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mercredi 12 avril 2023

La préménopause : nouvelle étape victorieuse du blog

 Il faut bien le dire, à 30 ans j'étais déjà vieille.

Mais quand même, c'est différent de se sentir vieille et de le devenir vraiment. Quand j'étais jeune et belle, j'étais vaguement mélancolique sur le temps qui passe  ; maintenant je compte sur mes photos de mariage les gens qui je n'ai pas enterrés ni perdus de vue ces 19 dernières années. Avant je me soignais avec Modiano, maintenant je me console avec Proust. 

Avant je dansais sur du gros rap en faisant mon ménage; maintenant je fais des Yogas vinyasa sur les Nocturnes de Chopin.

Quand j'ai ouvert ce blog, je subodorais que je ne serai jamais danseuse étoile ou chanteuse de rock alternatif ; disons que maintenant je sais que je n'ai plus aucune chance dans ces domaines.

Bref, je ne suis pas encore vieille; mais je le deviens. Mes gencives se rétractent, mes varices se réveillent, mes cernes se creusent, mes rides s'installent.

Alors qu'honnêtement, on m'avait vendu la quarantaine comme une sorte de kiff absolu. Je me voyais traverser cette dizaine à la Sophie Marceau : avec fraîcheur et élégance, un brushing toujours impeccable, des dents bien alignés et un teint de pêche. Alors que là mes cheveux n'ont jamais été aussi déglingués, mes incisives font manifestement leur vie en toute autonomie, et on a toujours l'impression que j'ai pris un coup de soleil sur le nez. 

Même mes copines IRL m'avaient juré qu'elles ne s'étaient jamais senties aussi bien qu'après 40 ans. Une sorte de "libérée, délivrée" des quadra-de-la-win. Certaines se sont mises à la danse ou à la salle de sport, d'autres se sont débarrassées de leur mari, sans compter celles qui savourent le départ des grands enfants et leur liberté retrouvée. Et moi, je fais partie de l'équipe qui ralentit tout le monde: je cours de moins en moins vite, j'ai gardé l'Homme (et réciproquement), et je pleurniche comme une gamine parce que ma grande Rayures quitte la maison en septembre.

J'ai l'ovale du visage qui s'affaisse, je traque mes cheveux blancs, je me prépare à prendre rendez-vous pour la mammographie, je surveille mes grains de beauté, je fume en cachette, j'ai mal au coeur quand je mange trop gras, je ne supporte plus les chaussures trop serrées, à partir de deux bières je suis ivre...je ressemble de plus en plus à ma mère. La quarantaine des losers.

Du coup, je me suis dit que c'était le bon moment pour revenir me plaindre par ici. La blogosphère littéraire (ou ce qu'il en reste, car je ne
sais pas trop où on en est de ce côté-là 4 ans après avoir fermé la porte et éteint la lumière), la blogo donc demeure, je crois, le meilleur endroit pour attendre avec sérénité cette préménopause qui rôde (et à laquelle on n'échappe que si on meurt avant, finalement).

Bon, et puis j'avais nulle part ailleurs où aller...