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Affichage des articles du novembre, 2012

Le paradoxe du mercredi

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Tous les mercredis c'est pareil. Je mets un point d'honneur à être disponible le mercredi, pour être là, à l'écoute, emmener les enfants aux sacro-saintes activités, prendre le temps de discuter en déjeunant, faire correctement les devoirs, éventuellement même ranger les chambres et finir le repassage. Bref, je me dis qu'une bonne mère, le mercredi, est là, souriante et détendue. Sauf que ça ne se passe JAMAIS comme ça. Hier il pleuvait des trombes d'eau (ici nous ne sommes pas habitués). Je suis arrivée en retard au rendez-vous de 8h30 chez le médecin, je n'ai pas retrouvé la paire de demi-pointes avant le cours de danse, j'ai perdu mon sang-froid pendant les devoirs (pourtant j'ai crochetté en même temps pour canaliser ma tension), j'ai couru comme une dératée entre la fin du cours de danse de l'une et le début du cours de natation de l'autre, je me fait disputer par le maître nageur, les enfants se sont chamaillés pendant

Un village moldu

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Comment ne pas lire le livre pour adulte de celle qui inventa Harry Potter? Celle qui a imaginé cette géniale école Poudlard ne pouvait pas ne pas me séduire une fois encore. Elle manie si bien les symboles et le second degré. J.K. Rowling, Une Place à prendre, Grasset, 2012, 679 p. La traduction exacte de The Casual vacancy aurait du être plus proche "d'un poste à pourvoir" ou d'une "vacation fortuite". Une Place à prendre suggère même une certaine légèreté. Que Nenni ! C'est un livre d'une étonnante noirceur. L'histoire débute par le décès brutal d'un certain Barry Fairbrother, membre du conseil paroissial du petit village de Pagford, au Sud-Ouest de l'Angleterre. Comme son nom l'indique, le conseiller Fairbrother défendait la veuve et l'orphelin des Champs, cité pagfordienne qui ressemble à toutes les banlieues négligées. Contrairement à ceux qui rejetaient le quartier "social", Fairbrother défendait et t

C'était mieux avant?

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Je fais partie des gens qui, tout le temps, trouvent que "c'était mieux avant". Je suis la mère qui, à la sortie d'école, se plaint du niveau de grammaire et orthographe des élèves. Je regrette en permanence que l'école ne soit plus l'ascenseur social d'autrefois. J'ai été l'enseignante horrifiée de voir qu'on pouvait ignorer le nom des grands auteurs classiques. Je me désole des incivilités et de la vulgarité en pensant que c'est un mal moderne. Je n'aime que les vieilles pierres, je n'ai jamais voulu habiter dans du neuf parce que je trouvais les plafonds trop bas et les salons trop petits. Je suis convaincue d'être née un siècle trop tard. Il y a 100 ans, ma ville était la plus belle d'Europe, elle est aujourd'hui défigurée. Je préférais Canal + avant. Je suis celle, qui pénible à souhait, se plaint en permanence du temps qui passe. Bref, je suis la copine ringarde qui collectionne les cartes postales anciennes et qu

Déceptions

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Je me suis jetée (manière de parler, il est sorti il y a déjà plusieurs mois) sur Fureur de Chochana Boukhobza, parce que c'est l'un de mes auteurs favoris. Chochana Boukhobza, Fureur,   Denoël, 2012, 407 p. Ma déception fut à la hauteur de la tendresse que j'ai portée à ses autres romans! L'histoire était alléchante: Francis Delorme, un vieillard qui fut résistant puis technicien dans le nucléaire, se fait renverser par une voiture. On doute que sa mort soit accidentelle. Fureur raconte l'enquête que mène Jo Mandelin, ami d'enfance du petit-fils de Francis.  J'en avais l'eau à la bouche. Le problème c'est que ça ne se tient pas, mais alors pas du tout. Le mélange de souvenirs glorieux de la Résistance, de complots nucléaires et de déchets radioactifs ne fonctionne pas. C'est un hymne à l'anti-nucléaire (pourquoi pas, en ce qui me concerne, elle prêchait presque une convaincue), mais entre les longueurs explicatives

Danser et courir

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Quand j'étais petite je voulais être danseuse. En plus j'avais le gabarit.  Sauf que...sans être totalement nulle je n'avais pas de talent particulier. La grâce ne se travaille pas, on l'a ou on ne l'a pas. Je ne l'avais pas.  Par contre, j'étais très efficace en athlétisme, j'ai fait tous les cross inter-écoles sous le fier regard paternel. Sauf que...courir autour d'un stade, plus vite que les autres, juste pour gagner quand on n'a pas l'esprit de compétition, c'est très désagréable. J'ai donc continué la course et la danse... en touriste. La danse pour me faire plaisir, la course pour faire plaisir à mon père. Et puis un jour, j'ai arrêté l'un et l'autre. Après mes grossesses, je me suis remise à courir. Pas pour gagner, pas pour faire un bon score, juste pour moi. Pour remuscler mon corps fatigué, reprendre de la consistance, pour m'accorder un moment rien qu'à moi, pour écouter de la musique pol

Le club des incorrigibles optimistes-Guenassia

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Une histoire de russes qui jouent aux échecs à Paris Le Club des Incorrigibles Optimistes, raconté par Jean-Michel Guenassia, se situe dans l'arrière-salle d'un bar parisien. Un lieu marginal et confidentiel qui réunit, pendant une grosse décennie, des russes blancs et rouges qui jouent, ensemble, aux échecs. Un "jeu" qui apparaît de fait comme un langage universel de l'intelligence. Jean-Michel Guenassia, Le Club des incorrigibles optimistes,   Livre de Poche, 2011, 731 p. Le propos du livre est pourtant bien celui de la guerre Et c'est bien mieux abordée que le Goncourt de l'année passée. La Révolution russe qui n'en finit plus de broyer les contestations présumées ou réelles au régime. La guerre d'Algérie qui avale la jeunesse. Et même la Seconde Guerre mondiale qui surgit en arrière-plan. Dans cette histoire, la guerre révèle l'homme, et pas forcément dans ce qu'il a de plus noble. Finalement, Le Club des Incorrigibles Optimi

L'envers d'une année

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J'ai acheté la trilogie 1Q84 d'Haruki Murakami, quelques semaines avant qu'elle ne sorte en poche. Ce sont des choses qui arrivent. Il m'a fallu plusieurs semaines pour savoir ce que j'en pensais vraiment. Haruki Murakami, 1Q84, Livre 1, avril-juin Belfond, 2011, 534 p. 1Q84 est impossible à résumer sans trahir sa singulière ambiance . En 1984, Tengo, un surdoué de maths devenu prof, et Aomame, instructrice sportive, pénètrent sans le savoir dans une année parallèle. Dans ce monde, finalement nommé 1Q84, deux lunes brillent la nuit. En 1Q84, Tengo est devenu le nègre d'un chef d'oeuvre (plutôt d'un best-seller). En 1Q84, Aomame est une tueuse à gages, à la solde d'une vieille dame, qui élimine les hommes qui violentent les femmes. 1Q84 est une trilogie extrêmement dense dans laquelle surgissent plusieurs histoires qui s'entremêlent. Je ne peux pas trop en dire de peur de gâcher le plaisir des futurs lecteurs. Disons qu'

Conserver une trace...

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En ce jour de commémoration de nos défunts, une question me hante. Trop loin  de notre Anjou d'origine, nous n'avons pas participé aux réunions collectives autour des sépultures familiales. Je me demande alors ce me qu'il reste d'eux... Que reste-t-il des joies et souffrances de mon grand-père, qui passa cinq ans prisonnier en Allemagne? Que reste-t-il de ma grand-mère, que j'ai à peine connue et qui s'était déjà oubliée à sa propre mémoire avant de disparaître? Que reste-t-il de cet oncle, éternel enfant de 18 mois, qui s'en alla trop tôt et dont mon père porte le prénom.? Que reste-t-il de mon autre grand-père qui travailla avec acharnement ? Mais pire encore, que reste-t-il de cet ami de lycée qui partit de ce monde à 23 ans, ni par maladie, ni par accident, et dont le décès m'a fait perdre pour toujours une certaine légèreté?   Le cadran solaire de Roba Capeù   Qui témoignera de l'enfant qu'ils ont été, de leur coule