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Ian McEwan, Opération Sweet Tooth Gallimard, 2014, 439 p. |
Et voilà, je termine mon mois anglais de justesse avec le dernier McEwan, juste sur la limite (heureusement qu'il pleut aujourd'hui, j'ai pu rédiger un billet). Je suis très fière d'avoir réussi à honorer ce rendez-vous difficile à tenir en ce mois de juin surchargé (en pleine phase d'auto-congratulation).
Soyons honnête, je suis tombée en amour de McEwan l'année dernière avec Expiation , donc ce billet ne sera pas nécessairement des plus impartiaux (je suis une lectrice à la Cabrel "quand j'aime une fois c'est pour toujours").
En trois mots: c'est l'histoire de Serena, recrutée dans les années 70' par le MI5, pour s'ingérer dans la vie d'un romancier en devenir et vérifier qu'il rédige des oeuvres du bon côté idéologique de la guerre froide.
Et comme dans Expiation, je suis une fois de plus sous le charme des personnages féminins de McEwan. Cette fois, il nous a campé une splendide Serena, belle et intelligente (bien plus que sa soeur Lucy visiblement assez moche, moins futée et limite un peu paumée). J'ai retrouvé avec plaisir la sensualité et même la sexualité que McEwan sait manier avec brio (franchement la scène de la première fois avec Jérémy est très réussie). Et puis c'est toujours aussi drôle. Drôle comme j'aime, c'est à dire sans gros sabots, sans grosses blagues, drôle et un peu triste, drôle et un peu cruel...bref à l'anglaise.

J'aime comme toujours tout ce qu'il sait mettre en périphérie du livre, l'ambiance d'un Londres pluvieux en économie permanente d'énergie (Serena qui déambule à Londres, vraiment je m'y suis crue). La colocation avec des avocates pas très fun formait une toile de fond idéale (être seule même à cinq c'est crédible). Le pasteur pas communicatif du tout, à l'ombre de sa cathédrale, c'est génial. La mère qui force sa fille à faire des mathématiques à l'université, c'est avant-gardiste. Les longues journées d'amour à Brighton ont un merveilleux goût d'iode. L'amie Shirley est parfaitement réussie (délicieuse prolétaire, renvoyée du MI5 qu'un destin plus joyeux attend ensuite), tout autant que le presque amoureux Max (dont je ne dirai rien pour ne pas déflorer).

Alors oui Attila, je sens que tu t'énerves là derrière ton écran, ce n'est pas le plus réussi des McEwan, je te le concède (d'autant plus facilement que ce n'est que mon deuxième). Je te jure de lire Sur la plage du Chesnil qui est bien mieux (je te fais confiance tu le sais bien). C'est vrai qu'il est moins rythmé, c'est vrai qu'il est un peu plus étalé, un peu délayé même parfois. Oui Attila, ce n'est pas le meilleur, c'est un diesel de chez diesel...
Mais quand même (écoute moi ne t'énerve pas), je vais t'avouer que j'ai pleuré à la fin (et tu sais bien qu'il m'en faut - vu que je n'ai pas de coeur). Le livre dans le livre, c'est toujours aussi magistral. Admets que tout s'emboîte merveilleusement bien, qu'il a bien travaillé McEwan, le puzzle est parfait.
Reconnais aussi la belle réflexion qu'il fait sur la littérature. Rappelle-toi la scène où il parle de l'opération Mincemeat sur les plages espagnoles , là "où l'inventivité et l'imagination ont pris le pas sur l'intelligence" (p.434).
Et puis franchement, l'arroseur-arrosé ça reste une valeur sûre.

Je quitte ce mois anglais à regret, je me suis vraiment bien amusée, merci aux organisatrices, Lou, Titine et Chryssilda dont j'admire la patience, l'organisation et la constance.
Je finis juin sur les genoux et entre, complètement dépitée, dans juillet. A propos de juillet, c'est ma première participation au challenge du leader sur la rentrée d'hiver (oui je sais, un 29 juin, c'est limite, mais Valérie est très indulgente avec moi).
Une chose est sûre, l'été arrivant : vous n'avez pas fini de m'entendre me plaindre...
(mais c'est aussi comme ça qu'on m'aime, isn't it?)