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Philippe Le Guillou, La Consolation,
Gallimard, 2006, 300 p. |
Ce ne sera pas le cas de ce roman.
Il est arrivé mystérieusement dans ma bibliothèque. Je ne me souviens pas de l'avoir acheté, je ne me rappelle pas qu'on me l'ait offert, je ne l'ai emprunté à personne non plus. Il est improbable qu'il soit arrivé tout seul dans mes étagères. Toujours est-il que La Consolation m'attendait, caché dans ma bibliothèque.
Il ne plaira pas à tout le monde, mais moi il m'a enchantée. L'histoire raconte les errances d'un jeune homme d'une vingtaine d'années dans le Paris des 70's. Raconté comme ça, pas sûr qu'il déclenche la curiosité!
En réalité, le jeune Marc Verney est un personnage comme je les aime. D'abord, il s'interroge sur sa propre foi et sa spiritualité. Autour de lui gravitent un évêque déchu et un séminariste désespéré qui cherchent encore leur place dans l'institution catholique. En cela, le roman déplaira à mes collègues, intellectuels de gauche, d'autant que Marc nourrit une passion littéraire pour des auteurs politiquement incorrects comme Montherland ou Drieu La Rochelle. Moi, j'aime l'ambiguïté du personnage.
Parce que Marc est ambigu, il s'interroge sur ses orientations, sur ses goûts. Son entourage est masculin, du golden boy d'avant le choc pétrolier au peintre maudit, c'est la peinture d'une certaine masculinité. Je sais que certaines de mes amies traditionnelles n'aimeront pas qu'on mêle religion et "garçonnie" (c'est le terme qu'il utilise). Elles aussi condamneront le roman.
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Eglise Divo Jacobo, Majori Apostolo,
rue Droite, vieille ville |
Ensuite, Marc déambule dans un Paris en pleine métamorphose, alors que des quartiers entiers disparaissent pour faire place à des projets modernes qui engloutissent l'âme parisienne. Dans ce chaos, subsiste le café d'Orgueil qui rassemble une clientèle aussi étrange qu'éclectique. Et Marc est breton, rennais précisément, il ne m'en fallait pas plus pour me séduire. Il décrit superbement la campagne de l'Ille et Vilaine et surtout les côtes tourmentées du sombre Finistère.
Enfin, Marc est un écrivain en devenir, un romancier qui se cherche. Je suis toujours fasciné par les auteurs quand ils sont mis en abîme dans les livres. Et vu que je ne suis ni une intellectuelle de gauche, ni une intransigeante tradi (ou peut-être parce que je suis un peu des deux? qui sait...), je me suis délectée. Son écriture est remarquable, il est rare, dans les romans contemporains, que les auteurs soignent à ce point leur style. Le sien est velouté, élaboré et digeste. A lire sans préjugé, c'est un roman qui sort des cases.
Après réflexions, il est très probable que ce livre m'ait été offert quand j'étais à la maternité. La date d'édition correspond à la fin de ma première grossesse. Si c'est cela, je me réjouis de ne pas l'avoir lu entre changes, tétées et nuits blanches, j'en aurais manqué l'essentiel.
Toujours est-il que le mystère de son origine me le rend encore plus attachant.