Pages

mardi 26 mars 2013

Mon blog, Gmail et moi


Ce billet est totalement véridique
(et c'est bien ça qui est désolant)

Depuis 6 mois, je mets un point d'honneur de répondre à TOUS les commentaires; parce que je déteste (oui carrément) les blogueuses qui ne le font pas et que je les fais immédiatement disparaître de la liste de mes favoris (ce qui les mortifie bien entendu).

Donc depuis 6 mois, je réponds à tous les commentaires...du moins le croyais-je jusqu'à lundi matin. Naïvement, je pensais qu'en cliquant sur "répondre", le message allait vers la boite mail de son destinataire.
C'était sans compter "noreply-comment@blogger.com" qui ne signifie pas du tout que le message va être gentiment acheminé vers une boite aux lettres électroniques.

En réalité, je ne sais toujours pas ce que cela signifie, ce que je sais c'est que mon message ne va nulle part.

Le pire, c'est qu'il est assez rare que je réponde ailleurs que sur le blog. Parce qu'en matière de bouquin, il vaut mieux mettre les réponses publiques vu que, généralement, c'est pour débattre d'un livre qu'on a plus ou moins aimé. 
Donc quand je réponds en off, en général c'est pour dire un truc un peu personnel, je ne dis pas que je fais de la littérature, mais je tente un mot particulier, quelque chose de plus affectif, pas le scoop du siècle non plus bien sûr, mais un peu de moi quand même/

Aucun des réponses hors blog depuis 6 mois n'est arrivée à son destinataire. Depuis lundi, je m'astreint à faire 100 messages par jour que je renvoie à la bonne adresse. Je suis désolée, ces messages sont datés; surtout dans un monde de blogueurs où l'intérêt du billet est éphémère, et ne dure que le temps qu'il est le dernier.

Mais qu'on puisse penser que je n'avais pas répondu aux messages touchants des rayures ou des blogs compatibles me meurtrit. Donc, même si c'est vain, je renvoie un à un les messages vers le destinataire qui aurait du les recevoir il y a 6 mois. Il ne sera pas dit que je suis une blogueuse trop égocentrique pour répondre aux gentils commentaires qu'on me laisse.

Pardon d'avance de ce qui va débarquer dans vos boîtes mail.

PS/ je n'ai jamais eu aussi peu de temps pour bloguer, mais c'est sur mon heure de midi et je mange très lentement...ça laisse de l'espoir.

dimanche 24 mars 2013

Indigo



Quand Catherine Cusset a annoncé que ce roman là serait plus léger et joyeux que les autres...et qu'il se passerait en Inde (espace moyennement léger quand même),  je dois dire que je me suis un peu méfiée. En plus, la pauvre romancière a quand même écrit Le Problème avec Jane ce qui est une référence difficile à égaler.


Indigo raconte l'histoire de quatre Français qui partent en Inde participer à une rencontre autour du cinéma et de la littérature organisée par l'Alliance Français. Le roman suit donc Charlotte cinéaste française installée aux Etats-Unis, Roland un sexagénaire romancier à la limite du vieux beau, Géraldine salariée de l'Alliance Française mariée à un Indien et converti à l'islam et Raphaël, romancier lui aussi dans une version sombre et torturée. Cusset les suit pendant un petite semaine.


D'abord, pour être totalement transparente, j'ai un rapport particulier avec l'Inde, pas l'actuelle bien sûr (vu que je ne prends pas l'avion), mais  celle d'il y a  trois siècles que j'étudie depuis un certain temps maintenant. Et force est de constater que Cusset nous raconte une péninsule indienne avec la même ambiance, la même couleur que celle que je crois connaître (les vélos, mobylettes et voitures en plus). Elle parvient à retranscrire  à la fois la fascination et la répulsion. Je crois vraiment que la grande réussite de son livre tient dans cette restitution sonore, visuelle, olfactive et affective d'un pays contrasté, mystérieux et toujours à la frontière du danger. 



Je dois dire que j'ai été moins séduite par l'histoire qu'elle nous raconte. Chacun de ses personnages se retrouve en pleine introspection en Inde et règle un peu ses comptes avec son passé. A la vérité j'aurais aimé davantage de sobriété dans le passé des personnages puisque nous avons au choix (et sans déflorer l'intrigue): un père mort noyé, une mère incestueuse, un père violent, une enfant abandonnée, une meilleure amie suicidée, un cancer surmonté, des femmes trahies et abandonnées, un fiancé pervers et dominant...et j'en passe, j'aurais aimé moins de pathos et plus de simplicité; même si certaines phrases qu'elle fait dire à ses personnages me font frissonner d'émotion: "Il faut de la médiocrité pour arriver à vivre. Ceux qui n'y arrivent pas sont souvent les meilleurs" (p.228).

J'ai aussi trouvé la construction maladroite, les flash-back sont amenés poussivement, les épisodes amicaux entre Charlotte et Deb paraissent un peu artificiels et s'insèrent mal dans le récit. Une certaine dissymétrie m'a gênée parce que l'un des quatre personnages, Raphaël, est nettement moins suivi que les autres (et  c'était celui qui me plaisait le plus...), et parce que les deux figures féminines, malgré leur 10 ans d'écart, sont quand même assez redondantes. Le personnage et la vie de Roland me semblaient suffisants pour remplir tout le roman.

Et pourtant, malgré cela, je l'ai aimé quand même ce dernier Cusset, bien que j'en voie tous les défauts.  Je me demande même si à force de décortiquer un roman, on n'en perd pas sa saveur. C'est un livre aussi d'une très grande sensualité, qui colle très bien à l'ambiance indienne (telle que je me la représente), un espace de tous les possibles. C'est une fois de plus une réflexion sur l'égocentrisme, masculin et féminin, avec toute la psychologie un peu hasardeuse que ça suppose; et qui forcément fait appel à quelque chose chez moi. Et puis j'aime le côté sans complaisance de Cusset l'universitaire, qui raconte avec une certaine cruauté ses tables-rondes qui réunissent des gens avec un ego démesuré et des intonations géniales devant des publics réduits. La fin n'est pas tout à fait réussie mais elle s'articule autour des symboles du feu et de l'eau ...ce qui n'était pas pour me déplaire. 

Bref, je l'ai lu, sinon avec enchantement, au moins avec un plaisir certain parce que j'aime Catherine Cusset et que ses romans se répondent les uns aux autres.



PS: j'ai pris un retard certain sur vos blogs, je vais y remédier, j'ai manqué de billets extra à droite et à gauche. Ma boite Gmail semble ne pas non plus être d'une efficacité redoutable ...j'espère que vous avez eu mes réponses aux commentaires du billet précédent (deux ne sont pas passées ...c'est une certitude). Je vais creuser le problème...J'en appelle à votre indulgence...Bon dimanche à tous


jeudi 21 mars 2013

L'éternelle provinciale

Message sans queue ni tête ...juste pour donner des nouvelles

Je suis revenue...enfin presque, on croit que c'est terminé, mais j'ai encore des choses à corriger, à renvoyer. Il faut que j'apprenne à dire non. Disons que j'ai retrouvé mon ordinateur, mais j'espère être bientôt de nouveau plus disponible pour la blogo (qui m'a quand même manqué pendant cette semaine).

Une semaine où je me suis sentie très "provinciale". J'ai fait plus de 20 h de train (pour 2 h d'intervention), à l'aller un type ivre, dépité de repartir vers Paris, a failli me vomir dessus après m'avoir demandé en mariage (véridique, j'ai ensuite fait une crise d'angoisse dans les toilettes du TGV).

 Et en bonne fille qui a grandi loin de la capitale, j'ai vraiment eu l'impression d'être happée par Paris, dépassée par son gigantisme et frustrée que le salon du livre se déroule en même temps. Je me suis perdue dans le métro, un couple qui a senti tout mon potentiel de Bécassine m'a gentiment escortée entre Montparnasse et la gare de Lyon (ligne 6, changement Bercy, ligne 14). Ma tante m'a gavée de blanquette de veau pour que je me remplume, trente ans qu'elle se donne cette mission, elle persévère, c'est touchant!

J'ai retrouvé la Bretagne et les Bretons avec un pincement au coeur, et d'un coup je n'étais plus totalement certaine que le Sud soit vraiment chez moi. Vu que je suis quelqu'un de totalement superficielle, au lieu de réviser mon intervention, j'ai envoyé à mes copines une photo de ma tenue; les plus sympas m'ont répondu "vas-y fonce", les autres sont restées plus évasives. La palme revient à J. qui m'a envoyé par texto "est-ce vraiment une bonne idée de mettre une jupe que tu as fait toi même et sans patron ?". No comment! 

De toute manière tout le monde était concentré sur mon débit de parole version canard, puisque j'ai attrapé une bonne crève avec l'air conditionné du TGV, j'ai presque failli arrêter de fumer tellement je n'avais plus de voix et un nez en chou-fleur. 

Et puis je suis rentrée (personne ne risquait de me demander en mariage vu la tête que j'avais: cheveux sales, démaquillage approximatif, jean détendu, le nez qui coule, des cernes... bref 15 h de sommeil en trois jours, à mon âge ça laisse des marques). Pendant ma dernière heure de train, j'ai quand même longé la Méditerranée...


Ma troisième main, celle qui a une pomme a moitié croquée dessus, s'est révélée très capricieuse avec les blogs. Je devais me battre pour pouvoir laisser un message ou répondre à un commentaire, uniquement quand j'avais suffisamment de réseau pour consulter ma boîte.



Voilà, je suis revenue sur la blogo, la semaine a été riche, parsemée de très beaux billets qui ont enchanté mes longs trajets ferroviaires. J'ai aussi été taguée par la délicieuse Laure et l'attachante Miss Léo (c'est promis je m'y mets bientôt), j'ai envie de lire plein de nouveaux livres, mais ce sera après les corvées qui me restent: se farcir un roman régional, littérairement moyen et historiquement médiocre, sur lequel je vous épargnerai une chronique. En revanche, j'espère livrer demain mon billet sur Indigo que j'ai fini dans le train.


Tout ça pour dire que je suis rentrée, que je vais tenter de faire un rapide tour sur vos blogs, de reprendre mes habitudes virtuelles. Je suis partie 3 jours et j'ai l'impression de c'était une éternité (petite nature que je suis).

Une bonne nuit de sommeil, et je serai opérationnelle dès demain.

Kenavo les copinautes!

jeudi 14 mars 2013

Le romancier de la blogo

J'étais, il y a peu de temps, sur un cours ensoleillé du Sud de la France (forcément) ,en train de boire une petite bière avec Sophie LA styliste. (oui je sais j'ai la vie dure que voulez-vous). Au pied de cet immeuble.


A la base, je dois avouer que je suis assez réticente au passage du virtuel au réel, depuis qu'une amie réelle m'a dit que je gagnais à être connue. Ce qui est une manière délicate de me faire comprendre que je n'ai pas un premier abord très avenant (je le savais déjà). Passons. Finalement, tout s'est bien passé, parce que Sophie est aussi sympa que son blog.

Sophie et moi discutions des blogs, des blogueuses etc...et c'est là que je lui ai dit (et je vous en fais profiter maintenant) que je suis certaine que, parmi les 47 blogs  que je visite (dont je ne commente qu'une vingtaine), je pense qu'il se cache un romancier, un écrivain qui se cherche, qui grandit et qui un jour va surgir.


J'ai évidemment déjà mes petits poulains virtuels, ceux dont j'admire le style et le propos. Celles qui cachent sous des dehors débonnaires une sensibilité. On peut dire deux gros mots par phrase et tirer les larmes  du lecteurs quand on parle de sa fille. Je n'en dis pas plus elle se reconnaîtra  Je sais aussi que certains s'y essaient plus ou moins discrètement. J'ai lu attentivement les propositions de plumes qui surgissent sur les blogs littéraires. Notons que les grands écrivains sont des grands lecteurs, la réciproque n'est pas vraie, mais n'empêche. Parmi tous ceux qui dévorent les livres des autres, il y en a peut être un qui construit le sien. Et celui-là, je le guette.

Mais je ne mets pas tous mes espoirs que sur les chroniqueurs de livres. Je pense qu'il se cache parmi ceux et celles qui racontent leur quotidien, qui parlent de couture, de leur famille, du temps qu'il fait et qui passe, de politique même, je pense qu'il se cache peut-être un Modiano en devenir, un Auster qui s'ignore (dédicace à la comète), une Cusset qui s'invente, et peut-être aussi un Aragon du XXIè siècle.

En général, le blogueur aime écrire (sinon il faut qu'il se trouve un autre passe-temps), et je me demande si la blogosphère n'est pas le nouveau terrain d'apprentissage des romanciers (ceux qui n'ont pas de réseau).  Je me demande même si les blogueurs ne seraient pas le vivier des éditeurs de demain. Plusieurs fois par semaine, les blogueurs s'escriment à lancer un propos, mettent leur plume à l'épreuve, s'entraînent à mettre en forme et se relire; avec le terrible verdict quantitatif et qualitatif des commentaires. Le blogueur finalement se met en danger...à chaque fois qu'il publie.

Pour être complètement honnête, j'aurais aimé être cet écrivain qui fait ses armes sur la blogo (mais combien sommes nous dans ce cas?). Malheureusement, écrire un billet de 50 lignes n'a rien à voir avec construire un roman, donner une consistance aux personnages, tenir la longueur, organiser une trame, avoir un propos, donner un ton à une histoire. Je n'ai malheureusement pas ce talent...malgré mes efforts. Bien sûr je pourrais raconter ma vie palpitante, mes aventures quotidiennes, mes atermoiements maternels, mes désillusions universitaire; mais j'ai peur d'être ennuyeuse; et je pense que je le serais. Je lis trop de livres pour savoir que je ne suis pas cette personne (et en plus j'ai déjà essayé, j'avais honte en relisant, un souvenir douloureux). J'ai été formée pour écrire avec la méthode universitaire et je n'arrive pas à m'en départir.

Mais je pense qu'il y a parmi la petite cinquantaine de blogs amis, quelqu'un (et même, soyons fous ,quelques uns) qui a suffisamment d'imagination, de poésie, de style, de talent littéraire, de psychologie, qui a quelque chose à livrer de lui (ou d'elle), quelque chose d'assez profond pour nous emmener avec lui. A ce blogueur là, je lui dis, (vu qu'on se tutoie entre blogueurs):
 "Ne m'oublies pas quand tu auras écrit ton premier roman, j'irai l'acheter en librairie, je le chroniquerai avec sincérité...mais n'oublies pas de me prévenir (à moins que tu publies sous ton pseudo de blog) de ton nom de romancier; parce que moi je serai alors heureuse, mais vraiment heureuse, d'avoir eu le privilège de lire les brouillons, les esquisses, les essais éphémères d'un objet qui ne le sera pas".

J'invite bien entendu tous ceux qui sentent frémir chez eux la fibre de l'écrivain à se mettre au travail. Ils savent déjà qu'ils trouveront sur la blogosphère un accueil, un espace critique, une chambre d'écho à leur travail. J'attends avec patience et bienveillance (mes deux qualités principales) de me dire que j'ai connu le blogueur avant le romancier.

A bon entendeur...

Finalement, c'est drôlement bien la modernité...

lundi 11 mars 2013

Alabama Song

Gilles Leroy, Alabama Song, 2007
Folio, 2012, 215 p.

J'avais vraiment hâte de lire Alabama Song, à cause de l'enthousiasme d'Asphodèle d'une part, et aussi parce que Tendre est la nuit m'avait enchantée. Quand Petit Bonheur m'avait dit que cela lui avait laissée une impression mitigée, j'étais encore plus impatiente de le terminer.


En fait Alabama Song est l'envers de Tendre est la nuit.

Gilles Leroy se met dans la peau, dans le corps et dans la tête de Zelda, depuis le moment où elle rencontre F. Scott Fitzgerald jusqu'aux derniers jours de sa vie. Il y raconte son rapport à sa région natale, l'Alabama, qu'elle déteste mais vers lequel elle revient, sa vie de "people" des années 20, sa relation difficile avec son mari, ses talents artistiques qu'elle ne peut pas déployer, ses maternités douloureuses, son rapport au temps, au corps, aux autres...il semble laisser un peu de côté sa prétendue folie à laquelle il ne semble pas croire vraiment.


C'est un étrange objet que ce livre, finalement aux tonalités très inégales. Je n'aime pas trop quand un homme se met dans la peau d'une femme, surtout quand il parle de sexualité, il y a toujours, je trouve, quelque chose qui sonne faux. Ça c'est pour l'aspect qui ne m'a pas tellement plu.

Gilles Leroy, qui revendique un travail de fiction, fait du couple Fitzgerald un mariage sans amour et surtout sans tendresse, un couple qui ne tient que par la folie des deux époux, par leur frasques scandaleuses, leur jusque-boutisme  inquiétant, leur volonté de se perdre. Le terme de "génération perdue" prend tout son sens dans ce livre. Leroy décrit finalement la face sombre et douloureuse de deux personnes qui se sont perdues avant d'y arriver. Et il le fait très bien. Mais c'est presque trop dense pour si peu de pages. Il choisit la sobriété autour d'une construction très élaborée, en mélangeant les temps. Asphodèle notait dans son billet qu'elle l'avait relu trois fois, et je la comprends, c'est à la fin que la cohérence de l'organisation du roman apparaît.

Les dernières pages sont d'une réelle beauté: la décrépitude de Zelda a quelque chose de tragique et splendide. Le romancier prend le parti d'en faire, telle Camille Claudel, une épouse qui ne peut pas s'exprimer, forcée à être dans l'ombre de son mari vaniteux, qui lui vole ses créations et ses cahiers avant de l'accuser de folie (folie qui finalement dissimule sa souffrance de ne pas avoir d'existence artistique propre.)

J'ai surtout trouvé que c'était l'envers de Tendre est la nuit, parce que dans son roman, Fitzgerald offre une issue à sa femme, il la laisse partir avec son amant. Dans Alabama Song, Zelda perd l'amour de sa vie sur les plages de Fréjus, avec la conscience d'avoir échappé à une possibilité d'être heureuse. Je ne saurais assez exprimer à quel point, cet aspect m'a touchée. Alabama SOng est la réponse désespérée à Tendre est la nuit. Lire  à quelques semaines d'écart, deux versions de ce qui se noua sur les plages de la Méditerranée dans les années 20, est particulièrement prenant. Finalement, les deux romans disent la même chose: Zelda s'est fait détruire par Scott, et aurait du mener sa vie ailleurs.

La question de l'homosexualité de Fitzgerald surgit pendant tout le roman, et donne aussi un éclairage nouveau à Tendre est la nuit. Homosexualité plus ou moins refoulée et honteuse qui sous-tend une partie du propos.

Les passages sur les maternités de Zelda m'ont bouleversée. Sa relation avec sa fille Pattie qu'on lui arrache d'une certaine manière, mais dont elle tente d'être la mère méritante le temps d'une corrida, est d'une très grande justesse. Mais surtout, on est bouleversé par le fils qu'elle n'aura pas, celui de son amant perdu, qui plane pendant tout le livre. Cet enfant qui n'existe pas rejoint son frère décédé et son ami René ...Zelda a finalement été très vite confrontée à la perte des siens.


Enfin, c'est un objet étrange que le roman de Gilles Leroy parce qu'il mêle éléments réels, imaginaires et personnels. Surtout parce qu'il se met lui-même en scène dans les dernières pages, avec courage et poésie. On se rend compte à la fin du roman, qu'il donne toutes les clefs pour en comprendre l'ensemble (d'où les relectures je pense). Leroy se sert finalement des Fitzgerald pour parler un peu de lui finalement, de sa volonté d'écrire malgré les dégâts , de la nécessité des mots pour s'affranchir et se détacher des dominations et déterminismes de tous genres. Vous le savez, je suis sensible aux écrivains qui se livrent et qui réfléchissent aux processus intimes de l'écriture.


Alabama Song est un roman complexe, dont la brièveté n'enlève rien à l'élaboration de la trame, un livre d'une très grande tristesse qui finalement évoque, au delà de la question de la femme dans le couple, la difficulté de devenir la personne que l'on souhaite. Je serais moins enthousiaste qu'Asphodèle, probablement parce que je ne l'ai lu qu'une fois, mais enthousiaste quand même, parce que sa plume est belle et son sujet brûlant.

 Et je pense que pour en saisir la teneur, il faut le lire à la lueur des écrits des Fitzgerald. Alabama Song est un livre qui se mérite, qui cache sous son étonnante construction, une cohérence littéraire très recherchée.



J'intègre ce billet aux challenges d'Asphodèle, Fitzgerald et les enfants du jazz,  et celui de Laure, challenge à tous prix (Goncourt 2007)

mardi 5 mars 2013

Facebook, mon blog et moi

Il faut se rendre à l'évidence: la newsletter de Bloggeur est une petite chose qui fonctionne mal. Les abonnés reçoivent généralement la notification une vingtaine d'heures après la publication du billet. En soi, ce n'est pas grave...mais c'est agaçant.


Ensuite, j'ai du mal à suivre mes blogs favoris, chaque jour visiter une vingtaine de blogs pour voir celui qui est à jour est une grosse perte de temps. Et s'inscrire aux newsletter (qui marchent) pose un autre problème: une semaine de vacances sans réseau et ma boîte mail sature.


Je ne comprends rien à Hellocoton, malgré tous mes efforts...

Donc, influencée par Malika des trois bouquins, je me suis dit: "Mais bien sûr la solution c'est Facebook"; un compte de blogueuse qui rassemblerait mes copinautes et qui me permettrait de suivre en temps réel les blogs des uns et des autres, les commentaires et deux ou trois autres choses...Un lien supplémentaire en somme.


Sauf que Facebook et moi, c'est une histoire compliquée. Parce qu'en réalité, je déteste Facebook qui pour moi est l'apothéose du communautarisme en tous genres, l'endroit rêvé pour toutes les digressions, vulgarités et dérapages divers. Pour moi, le pic a été atteint pendant les élections présidentielles où mes amis (la plupart des vrais, ceux avec lesquels j'ai un jour bu l'apéro) et les autres (copains de fac perdus de vue) se sont livrés à toutes les indignités. Je n'en pouvais plus d'ouvrir ma page d'accueil et voir des tombereaux d'injures contre tel ou tel candidat, je me suis retrouvée coincée entre mes connaissances des différentes époques, politiquement très opposées. Pour peu que je like un commentaire que je trouvais drôle, j'avais un message perso où l'on m'accusait, au choix, d'être une terrible gauchiste révolutionnaire ou une irrécupérable réactionnaire à la limite du nazisme (vous connaîtriez mon nom de famille, vous rigoleriez, je vous assure).


J'ai découvert des gens dont j'adorais la manière dont ils parlaient des livres se répandre en mots orduriers. Les convaincus de tous côtés, certains de détenir une vérité universelle qui garantirait le bien de tous, traitaient des pires mots ceux qui ne pensaient pas comme eux. En se proclamant socialistes, chrétiens, conservateurs, humanistes, philanthropes, internationalistes et je ne sais quoi d'autres, je n'ai vu que des gens incapables de se remettre en cause, englués dans leur certitude, parlant d'une seule voix, et qui agitaient la haine de l'Autre.

Depuis mai 2012, entre Facebook et moi, il y a quelque chose de brisé. Facebook regroupe les gens qui se ressemblent et qui veulent rester entre eux, qui habillent leur enfant de la même manière, qui écoutent les mêmes musiques, qui lisent les mêmes journaux. Facebook fait reculer la tolérance, la dignité et la mesure.

Mais vu que je ne suis pas à une contradiction près, je me suis créé un nouveau compte, une deuxième vie parallèle sur Facebook; il faudra que je sois vigilante à ne pas confondre le moi social et le moi virtuel au risque de perdre mes amis. J'ai évité le pire quand je me suis rendue compte que j'avais créé la page de mon blog sur mon compte personnel (imaginez la tête de mes copines si elles lisaient que voir leurs enfants me rassurait sur les miens...j'en tremble encore).

Je m'enfonce donc un peu plus dans mon anonymat. J'ai créé un compte tout neuf, celui de Galéa Souslesgalets (oui, je sais, autant d'inventivité laisse admiratif) et la page Sous les galets. Ce sera ma vitrine de blogs, histoire de rassembler les sites que j'aime et donner une vitrine au mien. Techniquement, c'est encore très approximatif, il faut que j'y travaille (je ne saisis toujours pas bien la différence entre le compte et la page; et je m'embrouille entre les deux, et la subtilité des abonnements m'échappe totalement). Si vous avez des pages de votre blog, n'hésitez pas à me donner les références; pour que je les aime ;-)

Soyons honnêtes, je ne sais pas combien de temps vais-je garder le compte de Galéa (non, ce n'est pas mon vrai prénom...mais parents sont beaucoup moins originaux). J'ai pitoyablement cherché les blogueuses que je crois connaître, mais c'est compliqué...Certaines d'entre vous ont sans doute reçu des demandes d'amis...quand j'ai réussi la manip'...ce qui ne marche pas à chaque fois!

Je ne garantie en rien la pérennité de ma page et mon compte Facebook! C'est un de mes nombreux essais vers la modernité et une résolution de mon retour de vacances.



Et qui sait, peut-être les blogueurs vont-ils me réconcilier avec Facebook...