


Et si je puis me permettre, juste un petit mot comme ça en passant. Il paraîtrait qu'il y a autour de 500 livres qui sont sortis lors de cette fameuse rentrée (que je ne suis jamais habituellement à cause de l'autre rentrée -scolaire et universitaire). Je m'aperçois grâce au prix Elle que finalement, on a une visibilité sur combien, 30 ou 40 romans de cette rentrée, répartis entre tous les prix (des plus populaires au plus prestigieux).

Je vais passer rapidement sur le fait qu'ils ne sont pas tous bons ces livres qui sont partout, que certains sont survendus en bandeau par les grands prescripteurs de la critique littéraire, que parfois j'ai un peu l'impression qu'on me prend pour une idiote...bref j'ai dit que je passerai rapidement...

 Je me demande quand même à côté de combien de petites pépites, d'auteurs inconnus, de romans délicieux, passons nous? Parce que sur les 450 livres dont on n'entend pas du tout parler (j'ai vu large), il n'y en a sûrement pas que des mauvais.

C'était Galéa, envoyée spéciale (qui se prend pour une justicière), en direct de la sélection de décembre du prix Elle 2014.

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