mardi 30 juillet 2013

A mi-chemin

Ca y est...nous sommes presque au milieu des vacances scolaires...Samedi, il y en aura autant derrière nous que devant, et je n'ai plus que 15 jours à harceler parents et amis pour qu'ils gardent les enfants pendant que je travaille...

Je suis quand même un peu partie, pas loin, dans ma montagne, dans un village qui n'est plus italien depuis un siècle mais qui n'est pas complètement français non plus, un territoire à la lisière, comme je les aime. J'ai marché, marché, marché; les enfants suivaient tant bien que mal.

Mais c'était dans des forêts un peu humides, vraiment silencieuses...et je vous le dis, c'était vraiment bien. Même s'il a fallu que je conduise toute seule sur des routes escarpées, qui tournent, qui sont étroites et creusées dans la roche. Pour quelqu'un qui a eu du mal à avoir son permis (et qui avait la responsabilité d'enfants jeunes et innocents), croyez-moi c'est de l'ordre de l'exploit personnel...

Sinon, j'ai recommencé pour la énième fois à m'atteler aux tuniques de notre styliste favorite, cette fois j'approche du but, j'ai gâché tellement de tissus, que j'ai fini par en acheter au poids dans un magasin dont l'hygiène laissait à désirer. Je m'accroche, le jour où je termine je vous tiens au courant (parce que je sais que pour vous aussi c'est important).

Parlons quand même littérature, j'ai lu Vestiaire de l'enfance de ...Modiano évidemment. Et là, gros problème, je ne peux plus chroniquer mon auteur favori, je crois que je suis beaucoup trop fusionnelle avec lui, je n'arrive pas à être synthétique, à raconter l'histoire, je crois qu'il faut que je prenne du recul avec Patrick, sinon ce blog va disparaître. Donc, parce que je reste quelqu'un de sérieux, je vous renvoie à l'excellent billet de Sandrine qui avait su si bien en parler.

J'ai enfin reçu mon premier colis du Prix Elle 2014. Que serait Galéa si elle ne se plaignait pas?
J'avais parié sur un autre roman pour la sélection de septembre, j'ai donc de la peine (ne vous inquiétez pas, j'aurais l'occasion de vous reparler de tout ça). Je vais m'atteler dès que possible à ma nouvelle mission, je promets d'être honnête et juste (j'ai été prof je le rappelle, je garde donc un soucis permanent d'équité dans mes notations). Je mise beaucoup sur le Bernheim (à cause de Valérie), je vous tiendrai également au courant.

Enfin, comme si la blogo n'était pas assez morne comme ça pendant les vacances, deux blogs ont fermé à mon retour, et je ne peux pas dire que ça ne me fait rien.

Je m'en vais suer et râler sur mes galets. 

Bon milieu de vacances à tous

samedi 20 juillet 2013

Tag culinaire

logo versatile blogger awardTaguée par ma copine Asphodèle, je m'empresse de répondre...Oui je sais j'avais dit "plus de tag avant septembre", mais bon, ça parle de cuisine, de restaurant, de souvenirs, de saveurs...je ne peux pas ne pas y répondre. Et puis bon, je suis militante à mes heures...
 

1: La qualité que je préfère chez un cuisinier:
Le talent. Cuisiner, c'est comme jardiner, il faut avoir un minimum de don. Et je sais de quoi je parle puisque je suis nulle dans les deux exercices. Le talent, c'est savoir intuitivement marier les saveurs, réussir une cuisson, imaginer une sauce. Talent et humilité aussi.

2: Le défaut que je trouve le pire chez un cuisiner:
L'assemblage et - pardon- le "foutage de gueule". Il faut arrêter de se mentir, cuisiner c'est travailler un produit brut et frais, ce n'est pas acheter des poches sous vide ou du surgelé dans des supermarchés pour restaurateurs. La souris d'agneau au thym ou le pavé de saumon à l'aneth (pour ne citer que les plus connus) se travaillent dans une cuisine, pas dans un micro-onde.

3: L'épice que je préfère:
Je suis allergique au curry (personne ne me croit mais c'est vrai, je suis malade à chaque fois). En revanche, j'aime le gingembre dans les salades et les desserts et  la coriandre avec les gambas.

4: Ma madeleine de Proust:
Les œufs au lait de ma grand-mère (dont je rappelle que j'étais l'une des favorites). Elle les faisait essentiellement pour moi et me donnait tout le dessus. Je n'en ai jamais mangé d'aussi bons. Il paraît que ceux de l'Homme sont au moins aussi délicieux, mais c'est un mensonge (pardon l'Homme, mais le mariage c'est aussi l'honnêteté).

5: Ce qui me hérisse au restaurant:
Bien sûr l'interdiction de fumer (comme Asphodèle), quoique depuis mes grossesses j'ai revu ma copie, ça m'aurait arrangé qu'on ne me fume pas dans le nez à deux semaines de mon terme. Sinon, les restaurants lounge, honnêtement je sature, je n'en peux plus. Etre branché, c'est bien, faire à manger c'est mieux. Je déteste aussi les endroits où le café est mauvais. Je suis très difficile sur ce point.

6: Trois restaurants que j'aime beaucoup:
Vous ne m'en voudrez pas de faire une minute funèbre, puisque certains n'existent plus. Restaurant Flo, inutile que je vous donne l'adresse, il a été racheté. Une brasserie aménagée dans un théâtre à l'italienne, la cuisine était sur scène, la salle dans le public. On voyait les cuisiniers travailler à travers une vitre, en mangeant dans des fauteuils de velours rouge. Une splendeur: c'était beau, c'était bon, c'était lyrique. Mon père m'avait emmenée fêter mes 14 ans là-bas, un souvenir ému. 

Ensuite, un restaurant de soufflés à Paris (dans le 5ème je crois) pas très loin du Lutétia, j'ai oublié son  nom, mais je m'étais régalée. Depuis je trouve que personne ne réussit correctement les soufflés.Tout le repas en soufflés (de l'entrée au dessert), une expérience ahurissante, même pas bourrative. C'était fin, élaboré, parfait, je venais de me marier, j'étais presque enceinte, c'était Paris au mois d'août...j'en salive encore rien de d'y penser. 

Enfin, La Cigale à Nantes...Je n'y suis pas retournée depuis plusieurs années, elle existe toujours, j'ignore si c'est toujours aussi bon...l'atmosphère était fantastique.

7: Ma devise en cuisine:
Du moment que ce n'est pas moi qui m'y colle, ça me convient. Je suis entourée de gens virtuoses, généreux et inventifs ... Je n'ai donc aucun intérêt à progresser. 

Ce tag a été rédigé en toute mauvaise foi, comme d'habitude. J'aurais pu vous parler des petits bistrots à côté de chez moi, des deux ou trois choses que je rate le moins souvent...de quelques livres qui parlent de nourriture....mais bon ça ne m'est pas venu...

J'ai l'impression que tout le monde est en vacances où sur le point de l'être...alors je n'ose taguer personne...mais certains blogueurs amis peuvent se sentir visés par ce non tag (suivez mon regard...non? ah zut! oui toi!!)

Je suis au frais,  au calme et au vert pour quelques jours, ma connexion fait de la peine, mais je rode quand même sur la toile. Ce sera donc  une Despé, des brochettes de bœuf aux poivrons, salade et fromage, et je peux vous dire que les choses simples sont souvent suffisantes (même si j'ai monté mon beurre salé et ma machine à expresso- je ne peux pas boire de café filtre...mon père me trouve snob et je crois qu'il a raison)

Très bon week-end gustatif les aminautes...

mercredi 17 juillet 2013

Expiation

Ian McEwan, Expiation (2001)
Folio, 2011, 490 p.
Sans la blogosphère, je n'aurais jamais lu Expiation de Ian McEwan. Le titre me fait penser à un thriller scandinave (contre lequel je n'ai rien d'ailleurs, mais bon, pas très envie de polars en ce moment).

Mais, Clara, Sylire, Fransoaz et bien d'autres (mais ces trois billets-là m'avaient marquée) furent, en l'espace de quelques jours, absolument unanimes sur ce livre. Je n'ai pas résisté et j'ai bien fait. J'ai heureusement échappé à la version niaise de la première de couv' (avec une photo d'actrice et la mention "Reviens-moi" qui me suggère un Marc Lévy ou pire...)

Bref, je m'égare.

Clara m'avait assuré qu'Expiation était  "génial" (preuve sur Facebook). Et je n'ai pas été déçue. Je viens de le terminer en pleurant comme une madeleine devant mes filles qui se battaient pour savoir laquelle avait gagné la partie de Puissance 4 (du coup elles se sont dit que leurs réactions étaient un peu excessives par rapport à l'enjeu). 

Mc Ewan fait débuter l'histoire en 1935, dans la bonne société anglaise, quand une jeune fille de 13 ans, Briony, à peine sortie de l'enfance mais déjà passionnée par les mots, la fiction, l'encre et le papier, se mêle des histoires des adultes (1ère partie)... En plus, ça démarre en pleine canicule, et honnêtement, j'avais tellement chaud que je me sentais totalement dans l'ambiance.

Dans les 2 parties suivantes nous retrouvons ces mêmes adultes dans divers contextes  ...Bien sûr, ça parle d'amour, de guerre, d'honneur et de secret. Ce n'est pas que je veux cacher l'histoire, mais l'un des plaisirs de ce roman est vraiment de voir la trame se dérouler.

Ce roman est un livre que je qualifierai de diesel. Il commence assez mollement, et c'est vrai qu'il faut s'habituer à cette écriture académique et très élaborée. Mais moi, j'adore l'imparfait du subjonctif (serait-ce mon côté désuet?). En plus, je trouve que McEwan a vraiment une plume superbe, un univers en soi. Dans la première partie, on croirait presque que c'est une romancière qui écrit, je dirais même qu'il a une sensibilité féminine assez rare chez les écrivains masculins. 

En plus, c'est un livre qui passe d'une atmosphère à une autre avec une dextérité confondante: de la scène sensuelle au fond d'une bibliothèque (p. 182) à la description minutieuse et désespérante d'une armée qui bat en retraite (p.291); McEwan peut aussi avoir une plume pour le coup virile, masculine, sans ambages. Sa description de la guerre, de la vie des soldats est d'une réalité confondante presque déstabilisante parce qu'il parle de survie, d'égoïsme ordinaire et de cette violence caractéristique des temps troublés. 

Si j'ai trouvé certaines longueurs, je les ai très vite pardonnées pour énormément de raisons. D'abord parce que McEwan sait aménager un suspens particulièrement réussi (avec une maîtrise des retour-arrières qui m'a beaucoup impressionnée). Ensuite, parce qu'il y a quelque chose de la fresque historique et du  romanesque dans Expiation. On y trouve aussi un je-ne-sais-quoi qui s'interroge sur ce que certains appellent "le cours de l'Histoire", la grande et la petite. Mais surtout parce qu'Expiation est le roman du romancier; et ça on le découvre dans l'épilogue... 

Finalement McEwan nous parle de l'écrivain et de sa créature : le roman. Il nous avoue son pouvoir  immense  et de son incontestable vacuité.

Cette lecture a été pour moi un véritable délice ...Je ne vois pas bien comment une adaptation cinématographique ou télévisuelle pourrait égaler la maestria de l'écriture, les rebondissement de ce roman sont fondés sur la construction et l'organisation des mots. Je ne saurais dire à quel point c'est réjouissant.

 Allez j'y retourne, je dois procéder à l'arbitrage du Puissance 4...

mercredi 10 juillet 2013

Un écrivain, un vrai

Pia Petersen, Un écrivain, un vrai
Actes Sud, 2013, 216 p.
Un écrivain, un vrai ne parle pas de littérature. Il traite du succès, des télé-réalités, des médias, mais il ne parle pas de littérature. J'avais dû mal lire mes aminautes, parce qu'il a eu un bon accueil sur la blogo. Je suppose que j'y avais lu ce que je voulais y trouver. Et malheureusement je suis déçue.


Pia Petersen nous raconte l'histoire de Gary, un écrivain à succès, récompensé par un prestigieux prix littéraire américain, qui se fourvoie dans une émission de télé-réalité, intitulée "Un écrivain, un vrai". Alors bien sûr, je suis de cette génération qui avait l'âge des participants des premiers Loft Story. J'ai été la spectatrice curieuse et abasourdie. j'ai observé des gens qui s'ennuyaient, filmés 24h/24. Je mentirais si je disais que cela ne m'évoque rien la télé-réalité. Mais une fois la nouveauté télévisuelle passée, c'est un sujet qui ne m'a plus intéressée. Je ne connais pas les dernières saisons des dernières variantes, et il  faut bien avouer que cela ne m'évoque plus rien. Ceci-dit, tout ce que raconte Pia Petersen est intéressant, fascinant et un peu écœurant, et certainement cette partie là du roman est réussie. Oui mais voilà, je m'attendais à autre chose.

Gary est auteur de romans qu'on suppose populaires, une sorte de Marc Lévy je présume (quoi que je ne sais pas si ce dernier recevra un jour le Goncourt). Mais en tant qu'écrivain, je n'ai rien pu trouver. La trame de ses romans, ses personnages, ses thématiques. On ne sait absolument rien du livre qu'il écrit pour l'émission de télé. D'accord, Gary se répète qu'il aurait aimé changer le monde avec ses livres, mais n'est-ce pas un peu présomptueux finalement. Il m'a manqué la dimension intime de l'écriture, l'étoffe du romancier. De tout cela, j'ai été vraiment frustrée. 

Tout autant que des personnages d'ailleurs. Entre Alana, journaliste du New-York Times, et pour l'occasion tentatrice à domicile, Darell quinquagénaire qui se découvre un passion pour la télé-réalité, Miles en producteur avide, et Brandon, photographe raté et psychopathe notoire jusqu'au justicier" littéraire" grisonnant...Je ne m'y suis pas retrouvée: trop de caricatures à mon goût, et la fin est une apothéose dans le style...


Je salue quand même le personnage de Ruth, absolument savoureux en femme de l'ombre qui aspire à la célébrité, qui vit par procuration  le succès de son époux, manipulatrice, désespérée. Elle est extrêmement réussie, on se régale à la détester. 


Mais voilà, non seulement j'ai été frustrée par le sujet, mais en plus je n'ai pas aimé le style. Plus de trois "et" dans une phrase et je m'énerve. Des pages entières sans aller à la ligne, sans paragraphe. Des dialogues intégrés dans les phrases explicatives, pas de guillemets, pas de respirations. Est-ce la chaleur? mais cela m'a gênée. Et la longue dérive éthylique de Gary m'a semblé interminable. 

Ce livre, j'aurais aimé qu'il me plaise, je crois que j'en attendais trop, que j'en avais lu trop de bien. Peut-être même que si j'étais tombée dessus sans a priori positifs, je l'aurais apprécié, parce que je l'ai lu en deux jours; je ne m'y suis pas ennuyée du tout. Mais j'attendais quelque chose d'autre, des pages qui me parlent de romans, d'intrigues, de personnages, d'ambiance, de littérature et de lecteurs...Il n'y a pas de lecteurs dans ce roman. Il n'y a que des gens qui regardent la télévision.

Ceci dit, je pense qu'en l'occurrence mon avis n'est pas fiable. Et je crois sincèrement que Pia Petersen mérite mieux que ce billet sévère. Trop de lecteurs dont mes goûts approchent les leurs, l'ont aimé, alors un conseil, suivez leurs avis à eux...En tout honnêteté.


Pour finir sur une note positive, aujourd'hui, je fête mes noces de Faïence. Il y a 9 ans, il pleuvait des seaux d'eau, en sortant de chez le coiffeur, j'ai vu le ciel et j'ai pleuré , maman m'a dit "reprends toi chérie, tu es maquillée", mes demoiselles d'honneur claquaient des dents sur les photos, ma soeur fêtait ses 23 ans, j'étais terrorisée à l'idée d'affronter tous les invités. Les Toulousains, Marseillais, Niçois, Avignonnais et autres sudistes qui avaient fait le déplacement sont tous repartis de la noce avec une bonne crève de juillet. 

9 ans plus tard, comme le dit très justement ma petite soeur, l'Homme et moi "avons reçu" (ce qui signifie "morflé" dans le Sud de la France):  petites rides aux coins des yeux et cheveux poivre et sel pour l'un, varices et vergetures pour l'autre....Je sais , je sais plus glamour que nous, tu meurs...Mais vous savez quoi?  je me sens prête pour la dizaine...

samedi 6 juillet 2013

Underground

Ce livre, j'ai failli l'abandonner 20 fois, j'ai du lutter pour le continuer et me faire violence pour l'achever.
Et j'en suis venue à bout. Difficilement; mais sans regret et avec satisfaction.


Haruki Murakami, Underground, 
Belfond, 2013, 584 p.

D'abord Underground n'est pas un roman, et ça Belfond se garde bien de le préciser (hormis sur la 4ème de couv' -que je ne lis jamais- où il est vaguement question d'entretiens, de réflexions philosophiques). Non, ce n'est pas un roman du tout. Je pense honnêtement qu'on pourrait parler de document, voire de document historique.


Murakami, dans Underground, rassemble les témoignages d'une trentaine de personnes ordinaires qui ont pris le métro, le 20 mars 1995, au moment où les membres d'une secte ont percé des poche de sarin dans plusieurs rames de métro . Alors clairement, pour quelqu'un de claustrophobe (qui évite autant que possible d'aller sous terre) et d'hypocondriaque, c'est un supplice absolu de lire 35 histoires de ce type. J'ai eu l'impression d'avoir tous les symptômes du sarin (je vous les épargne au cas où), symptômes qui sont décris sous toutes leurs formes (rien que de l'écrire, je sens un gène respiratoire). Ensuite, parce que par définition les gens ordinaires sont moyennement intéressants. Le détail qui explique pourquoi tel ou tel a pris la rame de 8h06 plutôt que celle de 8h09 a pour unique but de rendre hommage au 5000 anonymes gazés dans le métro tokyoïte (dont 12 en sont morts). Je l'accorde: c'est déjà beaucoup. 

Le problème c'est que ça dure 357 pages, sans aucune fioriture littéraire, aucune mise en écriture. Rien de littéraire mais un document qui, je le crois, permettra aux historiens des prochaines générations de pouvoir travailler. Murakami a créé un "corpus de sources"; en soi c'est énorme...à défaut d'être romanesque. Mais pendant cette partie, j'ai vraiment failli renoncer. 

J'ai persévéré parce qu'Underground m'a été offert par une amie chère à mon coeur (qui avait oublié mon anniversaire...mais tout le monde ne peut pas avoir été prof d'histoire et avoir la mémoire des dates), mais surtout à cause de Murakami, l'auteur de l'Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, de 1Q84...et de bien d'autres. Murakami ouvre pour nous, Occidentaux, des perspectives inconnues, une philosophie différente. Murakami est important, il a créé un type de littérature, je lui ai donc fait confiance et j'ai continué. 

Et j'ai eu raison. Parce qu'il nous livre une lecture du peuple japonais qui résonne étrangement après Fukushima. Moi en 1995, j'essayais de ne pas redoubler ma seconde, donc l'attaque au gaz sarin à Tokio, ne j'en ai même pas un vague souvenir. En revanche, 2011 est encore très présent dans ma tête (névrose quand tu nous tiens) et tout ce que Murakami dit de la mentalité de ses concitoyens, des médias, du traitement de la crise, n'a absolument pas pris une ride. C'est franchement passionnant.

Et surtout parce qu'à partir de la page 389, commence la seconde partie intitulée "Le lieu promis". "Le lieu promis" rassemble les témoignages de 8 adeptes de la secte Aum. Et là effectivement, Murakami nous livre la matrice d'1Q84. Et quand le souvenir en est encore assez frais, c'est palpitant. Le personnage de Fukaéri est presque là, à témoigner, dans ce livre d'entretiens. Celui de leader, du détective privé, la question du corps, il y a presque tous les ingrédients de la trilogie...Et à la lecture d'Underground, je comprends presque mieux le 3ème volume d'1Q84, qui m'avait dérangée.

Et quelque part, (je savais que je pouvais lui faire confiance), Murakami abolit la distance entre les gens ordinaires et gens extraordinaires. Il fait appel à quelque chose de profond chez le lecteur. On comprend que les adeptes de cette secte étaient des individus en quête d'un certain absolu, en plein questionnement métaphysique, des personnes critiques vis à vis de leur société, qui  aspiraient à une certaine exigence, une poésie aussi. Ils tentaient de trouver ailleurs des réponses que le consumérisme des années 1990 ne pouvait leur apporter. Ils m'ont touchée ces gens qui ont commencé à faire du yoga pour aller mieux, et cherchant leur place.

 "...Ils errent de-ci de -là, ballottés entre un sentiment de supériorité et l'idée qu'ils ne sont pas tout à fait comme il faudrait. Ça pourrait très bien être moi. Ça pourrait être vous" (p.577)  

Je conseille donc ce document (ou cet essai) aux amateurs de Murakami (j'en suis), aux étudiants qui travaillent sur le Japon contemporain, à ceux qui s'intéressent à la question des sectes...
Pour tous les autres, c'est une lecture risquée je pense.


PS 1: j'ai bien conscience d'être décalée à chroniquer (loooonguement....) un livre un samedi soir, alors que l'été est là, et devant un documentaire sur Brassens de surcroît... Je sais que vous êtes tous à des terrasses de cafés, sirotant l'apéritif entre amis, joyeux des 9 semaines de vacances à venir. Mais vous le savez, mes amis ont fui la côte, je suis seule face à l'arrivée massive de touristes, je hais l'été azuréen, je me terre chez moi en attendant mes vacances ...calmes, peut-être un peu humides, voire un peu misanthropes...

PS 2: Mme Anonyme, je n'ai jamais trouvé votre blog, ce n'est pas faute d'avoir essayé...j'espère que vous allez bien et je vous souhaite de bonnes vacances...

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Nouveau point d'étape de la quarantaine : le sens de la fête.  Que reste-t-il de nous quand il s'agit de faire la fête ? Je parle d...