J'ai toujours considéré qu'il y a deux mois terribles pour naître: novembre, parce que le pire arrive, et février, parce qu'on espère le pire derrière soi...et puis non. Février c'est le mois où la grippe est la plus terrible, où il pleut encore, et c'est le mois des vacances d'hiver qui privent les petits poissons de leur journée de gloire à l'école.
A la base, je devais naître en mars, ce qui m'aurait sans doute donné un peu plus la gagne (Mars pardon mais ça a une autre allure), mais j'ai compris in-utéro que je n'aurais jamais un tempérament guerrier, donc in-extremis, je suis née dans le mois qui me ressemble le plus: février, le seul amputé du calendrier (déjà en termes de loose, je pense que c'est imparable).
Je n'aime pas tellement plus les anniversaires que Noël , surtout pas le mien et en plus depuis toujours j'ai beaucoup de mal avec les 5 (plus qu'avec les chiffres ronds). Et aujourd'hui, je dois bien m'y résoudre, je passe de l'autre côté de la trentaine....
Trop vieille pour faire encore la jeune (c'est décidé j'arrête les tresses, les mini-jupes et le gloss), pas assez pour pouvoir m'en plaindre (alors que sur plein de points, j'écrase les sexagénaires...mais bon).
Il y a des choses qui ne bougent pas dans les anniversaires. Bien sûr ma mère n'organise plus les goûters dont je suis la reine capricieuse à qui on pardonne tout en prenant sur soi, mais elle débarquera tout à l'heure avec crèmes, maquillage et parfum pour que je me prenne encore pour une princesse et que je fasse attention à ma peau" Chérie, prends soin de toi, tu sais qu'on marque vite dans la famille" (tu m'étonnes).
Parmi les choses qui perdurent, mon père (qui se souviendra après le coup de fil culpabilisant de ma soeur que c'est mon anniversaire) continue à me considérer comme un génie incompris "Je sais que tu feras de grandes choses, il te faut juste le déclic" (bon, disons que réussir un truc simple serait un bon début).
Je vais entendre en boucle toute la journée "ouf tu as échappé au 29" (ce qui aurait du sens si j'étais née une année bissextile), je vais recevoir des marques d'affection des gens que j'aime (et comme chaque année je vais regretter de n'avoir pas fait de liste "Ca te plait, je n'étais pas sûre que tu aimais ce style de top rose à paillettes, mais je l'ai trouvé très frais" (ok, c'est l'intention qui compte) ; mais aussi de ceux que je n'aime pas (et comme chaque année, je vais faire semblant de les apprécier parce que, bon, ils n'auront pas oublié la date "Attends quand même, on n'allait pas zapper ton anniversaire" (à croire qu'ils s'en souviennent juste pour me faire suer).
Et aujourd'hui, sur la Toile, fidèle à ma blogo-philosophie de voir toujours le verre à moitié plein, je vais donc faire le point de mes renoncements (j'ai épuisé le filon dans la famille et chez les amis réels, désolée ça tombe sur vous).
Donc, à 35 ans, il faut être honnête, il y a deux ou trois choses que je ne peux plus faire. En toute objectivité, il est trop tard pour être chanteuse dans un groupe de black-métal, danseuse au Bolchoï ou navigatrice en solitaire. Trop tard aussi pour recevoir le césar du meilleur espoir féminin et m'inscrire pour les JO.
Bref, je ne serai pas Simone de Beauvoire, ni Gabrielle Chanel, Isadora Duncan ou Marie-Jo Pérec. Oui la vie est faite de paliers où on est obligée de renoncer à certains archétypes.
Je vais donc aller digérer tout ça, dans un trou paumé au réseau alternatif et peu fiable, où théoriquement je ne verrai pas grand-monde pendant 8 jours (enfin manière de parler, avec les miens, ça n'existe pas l'absolue solitude). Je serai sans doute une blogueuse en pointillés (vous ne verrez pas la différence, c'est le cas depuis un petit moment).
La-haut, je vais compter les années (les mois peut-être?) de fertilité qu'il me reste, mes cheveux blancs qui ont bien compris que c'était maintenant ou jamais, mes varices récalcitrantes et mes rides bien installées (nos mères ont toujours raison). Je pars le coeur léger, avec ma sélection de Elle (la bio romancée d'un escroc, l'histoire d'une mère instable, et un polar sur une thérapie familiale inquiétante.)..absolument idéale pour un moment de l'entre-soi.
Je vais aussi et surtout profiter de mes petits coeurs qui sont indubitablement ce que j'ai fait de mieux, de l'Homme que je ne vois pas beaucoup hors du travail (donc dans un contexte serein), des allers et venus (contrôlés par l'ermite que je suis) des parents et amis qui monteront m'embrasser à tour de rôle (parce qu'ils ne s'aiment pas tous entre eux ;-).
Et au fond je sais que, si je suis honnête (ce qui me coute infiniment, mais parfois je me force), j'ai malgré tout un peu de chance...il est même possible que ça me suffise (enfin si on parle global hein ?!)
J'envisage même (comble absolu de l'optimisme) de chausser mes skis, mon sport préféré avec la danse et la course, si aucune des filles (ou de nous) ne tombe malade...(comme chaque année à cette période).
Evidemment, c'est si on n'y arrive. Parce qu'il doit neiger cette nuit en altitude, et devinez où sont les chaînes?....dans le garage de la maison où je passe mes vacances, à 1376 m d'altitude. Donc maintenant je vais croiser les doigts très fort et faire diverses incantations pour qu'il ne neige pas en-dessous de 1376m, et franchement, j'y crois dur comme fer.
Et comme que j'ai raté le super panorama de blogueurs en culottes courtes (qui sont tous plus beaux les uns que les autres), et que j'ai tous les droits (vu que je passe de l'autre côté de ma jeunesse), je me rattrape ici...y 'a pas de raisons, moi aussi j'étais choupinette quand je ne parlais pas....(et il paraît que j'ai parlé très tard).
PS: il est tout à fait possible que dans quelques jours, une fois le choc de mon anniversaire passé, je sois horrifiée de m'être à ce point étalée (ben oui, on ne peut pas se moquer des gens égocentriques et mettre un panorama de photos de soi dans un billet....)...dans ce cas, je ne manquerai pas de m'en plaindre et de faire mon mea culpa.
A tout bientôt les aminautes, c'était Galéa en direct de ses 35 ans civils (et de ses 62 réels).
Enjoy....