jeudi 13 décembre 2012

La naissance du jour

Le titre est tellement beau que je n'en trouverai pas de meilleur pour ce billet. Donc je m'incline!

Pour une raison que j'ignore encore, je me suis dit: "tiens, moi aussi je vais m'inscrire à un challenge littéraire" (un peu comme si j'avais le temps ; ceci-dit, je n'avais qu'à m'abstenir de bloguer si je manquais de temps, c'est une question de priorités, n'est-ce-pas? ). Je voulais un challenge qui relève de l'aventure personnelle (littéraire j'entends; vu que j'ai peur en avion, c'est la seule aventure que je me permets!).

J'ai donc choisi le challenge Colette, niveau Bel Gazou.

Je ne connais de Colette que ce qu'en disent les amies féministes de ma mère et par les allusions faites régulièrement par l'inquiétante et troublante Mme de Fontenay, philosophe des animaux sur France Inter le dimanche après-midi. De Colette, à part le Blé en Herbe, je ne savais rien hormis ce que tout le monde croit en savoir.

J'ai donc pris, totalement au hasard, le seul qui était disponible dans ma librairie fétiche. Le titre m'a tellement plu que je n'ai pas hésité. Et je dois dire que je n'ai pas été déçue. Sauf que je ne pense pas que La naissance du jour soit un roman, c'est  un récit.

Colette, La Naissance du Jour, G.F. 1984, 191p.
1ère édition: 1928
En 1928, Colette n'est plus une jeune fille (la jeunesse s'éteignait alors plus tôt). Elle passe son mois d'août dans sa maison dans le massif des Maures (Saint-Tropez), à la fois Provence et Côte d'Azur. Je connais un peu cette région, mais elle en parle avec le gout de l'entre-deux guerres, avant que ce soit vulgaire, quand la campagne était encore belle et le bord de mer poétique. Forcément, en bonne azuréenne d'adoption, j'ai été touchée par sa description d'un paysage qui n'existe plus. Elle raconte aussi l'aube du petit matin en évoquant sa mère qui s'était fait une sagesse de se lever avant le jour. Depuis que j'ai des enfants, c'est aussi l'heure que je préfère parce que c'est le moment de tous les silences et tous les possibles.

Mais La Naissance du jour, ce n'est pas seulement cela, c'est aussi le crépuscule d'une vie, ou plutôt d'une manière de vivre. Colette dans ce livre s'interroge sur les animaux, sur ce qu'ils lui inspirent, sur son goût pour la viande et son empathie pour les être vivants.

 Colette raconte aussi (et surtout) sa petite communauté parisienne en villégiature qu'elle retrouve dans le Var et qu'elle observe avec une distance sereine. Autour d'elle, gravitent Hélène Clément qui aime Vial qui aime Colette de 15 ans son aînée (au moins!). Mais la romancière semble avoir renoncé à la passion. Spectatrice de son environnement, elle donne à ce livre une tonalité bien particulière: celle d'un doux désespoir  C'est le chemin de Colette vers une solitude assumée au dessus de laquelle plane l'ombre de sa mère.


J'ai aimé cette écrivain qui se met à distance en se mettant en scène. Elle évoque par touche son oeuvre (que je connais peu -voire pas-), sa vie, ses choix. Je ne pense pas que j'aurais du commencer par celui-ci. Certaines choses m'échappent indubitablement.  Mais, moi qui suis fascinée par les livres qui parlent des livres (même de celui qu'elle peine à écrire), ça m'a enchantée.


C'est une lecture à contretemps. Lire le mois d'août alors que je prépare Noël, entendre les bruits de la campagne aride quand les pompiers passent sous ma fenêtre, deviner l'oisiveté paisible quand je tarde à finir mon dossier dans les temps...c'est un voyage dépaysant.

Pour être tout à fait honnête, je m'interroge encore sur les challenges, si j'y ai ma place. Je me demande même si j'ai respecté toutes les règles. 

Mais sans ce challenge, je n'aurais pas découvert Colette. Sans lui, je n'irais pas cet après-midi en chercher un autre...et franchement ce serait dommage, parce que Colette gagne a être  lue.

 Laisser tomber, le temps d'un livre, la frénésie de la rentrée littéraire, c'est une parenthèse réjouissante.

13 commentaires:

  1. Oui, c'est un récit, je l'ai lu il y a longtemps et j'avais beaucoup aimé. Quand j'étais très jeune, on interdisait Colette aux jeunes filles, parce qu'elle n'était pas convenable .. tu imagines !! Evidement, je l'ai lu en cachette, la série des Claudine. Il n'y avait pas de quoi fouetter un chat à l'aune d'aujourd'hui. Elle a une très belle écriture.

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    1. Mon prochain sera sans doute un Claudine, mais étrangement, ils ne se trouvent pas facilement dans ma librairie. Son écriture est un pur régal!

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  2. Claudine à l'école est mon premier souvenir de Colette, c'est un prof de français extra qui consacrait un cours par semaine à nous faire la lecture, une fois terminée toute la classe se précipitait à la librairie pour acheter le livre en poche, ça c'est ce que j'appelle une prof selon mon coeur

    Récemment je me suis mis aux livres audio et Chéri et Gigi sont absolument des récits parfaits en livres lus on passe un moment délicieux

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    1. Je n'étais pas très tentée par les livres audio, mais depuis que j'écoute Guillaume Galliene dans "Ca ne peut pas faire de mal" , je me dis que je vais m'y mettre. Je note tes titres!

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  3. oups j'ai cliqué trop vite avant d'avoir préciser que là tu me donnes envie car je n'ai jamais lu "la naissance du jour" mais je l'ai sur mes étagères car Margotte la grande prêtresse de Colette sur les blogs m'a convaincue de le lire et toi tu remets une petite couche bienheureuse

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    1. @Dominique : me voilà enthousiaste à l'idée d'être transformée en "grande prêtresse de Colette" ;-) J'ai une interrogation : quelle tenue vais-je bien pouvoir endosser pour mes cérémonies livresques ? :-)

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    2. @ Dominique, N'hésite pas, ! même s'il sort à mon avis du reste de son oeuvre (je suppose), c'est vraiment un bel ouvrage. Belle journée.

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  4. C'est un bien joli billet.... qui donne encore et toujours envie de lire et relire Colette ! Tu n'as pas à t'interroger sur ta "place" dans un challenge ou pour savoir si ton billet correspond ou pas à ce qu'il fallait faire ! Si j'ai mis en route ces challenges, c'est avant tout pour faire lire des auteurs que j'aime et que j'ai envie de partager. Je suis ici bien heureuse de lire un billet qui montre que tu as aimé cette écrivaine :-)
    Bon we à toi et @ bientôt.

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    1. Merci à toi, ça m'a permis de me plonger dans Colette et je ne le regrette pas!

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  5. oh que tu me tentes, je vais me l'offrir, je crois
    merci, merci, merci tes mots me mettent en appétit !

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    1. N'hésites pas, c'est un livre qui réchauffe et qui fait réfléchir.

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  6. Oh, Colette ! Elle a été ma toute première émotion littéraire à mon entrée au collège et depuis ne m'a jamais quittée. J'ai souvent relu un texte à mi-voix pour mieux encore m'imprégner de sa musique, j'ai souvent laissé couler mes larmes, bouleversée par deux accords de mots. Elle est mon parfum, mon ivresse, et les bras tièdes et doux dans lesquels me réfugier lorsque la vie cogne trop fort...
    Je vais parfois passer un après-midi sur "sa" plage, entre Cancale et Saint-Malo et je m'assois, sa maison derrière moi, face à la mer. Colette me parle alors tout bas...
    Merci à vous de donner envie de la relire, la redécouvrir, merci...

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    1. C'est vraiment joli et émouvant comment vous parlez de Colette. Nous avons donc tous la notre, la votre en Bretagne, la mienne (toute récente) en Provence. Vous me donnez envie de continuer le challenge de Margotte. Belle journée à vous.

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