lundi 3 juin 2013

Bernadette a disparu

Depuis quelques temps, il faut bien reconnaître que Grey's Anatomy a été un excellent palliatif à mes petites déceptions littéraires. Au risque de vous éblouir avec ma grande exigence culturelle, je me vois encore, sanglotant sur mon canapé, au moment ou Meredith et Alex (oh, Alex un bad boy comme je les aime!) décident de rester dans une ambulance prête à exploser, coincée en haut d'une côte, après un virage, en pleine nuit de tempête pour tenter de sauver un nourrisson de 6 heures...Un souvenir poignant (aucun second degré là dedans...j'ai vraiment pleurer comme une madeleine...)


Maria Semple, Bernadette a disparu,
Plon, Feux croisés,  Janvier 2013, 371 p. 
Et puis, grâce à une copinaute, je ne suis pas partie loin du Seattle Grace Hospital quand j'ai découvert Bernadette...avant qu'elle ne disparaisse.

Bernadette a disparu raconte l'histoire d'une femme de 50 ans, mariée à un génie de Microsoft, maman de Bee, une adolescente cardiaque et géniale. Toute cette joyeuse famille habite une maison délabré envahie par les ronces sur une colline de Seattle (la description de la ville est à hurler de rire), et s'apprête à partir en croisière en Antarctique.

D'abord Bernadette est un paradoxe réjouissant. Elle est le meilleur et le pire de la femme. Elle est à la fois brillantissime et en plein laisser-aller, misanthrope et coquette, mère fusionnelle et irresponsable ( elle a quand même appelé sa fille Balakrishna!), elle fut une architecte de génie, visionnaire et sublime qui habite maintenant dans une ruine insalubre, elle vit recluse en détestant ses congénères et apparaît pourtant d'une crédulité ahurissante. Bref, comme dit Aifelle, Bernadette nous ferait toutes passer pour des femmes bien dans la norme.

Bernadette a disparu c'est d'abord une réflexion sur le génie, la création sous toutes ses formes, la maternité, la frustration, la place dans la société, la modernité dans ce qu'elle a de meilleur et de pire. Que des thèmes que j'adore.

Le roman s'écrit à plusieurs voix: des mails, le journal intime de Bee, des articles de journaux, des rapports de polices, des lettres, des badges magnétiques...vous l'aurez compris , quand Bernadette disparaît, ce sont toutes ces traces qu'on laisse sur du papier ou sur la toile qui reconstituent, plus ou moins bien, la réalité. C'est drôle, ça se lit vite, et pourtant j'y ai trouvé une certaine profondeur, une lecture à plusieurs niveaux. On pense lire un Kinsella...mais ça va bien au delà d'un roman humoristique sur une femme névrosée.

Par exemple Maria Semple évoque la religion avec une certaine finesse. Au début elle se moque gentiment des grenouilles de bénitier, des groupes de jeunesse chrétienne, on sourit avec elle (parce qu'on est propice à la moquerie), mais finalement, Maria Semple parle de la foi (rien qu'avec le prénom de Bernadette vous l'aurez compris), sans complaisance ni caricature et avec une grande bienveillance et une vraie sincérité. Le personnage de Audrey Griffin est particulièrement bien tourné ...je n'en dis pas plus pour ne pas gâcher les rebondissements aux futurs lecteurs.

Seul bémol selon moi :  Bernadette est un livre de femmes dans lequel les hommes sont, au choix, d'une faiblesse condamnable ou des junkies/dealer/menteur. Il m'a manqué un beau premier rôle masculin. Mais à la limite, ce n'est pas grave, parce que je me suis régalée, parce que Bernadette fait des choses ahurissantes, que sa fille est formidable, que l'intrigue est bien construite et que finalement, rien n'est jamais perdu ni gâché, et qu'être original promet une vie palpitante.

Je laisse reposer tout ça, et dans quelques semaines, selon le souvenir que j'en garderai, je reviens vous dire si c'est un coup de coeur....

PS - Message personnel : ZAP si tu veux je te le prête, ce sera avec un grand plaisir (tu comprendras en le lisant)


36 commentaires:

  1. Hummm... Encore une chronique qui donne envie de lire ... A priori, les thèmes évoqués pourraient bien m'intéresser aussi.

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    1. En tous les cas, il m'a enchantée, j'aurais aussi pu évoquer tout le côté écologique militant de Bernadette, et la description réjouissante de la croisière en Alaska, mais je craignais que ce soit trop long. Des bises

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  2. J'achète ! Ta critique me fait déjà rire ! -Et j'adoooooore tes compensées !- (Rien à voir mais blogger me nargue avec "Newark" dans la vérification des mots. tsssss)

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    1. Toi, tu vas l'aimer je crois. Mais c'est quoi cette histoire de vérification des mots? (les compensées achetées il y a un an et jamais portées, heureusement que j'ai bientôt une cérémonie, elles sont tout sauf pratiques)

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  3. Le mari de Bernadette a fini par me faire pitié ce qui est rare dans les romans en ce qui concerne les hommes. A partir d'un certain moment, il lui faut quand même un flegme important pour ne pas exploser en vol devant toutes les bizarreries de sa Bernadette ;-) Après quelques temps, cette lecture surnage, avec "Maine", elle prend même de la patine, vivement qu'elle en publie un autre.

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    1. ho que oui, je te remercie encore AIfelle de me l'avoir chaudement recommandé.

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  4. Oh que ça a l'air bien ! Allez je note, l'espoir renaît aussi de ton côté je vois... Des grosses bises :)

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    1. Pas d'emballement hein, on sait jamais. Des bises à toi chère Comète

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  5. Merci pour le conseil, ton post donne vraiment envie de découvrir ce livre! Grâce à tes conseils, me voilà moins perdue dans les rayons à la bibliothèque!

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    1. Je prends cela comme un beau compliment Féli, surtout de la part de quelqu'un qui a une aussi jolie bannière!

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  6. Excellent souvenir, ah bernadette!!!! On en redemande...

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  7. Ca y est, tu as sorti tes chaussures d'été !

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    1. Ce n'est pas pour ça que j'ai le temps adapté tu sais!

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  8. Ouh!!!! Je le note avec plaisir...

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  9. Déjà noté mais après lecture de ton billet, je viens à nouveau de le noter dans mon carnet. Deux fois vaut mieux qu'une car je tiens vraiment à le lire. Ce sont également des thèmes qui m'intéressent beaucoup!

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    1. Nous avons pas mal de goûts en commun, je pense qu'il te plaira MAngo

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  10. Canon tes pompes !!!!
    Finalement je n'ai presque pas pu lire pendant mes vacances ... mais je note tout de même ce titre

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    1. Les espadrilles étaient juste pour faire écho à la première de couv du livre, je ne porte jamais de talons...Un achat inutile en somme. J'espère que tes vacances étaient chouettes même sans lecture...

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  11. très très tentant ce titre!
    je n'ai toujours pas fini le Modiano (*honte*), et pourtant ne sois pas jalouse, c'est bien le seul ouvrage que je lis en ce moment!:)
    ensuite, j'attaque le 2è Modiano et ensuite Ken Follet...(et ensuite Beautiful Bastard, mais je ne peux pas l'avouer en place publique alors chut!)
    Je t'embrasse!:)

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    1. T'inquiète, tu as tout ton temps pour Modiano...et même s'il ne te séduisait pas autant que moi, ça ne changerait rien. Je te fais des bises. Bonne fin de week-end.

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  12. Il me tente énormément ! Je finirai certainement par le lire. J'attends que l'occasion se présente !

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    1. J'ai hâte de voir ce que tu en auras pensé. Beau dimanche Sylire.

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  13. Alors oui, oui, oui, c'est un livre que j'ai envie de lire.
    Avec grand plaisir! :)

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  14. Elle me plaît déjà cette Bernadette! Bien plus que le bandeau qu'on pourrait maintenant changer: Bernadette a disparu... Galéa l'a retrouvé -ton avis nous importe plus que celui de Franzen!

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    1. Rhooooo....tiens tiens, tu n'aimerais pas trop Franzen toi par hasard? Tu sais Fransoaz que je n'ai rien lu de lui, je ne connais que son nom et sa réputation.

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  15. Et bien voilà ! il est arrivé LE livre... et cela n'a rien à voir avec le culturel mais j'adore tes chaussures ;-)
    Bon we !

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    1. Moins confortable que ces chaussures-là tu meurs, je souffre dedans, Margote je pense que c'était l'achat inutile par excellence. Je suis l'anti-modeuse...

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  16. Je croyais avoir laisser un message...
    Bien oui, je le note celui-ci, il m'attire pour un je ne sais quoi !!!
    Tes chaussures me tentent aussi, en noir car j'ai encore cédé à la tentation "des compensées", "à bascule" me dit mon Amoureux...
    Bon dimanche!

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    1. Mais tu arrives à marcher avec, Enitram ?? Je les portais à une cérémonie hier, non seulement j'étais atrocement ridicule mais en plus j'avais les orteils dans un état...Bernadette vaut le coup, mes compensées nettement moins. Bon dimanche avec ton amoureux ;-)

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  17. Après ce billet très alléchant, je me laisserai bien tenter la prochaine fois que je le croise !!! ... Affaire à suivre donc !!

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    1. N'hésite pas Malika, je pense que même sans l'adorer, on passe un très bon moment avec Bernadette. Bon dimanche.

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  18. Comme tu en parle bien ! Je suis d'accord avec tout ! Je lis ce post après t'avoir répondu sur mon blog et je vois que toi aussi tu y as trouvé une certaine profondeur ! Lecture sympa donc.

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Les commentaires sont modérés car je n'accepte que les remarques qui encensent mes billets ou qui crient au génie.
Merci de votre passage
(je plaisante!! La modération est activée pour échapper aux vérifications diverses et variées dont tout le monde sature ;-)

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