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jeudi 29 mai 2014

Je suis interdite

Anouk Markovitz, Je suis interdite,
J-C Lattès, 2013, 350 p.
Dans Je suis interdite d'Anouk Markovitz, les femmes sont des ventres avant d'être des esprits. 

Le roman commence avec l’horreur de la traque et l’assassinat massif des juifs d’Europe de l’Est, dont deux enfants rescapés, Josef et Mina, issus tous les deux de familles juives hassidiques seront le fil conducteur. 

Mais ce n'est pas un livre qui pleure le sort des juifs, c'est un roman qui dénonce l’orthodoxie religieuse (en l'occurrence les hassidiques). On y trouve des personnages masculins qui ont peu de chance d’être aimés par un lecteur et aucune d'être appréciés par une lectrice. La palme revient à Zalman (le père de famille qui recueille Josef et Mina), qui est aussi inquiétant qu’obtus, à la fois dictateur domestique et détenteur de la vérité universelle.

Le Rebbe (chef spirituel des hassidiques) se défend bien aussi, puisqu'il négocie, en pleine traque,  son sauvetage en laissant ses ouailles à leur sort. Markovitz montre à quel point même cette trahison des siens est pardonnée par une communauté aveugle qui y voit une volonté divine. 

Parce que dans cette communauté mal connue (de moi en tous les cas), il n'existe ni libre-arbitre ni liberté individuelle. Markovitz dénonce un fondamentalisme qui va jusque dans la couche conjugale dicter sa loi (d'où le titre). Et si les femmes ont le droit d'apprendre, ce qui est déjà un privilège, c'est uniquement la pensée unique dispensée dans des établissements encadrés et sans aucune ouverture sur le monde.

Une fois devenus adultes, Josef et Mina se marient. Et c'est à ce moment que j'ai senti bouillir un fond de colère. Parce que Mina  se croit stérile dans une communauté qui ne fait de la femme qu'un moyen de s'agrandir. Mina était tellement passive face à la tradition que je lui préférais de loin son amie Atara, fille de Zalman (pauvre enfant!). La jeune Atara va en cachette à la bibliothèque, lit les journaux dans l'ombre, essaie de comprendre le monde. Mais elle fuit la communauté et disparaît du roman. Même si on la retrouve à la fin, on ignore tout de son parcours. 

Le problème chez Markovitz, c'est qu'il n'y a pas de réconciliation possible :Mina est le ventre et Atara l'esprit.

Il manque malheureusement quelque chose dans ce roman, un supplément qui m'aurait permis de m'attacher aux personnages, de me relier à eux. La froideur, la description chirurgicale des us et coutumes hassidiques, la colère et la rage de la romancière sont telles que je suis restée en dehors de l'histoire. Pourtant, Je suis interdite (qui n'a aucune chance de gagner le prix) fait partie de ces ouvrages importants qui dénoncent le sort des femmes dans les communautés repliées sur elles-mêmes et je comprends que Fleur, à contre-courant de la plupart des jurées Elle,  en ait fait un coup de coeur (parce que même deux mois après l'avoir achevé, j'en garde encore un souvenir très précis).

31 commentaires:

  1. Je n'en ai pas fait un coup de coeur mais pour moi il est dans mon top 3 des romans! J'ai beaucoup aimé : j'ai trouvé que ce roman faisait découvrir et réfléchir.

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    1. Je suis d'accord, Enna, j'aurais aimé être davantage dans le roman, mais je trouve qu'il est important, il n'est pas très loin de mon top 3 d'ailleurs...

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  2. j'allais passer mais finalement...

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  3. Le seul que je n'ai pas réussi à finir ....

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    1. C'est rare que je ne termine pas un livre...mais ce n'est pas forcément une bonne chose.

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  4. Peut-être pas un coup de coeur pour toi mais le fait que tu t'en souviennes si longtemps après est un signe je trouve... Noté...!

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    1. Disons Noukette qu'il a côté glaçant qui m'a plu et une sincérité indéniable aussi.

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  5. Ce que tu dis de ce roman me rappelle le terrible film d'Amos Gitaï "Kadosh". Dans tous les milieux fondamentalistes, la femme est totalement niée, déjà qu'elle n'a pas une place enviable dans les religions tout court. Alors que sans elles, les hommes seraient complètement perdus. Je ne sais pas si je le lirai, ça me rend malade ces histoires-là.

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    1. Entièrement d'accord Aifelle...de toutes manières dans toutes les communautés repliées sur elles-mêmes, les femmes ne doivent pas trop réfléchir et beaucoup se reproduire, c'est le principe de base!

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  6. Cela se passe où? Les états unis? (sauf le début, ça j'ai compris)
    Comme Aifelle. Cela me rappelle le film Kaddosh, qui se passe à Jérusalem.

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    1. Ca commence en Transylvanie je crois Keisha, puis Paris (mais avec interdiction de fair edu vélo les jours de shabbat), puis la communauté hassidique aux US, je dois dire que j'y pense encore parfois.

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  7. Je note aussi ! J'aime quand ça remue, et si ça me met en colère, ça sera bien aussi ! Parfois, on se souvient de romans qu'on n'a pas aimés, mais qui nous ont marquée malgré tout...

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    1. C'est exactement ça en réalité Liliba, je ne l'ai pas aimé, mais j'y pense encore.

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  8. Alors moi c'est tout le contraire, je n'en garde aucun souvenir. Cette froideur m'a totalement glacée, je ne suis jamais entrée dans ce roman.

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  9. J ai été extrêmement déçue ... Le seul personnage qui m intéressait était Atara mais très vite elle est occultée .. Pour moi l'auteur a mis Yentl d IB Singer, Sotah de Naomi Ragen et la Répudiée d Abecassis (adaptée en Kadosh par Gitai) dans un mixeur et c est tout...ni l intrigue ni l écriture ne m ont intéressée...

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    1. c'est marrant Eva je n'ai pas eu cette impression là....mais c'est peut-être parce que je n'ai pas lu tout ceux que tu cites.

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  10. Je le note et verrai si il existe à la bibliothèque

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    1. Voilà Zazy...la bibliothèque c'est peut être moins risqué...

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  11. Elles sont mises à rude épreuve, les femmes, dans les deux derniers romans que tu nous présentes. J'espère que le prochain sera plus positif.

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    1. Oui hein...enfin c'est la sélection Elle tu sais ZAP....

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  12. Euh ......non merci ! ADH

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  13. C'est glaçant cette attitude impériale masculine qui ne laisse pas même un trou de souris à la femme. Pour traiter d'un sujet si désespérant il faut un auteur hors normes, c'est peut-être ce qui manque ici.

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    1. Tu as sans doute raison Fransoaz, mais il y a quand même une justesse et un désespoir qui m'ont touchée dans ce roman

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  14. ...oui mais ce qui est intéressant c'est que l'auteur connaît très bien ce milieu ! puisqu'elle en est issue . Alors on n'est plus dans le roman-romance mais dans le témoignage , transpose et magnifié

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  15. (pardon)... transposé et magnifié par la re-création littéraire . Je suis d'accord avec Enna : on apprend beaucoup . Et zut , depuis quand les héroïnes doivent elles avoir des itinéraires qui ne nous dérangent pas trop pour nous intéresser ?

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    1. Non Mior, ce n'est pas ce que je dis, je regrette juste qu'Atara n'ait pas été plus fouillée, il m'a bousculée ce livre et c'est déjà beaucoup. Je suis d'accord avec ton comm

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  16. Bonjour Galea, de mémoire, j'ai entendu parler de ce livre chez Dominique (à saut et à gambades). Je l'avais noté mais pas encore lu. Je n'ai pas vu Kaddosh non plus mais sur le même thème, Le coeur a ses raisons de Rama Burshtein est assez édifiant. http://dasola.canalblog.com/archives/2013/05/16/27163526.html Bonne journée.

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    1. Ah je vais aller voir le billet de Dominique alors, il m'a échappé. Et je m'en vais aussi découvrir le livre dont tu parles Dasola.
      Bonne soirée

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