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vendredi 2 novembre 2012

Conserver une trace...

En ce jour de commémoration de nos défunts, une question me hante.

Trop loin  de notre Anjou d'origine, nous n'avons pas participé aux réunions collectives autour des sépultures familiales. Je me demande alors ce me qu'il reste d'eux...

Que reste-t-il des joies et souffrances de mon grand-père, qui passa cinq ans prisonnier en Allemagne? Que reste-t-il de ma grand-mère, que j'ai à peine connue et qui s'était déjà oubliée à sa propre mémoire avant de disparaître? Que reste-t-il de cet oncle, éternel enfant de 18 mois, qui s'en alla trop tôt et dont mon père porte le prénom.? Que reste-t-il de mon autre grand-père qui travailla avec acharnement ? Mais pire encore, que reste-t-il de cet ami de lycée qui partit de ce monde à 23 ans, ni par maladie, ni par accident, et dont le décès m'a fait perdre pour toujours une certaine légèreté?
 
Le cadran solaire de Roba Capeù

 Qui témoignera de l'enfant qu'ils ont été, de leur couleur préférée, de leur friandise favorite, du prénom de leur meilleur camarade, des lectures qui les ont bouleversés, des événements joyeux ou dramatiques qui ont fait d'eux ce qu'ils ont été. Le premier pas, la première dent, la première peur... Même leur part d'ombre et leurs petits secrets ont été ensevelis avec eux...Alors?

Cet été, quelque part en Loire-Atlantique...
Il reste d'eux une pierre tombale, une plaque, des souvenirs que les vivants entretiennent. Subsistent encore le timbre de leur voix, l'odeur de leur cuisine, un chant de Noël, le son d'un trombone, une photo, l'écho des embruns atlantiques... Mais quand nous-mêmes serons partis, que restera-t-il de ces existences banales mais uniques ? J'ai aujourd'hui une pensée émue pour tous les défunts qu'on ne commémore pas ou que l'on a oubliés.

 Qu'on croit ou pas à un monde meilleur après, la vraie question persiste. Quelle trace laisse-t-on ici , dans ce monde là?

Je me demande si ce n'est pour un peu cela qu'on écrit, qu'on peint, qu'on photographie, qu'on blogue même...

Pour conserver sans doute, sur la toile ou ailleurs, une trace des moments passés et de l'instant présent.


P-S: J'ai bien conscience, en me relisant, ce que ce genre de post (programmé) a de "plombant"...heureusement, il n'y a qu'un seul 2 novembre par an...

9 commentaires:

  1. C'est bien aussi, de se poser des questions, parfois.

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  2. Moi je ne trouve pas que ça plombe, ça donne juste un peu de profondeur.
    Je suis comme ça aussi. A bientôt

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  3. Un extrait qui fait écho à ton billet : "Tout s'effacera en une seconde. Le dictionnaire accumulé du berceau au dernier lit s'éliminera.Ce sera le silence et aucun mot pour le dire. De la bouche ouverte il ne sortira rien. Ni je ni moi. La langue continuera à mettre le monde en mots. Dans les conversations autour d'une table de fête on ne sera qu'un prénom, de plus en plus sans visage, jusqu'à disparaître dans la masse anonyme d'une lointaine génération." Annie Ernaux, Les années

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    1. Merci de cette belle citation. Annie Ernaux le dit bien mieux que moi. Novembre est une période tellement sombre que chaque année ça me reprend...

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  4. Oui il arrive un moment ou les morts sont oubliés Parce que ceux qui pensaient à eux sont partis aussi...c'est comme ça. Moi en tout cas je ne suis pas de ceux qui vont se recueillir sur les pierres tombales une fois par an. Je préfère penser...souvent.

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    1. C'est vrai que les vivants entretiennent la mémoire des disparus.

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  5. Dans ma famille, nous nous transmettons des anecdotes et des objets concernant nos ancêtres sur presque une dizaine de générations. La généalogie est un sport familial, mais certaines branches se réduisent malheureusement à une succession de dates : naissance, baptême, mariage, décès ; nous manque, entre, cette infinité de sentiments, émotions, détails, qui font une vie.
    Oui, inconsciemment, c'est sans doute pour cette raison que nous photographions/écrivons/bloguons...

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    1. Quelle belle tradition familiale! Nous sommes bien obligées d'accepter que le temps passe! Belle journée

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