Tout vient à point pour qui sait attendre....et me revoilà avec le billet récapitulatif des coups de coeur de mes amis blogueurs sur cette rentrée littéraire 2013-2014...
Vous êtes à présent une vingtaine de blogueurs à défendre les pépites des rentrées de septembre et d'hiver, une vingtaine de livres sortent du lot pour presque une quarantaine de billets enthousiastes. C'est réjouissant, et ça sent le printemps tout ça....
Sans surprise,
Kinderzimmer de Valentine Goby chez Actes Sud est toujours largement en tête grâce à
Jérôme qui insiste sur la langue
"magnifique, crue et limpide, elle résonne avec force, c'est très impressionnant", grâce à
Philisine aussi qui a bien failli me faire pleurer avec "
un immense roman comme il est rare d'en trouver actuellement", grâce à
Sandrine qui "
ne trouve pas les mots (...) pour rendre hommage à un si beau livre", grâce à
Athalie : "
j'en finis par comprendre que le poids de leur véracité, l'écho qu'ils me renvoient, je le comprends, oui, je le comprends, et je ne comprends rien à ce que sont réellement ces mots-là, cette réalité-là", et enfin grâce à
Eve Yeshe, qui nous "
engage à le lire, même s'il fait mal, s'il vous remue jusqu'aux tripes, car par moment on devient Mila, tellement on ressent ce qu'elle endure".
On peut dire que Kinderzimmer a trouvé une place dans le coeur des blogueurs, il faudra que je me fasse grandement violence pour qu'elle trouve une place dans ma bibliothèque (névrose quand tu nous tiens).
Faisant une entrée fracassante, le Goncourisé
Au revoir là-haut de Pierre Lemaître chez Albin Michel, intègre directement la deuxième place. Inutile je pense de rappeler l'histoire, à moins d'avoir vécu dans un monde sans télé, radio, ni journaux depuis six mois. Comme le dit
Athalie: "
qui pourrait croire qu'un roman sur la guerre 14-18 puisse être jubilatoire?", et il doit l'être ce Goncourt. Ce n'est pas
Anne qui dira le contraire "
les personnages sont extrêmement bien campés, analysés. Le récit est passionnant, j'ai été parfois très émue, accrochée à l'histoire". Et
Zazy d'enfoncer le clou avec "
un livre caustique sur une guerre vaine et inutile, sur l'Etat peu regardant, sur la Morale, sur l'enfer vécu par les poilus, est un vrai régal de lecture".
Je ne sais pas vous, mais moi, voir un Goncourt aimé par la blogo, ça me réconcilierait presque avec les prix littéraires (que j'imagine - à tort c'est évident- plus comme des renvois d'ascenseur dans le monde littéraire que comme la consécration de véritables bons romans). Et là, je me réjouis.
A ses côté, un autre Goncourt, celui des lycéens (qui souvent se révèle au moins aussi prescripteur que l'officiel): notre
Sorj national, héros de la blogosphère avec son
Quatrième mur chez Grasset. Je l'ai déjà dit mais l'
Antigone d'Anouilh m'a bouleversée il y a 15 ans (j'avais un coeur tendre dans ma jeunesse), alors forcément Anouilh dans le Liban en guerre des années 1980, tout de suite ça me parle. Et encore plus quand Eva (Maxi Vav') note qu'"Antigone, c'est le choix ironique d'une pièce où presque tout le monde meurt, jouée dans un contexte où presque tout le monde meurt" . Tiphanie ajoute que Chalandon confirme "son talent de conteur des situations extrêmes" , il ne manque plus qu'Eve-Yeshe pour parler d'un "très beau roman" qui donne "beaucoup de plaisir et de souffrance", et qui fait d'une pièce de théâtre "une résistance à la guerre aussi", moi, il ne m'en faut pas davantage. Elles ont su trouver les mots pour me faire saliver.
Je me demandais à quel moment et par quel blogueur,
Réparer les vivants ferait son entrée dans ce non-challenge. Le dernier Kerangal me tourne autour et me terrifie (un peu comme Goby en fait). Le don d'organe d'un enfant me fait à peu près aussi peur qu'un accouchement dans un camp de concentration. Et pourtant
Réparer les vivants de Maylis de Kerangal chez Verticales a incontestablement réussi sa rentrée de janvier. C'est le seul livre sur lequel je n'ai lu que des critiques enthousiastes et sans réserves. Et ce sont deux blogueuses chères à mon coeur qui le défendent.
Maxi Vav' assure que "
tout est dosé à la perfection", elle a ravalé des sanglots en le refermant, tout en envisageant de donner ses organes (c'est écrit dans son billet noir sur blanc, vous pouvez aller vérifier). Et pour qui connaît
Valérie un petit peu, son billet est d'un enthousiasme absolu :"
la rencontre parfaite entre une écriture et un thème, [...] le meilleur roman que j'ai lu depuis au moins quatre ans. Une merveille, vraiment". Et puis c'est
notre généreuse Phili qui enfonce le clou "
il est relativement rare de tomber sur une perle littéraire et quand cela arrive, un vrai bonheur nous attend. Réparer les vivants
fait partie de ces objets précieux".
Je ne sais pas comment va-t-il être possible de ne pas le lire.
La Part de Ciel de Claudie Gallay,
la Lettre à Helga de Birgisson,
Confiteor de Cabré et
Pietra Viva Leonor de Recondo se partagent la suite de festivités.
Ma collègue jurée,
Fleur, avait été enthousiasmée par
Une Part de Ciel de Claudie Gallay chez Actes Sud. Nous étions nombreux à l'avoir lu dans le cadre de l'opération Price Minister. Je rejoins en partie Fleur quand elle écrit que "
sa richesse vient de la diversité des thèmes abordés, ou chacun saura se retrouver: les relations entre soeurs, époux, mère-fille. C'est un magnifique roman sur l'espoir, sur la vie". Et
Fransoaz s'est déclarée aussi complètement emballée aussi par l'histoire de Claudie Gallay : "
une symbiose et complicité totale avec le microcosme villageois, une douce affinité avec les personnages créés par l'auteur et cette impression inouïe de toucher des yeux une histoire écrite spécialement pour moi". Je ne sais pas s'il est possible de faire un plus beau compliment à un auteur que celui-là.
La Lettre à Helga de Bergveinn Birgisson chez Zulma est toujours ovationné par
Philisine et
Jérome (son plus gros coup de cœur). Cette lettre qu'un agriculteur islandais écrit pour un amour perdu, n'a pas enthousiasmé tout le monde, et certains y ont même émis quelques réserves. Mais ceux qui l'ont aimé, l'ont aimé complètement. Phili ne "
pensait pas qu'il était aussi formidable de découvrir un homme qui se cherche" alors que Jérôme nous parle d'un Bjanri qui observe ses occasions manquées "
avec tellement de détachement, d'humour et d'autodérision que c'est un régal".
Malika a eu l'excellente initiative d'avoir un gros coup de coeur pour
Confiteor de Jeaume Cabré chez Actes Sud. Elle rejoint l'intransigeante Attila que je ne présente plus pour ceux qui sont sur Facebook.Visiblement résumer cette histoire est partie impossible, mais disons qu'il est question de l'Histoire et ses douleurs, des enfants écrasés par leur intelligence, du rôle d'un violon dans une vie...Il se murmure que c'est un livre exigeant et pas si facile que cela mais pour Malika, c'est
"une prouesse littéraire, un récit hors-norme, un roman à part"...qui hésite encore? Pas
Maxi Vav ' en tous les cas, qui après lui avoir décerné le prix de la plus belle première de couverture, en a fait un coup de coeur "
la langue est très belle, l'histoire passionnante, la culture fascinante". Pour être complètement honnête, j'attends tellement de ce livre que j'ai infiniment peur d'être déçue....
On compte un autre nouvel entrant de ce non-challenge:
Pietra Viva de Léonor de Recondo chez Sabine Wespieser, dont on avait beaucoup parlé lors des match PM. C'est souvent risqué de s'attaquer à des monstres sacrés de l'art, au risque de faire du roman historique un peu barbant (pardon mais je n'ai jamais pu finir un Diwo). Je le lorgnais déjà à cause de Laurent, mais c'est
Mina qui ouvre la danse enthousiaste de ce roman sur Michelangelo, où "
il est question de vie et de mort, d'éphémère et d'éternité, de beauté, d'amour et de deuil", puis
Eve-Yeshe qui nous parle d'un "
long poème en prose, à la fois plein de douceur et de dureté, comme celle du marbre, écrit par une artiste sensible qui a parfaitement touché mon coeur"....
Enfin, on compte une dizaine de coups de coeur solitaires, qui ne le resteront peut-être pas si longtemps, que je vous laisse aller découvrir.
Coralie a défend American Prophet de Paul Betty chez Passage du Nord-Ouest (et pas seulement parce qu'elle connait bien la traductrice).
La Comète a fondu de plaisir à la lecture du dernier
Yasmina Khadra, Les Anges meurent de nos blessures chez Julliard "
c'est aussi un roman historique qui rappelle très justement et sans détours le passé bien peu glorieux d'une France colonisatrice".
Athalie a été enthousiasmée par Faillir être flingué de Céline Minard, chez Payot & Rivages un western pur-jus avec un Zébulon qu'elle a quitté à regret.
Jérôme s'est complètement emballé pour Monde sans oiseaux de Karin Serres qui divise largement le lectorat sur la Toile.
Le temps passe vite sur la blogo, les passions déchaînées par
Lady Hunt d'Hélène Frappat chez Actes Sud et
Esprit d'hiver de Laura Kasischke chez Bourgeois, se sont vites éteintes. Pour mémoire, rappelons nous que
Valérie menait l'équipe Hunt
, et que Mrs B. était chef de file du K.
Entre temps, sont apparus
Chambre 2 de Julie Bonnie chez Belfond adoré par
Eva qui parle de "
ce lien presque animal entre une femme et ses enfants" (moi forcément ça me parle et ça me plait).
Le
Chardonneret de Donna Tartt chez
Plon (quelqu'un n'en aurait pas encore entendu parler?) encensé par
Keisha qui salue "
l'écriture éblouissante", le suspens, "
une réflexion sur l'art, la vie, tout ça quoi" (je sais que cet enthousiasme n'a pas été celui de tous les lecteurs)
.
Le trio Albin Michel avec
Petites scènes capitales de Sylvie Germain défendu par
Margotte (Germainophile de la blogo).
Concerto pour main morte d'O. Bleys où Zazy se délecte "
à mi chemin du conte, de la farce, ce roman est un vrai enchantement. Enchantement des paysages enneigés, enchantement du texte". Zazy a également été bouleversée par
Muette d'E. Pessan: "Ce livre, presqu'un "hymne" à la différence, fait peur".
Mais ce n'est pas fini, Zazy (déclarée contributrice premium) défend également
La Servante du Seigneur de J-L Fournier chez Stock qu'elle présente "
comme un petit bijou acide". ...
...ainsi que
Les Evaporés de Reverdy chez Flammarion (le livre qui a failli être primé souvent...en vain) dont elle retient "
qu'avec beaucoup de délicatesse et de poésie, dans un Japon submergé par la catastrophe, Thomas B. Reverdy explore les âmes humaines et leur désir d'ailleurs".
En cas de fortes chaleurs de M. O Farell a été aimé par Valérie, mon leader qui salue "
un très beau roman qui [la] touche ,car il sonne juste et que son écriture est parfaite".
Je terminerai par le coup de coeur de Mina pour
L'écriture et la vie de Laurence Tardieu chez les éditeurs des Busclats : "
en cherchant en elle, Laurence TArdieu a mis au jour bien plus que son moi subjectif (...) Un retour à l'écriture, à la vie".
Ici s'achève ma récap de mars (je suis rincée!); merci à tous. Je me réjouis d'avance de la suite des événements, de vos réactions, de vos prochains coups de coeur. On se retrouve en avril (ou mai...disons juin au plus tard), pour voir si le panorama a évolué, si Eddy Bellegueule intègre ce palmarès, pour voir si Kerangal gagne du terrain et détrône Goby...
Je précise aussi que j'ai créé
un groupe FB consacré à ce non-challenge (oui, je suis en pleine mutation geek), je me suis dit que ce serait chouette d'y déposer des liens, d'en discuter et éventuellement de se disputer copieusement sur la définition d'une pépite. Nous sommes à ce jour deux dans ce groupe (oui je suis une fille très sociale), mais il est ouvert à tous les dépositaires de pépites; j'espère d'ailleurs que quelques lecteurs non-blogueurs nous rejoindront.
Allez, on a eu de la chance quand même cette année...