Un mois de novembre qui tient toutes ses promesses: premiers virus hivernaux et le cortège des mauvaises nouvelles / Tu pars de chez toi, il fait nuit; tu rentres chez toi, il fait nuit / Bonne ambiance / Survivre au crépuscule de l'année 2017 / Numérobis, un dimanche midi qui nous annonce, devant ses côtelettes d'agneau, qu'elle ne veut plus rien manger qui ait été vivant "avant" / Merveilleuse Odyssée de Daniel Mendelsohn, une lecture aussi éblouissante qu'érudite, et si tout était une histoire de filiation finalement ? / Qu'y a-t-il donc dans le tome 2 d'Eragon pour que Rayures nous demande aussi de ne plus lui proposer de viande ? / Accepter -par lâcheté- d'intégrer un équipe de courses en relai avec du dénivelé : perdre son honneur, sa dignité et un poumon / Le boulet qui a du mal à suivre / Une escapade parisienne forcée / La splendeur des Amberson pour mes 6 heures du trajet aller / Se réveiller entre la Sorbonne et le Panthéon et mesurer l'ampleur d'un renoncement / Un dîner entier où ça parle anglais: solitude quand tu nous tiens / Allemand LV1 évidemment / Traverser tout Paris pour fêter le livre et ne pas décoller du bar / Radio France et le syndrome de l'organisation d'un autre monde, n'est ce pas Sophie ? / Réussir à ne voir aucun auteur alors qu'on est là pour ça / "on peut passer monsieur ? " "Oui oui, vous redescendez, vous retraversez tout , et vous remontez les escaliers pour arriver par le 104" / Le moment du bug / Un thé à la menthe sans thé / Un jus d'abricot qui vient trop tard / Des rencontres qui sont en fait des retrouvailles : les évidences amicales / Team Elle 2014/ 4 ans déjà / Un dos de cabillaud dans le 5ème avec ma binômette / "The" jogging proustien dans les jardins du Luxembourg, et au lever du soleil, sentir surgir un vague sentiment d'éternité/ 7 Km dans un froid de gueux / Retourner plein Sud avec La légende du dormeur éveillé offert par mon irremplaçable leader / Rentrer et découvrir dans sa boîte au lettres, l'attention de la délicate Aifelle, toujours présente malgré tout / Un mois pendant lequel j'ai perdu la blogosphère en route / Le temps de rien / Un jour, même moi j'oublierai que j'ai blogué à un moment / Pas le temps de faire une vidéo / Décembre et ses fêtes qui nous tendent les bras / L'espoir improbable de pouvoir rédiger un billet / Duracell toujours en grève du sommeil / What did we expect ?
vendredi 1 décembre 2017
My November
Un mois de novembre qui tient toutes ses promesses: premiers virus hivernaux et le cortège des mauvaises nouvelles / Tu pars de chez toi, il fait nuit; tu rentres chez toi, il fait nuit / Bonne ambiance / Survivre au crépuscule de l'année 2017 / Numérobis, un dimanche midi qui nous annonce, devant ses côtelettes d'agneau, qu'elle ne veut plus rien manger qui ait été vivant "avant" / Merveilleuse Odyssée de Daniel Mendelsohn, une lecture aussi éblouissante qu'érudite, et si tout était une histoire de filiation finalement ? / Qu'y a-t-il donc dans le tome 2 d'Eragon pour que Rayures nous demande aussi de ne plus lui proposer de viande ? / Accepter -par lâcheté- d'intégrer un équipe de courses en relai avec du dénivelé : perdre son honneur, sa dignité et un poumon / Le boulet qui a du mal à suivre / Une escapade parisienne forcée / La splendeur des Amberson pour mes 6 heures du trajet aller / Se réveiller entre la Sorbonne et le Panthéon et mesurer l'ampleur d'un renoncement / Un dîner entier où ça parle anglais: solitude quand tu nous tiens / Allemand LV1 évidemment / Traverser tout Paris pour fêter le livre et ne pas décoller du bar / Radio France et le syndrome de l'organisation d'un autre monde, n'est ce pas Sophie ? / Réussir à ne voir aucun auteur alors qu'on est là pour ça / "on peut passer monsieur ? " "Oui oui, vous redescendez, vous retraversez tout , et vous remontez les escaliers pour arriver par le 104" / Le moment du bug / Un thé à la menthe sans thé / Un jus d'abricot qui vient trop tard / Des rencontres qui sont en fait des retrouvailles : les évidences amicales / Team Elle 2014/ 4 ans déjà / Un dos de cabillaud dans le 5ème avec ma binômette / "The" jogging proustien dans les jardins du Luxembourg, et au lever du soleil, sentir surgir un vague sentiment d'éternité/ 7 Km dans un froid de gueux / Retourner plein Sud avec La légende du dormeur éveillé offert par mon irremplaçable leader / Rentrer et découvrir dans sa boîte au lettres, l'attention de la délicate Aifelle, toujours présente malgré tout / Un mois pendant lequel j'ai perdu la blogosphère en route / Le temps de rien / Un jour, même moi j'oublierai que j'ai blogué à un moment / Pas le temps de faire une vidéo / Décembre et ses fêtes qui nous tendent les bras / L'espoir improbable de pouvoir rédiger un billet / Duracell toujours en grève du sommeil / What did we expect ?
dimanche 5 novembre 2017
Compte rendu de vacances #ToussaintForEver
ERREUR
On m'avait dit aussi "3 filles, c'est cool, bien mieux que 3 garçons, au moins tu évites les bagarres".
ERREUR
ERREUR
Au final, je me suis dit: tiens et si j'allais courir pour évacuer.
ERREUR
Courir à 1000m d'altitude, c'est courir en côte, se bruler les cuisses et les poumons (honnêtement je ne suis pas médecin mais je pense vraiment que je n'étais pas loin de pneumothorax ) . Juste avant que je parte, Rayures m'a rappelé que courir seule dans un chemin désert, c'était risqué, surtout vu les événements récents (moue de connivence et regard appuyé) et évidemment elle sait que je suis peureuse comme tout et que moi aussi j'ai peur de la mort et des gens méchants. Je suis donc partie moyennement rassurée, et pendant que j'écouter System of a down, une idée a germé dans mon cerveau suroxygéné.
Belle rentrée à tous. Je le répète la Toussaint, en termes de vacances en famille, c'est une valeur sûre. Demain je vais afficher une mine réjouie et répondrai avec un sourire éclatant "c'était une semaine merveilleuse".
"Et si tout se déroule jamais comme dans tes plans, si tu n'es qu'une pierre qui roule, roule mon enfant"
mardi 31 octobre 2017
My october
samedi 28 octobre 2017
Souvenirs dormants - Modiano
Patrick Modiano, Souvenirs Dormants (2017) Gallimard, 2017, 105 p. |
Retrouver Modiano après trois ans d'absence
Ce n'est pas si simple le premier roman après un Nobel, une belle médiatisation, quelques polémiques (et mon éphémère heure de gloire bloguesque à l'annonce de son prix). On ne va pas se mentir, il y a la peur d'être déçue, la crainte qu'il ait changé, ou même d'avoir trop changé soi-même au point de ne plus être sensible à sa manière si singulière d'écrire. C'était un risque ces retrouvailles.
Je me suis donc jetée dessus le jour de sa sortie, avec crainte et fébrilité (déjà dépitée du trop peu de pages de son nouvel opus). J'ai de la chance, il y a des choses qui ne changent pas dans la vie : ce qu'écrit mon romancier préféré et ma manière de le lire. Tout va bien donc.
C'est toujours l'histoire d'un homme qui se souvient
C'est encore le long rassemblement des souvenirs qui s'éparpillent toujours plus à mesure que le temps passe. Car même si Modiano aura pour moi toujours une trentaine d'années, on ne va pas se mentir, c'est maintenant presque un vieux monsieur. C'est vrai, c'est encore une histoire de déambulation, d'adresses d'un autre temps, c'est, selon les expressions journalistiques maintenant convenues, son éternelle "géographie intime", ses "brouillards phosphorescents", la "petite musique de Modiano"...mais au fond c'est tellement plus que tout cela.
Souvenirs dormants raconte la longue solitude d'un jeune homme entre 17 et 22 ans, et de ses rencontres imprécises. Des femmes essentiellement. On y retrouve les personnages féminins de ses autres romans, on croise des état-civils qui en rappellent d'autres, des situations qu'on a déjà lues. Il y a la femme mystérieuse et légèrement fatale, forcément mariée mais sans époux. Il y a la très jeune femme sous emprise, la vingtaine à peine engagée, fragile, en équilibre entre deux mondes et qui ne s'appartient pas vraiment. Il y a le couple en fuite qui se cache d'hôtels en hôtels. Et surtout, il y a celle qu'il ne veut pas nommer et pour cause :
"je me méfie encore , après cinquante ans, des détails trop précis qui pourraient permettre de l'identifier" (p.75)
Souvenirs dormants répond une fois de plus au reste de son œuvre
Cette femme qu'il ne veut pas nommer, c'est peut-être Carmen de Quartier perdu. Ici, les souvenirs dormants paraissent aussi potentiellement inquiétants que des agents. Car c'est d'abord et surtout un roman sur le danger, la peur, la disparition, la fuite et le mystère. Modiano ce n'est pas que du flou, c'est aussi l'évocation des gens malveillants, au passé trouble, des hommes dangereux, menaçants, ceux dont il disait dans son précédent livre qu'ils sont aussi coupants de face que de profil (de mémoire hein, peut-être ce n'est peut-être pas la formulation exacte).
Deux jours après l'avoir terminé, après avoir relu Quartier perdu, une partie Du plus loin de l'oubli et de Fleurs de ruines, ainsi que certains chapitres de sa biographie, je me dis que l’œuvre de Modiano c'est un monde parallèle (disparu, imaginaire, littéraire ? peu importe). Je ne sais pas du tout si Souvenirs Dormants pourrait plaire à quelqu'un qui ne connaît pas son œuvre, parce que je le lis à la lueur des autres. Mais pour le lecteur assidu et un peu obsessionnel de Modiano (dont je suis), ce dernier roman, presque trop court, trop essentiel, est une nouvelle piste de compréhension, qui une fois de plus éclaire tout le reste. La matrice de l'écriture de Modiano c'est vraiment le danger, la fuite, l'évaporation, le souvenir.
Car ce que nous confirme Souvenirs dormants (et on respire l'effroi du narrateur (ou de l'auteur) à l'évoquer une nouvelle fois) c'est que si l'Occupation est au cœur de sa production, il y a aussi une certaine nuit de l'été 1965, avec un cadavre froid au 2 avenue Rodin, Paris XVIe. Modiano nous renvoie lui-même vers Quartier perdu avec la production du rapport d'enquête, les constatations de la police, avec la fuite et la disparition. Clin d’œil littéraire ou dissimulation du réel, à la limite peu importe.
"Ainsi, on ne saura pas s'ils appartiennent à la réalité ou au domaine des rêves" (p.96)
Un narrateur face à ses propres démons
Dans Souvenirs dormants, c'est comme s'il trainait derrière lui depuis trop longtemps quelque chose qui mêle le drame et la beauté, le banditisme et la fragilité. Des crapules qui menacent des femmes en suspension. Il y a un demi-siècle, le narrateur pense n'avoir été qu'un simple figurant dont personne ne se souvient, au milieu d'une population marginale et désargentée. On l'observe faire le bilan de ses nombreuses fugues et de ses lâchetés.
Je me demande combien sommes-nous de lecteurs un peu fous (et moyennement en place quand même il faut bien l'avouer) qui continuons à reconstituer l'ensemble de son enquête sur ce qui n'est plus et qui n'a peut être même jamais été. Combien sommes-nous à recouper les états-civils improbables, les adresses et numéros caduques ?
Et puis à chaque fois, il repart pour une nouvelle destination qui n'existe plus, ici ce n'est pas vers la rue des boutiques obscures à Rome qu'il poursuit son chemin , mais vers le portail vert de la dernière maison d'un village nommé Remauville.
(que j'ai déjà localisé sur ma carte...tout en dissimulant à l'Homme mes agissements, je suis irrécupérable...).
dimanche 22 octobre 2017
Les Furies
Lauren Groff, Les Furies (Fates and Furies 2015) Traduction: Carine Chichereau Editions de l'Olivier, 2017, 427 p. |
vendredi 13 octobre 2017
La Porte
La Porte de Magda Szabò (1987) Traduction Chantal Philippe Livre de Poche, 2017, 346 p. |
Je précise que s'il y a un livre qu'un esthète doit impérativement posséder, c'est bien celui-là parce qu'une couverture aussi belle mérite sa place dans n'importe quelle bibliothèque (#PointDéco #CestCadeau).
lundi 9 octobre 2017
Mon immersion #4
Je suis abstinente (sur FB et IG) depuis 47 jours.
Je considérais être arrivée au bout de ma désintoxication 2.0 (c'est à dire que je ne suis pas retournée sur FB et IG, hormis la page du blog, mais j'ai repris twitter en douce pour être au courant de ce qui se passe dans le monde et pour suivre les blogs).
Je pensais donc m'arrêter là, quand j'ai reçu un mail du service du CHU. La prochaine séance serait donc à "ciel ouvert", c'est à dire en extérieur pour que nous puissions "reprendre contact avec le réel" . Oui rien que ça. Cela consistait à se retrouver dans un café, un vendredi soir à 18 heures ( heure bâtarde s'il en est: trop tard pour un thé, trop tôt pour un apéro).
J'ai donc du y aller, en espérant que cet effort surhumain marquerait la fin de ma thérapie.
"Vous êtes là réunis parce que le fait de bloguer a biaisé votre rapport aux réseaux sociaux, les pages FB, le nombre de like, les retweet, les partages etc...tout cela a modifié le rapport que vous aviez à la communauté, parce que globalement vous aviez tous quelque chose à vendre".
Silence de plomb. Jean-Charles (qui est habillé d'une sorte de jogging -!- sans doute pour éviter que naisse toute ambiguité avec ses patientes - objectif largement atteint), Jean-Charles donc propose de faire un tour de table pour que chacun présente son blog (ou ce qu'il en reste).
Personne n'ose me demander mes scores (de toutes manières, j'ai dit que je l'avais supprimé), mais Jean-Charles poursuit sur sa lancée.
-"Même pas pour faire gagner un livre de poche à 6€ Galéa ?
-"Même pas non.
Je savoure ma supériorité éthique; et j'entends derrière moi, une blogueuse famille qui me lance:
Mais à voir la tête des autres, je comprends que la blogo littéraire, c'est la blogo du pauvre. Je vois les autres "patients" lever les yeux au ciel et la blogueuse mode, avec ses affreux ongles tigrés, pouffe carrément "Nan mais sérieux quoi!!! Un blog qui parle que de bouquins ?"
Je suis vexée comme un petit pou.
Jean-Charles qui sent que j'ai du potentiel en matière de frittage tente de calmer le jeu:
C'est alors que Paméla se sent obligée d'intervenir
"Nan mais attends Galéa il en faut pour tous les goûts aussi, je te comprends, c'est chouette de lire, moi j'aime bien aussi parfois, tiens par exemple là tu vois j'ai reçu le livre d'une blogueuse qui a fait une téléréalité avant de monter sa marque de thé, c'est drôlement bien, vraiment je le lis avec plaisir".
"Oui, oui c'est No Filter", rugit la blogueuse mode
Vu que je ne sais pas du tout à quoi elles font allusion, je réponds :
"Certains blogueurs littéraires font ce que tu dis: les partages, les concours, les likes etc...hein, tu crois quoi, qu'on est trop stupides pour faire comme les autres?"
La blogueuse run m'assène le coup de grâce "C'est un peu facile de se la jouer détachée de tout ça quand on est sur un créneau qui n'intéresse personne". Saleté.
Silence de mort. C'est à ce moment là que L'Homme me harcèle de textos car il est seul avec les trois filles dont Duracell qui a décidé de manger ses lentilles à la fourchette (purée dans quel état vais-je retrouver ma cuisine?). Paméla, interloquée, regarde Jean-Charles avec les yeux du désespoir, Thierry semble résigné, Mme Commerce-Equitable fait une moue dubitative, M. SEO hoche la tête avec tristesse comme quelqu'un à qui on annonce un diagnostique qu'il sentait venir, la blogueuse mode réajuste son étole léopard en faisant non de la tête...On sent que ça pique pour tout le monde. L'Homme m'envoie que Numérobis à 39,7 et me demande s'il lui donne un doliprane. Je me dis qu'il est temps de lever le camp.
Mais, j'ai encore du tenir encore 1/2h avant de rentrer chez moi.
La question est: dois-je sur mon propre blog expliciter en quoi la blogosphère est devenue ringarde?
Ou bien je fais comme si je ne m'étais pas rendue à cette ultime séance.
mardi 3 octobre 2017
Les Vacances
Les Vacances de Julie Wolkenstein POL, 2017, 361 p. |
Oui...mais....
Bien sûr, je savais bien qu'il serait difficile de passer après Adèle, qui de mon point de vue était un grand et beau livre. Entre temps, j'ai lu d'autres Wolkenstein, et vu que j'aime les romanciers qui écrivent toujours le même livre (on s'en douterait...rapport à Modiano #DieuLittéraireVivant), à chaque roman, je retrouve avec plaisir la maison mangée par la mer, les vieilles dames au passé sombre, les traces qui n'en sont peut-être pas, les portraits des universitaires, le tabac et l'alcool, les maternités ambiguës, les parents divorcés, le père mutique, la mère fantasque, l'Amérique toujours un peu suggérée etc... à chaque fois je me régale.
Donc le pitch était évidemment écrit pour moi.
Mais bon.
A bien y réfléchir, peut-être qu'une fois qu'on a écrit un pavé aussi travaillé qu'Adèle et moi, il n'est pas vraiment possible de rester dans la même veine, et que la romancière avait sans doute à ce moment là, besoin de légèreté.
Rendez-vous au prochain Mme Wolkenstein et sans rancune, je vous aime encore.
samedi 30 septembre 2017
My September
J'y ai perdu un temps fou, je me suis bien amusée, et je me suis dit qu'il compenserait mon sevrage de RS dont l'un des dégâts collatéraux est de prendre nettement moins de photos qu'avant. C'est approximatif, égocentrique et partial, bref Tarantino n'a rien à craindre.
jeudi 21 septembre 2017
Mon immersion #3
Satisfait, Jean-CHarles m'a approuvé en hochant la tête avec cette répartie sublime :
-"Galéa combien avais-tu d'amis sur Facebook? (oui maintenant on se tutoie pour vraiment aller au fond des choses)
-"Je ne sais pas ...une grosse centaine peut-être...
- "Combien d'entr'eux réagissaient à ce que tu racontais?
- "5 ou 6, parfois une dizaine je pense
Silence un peu gêné, je sens qu'il attend quelque chose ...vu que je ne dis rien, il enchaine:
-" c'est proportionnellement peu on est d'accord ?
-" On est d'accord (mais ces 5 ou 6 là me manquent quand même...)
Je n'ai plus ma dose de choses inutiles en fait.
Hein ?
"Galéa, va plus loin, sois plus honnête...
Je suis un peu gênée parce que forcément il met la barre haut, à la limite on est tous normaux par rapport à lui. Enfin, c'est ce que je croyais.
C'est quoi ces malades?
-"Nan, mais purée quoi, Marseille c'est à côté quand même, pourquoi avoir invité cette pouff [dixit] de Lyon et pas moi ?
Devant mon silence d'incompréhension, elle continue, "j'ai passé la ligne jaune quand je l'ai googlisée pour en savoir plus sur elle, et de fil en aiguille (je sais ça craint) mais vu que ma soeur bosse aux Trésor Public, bon bah on s'est aperçue qu'elle ne déclarait pas ses revenus du blog (pas grand chose mais quand même) , donc bon, je n'en suis pas fière, mais disons...que enfin tu vois quoi".
C'est là que je me dis qu'avec le nom que je porte, il n'aurait pas fallu que je l'aie pour voisine pendant la guerre.
- Tu es dans quel collège?
Jean-Charles m'a fait savoir que ma question était très mal venue.
Je dois avoir un tête de dépressive car Jean-Charles me regarde "Galéa, si tu es là c'est que toi aussi tu as passé la ligne rouge à un moment, sinon c'est que tu n'as rien à faire ici".
Effectivement, est ce que j'ai vraiment quelque chose à faire avec ces gens-là ?
jeudi 24 août 2017
Mon immersion dans le service d'addictologie #2
Abstinente depuis 7 jours.
Notre gourou est arrivé pile à l'heure (on a tous nourri l'espoir pendant 10 minutes qu'il soit empêché , mais non). Des 15 "patients" que nous étions la dernière fois, nous ne sommes plus que 8 (qui déjà regrettons d'être revenus).
Nous hochons tous la tête en coeur, solidaires dans notre désoeuvrement profond.
Jean-Charles nous regarde visiblement satisfait (ce type me fait peur):
Il faut que je quitte ce programme au plus vite (d'autant que forcément, d'exemples en exemples, on finit bien par reconnaître un "autosatisfait" dans ses "amis").
Une espèce de silence pesant accueille cet exercice.
Jean-Charles est un repenti des RS, j'en suis sûre maintenant
"Vous êtes à présent débarrassés d'eux pour l'Eternité (je suis au bord du malaise, j'ai peur qu'il y ait de la drogue dans mon jus de pomme). Je vous demande de penser à ce que cette semaine de sevrage vous a apporté: Galéa par exemple? Ta maison est-elle mieux tenue ? (je ne vois pas bien pourquoi c'est à moi qu'il pose cette question ?), Paméla? as tu une meilleure qualité de sommeil maintenant que tu ne passes plus tes soirées les yeux rivées à ton écran de téléphone?
"Pour la semaine prochaine, je vous demande de noter sur un carnet, tout ce que vous avez fait à la place de surfer sur Facebook, Twitter, Instagram, etc.... en notant les heures. Pour améliorer votre sevrage et le rendre supportable, il y a plusieurs astuces: discuter avec des vrais gens qui sont à côté de vous, faire des mots croisés, parler avec votre conjoint, vos parents, ou vos enfants, vous lancer dans des tâches ménagères, tricoter, crocheter, coudre (là il fixe une dame née dans les années 50 qui soutient son regard avec défi), faire vous-mêmes la vidange de la voiture, voire, pour les plus courageux, lire un livre. Bonne chance à tous, à dans 15 jours". (moment de joie dans l'assistance de savoir que ce ne sera qu'une semaine sur deux qu'on s'infligera cela).
"Et la vraie question que tu dois te poser c'est: es-tu sûre surtout de n'avoir jamais été aucun des trois pour personne?"
Fin de la première vraie séance, il est 10h du matin, trop tôt pour se saouler (quoique). Je suis à la limite de me passer L'envie d'avoir envie de Johnny.
Je ne suis plus au courant de rien, vu que Twitter était ma seule source d'info (pas de journal TV chez nous, et pendant les rares flash info sur France Culture, j'en ai toujours une qui beugle, et vu que je ne suis pas bienveillante, en général on est plusieurs), je ne suis donc plus LivreHebdo ni ActuaLitté, je n'ai aucune idée de l'actualité des auteurs, c'est par Messenger que j'ai appris l'attentat à Barcelone, tout comme le tremblement de terre italien, je n'ai même plus accès à mes propres phobies.
J'ai l'impression d'être enceinte et d'avoir arrêté de fumer, au début on trouve ça tout à fait gérable et 15 jours après, on tuerait père et mère pour une cigarette et une bière.
J'en suis à ce stade et à mon avis je ne suis pas la seule (Paméla avait très mauvaise mine en sortant, Thierry semblait au bout de sa vie et la petite dame baissait les yeux comme une malheureuse).
Très clairement nous sommes tous en manque.
A dans 15 jours (si tout va bien)
jeudi 17 août 2017
Mon immersion dans le service d'addictologie aux RS #1
Bonjour,
Je m'appelle Galéa, j'ai 38 ans et je suis addicte aux réseaux sociaux.
Je suis abstinente depuis 2H.
Soucieuse de sauver mon couple déjà éprouvé par 6 mois de travaux et un déménagement (plus Duracell qui ne dort toujours pas), j'ai cédé et me suis rendue dans un service spécialisé, dans un coin reculé d'un CHU poussiéreux, parqués à l'arrière du bâtiment comme si nous étions contagieux (une infirmière nous a expliqué que c'était pour éviter qu'on contamine des gens qui avaient des maladies physiques et qui par définition étaient plus perméables à l'addiction numérique pour peu qu'ils aient un smartphone).
Sois la bienvenue parmi nous Galéa, prendre conscience de son accoutumance toxique est déjà un grand pas, nous sommes là pour t'aider à franchir ce cap difficile du sevrage numérique. Ce ne sera pas simple, mais nous t'accompagnerons dans ta courageuse démarche.
-"Es-tu prête à te sevrer brutalement Galéa: à détruire ton compte pour toujours ?"
Non quand même pas, je dois récupérer les photos : 3 ans de portraits divers et variés de mes filles, ce n'est pas rien. Je vais donc y aller en douceur. (opprobre dans sa voix, au sujet de mes enfants, exposées sans leur accord, j'ai beau lui dire qu'à 18 mois, Duracell s'en fiche un peu, il me regarde avec mépris : tu as jusqu'à Noël Galéa! - Je commence à me demander s'il ne recrute pas pour une secte).
On finit avec Facebook, et là, notre gourou est carrément hystérique:
- "Combien d'entre vous ont-ils passé des après-midi entières à défiler leur fil d'actualité pour ne pas lire un seul post d'intéressant, et vous ennuyer au lieu de faire des choses cons-tru-ctives ? (tout le monde lève la main)
- "Combien d'entre vous se sont-ils brutalement écharpés avec des gens qu'ils ne connaissent absolument pas sur des questions politiques, religieuses ou éducatives ? (Tout le monde lève la main, pour faire ma maligne je rajoute que je me suis beaucoup disputée aussi sur des questions littéraires, le gourou me demande de rester à ma place et de ne pas se la jouer l'intello de service).
- "Combien d'entre vous se sont-ils faits envahir sur leur mur, dégager sans préavis, bloquer par des presque inconnus....et combien d'entre vous ont-ils aussi fait cela chez les autres, combien élèvent leurs enfants avec les règles de politesse et se conduisent comme des bipolaires sur la Toile" (bon là c'est plus mitigé, je raconte que j'ai masqué la moitié de mes contacts par courtoisie et pour ne faire de peine à personne, je me prends dans la figure "ça ne montre pas que tu es courtoise, Galéa, mais juste que tu es lâche; et arrête d'intervenir à tout bout de champs dans la thérapie". Vexée, je suis a deux doigts de récupérer mon téléphone, de me connecter et d'aller chouigner sur mon mur.
"C'est ça le monde dans lequel vous voulez vivre?, vous avez tellement de temps libre que vous pouvez le consacrer à ça ?" hurle le gourou (moment de silence gêné, car il surjoue un peu l'exaspération, mais bon ça marche).
Personnellement, j'ai plein d'arguments à lui opposer, mais je ne le sens pas prêt à m'écouter, et si je me fait virer de la thérapie de groupe, j'ai peur que l'Homme divorce.
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