Il y a eu l'épidémie des blogs qui ferment, puis ceux qui se sont mis à tourner au ralenti; il y a les blogueurs qui ont tiré le rideau et ceux qui sont passés à autre chose, aux réseaux sociaux, plus instantanés, plus simples plus rapides. Alors, à quoi ça sert le blog? Est ce que ce n'est pas vain le temps qu'on y consacre, tout le travail en amont d'un billet...
Sauf que le blog reste comme un témoin de nos lectures, comme l'instantané d'un moment donné, d'une émotion et finalement je garde d'avantage le souvenir d'une chronique d'un livre que d'une dispute sur Facebook.
Il y a aussi le fait que je sois une fille pénible, de celles qui critiquent tout et tout le temps, qui donne des leçons tous azimuts (alors que soyons honnêtes, je suis très mal placée pour ça). Et, à un moment, monologuer sur mon blog en marmonnant tout ce qu'il ne me convient plus, c'est un peu tourner en rond aussi.
C'est ainsi que le 1er de chaque mois, je m'entretiendrai avec un blogueur (que j'aime bien sûr) pour parler un peu de ce que qui nous passionne tous: les bouquins, la blogo, les blogueurs. Le Comment, le Pourquoi et le Parce que d'un média auquel finalement je reste très attachée.
Et j'ai eu la chance, pour amorcer ce rendez-vous, d'avoir l'accord d'un blogueur suffisamment influent (pour que je puisse lui poser mes questions tordues), suffisamment bienveillant (pour accepter que je les lui pose), et de suffisamment mesuré (pour ne pas se disputer avec tout le monde au premier rendez-vous). C'est donc avec
Jérôme d'une Berge à l'autre qu'on va se regarder le nombril, Jérôme qu'on ne présente plus (et sûrement pas sur ce blog), celui qui fait partie de cette minuscule poignée d'hommes dans ce monde de femmes, dont une blogueuse itinérante dit "qu'il est une blogueuse presque comme les autres" (tout est dans le "presque", surtout depuis qu'il a coupé ses cheveux), mais surtout qui a le grand mérite d'être loyal et honnête, et aussi de supporter (et même d'encourager) la sale gaminerie je suis.
Merci à lui de se prêter au jeu.
1- Trois mots de présentation
Je suis un homme de 40 ans. Marié, papa de trois filles de 2,
9 et 12 ans. J’habite dans l’Oise et je suis professeur documentaliste au sein du
réseau CANOPÉ (je suis en fait responsable d’une médiathèque pédagogique à
destination des enseignants et je mène en parallèle des actions autour de la
lecture dans les écoles primaires et les collèges).
Jérôme est-ce que c’est indiscret de te
demander quelle a été la petite
étincelle qui a mené à l’ouverture d’une berge à l’autre ? Certains assument
que c’est par désoeuvrement, d’autres parce qu’ils ont eu envie d’avoir un coin
à eux, ou bien un rapport avec le travail etc…
La
raison première du blog était une volonté de garder une trace de mes lectures,
de faire de cet espace une sorte de pense-bête. Au départ c’était une démarche
purement égoïste, sans aucune ambition de partage ou d’échange. D’ailleurs si
tu regardes mes premiers billets tu verras que je ne répondais jamais aux rares
commentaires. Je n’en avais rien à faire en fait, j’écrivais mes avis pour moi
et je ne pensais pas une seconde qu’ils puissent intéresser qui que ce soit.
Les premiers mois, je ne fréquentais pas du tout la blogo, j’étais un ours bien
au chaud dans sa caverne sans aucune envie d’en sortir.
Par
la suite j’ai appris à découvrir la richesse qui m’entourait, d’abord chez ceux
qui prenaient régulièrement le temps de venir sur mes berges, puis le cercle
s’est élargi. Cela s’est fait naturellement, j’ai compris que les autres
avaient beaucoup à m’apporter par la diversité de leurs lectures et de leurs
avis, par la diversité de leurs écritures aussi. Mais au départ je n’ai pas du
tout créé mon blog dans ce but-là.
3- Pratique
du blog.
Combien de temps
passes-tu chaque jour (ou chaque semaine) dessus ? Combien de blogs
suis-tu, à partir de quel agrégateur, ou facebook, ou au hasard des clics. Ta
gestion de réponses aux commentaires. Es tu d’accord pour donner ton nombre de
visites ou c’est black-out sur les stats ? Comment fait-on pour être un
blogueur régulier avec un métier et une petite famille ? Le temps du blog,
il empiète sur quoi ?
Le temps que je passe par jour sur le blog est assez réduit.
En général je prends 15-20 minutes le midi pour répondre aux commentaires et 45
minutes le soir pour écrire un billet. J’ai la chance d’écrire vite (je n’ai
pas dit bien, hein !), ce n’est jamais contraignant pour moi de faire un
billet. Je fais les choses sérieusement mais sans me prendre la tête non plus,
et tant pis si cela se sent parfois…
J’ai une centaine de blogs dans mon Netvibes, c’est le seul
agrégateur que j’utilise quotidiennement.
Pour les commentaires, j’y réponds rarement le jour de
publication du billet. Je laisse toujours passer quelques temps, mais il n’y a aucune
règle en fait.
Concernant les stats, il n’y a pas de black-out, j’ai passé
l’âge de jouer à qui a la plus grosse. Blogger me dit que j’ai entre 700 et 800
pages vues par jour, avec des pointes à 2000 et des creux à 400. C’est variable,
je ne sais pas si c’est énorme ou ridiculement faible par rapport à d’autres,
ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse à vrai dire. Je constate juste que
ces chiffres n’augmentent plus depuis au moins un an, qu’ils auraient même
tendance à baisser un peu. Mais franchement, c’est le dernier de mes soucis.
Le temps du blog n’empiète pas sur grand-chose. En semaine,
je profite de ma pause du midi pour aller lire les blogs de mon netvibe et
répondre à mes commentaires et le soir, quand les filles sont couchées et que
madame regarde la télé, je m’autorise une petite heure pour faire un billet. Le
week-end le rythme est différent, ma femme est une grosse dormeuse et moi pas,
donc je m’occupe de bébé qui est une vraie lève tôt et je suis souvent au
taquet vers 6h30. Mais une fois qu’elle est changée et qu’elle a bu son
biberon, elle a pris l’habitude de jouer toute seule en attendant le réveil de
ses grandes sœurs. J’ai donc souvent deux heures devant moi dans une maison
tranquille, j’en profite pour lire et bloguer.
4- Le
blogueur et toi
Jérôme, tu as choisi de ne pas prendre de
pseudo (à moins que tu avoues ne pas t’appeler Jérôme IRL). Quel est ton
rapport avec le Jérôme virtuel ? Tu
es un blogueur populaire, apprécié par les blogueuses de tous âges, tu n’es pas
sans ignorer que tu passes pour le chouchou de ces dames de la blogo. Bref
virtuellement, tu es un homme à femmes, et ceux qui te connaissent un peu
savent qu’IRL tu as aussi beaucoup de femmes dans ta vie (ne serait-ce qu’avec
tes filles ou ton épouse). Alors le Jérôme d’une berge à l’autre est-il un
Jérôme amélioré ou te ressemble-t-il? Es-tu aussi bienveillant dans la vie que
sur la Toile ? Et comment perçois-tu l’image que tu renvoies ? Jusqu’où peut-on aller avec la volonté de
transparence ?
Je
n’ai pas pris de pseudo parce qu’au départ ce blog ne s’adressait qu’à moi et
qu’il n’était censé intéresser que ma petite personne.
La
popularité, le chouchou de ces dames, tout ça, tout ça, tu sais à quel point
j’ai horreur de cette image ! J’ai toujours dit que les choses seraient
bien plus simples si j’étais une femme, malheureusement ce n’est pas le cas.
Maintenant est-ce que le Jérôme virtuel est LE vrai moi ? Bien sûr que
non. C’est un personnage, un petit bout de moi forcément tronqué mais sûrement
pas amélioré. Ce n’est pas une vitrine, je ne suis pas là pour me vendre ou
jouer un quelconque jeu de séduction à travers lui. J’ai dit des choses très personnelles
et très sincères sur le blog, d’autres enjolivées, et d’autres encore bien
moins reluisantes qu’elles ne l’étaient en réalité. Je joue un peu avec ce
personnage, il serait stupide et malhonnête de le nier. Mais il me ressemble
dans une certaine forme d’autodérision, une bonne dose de mauvaise foi, une
absence d’orgueil et d’amour propre, une modestie et une forme de gentillesse à
toute épreuve qui reflète assez bien ce que je suis dans la vraie vie. Et puis
mon moi virtuel a fait grandir mon moi réel, notamment dans le rapport aux
autres. Je ne vais pas m’étendre sur ton divan pour entamer ma première séance
de psychanalyse, mais je crois que tu auras compris ce que je veux dire.
A
part ça je ne perçois pas du tout l’image que je renvoie, heureusement que de
bonnes âmes le font à ma place et m’ont plus d’une fois ouvert les yeux. Le
regard des autres n’est pas un paramètre que je prends en compte quand je
m’exprime sur le blog, heureusement d’ailleurs, je n’ai pas envie de me prendre
la tête avec ce genre de considération.
5 -
Le
blogueur et le lecteur
Tu sais que tout donneur de leçons qui se
respecte (je sais que quoi je parle hein) milite pour les librairies
indépendantes, tape sur Amazon et s’insurge sur l’achat des bouquins en grandes
surfaces. Mais il me semble que tu m’as dit un jour n’avoir plus de librairie
dans ta ville. Alors, où, comment et à quelle fréquence achètes-tu tes
livres ? Est-ce tu empruntes un peu, beaucoup, à la folie ? (je sais
aussi que tu offres beaucoup).
Ma
ville préfecture de 60 000 habitants est restée deux ans et demi sans
aucune librairie. Étant un très gros acheteur de livres, j’ai dû passer nombre
de commandes en ligne. J’ai aussi la chance d’aller régulièrement à Amiens et
j’y fais toujours des emplettes, notamment dans une excellente librairie BD. Depuis
septembre dernier les choses ont évolué puisqu’une petite FNAC a ouvert ses
portes en ville et qu’à l’automne prochain Le Furet du Nord doit s’installer
dans un méga centre commercial actuellement en construction. L’offre va donc
redevenir tout à fait correcte et il ne sera plus question pour moi de
commander en ligne, sauf les livres d’occasion. J’emprunte aussi beaucoup à la
médiathèque et j’ai la chance de recevoir pas mal de livres en cadeau (et je ne
parle pas ici des SP !). J’accepte aussi de recevoir quelques livres
voyageurs mais en général je les « séquestre » bien trop longtemps,
j’en profite pour m’excuser auprès de celles qui m’ont envoyé des ouvrages et
qui attendent encore que je leur rende.
6- Le
blogueur et le monde du livre (où la question qui gratte)
Alors on ne va pas se mentir, ton blog est
populaire, et pèse lourd dans la blogo. Tu es dans le top 5 d’ebuzzing, et même
si les mauvaises langues (dont je suis) disent que ce classement ne veut rien
dire, il suffit de parcourir ton blog pour voir qu’il est très suivi, tes
billets reçoivent toujours autour d’une vingtaine de commentaires (avec
pourtant un rythme de publication soutenue), alors forcément, des attachés de
presse ont du te contacter pour des partenariats. Le blogueur et les Services
de Presse c’est tabou ? On en parle ? En chemise avec les attachés de
presse où carrément opposé aux partenariats ? Qu’en est-il des choix des
lectures quand le livre arrive directement dans sa boîte aux lettres ?
Quand on connaît un auteur est ce qu’on modère ses bémols ? Est-ce que
c’est important d’être reconnu par les maisons d’édition ? Un blogueur
est-il un professionnel de la littérature ? As-tu déjà demandé des romans
avant qu’on ne te les propose. Je ne crois pas à la théorie de recourir aux
partenariats pour économiser une vingtaine d’euros par roman, alors qu’en
est-il des liens qui se créent entre éditeurs, romanciers et blogueurs ?
Le blogueur et les Services de Presse on en parle autant que
tu veux, je suis très à l’aise avec ça.
D’abord mon blog ne pèse rien du tout pour le monde du livre
et ce n’est absolument pas de la fausse modestie. C’est un paramètre essentiel
à garder en tête et j’y tiens beaucoup. Après, le classement dont tu parles, et
qui ne reflète absolument pas la réalité selon moi, est un outil très utilisé
par les maisons d’édition. Donc, oui, je reçois beaucoup de propositions. Et
j’en accepte certaines. Je ne suis pas « en chemise » avec les
attachées de presse mais je ne suis pas du tout opposé au partenariat. Surtout,
ça ne changera jamais ma perception du livre, mon ressenti et la manière dont
je vais l’exprimer. Volontairement, je ne précise jamais dans mes billets si le
livre vient ou pas d’un partenariat (c’est une obligation légale, je sais, mais
peu m’importe) parce que pour moi il n’y a aucune différence dans ma façon de
l’aborder. Un livre reçu en SP ne passera pas avant les autres, il attendra son
tour, comme tout le monde. Et d’ailleurs, il y en a bien une trentaine sur mes
étagères qui y resteront sans jamais être lus, tu vois à quel point je traite
les envois de SP avec le plus grand sérieux ! Mes choix de lectures sont
uniquement dictés par mes envies du moment ou par des lectures communes à
venir. Encore une fois, je ne me prends pas la tête avec ça, le blog reste pour
moi un espace de liberté et de légèreté ou je fais ce que je veux, comme je
veux, et à mon rythme.
Je demande souvent à recevoir des romans avant qu’on ne me
les propose, ça ne me pose aucun souci de l’avouer. Et encore plus souvent,
quand une maison d’édition me propose un titre, je le refuse pour en demander
un autre de leur catalogue qui m’attire davantage. En général ça ne pose pas de
problème et ça me permet de découvrir un ouvrage que j’ai choisi moi-même.
Il n’est absolument pas important pour moi d’être reconnu
par les maisons d’édition, il ne manquerait plus que ça ! La seule chose
qui importe est ma crédibilité de lecteur, le fait que quand je m’emballe
totalement pour un livre (ce qui arrive rarement), mon avis incite certain(e)s de
mes lecteurs(trices) à me faire totalement confiance et à le lire. Je perdrais
tout ce qui fait le sel du blog à mes yeux si je perdais cela un jour. Alors
que perdre des partenariats, franchement, peu importe.
La relation avec les auteurs, notamment via les réseaux
sociaux, est beaucoup plus problématique selon moi. Quand il s’installe une
forme de connivence entre le blogueur et un auteur, le jugement est forcément
biaisé. Je refuse systématiquement les offres de SP venant directement des
auteurs (j’ai fait une exception une fois, parce qu’elle a su si prendre et que
je suis faible, mais ce n’était pas un roman pour moi et je l’ai dit sans
problème dans mon billet), c’est à peu près le seul principe auquel je ne veux
pas déroger. J’ai refusé aussi que l’on me paie pour écrire un avis élogieux,
comme j’ai refusé des propositions de partenariats pour des produits qui
n’avaient strictement rien à voir avec le monde du livre. Après, chacun fait ce
qu’il veut et heureusement.
7- Le blogueur et l’écriture
Le blogueur écrit pour son blog, pour
lui…et sinon, est ce qu’il envisage d’écrire pour de vrai ? Certains le
cachent, certains l’affirment, d’autres se déclarent auteurs. A force de parler
des romans des autres, est ce qu’on aurait envie d’écrire le sien propre ?
Je sais que tu t’y es tenté une fois, c’est définitivement derrière toi ou tu
continues de t’exercer dans ton coin ?
Je
m’y suis essayé une fois, c’est vrai, mais c’était plus une blague qu’autre
chose (une nouvelle érotique pour célébrer l’anniversaire d’un rendez-vous de
la blogo que j’apprécie particulièrement). Sauf que cet essai-boutade sans
autre ambition que celle de faire un petit clin d’œil a déclenché des réactions
auxquelles je ne m’attendais pas du tout avec notamment des témoignages en
« off » qui m’ont plus effrayé qu’autre chose. Je vais même t’avouer
que j’ai été contacté par une maison d’édition qui m’a proposé d’écrire un
petit roman suite à ce texte. J’ai décliné sans aucune hésitation, l’écriture
« fictionnelle » ne m’intéresse pas du tout, c’est bien trop
contraignant et trop fatigant pour un dilettante comme moi. Et puis je manque
d’imagination pour inventer et raconter des histoires. Donc, non, je ne
continue pas à m’exercer tout seul dans mon coin (du moins pas à l’écriture…).
8- Le
blogueur et le réel
Est-ce qu’il est, selon toi, nécessaire de
passer par une rencontre physique pour solidifier une relation entre
blogueurs ? La frontière entre le virtuel et le réel est-elle hermétique,
ténue ou friable ? Sans forcément donner des noms (quoique) n’as-tu eu que
de belles découvertes ou bien y-a-t-il eu franches déceptions ?
Alors
là je te dis oui, trois fois oui, il n’y a rien de telle qu’une rencontre
physique (en tout bien tout honneur) pour solidifier une relation entre
blogueurs ! Les rencontres réelles m’ont permis de créer de véritables
liens d’amitié. Certaines d’entres elles sont aujourd’hui bien plus que des
blogueuses, (et je n’ai pas besoin de donner de noms, elles sont très peu
nombreuses et se reconnaîtront sans aucun problème). Après, je n’ai pas eu de franches déceptions,
juste des personnes avec lesquelles je n’ai pas senti d’affinité particulière,
rien de grave au final.
9- Le blogueur et les réseaux sociaux
Indubitablement une blogo parallèle se met
en place sur FB, Twitter ou IG. On se met à discuter tous azimuts de tout et
n’importe quoi, avec plus ou moins d’amis. Il se murmure que l’échange sur FB
serait plus intéressant et dynamique que celui des blogs. Tu crois à la
résistance du blog où à sa dilution dans l’échange immédiat ?
L’échange
sur FB est plus direct et plus réactif mais il est aussi beaucoup plus « soluble ».
Sa durée de vie ne dépasse en général pas les 48h, et encore, je suis
optimiste. L’échange immédiat n’a rien à voir avec le blog pour moi. Le blog
permet déjà de toucher un public plus large que tes quelques amis FB (en ce qui
me concerne en tout cas parce que je n’en ai pas tant que ça) et la réflexion
que l’on y propose est plus dense et plus structurée. La trace que tu y laisses
est aussi bien plus durable selon moi, elle ne va pas être noyée et parasitée
par les dizaines d’autres informations qui s’affichent en permanence sur les
murs des uns et des autres. Après, les réseaux sociaux sont utiles pour la
visibilité du blog, c’est indéniable, mais c’est une autre question…
10- De quelle couleur est Jérôme d’une berge à l’autre?
Interdiction de
mettre « arc en ciel », c’est trop consensuel, mais je prends toutes
les autres du jaune citron au marron glacé en passant par le bleu pacifique. Et
pour justifier ta couleur, je veux bien que tu nous donnes les 3 livres sans
lesquels tu ne serais pas tout à fait le même lecteur et peut être pas le même
homme non plus ?
J’aurais bien dis arc en ciel mais je n’ai pas le droit,
tant pis… Blague à part, je crois que je suis plutôt gris. J’aime cette couleur
qui me rappelle le ciel bas et chargé de ma Picardie natale. J’aime les âmes
grises, la tristesse, la mélancolie, le blues. Je trouve qu’il y a une certaine
lucidité à voir la vie en gris, entre le noir le plus sombre et le blanc le
plus pur, entre l’obscurité et la lumière. (Mince, j’ai un peu l’impression
d’avoir plombé l’ambiance. Remarque, vu comme j’ai été bavard, pas certain
qu’il reste beaucoup de lecteurs ayant fait l’effort de tenir jusqu’à cette
question).
Les trois livres sans lesquels je ne serais pas tout à fait
le même lecteur ni le même homme ? N’importe quel recueil de nouvelles de
Bukowski pour commencer. Ensuite le « Biribi » de Georges Darien,
brûlot antimilitariste qui a fait de moi un objecteur de conscience et, par
ricochet, m’a permis d’exercer le métier qui est le mien aujourd’hui (c’est une
longue histoire…) et enfin n’importe quel recueil de poésie d’André Laude, âme
grise s’il en est qui restera le seul poète a m’avoir ému aux larmes avec la
force de ses mots.
Le mot de la fin est
pour toi (aucune consigne, c’est totale liberté ;-)
J’ai été très touché (et surpris) que tu me proposes d’être
le premier invité de ce rendez-vous. J’espère avoir respecté l’esprit de
transparence et de sincérité que tu souhaites lui donner. En tout cas ce fut
pour moi un vrai plaisir de répondre à tes questions. Et je m’arrête là, j’ai
déjà été bien trop long.
Merci Jérôme ;-)