Maylis de Kerangal, Réparer les vivants Verticales, 2014, 281 p. |
Avec Marjo, nous partageons un côté réellement bout-en-train, joyeux et optimiste, et on s'est dit cet automne : "Et pourquoi on ne se ferait pas une petite lecture commune et dépressive que nous qualifierons de LC sous anxiolytiques?" (#idées de génies #idées d'automne)
L'objectif était de choisir des bouquins bien plombants, à lire entre le 15 novembre et le 15 décembre (pas après, rapport aux fêtes de Noël qui apportent un regain d'euphorie), de préférence à dévorer après le coucher de soleil (ou pendant une tempête, après une dispute, un jour de frigo vide, pendant un rhume...bref on restait ouvertes de ce côté là). Et vu qu'on est du genre à aller au bout des choses, on se les ai offerts pour le swap ELLE, en ne choisissants que des livres pépités par les blogueurs la saison dernière. Marjo avait opté pour l'histoire d'une grossesse dans un camp de concentration et moi pour celle d'un jeune de 19 ans auquel on prélève le coeur. Que du bon, qui mouille les yeux et fait remonter l'estomac.
Mais vu que je suis la fille pas fiable sur laquelle on ne peut pas compter, j'ai manqué la date de notre LC sous anxiolytiques (et pas que celle-là, j'ai aussi oublié la lettre au Père Noël chez MTG et le rendez-vous contre le sexisme et le harcèlement chez Mo et Val). Je tente donc péniblement de raccrocher mon wagon à la locomotive marjoresque qui est partie devant avec Kinderzimmer...10 jours après, ça n'a plus aucun sens, mais j'y crois encore (le sursaut des désespérés).
Kerangal, elle m'a eue tout de suite. Comme ça, en quelques lignes seulement. Quiconque a eu 20 ans entre la pointe de la Torche et la Baie de Quiberon ne peut rester insensible à sa description d'une sortie de surf entre jeunes. J'avais oublié que j'avais tout ça dans ma mémoire: le van qui est en fait une camionnette (mais on dit van car camionnette ça fait plouc), les combinaisons qui font mal à enfiler, les dents qui claquent, les lèvres bleues, le chauffage à fond sur le retour. Tout cela était enfoui quelque part dans mon cerveau, et Kerangal a tout restitué avec une maestria que je n'ai jamais lue. Il ne manquait que Matmattah en fond sonore. J'en suis restée complètement coite.
Le seul problème c'est qu'après cette scène d'ouverture où trois copains partent surfer au petit matin, il y a l'accident de voiture, la mort cérébrale de Simon et le processus don d'organes.
Dans la phrase : "Enterrer les morts, réparer les vivants", je suis plutôt Enterrer les morts (mon côté verre à moitié vide évidemment). Et tout le livre, j'ai focalisé sur Simon et je m'en fichais de l'éventuel receveur. Je me suis accrochée à sa mère Marianne submergée par la douleur, à son père qui pousse des cris de bête, à sa petite copine qui a pris option Art Plastique au bac (punaise, j'ai été Juliette moi!), à sa petite soeur qui a l'âge de mes filles. Tout le roman je me suis accrochée à eux, comme une dératée. J'ai couru avec Juliette sans manteau à travers les rues de Caen pour rejoindre les parents de son amoureux.
Mais voilà, dans Réparer les vivants, tout le monde y a vu un manifeste pour le don d'organes, sauf moi (il en faut toujours une hein)
J'ai détesté l'infirmier coordinateur Thomas, qui ose demander de réfléchir au don d'organes à des parents brisés pour l'éternité par la mort d'un fils (ce qu'il peut arriver de pire). Je l'ai observé organiser la processus dans le dos de Marianne, guetter la réaction des parents, tenter de voir s'il pouvait insister pour les tissus et les cornées, j'ai eu l'impression qu'il leur forçait la main, j'ai ressenti tout ça. J'ai détesté l'arrivée des médecins dans le bloc, tous prêts à prélever un coeur, un foie, des reins, comme des charognards sur la dépouille de quelqu'un qui ne devrait pas être mort.
Peut-être que les personnage des receveurs étaient trop en retrait du roman, peut-être que je n'avais pas envie que la mort de quelqu'un serve à quelqu'un d'autre, parce que Sean, Marianne et Lou ont leur vie brisée pour toujours. Je sais, je sais, je n'ai aucun recul, car bien sûr que le principe est formidable, bien sûr que le don d'organe sauve des vies, des enfants, des gens qui méritent de vivre. Et si je suis rationnelle, bien entendu, c'est ce que je me dis, mais je ne me suis pas remise de la mort de Simon en fait.
Parce que la vraie question, ce n'est pas "donnerai-je mes organes après ma mort" (car oui évidemment - quoique l'Homme doute que quiconque veuille de mon foie ni de mes poumons), la vraie question c'est "donnerai-je les organes de mes enfants ?". Je ne peux pas affirmer, après avoir lu ce livre, que je le ferai, alors que pourtant, là comme ça dans la théorie, je suis pour.
Ce roman m'a fait perdre deux nuits de sommeil en questionnements existentiel et éthique, parce qu'il pose la question de l'intégrité des dépouilles des gens qui comptent plus que nous-mêmes. Et même là, en écrivant ce billet, ça me reprend...(j'ai les doigts qui piquent ça ne m'étonnerait pas qu'une crise de spasmo rôde)
Réparer les vivants est un livre magistral et splendide, avec une écriture tellement proche du réel, du vrai, et du monde tel qu'il est, que ça fait presque mal à lire. Il aura été mon grand choc littéraire de l'année 2014.
Durant toute ma lecture, j'ai accablé de messages une amie chère, une fille toute en mesure et en consensus, une blogueuse en pleine mue, bref une amie qui avait adoré ce livre. Elle a supporté mes remarques (punaise, la scène du surf, wahou!), mon désespoir de la mort de Simon (je te jure je suis mal là), mes doutes (attends que Marianne aille boire un gin, tu trouves ça crédible franchement?), et ma révolte (ils m'énervent à insister je te jure)... C'est elle qui m'a dit "mais moi Galéa, je pensais aux receveurs aussi"...ce qui m'a fait méditer un moment.
Donc vu qu'elle est, en ce moment même, au milieu du gué je pense que ma binômette Marjo sera d'accord pour que ce billet soit un peu pour elle aussi.
Je le lirai quand il sera sorti en poche ! J'avais apprécié l'écriture de Maylis de Kerangal dans Naissance d'un Pont. J'aime beaucoup le concept de la LC sous anxiolytiques. ;-) Et je te rassure, je suis aussi un boulet, vu que j'ai repoussé ad vitam aeternam notre lecture du Coeur Régulier... Le livre est d'ailleurs posé sur une pile à moins d'un mètre de moi au moment où j'écris ces lignes.
RépondreSupprimerRho la la Miss Léo, il faut quand même qu'on se reprenne sur le coeur régulier, l'une de nous doit absolument remotiver l'autre ;-)
SupprimerL'idée de la LC sus anxiolytiques vient de ma chère MArjo, mais j'ai adhéré tout de suite.
belle année Miss Léo
Maylis de Kérangal est sur france-culture tt de suite.... elle a réussi par son style ,
RépondreSupprimerultra concis ultra rapide, sans bavures et sans graisse, à transmettre un rythme fou de l'urgence à réagir, à continuer à vivre, à donner
- bizzz- pasc
Alors hon^êtement Pasc je ne trouve pas son style ultra rapide, sans bavures et sans graisse. Ses phrase sont extrêmement longues, son vocabulaire parfois un peu emprunté, et sa syntaxe légèrement ampoulée. Ceci-dit, je suis d'accord avec toi pour le rythme fou de l'urgence, et la totale maîtrise narrative de ce livre.
SupprimerUne bonne semaine à toi Pasc.
c'est un de mes livres coups de coeur de cette année, et qui en effet donne à réfléchir!
RépondreSupprimerBon weeek-end!
oh oui je l'ai vraiment trouvé formidable et dérangeant Eimelle.
SupprimerJe suis contente que tu aies aimé l'écriture, si ce n'est le sujet, de mon coup de cœur 2014 ! Dire que je l'avais emprunté à la bibli... je l'achèterai à sa sortie en poche !
RépondreSupprimerCe n'est pas que je n'ai pas aimé le sujet, je trouve qu'en tant que parent il nous met face à le douleur et à ce qu'implique ce choix. Mais bien sûr cela reste l'une des lectures marquantes de 2014, voire la plus marquante.
SupprimerUn très grand roman, oui ! Rien que de te lire, j'ai toute ll'émotion qui me revient et les larmes aux yeux. ..
RépondreSupprimerOui Papillon, on n'en sort pas indemne, et ça remue les tripes ;-)
SupprimerUn choc pour moi aussi !!
RépondreSupprimerComment peut-il en être autrement n'est ce pas ?
Supprimerje viens de le prendre à la bib alors je reviens te lire dès que j'ai fini .mais j'ai adoré ton introduction à la lecture sous anxiolytique .A bientôt
RépondreSupprimerC'était une blague avec ma copine MArjo, mais on a bien rigolé. Je vais aller voir si tu l'as chroniqué Evalire.
SupprimerBelle journée à toi
Je suis d'accord avec toi, en théorie, on est pour le don d'organe mais en pratique, c'est autre choses.... Merci pour ce billet encore une fois pas comme les autres Galéa.
RépondreSupprimerVoilà Saxaoul, c'est exactement ça, elle nous met face à ce que ça impliquerait le don d'organe de son enfant; punaise, j'en ai encore des frissons. Merci à toi de m'avoir comprise Saxaoul ;-) (et pour ce gentil compliment)
SupprimerTon billet est très tripal et ça me plait beaucoup (doux euphémisme). Je n'ai pas encore lu ce livre car je voudrais me l'acheter. Je penserai à ton point de vue lorsque je lirai ce livre.
RépondreSupprimerPour la spasmo, j'ai des sacs plastique !!!
J'ai vraiment hâte de savoir ce que tu en penses Zazy ;-)
SupprimerMerci pour les sacs ;-)
Je ne sais pas si je vais le lire celui là! D'autant que j'ai des collègues qui avaient tenté "Naissance d'un pont", et détesté (peut-être qu'il ne faut pas lire de livres qui parlent de son domaine de compétences.....), du coup j'ai un certain a priori négatif sur l'auteur (je sais, ce n'est pas bien).
RépondreSupprimerCela dit, encore une fois j'ai adoré ta critique!
Félicie moi aussi. Je n'aimais pas le personnage plus que ça (trop de distance) et je n'avais pas eu de bons échos de ses autres livres, mais je t'assure que c'est un livre très au-dessus des autres. C'est un livre qui compte.
SupprimerJe ne le lirai pas ... pour un tas de raisons que je ne vais pas développer ici, ce ne serait pas politiquement correct et je suis pour la paix générale (l'approche des fêtes !!). J'aimerais bien découvrir l'écriture de l'auteur, mais ses thèmes ne me "parlent" pas.
RépondreSupprimerJe peux te comprendre, je n'en lirai pas d'autres d'elle, mais tu te prives vraiment d'un morceau de littérature de très grande qualité (mais je peux comprendre à quel point la résonance peut -être intime).
Supprimerha la la...j'adore tes chroniques...vraiment, sans te passer la pommade dans le dos (que tu pourras donner enfin au moins quelques os...comment ça j'ai rien compris ?) j'aimerais arriver à faire aussi bien quand je parle de livres. Je sais que tout le monde a salué ce livre et cette auteur mais je n'ai pas envie de le lire peut être parce que le mélange du romanesque et du thème éthique me dérange un peu ou tout simplement parce que le sujet ne me tente pas pour un livre.
RépondreSupprimerLe livre 2014 qui m'a mis un vrai coup de boule c'est Bord de mer de Véronique Olmi...tu dois connaître mais si tu ne l'as pas encore lu, tente l'expérience...
J'avais les mêmes appréhensions que toi MTG au sujet de Kerangal, et puis la maîtrise est si parfaite que forcément on craque.
SupprimerQuant à bord de mer ça avait déjà tellement traumatisé notre Laure, et vu que j'ai détesté Premier amour, du coup je ne suis pas sûre qu'il soit pour moi.
Bon, j'adore l'écriture de Maylis de Kérangal, mais ce titre là, il me fichait la trouille ... Vu ce que tu racontes de ton expérience de lecture, je me dis qu'il faudrait que je le lise branchée sous une intra veineuse d'anxiolitiques, ou alors sous hypnose ... Ce qui n'est pas bien pour la concentration ... Je crois que je suis en train de me décider à le passer ...
RépondreSupprimerTu ferais une erreur Athalie, car c'est vraiment un roman à lire, car c'est un monument littéraire.
SupprimerLes soignants "réparent les vivants" justement... et leur apparente (j'insiste ici) distance ne vise qu'à maintenir un éventuel receveur en vie, receveur dont les parents sont aussi inquiets que ceux du donneur, attristés par une perte qui les laissera inconsolables...
RépondreSupprimerJe ne parle pas ici de "littérature", désolée, mais c'est tout ce que je trouve à dire après avoir lu ton billet qui m'évoque bien des choses qui ne tournent pas autour des livres... Bon dimanche Galéa !
Je le sais Margotte bien sûr, mais justement ce livre EST de la littérature pas un document, donc on est un observateur irrationnel de la situation, mais dans le principe bien sûr que je te comprends.
SupprimerJe t'embrasse chère MArgotte
Je l'ai trouvé au contraire plein de vie et surtout près de la vie, la vraie, pas la factuelle, pas celle des paillettes. Un livre qui te questionne autant est rare et donc précieux. Je suis ravie que tu aies aimé. Des bises.
RépondreSupprimerOui un livre qui questionne comme cela est précieux, c'est certain Phili.
Supprimerje te fais des bises
Je connais un anesthésiste qui sortait malade de ces opérations : tenir artificiellement quelqu'un en vie puis débrancher la machine, c'était au-dessus de ses forces même s'il savait que c'était pour sauver des vies.
RépondreSupprimerOui je crois deviner de qui tu parles Alphonsine, c'est une vraie réflexion éthique, même si on doit vraiment penser au receveur...Je t'embrasse
SupprimerJe le termine ce week-end ! Et c'est fou comme il m'a pris aux tripes, mon aîné étant surfeur depuis son adolescence. Inutile de te dire comme il me parle....
RépondreSupprimerSon écriture toujours aussi près de la réalité et si joliment métaphorique...
A lire, assurément !!!
Bel après midi !
Oui c'est saisissant comme elle s'est reproduire le réel, les sensations, et le vécu. Je suis heureuse que tu aies eu le même choc de lecture que moi.
SupprimerBonne journée Enitram (si tant est qu'elle puisse l'être)
J'ai trouvé ce bouquin magnifique, il m'a pris aux tripes et j'ai surtout eu de l'empathie pour Simon et sa famille, sa petite amie... La scène du baiser quand il court après le funiculaire c'est tellement beau... Je n'ai pas non plus vu une apologie du don et c'est pour moi toute la force de ce livre, elle pose les actes, elle parle de toutes les parties, mais sans jugement d'aucune part. Elle décrit parfaitement le gouffre du deuil.
RépondreSupprimeroh oui Céline, je souscris à tout ce que tu viens d'écrire.
SupprimerJe n'ai pas eu de mal à le lire parce que je me suis mise du côté du receveur mais aussi parce que je n'ai pas d'enfant (je pense que àa doit beaucoup jouer). La question qui m'a intéressée, c'est de savoir jusqu'où on peut aller dans le don d'organe : la peau ? les yeux ? En théorie, je suis moi aussi pour le don d'organe, mais je pense que je ne serais pas capable d'aller jusqu'au bout (il y a quelque chose de bizarre à donner ses yeux...).
RépondreSupprimerOui ça pose vraiment cette question, c'est ça qui est vraiment réussi dans ce livre.
Supprimerdes bises Fleur
juste une précision... Lors de sa venue en avril dernier à Brest, elle a bien dit que ce livre n'était pas un plaidoyer pour le don d'organes ou en faire un livre militant Je me permets de reprendre la prise de notes d'un lecteur ( merci à Yannick F. ) lors de la rencontre :
RépondreSupprimer" Elle a voulu parler de la transplantation cardiaque pour faire du « don » son sujet central. Le don d'organes est avant tout autre chose une réparation. On remet un organe au pot commun du corps social, en guise de réparation du vivant qui vient de disparaître. Dans le don d'organe, tous les organes objet de transplantation remplissent selon elle cet office, mais forcément l'organe qui contient le symbolisme le plus puissant c'est le cœur. Donner son cœur par l'intermédiaire d'une opération à cœur ouvert, c'est traiter le sujet du don d'organe dans sa symbolique la plus élevée. L'auteur place son sujet aux marges du monde.Selon elle, ici le don prend tout son sens car dans cet échange, dans cette transaction d'un organe qui passe d'un corps à l'autre, le donneur ne pourra pas donner son consentement et le receveur ne pourra jamais remercier. Elle fait également remarquer que la transaction est régie par un logiciel qui met en relation le donneur et le receveur sur la base de critères scientifiques.Pour Maylis de Kerangal en écrivant « Réparer les vivants » elle a écrit le livre du donneur, en hommage au don, elle n'a pas voulu écrire le livre du receveur, qu'elle admet avoir volontairement refusée approfondir (on sait peu de choses de celle pour qui la vie va rebondir grâce au cœur de Simon).Elle pense qu'écrire un livre sur le receveur, cela aurait été écrire un livre sur le thème de la glorification de l'acte médical : la médecine qui apporte la démonstration de sa toute puissance sur la mort. C'aurait été un autre livre. Ce n'était pas le sien. Elle a voulu se placer dans l'angle mort en choisissant le donneur comme sujet de son livre.Elle sait qu'en ayant choisi le cœur comme organe central de cette transplantation, elle a aussi volontairement voulu que le le cœur du lecteur batte différemment une fois le livre refermé.'
Oui, voilà. L'auteure est très claire là-dessus : ce n'est pas un plaidoyer pour le don d'organe
SupprimerOui mais la plupart des blogueurs l'ont présenté comme ça, en disant que ça donnait envie de donner ses organes et ceux de ses proches; je trouve au contraire qu'elle montre la douleur de ce geste.
SupprimerJe ne le lirai pas car j'avais déjà vu le sujet et rien que le titre est plombant. D'ailleurs au passage je trouve que depuis la rentrée littéraire il y a peu de choses guillerettes (niveau livres bien sûr. Pour le reste ça va ; je ne suis pas sous anxiolytiques).
RépondreSupprimerPour le don d'organes, je passe mon tour. J'ai déjà prévenue ma fille. Pas envie d'être dépecée. Je trouve cela louable mais de savoir qu'une partie de moi ou de ma fille irait vivre dans le corps de quelqu'un d'autre, j'ai du mal à le concevoir.
Un petit message pour Fleur : en fait ce n'est pas l'oeil qui est prélevé mais la cornée de l'oeil. Un cousin est décédé d'un accident de travail et ses parents ont accepté le don de la cornée uniquement.
C'est vrai que ça donne une impression de dépeçage, moi j'ai dit que j'étais pour qu'on donne mes organes, mais la question du livre concerne le fait de donner les organes de ses enfants et ça c'est tout à fait autre chose
SupprimerJe n'ai pas supporté tes remarques, j'ai frémi de savoir page après page ce que tu penserais de ce roman. Et ce fut un échange important.
RépondreSupprimerC'était très intéressant de suivre le début de ta lecture pas à pas, d'abord parce que ça me redonnait envie de le lire (et je ne suis pas sûre que ce sera pas en 2015) et me faisait revivre les sensations fortes ressenties à la lecture de ce qui reste pour moi comme mon roman préféré de mes années blog (oui, carrément).
Je comprends ton point de vue. Je suis sensibilisée au don d'organe depuis si longtemps que pour moi, la receveuse a réussi à contre-balancer la partie éprouvant de la perte du fils. Et moi, Thomas, je l'ai aimé. Il fait son métier, et c'est un métier fort difficile.
Mais ce qui restera de ce roman, plus que tout, c'est cette écriture. Comme tu le dis, la scène de surf, whaoo! Et pourtant moi, je n'en ai jamais fait mais j'y étais. Je suis d'accord avec toi, c'est tellement réussi que ça fait mal à lire et je dirais même que pour celles qui ont des envies d'écrire, ça tue tout espoir. Le roman que j'aurais pu avoir envie d'écrire (si j'avais été douée) est déjà écrit.
Et souviens-toi, pour la scène du gin, je t'ai dit aussi (et pour moi c'est très important), quand on devient usager de l'hôpital par la force des choses, on obéit aveuglément au personnel parce qu'on n'a plus le choix. Si on ne nous propose pas d'aller rendre visite à notre fils qui sombre, c'est qu'on n'en a pas le droit. L'hôpital et ses non-dits... Les questions que tu t'es posées au fur et à mesure m'ont aussi permis de réfléchir encore davantage à ce roman. Que j'aime profondément.
Merci de e dédier un peu ce billet. Et merci pour tout le reste.
Valérie
On l'a un peu lu à deux ce livre finalement...
SupprimerPour ma part, je l'ai lu avec beaucoup de recul. Il faut dire que l'écriture l'a beaucoup, beaucoup tenu à distance du récit. Bien plus que je ne l'imaginais et du coup, ce roman, c'est un peu un rendez-vous manqué pour moi.
RépondreSupprimerje sais je me souviens de ton billet, c'est incroyable que tu l'aies manqué ;-)
SupprimerComme d'hab Galéa c'est génial. Depuis plusieurs années j'ai sur moi ma carte de donneur voilà qui simplifie tout. Ce roman m'a bcp parlé car j'habite sur les lieux du drame et c'est impressionnant de voir comme elle a respecté chaque lieu et chaque description. Au salon du livre elle m'a demandé de témoigner qu'il y avait bien un spot de surf à Etretat ( mon fils et mon gendre sont surfeurs et le van les emportait aussi de plage en plage le long de la côte pour trouver la meilleure vague .....)j'ai donc été émue en lisant ce livre.
RépondreSupprimerTu sais Martine, que la première scène, bien que je sache qu'elle se passait en Normandie, je l'ai complètement imaginée sur le spot de la Torche dans le Finistère...Pour moi c'est l'un des grands moment de littérature de l'année 2014 la scène du surf.
SupprimerJe comprends ton émotion bien sûr.
Il est beau et émouvant ton billet binomette ! Je suis contente d'être celle qui t'aura offert le roman marquant de ton année. Même s'il est dur, surtout quand on est parent. Car cela fait réfléchir encore plus. On ne se sera pas ménagées pour notre LC sous Anxiolytiques ! Mais pour découvrir des romans aussi forts et bouleversants, je pense que ça valait le coup de se forcer un peu. Car les deux possèdent une plume incroyable, et restent un peu en dehors du récit tout en nous y faisant entrer de plein fouet, avec une violence des sentiments inouie. Je t'embrasse fort, et je te souhaite des lectures plus légères pour les fêtes :)
RépondreSupprimerMerci de me l'avoir offert ma binoomette préférée.
SupprimerJ'ai de la chance de t'avoir
J'ai abandonné cette lecture, pas faite pour moi visiblement.
RépondreSupprimerTu t'es ennuyée ou c'est le sujet qui l'a heurté ?
SupprimerUn sujet sensible, effectivement idéal à aborder quand tu veux plomber l'ambiance d'un dîner.
RépondreSupprimerJe ne lirai pas ce livre.
Trop d'enterrements en ce moment dans mon entourage.
Pourtant c'est un monument de la littérature de mon point de vue Aliénor.
SupprimerJe t'embrasse
Pas encore lu, mais c'est génial un bouquin qui bouscule autant, il est vrai que le sujet est sensible et que si a priori on est pour le don d'organes, le passage à l'acte lorsqu'il (et s'il) survient n'est sans doute pas simple
RépondreSupprimerLe passage à l'acte du don d'organe des siens, c'est ça le tour de force du livre finalement Yv.
SupprimerCe livre est un choc à tous points de vue ... Humain, stylistique, il ose tout... Enfin, tu le sais déjà. Mais il fallait que je déclare à nouveau ma flamme.
RépondreSupprimerParler de ce livre m'émeut à un point que j'ai du mal à vraiment expliquer.
Et ce n'est pas un plaidoyer pour l'auteure. Beaucoup de gens viennent la voir pour lui dire que ça les a fait réfléchir à tout ça, peut-être l'accepter, mais c'est davantage sur ce qu'est la mort et la vie, ce qu'est l'humanité... comme tellement de romans en fait. en ce sens le personnage du médecin qui doit convaincre la famille est passionnant, je comprends qu'il dérange... Bref, je ne vais pas me relancer dans un article... Mais ce livre est un virage pour moi.
Entièrement d'accord, mais c'est vrai que le lire après tout le monde, on s'en fait une toute autre idée, je m'attendais vraiment à lire un roman militant sur le don d'organes et pas du tout. Il est d'une justesse vraiment formidable, pour moi aussi, Réparer les Vivants est un virage!!!!
SupprimerJe viens de l'acheter, je renonce à toutes déclarations d'intention et je vais faire provision de Klenex.
RépondreSupprimerJe pense que tu seras secouée Athalie, mais certains y sont restés à côté, alors j'attends ton avis avec impatience ;-)
Supprimerdes bises
Je suis la sans coeur qui est sans doute passée à côté, à ma décharge je dirai qu'en fait je l'ai abandonné rapidement, l'écriture ne passait pas. Ou alors on a tant parlé de ce livre que j'aurais voulu être tout de suite dans l'histoire de la transplantation?
RépondreSupprimerEffectivement je t'accorde que l'écriture est vraiment particulière et l'incipit déstabilisant. Mais vu que la seconde scène est celle du surf, moi elle m'a attrapée tout de suite.
SupprimerMais comme tu le dis Keisha, on en a tellement entendu parler que ça biaise ce qu'on en attend
pour moi ça a été un gros choc, auquel je ne m'attendais pas, car le thème ne m'attirait pas du tout...et puis j'ai été prise dans cette valse, cette course contre la montre, et moi aussi j'ai pensé au receveur, même si j'ai eu beaucoup de peine pour les parents qui, en plein choc, en plein marasme, se doivent de prendre une décision aussi importante, aussi vitale pour un autre, alors qu'ils n'ont qu'une envie, c'est se replier sur eux et leur chagrin, une décision qui, si elle est négative - ce qui est leur droit - peut provoquer la mort d'une autre personne, qu'ils ne connaissent pas, dont ils ne savent rien, à qui ils n'ont pas forcément envie de penser. D'ailleurs tu as raison, on parle très peu de la receveuse dans le roman, je trouve que c'est peut-être le personnage le moins incarné...en tout cas c'est une belle prouesse littéraire sur un sujet pas facile, et qui soulève le questionnement.
RépondreSupprimerah oui, ça soulève une sacré questionnement même
SupprimerMerci de ton passage Maxi Vav
Billet magnifique Galéa ! Je veux ce livre !! Valérie en avait déjà dit tellement de bien que je me meurs d'envie de le lire depuis la lecture de son billet et là, tu m'achèves ! ( c'est bon, vous pouvez prélever mes organes)
RépondreSupprimerJe vais guetter ton blog de très près Aaliz alors ;-)
SupprimerTrès gros coup de coeur pour moi aussi, et pourtant un roman sur le don d'organe c'était pas gagné !! Ce qui m'a clairement fait dépasser le seuil de l'insoutenable c'est l'écriture de Kerangal , son sujet est hyper casse-gueule mais elle y va sereine, en pleine maitrise de ce qui se joue, droite dans ses bottes sans cliché ni pathos, vraiment bien !
RépondreSupprimerje souscris à tout, rien à rajouter
SupprimerJe m'étais gardé ton billet pour le lire quand j'aurais plus de temps, et j'ai bien fait, tu m'as beaucoup émue. J'ai envie de lire ce roman parce qu'il a touché beaucoup de blogueuses, mais ton billet à toi m'a noué la gorge ... C'est vrai qu'on se place souvent de son propre point de vue, et à ce titre, oui je veux donner mes organes, je ne suis pas croyante donc dans l'absolu l'intégrité du corps tout ça, m'est égal, mais en effet, je ne me suis jamais posé la question du "qu'en serait-il pour accepter de donner les organes de mes très proches?"!
RépondreSupprimeril me touche beaucoup ton comm Tiphanie, et tu as tout à fait raison, ce roman pose la question du don d'organes de ses proches, et ça change tout.
Supprimerje me suis gardée ce livre sous le coude pour quand j'aurai un moral à 100%
RépondreSupprimerOui c'est mieux Violette
SupprimerGénial ton billet comme d'hab ! Moi, j'étais du côté du donneur, ou plutôt de la famille du donneur... Ce livre m'a ramené 25 ans en arrière quand mes parents ont accepté le don d'organes à la mort de mon frère... Donc, oui j'ai adoré l'écriture de Maylis de Kerangal mais oui aussi ce roman a refait surgir des souvenirs pas si enfouis que ça, des moments terribles, des moments de doute... C'est pour ça aussi que j'ai aimé ton billet qui nous montre à quel point un livre peut nous toucher très personnellement parce qu'il évoque un pan de notre passé. Et lorsqu'il est écrit comme celui-ci, raison de plus !
RépondreSupprimerJe n'imagine même pas l'émotion qui a pu être la tienne à la lecture de ce roman Krol....
SupprimerJe suis passée à côté, complètement... Un vrai coeur de pierre...
RépondreSupprimerOh tu sais, je ne crois pas que l'amour qu'on puisse avoir pour ce roman ait quoique ce soit à voir avec un coeur de pierre, c'est vraiment une question de sensibilité littéraire.
SupprimerJe ne connais l'auteur que de nom. Ce livre m'intrigue et ce que tu en dis me pousse à le lire. Quelques commentaires lus par-ci par là aussi mais Keisha et Noukette me feraient bien reculer.
RépondreSupprimerDe toute façon, chacun doit faire sa propre expérience dans la vie et ne pas trop s'attarder à l'avis d'autrui!
Bonne fin d'année.
Il faut vraiment adhérer à son style et je peux comprendre qu'on passe à côté.
SupprimerPour le reste, tu as tout à fait raison
Bon Dieu, ton billet donne envie de le lire ce livre. Tes talents d'écriture y sont forcément aussi pour quelque chose :))
RépondreSupprimerC'est un très beau compliment Sorel, mais ceux de Kerangal sont maintes fois supérieurs....
SupprimerEt bien, ce livre t'a remuée !
RépondreSupprimerJ'ai ajouté ton lien sur mon blog :)
Bon dimanche.
Pardon, je ne vois ton message que maintenant,
Supprimermerci pour le lien et pardon du retard
Je viens de le lire, et je te comprends pour ta réaction concernant la famille de Simon. Moi par exemple, j'attendais un peu plus de choses concernant Juliette. Mais j'avoue que j'ai aussi retenu mon souffle pendant la transplantation du coeur dans le corps de la receveuse, avec la maigre consolation que cette femme vivra, que la mort de Simon n'aura pas été totalement absurde. Et contrairement à toi, j'ai admiré Thomas qui ne fait pas un boulot facile et qui arrive à prendre du recul, ne pas insister plus que nécessaire, et respecter in fine la famille du mort. L'auteur a vraiment eu le don de nous faire sentir cette tension de l'annonce de la mort conjuguée au besoin crucial du don d'organes... Mais là où je suis totalement d'accord avec toi c'est : pourrai-je consentir au don d'organes de mes enfants. Et Marianne qui boit du gin avec Sean : mouais, moyennement crédible je trouve (moi à sa place je serai même incapable de conduire et de marcher).
RépondreSupprimerOui pour moi c'est un livre magistral mais si Marianne n'est pas crédible en tant que mère de mon point de vue....
SupprimerMerci de ton comm Ellettres, nos billets se rejoignent....
Je viens de tourner la dernière page et une phrase à la fin du livre m'intrigue : "le temps que s'achève le grand surf dans la nuit digitale." Par là, l'auteur veut dire quoi? Une nuit où toute technologie digitale a été mobilisée pour réussir l'opération, c'est-à-dire le grand surf? Ce n'est pas clair pour moi. Je suis curieuse des opinions d'autres lecteurs.
RépondreSupprimerMa lecture remonte maintenant, mais c'est vrai que je m'étais aussi posée la question, j'avais émis l'hypothèse que cela ait un rapport avec la musique que son père lui met sur les oreilles (comme une dernière sortie en mer), mais sans certitude, je pense que vous êtes plus proche de ce qu'a voulu dire l'auteur.
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