Paula Mac Laine, Madame Hemingway, Livre de Poche, décembre 2012, 500 p. |
J'ai presque achevé Paris est une fête du cher mari de l'héroïne de ce roman (parce que le lis chez la Pléiade et que je crains tout le temps de l'abîmer...bref), et c'est une erreur de l'avoir lu avant. Très clairement Mme Hemingway nous raconte l'envers de la même histoire; c'est à dire celle de la première des nombreuses épouses d' Ernest Hemingway, Hadley, avec laquelle il vécut à Paris avant ses premiers succès. L'histoire se déroule donc à Paris, mais pas seulement, à Antibes, à Pampelune, en Suisse...mais toujours dans une ambiance parisienne.
Déjà mauvais point pour moi (est-ce la traduction ou l'écriture originale?) mais franchement, j'ai été gênée par le niveau de langage. Je ne suis pas certaine que les écrivains de 1920 se "balançaient des vannes", ou qu'ils vivaient "à fond" leur passion, qu'ils "se lâchaient" dans les soirées, ou même qu'ils cherchaient des "trucs" à dire. Bon rien que ça m'a énervée dès les premières pages. Si encore, le parti avait été d'en faire un roman résolument moderne, je serais passée là-dessus, mais même pas.
J'ai continué quand même...
Je ne me suis pas ennuyée, je l'ai lu sans déplaisir, mais honnêtement je ne peux pas dire l'avoir beaucoup apprécié. Pourtant ça aurait du m'intéresser la vie de la femme d'Ernest avant qu'il ne devienne Hemingway ; la genèse d'un romancier en somme, surtout dans une période que j'affectionne particulièrement, les années 20'. Sauf que c'est extrêmement descriptif, linéaire, sans point de vue et d'un convenu académique. J'ai eu l'impression de me farcir 500 pages d'érudition universitaire.
On sait qu'Hemingway fut un mufle avec les femmes, le livre le confirme avec le personnage sacrificiel de cette pauvre Hadley dans l'ombre de son génial écrivain de mari. Mais voilà, je dirais que cela manque de nuances: Hemingway écrit que quand il est très mal, doit s'isoler pour créer, boit quand il ne va pas bien, il est déloyal avec ses amis, menteur avec sa femme, et surtout très emprunt de sa petite personne; avec une arrogance rare. Tout est exact. Mais tout cela, ajouté au milieu parisien des auteurs en devenir, m'ont paru vus et revus. J'en attendais vraiment autre chose
J'ai surtout eu le sentiment que Paula Mc Laine avait condensé la plupart des nouvelles d'Hemingway (je ne me souvenais plus en avoir lu autant) et Paris est une fête pour écrire son roman. Finalement je conseille Madame Hemingway à tous les étudiants de fac qui étudient l'oeuvre de son mari, parce que c'est très documenté. Mais pour moi, la dimension littéraire manque terriblement. Mc Laine peine à rendre sympathique, ou même seulement attachante, Hadley Hemingway. Je trouve qu'elle en fait une Bécassine à la capitale, répétant toutes les deux pages que c'est une femme solide et en bonne santé, toujours mal habillée, manquant d'élégance et qui renonce à faire quoique ce soit qui la valoriserait un tant soit peu.
Pour être honnête, les dernières pages, avec le couple à trois que constituent les Hemingway et la maîtresse, rattrapent le reste de l'histoire, parce qu'il y a une intensité dramatique, et qu'elle sort du récit explicatif du début du roman. J'ai eu vraiment envie de gifler Hemingway, de bousculer sa presque ex-femme (un peu de dignité Hadley...que diable!) et de crever les yeux de Pauline tout en duplicité et manipulation (oui carrément!).
Très honnêtement, et ça n'engage que moi, Madame Hemingway ne tient pas la comparaison avec Alabama Song qui traite aussi du rôle de l'épouse d'un monstre sacré de la littérature. Qu'on l'aime ou pas, Leroy adoptait un vrai point de vue, une construction originale, une vibration affective, et faisait de Zelda Fitzgerald la véritable héroïne du roman. Ici Hadley n'est qu'une voix qui raconte une portion de vie d'Hemingway. C'est lui le véritable sujet du livre, et ce n'est pas ce que j'attendais.
Je pense être particulièrement sévère sur ce coup-là (à croire que corriger des copies me manque), et mon avis est extrêmement minoritaire sur la blogo. Je vous renvoie donc aux points de vue nettement plus enthousiastes d' Aifelle, Asphodèle, Mango et Kathel (c'est dire combien que je suis l'une des seules à ne pas avoir été emballée); et dans la foulée, j'intègre ce billet aux challenges "à tous prix" de Laure (prix des lecteurs du Livre de Poche) et Fitz et les enfants du jazz d'Asphodèle .
PS: entre mon libraire et moi, c'est très tendu, je préfère être claire, sur tous les livres recommandés par vos bons conseils, je n'en ai trouvé que deux; alors que j'avais prévu un billet récap...
je vais trouver une solution évidemment mais tout se perd les amis
(c'était ma minute vieille dame nostalgique).
Je n'avais quasiment pas lu sur la vie d'Hemingway, donc j'ai été nettement plus intéressée que toi par le côté documentaire, c'est sûr que ce n'est pas un grand livre, mais je l'ai apprécié tel qu'il est. Maintenant, je vais lire "Paris est une fête" et je note aussi "Alabama song".
RépondreSupprimerTu sais Aifelle, je crois aussi que j'étais dans un période de mauvaise humeur littéraire, mais j'ai vraiment eu le sentiment d'avoir déjà lu certains passages ...en mieux.
SupprimerBelle journée
J'ai beaucoup aimé ce livre, mes lectures d'Hemingway étaient anciennes et donc n'ont pas interféré... Le niveau de langage ne m'a pas dérangée plus que ça non plus... Donc, un ressenti plus proche de celui d'Aifelle.
RépondreSupprimerJe m'en vais lire ton billet (mais je crois vraiment avoir été assez sévère sur ce coup là, l'ensemble des billets est bien plus élogieux), mais je suis devenue un peu vieille école sur les style des romans. Merci de ton passage Kathel
SupprimerLes cent premières pages m'avaient fortement ennuyée, heureusement que le départ à Paris a un peu mis de piment et reboosté mon intérêt, comme toi (au début après je n'ai plus fait attention) j'ai été choquée par l'écriture trop actuelle (j'ai laissé le bénéfice du doute à la traduction) mais ne connaissant pas du tout Hemingway (par rapport à Fitz) et sachant qu'Hadley était relativement effacée (par rapport à Zelda), j'ai passé un bon moment !
RépondreSupprimerMoi aussi Asphodèle je dois reconnaître que je ne me suis pas ennuyée et que l'arrivée à Paris relance un peu la dynamique, mais pour moi si la reconstitution est très bien menée, la dimension littéraire est indigente.
Supprimer"dimension littéraire indigente" !!!! j'adore cette expression ! je te la pique !
RépondreSupprimeranonyme n°2
Tu peux c'est cadeau, anonyme n°2 (ADH, je t'ai reconnue...enfin je pense)
SupprimerJe ne connais pas ce livre. Mais j'aime ton commentaire, j'aime ton expression "dimension littéraire indigente". Comme toi je n'aime pas les livres qui ont un niveau de langage familier. Si on se décide à écrire, on fait le choix d'un vocabulaire et d'un style soigné. C'est comme servir les repas dans la casserole (ce que je fais au quotidien, mais qu'il ne me viendrait absolument pas à l'idée un jour de fête !)
RépondreSupprimerExactement Alphonsine! Mais tu sais quoi, si le propos traitait d'une bande d'ado à la sortie du lycée, ça ne m'aurait pas dérangée, mais punaise, elle parle de types qui vont devenir des géants littéraires...Allo quoi!des bises
SupprimerTu lis en édition Pléiade ? Trop la classe !
RépondreSupprimerTu parles, cadeau paternel pour mes 20 ans (quand j'avais encore un statut d'intello de la famille).
SupprimerQuel billet ! Tu me manquais depuis quelques jours Miss Galéa. Faut pas t'échapper comme ça...
RépondreSupprimerOh Merci ma Comète, si tu savais comme je peine à maintenir ma vie bloguesque...mais je m'accroche, je me découvre même un peu tenace sur ce coup!
SupprimerJe l'avais noté dans mes livres à lire, j'ai donc lu ton billet avec intérêt. Comme j'ai "Alabama Song" dans ma PAL, je le lirai en priorité.
RépondreSupprimerSoyons honnêtes, la plupart des blogueuses ont vraiment aimé ce roman, j'ai un avis ultra minoritaire, mais j'avais trouvé "Alabama Song" bien plus travaillé, littéraire et poignant (sur un sujet vraiment proche, Zelda comme Hadley ont des aspirations artistiques qu'elles peinent à exprimer). Je vais guetter ton avis Sylire.
SupprimerIl faut inviter ton libraire à lire les BONS BLOGS, c'est à dire les nôtres bien sûr ;-)
RépondreSupprimerMais je lui ai dit...sur le SIzun, je lui ai fait comprendre que beaucoup en parlait en bien sur les blogs, il m'a répondu "oh les blogs..." en haussant les épaules. Je te le dis MArgotte, c'est très tendu entre lui et moi ;-)
SupprimerDans la série "le romancier et ses femmes", j'ai beaucoup aimé "un homme de tempérament" de David Lodge. Mais il faut dire que je ne connais que très peu l'œuvre d'H G Wells, c'est davantage l'écriture et la peinture de l'Angleterre du début 20e qui m'ont plu...
RépondreSupprimerouh là, moi aussi ça me plairait beaucoup l'Angleterre du début XXe, je note ce beau titre qui déjà en dit long. Merci Fanny (on sent l'ancienne hypokhâgneuse dans ton comm')
Supprimerje plussoie le commentaire de Une comète...Meme si je n'ai pas souvent un commentaire intelligent à te laisser, j'aime tellement te lire...:)
RépondreSupprimerTous tes commentaires sont intelligents (surtout quand ils sont gentils), c'est un principe de base de ma vie virtuelle. Des bises
SupprimerC'est clair qu'avec ton avis il ne m'attire pas du tout et puis j'ai Alabama song donc je commencerai déjà par ça ;)Pourras-tu me donner ton lien la prochaine fois car je risque de l'oublier sinon, merci :D
RépondreSupprimerBonne journée et gros bisous :D
Je suis super à la masse, je cours vers ton blog et celui d'Asphodèle mettre le lien, excuse moi LAure! Des bises
Supprimer"Balancait des vannes" !!!! Merde mais c'est Musso qui a co-écrit ou quoi?? Je lis en ce moment Sanditon de Jane AUSTEN et je me ré-gal de son beau phrasé et je pourrais même t'en faire des panégyriques si j'avais un blog littéraire. Dou coup je note Alabama Song sur ma liste...Et sinon pour ma réputation (j'y tiens merde!) je ne lis pas que les soeurs Bronté et Jane Austen, mais aussi Djian et Depente et j'adore aussi leur écriture, va comprendre !
RépondreSupprimerTu sais Bonnemine que tu es mon idole tellement tu manies bien le paradoxe, tu es une pro, j'adore!
SupprimerDespente pardon....
RépondreSupprimerps ; je vais me retaper le test anti-robot,bien fait pour ma gueule et merci blogspot....:))
J'avais compris
SupprimerDepuis quand il y a un test anti-robot sur mon blog ? ne me dis pas que je l'ai installée sans le savoir?
Quel boulet je fais!!
Installé sans "e" bah ouai, punaise ce n'est pas ma semaine
Supprimer"Alabama Song" noté grâce à toi et "Paris est une fête" noté depuis si longtemps que j'en ai honte...
RépondreSupprimeroui, je me souviens qu'il t'avait tentée à l'époque. Le problème des classiques c'est qu'on les note et qu'on laisse passer les nouveautés avant...pas toujours très heureux d'ailleurs!
SupprimerComme j'avais dit à Aifelle, ce livre me tente pas trop ! Je préfère lire les livres de l'auteur que de lire sa vie...
RépondreSupprimerAlabama song audio, m'avait fait mieux comprendre "tendre est la nuit" mais la voix de Fanny Ardant ne m'avait pas emballée...
Qu'il doit être très difficile d'être femme d'un écrivain ou d'un artiste ou trouver un compromis pour ne pas vivre dans son ombre...
Je lis Gatsby et je crois que je vais le préférer à son premier roman.
Belle soirée à toi !
J'ai Gastby sur ma table de chevet avec la première de couv d'avant Léonardo, j'attends que la pression du film retombe...J'ai eu le même sentiment que toi sur "Alabama Song" et "Tendre est la nuit".
SupprimerBeau week -end Enitram
Ah, voilà. Moi, ça me fait plaisir. De lire un avis si proche du mien. Merci. Non, sans déconner. Comment ne pas se laisser hérisser le poil par ce roman ? Ok, la lecture se faisait toute seule. Ok, les pages se tournaient et se digéraient très vite. Mais honnêtement... Hadley Richardson, personnage sans consistance. L'auteur nous répète qu'elle est si spéciale sans pour autant parvenir à nous le démontrer. Je me doute qu'être amoureuse d'Hemingway ne devait être d'une facilité déconcertante. Et que ferrer un mec de ce calibre-là, ça pousse à tous les sacrifices pour ne pas s'en laisser déposséder. Mais à ce point, ça reste assez révoltant. Mollasse, bécasse, et j'en passe. Hadley Richardson, si elle a l'air d'accepter les envies d'Hemingway, ne semble pas les comprendre, et c'est à mon sens ce qui a réduit leur mariage en cendres. Au bout de 400 pages, je ne me suis toujours pas attachée à elle, et j'ai souvent trouvé des longueurs dans le point de vue mièvre du récit de leurs vacances en Suisse, par exemple. Hemingway ? On a forcément envie de le taper. En même temps, à sa tête, à ses expressions, ça se sent que le bonhomme n'était pas d'une sympathie transcendante. Mais bon, sa vie reste passionnante, et on ne peut pas enlever à Paula McLaine l'immense travail de documentation qu'elle a accompli sur le petit univers d'amis et d'écrivains autours duquel gravite le couple Hemingway dans les années 20. "Madame Hemingway" aura quand même eu le mérite de parvenir à me donner l'envie d'apprivoiser les écrits de tout ce petit cercle de la génération perdue dans les rues de Paris, que je ne connais que très peu. Merci pour la lecture de ton avis, je suis ravie de savoir que je ne suis pas la seule à avoir crissé des dents en tournant les pages de ce bouquin.
RépondreSupprimerMais avec plaisir chère Brune, je partage entièrement ton avis, et je pense que 'l'auteur aurait mieux fait de faire un document qu'un roman globalement peu réussi et moyennement attachant. Tu sais qu'un an après, il ne m'en reste presque rien.
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