vendredi 27 décembre 2013

Le tag de l'entre-deux (réveillons)

Enna m'a taguée le jour de Noël, parce qu'elle sait que c'est de très loin MA période préférée dans l'année et que cette période me rend tolérante, joyeuse et optimiste...

1: Comment ça va?
Mais super bien...
Parce que j'aime l'esprit de Noël, que j'adore les grandes réunions de famille, que je suis assez riche pour ne pas être à découvert après les fêtes, que j'adore travailler entre Noël et le jour de l'An...
mais surtout parce que mon père qui s'est voulu décalé, original et second degré cette année m'a offert ce livre merveilleux : La puissance de la pensée positive, des méthodes simples et efficaces pour réussir votre vie.

Inutile de préciser que ça marche très bien, j'ai une forme olympique! Et vous aurez la chance d'en lire un extrait pendant tout le mois de janvier, en conclusion de mes billets... pour que nous commencions bien l'année tous ensemble et que nous réussissions nos vies de concert...ne me remerciez pas, c'est ça aussi, la générosité blogosphérique

2: Qu'est ce que Facebook a apporté à ton blog?
Strictement rien..au contraire, il le met en péril parce que j'y passe trop de temps.
En revanche, je ne vais plus sur mon compte FB civil (avec noms de jeune fille ET d'épouse...comme l'exige l'image de femme moderne mais aimante) et je me régale sur mon compte de blogueuse, j'ai en amis uniquement des gens que je connais pas ou que j'ai rencontré APRES l'ouverture du blog (dans cette situation, il n'y a que l'incontournable Sophie).
J'y perds un temps infini, mais c'est une grande source de réconfort, de discussion et de rigolade dans ma journée...

3: Quel est le meilleur conseil qu'on t'ait jamais donné?
Heuuu.....Âme sensible s'abstenir.
Après 17h de travail déclenché, alors que je n'étais plus ni fraîche, ni lucide, ni en forme (et que j'ignorais encore le nombre de séances de rééducation du périnée qui m'attendait à la sortie)  ma gynéco m'a dit à l'oreille "vous allez entendre plein de choses, de recommandations, de conseils dans les jours qui viennent, rappelez-vous que vous serez toujours la personne qui saura le mieux ce qu'il faut pour votre bébé". Depuis, c'est effectivement l'un des rares sujets où je ne suis pas influençable ni versatile...il est même possible que ce soit le seul...

4: As-tu des supers pouvoirs (genre endormir un enfant en moins d'une demi-heure, cligner des deux yeux, masteriser le macramé)?
Evidemment que j'ai des supers pouvoirs. Là comme ça en vrac:
J'ai réussi à avoir un accident de voiture, avant d'avoir le permis, à l'arrêt, sur le parking de l'université, avec une voiture qui ne m'appartenait pas.
J'ai le pouvoir de faire croire aux gens qu'ils sont hyper convaincants tellement je change d'avis souvent.
J'ai le pouvoir de changer la couleur d'une maison en un week-end parce que je soigne mes crises d'angoisse en repeignant les murs du salon (en ce moment c'est gris-bleu).

5: As-tu déjà organisé une grande fête?
Oui, et même plusieurs, et à chaque fois je perdais deux kilos avant le grand événement.
Mon mariage, à la bretonne et à  l'ancienne, avec toutes les branches familiales, les 3/4 du village au vin d'honneur, les oncles et tantes avec lesquels tel ou tel étaient fâchés, mes amis sudistes...
Mes 30 ans (enceinte jusqu'aux yeux), j'ai accouché quelques jours après, j'ai passé ma journée à regretter de ne pouvoir boire ni fumer.

Les fêtes de naissance des enfants auxquelles je devais convier tel ou telle pour ne vexer personne et ne pas faire d'incident diplomatique...

Je n'aime pas les grandes fêtes, surtout quand j'en suis le centre,et  je précise que  sur toutes les photos de ces moments là, je parais malade et fatiguée...

6: Mon rêve le plus fou
Avoir du temps devant moi, ne pas travailler, choisir l'organisation de mes journées, me lever tôt par choix, ne pas être obligée de subir les autres, habiter loin du bruit, être un peu égoïste sans être rentable...
...être à la retraite en somme.

7: La naissance de mon blog
Octobre 2012. J'étais au top de ma loose-attitude : j'avais vraiment soit échoué, soit fait des bêtises irrattrapables dans l'immédiat. A force de traîner sur les blogs des autres, j'ai décidé d'en créer un...histoire de ne pas déambuler vainement sur la toile, tout en me dissimulant courageusement sous les galets.

8: La personnalité que j'aimerais être:
Un mix entre Anna Mouglalis que je trouve splendide (oui je suis quelqu'une de superficielle), de J-K Rowling que je trouve géniale et discrète, d'Isadora Duncan (qui a révolutionné la danse) et d'Isabelle Nanty (bon ça, je n'arrive pas à formuler pourquoi).

9: Light ou pas light? Bio ou pas bio?
Jamais Light, je mange gras et salé et je n'adore pas spécialement le sucre. Presque exclusivement Bio pour mes enfants (oui je milite même à l'occasion) ...pour nous c'est parfois, mais tant qu'il ne fabriqueront pas des cigarettes bio et des Despé labellisées, j'ai peu de chances d'échapper à toutes les maladies horribles qui menacent ma génération.

10: La it de mon armoire:
Je ne suis pas très fashion en fait...donc je vais dire mon vieux jeans D*esel complètement détendu et vaguement troué ...que je ne peux mettre que le week-end...

11: Combien de temps passé devant mon écran:
Pas assez à mon gout...je n'allume l'ordinateur que 2 ou 3 fois par semaine (mercredi et we), le reste du temps, je reste rivée sur mon téléphone à lire des billets sans pouvoir les commenter...Je dirais donc, une dizaine d'heures par semaine grand maximum..(ce qui ne me convient pas du tout).

Je ne tague personne, tout le monde a déjà répondu ou refusé de le faire.

...et je termine comme promis par un extrait de ma nouvelle bible paternelle: La puissance de la pensée positive, des méthodes simples et efficaces pour réussir votre vie:

"La sérénité ne peut s'acquérir dans le tumulte et la frénésie" (, p.88)

Ceci explique donc cela!





dimanche 22 décembre 2013

Fitzgerald le désenchanté

Liliane Kerjan, Fitzgerald le désenchanté
Albin Michel, 2013, 315 p.
Me revoilà, entre deux courses où je me ruine pour Noël, l'organisation du réveillon, les péripéties familiales traditionnelles de la fin d'année...me revoilà, pleine de mauvaise foi et d'aigreur...bref, fidèle à moi-même.

Aspho m'a convertie l'an dernier aux Fitz, alors quand ELLE m'a envoyé la biographie de Liliane Kerjan sur Scott, forcément, je me suis mise en mode automatique.

La bio de Scott Fitzgerald est d’une lecture agréable, de facture classique et d’un déroulement linéaire. Certes, on a un peu l’impression de lire un mémoire universitaire, tant le style et la typographie sont académiques, mais cela a le mérite de la clarté. 

C’est indéniablement agréable de parcourir la vie de Scott Fitzgerald, dans cette période de l’entre-deux-guerres que j’affectionne particulièrement. 
L’ambiance des universités, des fêtes, des nuits américaine et parisienne en passant par les plages de la côte d’Azur, est plaisamment restituée. J’ai eu un plaisir particulier à me replonger dans le microcosme des artistes américains expatriés à Paris dans les années 1920. Cela m’a rappelé le Madame Hemingway de Mc Laine

Je me suis plu à lire ou relire des extraits de l’œuvre de Fitz ou de sa correspondance, je me suis même dit que le couple avait quelque chose des « héros » des Real-TV de notre époque avec cette recherche effrénée de notoriété immédiate et d’argent facile…à cette différence fondamentale qu’ils y mettaient de l’art, du talent et de beau. Ce qui est aujourd’hui vulgaire était alors glamour.

Mon souci, c’est le parti-pris de Liliane Kerjan. 

Pour elle, Fitzgerald est un génie qui a eu la malchance d’épouser une Zelda qui a étouffé son talent, parce qu’elle était malade et cupide, parce qu’il lui fallait une vie de luxe, de passion et d’ivresse. Zelda est présentée comme la dominante malveillante du couple, qui empêche, presque coûte que coûte, Scott de se réaliser. Et cela m'a dérangée. 

Zelda et ses talents sont expédiés en trois phrases, artiste versatile, danseuse trop vieille, passant d’une lubie à une autre, sans but véritable. Le talent littéraire éventuel de Zelda n’est même pas envisagé par l’auteur. Elle irait même jusqu’à penser que Scott fait l’insigne honneur à sa femme de publier ses textes sous leurs deux noms, elle qui souhaitait s’en faire un. Il lui aurait presque rendu service !

A aucun moment Liliane Kerjan n’a, ne serait-ce que supposé, que Fitzgerald s’est détruit tout seul, qu’il aurait pu entraîner Zelda dans sa chute et que peut-être cela aurait pu être lui qui aurait empêché Zelda d’exprimer ses talents. L’hostilité que l’auteur ressent pour la femme de Fitz est manifeste. 

Je suppose que c’est parce qu’elle aime profondément Fitzgerald (ce que je peux comprendre). Mais j’aurais aimé que, dans cette biographie, il n’y ait pas qu’une seule voix (l’essentiel des sources reposent sur « Un livre à soi »), j’aurais aimé un croisement des points de vue, des formulations d’hypothèses. Elle ne parle à aucun moment des relations très « fusionnelles » de Scott avec ses camarades masculins, relations qui rendaient Zelda malade (dans tous les sens du terme). Pareillement, ses passades amoureuses seraient presque à porter à son crédit. Liliane Kerjan évoque à peine un élément pourtant fondamental de la vie du couple : la folle passion entre Zelda et l’aviateur français. L’alcoolisme intermittent mais réel de Scott est cité, mais l’état déplorable dans lequel il se mettait n’est jamais mis en avant.

L’argent est au cœur de tout leur monde, mais probablement pas davantage pour Zelda que pour Scott. Les rêves de fortune appartiennent autant à l’une qu’à l’autre. Zelda est constamment présentée comme une entrave…elle a aussi été une muse, qu’aurait été Tendre est la nuit sans elle ? Comme Scott, Kerjan botte en touche : il se serait ruiné et rendu alcoolique uniquement à cause de Zelda.

Malgré tout, Liliane Kerjan décrit très bien la fin de vie de Scott, sa déchéance privée et publique, sa misère. La scène de trahison d'un journaliste le présentant comme une épave est assez poignante (p.250). 

Je me demande si dans cette histoire, on n'est pas contraint de choisir son camp entre Zelda et Scott, Liliane Kerjan a choisi celui de Scott, en s’appuyant sur le merveilleux héritage littéraire qu'il a laissé (elle cite  même Murakami pour qui il demeure un maître). Je laisse ma chère Aspho trancher dans le vif et j'intègre ce billet à son challenge Fitz et les enfants du jazz, ainsi qu'au rendez-vous non-fiction de Maryline (actuellement en plein déménagement virtuel).


De toutes manières, j’ai toujours préféré les écrivains aux hommes. Je préfère donc Fitzgerald à Scott. Je continuerai à défendre Zelda contre la légende de son mari (ma tenue de réveillon atteste de mon soutien)...

MAIS je ne peux que me joindre aux louanges tressés à l’auteur merveilleux de Tendre est la nuit et de Gatsby le magnifique. 

PS: par soucis d'honnêteté, je précise que je suis l'une des seules jurées à être aussi sévère, mes copines l'ont beaucoup aimé, je vous laisse aller lire les avis chez Madame bouquine, Bianca, Valérie, Coralie, Eva, Mior, Fleur-Fleur...et d'autres (mais je n'ai pris que les 2 premières pages de google)

vendredi 13 décembre 2013

Rattrapée par la vie réelle

Bon voilà.

J'ai laissé traîner un gros dossier dont la date butoir est le 20 décembre (et pour le coup, j'ai des comptes à rendre et je déteste cela).

J'en ai encore une à la maison qui croit au Père-Noël et je n'ai absolument rien engagé de ce côté. Ce serait dommage qu'à cause d'une mère indigne disparaisse la magie de Noël qui me tient tant à cœur (mais oui au fond j'ai un cœur).

Je dois swaper avec Liliba et j'ai intérêt à m'en occuper au risque d'être le pire binôme de la Toile.

J'ai encore 2 livres à finir pour le 20 décembre pour le prix Elle, et je suis enlisée dans le Ferney.

Je travaille (oui je sais, je ne suis pas la seule, mais je suis la moins dégourdie), je ne dors pas assez, ma maison ne ressemble plus à rien de convenable (et qui c'est qui accueille toute la famille le 24 décembre ?), je suis convoquée par l'école, pléthore de virus ont envahi la ville....

Bref...je suis rattrapée.


Alors bien sûr, je pourrais programmer des billets pour ne pas laisser ce blog en sommeil, mais voilà, ce serait bloguer en solitaire, parce que je n'ai pas le temps de répondre à mes mails (autres que pro), aux commentaires et surtout je n'ai pas le temps d'aller sur vos blogs.


Je vais donc faire une pause, le plus courte possible j'espère (une dizaine de jours), histoire de me remettre bien en place pour ma période préférée: les fêtes de fin d'année (où on se surprend à croire qu'on a une famille simple, et qu'on remercierait presque les amis inconscients qui organisent un Nouvel An AVEC enfants - en bas-âge si possible-).

Bien sûr, je ne pars pas vraiment vu que mon i-phone ne me quitte jamais, je vais continuer à dire des bêtises sur FB, mais bon je ne pourrai pas être présente sur la blogo. Mais quand je reviens, promis juré, je réponds à tous les commentaires (vous savez que le billet sur Actes Sud me tient à coeur), à mes mails, je remets à jour le non-challenge et je fais un festin de blogs (les vôtres)...

A tout bientôt les amis, et vous savez quoi, vous me manquez déjà!

lundi 9 décembre 2013

Lettre à Actes Sud

Je continue sur ma lancée des lettres aux professionnels de la littérature, et vu qu'ils y a peu de chance qu'ils la lisent un jour (à l'heure où je vous parle ni Modiano ni les jurés du Renaudot ne m'ont répondu...surprenant non?), je peux me permettre un peu ce que je veux.

Chers éditeurs de chez Actes Sud (avec la liaison à la Garcin),


Je vous écris pour vous dire que je vous aime beaucoup. Je vous trouve formidables.

Déjà, vous produisez de beaux objets. Dans cette période où tout se dématérialise (l'argent, le courrier, l'opinion...et maintenant les livres), vous parvenez encore à sortir de vos imprimeries de jolis romans, avec de belles couvertures. 

Il se trouve que je reste attachée à la plus-value du livre papier sur le livre numérique. J'aime le contact de l'encre et du papier, j'en ai besoin parce que j'appartiens à une autre époque. Et même si je ne suis pas très "rouge" dans mes goûts, je me suis réjouie d'avoir dans ma bibliothèque des ouvrages aux couvertures soignées, aux photos pleines de poésie et qui font souvent un bel écho à l'atmosphère du roman. Sachant que ma palme personnelle va à Confiteor (que je n'ai pas encore lu mais ça ne va pas tarder).

Ensuite, je vous trouve vraiment chouettes parce que vous laissez une belle place aux romancières françaises (les Goby, Gallay, Frappat, Ferney, Petersen et d'autres...je ne les adore pas toutes- loin de là - mais c'est bien qu'elles existent). Quelque part c'est un peu chez vous qu'il faut venir chercher des écritures un peu différentes, des auteurs en voie d'épanouissement, des sujets traités différemment ... 

Et plus, j'adore votre  Actes Sud noir que j'ai découvert comme beaucoup avec Millénium (votre coup de maître paraît-il). C'est quand même la trilogie policière que je mets dans mon top 10 des polars (même si elle a généré dans mon cerveau malade un série de paranoïa que je dois combattre à chaque fois que j'allume mon ordi...merci Lisbeth Salander).

Du coup, vu que je vous aime bien et qu'il y a peu de chance que vous lisiez ce billet, je vais être complètement franche.

Je me permets donc une question : qu'est ce qui s'est passé avec Lady Hunt ?

"...avec liberté et ampleur, [H.Frappat] réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège" ,  c'est ce que vous dîtes sur votre quatrième de couverture.


Je reprends: que s'est-il passé?

Vous conviendrez avec moi qu'il n'y a pas grand chose du roman gothique dans Lady Hunt, comme dirait ma blogo-copine Estelle, c'est un roman de l'intérieur, de l'intime. Qu'est ce que c'est que cette quatrième qui induit le lecteur en erreur?

Parce que, soyons clairs, vous avez créé un sacré malentendu avec les lecteurs quand même. Et c'est sacrément dommage.


Je m'explique. Moi, les romans gothiques, le surnaturel et tout ça, c'est moyennement ma cup of tea, voyez-vous. Donc avec une jaquette comme ça, ce roman je ne l'aurais jamais acheté. Heureusement, il était dans ma sélection Elle, donc j'ai du le lire sous la contrainte, et j'y suis allée à reculons.

 Et là merveilleuse surprise, je me suis régalée, j'ai été emportée par son style, son sujet, ses atermoiements.

J'en ai retenu la filiation, la mémoire des pierres, la solitude, les reliefs de l'enfance...et le surnaturel n'était qu'un accessoire pour moi. Quelques amis, qui m'ont fait confiance, l'ont lu aussi...avec le même plaisir.

En revanche, des lecteurs assez fans de littérature fantastique se sont jetés dessus, en confiance (parce que vous êtes des éditeurs sérieux) et pour eux cela a été une vraie douche froide. Ils l'ont d'autant plus détesté qu'ils en attendaient autre chose, qu'ils ont eu l'impression d'avoir été induits en erreur.

Vous serez d'accord pour dire que c'est dommage non ?

Sachez que nous lecteurs indépendants (oui, un peu comme les librairies vous voyez), nous sommes en permanence abusés par les chroniqueurs professionnels qui vantent les mérites de leurs amis et dézinguent un type qu'ils n'ont pas senti lors d'un dîner en ville, par certains blogs qui sont devenus des bandeaux publicitaires virtuels, par certains magazines qui peinent à se mettre à notre niveau ou qui à l'inverse nous prennent pour des abrutis.

Donc si même vous, vous nous fourvoyez sur le livre que vous éditez, on ne va  pas y arriver...

Comprenez-moi, on aime lire, mais on ne peut pas tout lire. Une belle photo en couverture c'est bien, mais une jaquette fidèle au livre, c'est encore mieux.

Hélène Frappat n'a pas réinventé le roman gothique mais elle a livré un objet littéraire étrange, soigné, sensible et inclassable. Et franchement, c'est déjà drôlement bien.

Donc ne le prenez pas mal, mais ça me turlupinait depuis un moment. L'accueil très contrasté qu'a reçu ce beau roman m'a fait du chagrin (et son éviction de la sélection de décembre chez Elle, au profit du K. m'a mortifiée...)

Bon comme d'habitude, je dis cela, je dis rien.

Vous restez parmi mes chouchous, d'ailleurs je suis en passe de vous préférer à la collection blanche de Gallimard qui reste ma référence depuis toujours. J'espère que vous mesurez le compliment... et le niveau d'exigence des lecteurs qui vous aiment...

Sans rancune?

jeudi 5 décembre 2013

La Maison des absents

Tana French, La Maison des Absents
Calmann-Lévy, 2013, 508 p.
Quel policier délicieux et savoureux !

Pour une fois, (presque) tout est travaillé.

En trois mots c'est l'histoire de la famille Spain dont tous les membres sont retrouvés assassinés dans leur maison toute neuve...en Irlande. Quand la police arrive, le père et les enfants sont déjà morts et la mère agonise dans le coma...je sais, je sais c'est follement gai.

D'abord l’affaire en elle-même est déjà bien décortiquée, très bien menée, avec une belle intensité dramatique.

Ensuite, l’enquêteur est formidable. S’il est (comme la tradition l’exige) légèrement névrosé, pour une fois il ne boit pas (et un ivrogne de moins dans la police littéraire!). C’est une sorte de Monsieur le Flic parfait, un peu psychorigide, un peu en complexe de supériorité et qui se prévaut de  son incorruptibilité. Son lieutenant, un jeune issu de banlieue, échappe également à la plupart des clichés, et leur binôme est sacrément efficace. L’inspecteur est  le narrateur, du coup, il explique tout, il digresse, il réfléchit. Et moi, j'étais heureuse d’être avec lui.

Enfin, le décor et le contexte sont des personnages à part entière de l’histoire. Si je vous dis "la crise de 2008 et ses répercutions en Irlande", c'est sûr, ce n'est pas vendeur...sauf que Tana French prend l’histoire par le petit bout de la lorgnette, la transpose dans un lotissement mort-né de bord de mer d'Irlande. On nous parle des trentenaires de la  middle class : les Spain, salaire correct, épouse soignée, deux enfants adorables. 


Et franchement, la description de ce lotissement fantôme, fracassé par la crise en pleine construction est vraiment réussie. Et quelque part, ça m'a plu parce que ce polar s'interroge sur ce que c'est que d'être heureux à 30 ans dans le monde occidental : une maison, un jardin, deux enfants, 4x4, un brushing impeccable, des barbecues entre amis le dimanche, des goûters d'anniversaire réussis?...


Et puis en filigrane, il y a la double figure de la mère : celle qui meurt laissant sa famille lui survivre tant bien que mal et celle qui survit à sa famille disparue.
0 Challenge Thrillers & Polars 2014 Liliba 3
Tout cela est mené avec brio, des rebondissements (mais pas trop on plus), une psychologie assez fouillée, des mécanismes qui fonctionnent bien, pas de débauche de violence non plus, tout ce qui choque à un intérêt (la découverte du corps de deux enfants et leur autopsie ne sont pas ce qu’il y a de plus réjouissant, mais cela n'est pas gratuit non plus). 

Et surtout, on échappe aux fins habituelles et manichéennes avec LE vrai coupable. A la place on y trouve une réflexion sur ce qu’est vraiment la justice, sur l’utilité sociale du travail, sur la considération de soi, sur ce qu'on pense être la réussite…

Comme d’habitude (on ne se refait pas),  un petit bémol : je regrette le style des policiers. Celui-là n’est pas mauvais et certaines pages sont bien écrites. Malgré tout, l’omniprésence des dialogues est quelque chose qui me désole surtout quand on a « Vieux frère » ou « le gus » toutes les deux pages.

Je ne sais pas le souvenir qu’il me laissera sur le long terme, mais depuis le début de la sélection ELLE, c’est véritablement le seul qui ne m'ait pas fait hurler d'ennui, et de manière générale, il a plutôt bien été accueilli par mes collègues

Donc, pour une fois je souscris au bandeau et je l'intègre au challenge polars et thrillers et Liliba. 

C'était Galéa/Albator/Lama en direct du policier d'octobre de Elle 2014
Et en plus, il est validé par l'Homme (quand je vous dis que je me lamberterise...) 

La Quadrature des Gueux : Le sens de la fête

Nouveau point d'étape de la quarantaine : le sens de la fête.  Que reste-t-il de nous quand il s'agit de faire la fête ? Je parle d...